Chiara Boscari (Giulia Fabiano) || J'aurais aimé que notre histoire d'amour soit un conte de fée

TW : mort, décès, abandon

Chronologie :

Spoiler:

[été 1998 à Sienne (Italie)]
TW : nourriture

Avec ma fratrie, Francesca, Clara et Milo, nous sommes en vacances chez mamie Angela et papi Giulian dans leur villa à Sienne. Celle-ci est un peu reculée de la ville toscane. C’est un bijou de famille.

Je suis assise sur le canapé du salon où je suis en train de lire un ouvrage sur les contes de fée. Mes sœurs et mon frère doivent être dans le jardin en train de nager dans la piscine. Moi, je n’ai pas envie de faire ça pour l’instant.

Soudain, mamie Angela m’interpelle. Je me lève, je pose mon livre sur la table basse et je vais dans la cuisine. Je vois qu’elle a posé des ingrédients sur la table. Souhaite-t-elle qu’on prépare quelque chose à manger ? Je la regarde avec un grand sourire malicieux.

_ Qu’est-ce que tu vas faire comme gâteau, mamie ? Demande-je d’une voix douce.

_ On va faire une tarte au citron et de la citronnade. Déclare-t-elle avec sa voix rocailleuse.

Mamie a toujours été douée pour préparer la nourriture, elle dit que faire la cuisine, c’est donner de l’amour aux gens qu’on aime.  Je dois avouer que j’apprécie les moments que je passe avec ma chère mamie. On a toujours eu une relation complice depuis que je suis toute petite. Cette personne si chère à mon coeur m’a souvent raconté des histoires qu’elle inventait, comme le récit de Pierretta et Petro ou encore Raimondo.

Je chasse ceci de mes pensées et je me concentre sur les indications que mamie me donne pour préparer le gâteau. Pendant qu’elle prépare la meringue, je m’occupe du reste. Puis, quand on a fini la préparation, nous mettons la tarte au four. J’en salive d’avance.


_ Qu’est-ce que tu lis en ce moment, ma chérie ? Me demande ma mamie d’une voix douce.

_ Pantamerone, mamie. Je suis sur la seconde journée.Dis-je avec un sourire. Tu sais, mamie, je pense que j’ai trouvé ma vocation.

_ Oh bien, dis-moi, ma chérie, que veux-tu faire ?

_ Travailler dans les livres ou écrire ! M’exclama-je joyeusement.

_ C’est une très bonne idée, mon ange.Dit-elle avec un sourire. Crois en toi, poursuis tes rêves et si tu changes d’avis, tu as le droit. Tu sais, mon coeur, la vie n’est pas un conte de fée, parfois, il y a des fins heureuses, parfois non. Mais, surtout, promets-moi de te battre et d’être toi. De toujours être ma belle Chiara.Elle se tait et elle pose une main sur mon épaule. Si tu tombes, relèves toi, hurles si tu veux, mais, poursuis tes rêves. Écoutes ton coeur et ton esprit. Et, si tu as besoin d’aide, tu sais que tu peux toujours te confier à ta famille ou à tes proches.

Je ne réponds pas et je la prends dans mes bras. Je suivrai les recommandations qu’elle vient de me donner. Nul ne pourra me détourner de mon chemin. Cette femme que j’aime tant embrasse mon front avec un geste tendre. Nous murmurons un je t’aime.



[Mai 2012 à Venise (Italie)]

Je suis au téléphone avec ma sœur Francesca, celle-ci m’a téléphoné pour prendre de mes nouvelles et m’annoncer qu’elle allait se marier avec son compagnon, l’architecte Antoine Toregrossa. Mon aînée n’habite pas en Italie, mais, en France où elle travaille comme professeur d’italien dans un lycée français.

_ J’ai rencontré un homme à la bibliothèque où je travaille. Et, je crois que je suis amoureuse de lui. Dis-je d’une voix douce avec un regard rêveur.

_ Oh ma chérie ! Il faut que tu me racontes ! Déclare ma soeur joyeusement.

_ Il se nomme Lorenzo Boscari, il est étudiant en histoire médiévale. Il prévoit de devenir professeur un jour. On s’est rencontré à Marciana, enfin, peu de temps après, quelques jours plus tard, nous avons fait une balade sur un bateau lors d’un coucher de soleil.

_ Oh … Et, comment est-il ? On dit que les Boscari sont une très vieille famille. Je souhaite que tu sois heureuse avec lui, saches que s’il te rend heureuse et que vivent dans l’amour, cela me va. Je désire que tu vives une belle histoire d’amour, Chia. Et, si parfois, il y a des disputes, ne restez pas fâchés, discutez.

