— BASTIAN TRUJILLO (+55 86988771267)

Tu attrapes le matou et lui fais les gros yeux, sans succès. Einstein porte bien son nom. Une sonnerie retentit. Grimace du minois mâle. « Ce n'est que partie remise, petit chausson » que tu grommelles ; le félin te lance un regard qui signifie, cause toujours.  Les hommes sont maudits, toujours défaite face aux lions domestiqués miniatures. Le nom de Bastiti apparaît - whastapp ? Tu décroches avec un sourire, une espèce de fierté de papa ; ils grandissent si vite, y'a peu de temps, Bastiti était incapable de se servir de technologie. Un vrai papy. « Yo, Bas-ouistiti. » que t'annonces alors que, déjà synonymes d'ennuis, les mots espagnols jonchent le discours du frère étoilé. Vos visages s'affichent, t'es content de le voir, autant que tu sens que ta patience va être mise à rude épreuve. Tu hausses les sourcils, avant de soupirer.  « Moi qui me disais : Basti m'appelle sur whastapp, voilà un progrès phénoménal, envoyons lui des chocolats pour lui prouver ma fierté ... bon, cesse d'être grossier deux minutes en espagnol, il te fait quelles misères ton pc ? encore cette histoire de mise à jour ? ne jette pas cet ordi. le problème, souvent, c'est ce qu'il y a au bout de la souris - l'utilisateur. t'as pas renversé de boisson sur ta machine ? » Réprimandes à moitié amusées ; tu sais que ta propre patience va être mise à rude épreuve aussi. T'as besoin d'un café d'urgence.

Oublié, le chat ayant uriné dans tes pantoufles. Tu plisses les yeux sur l'écran devant toi, observant le pied des animous qui a l'air passablement énervé. T'es un p'tit con, parce que ça te fait un peu rire, de le voir autant galérer ; tu camoufles ton sourire en prenant un air faussement sérieux, en mettant tes lunettes - ça fait plus scientifique, plus pro, c'est prouvé. « Plus que ça, d'accord, très bien, montre-moi. » Bastian tourne l'écran vers l'engin infernal selon lui ; c'est clairement pas le mieux, t'aurais préféré prendre la main à distance, mais c'est au-delà des compétences piètres de Basti. T'as un petit soupir de daddy. « T'as encore cliqué n'importe où, c'est ça ? Je vous ai déjà expliqué, à tous, qu'il faut pas cliquer sur les banderoles colorées ou les pubs. » La remarque sur le virus est à la fois terriblement adorable et très naïve. C'est trop mignon. Et un peu con aussi. « Oui, alors, c'est pas un rhume qu'il a chopé, tu sais ? Quand on parle de virus, c'est plutôt ... comment dire. C'est un terme pour faire le parallèle avec le corps humain. Ton ordi n'a pas la grippe ... Bon, alors, rappelle toi de mes cours. Tu vas essayer de fermer la fenêtre - tu te souviens ? La croix rouge, en haut à droite. Tu devrais revenir sur le bureau et plus de message. » Tu sens bien que tu vas le perdre. Mais t'essayes quand même. C'est ton âme de scientifique. Tenter jusqu'à ce que ça fonctionne. Ou alors c'est la description de la folie ? Tu sais plus trop.

