Lorenzo Boscari ~ Cuore di fuoco e ghiaccio

[001 ~ BOSCARI] Qu’est-ce que c’est, que d’être un Boscari? Être un Boscari, c’est hériter d’un nom de famille ancien, représenter une famille influente, présente sur les terres de la lagune de Venise depuis au moins 800 ans. Mais cela ne se résume pas à vivre tranquillement dans une luxueuse demeure, vieille de plusieurs siècles, qui borde un canal d’une ville unique au monde. Non, être un Boscari, c’est plus que cela : c’est aussi avoir des devoirs, des obligations, tenir son rang, donner l’exemple. Ne pas avoir le droit à l’erreur. Dès son plus jeune âge, on le lui a fait répété : ce nom, cette famille, il devait les honorer. On l’a donc élevé et entraîné pour cela. Et il s’y est sagement plié, sachant qu’il n’y avait pas autre choix. Avec du recul, Lorenzo se demande s’il a bien fait. Car son envie de mener sa vie totalement à sa guise, peu importe les conséquences, se fait de plus en plus brûlante désormais, surtout depuis que sa vie a basculé avec la mort de Chiara. [002 ~ CONCLAVE] Être un Boscari… c’est aussi faire partie du Conclave Écarlate. En effet, depuis 1477, date de la fondation de l’organisation, les Boscari n’ont jamais été bien loin. De génération en génération – sauf quelques rares exceptions malfamées – l’exemple des aînés a toujours été suivi par les héritiers, assurant ainsi la présence de la famille vénitienne au sein du Conclave tout au long de ces derniers siècles. La question ne se posait pas, ils avaient une mission à accomplir, tout aussi éternelle que leurs ennemis. Dans l’ombre, une bataille primordiale devait être menée : celle contre les Immortels, ce terrible fléau, ces individus qui n'obéissaient même pas aux lois les plus basiques de la Nature et qui possédaient des pouvoirs qui pourraient leur permettre de faire de l’Humanité ce qu’ils voudraient, sans le moindre effort. Mais ça, cela n’arriverait que s’il n’y avait pas une institution comme le Conclave pour les arrêter. Alors voilà, ils se doivent d’agir, persévérer encore et toujours dans leur mission, ne jamais lâcher. [003 ~ LA PASSION POUR L’HISTOIRE] Les récits de son père et de son grand-père restent toujours gravés dans la mémoire de Lorenzo, comme si c’était hier. Grandir dans le Palais Boscari, toujours propriété privée de la famille malgré quelques difficultés financières plus ou moins persistantes au fil des décennies, a permis au jeune héritier d’être tout le temps entouré d’Histoire, de se sentir même partie intégrante de cette dernière. Ce n'est pas étonnant : il avait beaucoup plus de livres que d’amis avec qui jouer. La bibliothèque familiale était particulièrement imposante, riche de plusieurs siècles et d’ouvrages de tous types et époques, regorgeant d’innombrables secrets. C’est en passant des heures infinies à l’intérieur, accompagné de son grand-père, son « nonno » adoré, que l’Italien est devenu un véritable amoureux d’Histoire, féru de mythes et légendes. « Un jour, mon petit, tu prendras la place de ton père, comme il l’a fait après moi, et moi après le mien. Tu apprendras les secrets et comprendras la grandeur de notre mission. » Les yeux du petit garçon qu’il était alors, vingt-cinq ans auparavant, brillaient d’émerveillement lorsque Leonardo Boscari a prononcé ces paroles. A l’époque, le blondinet ne se doutait même pas qu’il regretterait un jour cette appartenance, ce poids qu’il traîne aujourd’hui sur ses épaules et sur son âme, où qu’il soit, où qu’il aille… Mais au moins il savait déjà une chose : que l’Histoire l’attirait et le fascinait plus que n’importe quel autre sujet, et que cela ne risquerait pas de changer. Il y aurait toujours quelque chose à apprendre, à découvrir ou simplement à partager. Surtout dans un pays comme l’Italie. [004 ~ SIGNOR PROFESSORE]  Cesare Boscari aurait probablement préféré que son fils devienne avocat, ambassadeur, homme d’affaires, politicien. Qu’il occupe un poste à pouvoir, où il pourrait exercer son influence et renforcer celle de sa famille. Mais ce n’était pas forcément ce que Lorenzo désirait pour son avenir, même si la façon dont il avait été élevé aurait tout à fait pu le mener sur cette voie. Le jeune homme a plutôt préféré devenir professeur, rester toujours entouré de livres comme quand il était petit, mener des recherches, résoudre des mystères. Continuer à se plonger dans les méandres de l’Histoire, celle de Venise, mais aussi celle de l’Europe qui avait connu sa gloire. Et partager tout ce qu’il savait – sauf certains secrets, évidemment – avec des élèves tout aussi passionnés que lui. Ainsi, il s’est spécialisé en Histoire Médiévale au fil des années, poursuivant sur sa lancée malgré l’avis négatif de son père. En fin de comptes, il n’y avait rien de mal à ça ; il ne reniait