intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 The bitter End - Alastair

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(#) The bitter End - Alastair    Mer 10 Mar - 19:27

Cette immortalité, c’est comme pourrir de l’intérieur. Peuh ! Y’a pas d’quoi en être fier hein. C’est juste ce foutu myocarde qui pulse un sang dégueulasse dans ses veines et affole son squelette d’un besoin irascible de chaos. C’pas son âme qui anime sa carne ; c’est sa saloperie de haine qu’il se traîne comme la chaîne au forçat. Ouais, son enveloppe est devenu un cercueil, et ce sont pas les vers qui grouillent dans ses orbites mais des yeux aussi noir qu’un puits de charbon trahissant  une envie vorace de sucer l’humanité jusqu’à la moelle. La vérité, c’est qu’il s’en fout comme de sa première branlette de sa perpétuité chthonienne. Ça a aucun sens en fait : la vie, la mort ces conneries ; comme tout le monde il est né d’la poussière, il n’est qu’poussière et il redeviendra poussière, peu importe le temps que ça prend ni combien de foutues heures il va devoir compter dans ce purgatoire de misère. Mais voilà, l’enfer a recraché sa charogne des bas fonds de la fange et maintenant il déambule comme l’un des 7 princes des enfers avec une gueule a en faire pâlir la bête de l’apocalypse. Et puisque sa pénitence c’est d’être là, possédé par la noirceur, autant tout éradiquer de cette sale race à cause de laquelle il a été maudit. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Genèse 1.4. Il se marre. Il en a pas mal bouffé de toutes ces folies y’a d’ça quelques décennies maintenant. Jusqu’à ce qu’on lui ouvre la carotide en deux pour l’absoudre de ses péchés. C’est de son sang giclant d’sa gorge béante que sa colère était née. Pauvres tâches, s’ils avaient su qu’ils avaient pas enterré le démon mais libéré le diable de ces chaines ce jours là, peut-être qu’il se seraient abstenus. Parce que maintenant, Caïn, il se trimballe la volonté pugnace de réinverser la tendance du barbu.
Enfin bref. Il est là quoi.  Et il improvise avec. Et là, c’qu’on lui a offert sur un plateau, ce sont ces visions un peu troubles d’un mec tordu dans tous les sens qui dégouline d’une rage acerbe. Ah putain ! Ça lui en a foutu des frissons plusieurs fois : toute cette incandescence de rancoeur trempé dans un sentiment fort de vengeance. Il les a ignoré au début, pensant que c’était encore son esprit qui lui jouait des tours – en même temps, pas sûr qu’il soit très lucide le bonhomme : il est même pas sûr que toute cette histoire soit pas un truc qu’il a imaginé dans sa démence sanglante – ça lui semblait tellement proche de ses propres tourments, qu’il a bien failli se convaincre qu’il perdait la boule. Bousillé comme il est, ça s’rait pas très étonnant que quelques trucs aient sautés dans sa pauvre petite cervelle. Mais y’a autre chose. Autre chose qui fait qu’il se retrouve devant un de ces dispensaire miteux dans lesquels ont fait office de viande humaine à examiner. Pas terrible terrible comme endroit – y’a qu’a voir la ganache que se tire le bâtiment avec son portail en fer rouillé et son allée d’arbre désséchés -  il devine aussi que c’est pas le genre non plus à faire dans la dentelle … Cela dit, la dentelle c’est pas un truc qu’il apprécie non plus alors ça lui evitera de gaspiller sa salive ; il préfère gaspiller d’la poudre, c’est quand même plus rentable que de causer.
Un coup d’oeil sur les crapules qui l’accompagnent – y’a bien un mètre qui les séparent d’eux. C’est qu’il en impose avec son air de clébard féroce et les babines frelatées par la rancoeur. Alors ils osent pas trop moufeter, les gaillards, quand il claque des doigts en faisant signe au plus jeune de sortir la pince pour découper le lourd cadenas du portail. Il a été clair : pas de vacarme. On tire qu’en cas absolu de necessité, sinon… On se sert de ces putains de lames de rasoir planquées dans les poches et on tape direct à la jugulaire en veillant à bien l’enfoncer jusqu’aux cordes vocales ; ça serait quand même vachement cons que ces enfoirés aient le temps d’alerter les autres.