A ton tour de rouler des yeux, entre exaspération et amusement devant les réactions toujours si théâtrales, si dramatiques de Bastian. Sa tête qui réapparaît en gros plan te fais retenir difficilement un gloussement. Cette espèce d'impatience, chez lui, face aux machines que tu domestiques, c'est ce qui te fait tenir quand il t'appelle comme ça, vénère comme pas deux, prêt à incendier le monde entier, et surtout les bases de serveurs. « Ok, ok, pas de clic sur les pubs, très bien » et ton petit esprit frénétique cherche déjà ce qui a pu se passer. Si virus il y a bien, il a forcément été manipulé par l'homme, et Bastian a cliqué, ou au moins interagi avec lui. Un ordinateur n'attrape pas un virus comme on tombe malade. L'utilisateur est responsable. Quand ledit utilisateur a le sens commun d'un bébé de douze mois, c'est un peu chaud patate. Bon, ok, Bas-Ouistiti est un pur parano, et il a vite appris. Tu peux le lui laisser, ce bon point-là. Et of course, le brun est aussi perdu que toi face à un joli minois.  « Je te l'ai dis, c'est un parallèle. Mais là où les virus circulent de façon aléatoire et hasardeuse, en informatique, ça n'existe pas. Un ordinateur ne peut pas attraper un virus comme on choppe un rhume. Un virus est toujours activé, d'une certaine façon, comme si tu laissais entrer un virus humain en laissant ta porte ouverte ... je manque de caféine pour continuer mes métaphores foireuses, Bastiti. » Comme pour le démontrer, tu te lèves de ton siège d'ordinateur et file à la cuisine ; le décor change, derrière ton faciès, le vrombissement d'une cafetière se fait entendre alors que t'as donné les conseils et que tu regardes ; tu t'exclames soudain : « pas la fenêtre de chez toi, bordel ! Tu le sais pourtant - c'est comme le bureau, c'est pas le meuble.  » Mais sous le reproche se cache un petit rire. T'as pas pu t'empêcher de le railler ; vous êtes faits comme ça, pour vous emmerder l'un l'autre. Au moins, on ne s'ennuie pas. « La demande d'analyse, elle vient d'où ? Parce que les virus peuvent te proposer des trucs du genre, et c'est pire. Montre-moi. J'y pense - t'utilises quoi pour naviguer sur internet, depuis le Maroc ?» De légers soupçons effleurent tes synapses pas assez caféinées. « Je veux dire, internet, tout ça - tu utilises toujours un VPN ? Ca serait tellement plus simple si je pouvais prendre la main, mais si je te dis TeamViewer ...» C'est sûrement ... Oui, non, parler de c'est du chinoix à un Eternel qui risque de parler plus de langues qu'il n'existe de cafés différents à Starbuck, c'est chaud. « Ouistiti, je t'aime très fort, mais là, il me manque des infos et c'est un peu chiant. Tu l'as allumé et c'était comme ça ? Genre, bim, utilisation normale et la page du virus est apparue d'un coup ? Bon, tu dois avoir un antivirus qui traîne - tu peux me donner la ... ok, regarde en bas, dans la barre ... près de l'heure ... tu vois l'icone, là ? Oui voilà, ok, clique pour l'ouvrir ?» T'as l'impression d'aider ton père à utiliser une tablette - ça te rappelle un coup avec Alaric tiens. Un autre que t'adores emmerder avec la technologie. Tu sirotes ton café en songeant que t'es pas assez payé pour ça - ohhhh, wait. « Si je réussis à t'aider, je gagne quoi ? Je veux que tu m'appelles Maître Aloysius, et moi, je t'appelle Ouistiti - pendant une semaine. » Tu glousses dans ton café ; sale gosse.

Pourquoi tu t'es lancé sur les métaphores, déjà ? Tu le perds, là, la vision floue, manquerait plus qu'il bave. « Attends - c'est quoi cette histoire de glace ? Basti, tu t'égares. Reste focus. Ce virus est un virus informatique. Je t'expliquerai un jour. On en reste à : ton ordinateur est malade, c'est mieux. Pour nous deux, je crois. Parce que les ordis et la glace, ça fait pas bon ménage - et, répètes après moi, je ne ferai rien fondre, ni dans, ni sur mon ordinateur. » Slurp, fais la gorgée de café. Finalement, tu t'amuses un peu, dans cette situation. Bon, Basti doit être parano de ouf et croire que tout le FBI est à ses fesses à chercher quels sites il doit fréquenter. Et il continue avec l'histoire de la glace ; t'es un peu largué, parce que tout s'embrouille. T'essayes de revenir au sujet qui vous intéresse et tu ricannes quand Basti tente une échappatoire ; regarder dehors, ton oeil ! « Je t'apprendrai, alors. Ce sera plus simple - je pourrai prendre le contrôle à distance et résoudre tout d'un claquement de doigt, tel un Thanos qui aurait fini au service informatique de Castorama » tu rigoles encore, perdu dans tes allusions de gros geek. Tu vas même jusqu'à mimer le geste, parce que tu trouves ça classe. Mais concentre toi deux minutes.

