intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn

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(#) RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Jeu 1 Juil - 0:46

L'Aqua Paradise. Deux cent cinquante mètres de longueur. Plusieurs appartements de grand luxe, des héliports, une salle de cinéma, une cave, une immense bibliothèque, des restaurants, un hôpital high-tech. Le plus « superyacht ultime », comme la presse l’avait appelé lors de son lancement, portait bien son nom. Lancé par d’audacieux spéculateurs finlandais et allemands, le but était tout simplement d’offrir à quelques ultras riches la possibilité de vivre isolés du monde dans, en effet, un paradis aquatique. Cet isolement voulu était renforcé par le fait que l’Aqua Paradise était en ce moment dans le grand Nord, ses riches co-propriétaires (chaque acquéreur d’un appartement au sein du yacht acquérant par là même une part de l’ensemble) ayant voté pour une croisière boréale.

Les co propriétaires en question vivaient certes en communauté, mais sans aucune promiscuité vu le gigantisme du navire. Et, surtout, quoiqu’ils soient théoriquement égaux, la charte de copropriété, construction juridique étrange et probablement illégale dans de nombreux pays, attribuait des droits de votes et des prérogatives extraordinaires à Hans Folkner, le milliardaire allemand ayant eu l’idée du projet et considéré comme le propriétaire fondateur. Folkner était considéré par ses amis co propriétaires comme un personnage excentrique et secret, et participait peu à la vie de l’Aqua Paradise. De fait, secret il l’était.

Qui aurait pu se douter qu’il était immortel, appartenait à l’Ordre de l’Hydre depuis quatre siècles et que l’Aqua Paradise était parfois utilisé pour des activités occultes de haut vol à l’insu de ses propriétaires comme des gouvernements ? Il se passait pourtant, à l’occasion, des choses étranges. Mais dans la mesure où les habitants étaient soi des ultra riches habitués à toutes les folies soit leur personnel résigné à les subir, personne ne se formalisait trop.

Donc, quand un Siskorsky UH-60 Black Hawk se posa sur l’héliport personnel de Folkner - qui était le seul à ne pas devoir partager et à pouvoir poser son hélico à toute heure - de l’Aqua Paradise après y avoir été dûment autorisé, personne ne s’en émut trop. Il s’agissait, pourtant, d’un hélicoptère militaire américain utilisé à travers un grand nombre de théâtres d’opérations à travers le monde. Sa silhouette noire et fuselée était crainte des irakiens comme des afghans et, globalement, de tous les peuples à qui les Etats-Unis avaient entrepris d’apporter un peu de démocratie. En plus celui là – mais il fallait avoir l’œil de l’expert pour le remarquer – était encore plus lourdement blindé que les appareils de série, et doté de divers appareillages particuliers.

Quand l’hélico fut posé, une petite troupe chaudement vêtue en descendit. Folkner était là pour les accueillir, mais son attention se concentrait sur un homme à la barbe d’un roux très sombre et aux yeux bleus glacés, Alexis Eudaimonanis. C’est ce dernier qui prit la parole sans s’embarrasser de salutations, alors que l’allemand le guidait vers ses spacieux appartements tout au sommet du superyacht. Les deux immortels prenaient évidemment soin de parler dans une langue morte que leurs gardes du corps, des adorateurs, ne comprenaient pas.

« La situation dégénère ! Di Mercurio est désormais tout à fait conscient que je m’oppose à lui, mais il croit avoir affaire à un banal conflit de politique interne et cherche à me discréditer et a tenté de me faire tuer une fois. Il ne réalise pas que nous ne comptons pas le congédier politiquement mais bien plutôt sommairement. Il croit qu’il s’agit d’une sorte d’élection de politique interne à l’Ordre que je voudrais déclencher, alors que nous allons lui déclarer la guerre et, si nous arrivons à nos fins, en finir avec lui d’un coup !

- Tout va bien de ce côté-là, donc, fit Folkner, mais et la Lance ? Les rumeurs les plus folles circulent, c’est vous qui l’avez ?

- Non, justement ! C’est bien le problème, lui en est convaincu et je ne sais pas à quelles extrémités imprévisibles cette croyance erronée pourrait le pousser. Cependant mon arrivée d’aujourd’hui vise à nous permettre de mettre la main sur la Lance, mais je ne peux pas vous en dire plus. »

Un regard passa entre les deux hommes. On pourrait penser que Folkner faisait partie des dupes, mais non. C’était un Zapolète, un Piquier de l’Utopie, et même l’un des premiers. Ce superyacht clinquant au luxe vulgaire et obscène n’était qu’un outil à ses yeux. Un outil pour mener des opérations océaniques d’envergure loin des gouvernements. Un outil pour ce genre de circonstances où des réunions secrètes pouvait se tenir, tout intrus faisant cap sur eux visible des heures à l’avance par satellite. Un outil, encore, truffé de caméras où les secrets des riches et des puissants mortels, propriétaires comme invités, étaient enregistrés par l’Ordre. Oui Folkner était un stratège et pas le débauché idiot qu’il pouvait paraître. Et il était fidèle et dévoué au crédo des Piquiers, prendre le contrôle de l’humanité pour le plus grand bien en débarrassant les obstacles sur le chemin. Il croyait en la vision d’Alexis, et donc accepta la réponse laconique et mystérieuse qui lui était faite. Un spécimen rare, car bien peu, même parmi les Zapolètes, avaient une telle foi dans leurs plans… et dans Alexis. Mais ce dernier n’avait pas choisi ce lieu au hasard pour accueillir son invitée.

Il fallait un lieu isolé, dont il aurait le contrôle total, où nul ne pourrait l’espionner, au-dessus duquel les satellites espions ne passaient pas sans qu’il en soit informé. Bref un lieu où personne, absolument personne, ne serait en mesure de témoigner qu’il allait rencontrer une Enfant de Prométhée. Là on pourrait penser qu’il aurait suffi de discuter avec elle dans une obscure forêt isolée, mais dans ce cas c’est l’aspect défensif qui aurait problème. L’Aqua Paradise était un des lieux les plus sûrs du monde, bien plus armé qu’il n’y paraissait. Et puisque les hostilités avaient commencé avec di Mercurio – même si ce dernier croyait, à tort, avoir encore le temps d’utiliser la ruse et les subterfuges, s’imaginant avoir affaire à des intrigues de palais plutôt qu’à un début de putsch – la sécurité était cruciale.

Tandis que le Siskorsky allait se poser ailleurs pour dégager la piste, et que Folkner quittait les lieux, des gardes du corps aussi discrets qu’armés prenaient position et fouillaient méthodiquement les lieux en quête de dispositifs espions – Alexis avait confiance en Folkner, mais pourquoi prendre des risques – sans rien trouver. Au bout d’une heure les lieux avaient été passés au peigne fin et Alexis était sûr d’avoir les appartements de l’allemand pour lui seul. Les lieux étaient somptueux mais le décor était trop chargé à son goût, trop de fauteuils Louis Louis XV et de boiseries baroques. Cependant depuis le salon une immense baie vitrée offrait une vue spectaculaire, à la fois sur les ponts inférieurs de l’Aqua Paradise mais aussi sur le paysage, c’est-à-dire l’Arctique et le Golfe d’Alaska, au Nord du Canada et à l’ouest d’Anchorage. La température idéale des appartements contrastait avec le froid polaire de l’extérieur, ce qu’Alexis trouvait délicieux même s’il n’avait pas la tête à ça, et savourait peu le bourbon blanc vieilli dont il s’était servi un verre.