Ça l’prend au tripes. Cette sensation de plus en plus virulente lui retournant l’estomac. Il s’est pas trompé. C’est bien ici. Il le sent jusqu’au plus profond de lui même. Ça le ferait même dégobiller son déjeuner, toute cette violence dans l’esprit de son alter inconnu, s’il n’était pas lui même un génie du mal. Des mois de recherches, à bourlinguer à droite et à gauche et à grappiller des indices ici et là en espérant avoir le fin mot de l’histoire. Fort heureusement, il n’est pas de ceux qui relâchent leur pugnacité, Caïn. Caïn c’est une saleté de parasite. Un chien enragé dont les crocs sont plus aiguisés que des couteaux. Alors lorsqu’il pousse la porte du sanatorium c’est avec la volonté évidente de repeindre les murs crasseux de rouge et de laisser les flammes de l’enfer purifier les lieux de leur opprobres écoeurantes.
Rasoir dans la main. Il se présentera même pas à l’entrée lorsque l’un des doc leurs demandera c’qu’ils veulent. Un coup net. Directement dans le cou. Et la saignée se fera derrière le comptoir de réception. Rapide et efficace : pas l’temps de niaiser, le lieu lui donne déjà la gerbe et il tient pas plus que ça à y rester plus que nécessaire quitte à soigner tout les occupants façon goret. Un coup de tête vers les acolytes – pas besoin de mots, ils ont déjà pité. L’un d’eux récupère  rapidement les binocles du macchabée  - gisant dans son hémoglobine alors que quelques spasmes animent encore son corps de temps à autre  - pour les nettoyer rapidement d’un revers de manche avant de les tendre vers Caïn. Les lunettes, c’est classe à ce qu’il paraît. Les gens ont toujours tendance à écouter plus facilement ceux qui en portent – comme si c’était la preuve irréfutables qu’ils portent la science infuse sur leurs pupilles – quelle bande de guignols ! Faut vraiment être un sacré abruti ! C’est tellement ridicule que même lui n’est pas assez con pour tomber dans ce panneau là ; mais puisque seuls les hauts placés dans l’métier ont accès à ce genre d’outils pas étonnant que ces pauvres débiles d’humains y croient durs comme fer. Avec une grimace, Caïn enfile la blouse – qui ressemble quand même vachement plus à un tablier d’boucher faut dire – et se fourre les lunettes sur le pif. Putain ! Le double foyer lui donne le vertige et il doit faire un effort considérable pour pas loucher. Là on peut dire qu’il a une dégaine de connard ouais. Au moins, il a la gueule à l’emploi.
Haussement de menton, coup de tête vers le couloir. Les voyous s’engouffrent en éclaireurs dans une mécanique parfaitement huilée. Il a étudié les plans, il connaît la structure par coeur ; il a beau avoir la figure du pauvre type qui a pas la suite dans les idées, faudrait pas à le prendre pour une buse, ça serait sacrément ballot. Quant à lui, il fait rétrospection sur ses propres flash. Y’avait pas beaucoup d’lumière du peu qu’il a vu, et les murs étaient humide. Une jolie suite de luxe en somme. Il opte pour le sous sol. Y’a toujours un sous sol glauque dans ce genre d’hospice, même que c’est Avery qui lui a dit. Alors il mise la dessus. Doit y’avoir un truc vraiment dégueu caché la dessous - parce que tout le monde s’en branle de ce qui se fait sur les rebuts de la société et sur les déglinguos de leur genre. Puis Caïn, il en connaît suffisamment sur ces pourritures d’Humains pour savoir que  y’a pas grand-chose qui les arrête – pas même le fait de trucider leur propre race : pas que ça l’emeut – non clairement il en a rien à foutre, s’il peut s’en servir à des fins persos – Mais là, il ressent pas mal ce qu’ils lui font et ça le met pas mal en boule.  Ce mec, y’a comme un truc qui s’est tissé avant même qu’il ne le rencontre : et ça n’a rien à voir avec cette connerie de constellation de ses couilles. C’est autre chose. Et cette chose dégueule de soif de sang et d’carnage.   Donc…. Il va lui faire une petite offre qu’il pourra pas refuser. «  Docteur ? » il se retourne pour aviser la silhouette fine d’une femme. Elle a le regard vif et le teint blafard, des cheveux bruns et un rouge à lèvres beaucoup trop voyant pour un lieu comme celui là – à en juger par son accoutrement, elle a l’air d’être de ces infirmière qui ont payé leur droit de travail en écartant les cuisses. Ça s’rait pas étonnant qu’elle soit de celles qui se bourres de billets verts en échange de son intégrité. «  Je ne vous reconnais pas. Qui... » il tergiversera pas. Lame qu’il fait glisser dans sa la paume de sa main, parfaitement caché par sa manche, il laisse la gonzesse s’approcher avant de la suriner vite fait bien fait. Bon ok, c’pas si bien fait quand des éclaboussures viennent à maculer le mur en dégoulinant dans une atroce trainée pourpre. Bon tant pis, c’est pas bien grave, on fait pas d’omelette sans casser des œufs – comme dirait l’autre : c’est pas une grande perte pour l’humanité.
Une fois de plus, Caïn laisse le soin a ses sbires de nettoyer derrière lui tandis qu’il entame sa progression vers le point central de l’asile. S’il baisse rapidement la tête en croisant quelques auxiliaires, il garde tout de même le rasoir entre son pouce et son index – juste au cas où. C’est finalement sans plus d’effusion sanglantes qu’il se faufile jusqu’à cette saleté de pièce dont il scrute chaque recoin. Peuh ! Ça sent la pisse et le rance. Il est presque sûr qu’au fond, y’a même quelques  dépouilles qui pourrissent sous un drap en tissu à en juger par l’odeur nauséabonde de décomposition qui s’étale en filet olfactif opaque. A moins que ça soit un rat crevé – il y a d’ailleurs un superbe spécimen en train de grailler un peu de vomi.   Il cherche des yeux parmi les visages baveux des tarés ; camisoles, et même menottes, délires et autres joyeusetés viennent à agresser ses sens. Pas étonnant qu’on devienne fou dans ce genre d’endroits ; encore plus quand on se tape des sens décuplés. Il regarde autour de lui pour jauger la salle : insonorisée à priori : il en faut probablement pour éviter que les cris ne viennent à alerter les autres. Ahahahaha. Crevures !  Mais ça va lui faciliter la tâche en fin d’comptes. Un geste où il récupère enfin son vieux pistolet à silex  et tire sur le maton en premier, et le vieux docteur rabougri en second –ça s’met a gesticuler, les résidents – et v’là que ça cri, et v’là que ça s’excite. Tant mieux, ça foutra suffisamment de bordel pour qu’il puisse mener son plan à exécution. Il repère rapidement celui qu’il cherche un peu à l’écart, camisole autour de son torse, le regard fixé sur lui. «  Merde ! Pauvre vieux. » il enlève ses lunettes qu’il jette sur le sol sur les rires des … Patients ? «  Tu m’reconnais? » qu’il balance d’une voix rauque. Il en sait suffisamment pour savoir que lui aussi, il a du l’avoir dans le pif et dans sa caboche – d’ailleurs, il est peut-être une des raisons pour lesquelles il se retrouve là. « J’ai pas trop l’temps de t’expliquer mais j’te la fais courte. T’es clamsé. Puis t’es revenu à la vie. Avec quelques petites surprises en prime genre... Une espèce de truc qui t'rend immortel entre autre. En fait, maintenant d’une certaine manière on est lié. T’inquiète tu perds pas la boule mais faut qu’on se casse. » Ouais, c’est p’têtre un peu faiblard comme explication. Faut dire qu’il traine pas trop la confiance sur sa binette. «  Ecoute. j’sais bien qu’ça paraît délirant et que tu te tape des sacrés hallu à cause de ces fils de putes et de leurs saloperies. Mais je sais aussi ce que tu as dans les tripes et moi… J’viens juste te donner l’occasion de mettre tes projets à exécutions . Vois ça comme tu veux, même pour une sorte de pacte avec le diable si ça te chante. Je te mens pas. » regard sombre mais sourire goguenard. Putain, voilà plusieurs semaines qu’il attendait ce moment. Rapidement, il defait son carcan et le débarasse de tout ce qui le contraint au mouvement. «  Alors ? On se taille d’ici ? »


