merry christmas (nop) •• Alastair

20 décembre 2021, Berlin Il n’aurait jamais cru que cet homme aurait le toupet d’apparaître en Allemagne, à Berlin pendant les périodes de fêtes. Il aurait dû s’en douter Kaz quand même, les immortels en profitent parce qu’ils savent que durant Noël, les mortels ont tendance à vouloir se reposer et profiter d’être avec leurs familles.  Donc les surveillances sont moins costaudes. Kaz a bien conscience qu’il a une famille, et une belle tandis que les immortels ? Ils n’en ont pas vraiment, ils se retrouvent souvent à être traqués et à devoir rester constamment sur les gardes. Ils n’auront jamais la paix. Bon, après, il sait que certaines personnes de l’Ordre n’ont pas forcément envie de fêter Noël, ils n’ont clairement personne pour cela.

Enfin bref, Kaz s’est retrouvé dans une situation un petit peu compliquée. Il a dû laisser Jav avec les enfants, prétextant qu’il a quelque chose d’urgent à faire avec sa mère. Cette dernière l’a accompagné pour faire de sorte qu’ils sortent bien acheter un cadeau surprise de dernière minute pour ne pas éveiller les soupçons de qui ce que ce soit et ça passe clairement crème. Laszlo ne se doute rien, même Javier ne se doute pas de quoi ce que ce soit pour l’instant. Kaz sait que c’est qu’une question de temps avant que Jav’ ne comprenne et connaisse toute l’histoire. Il espère juste qu’il ne prendra pas cela trop mal…

Il arrive enfin au Aldon, l’hôtel cinq étoiles, le plus luxueux de la ville. L’allemand hausse les sourcils et retient un soupir, sa mère peut déjà deviner ce qu’il est en train de penser en ce moment: il ne manque pas de toupet ce trafiquant quand même… Il regarde ensuite Abby pour lui demander silencieusement ce qu’il devrait dire, s’il y a quelque chose à faire depuis la dernière fois qu’ils en avaient parlé. Mais non, elle ne lui dit rien, elle se contente juste d’hocher la tête comme pour l’encourager à y aller pendant qu’elle va acheter un cadeau pour leur alibi.

Le conclaviste sort de la voiture et va entrer dans l’hôtel dont il connaît plutôt bien. Les hauts gradés du Conclave y vont généralement et ils s’étrangleraient s’ils savaient qu’en ce moment-même, il y a un immortel qui y dort. Il regarde son outil et commence à l’activer: un brouilleur de caméras. Il les fait tourner en boucle et ne montre jamais la présence de Kaz qui passe. Une sécurité qui aide pas mal pour le Conclave quand ils veulent éliminer un immortel sans éveiller les soupçons des autorités du coin ou des autres immortels.

La première chose dont Kaz fait, c’est de passer au bar. Vérifier si Alastair y est ou pas. Il connait déjà la chambre et l’étage, il a pu fouiller sur son ordinateur pendant que sa mère conduisait. Il avait vérifié sa présence et il connaît donc son faux prénom. Est-ce qu’il y serait pas pour un trafic d’arme qui aurait lieu pour un groupuscule ? Il n’en est pas trop sûr.

Enfin bref, il arrive dans le bar et il remarque au comptoir cet homme dont il n’eut aucun mal à reconnaître. Parfait, il ne s’est pas assis sur une table, ça aurait été coton pour le rejoindre et parler de tout et de rien. Enfin, il ne va pas parler de tout et de rien. Il a déjà réussi à mettre un immortel sur ses gardes à l’époque et puis cette fois-ci, Kaz n’a pas de backup. C’est assez imprudent de sa part de foncer juste comme ça, mais il fait confiance à sa mère qui lui a donné quelques cartes sous la main pour l’aider. L’allemand ne sait pas si c’est vraiment une bonne idée de ne pas être venu armé. Mais bon… Il s’installe à un tabouret à côté de Alastair, sans le regarder. Il commande un verre de Whisky irlandais. Puis le temps passe, une ou deux minutes avant qu’il ne lâche un gros soupir. « Est-ce que vous parlez allemand ? » Demande-t-il dans sa langue natale, il lui donne l’air d’être une personne qui a besoin d’un service mais qui est assez embêté d’une certaine situation. Ce qui en soit, n’est pas vraiment du jeu d’acteur, parce que Kaz est clairement embêté par ce qui se passe en ce moment même. C’est Noël bon sang…

20 décembre 2021, Berlin Ça dépend. Si c’est pour t’entendre couiner sur la sale année qui vient d’passer, alors j’comprends rien à ta langue.