Il avait appris que Rosa était au Canada et avait envoyé l’un de ses hommes de confiance lui transmettre une invitation. Si elle acceptait de le rencontrer, un hélicoptère l’amènerait ici et ils pourraient s’entretenir. Il lui avait promis un sauf conduit absolu, et malgré les rapports pour le moins difficiles qu’il avait avec sa constellation, il n’avait jamais menti une seule fois à ses membres. Il espérait qu’elle saurait s’en souvenir. Même si évidemment, quand elle aurait rejeté sa demande, leurs rapports changeraient. Et ces préventions-là disparaitraient… Sauf peut-être si Zora…

Quel malheur, s’accablait-il, que les siens – car il pensait aux gens du Phénix comme tels, malgré tout -, soient aussi déraisonnables, aussi obstinément naïfs et inconséquents comme Rosa ou désintéressés des grandes affaires du monde, comme Lucian ou Zora. Cruel le sort qui risquait bien de voir le Phénix se dévorer de l’intérieur, mais c’était peut-être l’ultime prix à payer. Enfin. Toutes les médiations devaient être tentées avant d’en arriver là. Alexis, seul dans ces grands appartements, vêtu d’un pull à col roulé noir en cachemire et d’un pantalon assorti, enfoncé dans un fauteuil de cuir, regardait la glace à l’extérieur, mélancolique, se repassant le film des moments vécus avec sa constellation. Le temps fila, jusqu’à ce que, finalement, un bruit d’hélicoptère retentisse. Il sourit. Elle était tout de même venue. Enfilant un anorak épais il ouvrit les deux doubles portes qui séparaient les appartements de l’héliport, attendant avec appréhension mais, aussi, une certaine impatience. Quand une silhouette bien connue mais depuis longtemps disparue descendit de l’hélico, qu’un frisson familier lui parcourut l’échine et qu’une légère impulsion télépathique le titilla, il sut sans l’ombre d’un doute que Rosalyn était là. Il fit de grands gestes ravis.

« - Rosalyn, cria-t-il en grec médiéval pour couvrir le bruit des pales de l’hélico qui finissaient de tourner, rentre vite à l’intérieur ! Je suis furieux contre toi mais très heureux de te voir, alors disons que je suis furieusement heureux ! »

C’était vrai. Il avait l’impression de retrouver une grande sœur perdue de vue depuis longtemps. Une grande sœur perdue, dont il aurait, peut-être, lui, à causer la perte, et son cœur se serra à cette pensée.
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Rosalyn Blackthorn
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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Dim 4 Juil - 18:40

retrouvailles glacées
“Everyone suffers at least one bad betrayal in their lifetime. It’s what unites us. The trick is not to let it destroy your trust in others when that happens. Don’t let them take that from you.” @Alexis Eudaimonanis

   
Aucune famille n’est parfaite. Prétendre le contraire serait faire preuve de naïveté, et voilà bien longtemps que l’Anglaise n’a plus une once de candeur. Parfois, on lui reproche sa méfiance exagérée et sa froideur menaçante. L’innocence et la bienveillance universelle, elle préfère les laisser à Lucian, qui en a bien assez pour deux. A-t-elle un jour été naïve, Rosalyn ? Elle ne s’en souvient pas. Elle n’a pas eu le luxe de voir le jour à une époque et dans un monde où elle pouvait se permettre de l’être. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours été sur ses gardes, elle a toujours regardé par-dessus son épaule avec suspicion. Faire confiance aveuglément à qui que ce soit, ce n’est pas pour elle. Même les membres de sa constellation ont eu droit à son immuable scepticisme. L’accueil réservé à Omondi et Nour avait été des plus froids, elle les avait renvoyés d’où ils venaient et plusieurs siècles s’étaient écoulés avant qu’elle n’accepte de les rejoindre, avant qu’elle n’apprenne à les considérer comme un frère et une sœur. Ils lui avaient appris les rudiments de l’immortalité, et les sept siècles qu’ils avaient passé tous les droits avaient solidifié le lien fraternel qui les unissait, comme s’ils étaient nés de la même matrice. Sept siècles avant que leur constellation ne soit bouleversée par trois arrivées presque consécutives. D’abord il y avait eu Takoda, puis Jia et enfin Alexis. Takoda, ils étaient allés le chercher ensemble, et avaient été accueillis à bras ouverts par l’Amérindien et les siens, qui l’avaient laissé partir avec eux après leur avoir accordé leur bénédiction. Puis il y avait eu Jia et son caractère bien trempé, Jia et sa fougue indomptable, que Rosalyn était allée chercher seule et avait ramené auprès des siens. Et puis… Il y avait eu Alexis. L’Anglais avait immédiatement compris que dernier son regard d’acier se dissimulait un esprit vif et acéré. Ils l’avaient tous accueilli à bras ouverts, lui avaient expliqué les rouages de sa nouvelle vie… Il avait tout compris très vite, trop vite. Leurs avis avaient divergé, les voix s’étaient élevées, les esprits s’étaient agités et il était parti. Ce départ, Rosalyn l’avait considéré comme une véritable trahison ; la pire qu’elle a connue après que Lancelot ait trahi Arthur. Les années s’étaient écoulées mais l’amertume était restée, malgré les sages paroles d’Omondi qui avait vainement tenté de lui faire comprendre que la jeunesse d’Alexis jouait en sa défaveur, elle n’avait rien voulu savoir et s’était murée dans un silence furieux. Ainsi, lorsque Lucian l’avait trouvée pour la première fois, l’accueil qu’elle lui avait réservé avait été des plus glacials, qu’il soit son âme sœur n’y avait rien changé, bien au contraire. Il lui avait fallu des années pour parvenir à apaiser sa rancœur et la convaincre de se rouvrir aux autres. Alors quand Nour et elles avaient trouvé Alma, Rosalyn l’avait immédiatement prise sous son aile et avait fait d’elle sa protégée, son élève.

Un soupir échappe à l’Anglaise, qui repousse ces réminiscences dans un petit coin de son esprit. Combien d’années se sont-elles écoulées depuis qu’elle a vu Alexis pour la dernière fois ? Elle n’en est pas certaine. Elle a l’impression qu’il est toujours sur sa route quand bien même elle ne voit presque jamais son visage. Il n’est jamais très loin dans le sillage de l’Hydre, en bon lieutenant qu’il est. Rosalyn a en horreur les idéaux despotiques du camp choisi par leur compagnon. Elle n’est peut-être pas aussi âgée que l’Ordre, mais mille cinq cents ans d’existence lui ont suffi pour voir de quoi ses membres sont capables : de tout, n’importe quoi et surtout du pire pour arriver à leurs fins. Il n’y a pas de pertes trop grandes, pas de dommages collatéraux trop importants et les mortels ne sont rien de plus que des fourmis qu’ils écrasent sous leurs bottes en prétextant vouloir le bien de toute la fourmilière. Lèvres pincées, Rosalyn lance un regard par la fenêtre de l’hélicoptère chargé de la conduire auprès de l’étoile égarée. L’invitation d’Alexis, elle a été tentée de l’ignorer. Tentée de renvoyer son messager d’où il venait avec pour simple réponse un regard dédaigneux. Le pauvre hère avait pu s’estimer heureux que Lucian intervienne pour plaider en sa faveur, avant que Rosalyn ne le congédie. Et l’Hawaïen avait dû faire preuve de tous ses talents d’orateur pour convaincre son épouse d’aller au moins entendre ce qu’Alexis avait à lui dire. Grimace déformant ses lèvres, elle avait finalement accepté. Comment mieux occuper une journée qu’en se rendant de son plein gré dans un nid de vipères ? Alexis lui promet peut-être un sauf-conduit, mais parle-t-il au nom de ses complices ? Rosalyn soupire, le regard perdu sur l’horizon glacé. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexis sait choisir ses lieux de rendez-vous.

Elle fronce les sourcils lorsqu’apparaît au loin un énorme paquebot de croisière. Tout à fait le genre de construction qu’elle a en horreur. Si Rosalyn n’a pas le pied marin, elle sait reconnaître l’attrait d’un voilier ou d’un petit navire de plaisance ; mais les qualités d’un tel géant lui échappent. Qu’importe, elle n’a nullement l’intention de s’attarder à son bord. L’hélicoptère amorce sa descente vers le paquebot perdu au milieu des glaces de l’Arctique. Peu avant qu’il ne se pose, elle prend une profonde inspiration. Il est hors de question que la moindre expression soit déchiffrable sur son visage – et certainement pas son agacement et cette colère froide qui ne manque jamais de refaire surface à chaque fois que son chemin croise celui d’Alexis. Toute de blanc vêtue, comme une véritable reine des neiges, elle descend de l’appareil et pas un cheveu ne s’échappe de son chignon tressé alors que les pales de l’hélicoptère tournent encore. Un frisson qui n’a rien à voir avec le climat polaire remonte le long de son échine lorsqu’elle entend Alexis appeler son nom. Le lien qui les unit se rappelle à elle et presque imperceptiblement, ses poings se serrent. Elle se dirige vers lui la tête haute, altière dans sa démarche, l’orgueil dressé en rempart contre l’amertume et la déception.