Dernière édition par Caïn Roseburn le Dim 18 Avr - 21:38, édité 1 fois
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(#) Re: The bitter End - Alastair    Ven 12 Mar - 23:20


the bitter end
Caïn & Alastair


Mes murmures incompréhensibles se répètent dans une boucle sans fin, sans fin, sans fin. Une succession de mots inintelligibles fredonnent hors de mes lèvres crevassées qui remuent à peine. Le corps mou et avachi, secoué par le trajet dans cette charrette, enchaîné par leur blouse à la con. Ma gueule pend en avant et mon seul œil intact morne et terne, révulse droit devant. Et ces paroles inarticulées qui murmurent et qui sifflent. À l’intérieur, les flammes de mon enfer lèchent mes parois crâniennes, implosion silencieuse de ma cervelle en ébullition, poison brûlant qui dégouline de tous mes lobes. Aliénation insoupçonnée quand on voit ma tronche de zombie baver d’inconscience. Et ces locutions insaisissables qui bourdonnent et qui grésillent. La tête ballante, les bras croisés et reliés sur mon torse, la pisse aux narines, le sang au gosier, on me pousse dans le couloir glauque et puant après cette séance de lobotomie. Et ces lexies confuses qui résonnent et qui serpentent. Le magma de rage épaissie mon sang, gonfle mes veines, se répand jusqu’à l'esprit sous mon corps mort. Goudron visqueux qui occulte les pensées les plus saines pour ne laisser que la haine s’insinuer silencieusement, le voile rouge sur la rétine reflétant le feu interne qui se propage. Et ces syntagmes  abstruses qui bruissent et qui susurrent. Le Démon n’a pas de visage, nan, il en a milles. Le Malin agit dans l’ombre, derrière mes orbites, il complote. La silhouette abattue, carcasse désarticulée et atone, mirage d'une maison de chairs meurtries dans laquelle danse et se pavane le Mal. Ouais, en dedans c’est le bagne, volcan de fureur prêt à l’éruption. Et toujours ces sentences incohérentes qui marmonnent et qui vibrent…

« Qu’est-ce qu’il dit ? », bifurque à gauche, couloir sombre, soubresaut de ma boîte crânienne, l’écho d’un rire fend mon esprit. « J’sais pas, il est bloqué depuis qu’on l’a sorti. ». Vicieux et pervers, il s’égosille le fou, résonnant entre les murs de mon mental où la foudre d’un flash-back éclate. Ma seule pupille reste pourtant dilatée et vide, trou abyssal où reflète la folie qui m’habite. Mais Belzébuth sourit et se frotte les mains. Phare aveuglant, son percutant. Il n’y a que dans ma tête que ça pète. Démence schizophrène, aucune de leurs méthodes ne soigne le foutu déglingué qui fulmine sous ma peau. Silhouette disloquée suivant le rythme de la marche, je marmonne et susurre encore et toujours, encore et toujours, inlassablement, tel un pêcheur qui se confesse, alors qu’on m’arrête soudainement au bout de c'couloir et qu’on se penche enfin sur moi… « Monsieur ? Qu’est-ce que vous d… ».

Éclat éblouissant. Le fusible saute. Le volcan érupte. Néant puis… Rage. Haine. Démon. Le malin se libère et jaillit. La bulle éclate brutalement, mon corps hanté se tend, mes muscles se congestionnent violemment. Le voile rouge suinte de mon orbite intacte. Soif de sang, soif de chair, soif de violence, soif de chaos qui résonnent à l’unisson avec cet étrange alter-égo qui apparaît par flashs dans mon crâne. Mes dents se plantent hargneusement dans le cou tendu de la brunette en blouse, penchée sur moi. Elle hurle, recule, se débat, me repousse. Et mes mâchoires se resserrent instinctivement sur la proie. Étau dentelé qui s’enfonce dans la carne tendre et parfumée, hémoglobine nappant mes papilles, goût ferreux emplissant ma bouche. Elle a bon goût la salope, celui de sa mort sous ma langue quand je broie son tendon. Mais des dizaines de doigts s’enfoncent rapidement dans mes orbites, glissent dans ma bouche, forcent mes mâchoires, tirent sur mes épaules carrées. J’entends la peur, je me repais de sa mélodie chaotique jouée par la chorale désordonnée des soignants, grognant comme un foutu prédateur à qui l’on arrache son festin.

Jusqu’à c’que mes mâchoires cèdent sous la pression des hommes. Séparé de force de ma victime, la chair se déchire avant qu’un sourire dément et carmin ne se dessine sur ma bouche à la vue de l’ingrate pétasse qui pleurniche, des doigts trop peu nombreux plaqués dans son cou pour tenter d’arrêter l’hémorragie. Barbe folle qui dégouline de son eau de vie écarlate, un rire d’aliéné s’extirpe finalement de ma gorge râpeuse quand on me pousse à nouveau avec empressement. Il est souffreteux, haché par la toux, graveleux et sombre. Mais il résonne dans la pièce où l’on me fait rentrer, virant fou, la tête jetée en arrière et trimbalée par les secousses de la chaise roulante. Mon seul œil indemne larmoie tandis que l’agitation décuple autour ; alertée par un autre bruit sourd, la fourmilière s’met urgemment en mouvements  en m’abandonnant dans un coin de la salle. Allez dont assister à la mort agonisante de votre petite catin, moi je me délecte de son arôme, me roulant dans la flaque de mon exploit.

Deuxième coup de feu qui retentit et ricoche jusqu’à ma carcasse réceptive, mes copains dégénérés ici présents s’mettent à ricaner, à crier, à beugler. Un foutu bordel qui m’vrille la tronche. Et mes tempes martèlent, mes tympans sifflent, ma cervelle surchauffe, ma rétine démange : nouvelle hallucination percutante qui me montre toujours cette même satanée trogne inconnue devenue familière, plus proche que jamais : ça squatte ma caboche, ça surchauffe mon sang et ça triture mes sens comme si le gaillard se glissait chaque fois sous ma propre peau. Des mois qu’ça dure, cette putain de schizophrénie, et leurs saloperies de pic à glace derrière l’orbite n’a jamais fait taire le squatteur de mon esprit tordu. Bordel, tu parles d’un centre médical ! J’vais leur buriner la cervelle à coups de scalpel, on verra s'ils verront des arcs-en-ciel ! « Merde ! Pauvre vieux. ». Cette voix, cette putain de voix. J’redresse vivement la face dans un grondement dérangé, un œil mort et enflé, l’autre à l’affût. A droite, à gauche, j’cherche la source pour tomber droit sur cette face masculine et… connue. Putain d’merde. C’est... « Tu m’reconnais ? ». Sans les lunettes, c’est mieux ouais. Mais il avait rien d’un boucher dans mes souvenirs ! Qu’est-ce qu’il fout là ? J’déraille encore, hein ? J’me tape un sale tripe de mes deux ! C’est définitif, j’perds la boule, ces connards de doc’ auront eu ma peau. Et un rire sifflant remonte de mes poumons. Ouais, comme si ma gorge était blindée de graviers, ça s’écorche et ça racle. Mais ça me libère de cette satanée folie qui m’retourne la tête. Et plus l’gars s’met à parler, plus j’me marre à me décrocher ma saloperie de mâchoire ensanglantée et dégueulasse, parce que tout c’qu’ils dit, y a rien de plus vrai ! Bordel, il est dans mon crâne, il voit tout, hein ! Sale enfoiré qui m’ausculte le ciboulot. Au moins il fait pas ça au bistouri, lui.