Bon, c’est radical. Kaz hausse les sourcils et penche la tête sur le côté comme s’il concédait la répartie de cet immortel qui fait quand même l’effort de parler dans un allemand atroce. Vraiment pas commode du tout cet immortel, mais bon, c’est lui et personne d’autre qui a véritablement les réponses quant au décès de son père. Un moment donné, Kaz avait eu peur de le voir partir parce qu’il l’a vu bouger sur son siège. « On peut parler anglais si vous voulez, ce sera peut-être plus simple. » pour ses propres oreilles mais aussi pour Alastair qui semble quand même galérer. Néanmoins l’Allemand apprécie l’effort. En tout cas, il s’est mis à parler en anglais, pas parce qu’il le prendrait pour un ignorant vraiment. En plus l’accent de Kaz n’est pas mauvais et tout le monde sait très bien que l’anglais est une langue couramment parlée.« Je ne cherchais même pas à me plaindre de cette année vu que… » Il fait une moue et hausse les épaules avant de remercier le serveur qui lui donne le verre de whisky. « … Généralement je n’en ai pas trop à me plaindre. » Entre le fait qu’il s’est mis en couple avec un homme, que ses enfants l’acceptent et que la famille n’a pas le choix de serrer les dents. Non, tout va bien en soit, sur le plan personnel pour l’instant. Niveau travail du Conclave, ouais, il a eu mieux mais il sait très bien qu’il aurait pu avoir pire. « Non, je voulais savoir si vous parliez allemand ou pas pour vous demander un service. Mais vous ne semblez pas être d’humeur à cela. » Il prend son verre et hausse les épaules. « Je vous promets que cela n’a rien à voir avec tout ce qui est d’esprit Noël ou quoi. » dit-il en appuyant ses propos avec un geste de la main avant de boire une gorgée de son whisky. Il aurait pu se prendre une bière, mais ce n’est pas un bar pour ça. Ici, il est dans un hôtel bien huppé, où les pintes de bières n’ont pas vraiment leur place.

Mais bon, comment aborder le sujet avec lui ? Devant tout le monde, sans que l’immortel ne vrille d’une seconde à l’autre ? Kaz n’est pas quelqu’un qui aime se battre, en vrai il n’a rien, pas d’arme et il n’est pas doué au corps à corps. Il a bien vu que Alastair a failli l’envoyer bouler juste parce qu’il n’a pas envie de l’entendre chouiner et il n’est pas le genre à l’écouter tourner autour du pot. Donc comment faire ? Et surtout, quel est le service qu’il est sur le point de demander ? Parce qu’actuellement, Kaz n’en a aucune idée. Il improvise complètement depuis le début et il sait que c’est vraiment dangereux… Même inconscient ! « Je voudrais savoir combien de temps il vous reste avant que vous vous leviez du siège et ne partiez ? » Combien de temps Kaz a pour lui demander les détails d’un événement qui est arrivé, il y a exactement 43 ans.  