_ Merci, Francesca ! Nous verrons ce que l’avenir nous réserve.

_ Saches que je serais toujours auprès de toi, toujours. Elle se tait quelques secondes. En tout cas, dès que tu te sentiras prête, enfin, quand vous vous sentirez prêts, présentes le à la famille, et, peut-être que tu pourras lui demander pour venir à mon mariage.

Nous continuons de parler avec Francesca, de tout et de rien. Puis, je raccroche. Je regarde l’heure sur mon portable et je m’aperçois qu’il est temps de me préparer pour mon rendez-vous avec Lorenzo. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, tandis que mon esprit est tourmenté par des questions. Puis-je réellement rêver d’une belle histoire d’amour ? C’est que le début, bien entendu. Je chasse cette pensée de ma tête.

[13 décembre 2013 à Venise ]
TW : accouchement, naissance

Je regarde avec tendresse, mon petit garçon en train de dormir dans son berceau, sur mes lèvres, on peut voir un sourire béat en pensant à  cet enfant. Leonardo est le fruit de mon histoire d’amour avec Lorenzo. Le nourrisson est âgé de quelques heures, je sais que je ferais tout pour mon fils. Il est vrai que je ferais des erreurs dans son éducation, mais, je désire que mon enfant soit heureux, épanoui et qu’il grandisse en bonne santé.

Je pose mon regard sur Lorenzo, ce dernier caresse la paume de ma main, un courant électrique traverse mon corps. Mes yeux reflètent l’amour que je ressens pour lui.

Notre histoire d’amour ne plaît pas à tous, surtout à son père, Cesare. Le patriarche de la famille Boscari ne pense pas que je suis assez bien pour son fils. Après tout, je ne suis pas du même milieu que Lorenzo. Pourtant, je ne perds pas espoir qu’il puisse avoir de l’estime pour moi ou au moins que nos relations soient plus chaleureuse. Au contact de Cesare, je ne me sens pas à ma place. Je serai patiente et s’il ne m’aime pas, j’espère qu’il pourra avoir un rôle dans la vie du petit Leonardo. Lorenzo n’a pas prévenu son père de la naissance de notre bébé, je respecte son choix.

Je soutiens mon compagnon dans ses choix, et, je n’hésite pas à donner mon avis quand il le faut. Je serais toujours là pour lui, comme il sera toujours là pour moi. J’adresse un sourire à Lorenzo et j’entremêle nos doigts en pensant à notre retour à la maison avec notre garçon. Un nouveau chapitre commence pour nous, celui de parents.


[Mai 2014 à Venise ]
Je me prépare pour mon mariage dans la chambre du palais des Boscari. Ma grand-mère Angela, ma mère et mes sœurs sont présentes pour ce jour-là. Cependant, je suis déjà mariée à Lorenzo, nous sommes unis en secret sur l’île de Torcello avec nos témoins. Leonardo était là, bien qu’il ne gardera pas de ce souvenir de ce jour-là ni d’aujourd’hui. Nous avons des photos pour nous remémorer de ces moments merveilleux. J’ai commencé un album photo des instants vécus avec Lorenzo et Leonardo depuis le début. Dans cette précieuse relique de notre mémoire, nous avons les illustrations des événements avec des dates écrites ainsi que les lieux sur des morceaux de papier. Derrière les clichés, je note les protagonistes ayant vécu ces événements. Quand je serais plus âgée, je pourrais me rappeler des moments de mon histoire avec Lorenzo ou des instants que j’ai partagés avec mon garçon.

Je reviens à l’instant présent, nous immortalisons ce moment entre femmes de la famille Bardi. Nous quittons le palais, nous rejoignons le cortège en direction de l’Église où je m’unirais avec Lorenzo sous le regard de nos deux familles pour toujours jusqu’à notre dernier souffle.

Je marche dans l’allée au bras de mon père, je vois dans la foule, les invités présents pour les noces. Je retrouve des amis de la bibliothèque de Marciana. Je suis heureuse de travailler avec eux, c’est un plaisir d’avoir fait leur connaissance. Nous formons une belle équipe. Ils disent de moi que je suis méticuleuse dans mon travail, je fais toujours attention que chaque chose à sa place et je réponds avec aisance à une demande d’un utilisateur de ce lieu culturel. Il m’arrive que je ne sache pas répondre à leur requête, alors, je n’hésite pas à demander des conseils à mes collègues ou encore à chercher sur internet.  Je vois également mes amies, deux d’entre elles étaient présentes lors de mon voyage au Mexique. Emma était avec moi à Paris pour mon séjour en Erasmus.