Et puis j’verrouille. J’me terre brutalement dans un foutu silence de mort. Ma gueule qui s’égosillait vient d'se fermer fissa. «… tes projets à exécution. », « pacte avec le diable » et puis « J’te mens pas, j’te mens pas, j’te mens pas. ». Mon œil survivant s’en écarquille : ça percute et ça résonne dans mon crâne, l’écho d’une promesse et surtout celui d’un putain d’instinct qui m’dit que j’peux l’croire, lui. Lui qui vit dans ma cervelle depuis des mois, qui respire la rage autant que j’peux le sentir avec mon putain de sens et qui s’plante sous mon pif comme une foutue fleur. Ouais, ça s’emboîte et ça prend forme dans ma caboche, comme si la logique revenait brutalement me gifler. D’ailleurs ma tronche dodeline alors que mon iris arrondi fixe le type, puis le vide quand ce dernier se décide de venir me détacher, me libérer. Ouais.. J’pige que c’est le moment, celui que j’attendais. Mes satanés bras me font presque mal une fois que j’peux les bouger, j’en crispe un sourire sans joie en ravalant un grognement. J’reprends l’usage de ces paluches, de ces doigts que j’rêve d’enrouler autour d'un cou et d’broyer jusqu’à aspirer un dernier souffle. « Alors ? On s’taille d’ici ? ». Ouais. Putain ouais ! Je secoue ma face comme un chien qui s’ébroue avant d’prendre appuis sur les accoudoirs de cette chaise de mes couilles. Titubant, j’manque de me casser la gueule, me rattrape de justesse, mais c’est clair : j’suis pas au top de ma forme. Bordel, ça tourne, ça implose, ça comprime là-haut. Mais c’est jouissif. J’vois la sortie, juste là et je grommèle comme un lion prêt à jaillir de sa cage. « Il va m’falloir… », un souffle puis deux avant de m’y reprendre correctement, gueule déformée par les grimaces d’effort. Mais j’y arrive, ouais, malgré ces foutues guiboles qui menacent de céder, j’me plante droit dessus pour faire un pas devant l’autre, bancale et le dos voûté. «… un putain d’cigare. ».

Oh ouais, j’compte bien fêter ça pour la peine, avant d’faire flamber ce sanatorium à la con. C’est sûrement pas ce à quoi le type venu me sortir de mon calvaire s’attend comme réponse, mais bordel, c’est tout c’que j’trouve à dire. Des plombes que j’ai pas goûté à c’plaisir aux arômes boisées et musquées qui éclatent sous la langue. La paume qui claque sur le premier mur lisse, je m’avachi quelques secondes comme un faiblard. Le froid ambiant ne semble pas atteindre mon torse large et débarrassé de la camisole : faut dire qu’au fond je surchauffe sévère. Et puis moment de lucidité, je cherche à tâtons ce type sorti de mon crâne et j’le trouve, paluche lourdement posée sur son épaule. Et j’me hisse à nouveau en m’appuyant sur lui, reprenant la marche, tanguant et titubant, passant à côté de deux cadavres qui se vident sur le sol. « Bien joué… », que je lâche la voix rauque qui peine encore à s’exprimer. Faut dire que j'ai pas trop trop tapé la causette des derniers mois, le dialogue c’était pas leur for à ces enflures. J’sais même plus le son qu’elle a, bordel. Et puis toutes ces putains de questions qui envahissent ma caboche me font plus grogner qu’autre chose. Mais il est là, le brun. En chair et en os. Il s’est matérialisé comme une foutue vierge, et le v’là en train de traîner ma carcasse de cinglé à travers l’Asile. Et même si on doit se magner le derche, j’lâche en pressant le pas : « Va falloir qu’tu m’dises comment t’es sorti d’ma putain d’tête... ».

(c) DΛNDELION
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(#) Re: The bitter End - Alastair    Ven 19 Mar - 21:32

Quel endroit dégueulasse. Décidément, même les rats ont l’air d’pas franchement apprécier le cloaque ; c’est que ça sent la gerbe et la carne desséchée la dedans. Une puanteur dont les effluves viennent à titiller les sens de l’homme qui s’tape une nausée viscérale. Y’a des trucs qu’il a vu dans sa chienne de vie – à commencer par sa sœur se faire cramer sur une saloperie de bûcher pendant qu’on s’décide à lui cisailler la gorge jusqu’à ce que sa jugulaire éclabousse le sol et que ses nerfs pendouilles de son cou – C’était pas jojo, enfin il imagine vu l’temps que ça a mit à ses tissus epidermiques de s’resouder. Mais ça, c’est quand même un putain de spectacle : on s’croirait presque dans l’antre de la bête de l’apocalypse : murs jaune pisse, sol crasseux entaché de vomi et de sang. Très accueillant comme antichambre macabre. Vraiment, très cosy. Et c’pas les cafards qui se trainent pour mourir dans le dégueulis pas frais qui diront l’crontraire. Paraît que le plus grand tour du diable c’est d’avoir réussi à faire croire qu’il n’existe pas ; mais Caïn, quand il voit ça, il doute pas du tout de son existence au vieux cornu. C’est l’évidence même que sa patte boiteuse a signé ce chef d’oeuvre d’abjections : L’endroit exhale la géhenne à plein nez, y’a plus rien à y professer qu’une saloperie de messe noire. C’est p’t’être c’qu’il va faire d’ailleurs, quand il en aura fini avec sa besogne – histoire de purifier cet endroit de tous ces démons et leur donner la diabolique absolution qu’ils méritent.  L’idée le botte bien. Qui eut cru qu’il se ferait missionnaire, Caïn, lui qui endosse pourtant sans geindre l’habit du mercenaire, la plupart du temps.  
De toute manière, c’est toujours la même rengaine avec les humains – ça tourne en boucle dans leur foutu caboche : la violence, le besoin de démolir le monde en espérant être le dernier digne représentant de leurs saleté de race. Pathétique. Ça le débecte. Leur extermination ne tient qu’a leur orgueil – lui ne fera que les aider dans leurs piteuses manœuvres. Main droite du malin, il s’est forgé lui même dans les flammes du brasier éternel alors il a pas grand-chose à redouter désormais.  