20 décembre 2021, Berlin Combien de temps il lui reste.
Pas beaucoup et il voit que cet homme est sur le point de partir. Il a bien compris qu’il n’est pas là pour taper la discussion juste comme ça et qu’il préfère une meilleure compagnie. Kaz a bien remarqué que Alastair a une patience qui n’est même pas proche de zéro, elle est surtout proche du néant. Bon, peut-être qu’il exagère, mais l’Allemand n’a pas discuté plus de cinq minutes avec lui. S’il le laisse filer, alors il n’aura plus accès au secret qui rend sa mère folle, qui le rend vraiment curieux et qui déchire silencieusement sa famille. « Si vous sortez de ce bar, je ne pourrai pas vous protéger davantage Mr O’Connor. Vous vous êtes littéralement jeté dans la gueule du loup en voulant vous faire plaisir pour dormir une nuit dans cet hôtel… » finit-il par dire tout en regardant son verre qu’il boit un peu. Il pense que dire son prénom en entier peut-être lui retirer l’envie de partir. D’autant plus que c’est risqué de le faire dans un lieu public. Un prénom qui n’est pas censé être prononcé à la légère non ? Et il est vrai que si Alastair sort de la zone du bar, il va réapparaître dans les caméras de surveillance et risque d’augmenter les chances de se faire repérer par le Conclave, s’y faire attaquer. D’autant plus que cet hôtel est clairement le domaine des hommes de pouvoir. Il caresse distraitement les bords du verre, toujours sans observer Alastair. « C’est sûr que je n’ai rien à voir avec les courbes féminines, mais ce serait quand même bête que vous vous retrouviez à nouveau dans une nouvelle embuscade policière… J’ai une information pour vous, tout comme vous avez une information pour moi que j’aimerai savoir. » explique-t-il. Il sait qu’il a eu l’audace de parler de tout cela, sans ciller. Il sait que c’est quand même imprudent, sans aucun backup, sans que Javier soit là, sans que sa mère soit là, et dans un endroit avec un public. « Vous avez trouvé du temps au final ? » Demande-t-il en tournant enfin son regard vers lui. Il fait un petit sourire pincé, l’invitant à se rasseoir à nouveau sur le tabouret et il commande un nouveau verre… Signe qu’il l’invite silencieusement à boire un coup. Parce que oui, il en aura clairement besoin avec tout ce qu’ils ont à se dire, à se partager. Il a bien conscience Kaz, ce qu’il est en train de faire va au delà des principes du Conclave. Il est censé attraper un immortel et l’emmener au QG, mais en vrai. Cela, il s’en fiche. Puis il pense à Javier dont il ne devrait pas oublier de poser la question par rapport à Malia, si Alastair la connaît ou pas. S’il est également cette personne qu’il faudrait rayer de la liste.

20 décembre 2021, Berlin Abby l’avait prévenu.
Alastair est une boule de rage, qui pourrait frapper pour un mot de travers. Oh il peut le faire, Kaz sait qu’il ne le fera pas dans le fond parce qu’il a une information qu’Alastair veut. Il sait. Il sait qu’Alastair sait que s’il le frappe ou qu’il fasse quoi ce que ce soit, il n’aura plus aucune information. Il pourrait même le tuer, Kaz gardera un petit sourire amusé à l’idée qu’Alastair aura des centenaires d’années à se torturer l’esprit, à se demander s’il aurait dû faire ceci, ou cela. Mais bon, il peut éviter ça, s’il fait bien attention.

En tout cas, Kaz est content de voir dans le fond que Alastair a enfin trouvé du temps pour revenir vers lui. Bon, il fait son petit cinéma qui n’impressionne pas des masses l’allemand qui le laisse faire, il a même l’audace de gonfler les joues et soupirer un peu. Il le regarde avec un regard sous-entendu: tu étais obligé ? Bien sûr qu’il était obligé, c’est une personne très impulsive, qui a une très grande colère à exprimer et qu’il a du mal à canaliser. Kaz le voit bien, il l’a bien senti à partir des vibrations qui résonnent encore dans son bras depuis le verre qui a claqué contre le marbre. « Oh ça nous fait un autre point en commun: je ne suis pas non plus un indic’. » Il sourit un peu, restant le plus calme possible. L’allemand se tourne entièrement vers Alastair et le regarde avant de lever les yeux au ciel. « Si on peut enlever la partie menace, retrait des ongles des doigts, électrocution, noyade et j’en passe… Ça ne serait qu’une perte de temps. » Mais bon soit, il ne faudrait pas qu’il tourne autour du pot. Il allait récupérer son verre de whisky, mais au final, il en commande encore un autre.

Qui est-ce que j’t’ai arraché et à qui tu tenais tant, uh?