« Tout le déplaisir est pour moi », siffle-t-elle entre ses dents avant d’entrer dans l’un des luxueux appartements du géant des mers. Elle reste silencieuse jusqu’à ce que le raffut causé par l’hélicoptère ne soit étouffé par le double vitrage. La première chose qu’elle remarque, c’est la température agréable qui règne à l’intérieur. Une petite grimace déforme ses traits. « Sotte que je suis, et dire que je pensais que le réchauffement climatique était au cœur de toutes vos préoccupations… La prochaine fois, faites donc escale au large des côtes hawaïennes, Lucian vous en saura gré… Il est déçu de ne pas avoir été convié, d’ailleurs. » Son regard se promène dans l’appartement, comme à son habitude, elle étudie son environnement au cas où ce dernier deviendrait hostile. Puis elle braque ses iris bleus sur lui, croise les bras sous sa poitrine. Elle n’a pas retiré son manteau, comme pour lui signifier qu’elle n’a pas l’intention de s’attarder. « Y a-t-il une raison particulière à ce tête-à-tête ? » Oh oui, bien sûr que oui. Rosalyn n’est pas idiote, elle pense savoir pourquoi Alexis a soudain eu besoin de la voir, après de longues années de silence et d’éloignement. C’est que le dernier coup porté à l’Hydre par les siens a sans doute été dur à encaisser. « Il ne fallait pas que tu te donnes tout ce mal, Alexis. Un simple message aurait été suffisant et nous aurait évité à tous les deux de perdre notre temps. Je crains de ne devoir vous décevoir, Marius et toi. Je ne te dirai pas ce que nous avons fait de la Lance. » Car c’est de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ? La Sainte Lance, la Lance du Destin, l’arme mythique et sacrée sauvée par les prométhéens avant que l’Hydre ne s’en empare, subtilisée sous leurs yeux et de nouveau hors de leur portée, dissimulée là où aucun d’entre eux ne la trouvera jamais. « Espérais-tu que les années m’aient attendrie ? Détrompe-toi, je serai toujours la garce que vous trouverez sur milieu de votre chemin. Ne sois pas déçu. Tu devais bien t’y attendre, non ? »

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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Lun 5 Juil - 14:18

1792, Paris

On se hâtait dans l’Hôtel de Vagniac. Des domestiques en livrées, les ultimes fidèles, chargeaient de grands bagages dans les berlines dont les attelages piaffaient et ruaient, les chevaux ne sentant que trop bien l’affolement des humains qui couraient alentours. Et quand on pensait humain, il fallait là penser large, car dans l’hôtel particulier on comptait aujourd’hui une importante concentration d’immortels. Et, étonnamment, eux aussi étaient terrifiés et nerveux.

« Vite, vite Charlotte, dans la voiture, vous Damien hâtez-vous un peu avec ces havresacs ! »

Alexis s’aplatit contre un mur avant d’être piétiné par un équipage hystérique et disparate de nobles éternels et de serviteurs tirant des quantités invraisemblables de bagages excentriques, incluant une cage à oiseaux et un grand nécessaire de parfumerie. Lui, cependant, était les mains vides, débraillé, sans même une épée, et errait dans la cour privée.

« Cecilia, criait-il, Cecilia, où êtes-vous ? »

Dehors le bruit des combats se rapprochaient. Si l’épicentre des troubles avait été la prison de l’Abbaye, où quelques heures auparavant des prêtres transportés en convoi avaient été massacrés, c’était désormais tout le quartier qui était parcouru par des colonnes de tueurs rendus fous furieux par l’annonce de la chute de Verdun et les propos exaltés des Exagérés. Un peu plus tôt une troupe forte de plusieurs centaines de furieux était partie de l’Abbaye aux Carmes, avec torches, mousquets et crochets, pour, sans aucun doute, faire un sort à tous ceux qui s’y trouvaient incarcérés. Les regards que certains avaient eu en passant devant l’Hôtel de Vagniac ne disaient rien qui vaille aux immortels. Pourtant les lieux étaient censés être sanctuarisés grâce aux pions mortels dans les plus hauts niveaux de la révolution en cours, mais ladite révolution, justement, avait largement échappé à tout contrôle, et les grands comploteurs immortels en étaient réduits à courir en tous sens comme des rats.

Dans la cohue d’une fuite de moins en moins organisée, on ne remarqua pas tout de suite la femme en grande soierie qui passait le portail de l’hôtel particulier, couverte de sang et qui, dans sa main droite, tenait un bras humain. Ce fut Alexis qui la vit en premier. Il se précipita.

« Madame d’Ardent ! Vous étiez avec Cecilia n’est-ce pas ? Qu’est… »

Il blêmit. Ce bras portait un bracelet, et ce bracelet…

« Oh, fit Louise d’Ardent d’une voix lointaine, hors de la réalité, Cecilia, si étourdie, je lui disais que vous lui faisiez perdre la tête, eh bien… elle n’a plus de tête, vous comprenez. Ils lui ont jeté au feu ! Mais… elle est là, vous voyez… elle pourra revenir, puisque, le bras… ? Bientôt vous pourrez l’étreindre à nouveau, notre belle amie, n’est ce pas formidable Alexis, for mi da ble !! »

Elle partit d’un grand rire hystérique, tandis qu’Alexis restait statufié, inconscient de son environnement. A peine remarquait-il que Marius di Mercurio – avec qui il entretenait des rapports plus courtois que le reste de sa constellation quoique distants – lui murmurait des paroles réconfortantes en l’enjoignant de monter dans un carrosse. En esprit il n’avait que le songe des hordes furieuses jetant au feu le visage aimé, ces hordes révolutionnaires en qui il avait vu un espoir de libération universelle du genre humain encore deux ans auparavant. Et cette pensée se disputait avec celle de Sieyès et de sa coterie, d’ores et déjà en train d’intriguer et de préparer l’avènement de la ploutocratie. Cecilia décapitée, la bande de la rue Saint-Honoré probablement au pouvoir en France, voilà tout ce qu’avait pu produire les mortels laissés à eux-mêmes dans l’action politique, ces mortels si chéris par Rosa et les autres. Une rage sourde monta en Alexis tandis qu’il grimpait dans la berline de di Mercurio

2021, Aqua Paradise

Il regarda Rosalyn se mouvoir avec sa grâce de combattante, souriant. Que de souvenirs. Il se rappelait ses premiers temps au sein de la constellation, de la bienveillance qu’elle avait eu envers lui, jeune immortel avançant dans un monde aussi ancien que dangereux. Il avait à l’esprit l’accueil de l’immuable Omondi, dont le souvenir le faisait encore frissonner tout à la fois de respect et, peut-être avait-il été le seul de la constellation à jamais ressentir ce sentiment, de crainte. Et les autres, évidemment… Sans doute, la période qui avait suivi sa mort et précédé la Révolution française avait été la plus heureuse de sa vie. Le sentiment de trouver un cocon, d’être chéri et entouré d’êtres avec lequel il partageait un lien indéfectible permettait de mettre de côté ses inquiétudes sur les humains et leur aptitude à se gérer eux-mêmes.