pas ses origines, ni ses devoirs. Suivre cette voie n’allait pas forcément l’empêcher de représenter les Boscari dans des soirées mondaines, de soutenir des causes importantes, de rencontrer des gens à pouvoir pour se faire des contacts utiles. Et cela n’allait pas non plus l’empêcher d’être au service du Conclave, comme ses ancêtres. D’ailleurs, pour prouver cela à son géniteur, le jeune aristocrate a demandé à Cesare de l’aider à rejoindre officiellement l’organisation lorsqu’il avait 23 ans. Mais il voulait plus que cela dans sa vie, tout simplement : il voulait suivre sa passion. Aujourd’hui, quand il regarde son parcours, loin d’être terminé, le professeur peut dire qu’il a réussi. D’abord dans sa Sérénissime natale, puis à Rome, quelques années plus tard, le jeune Boscari a brillamment fait ses preuves et gravi les échelons, par lui-même, profitant à fond de chaque opportunité. Désormais, et comme depuis quelques années déjà, il enseigne à l’Université Sapienza, à Rome, un peu plus éloigné du contrôle de son paternel amer. Mais également plus proche du Conclave, du gouvernement et du Vatican. Car il n’oublie pas qu’il est plus qu’un simple prof et que son intervention peut être nécessaire à n’importe que moment. Surtout avec les nouvelles responsabilités qui se profilent. [005 ~ GOOD ARISTO] Jamais Lorenzo ne pourrait nier qu’avoir grandi dans une famille comme la sienne l’a quand même façonné d’une façon particulière. Le sens du devoir, les bonnes manières, la courtoisie, l’éloquence, la confiance en lui, l’autorité, le courage, tout cela lui a été inculqué dès son plus jeune âge. Tout comme le goût de l’art, de la beauté et de l’esthétisme – tellement qu’aujourd’hui il soutient activement plusieurs artistes, mécène en  ces temps modernes comme d’autres illustres Italiens avant lui. On lui a inculqué également une profonde passion pour l’Histoire et pour la littérature. Et même si les soirées mondaines l'ennuyaient parfois, car imposées, le Vénitien a toujours été d’un naturel assez sociable et amical, usant de son humour pour se rapprocher des gens. Ambitieux, il aime aussi la compétition, le petit Boscari. Dans le sport, dans le jeu et dans la vie, il a toujours envie d'être le meilleur. Et, disons-le clairement, il est plutôt mauvais perdant. Non, carrément mauvais perdant même. Mais le pire, c’est qu’il ne sait pas refuser un défi… Même quand il devrait. [006 ~ BAD ARISTO] Malgré les bonnes manières dignes d’un héritier aristocrate, le professeur a quand même son fort caractère bien à lui, indépendant du reste. Sans doute hérité de la part de son père, vous répondrait-il, lui qui a eu souvent eu affaire à ses colères foudroyantes tout au long de son adolescence. Enfin, quand Cesare ne s’enfermait pas simplement dans son mutisme, suite au divorce et au départ de Sarah, la mère de Lorenzo. Plusieurs fois, le jeune homme s’est juré de ne jamais devenir comme lui, mais… Parfois, le naturel, ou la génétique plutôt, revient au galop. En réalité, le trentenaire n’est pas du genre à accepter facilement un non ou à se laisser marcher sur les pieds. Et il n’est pas tout le temps d’une gentillesse exemplaire. Au contraire, il sait se montrer intimidant et impitoyable. Surtout si on vient lui chercher des noises. Voyez-vous, même des simples provocations mal-placées peuvent le faire réagir à chaud s’il ne fait pas attention. Parce qu’il l’a, le sang chaud italien, à vrai dire . Ce n’est pas toujours par méchanceté, mais… il vous dirait qu’il est tout simplement comme ça. Le Vénitien a bien ses défauts, comme tout le monde. [007 ~ LES TRAUMATISMES ft. MOMMY DEAREST] Et il a également des traumatismes, comme n’importe qui. Au premier abord, on pourrait imaginer que, rien parce qu’il a grandi dans le grand luxe dans son humble palais à Venise, son enfance à été totalement heureuse ; eh bien non, c’est faux. Le luxe, les jouets, les classes de piano ou les sorties au théâtre, ça ne remplace pas une mère absente. Rien ne remplace une mère qui, du jour au lendemain, fait ses valises et dit à son fils, l’air de rien : “Reste avec ton père, c’est la chose à faire“, avant de lui faire un pseudo-bisou qui ne touche même pas sa joue et de lui tourner le dos pour refermer la porte derrière elle et rentrer en Angleterre pour ne plus jamais revenir. Lorenzo avait à l’époque 14 ans. Assez grand pour comprendre que ses parents allaient divorcer, que cela arrivait à beaucoup de monde. Mais pas assez pour l’avoir vu venir. Où même pour comprendre pourquoi rester là avec un père amer et colérique était “la chose a faire”. Après toutes ces années, la cicatrice créée par cet abandon est toujours là, même s’il a depuis renoué avec sa mère, non sans mal. Mais, dans le fond, il sait que celle-ci ne disparaîtra jamais vraiment. Impossible..