here comes the sun ☾ rosalyn blackthorn

here comes the sun

feat rosalyn blackthorn

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L'avenir n'est qu'un long passé et un futur présent. Les cycles se répètent faits d'heures, d'humeurs, d'erreurs et de bonheur. Tissage anarchique fort éloigné de ceux à la beauté arachnide. Les humains sont capables du meilleur comme du pire. Etres complexes dont les émotions déclenchent tant de chaînes. Effet papillon amplifié par la place de l'individu dans le monde et par celle dans ceux des autres. Nour a construit un monde autour de ses étoiles. La constellation est un repère immuable dans l'esprit de l'immortelle. Un refuge lorsque le monde change et s'imprègne de violence. Son deuxième monde est celui des Enfants de Prométhée pour lutter contre cette violence et éviter qu'elle ne touche les siens, encore une fois. Leurs histoires en sont constellées. L'angoisse forme alors un étau autour de sa gorge lorsque la pensée franchit sa conscience. Ils ont disparu comme autrefois, Rosalyn et Lucian. La main se met à trembler, rien n'est comme avant. Le monde change, mais en même temps elle le reconnaît intimement.

<< - Je n'ai pas peur. Je suis juste extrêmement énervée car vous avez disparu, je ne sais où. Rosalyn Blackthorn, je le jure sous l'oeil d'Horus que tu vas manger des épinards pour le restant de ta vie d'immortelle. Et je vais m'assurer qu'elle soit extrêmement longue ! اللعنة >> . Le dernier mot traduit sa frustration dans sa langue natale. Il pourrait être compris comme "malédiction", témoin des émotions qui se bousculent dans l'encéphale. Le bip sonore retentit après celui-ci, ce n'est pas le premier message qu'elle laisse sur le répondeur. La technologie est un outil fabuleux, au doux parfum de magie dans certains cas. Elle est alors comme une enfant devant ses premières neiges lorsqu'elle regarde les hologrammes qui projettent le passé avec une grande fidélité.
<< - La prochaine fois que je te soigne, j'en profite pour implanter une puce GPS dans ton bras.>> Idée lumineuse qu'elle a eu en manquant de jeter le téléphone au sol sous le coup de la colère. L'humour forme un écran qui se fêle aussi facilement que celui de son téléphone. Elle devrait le changer car il cessera un jour de fonctionner, les clignotements de la dalle n'étant pas de bon augure. Elle fait les cents pas dans son appartement et bien qu'elle l'ignore encore, ce message sera le dernier qu'elle enverra.

Ils vont bien, 3 mots qui enflent dans sa tête et se fracassent sur les rochers de l'inquiétude. L'immortelle retrouve alors une forme de quiétude et regrette déjà d'avoir laissé ses émotions l'emporter aussi vivement. Elle en connaît au sein de sa constellation qui ne pourront pas s'empêcher de la chambrer à ce propos. A moins, qu'elle ne leur en fasse passer l'envie avec des décoctions amères. Il faudra de nombreuses séances de méditation pour qu'elle passe au-delà de cet humeur ou un peu de corruption. Ceci dit, Queentown est un bel endroit pour se retirer avec le sable blanc, le murmure des vagues et le ciel limpide rempli d'étoiles. Elle ne se lasse pas de l'observer sur la terrasse de la maison pendant que le sommeil les emporte tous. Elle comprend l'attrait du couple pour ce lieu. Et Nour s'en va les rejoindre par le premier avion car Rosalyn lui a demandé. Elle ferait n'importe quoi pour chacun des membres de la constellation mais la guerrière a une place particulière dans son coeur. Le chemin parcouru ensemble fut long et les souvenirs sont nombreux. Rosalyn sait qu'une partie du coeur de l'immortelle est morte en même temps qu'Omondi. Elle ne connaît que trop bien la gangue de solitude dans laquelle Nour vit et la manière dont elle compense cela. Materner les âmes perdues et celles moins paumées qu'elle. Un rêve la tiraille dans l'avion, celui des bras de bronze à l'odeur d'épices chauffées par le soleil. Elle a presque l'impression qu'il est là avec elle. Un sourire rêveur se plaque sur les lèvres de l'Egyptienne jusqu'à ce qu'un passager la réveille pour lui signifier qu'elle est arrivée. L'absence de l'être se fait alors prégnante et douloureuse. Ainsi, c'est l'air mélancolique qu'elle débarque à l'aéroport. Elle est vêtue d'une longue robe blanche, un uraeus doré entourant sa gorge. Elle n'a pour bagage qu'un gigantesque sac à main en cuir dans lequel, elle arrive à glisser toutes ses affaires. De belles tenues, une trousse de toilette, des herbes, un nécessaire pour préparer des soins et une liseuse. Un mystère pour la plupart des femmes des derniers siècles qui s'encombraient de malles et maintenant de valises. Après un bref salut adressé au personnel des lieux, elle se dirige vers Rosalyn qui lui adresse un discret signe de la main. Arrivée à portée de ses bras, elle enlace son étoile. Et murmure à l'oreille :
<< - Je te tiens, najmati >>
oui je te tiens mon étoile.