Mon coeur cogne dans ma poitrine, je suis sur un petit nuage et quand mon regard croise celui de mon époux, je sais que rien ne pourra entacher notre conte de fée. Oh, son père ne m’apprécie pas, mais, je ne me soucie pas de lui. Juste que nous soyons heureux tous les trois. Et, si nous traversons une situation difficile, nous arriverons à la surmonter ensemble. Contre les vents et les marées, je me battrais pour nous jusqu’à la fin. En revanche, si nous ne ressentons plus de l’amour entre nous, je serais fidèle à ma ligne de conduite, je ne pourrais pas rester avec lui si l’amour s’est envolé. Mais, il ne vaut mieux pas penser à des si et plutôt se concentrer sur l’instant présent.

La journée se déroule sous les meilleurs auspices, il est temps pour nous de danser notre danse. Je lui murmure d’une voix suave dans l’oreille que je l’aime.


[12 septembre 2021 à Venise ]
TW : décès, assassinat involontaire

Je sens que Lorenzo me cache quelque chose depuis quelque temps, nous n’arrivons plus à nous voir ni à partager des moments ensemble. Je comprends qu’avec son métier de professeur d’histoire médiévale à l’Université puisse lui prendre du temps … Mais, il y a quelque chose. Est-il amoureux d’une autre femme ?

Lorenzo a rendu visite à son père, je ne connais pas la raison pour laquelle Cesare a voulu s’entretenir avec son fils. Moi, je suis restée dans la bibliothèque avec Leonardo pendant qu’ils se sont parlés. J’ai également découvert un ouvrage dans la bibliothèque, il était question d’un Conclave et des immortels. Je ne comprends rien à cela. Je crois qu’il s’agit d’un mythe plutôt qu’une réalité. Qui voudrait vivre des siècles et des siècles en gardant son apparence ? Je ne rêve pas de cela. Non, ce n’est pas ce que je crois et je veux pour moi.

Plus tard, dans la soirée, je me dispute avec Lorenzo. Je le confronte sur une prétendue maîtresse et qu’il ne me dit pas tout. Je le menace de divorcer … Puis, tout se passe rapidement, il me fait tomber, je me cogne et je tombe dans l’eau.

C’est ainsi que je deviens immortelle ...

[Actuellement à Londres ]
TW : abandon, émotions fortes, immortalité

Je ne suis plus Chiara Boscari, non, je suis maintenant Giulia Fabiano. Je n’existe plus en tant que l’épouse de Lorenzo ni en tant que mère de Leonardo. Je n’ai pas le droit de revenir en Italie sinon je mourrais par la main du Conclave. Je ne veux pas que cette chose puisse m’éloigner de mon garçon. Je ne veux pas ! Comment le pourrais le supporter ?

Je déteste Lorenzo. C’est à cause de lui que je ne suis plus moi, mais, une nouvelle personne. Je suis condamnée à vivre sans mon fils, je ne pourrais pas le voir grandir et je ne serais pas là dans les moments forts de son existence. Qui sera là pour l’épauler quand il a besoin d’aide ? Je hais l’idée que je sois devenue une immortelle, je ne comprends pas ce que je suis maintenant … Je suis tellement perdue. Où est ma lumière me guidant la pénombre ? Je ne veux pas rester ainsi.

Si seulement, il avait un moyen pour moi de mener une vie comme autrefois. Or, cela ne sera pas possible, le Conclave aura ma tête si je me rapproche de la terre de mes ancêtres … Je dois courir, toujours courir. Pourtant, je suis à Londres sous une fausse identité avec des perruques que je n’aime pas vraiment porter. Je ne sais pas si je vais rencontrer la mère de Lorenzo ou lui-même, mais, si c’est le cas, comment pourrais-je être Giulia devant eux ? Je vais me trahir … Et si mon regard croise celui de Lorenzo, je me vengerais de ce qu’il m’a fait. Il payera pour m’avoir condamné à être une âme en peine, en perdition et qui ne pourra jamais vieillir avec les gens qu’elle aime. Je le hais … Et, je l’aime encore. Comment pourrais-je cohabiter avec ces deux sentiments à la fois ? Je ne désire pas qu’on soit un couple maudit comme Roméo et Juliette.

Par un heureux hasard du destin ou plutôt ce n’était pas le cas, j’ai rencontré une âme connectée à la mienne, nous appartenons à la même constellation. Le compas. De ce groupe, je suis la plus jeune et j’ai choisi d’avoir l’animal totem de la biche.

Je prends une large inspiration, il est temps pour moi de sortir de cet endroit où je vis pour me rendre sur le lieu de mon travail. J’ai réussi à intégrer une équipe dans une bibliothèque.

J’ignore comment les lendemains seront faits, je dois rester optimiste. Je vais réussir à trouver un moyen de pouvoir vivre auprès de mon fils …