Bref, il se tourne vers le gonze qu’il est venu tiré de là. L’oeil noircit par le dégoût de ce lieu qui lui donnerait presque des pustules s’il s’y attardait un peu trop, il avise son comparse.  V’là qu’il se tape un trip. A se dilater la rate – ok, ils ont réussi à lui retourner le ciboulot et à en faire un putain d’attardé - alors que lui reste là comme un con, les yeux plissés, le museau retroussé en attendant qu’il finisse de se fendre la pipe. Ils ont sacrément du lui cramer la cervelle, ça lui a grillé quelques neurones au passage non ? Tout c’qu’il espère c’est qu’il va pas se mettre à baver comme un de ces tarés du bulbe atrophiés de leur conscience – enfin tout c’qu’il voit sur sa barbe, c’est des giclées de sang coagulé. Et ça a pas vraiment l’air d’être le sien. Et maintenant il se fige. Estomaqué. Oh putain ! y’a comme un voile qui passe devant ses billes et qui l’fout dans un état de tétanie – proche de la mort cérébrale à l’voir se crisper la trombrine. Ça lui foutrait presque les miquettes, à Caïn, si son propre esprit n’était pas lui aussi pulvérisé de démence à en déglinguer le plus dingos des patients de ce sanatorium. La seule taulière de son délire à Caïn, c’est sa saloperie d’soif de sang – y’a qu’ça qui l’fait pas vriller - pas tant qu’il aura pas fait de cette planète un cimetière sanglant : c’est pas attaché à un foutu brancard, capitonné de la réalité, la camisole autour de ses os qu’il pourrait accomplir ses desseins meurtriers – alors en attendant, aucune chance qu’il finisse comme tous ces cinoques à l’encéphale détraqué. Et c’type à la gueule sanguinolente, il a pas sa place dans ce mouroir insalubre. Non, Caïn a quelques trucs dont il aimerait bien causer avec lui – la fin de monde notamment, dont il aspire à reprendre les plans à Lucifer histoire de l’aider un peu avec tout ça quoi. Il a quelques idées qui devraient lui plaire, au bouc.

Comme un automate dézingué, il articule enfin sa carcasse, l’homme. Ça fait combien d’temps qu’ils l’ont saucissonné comme un vulgaire porc à brocher uh ? Il entend presque son squelette craquer à chacun de ses mouvements. «  rien d’cassé ? » qu’il demande. Faudrait pas qu’il s’emiette quand même, pas si prêt du but. Pas dans c’taudis. Deja, il baragouines quelques mots – sa voix grésille dans un tintement rauque – mais au moins, les syllabes sont nettes. La vocalise est rude, c’est vrai, ça se sent qu’il a pas tenu la parlotte depuis un bail le lascar, m’enfin, à part causer à des mabouls ou des salauds de boucher, y’avait pas grand monde à racoler de sa verve alors c’pas bien étonnant qu’il se traîne la voix d’un baryton du dimanche.  Il est pas là pour jauger t’façon Caïn, faut dire que lui même a pas forcément la dégaine d’un parfait petit minet peaufiné de bonnes manières : c’est pas comme s’il voulait se pâmer devant tout ce beau monde – alors qu’on lui accorde l’image erronée d’un mec de principes, ça lui fait une belle jambe. «  Marco, ramène le tabac ! » qu’il gueule à un de ses sous fifres. Regard incisif sur le pauvre sbire qui patauge dans hémoglobine et les tripes pour se faire un chemin jusqu’à eux.  A voir son acolyte s’efflanquer sur le mur – dont Caïn se demande d’ailleurs s’il est pas sur le point de s’écrouler – sa mine se rembrunit. c’est vrai qu’il aurait pu au moins essayer d’y mettre un peu plus les formes au lieu de débarquer comme ça, en escouade assassine. Le truc, c’est qu’il a pas l’temps pour les grandes stratégies propres : avec Caïn, si ça gicle pas le sang, c’est que le taff est mal fait. Point barre. Alors, il moufte pas quand le gaillard lui choppe l’épaule pour se redresser. «  T’inquiète j’ai c’qu’il faut. » voilà que   ledit Marco parvient enfin à leur niveau – non pas devoir encaisser une oeillade foudroyant d’un Caïn pas commode. Mais l’homme a mieux à faire. D’un geste vif, il attrape le tube que lui tend le sbire et le fait tournoyer entre ses doigts. «  C’est une longue histoire. » ah bon ? Pourtant en soi, ça peut se résumer en une phrase non ?  «  Nan en fait c’est pas long du tout, c’est juste que c’est un truc de siphonné du bulbe.» Tranquillement, il sort de sa main libre un briquet pneumatique de sa poche et allume rapidement le cigare qu’il tend à son interlocuteur. «  Huh… N’y voit rien en rapport avec l’endroit où on se trouve. » Promis juré craché, y’avait pas de mauvais jeu de mots.
«  J’sais même pas comment ça marche ce foutu lien. Ça se déclenche la première fois qu’on cane. Comme si on appartenait à une même sphère. Tu vois l’genre ? » Même à lui, qui a eu le temps de s’y faire à la longue, il y comprend rien. En fait, s’il a assemblé les pièces du puzzle c’est que grâce à Avery ; sa jumelle est quand même nettement plus maligne que lui quand il s’agit de faire émulsionner sa matière grise. Lui, il se contente de déblatérer ce qu’il a apprit comme une saleté de chien savant.«  J’sais juste qu’il fallait que j’vienne. Que j’te trouve. C’était devenu viscéral plus les jours passaient. En plus tu faisais un sacré boucan dans ma tête, ça devenait franchement embarassant à chaque fois que j’etais avec une gonzesse. » Le trait d’humour de fin, c’est pour détendre un peu tout es trucs qu’il pige pas et qu’il va pourtant devoir tenter d’expliquer. « J’sais pas vraiment ce qu’on est. J’te dirais bien qu’on est l’ultime accomplissement de l’univers pour rétablir l’équilibre des choses - piapiapia- dans tout ce fiasco qu’est l’humanité – blablabla - mais bon, j’crois pas en tous ces boniments de femmelettes sur la destinée, tout ça, tout ça. » Tiens, et s’il s’en fumait un, lui aussi de ces saloperies de cigares. Ouais. Ça l’aiderait peut-être dans son laïus rasoir. Bref, il se sort un cigare de la boite métallique et se l’allume d’une flammeche breve. Première bouffée libératrice, c’est en soufflant qu’il entame la suite. «  Donc, compte pas sur moi pour te faire un topo à la mord moi l’noeuds sur notre éminente résurrection et la mission qui y est associée – enfin toutes ces conneries que certains te diront en dégobillant leur foi débiles par envie de trouver une explication divine ou transcendante à leur misérable nouvelle existence. En vrai, j’men branle. Je me contenterais de dire que y’a un truc qui s’est mal emboité avec les lois naturelles et que ça a fait un sacré bordel avec certains cobayes. Eeeeet... Surprise ! les cobayes, c’est tombé sur notre pomme. Donc heu… Ouais non, y’a pas vraiment de sens à tout ça, on est juste des putains de cadavres en sursit. Désolé. » et d’ajouter , non sans un haussement d’épaule pour conclure sa… Brillante analyse ; «  Moi, perso, je trouve que ça ressemble à une blague mais bon… j’fais pas la fine bouche, j’ai pas mal de projets tu vois… et j’pense que ça t’plairait. » Ouais il sait pas grand-chose. D’ailleurs il se sent vraiment con là. Les grandes tirades, c’est plutôt le truc de Ava – lui il s’y prend clairement comme un pleutre. Y’a pourtant un truc qui l’fait tiquer, l’amerlock. Un truc qu’il se doit de préciser : parce qu’il s’est pas précipité comme ça avec les autres, ça a quand même son importance. «  Par contre, J’crois que c’est plus fort, le lien, entre nous deux parce qu’on a cette même putain de colère qui crame notre cervelle. J’l’ai senti avant même de voir ta trogne en rêve. » Un foutu reflet fantômatique. Voilà ce qu’il voit dès qu’il froisse ses prunelles. Et Caïn, il le sait… Ils vont l’épurer ce foutu monde. " Mais on pourra en rediscuter. J'ai pas franchement envie de m'attarder dans ce foutoir. La question est... Qu'est ce que tu veux faire là de suite?" ouais, et maintenant. Une entrée en grande pompe n'appelle t-elle pas en une sortie de la même effervescence?
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(#) Re: The bitter End - Alastair    Ven 2 Avr - 14:03