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@Nour Asghar

Rosalyn grimace de concert avec Lucian en écoutant le message courroucé de Nour sur le répondeur de son téléphone. Il est vrai qu’après leurs départs précipités de Provence et d’Hawaï, prévenir les membres de leur constellation avait été leur dernière préoccupation. Sa grossesse les avait pris de court tous les deux, et puisque Rosalyn n’était pas en sécurité en France, ils avaient dû rapidement organiser leur voyage vers la Nouvelle-Zélande. Et une fois arrivés sur place… Eh bien, ils avaient eu besoin – elle, surtout – de quelques jours pour se faire à l’idée qu’ils allaient de nouveau être parents. Les plans de Rosalyn avaient été bouleversés, tout comme elle. Certes, elle avait accepté qu’ils aient un nouvel enfant, mais elle était loin de s’imaginer que les choses iraient… si vite. Les doutes et les craintes l’avaient assaillie, comme les tristes souvenirs de ses deux premières maternités. Elle faisait au mieux pour les contrôler, et n’hésitait plus à se confier à Lucian. Ah ! Il ne lui avait fallu que deux siècles pour accepter de se reposer un peu sur son époux. Elle lui avait d’ailleurs demandé de ne rien dire aux membres de leur constellation à propos de sa grossesse, aussi enthousiaste soit-il. Parce qu’elle voulait profiter un peu de la bonne nouvelle avec lui, et parce qu’elle préférait rester prudente en attendant que le premier trimestre soit passé, ou presque. Rosalyn ne doutait pas qu’ils soient tous heureux pour eux – à l’exception peut-être d’Alexis – mais elle avait préféré garder le secret un petit moment. Jusqu’à ce que les messages paniqués et un brin exaspérés de Nour. Ce que Rosalyn pouvait comprendre. Après tout, disparaître sans donner de nouvelles aux leurs n’était pas dans leurs habitudes. Aussi nomade que l’Anglaise puisse être, elle évite d’aller d’un bout à l’autre du monde sans prévenir au moins l’un de ses proches – Lucian, quand il y pensait, faisait le relais. Mais difficile de servir de messager pour son épouse quand ils sont ensemble… Alors Rosalyn avait fait son mea culpa auprès de Nour, et l’avait invitée à venir passer quelques jours chez eux à Queenstown.