Tu éclates de rire devant la tête du petit pied. « J'ai appris des meilleurs à toujours marchander contre mes services, que veux-tu» et tu sirotes ton café d'un air matois, presque félin, un sourire de gosse au visage. « Ne me donne pas d'idée, ce serait beaucoup trop drôle que je te pirate ! » L'idée te plaît ENORMEMENT. Ce serait SI DROLE. Pirater la webcam de Bastiti et lui faire croire des trucs. Oké, t'as trouvé ton prochain prank. « Tu as raison - tu m'appelleras Seigneur Pennywort aux réunions des dix prochaines années. Merci de me faire remarquer que je ne te rançonne pas assez, mon bon.» Clin d'oeil malicieux. Tu laisses passer la proposition - t'es curieux de ce qu'il peut offrir, mais pour le moment, faut l'aider. Il a l'air paumé.

Quand il raconte, tu hausses les sourcils, attentif, puis tu vois que petit à petit la compréhension se fait. Tu te retiens, environ trois secondes douze, puis à nouveau ce rire irrépressible. Mais quand Basti reconnait son erreur, tu te reprends. C'est presque mignon. « On apprend tous de ses erreurs, Bastiti. J'ai fais cramer un ordinateur, une fois. Te prends pas la tête, ça va aller. » Même si t'es moqueur, tu sais quand passer la pommade. Et Bastian l'a mérité. « Ok, ça a pas l'air trop méchant, on va faire un scan antivirus voir si le tien arrive à débroussailler tout ça, et au pire du pire, j'ai d'autres solutions. Si y'a un autre souci, plus tard : déconnecte toi TOUJOURS d'internet, voire éteint l'ordinateur, ou redémarre le en mode sans échec. Sinon, via un terminal, tu peux ... pardon, trop de détails. » Tu observes ce que fais Bastian, histoire qu'il n'aggrave pas les choses, mais lancer l'antivirus, il sait faire, c'est un grand garçon. « Encore deux minutes et je te proposais de tout jeter, de t'en racheter un mais où j'aurai mis la sécurité enfant ou le contrôle parental - je plaisante, ouistiti chéri, je rigole » et tu te marres, effectivement. « Soulagé de savoir ce qui va pas, ou t'es encore tout énervé ? » Ta tasse est vide. Tu te penches et présente l'un de tes nobles félins à Basti pour lui dire bonjour - Einstein émet un miaulement strident et se barre, en bon chat.

Pourquoi tu penses que Basti est totalement capable de vouloir faire décongeler un plat sur son ordinateur ? Tu secoues la tête, entre désespoir blasé et amusé par le divertissement de toute cette affaire. « Tu n'auras jamais meilleur maître que moi, enfin, Basti ! Reconnais-le. » T'es plutôt patient avec lui, non ? Et puis, tu l'aides. « Et promis, je ne t'enverrai pas de virus. » T'as un petit rictus - t'as rien promis pour la cam. Mais Bastian est d'une telle impatience, d'un tel niveau d'énervement - c'est dingue qu'il ait toujours le sang aussi chaud après un millénaire. Comme quoi le temps assagit que dalle. Il t'en as appris, des jurons yucatan.

La façon dont Basti prend les choses au pied de la lettre, c'est rigolo. « Pour citer un grand pirate, ce que tu dis là n'as aucun sens. » Oui, tu cites Jack Sparrow dans le plus grand des calmes. « A la hâte ? T'avais quoi sur le feu, pour abandonner comme ça ? » T'es curieux, tu prends des nouvelles par ce sous-entendu maladroit. Tu observes ton frère de constellation, heureux de le voir. Tu as ce sentiment de tendresse affectueuse. Ce petit ouistiti t'es aussi précieux que chacun des membres de l'Antinous. « Oh oui, parle-moi encore espagnol. » Tu te moques gentimment de sa façon de jurer quand le rouge lui monte à la tête. T'es pas spécialement bilingue, mais t'as appris assez de cette langue solaire pour te dépêtrer des insanités qu'il peut lancer, des fois, sous la colère. C'est divertissant - et enrichissant.

Einstein disparait aussi vite qu'il est venu réclamer une caresse. La remarque de Bastian te fait grimacer et, retournant ton écran vers ton visage, tu fais ta tête de pas content. « J'avais oublié comment tu as traité ce pauvre Einstein ! T'asseoir sur lui, le pauvre ! Il a boîté pendant trois jours après ! Et tu ne t'es même pas excusé, pauvre bébé. » Oui, t'es un peu gâteau avec tes chats, t'y peux rien, même si l'un d'eux fût à l'origine d'une de tes morts. Tu t'en vantes pas trop, de ça, pour être honnête. « Il dit quoi, l'antivirus, alors ? Fais gaffe à pas choper le rhume binaire » et tu ricannes comme une andouille.