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Caïn & Alastair


« Ouais… J’pouvais même pas  m’rincer l’œil, ‘foiré… », humour tangible qui répond à la sienne, faut dire que ces foutus flashs quand il était en bonne compagnie avaient l’don d’me changer et de m’échauffer les idées. Enfin… rien d’un voyeur, c’est plutôt l’côté pervers qui parle, sauf que le salopard me virait toujours avant qu'ça devienne intéressant. J’essaie de souffler un rire qui finit en quinte de toux. Bordel de merde, ça fait des mois qu’on m’retourne le cerveau et c'est un putain d’cigare qui va m’buter ? La blague. J’me concentre cela dit, doigts pressés sur l’épaule du brun qui débite tout un tas d’informations. Enfin, j’présume que c’en est… Sérieusement, faut l’suivre le gaillard !  Grognements et grondement entrecoupés par les grimaces en guise d’écoute, c’est un putain de sketch cette histoire. Un truc du siphonné du bulbe, ‘tain c’est clair, mes babines retroussées sur le cigare en témoignent ! Salvateur ce bâtonnet, le palais en plein orgasme sensoriel, je tente de maintenir la tête hors de l’eau en m'raccrochant à tout c’que le type me balance.

Encore un peu bancal, désorienté : le voile flou se dissipe doucement de ma cornée. Et plus j’l’entends, le con, plus il me plaît. Parce que j’veux pas d’une satanée seconde chance, non, tout c’que j’veux c’est des putains d’représailles et des flammes qui lèchent le sol d’une terre carbonisée. Un rire, grave et déglingué dans ma gorge déployée : « Des putains d’cobayes ouais ! Tu m’en diras tant. », que j’lâche. Ça fait des jours -que j’arrive même plus à compter- que j’fais le rat de laboratoire dans cette saloperie de sanatorium, j’vois un peu près de quoi il parle, le gaillard. Comme de tout le reste. Ce putain de lien, cette foutue connexion, c’te fusion viscérale qui m’a broyé la cervelle plus que les pics à glace. Tout prend un sens maintenant qu’il est là, en face de moi, sous mon pif, un cigare entre les lèvres comme si on s'montait des plans de fin du monde autour d’un bon whisky. Y a de quoi faire ensemble, il me l’dit mais j’le sais. C’est pas pour rien qu’on est là, pas pour rien qu’il m’a retrouvé, pas vrai ? Les pièces du puzzle s’assemblent et le brouillard se dissipe. Ouais ça prend un foutu sens : celui de la vengeance et du sang.