Lucian parti faire quelques courses au centre commercial local, c’est à Rosalyn qu’incombe la tâche d’aller chercher Nour au petit aéroport de la ville. Il lui avait d’abord fallu assurer une dizaine de fois à Lucian que non, elle n’avait pas de nausées terribles avant qu’il ne consente à cette brève séparation. Dieu merci, ses nausées se sont calmées, comme ses maux de tête. Demeurent la fatigue et la sensibilité exacerbée à certains goûts et odeurs, mais si cette grossesse est comme les deux autres, elle n’en sera débarrassée qu’après la naissance du bébé. Ravie à l’idée de retrouver son aînée, Rosalyn prend la direction de l’aéroport, sans oublier de prendre un second manteau avec elle. Son instinct lui dit que l’Égyptienne aura malheureusement oublié que l’hiver s’est bien installé à Queenstown. La neige, le vent, les températures parfois négatives, les journées courtes… Arrivée à l’aéroport, Rosalyn fait bien attention à ne pas glisser sur les plaques de verglas parfois dissimulées sous la neige, et se dirige vers le terminal indiqué par Nour et attend patiemment son arrivée, installée sur un banc. Après Nour, ce sont certainement Takoda et Alma qui apprendront la bonne nouvelle, puis Jia. Quant à Alexis, Rosalyn espère qu’il l’apprenne le plus tard possible et que surtout, il ne songe pas un instant à leur envoyer ses félicitations ou quoi que ce soit d’autre… Vite, Rosalyn repousse le Byzantin dans un recoin de son esprit, ne souhaitant pas songer à lui pour le moment. Les écrans d’affichage du terminal indiquent que le vol est bien arrivé, alors Rosalyn se lève et se dirige vers la zone d’arrivée des passagers. Nour voyage toujours léger, elle n’aura donc pas besoin de l’attendre une éternité, le temps qu’elle récupère ses bagages. Le lien étroit qui unit les étoiles d’une même constellation la prévient de l’arrivée imminente de son aînée. Elle sent sa présence avant même de la voir, un sourire se dessine sur son visage lorsqu’elle aperçoit sa silhouette gracile ; elle lui fait un signe de la main pour qu’elle la trouve aisément.

Dans les bras de Nour, elle fond comme neige au soleil. Lucian mis à part, l’Égyptienne est la seule à pouvoir se vanter de voir une Rosalyn plus douce et détendue. Sans doute parce qu’elle la considère, à juste titre, comme une sœur aînée à laquelle elle peut se confier sans crainte. Après tout, Omondi et elle l’ont rencontrée à l’une des périodes les plus sombres de sa vie, et sans eux elle serait encore en train de dépérir dans les ruines de Camelot. Un soupir lui échappe, en même temps qu’elle caresse doucement le dos de Nour en signe d’affection. « Excuse-moi. Excuse-nous… Je te le promets, tu comprendras bientôt pourquoi Lucian et moi avons un peu manqué à nos obligations… » Le léger arrondi de son ventre est encore dissimulé par ses vêtements ; mais Nour est perspicace et attentionnée, ce n’est pas un secret qu’elle pourrait lui cacher bien longtemps même si elle le voulait. Rosalyn s’écarte, et secoue la tête en lui tendant le manteau pris en prévoyance de la tenue peu adaptée à la saison de Nour. « Bon sang, Nour, tu vas mourir de froid ! Tiens, enfile ça, je n’ai pas envie de ramener un glaçon à la maison. » Elle rit doucement, puis attrape le bras de son aînée et l’entraîne vers la sortie de l’aéroport. « Tu as fait bon voyage, au moins ? C’est un peu long pour venir jusqu’ici, mais nous y sommes tellement bien… Et en sécurité, surtout. Lucian te dira que nous le sommes aussi à Hawaï, mais j’ai insisté pour que nous revenions ici. Le climat me convient mieux. » Elle ouvre le coffre de la voiture, laisse Nour y déposer son sac et s’installe au volant – côté droit, comme en Angleterre. « Lucian nous rejoindra à la maison, il est parti faire quelques courses. Pour moi surtout, j’ai un appétit un peu particulier ces temps-ci. » Elle étouffe un nouveau rire, avant de démarrer la voiture. L’avantage de Queenstown, c’est que c’est une petite ville. Pas besoin de faire des dizaines de kilomètres pour quitter l’agglomération et trouver des résidences isolées, où règnent le calme et la tranquillité. La route est un peu sinueuse, mais le paysage est sublime. « J’espère que tu n’étais pas sérieuse, pour les épinards… J’ai vraiment horreur de ça. Tout ce que tu voudras comme légumes, mais pas ça ! »