Malgré la désorganisation du monde, malgré l’absurdité de ces êtres à la vie courte courant de ci, de là, menant des guerres largement dictées par l’intérêt personnel de quelques uns – au premier chef desquels certains immortels, motivés, aussi, par de ridicules sentiments religieux relevant de la superstition. Oui, malgré tout ça il avait pu continuer de vivre, relativement heureux. Et même après 1792, alors qu’il avait perdue une amante chère à ses yeux, que les mortels avaient prouvé leur incapacité à s’émanciper eux-mêmes, il n’avait pas encore été bien certain de ses idéaux, notamment parce que, à l’époque, les courtes-vies maintenaient leurs déprédations à un stade interpersonnel bien loin de l’anthropocène. Mais désormais… désormais il fallait être aussi aveugle que Rosalyn pour ne pas avoir que la tactique de l’autruche ne pouvait mener qu’au désastre collectif… La laissant cracher un peu de son venin, il ne perdit pas son petit sourire sardonique.

« Ah ah ! Mais tu es venue. Quoique tu en dises, le lien entre nous demeure sans que nous puissions le rompre de notre vivant, et je te connais. Si vraiment tu n’avais pas voulu venir, pas voulu discuter, rien n’aurait pu te convaincre de monter dans l’hélico, mais tu es là. »

Alexis remplit deux verres de bourbon depuis la carafe en cristal qui trônait sur une table basse, invitation implicite mais pas formulée verbalement, car il devinait d’avance la répartie cinglante à laquelle il allait s’exposer.

« Ne parlons pas tout de suite de la lance, si tu permets. J’aimerais d’abord te donner quelques éléments d’appréciation de la situation actuelle. Je sais que tu es furieuse contre moi, amère, je le sens bien. Mais réfléchis. Pourquoi est-ce que j’ai voulu te rencontrer ici ? Parce que je voulais t’infliger la vue de cet immense navire qui allait à coup sûr te déplaire ? Parce que je voulais t’impressionner, toi qui a vécu si longtemps, juste en te faisant voler dans un hélico ? Evidemment pas. C’est parce que je suis engagé dans une partie avec de grands enjeux, où la défaite est fatale et où ma protection devient complexe à assurer. »

Il marqua une petite pause pour siroter un peu de cet excellent alcool, pensif, réfléchissant à la façon dont il allait formuler la suite, triturant sa chevalière.

« Tu as dit deux choses. Que tu allais me décevoir Marius et moi, et que le réchauffement, le dérèglement climatique, devrait être au cœur de nos préoccupations, sous entendant que ce n’était pas le cas. Mais, chère aînée, tu apprécies mal la situation. Marius, je suis en train de le renverser. Je peux bien te le dire, ce n’est plus un secret au sein de l’Ordre qu’il y a lutte. Sauf qu’il croit avoir affaire à une lutte politique, alors que très bientôt j’entreprendrais un mouvement décisif contre lui de manière frontale. Évidemment, fit Alexis, en haussant les épaules, tu pourrais le lui dire et je ne doute pas qu’il saurait en tirer profit, mais je ne vois pas pourquoi tu voudrais aider Marius à mes dépends, quelque sentiment hostile et quelque grief que tu puisses avoir contre moi. »

Il prenait évidemment un risque. Il estimait qu’elle n’allait pas, par pure rancune, appuyer quelqu’un d’aussi abject à ses yeux que di Mercurio, mais peut-être estimait elle que l’abjection du grec était pire encore du fait de ce qu’elle percevait comme une trahison. Tant pis, il avait envie de lui parler à cœur ouvert, en quelque sorte, au moins à cette étape de la discussion.

« Et pourquoi le fais-je, pourquoi est-ce que je compte enlever Marius de l’équation ? Sans doute que tes reproches à mon égard te feront penser qu’il s’agit d’une basse ambition personnelle. Mais si tu fais abstraction de ton hostilité, que tu m’écoutes en essayant de percevoir la vérité dans mes paroles – car si je suis parti je ne vous ai jamais menti -, que tu te souviens de moi dans le passé, je suis sûr que tu pourras te rappeler que je n’ai jamais été motivé par la soif de pouvoir, que je n’ai jamais perçu le pouvoir que comme un instrument. Un instrument pour quelle fin ? Eh bien pour lutter contre le dérèglement climatique, justement, par exemple, qui nous menace tous, qui menace la viabilité même de la Terre comme monde d’accueil. Oh c’est vrai que Marius ne se sert pas de l’immense pouvoir de l’Ordre pour ça, qu’il pense pouvoir échapper à tout et qu’il n’a que faire de l’état du monde tant qu’il est au-dessus de la pile de corps, et c’est bien pour ça qu’il doit disparaître. »

Petite pause, le temps de la laisser appréhender ce qu’il disait, le temps de la laisser voir qu’il pensait chaque mot. Puis une offensive.

« Mais dis-moi, Rosa. Vous, les prométhéens, vous faites quoi contre le dérèglement climatique ? Et contre la prolifération nucléaire ? Et contre la fonte annoncée du permafrost qui risque de libérer des virus dévastateurs ? Et contre tous les autres cadeaux que Pandore avait enfermés au fond de la boîte ? Votre méthode de laisser les humains s’autogérer en sympathique communauté, est-ce qu’elle a donné le moindre résultat plus enviable que la méthode du profit immédiat de Marius ? Toi qui te fait Thémis, prompte à brandir le glaive, mais qui a jeté la balance à l’eau, regarde donc le monde autour de toi, regarde les fruits de la liberté. »
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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Mer 7 Juil - 16:16

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Le lien qui unit les membres d’une même constellation est une bénédiction autant qu’une malédiction. Et parfois, Rosalyn déplore qu’il ne soit pas possible de le rompre. Même en étant absent, Alexis demeure auprès d’eux ; fantôme d’une autre vie qui se rappelle à eux de temps à autre dans des songes dont ils ne peuvent pas se débarrasser non plus. Et il y a le poids de l’absence, plus facile à supporter certains jours que d’autres. Alors oui, Rosalyn est furieuse. Furieuse de ne pouvoir simplement le haïr, furieuse de constater qu’il n’a rien retenu de ce qu’Omondi a essayé de leur enseigner. À la pensée de leur aîné disparu, elle se crispe légèrement. Sa mort, elle l’avait senti aussi sûrement que si elle avait été la sienne, comme un coup de poignard en pleine poitrine. Elle l’avait supplié de ne pas mourir, de ne pas les laisser, mais rien n’y avait fait. Il était parti… Et Alexis n’était même pas à leurs côtés, ce jour-là. Et il continuait à salir sa mémoire en se faisant pion de l’Hydre… Un claquement de langue agacé lui échappe, elle lance un regard noir à son adelphe. « Ne t’accorde pas plus d’importance que tu en as, Alexis. Si je suis venue, c’est parce que nous étions dans la région et surtout parce que Lucian m’a convaincue d’accepter ton invitation. » Ce qu’elle ne comprend guère, par ailleurs. Pourquoi diable Lucian a-t-il plaidé en sa faveur, quand ils ne se sont pas rencontrés plus d’une poignée de fois ? Que sont-ils l’un pour l’autre, sinon des étrangers que le destin n’a de cesse d’essayer de rapprocher ? « À ce propos, il se porte à merveille, je te remercie de t’en soucier. » Comme Nour, Takoda, Zora et Alma. Lui arrive-t-il encore d’égarer quelques pensées pour les siens ? Rosalyn ne posera pas la question, trop amère pour vouloir s’aventurer sur une pente glissante. Elle n’esquisse pas le moindre geste pour se rapprocher d’Alexis, et encore moins pour accepter le verre d’alcool qu’il lui sert sans un mot. Qu’il se le tienne pour dit, elle n’a pas l’intention de s’attarder.