Et puis ma main vient chercher à tâtons sa trogne, jusqu’à la trouver et l’emprisonner sous la poigne de mes doigts calleux et dégueulasses. J’plonge mon œil morne qui se ravive dans les siens, aussi sombres que ses promesses, avant d’articuler en tirant sur le cylindre de tabac : « C’quoi ton nom ? ».  S’il avait pu commencer par ça…  « Caïn, pas vrai ? », c’est ça, si j’en crois mes foutues hallu’, non ? Ouais j'crois qu’il confirme et j’le relâche pour lui tapoter la joue en guise d’entente. C’est bien, ouais… Lui et moi, y a un truc de plus, comme il dit. Une foutue cohérence, un même satané chemin sous nos pieds. Mais, putain… Je plisse mon seul œil en m’arrêtant brusquement, inclinant juste ma tronche pour appuyer la remarque : « Bordel, t'es en train d’me draguer là ? ». Humour ? Ouais p’t’être bien, faut croire qu’c’est l’éternité qui débute auprès de ce nouvel acolyte, autant l’foutre à l’aise, non ? D’ailleurs y a un rictus qui frémit au coin de mes lèvres crevassées, ça ressemble plus à une grimace, mais bon : « Si putain… tu m’fais la cours avec tes foutus sentiments et tes saloperies d’rêves ! ». Ouais, allez, on va commencer par se fendre la gueule en le mettant dans l’bain, l’gaillard. « Le cigare tout ça, c’tait pour m’foutre dans ton pieu ! ‘foiré ! », et j’me marre comme un satané dément, alors que mon œil s’égare déjà sur tout c’qui nous entoure. J’visite enfin ce p'tit hôtel cinq étoiles qu’on a pas pris la peine de me montrer à mon arrivée. Tu m’étonnes !  

Et J’les vois, leurs canalisations à la con. « Là, dessuite, hein ? Une bonne flambée, t'en dis quoi ? », que j’crache à l’intéressé alors que j’coince mon cigare entre mes molaires. La rage, la brûlure, la colère, le mal : ça ressurgie. Le venin opaque dégouline en moi jusqu’à colmater la moindre faille. Et j’approche de c’mur, empoignant déjà les tuyaux qui serpentent le long de la brique. La force revient, la haine l’alimente, sans aucun doute. Parce que j’veux l’voir cramer c’t’hôpital de dégénérés. J’veux qu’il flambe autant qu’ils ont grillé ma foutue cervelle, encore et encore. Alors je tire, de mes bras larges et congestionnés, veineux et contractés. La douleur s’infiltre sous ma peau mais la délivrance n’en est que jouissive. « C’est-du-putain-de gaz, là-dedans. Tu vois où j’veux en v’nir ? », que j’continues en tirant par à-coups sur les cuivres jusqu’à les arracher à mains nues. « Superbe innovation de ces raclures… Retour de flamme… », ouais, des mois de silence, à baver en revulsant : ça aide à echaffauder quelques plans en observant le reste. Et faut dire que l’humain est doué pour inventer les armes qui les buteront. Y a même matière à faire avec ça, hein ! Mais en attendant, je cherche déjà la sortie avant que le Gaz de Houle n’emplisse la pièce. Et j’tire une dernière fois sur le tabac, dernière aspiration salvatrice, dernière bouffée de vie… avant de l’lâcher le cigare au sol, le bout bien rougie comme une braise sous les cendres. Et quand le taux de gaz dépassera celui de l’air… « Boom », que je m’exalte d’une voix chuchotée de fou en écarquillant mes doigts, « On les crame à l’Autel et on les écoute chanter ! ». Ouais, l’image est assez parlante, hein ? Aussi parlante que mon regard de borgne que j’agite ici et là afin de sortir de c’t’Asile, en avisant mon complice… « Et c’est à c’moment là qu’t’es censé m’dire “C’est par là !” ».

(c) DΛNDELION
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(#) Re: The bitter End - Alastair    Dim 18 Avr - 23:42

les ongles grattent la barbe revêche de sa joue dans une grimace narquoise. Les cris des cinglés tout autour d’eux stimule ses instincts de boucher ; l’envie d’égorger, de couper, de suriner jusqu’à c’que ça dégouline de viscères façon goret – pas qu’il ait un problème contre les déglingos ( sont de toute façon déjà crevé et pourri d’l’intérieur ceux là, ça s’rait qu’un service rendu à leur pauvre âme que de leur porter le coup fatal.) mais c’est comme ça, maladif. Les ratiches dévoilées en un rictus crasseux. Les yeux injectés de sangs et les pupilles révulsés dans le puits ténébreux de son regard fétide. Encore la dégaine à doper l’excitation morbide de c’cher Lucifer – c’est à dire qu’à force de tringler sa propre violence, ‘ lui reste pas grand-chose d’équilibré sous sa gueule de scélérat. ça fait quelques temps déjà qu’il dort quasiment pas – le délire déglinguant sa cervelle, et le besoin d’une bonnes grosse giclée d’hémo : et il sait pas trop si ces foutues pulsions sont exacerbés par les vision de ce type là, ou si ça a toujours déraillé dans son crâne. Probablement un peu des deux. La belle affaire Huh !  c’pas lui que ça va gêner d’être un tortionnaire – faut bien qu’il rentabilise la place qui l’attend dans son enfer. Puis c’est plus facile de baiser ses démons, d’les pomper jusque dans leurs essence, plutôt que de les purger de son encéphale.  Plus facile d’être un enfant de pute qu’un enfant de choeur, ouais.
Le rire est nerveux dans sa gorge. Le son, lui, est aussi caverneux que sa cage thoracique dépourvu d’un myocarde fonctionnel. «  ça aurait été con. Pas facile de s’branler quand on a une camisole. »  tape sur l’épaule et rire guttural. Pis, il a quand même failli vriller complètement taré. Enchaîner les tir de balle dans le citron juste pour amortir les putains de flash s’éclatant sur son esprit. Jusqu’alors, ça lui avait pas foutu la rate en bouillie : toutes ces conneries de rêves à la mord-moi-l’noeuds et ce truc de gonzesse sur le « lien inflexible » l’unissant à d’autres connards de son espèce. Ouais, jusqu’ici, ça lui avait pas retourné le gosier au point où il en avait gerbé ses entrailles plus d’une fois. Même lui, il avait du admettre que ces connexions avaient quelque chose de carrément démentiel et d’incontrolable – qui fout les nerfs à vif.