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Elle est partie à son tour Nour, sans prévenir le reste de sa constellation qui vogue elle-même sur les mers et les continents. Mais, ils sont beaucoup plus indépendants qu'elle ne l'est et liés d'une autre façon à Rosalyn. Nour n'a quasiment pas connu d'éternité sans cette femme et ça lui est inconcevable. Elle partira avant, s'éteignant sans chaos pour rejoindre les siens dans l'Au-delà. Elle n'a encore jamais pu goûter à cet univers souterrain décrit dans les papyrus d'antan. Elle espère y retrouver Omondi et Salomon. Tandis qu'Eux sont emprunts d'une folle jeunesse qu'ils doivent encore brûler et semblables à des étoiles filantes que l'on n'attrape que par la force de la volonté. L'Egyptienne a cette force d'esprit. Elle gravite et attire les siens à coup de plats gourmands et de mots ensorcelants pour former un monde hétéroclite qui lui est cher. Il a été construit brique par brique au cours des siècles, solidifié par le passage des tempêtes. Un nouveau vent s'apprête à éclore et à souffler des nouveautés sur cette constellation ordonnée. Mais, il y a une ombre qui erre dans cet espace intime, partisan de l'Ordre de l'Hydre alors que la fidélité de tout le système va aux Enfants de Prométhée. Toutefois, cela fait bien longtemps que l'immortelle n'a pas senti le lien entre eux se tendre, signe indubitable de sa présence dans les environs. Mais, elle ne peut nier l'activité croissante de ceux qui ne croient pas en l'humanité. Alexis a le sens du devoir bien fait lorsqu'il s'agit d'atteindre des objectifs précis. Or, Nour et Rosalyn étant toutes les deux très impliquées dans les missions, il pourrait être une menace dans le futur qui se dessine. Une menace pour elles et pour les Hommes, comme elles sont une menace pour lui. Fières combattantes pour les causes qui sont justes, prêtes à se sacrifier pour celles-ci. Elle secoue sa longue chevelure, à l'idée de penser à de si obscurs choses alors qu'elle vient à peine de poser les pieds sur le sol de Queenstown. Le motif de la retraite des âmes sœurs étant encore inconnu, tout comme la vraie raison de sa présence. Rosalyn ne l'aurait pas invité juste pour s'excuser d'être brutalement partie. Il y a un autre motif derrière tout cela, aussi léger qu'un battement d'aile de papillon pour le moment mais qui pourrait bien se transformer en un ouragan.

L'étreinte se prolonge, moment suspendu dans le temps. L'espace autour de Nour ne se réduit plus qu'au corps de Rosalyn. Elles sont dans les bras de l'une et de l'autre, rien ne peut vaincre leur étreinte hormis la distance qu'elles s'imposeront elle. La main qui glisse le long du dos de l'immortelle dénoue légèrement les tensions accumulées pendant le voyage et avant. Elle soupire et se relâche encore plus lorsque celle qu'elle considère comme sa soeur de coeur s'excuse à nouveau.

<< - J'accepte tes excuses, vos excuses. Je vais juste avoir des cheveux blancs plus rapidement que prévu.>> . Un sourire relève le coin de ses lèvres tandis qu'elle prononce la dernière phrase. Blague d'immortelle pour qui le vieillissement n'exerce plus aucune emprise, à défaut des émotions. Ses cheveux resteront donc de jais malgré toute l'inquiétude qu'elle peut ressentir.