Pas plus qu’elle n’a l’intention de rentrer dans son jeu. Ne pas parler de la Lance tout de suite ? Rosalyn hausse un sourcil, dubitative. Bras croisés sous la poitrine, elle roule des yeux. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexis est habile avec les mots, c’est un beau parleur qui ferait un merveilleux politicien. Quoique, n’en est-il pas un, après tout ? « Si tu t’es lancé dans une partie d’échecs trop compliquée pour toi, ce n’est pas notre problème, Alexis. Tu savais dans quoi tu t’engageais en rejoignant l’Ordre. Ce n’est en tout cas pas faute de t’avoir mis en garde. » Elle ouvre de grands yeux ébahis lorsque Alexis lui avoue avec une assurance déraisonnée avoir l’intention de renverser Marius di Mercurio. Elle attend vainement un éclat de rire de sa part lui révélant une plaisanterie, mais rien ne vient, il conserve son sérieux et Rosalyn sent sa gorge se serrer. Par tous les dieux, à quel jeu dangereux joue-t-il ? Elle ne peut s’empêcher de secouer la tête en faisant quelques pas dans la pièce, se mordant la lèvre pour s’empêcher d’exploser. D’autant plus qu’elle le sent bien, Alexis n’en a pas terminé. Les poings serrés, elle écoute son laïus sans le lâcher des yeux. Un rictus de dégoût déforme ses traits avant qu’elle ne lui réponde, exaspérée. « Tu es vraiment… Inconscient ! Seigneur, Omondi avait raison à ton sujet, tu n’es qu’un enfant incapable de voir plus loin que le bout de son nez ! Si tu t’entendais parler, alors tu comprendrais la bêtise de tes arguments ! Je ne sais pas si tu es naïf, arrogant ou complètement stupide ! Tu parles de Marius comme d’un enfant capricieux, mais as-tu oublié comment il est arrivé à la tête de l’Ordre ? Il a atteint son trône en piétinant les cadavres de ses rivaux, et tu crois pouvoir le détrôner de quelques habiles pirouettes ? » Rosalyn continue à secouer la tête, incapable de comprendre ce qui peut bien lui passer par la tête. Elle meurt d’envie de faire disparaître ce petit air fier sur son visage, elle aimerait pouvoir lui faire perdre de sa superbe et lui ramener les pieds sur Terre. « Tu crois vraiment que tu feras mieux que lui ? Votre Ordre n’est fait que d’arrivistes, de traîtres, de mégalomaniaques et d’imbéciles qui se prennent pour des dieux ! Marius a poignardé son prédécesseur dans le dos, tu vas le poignarder dans le dos et puis… Et puis quoi, tu imagines vraiment échapper à la traîtrise, toi aussi ? Vous êtes tous les deux les reliques d’un empire disparu, il serait peut-être temps que toi vous tiriez des leçons de l’Histoire. » Rosalyn en sait quelque chose. Elle aussi a eu l’arrogance de croire qu’il n’existerait jamais rien de mieux que Camelot. Mais comme Rome, Byzance, Constantinople et toutes les autres, elle était tombée.

« Ça ne te dérange pas, la perspective de mettre les nôtres en danger ?As-tu si peu d’égards pour eux ? En ce qui me concerne, je peux le concevoir, mais eux ? Nour, Takoda, Jia, Lucian, Alma… Tu serais donc prêt à les sacrifier pour satisfaire tes envies de pouvoir ? Tu ne me tromperas pas, Alexis. Si c’était l’altruisme qui t’animait, ça te serait bien égal de faire choir Marius de son piédestal. » Et s’il croit qu’elle gardera pour elle ce qu’il vient de lui confier, il se met le doigt dans l’œil et jusqu’au cerveau. Les Enfants de Prométhée sauront, car ce qui agite l’Hydre ne peut que les servir. Elle lui lance un regard navré lorsqu’elle constate, sans réelle surprise, qu’il ne sait rien ou presque des Enfants de Prométhée. Décidément, il ne comprend rien à rien. « Ce n’est pas parce que nous agissons dans l’ombre que nous ne faisons rien, Alexis. À lui seul, Lucian fait plus pour les océans que toi et ta petite bande de milliardaires. Dites-moi, vous avez un plan pour nous débarrasser du continent de plastique qui empoisonne le Pacifique ? Oh, bien sûr, suis-je sotte, j’imagine que vous financez les projets qui visent à ramasser ces déchets… Le nucléaire, la fonte des glaces, la déforestation, l’extinction de masse, la famine, les épidémies… La liste est longue, interminable, ne crois pas m’impressionner en déroulant la liste des maux qui gangrènent le monde. Je les vois depuis bien plus longtemps que toi, et je luttais déjà contre bien avant que tu ne décides de te faire Zeus. » Que de temps perdu… C’est dans un dialogue de sourds qu’ils se sont lancés, comme à chaque fois que leurs chemins se croisent. L’un comme l’autre campera sur sa position respective ; ce n’est sûrement pas aujourd’hui que Rosalyn verra les prétendus côtés positifs de l’Ordre, ni celui où Alexis cessera de voir les Prométhéens comme des utopistes naïfs et désorganisés. « Écoute-moi, Alexis, et écoute-moi bien parce que je ne me répéterai pas deux fois… » Elle se rapproche de lui de quelques pas, ses iris glacés vissés aux siens. « Si quoi que ce soit arrive à un membre de notre constellation par ta faute, j’abandonnerai la robe de Thémis et enfilerai avec grand plaisir celle de Némésis. Ne crois pas que j’hésiterai une seule seconde à séparer ton arrogante petite tête du reste de ton corps. » Sur le long chemin de l’Histoire, ce n’est pas un fratricide de plus qui bouleversera le cours de l’éternité.

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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Mer 7 Juil - 19:13

Alexis se garda bien de hocher la tête avec commisération parce que ça n’aurait pas manqué de provoquer une réaction de violence chez Rosa. Mais en esprit, il n’était que ça, commisération, avec un début d’irritation. Elle ne faisait vraiment aucun effort pour comprendre rationnellement les choses et laissait sa peine et sa colère parler pour elle, s’abstenant de réfléchir froidement aux choses telles qu’elles étaient. Lui était encore triste, mélancolique, quand il pensait à sa constellation. Mais elle, elle n’avait absolument pas évolué depuis qu’il les avait quittés. Paradoxalement cette Rosalyn écumante le confortait dans ses opinions. Voilà, c’était précisément cette fureur irrationnelle qui guidait l’humanité en ce moment, qu’il s’agisse d’une furie tournée vers la consommation perpétuelle, la guerre ethnique ou la religion. Ce visage tiré et énervé qu’elle lui montrait, on aurait pu en faire une statue et la mettre sur un fronton quelconque. On l’aurait appelé « La Passion Humaine ». Alexis eut un petit sourire à cette idée, qu’il s’empressa de gommer.

Il la laissa continuer, toute à sa vindicte, jusqu’à ce qu’elle s’approche de lui en débitant des menaces. Il ne put s’empêcher de déglutir. Après tout, sur ce point, il était aussi humain que n’importe qui, il tenait à la vie. Et même plus que n’importe qui dans la mesure où, quoiqu’en pensaient ses petits camarades rose bonbon du Phénix, la vie des immortels était bien plus précieuse et significative que celle des mortels. Alors, imaginant Rosa brandir une épée et lui séparer la tête du cou comme elle l’imaginait d’une voix si glacée, il fut effrayé. Elle, elle dut le sentir, il n’en doutait pas. Sans même qu’elle n’était pas peu satisfaite de s’imposer de cette façon, de montrer sa force. Elle avait toujours raisonné ainsi, en guerrière pure, plutôt qu’en souveraine aux mains tâchées.

Quand elle eut fini, il haussa les épaules, sans cesser de soutenir son regard. Elle était plus forte que lui et c’était une différence majeure, mais lui avait une vision fondée sur la réalité tandis que la sienne relevait d’une idéologie facile et gentillette, malgré ses rodomontades, et cela c’en était une autre de différence.

« Mais, Rosalyn, tu penses vraiment que je n’ai pas imaginé que tu puisses me tuer un jour ? En t’invitant ici j’ai même considéré cette hypothèse, oh, de façon marginale, mais bien réelle. C’est vrai que, contrairement à toi, je suis prêt à tuer pour mes convictions et ma vision du monde, plutôt que pour seulement le cercle étroit de mes relations interpersonnelles, mais je suis tout aussi bien prêt à mourir. »

Il fit une petite pause, laissant son regard froid dans celui de la femme, sa voix se faisant moins assurée.