Kaz détourne son regard du serveur pour trouver celui d’Alastair. « Toi ? Personne. » Il sourit avant de reprendre son sérieux. Il enchaine tout de suite, tout en sortant une photocopie de photo pour lui rappeler un peu l’événement. « 1978, à deux doigts d’avoir été attrapé par deux agents conclavistes. Mais l’un des deux en meurt et selon les rapports du 11 mars 1978, vous l’auriez tué. J’y enquête depuis des années, ayant pris la relève depuis et je trouve que le rapport a des failles dans le récit. Je soupçonne que les deux agents se sont entretués et que vous étiez le témoin. J’aurai besoin d’entendre votre version sur ce qui s’est réellement passé. Cette nuit-là, en février 1978 à Dublin, dans les docks. En échange, je vous expliquerai ce qui s’est passé dix ans après, en 1988 comment vous avez réussi à vous en sortir alors que vos propres avocats n’en ont aucune idée. » Il prend son nouveau verre que le serveur vient de lui donner, il tend le billet de 50 euros évidemment, il le laissera gérer la monnaie au fur et à mesure qu’il commandera les boissons. Il fait tout cela sans quitter du regard Alastair. Kaz hausse les sourcils. « C’est tout simple. Un échange d’informations pour que nous puissions avancer tranquillement chacun de notre côté. » Parce que oui, Kaz, il s’en fiche qu’Alastair soit ici dans cet hôtel, il s’en fiche même qu’il respire ou non. Il s’en fiche de sa colère, de ses valeurs et tout ce qui suit. Tout ce qui l’importe maintenant, c’est qu’il n’aura jamais été aussi près de la vérité.  

20 décembre 2021, Berlin Oh.
Il continue de jouer de cette manière ? Le petit descendant qui a exactement la même tête que son père, qui a la même tête que son grand-père. Kaz ne retient même pas son soupir, lassé de cette même histoire qui se répète encore et encore et encore. Mais bon soit. C’est pourtant bien cette personne qui a réagi tout de suite quand il l’a appelé de son nom de famille, alors qu’à l’hôtel, il est enregistré sous un autre nom. « À vous de me le dire. Vous avez pourtant bien réagi à un nom de famille qui n’est pas ressorti depuis si longtemps… Et pourtant, ce n’est pas avec celui-ci que vous vous êtes enregistré à la réception. » Il peut bien tenter quoi ce que ce soit Alastair, ça ne marchera pas avec Kaz. Il sait, il sait à qui il parle et il ne se trompe pas de personne. Alors il peut semer autant de doute qu’il veut, l’allemand reste campé sur ses positions. L’idée de vouloir négocier avec un immortel lui glace le sang, ça l’énerve assez même. Il n’a pas le choix malheureusement, il a besoin d’avoir cette information, pour qu’il sache quoi faire face à Laszlo. En tout cas, il ne répond pas pour une fois, face à la question, qui est le plus barré des deux. Kaz pourrait dire que ce serait Alastair, mais lui-même est pas mal dans son genre quand il pète un câble. Pourtant ce n’est pas le sujet du tout.

En revanche.

Assez étonnant. L’immortel lui balance une information, assez détournée, comme s’il lui confirmait que c’est réellement arrivé. Il n’a pas tué son père donc ? Kaz fait violence pour mieux contrôler ses émotions. Juste son oeil tressaille à cette information, il n’y arrive pas. Il se reprend. « Mh… C’est ce même, ce survivant qui a organisé tout un piège en 1988. Visant à capturer votre soi-disant père, quitte à faire tuer les autres témoins. Il a réussi, mais votre père avait un allié en quelque sorte qui a magouillé pour l'y libérer. » Kaz fronce un peu les sourcils, faussement étonné. Maintenant qu’il y pense, à une certaine chose qui devrait l’étonner en vrai… C’est pas logique non ? « Comment avez-vous réussi à naître malgré tout ça ? » Le sous-entendu était assez clair, il n’y avait pas une femme dans tout ce bazar par hasard ? Il se rappelle encore de ces rapports de la police, de l’état psychologique de cet homme. « Donc, ce survivant aura vraiment mis la merde dans nos vies… » Il lâche un petit soupir et se met à boire le whisky avant de déposer le verre, un peu trop brutalement. Oh, ce n’est pas si marrant que ça, cette entrevue. L’ambiance de Noêl ? Quelle vaste blague.