Un frisson secoue l'enfant du soleil lorsqu'elle voit le gros manteau fourré tendu devant ses mains. Elle a réussi à oublier que c'était l'hiver et qu'il est tout sauf doux dans ce coin du monde. Sa valise est à l'image de cet oubli, dans sa précipitation à les rejoindre. Elle tape alors son front d'une main avant de répondre à Rosalyn : << - C'est une robe à manche longues, je ne vois pas de quoi tu parles.>> Un léger soupir et elle avoue son méfait << - Je ne risque plus de mourir de froid grâce à toi, merci Rosalyn. Mais je crains que le reste de mes affaires soit à l'image de ma tenue du jour. Ca sera un bon prétexte pour faire les boutiques. >> conclue-t-elle d'un ton espiègle.

A vrai dire, Nour préfère se perdre dans la petite librairie de Queenstown pour découvrir des nouveautés qu'elle n'a pas en Europe. Mais, elle ne peut jamais refuser une sortie entre filles et elle s'amuse du fait que la mode soit un motif classique dans le monde moderne. Ce n'est plus signe de vanité que de vouloir arborer de jolis vêtements. Elle se laisse emporter par Rosalyn vers la sortie de l'aéroport. Son pas dansant et ses chaussures inadaptées font qu'elle perd l'équilibre sous la traîtresse plaque de verglas. Elle cherche son équilibre quelques instants avant d'être stabilisée par l'immortelle à sa droite.
<< - Je déteste vraiment cette saison. Le soleil est moins traître.>> qu'elle bougonne presque. Heureusement personne n'a été témoin de son déséquilibre momentané, hormis son étoile. Mais, elle l'a vu dans de moins bonnes postures que ça. Elle ne s'en formalise donc pas. << - Oui j'ai fait bon voyage, l'avion n'était pas trop plein. Et je comprends mieux pourquoi ils m'ont regardé étrangement quand je suis montée dedans.>> achève-t-elle en se pointant du doigt. Ses traits s'adoucissent quand Rosalyn évoque son amour pour ce lieu. << - Hawaii est un très joli coin aussi, chargé de souvenirs. Lucian n'a pas tort, vous y êtes en sécurité tout comme ici. J'aurais aimé que l'Europe soit plus sûre, Rome est un coin de villégiature parfait. La nourriture y est délicieuse.>> Ce qui n'est pas un moindre compliment de la part de celle qui adore cuisiner. Mais Rome n'est pas un endroit pour les Enfants, tout comme une grande partie de l'Europe. Seules les terres froides du Nord sont encore préservées de l'influence néfaste des autres groupuscules. Elle claque la portière sur ces mots et se laisse glisser dans le siège confortable. Elle écoute les mots de Rosalyn et ces rires qui ponctuent la conversation depuis le début, eux qui sont si précieux mais pourtant si rares. Elle pose sa main gauche contre son menton et regarde l'immortelle. << - Tes rires m'ont manqué, ça fait longtemps que tu n'as pas plaisanté aussi aisément. >> Une remarque anodine qui ponctue celle de Rosalyn sur la nourriture. Elle ne la relève pas sur le coup et se contente d'y répondre par : << - Laisse moi cuisiner pour vous ce soir, peu importe les ingrédients particuliers que Lucian mettra à ma disposition pour combler ton envie culinaire. >> Elle contemple alors le paysage qui défile devant ses yeux. La conduite de Rosalyn est fluide malgré la sinuosité de la route. Le silence s'étire doucement avant que sa compagne de route ne l'interrompt. << - Si tu es sage le siècle à venir, je pourrais peut-être me laisser corrompre pour diminuer ta peine>> dit-elle tout en étouffant un rire. Elle était sérieuse sur le moment mais maintenant, la situation semblerait comique à n'importe qui dont les connaissances sur la longueur de l'immortalité seraient lacunaires.