« Et tes menaces sont totalement inutiles. Tu me reprochais mon manque d’égard pour vous, tu disais que te concernant tu comprenais. Mais Rosa, au risque de me faire trancher la tête je te le dis, moi je vous aime. Et c’est bien parce que je pense à vous mais pas seulement à vous que je me suis assigné la mission de corriger les choses. »

Se mettant à ponctuer ses phrases de grands gestes, il maîtrisait moins son ton, frustré, désireux d’enfin lui faire comprendre.

« Tu dis que si l’altruisme m’animait je n’en aurais rien à faire de faire tomber Marius ? Mais Rosalyn, toi écoute moi bien, comment peux-tu être à ce point illogique ? La voilà ton erreur, et celle de tous les prométhéens, et celle de tous les immortels vagabonds pleins de bons sentiments. On ne peut pas changer les choses si on ne les dirige pas ! Tu prétends faire quelque chose pour les océans ? On voit le résultat ! Tu as vu les dernières projections du GIEC ? La réalité c’est que vous, les Enfants, vous êtes comme ces européens qui font du tri sélectif tandis que leur UE signe des traités de libre échange ou que la Chine continue à investir dans le charbon. Vous jetez des gouttes d’eau sur un incendie et puis vous vous étonnez que rien ne se passe. Allons ! »

Il baissa le ton, conscient de perdre son calme, retournant sur sa réserve, sur un ton plus froid, lissant son pull pour se donner contenance. Face à Rosalyn il n’avait jamais pu se départir de l’impression d’être jugée par une sœur, une tante, ou n’importe quel membre plus âgé de la famille.

« Le seul point sur lequel tu as raison c’est que les membres de l’Ordre sont en majorité préoccupés par leur avarice et leurs pulsions sybarites et avaricieuses. Mais c’est bien ce que je vais changer, dès lors que j’en serais à la tête. Et ne crois pas que je sois seul impliqué, même si je m’abstiendrais évidemment de t’en dire plus, puisque tu n’as de cesse de me faire comprendre quelle piètre opinion tu as de mes actions. Quoiqu’il en soit, Rosa, laisse-moi te dire ceci : le seul moyen de sauvegarder l’humanité et les immortels c’est d’en prendre le contrôle. Qu’une force unique coordonne une politique mondiale unique en utilisant tous les moyens nécessaires pour que dans cent, cinq-cents, mille ans, il y ait encore des mortels et des immortels. Et cette force unique, ce sera moi et mes amis. Nous allons changer le monde Rosalyn, ou nous mourrons en essayant, fût-ce de ta main. La seule chose que je regrette, fit-il d’une voix cassée, c’est que ceux que je n’ai jamais cessé de considérer comme ma famille soient contre moi plutôt qu’avec moi. »

Il se rapprocha d’elle, à nouveau, sardonique.

« Mais qu’il ne soit pas dit que je suis borné. Parce que si tu as un plan à me proposer qui garantisse que les humains vont cesser de développer des virus mortels, des programmes nucléaires militaires, et de détruire l’écosystème, qui stoppe l’anthropocène, oui si tu as un tel plan sous la main, alors je te le jure, je quitte l’Ordre i m m é d i a t e m e n t, là tout de suite. Et je ne doute pas d’être imité par mes proches associés. N’hésite pas, montre-moi la voie, je ne demande que ça ! »

Il ricana, sans joie, haussant à nouveau les épaules.

« Mais tu n’as rien de tel, n’est-ce pas ? Ton plan c’est de courir un peu partout en sauvant ici une veuve ici un orphelin, de corriger l’injustice de la rue du Poirier avant de courir dans celle d’à côté, ton plan c’est de ne pas avoir de plan. Thémis, Némésis, ma foi tu serais bien plutôt une Tyché cherchant à foudroyer quiconque se ferait Théophraste pour te dire que la chance ne vaut rien et qu’elle doit se provoquer. Je me trompe ? »
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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Sam 10 Juil - 13:05

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Ses menaces font mouche. Bien, songe-t-elle avant de reculer, un rictus de colère déformant toujours ses traits délicats. Alexis peut s’estimer heureux que ce soit à elle qu’il ait affaire à elle et non pas à Alma, qui n’aurait très certainement pas pris la peine de le mettre en garde avant de frapper. Mais s’il continue sur sa lancée, il est fort possible qu’elle ne le prévienne pas avant de lui répondre avec ses points plutôt qu’avec des mots. « Je ne sais pas si tu portes des œillères, ou si tes convictions font de toi un parfait imbécile. Entends-tu les idioties que tu racontes, depuis que je suis arrivée ? Tu crois sincèrement ce que tu dis ? Tu crois sincèrement que je ne suis jamais morte pour une cause que je croyais juste ? Je connais bien la mort, Alexis. Je suis très douée pour mourir. Je ne le fais jamais inutilement mais ne t’imagine pas que cela me fait peur. Quant à donner la mort… » Rosalyn incline légèrement la tête sur le côté, elle l’observe comme un prédateur observe sa proie. « Je le faisais bien avant que tu ne te fasses roi, Alexis. Et je le ferai encore, autant de fois que nécessaire, mais pas aveuglément. Pas sans mesurer les conséquences de mes actions. Cesse donc de me sous-estimer, tu ne t’en porteras que mieux. » Un conseil autant qu’une mise en garde. Elle voit bien qu’au-delà de la peur qu’elle peut lui inspirer, cela ne l’empêche pas de la méjuger. Il la croit trop idéaliste pour voir le monde tel qu’il est vraiment, mais qu’il se détrompe. Le monde, elle le connaît. Elle foule sa terre battue depuis bien plus longtemps que lui, elle a vu mille et un empires se faire et se défaire, elle a vu l’humanité être capable des pires horreurs comme des plus belles merveilles. Les êtres humains sont imparfaits, faillibles, imprévisibles. C’est vrai, elle a plus d’une fois été dégoûtée par les guerres, les massacres, les injustices. Elle mentirait en prétendant n’avoir jamais eu envie de tourner le dos aux Enfants de Prométhée. Mais il y a toujours eu quelque chose ou quelqu’un pour lui redonner espoir. C’est cela qu’Alexis est incapable de comprendre, aveuglé par ses envies de grandeur et son mépris des mortels. « Par tous les dieux, Alexis… Tais-toi ! Tais-toi donc ! Tu n’es pas un dieu, ni même un envoyé divin, ce n’est pas à toi de décider de ce qui doit être fait ! Et par pitié, ne me parle pas d’amour. » Que connaît-il à l’amour ? Comment peut-il prétendre les aimer alors qu’il ne connaît pas la moitié d’entre eux ? Rosalyn secoue la tête, exaspérée par un tel narcissisme.

« Descends de ton piédestal, Alexis ! Ta vision du monde est si étriquée… Tu crois qu’il te suffira d’en prendre les rênes pour tout régler ? Je t’envierais ton optimiste, s’il n’était pas si absurde. » C’est tout ce qu’elle répondra à son discours grandiloquent. Elle a bien remarqué sa façon d’éviter certains de ses propos, comme un politicien qui esquiverait habilement quelques questions gênantes. « Fais ce qu’il te plaira, Alexis, mais ne nous mêle pas à cela. Ne te sers pas de nous comme d’une excuse. Assume ce que tu es et ce que tu veux, mais nous ne sommes pas tes pions. » Avec un certain amusement, elle songe que sur un échiquier, ce n’est pas le roi le pion le plus important, mais la reine. Sourcils froncés, elle ne peut s’empêcher de commencer à penser à ce que les Enfants de Prométhée devront faire pour contrecarrer les plans d’Alexis. Il n’est pas question une seule seconde qu’ils le laissent faire. L’humanité a eu son lot de dictateurs et de faux prophètes, et cela ne s’est jamais terminé autrement que dans un bain de sang. Et Alexis parle et parle et parle… Oh, cela ne fait plus aucun doute pour Rosalyn, il adore s’écouter parler ! Ses beaux discours doivent être efficaces sur ses subordonnées, qui doivent s’emmêler les pinceaux avec ses longues phrases, ses détours douteux et ses mots savants. Il s’approche d’elle et Rosalyn a besoin de tout son sang-froid pour ne pas envoyer son poing dans sa mâchoire. Mais en agissant ainsi, elle ne ferait que lui donner une raison supplémentaire de la sous-estimer. Ce qui, en fin de compte, servirait peut-être ses intérêts… Mais elle se retient, se contente de garder les poings serrés en le regardant avec un mépris non dissimulé. « C’est bon, tu as terminé ? » Que de mots, pour finalement ne rien dire ! « Tout ceci n’était qu’une perte de temps. Je ne sais pas pourquoi tu m’as fait venir ici, de toute évidence nous n’avons ni l’un ni l’autre l’intention de changer de point de vue, alors à quoi bon ? Cela fait des siècles que ça dure. J’ai été sotte de croire que cette conversation pourrait nous mener où que ce soit… Amuse-toi bien avec ton empire de sable, César, mais prends garde à Brutus. Rappelle l’hélicoptère, je m’en vais. »