[008 ~ LES TRAUMATISMES ft. CHIARA ISSUES] Oh, Chiara… Sans contexte, la femme de sa vie. C’est bien pour cela qu’il l’a épousée sans y réfléchir à deux fois. S’il était un charmeur dans l’âme, jamais avant de la rencontrer il n’avait eu de vraie relation stable. Son père lui parlait de mariage, mais pour Lorenzo, c’était hors de question. Sa carrière en tant que professeur était son but principal, pas un quelconque mariage pour faire beau auprès de la haute-société vénitienne, ou ce qu’il en restait. Et pourtant, Chiara est arrivée un jour dans sa vie, belle à en crever, dotée d’un charisme naturel, d’un humour désarmant, d’un courage que même lui n’avait pas parfois, mais aussi d’une douceur d’une gentillesse qu’il n’était pas tout à fait sûr de mériter… Pas une aristocrate, mais elle était plus noble et fascinante que n’importe quelle femme sur cette planète. Son amie, sa confidente, la première femme à qui il offrait son cœur pour de vrai, parce que le corps, c’était plutôt facile. L’arrivée de Leonardo, leur enfant, n’y a rien changé, bien au contraire, ça a renforcé leur lien. Comment imaginer qu’au bout de neuf ans, leur histoire allait finir de la sorte ? Elle, morte suite à une dispute intense qui a entraîné une chute fatale, puis revenue à la vie, immortelle. Et lui, complètement détruit de l’intérieur. Parce qu’il le sait, c’est lui qui  a provoqué ça, pas la peine de se leurrer. C’est de sa faute. [009 ~ LES TRAUMATISMES ft. CHIARA ISSUES, pt. 2] L’amour débordant qu’il ressentait pour Chiara ne l’empêchait pas d’être un vrai con parfois. Lui et son sale caractère, cela ne faisait pas toujours bon ménage, au point de balayer totalement ses bonnes manières et ses mots élégants. Peut-être avait-il un peu trop bu aussi ce soir-là, il y a quelques mois, à Venise. Ou peut-être que c’était le fait qu’il venait de découvrir que son père avait un cancer et que ce dernier voulait absolument que son fils reprenne sa place en tant que Conseiller au sein du Conclave, comme si, bordel de merde, c’était la seule chose importante qui les liait. Les souvenirs de Lorenzo sont flous, il n’y a que ces émotions, qui l’ont transpercé ce soir-là, qui sont encore parfaitement claires dans sa mémoire. Le choc, la peur, la tristesse, les regrets. Le désespoir, alors qu’il emmenait, en sanglots, le corps de Chiara dans un lieu sûr, loin des regards indiscrets, avec l’aide de quelqu’un qui lui devait une grosse faveur. Jusqu’à ce qu’elle se réveille de son sommeil, qu’il avait pourtant cru éternel, au bout de plusieurs heures où il n’avait pas osé affronter la réalité. Une réalité qui lui a envoyé un sacré poing dans la gueule, puisque non seulement elle est revenue d’entre le morts, mais elle l’a fait sans que ce soit grâce à une quelconque manœuvre de réanimation. Il a presque immédiatement compris. Elle était devenue comme eux. Une immortelle. Une future cible du Conclave. Impensable. Insupportable. Cette nuit-là, l’âme de Lorenzo s’est brisée pour de bon. Et sa fidélité absolue vis-à-vis du Conclave aussi, vu ce qu’il a décidé de faire ensuite. . [010 ~ LES SOMBRES SECRETS] Cette nuit-là, tout s’est passé tellement vite... L’héritier Boscari était comme dans un état second, le souffle court, le cœur battant la chamade, l’estomac retourné et les larmes aux yeux. Mais il savait une chose : Chiara ne pouvait pas rester là. Et lui non plus. Elle devait se cacher, se mettre à l’abri du danger que représentait le Conclave Écarlate pour elle désormais. Et lui, il devait protéger sa propre réputation. Parce qu’il ne pouvait pas trahir la promesse qu’il avait faite à son père, pas maintenant. Le Conclave ne pouvait rien découvrir de ce qui s’était passé, rien. Il fallait absolument qu’il couvre parfaitement mort de Chiara, qu’il étouffe tous les éventuels doutes qui pourraient surgir. Quitte à dépenser une quantité démentielle d’argent ou à faire chanter ceux peu enclins à collaborer. Eh oui, il n’y a pas à dire : cette nuit-là et les jours qui ont suivi, plus que jamais, la fortune et l’influence des Boscari lui ont été utiles, lui  sauvant sa carrière professionnelle et celle au sein du Conclave. Et surtout, lui épargnant probablement la prison, même s’il n’a vraiment pas fait exprès de tuer sa bien-aimée. Cependant, sa conscience, elle, est souillée maintenant, trempant dans le sang de Chiara et dans les larmes du petit Leo, qui a perdu sa maman. Et dans ses propres larmes, que Lorenzo n'ose même plus laisser couler ces derniers temps, courant le risque de se laisser submerger, telle Venise lors des imparables marées de  l’acqua alta. Peut-être que, comme pour la Sérénissime, ce n’est qu’une question de temps jusqu’à ce que sa vie glorieuse et dorée ne finisse sous l’eau.