La demeure du couple apparaît alors au prochain tournant pris par Rosalyn. Elle se gare dans la belle allée qui brille autant que le sol froid devant l'aéroport. En sortant de la voiture, Nour fait part de son envie à Rosalyn de ne plus se faire avoir par le froid. Elle marche prudemment avec son sac contre l'épaule jusqu'à arriver devant l'entrée. Un feu de cheminé crépitant l'accueille dans le salon. Elle dépose ses mains le plus près possible de la flamme pour les faire rougir. Un soupir de contentement sort de ses lèvres tandis que l'immortelle s'installe sur le canapé pourvu de nombreux coussins.
<< - Il faut absolument que tu me donnes les références de ces coussins et de ce tableau au-dessus de la cheminée.>> Le regard de Nour erre alors sur le corps de sa compagne à la recherche d'éventuelles blessures qui auraient pu justifier le repos à Queenstown et la nécessité de prendre des forces et de se sustenter de manière conséquente. Mais rien n'apparaît face au regard critique de Nour, Rosalyn a l'air fatiguée mais ne porte pas d'autres stigmates.
<< - Tu as l'air fatiguée mais tu ne sembles pas blessée >> murmure-elle tout bas, presque pour soi-même bien que l'immortelle avec ses sens surdéveloppés l'aura sans aucun doute entendue. Elle pianote alors sur les briques de la cheminée, un rythme qui l'aide à réfléchir. Des documents sont déposés sur la table basse, ils ont l'air aussi vieux que les deux femmes. << - Tu travailles toujours autant et ton esprit voltige. Lucian va bientôt aller cueillir du kava kava. >> Une plante médicinale ancestrale qui est utilisée pour ses propriétés calmantes, apaisantes. Une dose suffisante permet de faciliter la méditation sans diminuer les capacités attentionnelles de l'individu. Un clin d'oeil complice entre les deux êtres pour évoquer le comportement protecteur de Lucian, même si Nour ignore encore à quel point il s'est amplifié les dernières semaines.

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@Nour Asghar

Rosalyn s’amuse de l’autodérision dont fait preuve son aînée. À l’instar de Lucian, Nour possède une personnalité solaire qui l’accompagne où qu’elle aille. D’autant plus que, même si l’Égyptienne l’ignore encore, le motif de leurs retrouvailles est des plus joyeux. Rosalyn est d’autant plus enjouée à l’idée de passer quelques jours avec son aînée, les occasions de le faire dans le simple et unique but de profiter l’une de l’autre et de se détendre ayant été rares ces dernières années. Lucian le sera lui aussi, tout surexcité qu’il est par sa future paternité. L’Anglaise étouffe un rire quand elle voit Nour perdre l’équilibre à cause du verglas caché sous la neige ; elle la rattrape juste avant qu’elle ne finisse les quatre fers en l’air. « Le soleil, moins traître ? J’espère que tu plaisantes ! À chaque fois que nous allons à Hawaï, je dois me badigeonner de crème solaire, sinon je deviens aussi rouge qu’un homard cuit ! » Elle rit doucement en secouant la tête, puis laisse un faux sourire exaspéré lui échapper. « Heureusement que Takoda partage mon avis sur la question et apprécie les hivers ! » L’Amérindien est sans doute le seul qu’elle n’ait jamais entendu se plaindre du froid. « Au moins, Lucian et toi aurez un sujet de conversation ! » Elle les imagine déjà râler tous les deux, emmitouflés dans une couverture auprès de la cheminée. C’est d’autant plus drôle pour Rosalyn que les hivers néo-zélandais sont loin d’être les plus rudes. Ils sont peut-être plus froids dans cette partie du pays, mais ce n’est pas grand-chose à côté de la Scandinavie, la Laponie ou encore le Canada. « Je sais, je sais, Hawaï est un endroit parfait… Mais nous avons convenu qu’il valait mieux que nous revenions à Queenstown. Je te jure, je ne lui ai pas mis un couteau sous la gorge pour qu’il accepte ! » A-t-elle jamais eu besoin de forcer la main à Lucian pour qu’il accepte de faire quoi que ce soit pour elle ? Probablement pas, non, et cette pensée suffit à faire sourire Rosalyn tandis que Nour s’installe dans la voiture. Pour le confort de l’Égyptienne, elle allume le chauffage après avoir démarré. Sa remarque à propos de sa bonne humeur ne lui échappe pas, elle se contente de lui répondre par un sourire mystérieux. Elle est encore bien loin de se douter de la véritable raison de son bonheur, mais Rosalyn préfère faire durer le suspense encore un petit peu.