Elle lui accorde un dernier regard avant de tourner les talons et de quitter l’appartement au luxe démesuré faisant face à l’héliport. L’air glacé de l’Arctique la fait frissonner mais il a le mérite de l’aider à se tempérer. Elle regrette d’avoir perdu son temps, d’avoir été assez naïve pour croire que pour une fois, ils pourraient avoir une conversation qui ne tournerait pas immédiatement en rond, et qu’Alexis cesserait une bonne fois pour toutes de la sous-estimer. Elle et tous les Enfants de Prométhée. Cette fois elle en est certaine, les choses ne changeront jamais. Au moins, il ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir fait un pas vers lui. Elle a bien essayé de l’écouter, mais puisque le dialogue est impossible, elle préfère mettre un terme à leur entrevue et retourner auprès de Lucian. À ce propos, elle sort son téléphone de la moche de son manteau et compose le numéro de son époux, pour le prévenir de son intention de rentrer plus vite que prévu et accessoirement, en profiter pour libérer tout ce qu’elle a sur le cœur.

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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Sam 17 Juil - 20:24

Ce n’est pas qu’Alexis n’ait pas envisagé de nombreuses fois l’alternative. Au contraire, tandis que dans les réunions les plus occultes des Zapolètes on ourdissait des plans pour l’humanité pouvant être perçus légitimement comme effroyables par un observateur extérieur, sa conscience le tiraillait. Était-ce la seule solution ? La méthode douce ne pouvait-elle pas porter ses fruits ? N’était-il pas possible d’influer les comportements par l’exemplarité, les opérations isolées, est-ce que l’approche des enfants ne pouvait pas porter ses fruits ? Parfois, se promenant sur l’internet mondial, l’immortel de Byzance voyait les spéculations effrénées de mortels croyant aux illuminatis et aux complots malthusiens, et même si, finalement, ils n’étaient pas aussi à côté de la plaque que les autres mortels le pensaient, leurs hypothèses les plus extrêmes étaient restées délirantes, jusque-là. Et c’est lui, Alexis, qui risquait de leur donner raison.

Une lourde responsabilité, une responsabilité accablante, même. Tandis qu’elle persiste dans sa démonstration d’hostilité énervée, lui encaisse. C’est si fatiguant, pense-t-il, d’endurer cette posture de supériorité morale qu’elle prend depuis le début de la conversation, sans rien proposer, sans rien apporter d’autre que ses belles valeurs inefficaces. Et c’est lui qui doit endurer. Une colère sourde et intense se mit à monter tandis qu’il était de plus en plus frappé par l’injustice de la situation, mais il n’était pas du genre à faire de grandes démonstrations. En revanche… tandis qu’elle parlait, parlait, égrenait ses accusations et ses reproches, esquivait la rationalité froide de ses propos à lui pour ce pathos insupportable, son regard sur Rosalyn changeait.

« Oh, fit-il, froidement, effectivement même si nous arrivons à prendre le contrôle il est possible que nous échouions à tout régler comme tu dis, surtout si des gens tels que toi nous mettent des bâtons dans les roues. Mais, au moins, nous comptons tenter quelque chose qui a des chances de marcher. Tandis que toi… oui je parle d’amour, Rosalyn, tu sembles oublier que j’ai tout de même vécu avec vous de la chute de Constantinople jusqu’à la Révolution française, à peu de choses près. Faut-il que tu sois manichéenne pour croire que je n’éprouve rien pour vous et que je ne suis qu’une espèce de méchant cartoonesque ! Mais j’entends, et puisque tu persistes à t’enfermer dans ta vision idéaliste, c’est l’avenir qui nous départagera, malheureusement »

Malheureusement pour nous mais surtout pour toi, pensa-t-il in petto. Ce qu’elle ne comprenait pas c’est qu’il éprouvait un amour très réel pour elle et les autres. Mais l’amour pouvait parfois se sacrifier pour les plus grandes causes, et c’était exactement ce qu’il redoutait, qu’il doive sacrifier ces gens liés à lui pour tenter de sauver le monde. Crispé par ces pensées amères, il obtempéra à la demande de Rosalyn et héla un de ses hommes en contrebas sur le pont inférieur, lui faisant signe de faire revenir l’hélico. Fatigué de cette confrontation stérile, il s’adossa à une rambarde, dans une position vulnérable s’il en était, et regarda Rosa qui attendait, prête à lui tourner le dos pour de bon.

« On va chercher le pilote et tu seras partie sous peu. En attendant, permets-moi quand même de te poser une dernière question. Depuis le début de la conversation tu m’accuses de tout un tas de choses, dont le fait de vouloir vous causer du tort à toi et aux autres, tu me menaces, et ainsi de suite. Mais la Lance, dont tu ne veux pas parler, c’est moi qui l’ai volée ? Oh que non. Je comptais effectivement t’en parler si nous avions pu avoir une conversation rationnelle, et tenter de te convaincre de me la remettre, mais évidemment c’est peine perdue. Tout de même, comprends bien que toute action a des conséquences. C’est toi qui mets gravement en danger ceux à qui nous sommes liés par tes actions irréfléchies.

Tu es très connue parmi les Enfants, et ils sont peu nombreux ceux qui auraient eu l’audace de voler l’artefact. Marius, qui, certes, n’est pas un idiot ni un mou, va laisser tomber sa guerre interne contre moi pour tenter de récupérer la Lance dès qu’il aura compris que ça vient de toi ou même simplement de votre organisation, ne serait-ce parce que sa disparition représente un coup politique et un camouflet qu’il ne peut pas tolérer et qui me renforce à ses dépens, quoique certains s’imaginaient, s’imaginent encore peut-être pour certains, que je suis l’auteur de la manœuvre.

Et quand il viendra pour la Lance, est-ce que tu crois vraiment qu’il va faire dans le détail et ne pas essayer d’exploiter Nour, Alma, Zora… et même Lucian, comme autant de points de vulnérabilités ? Tu vois, ton vol irréfléchi n’a fait que me décrédibiliser Marius et me servir moi, ce qui aurait été parfait si ça n’avait pas pour conséquence de mettre en danger ceux-là même que tu m’en veux d’avoir quitté. Il est bien possible que je vois les cadavres de toute notre petite bande bientôt, mais tu auras leur sang sur les mains, pas moi. Alors que si tu me remettais la lance et que je faisais savoir qu’elle était en ma possession je serais, moi, la cible, et vous seriez saufs. »

Il se détourna, fixant l’horizon, ne pouvant plus regarder Rosalyn sans éprouver une sensation de dégoût et de frustration.