« Je suis sûre que Lucian sera ravi de te laisser les fourneaux ce soir. Ta cuisine est toujours excellente. » Bien meilleure que la sienne… Si Rosalyn excelle dans de nombreux domaines, il vaut mieux ne pas en attendre trop d’elle lorsqu’il s’agit de préparer les repas. Elle se débrouille, mais elle préfère quand c’est son époux qui lui prépare de bons petits plats. À plus forte raison depuis qu’elle est hypersensible à certains goûts et odeurs. Elle s’estime d’ailleurs heureuse de ne pas avoir été trop incommodée par les nausées ce jour-là, faute de quoi c’est Lucian qui aurait été chercher Nour à l’aéroport et l’effet de surprise aurait été de courte durée. « Je suis une grande fille, madame ! Si je ne veux pas manger tes épinards, je ne les mangerai pas ! »Rosalyn affiche une moue faussement boudeuse avant d’éclater de rire. Avec Nour, elle ne se sent pas obligée d’être cette figure de force et d’autorité qu’elle présente au reste de leur constellation la plupart du temps. Nour l’a vue lorsqu’elle était au plus mal des siècles plus tôt et elle sait qu’avec elle, ses secrets seront bien gardés. Le paysage néo-zélandais enneigé s’étire sur quelques kilomètres, le temps qu’elles rejoignent la villa que Lucian et elle possèdent sur les hauteurs de Queenstown, loin de l’agitation du cœur de la petite ville. Lorsqu’elle se gare dans l’allée, Rosalyn met sa sœur de constellation en garde contre la glace traîtresse, et la regarde avec amusement se diriger jusqu’à la porte d’entrée d’un pas ultra précautionneux. Elle ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel, sourire aux lèvres, lorsque Nour se dirige vers la cheminée pour se réchauffer, la porte à peine ouverte. Tandis qu’elle s’installe sur le canapé, Rosalyn se glisse dans la cuisine ouverte sur le salon et met de l’eau à chauffer pour le thé. « Les coussins ? Ikea, collection hiver 2021. Je les ai ramenés de notre dernier voyage en Suède ! » Quant au tableau… « C’est un Van Gogh. Lucian me l’a offert pour la naissance de Viviane. » Autant dire que malgré sa grande valeur, la peinture ne finira jamais dans un musée, Rosalyn y est trop attachée.

Rosalyn écoute Nour penser tout haut ; elle s’interroge sur son état de santé, puisqu’elle semble aller bien. Sourire au coin des lèvres, l’Anglaise prépare un plateau sur lequel elle dépose deux tasses, la théière et sa boule de thé vert à la menthe. Une fois que l’eau est bouillante, elle la verse dans la théière puis va déposer le tout sur la table basse du salon. Elle s’installe sur le canapé à côté de Nour et hausse les épaules à sa remarque. « Tu me connais trop bien, tu sais que je ne peux pas rester bien longtemps sans rien faire ! Et encore, je suis plutôt sage, ces temps-ci. J’ai arrêté de vagabonder et de m’attirer des ennuis, je me consacre uniquement à la recherche sur papier. Comme je l’ai dit à Lucian, le Graal a attendu quinze siècles, il peut bien patienter encore quelques mois ! » Sorties de sa bouche, ce sont des paroles presque miraculeuses. Estimant que le suspense a assez duré, Rosalyn se fait de plus en plus précise dans ses mots. « En ce moment, c’est plutôt des infusions de menthe poivrée que je lui réclame, pour lutter contre les nausées. » Comme si de rien n’était, elle remplit les deux tasses de thé, mais attend avant d’en tendre une à Nour, au cas où la surprise la rendrait un brin maladroite. « Je ne suis pas malade, Nour. Je suis enceinte. »

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