« Mais évidemment tu vas monter dans cet hélicoptère, partir, et jouer à la super héroïne, car contrairement à moi tu es parfaite, d'une pureté morale qu'on peine à distinguer d'un égocentrisme puéril, cracha Alexis, jamais responsable de rien, jamais coupable, la morale faite femme. »

Elle y verrait sans doute de la manipulation, et pourtant. Si lui avait eu la Lance, jamais il n’aurait utilisé contre elle. Mais elle, dans sa légèreté, n’avait pas hésité à s’en emparer, sans réfléchir, ou si peu, ne pensant qu'à priver les vilains de leur joujou. L’hélicoptère commençait à revenir lentement vers eux et pendant un bref instant Alexis l’imagina exploser avec Rosalyn à l’intérieur. Mais non. Il chassa cette pensée : quoiqu’elle en dise, ce ne serait pas lui qui porterait le premier coup à moins d’être acculé.
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(#) Re: RETROUVAILLES GLACÉES - Rosalyn     Ven 23 Juil - 14:56

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“Everyone suffers at least one bad betrayal in their lifetime. It’s what unites us. The trick is not to let it destroy your trust in others when that happens. Don’t let them take that from you.” @Alexis Eudaimonanis

   
Il n’y a guère que Lucian pour être capable d’apaiser quelque peu la colère qu’elle ressent à l’égard d’Alexis. Elle est frustrée par ce dialogue qui ne va nulle part, frustrée par ses accusations sans queue ni tête et ses sous-entendus peu subtils. Il l’entend mais il ne l’écoute pas, il la voit mais il ne la regarde pas. Ce n’est pas une conversation, c’est un match de boxe, ils donnent et rendent les coups mais ne font rien de plus. Alors peut-être que oui, Lucian a raison, elle se serait longtemps demandé ce qu’Alexis lui voulait si elle n’avait pas accepté sa drôle d’invitation, mais ça ne l’empêche pas d’avoir l’amère impression d’avoir perdu son temps avec lui. Chacun de ses mots lui donne un haut-le-cœur, il lui parle de manichéisme mais demeure aveugle à ses propres travers… C’est sans fin, c’est l’éternelle histoire du serpent qui se mord la queue… Alors, à quoi bon rester plus longtemps ? Cela ne servirait à rien, sinon à jeter du sel dans des plaies ouvertes depuis déjà bien longtemps. Comme Omondi serait triste, s’il les voyait se déchirer ainsi… Mais Rosalyn n’éprouve pas une once de culpabilité. Ce n’est pas elle qui a trahi la constellation. Ce n’est pas elle qui les a quittés pour assouvir ses envies de grandeur, ce n’est pas elle qui veut se faire impératrice pour asservir l’humanité… Il persiste à la croire naïve, mais elle est simplement réaliste. En six siècles d’existence, Alexis n’en a-t-il pas assez vu pour comprendre que le pouvoir ne pourra jamais reposer entre les mains d’une poignée ? À chaque fois qu’un seul homme a eu trop de pouvoir entre les mains, le cours de l’Histoire a pris un tournant tragique. Comment peut-il encore l’ignorer ? Que faut-il, pour qu’il ouvre enfin les yeux ? Rosalyn n’en a aucune idée. Et contrairement à d’autres au sein de leur constellation, elle est lassée d’essayer de lui faire entendre raison. Elle se mord la lèvre pour rétorquer qu’elle trouve qu’il a tout à fait l’acabit d’un méchant de bande dessinée, à la différence près qu’aucun superhéros n’existe pour l’empêcher de nuire. Les Enfants de Prométhée ne se prennent pas pour des héros, et aucun d’entre eux n’a la prétention d’être un merveilleux protecteur de l’humanité. Ils font ce qu’ils peuvent pour la protéger, pour l’aiguiller dans la bonne direction, pour l’aider et l’accompagner vers un plus bel avenir… Mais ils ne se croient ni héros, ni dieux, ni messies, ni oracles. Un peu d’humilité, c’est ce qui fait cruellement défaut à l’Ordre.

Rosalyn serre le poing, plus excédée que jamais par les discours d’Alexis. Elle l’écoute sans dire un mot, mâchoires contractées par la colère qui se réchauffe en elle et commence à gronder comme un volcan menaçant d’entrer en éruption. Elle jette un rapide coup d’œil à son téléphone lorsque la communication avec Lucian est coupée, et pianote rapidement un message sur son clavier pour le prévenir qu’elle le contactera aussitôt après avoir quitté le yacht d’Alexis et ses comparses. Puis elle range l’appareil dans la poche de son manteau. « Rosalyn, Rosalyn, Rosalyn… Grands dieux, ton obsession pour ma personne devient gênante ! Combien de temps vas-tu continuer à m’accuser de tous tes maux ? Lorsque ta tasse de café t’échappe, est-ce mon nom que tu maudis aussi ? Je ne suis pas le monstre caché sous ton lit ! » Un ricanement moqueur lui échappe. Alexis est doué, très doué pour altérer la vérité selon ses désirs. À force de mentir comme un arracheur de dents, il doit certainement finir par croire à ce qu’il dit. « Je n’ai pas volé la Lance ! Je n’ai pas décidé de la cacher ! Ta mémoire te ferait-elle défaut ? Tu n’es pourtant pas aussi vieux que ça. C’est vous qui avez décidé de voler la Lance pour tester ses prétendues propriétés mortelles sur les nôtres ! C’est parce que vos petits pions ne sont pas aussi fidèles que vous le croyez que nous avons eu vent de notre entreprise. Nous aurions volontiers laissé la Lance là où elle était si vous n’aviez pas eu la folie de grandeurs. Ce n’est pas de notre faute si vous avez envoyé des incompétents en Grèce ! » Devrait-elle s’excuser de l’avoir battu à son propre jeu ? Et puis quoi encore ! Il essaie de la sermonner comme si elle n’était qu’une enfant capricieuse, mais ses mots coulent sur elle comme de l’eau. Elle se moque bien de ce qu’il pense, son avis ne lui importe guère. En revanche, elle ne peut le laisser menacer les leurs – non, les siens – sans sourciller. « Cesse de me prendre pour une idiote. Je ne suis pas la seule Enfant de Prométhée à vous mettre des bâtons dans les roues. Marius a davantage à s’inquiéter d’Hilmar que de moi, et nous le savons tous les deux. S’il envoie ses hommes après nous, ce sera parce que tu l’auras mis sur notre dos. Ne crois pas que je ne vois pas clair dans ton jeu… Tu me parles d’amour en même temps que tu menaces les nôtres, mais combien de temps crois-tu qu’ils vont rester aveugles à tes viles manigances ? Jia, Alma et Lucian t’accordent encore le bénéfice du doute parce qu’ils te connaissent peu, mais n’abuse pas de leur bonté. » Que de paroles mielleuses et de chantage pour la convaincre de lui remettre la Lance… Et pourquoi pas Excalibur avec, tant qu’il y était ! « La différence entre toi et moi, Alexis, c’est que j’ai parfaitement conscience d’avoir du sang sur les mains. Mais lorsque je tue, je le fais de mes propres mains, je n'envoie pas mes laquais faire le sale travail à ma place. »

Les pales de l’hélicoptère se font entendre, alors qu’Alexis termine son laïus par de nouvelles accusations et une énième tentative de la faire culpabiliser. Rosalyn a un claquement de langue agacé tandis que l’appareil se pose sur l’héliport. Elle est obligée de hausser la voix pour couvrir le bruit. « Je ne suis pas une héroïne. Et il faut que tu me connaisses bien mal pour croire que je me pense parfaite. Je suis faillible, bourrée de défauts et des erreurs, j’en ai fait bien plus qu’à mon tour. » S’il était resté assez longtemps à leurs côtés, il le saurait. Il saurait qu’après la mort de leur fille, Rosalyn avait lâchement abandonné Lucian pendant quarante ans, jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale éclate. S’il était resté, il l’aurait entendue parler de ses échecs, de ses erreurs, de toutes ces choses qui font d’elle un être humain aussi imparfait qu’un autre. Rosalyn secoue la tête, lasse. Elle n’a plus rien à lui dire et ne souhaite qu’une chose, retrouver Lucian avant de devoir informer les Enfants de Prométhée des intentions d’Alexis. « Ne déclare pas une guerre que tu n’as aucune chance de gagner. » Elle lui accorde un dernier regard navré avant de monter dans l’hélicoptère qui la ramènera auprès de son époux, avec la désagréable impression qu’Alexis et elle viennent de franchir le point de non-retour.  

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