Autour d’eux, ça sent la carcasse putride et la sueur à peine voilée par les fragrances de formol et d’éther. La putain de sa mère. C’est dégueulasse. Pas très étonnant que le ciboulot se liquéfie en une espèce de soupe nauséabonde - suffit de rester 3 jours dans ce taudis pour devenir barge, les aiguilles et la scie, c’est juste un extra d’enfoirés pour faire joli sur l’formulaire chirurgical. Alors faut bien un peu de cette fumée blanchâtres glissant hors de ses lippes pour pallier à l’atroce arôme de mort qui traine dans les parages. «  Des cadavres en sursit, mon gars. Et perso, quitte à me faire enculer par la mort, j’aspire à ce que ma longévité se fasse dans des traînées de poudre et de plombs. T’vois l’genre. Les bons comptes font les bons amis à ce qu’il paraît, et perso j’en ai un certain nombre à régler.  » Si jusqu’ici il s’est traîné d’la patte comme un lépreux sous anesthésique, Caïn est bien décidé à remplir les blancs que sa putain d’immortalité à laissé dans son existence et les saturer de chevrotine. Taratatatatatat, comme seul écho dans ses pensées, déflagration de tout c’qui va à l’encontre de son petit bordel parfaitement huilé – vla tout ce qui l’intéresse.  Et à en juger par les crépitements dans les yeux de l’alter, l’idée a pas l’air de lui dé-convenir outre mesure : ça a même carrément l’air de le faire bander le bougre. Claquement de la langue sur ses dents, Caïn amorce un rire sardonique – le genre qui laisse des sueurs froides aux bons citoyens modèles et titille la méfiances d’la vermine de son genre. C’pas une rédemption qu’il propose en cadeau de bienvenue, mais une sanglante perpétuité. Trop d’images venues d’outre tombe quand ce con à cassé sa pipe pour rejoindre son pandémonium ; c’était foutu avant même de commencer et maintenant qu’il se tient face à lui avec ses mains dégoulinantes de sang et ses projets funestes, l’amerloque  jubile d’une incroyable réjouissance. A sa place. Emboîté. Et le monde qui hurle déjà tout son malheur à les savoir sur le point de commandité sa perte. Et puisque même le purgatoire veut pas de leur gueule, faudra bien l’batir ici. Il a pourtant les gestes de la tare, quand il lui tenaille la tronche de ses paumes rugueuses.  «  Ouais. Et toi Alastair.  J’ai vérifié l’registre pour être sûr. » Qu’il réplique sans même repousser le contact de ses mains en etau sur sa barbe. C’est même un rictus qui effrite ses lippes quand son oeil noir se rive sur son acolyte de fortune. Et de bonne fortune faut dire. Pour une fois qu’il est pas le seul dégénéré de la carafe et qu’il s’est trouvé un homologie aussi irascible dans ses desseins que lui, faudrait voir à pas louper le coche de cette opportunité malfaisante. Et quand il relâche, c’est presque aussitôt que Caïn tire une taffe de plus qu’il expulse aussitôt de ses lèvres et mâchouille instinctivement le batonnet de tabac. La salacité de la boutade lui arrache un nouveau rire goguenard et crade. Le genre de vanne pas très discrète qui a tendance, lui, à le faire marrer plus qu’autre chose. « ça s’pourrait, ça s’pourrait. » la réplique fuse d’entre ses chicots aiguisés sur ses babines.  «  Ouais, j’suis le putain de chevalier sur son canasson venu réaliser tout tes rêves. Ahaha, ça à l’air de bien t’chauffer en tout cas !» Et vla que son rire se mêle à celui tout aussi tonitruant de ce taré d’Alastair. Pas sûr que tout soit très nets dans leurs caboches mais c’pas tous les jours qu’on croise son foutu jumeau maléfique au milieu de ce merdier qu’est l’Humanité. «  Bordel, vieux, ça s’rait tentant mais depuis l’temps que t’es ici ça doit te démanger sévère et j’crains que ma literie y survive pas. Garde tes miches au chaud pour une bonne vieille paire de mamelles ou de couilles si c’est ton truc.  Tu te souviens c’que c’est au moins ? » Blague de débilos. Il agrémente sa connerie d’une tape sur l’épaule et d’un rictus bien gras. C’est con comme ça fait du bien, des fois, de laisser l’enflure qu’il est exulter absolument tous ses vices au travers sa charogne dévastée de ténèbres. Un regard sur le pièce autour, il zieute les parois infectes des murs et avise les détails qu’il n’avait pas pité juste auparavant. Les conduits, les aération probablement bouchée. Bref. Le capharnaüm quoi. «  Une flambée, ça m’parait bien. Parait que le feu ça purifie si on l’accompagne d’une prière. J’propose un truc du genre «  va griller en enfer fils de pute. »  » Le cynisme de sa voix et les souvenirs en croix dans le citron. Il repense a c’qu’ils ont fait, tous ses batards, avec leur bûcher. Le feu. Ouais, qu’ils canent tous comme des clébards dans les flammes pendant que lui se tape une barre à voir leur peau se dissoudre sur leurs squelette agité. Et il bronche pas, Caïn. Il reste là avec la satisfaction morbide presque jouissive de voir l’alter déboîter les tuyaux de leurs socle métallique et d’empoigner ainsi le début d’une fin macabre. «  C’est que t’as de la suite dans les idées. On va bien s’entendre toi et moi mon pote.  »  
Déjà le gaz qui titille son odorat. C’est dans ce genre de situation que Caïn remercie d’avoir les sens aussi aiguisés. Le temps de profiter des effluves de mort imminentes avant même que l’information olfactive ne soit accordé aux cerveaux des êtres inférieurs les entourant. Bouche qui s’étire en une grimace sounoise quoique machiavélique. Caïn courbe légèrement l’échine et ouvre un bras vers la sortie sans quitter le lascar de son regard ombrageux. «  C’est par là. » Jouer le jeu qu’il a induit. Caïn accompagne le geste de l’Homme du sien tout aussi similaire en balançant le cigare à côté du sien. Quelques pas jusqu’à la porte avant qu’il ne se stoppe et joigne ses mains devant son buste «  et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen. » Signe de croix – à l’envers – sur le torse, fausse minauderie blasphématoire sur la gueule qui s’étire lorsqu’il porte son poing devant sa bouche dans un mouvement de va et vient profanatoire. Ils les tueront tous, et Dieu fera le tri entre les bons et les mauvais – ça, c’est plus leur problèmes, eux se content d’arranger la rencontre.

Emboitant le pas d’Alastair, quelques acolytes à sa botte sur les talons, Caïn avise les âmes restantes, bientôt prisonnières de leurs propres pièges. Et il rit. Il rit à s’en dilater la rate. Il rit comme si c’était toutes ces années à patauger dans les limbes qui s’exorcisait enfin de sa chair. Il rit si fort que ça alerte quelques doc restant. Mais son rire ne flanche pas. Pas Même lorsqu’il sort rapidement la lame de rasoir de sa poche et qu’il la plante directement dans la trachée de l’homme pour la fendre d’un coup sec et majestueux, un vrai maestro sanguinolent  – gorge giclant aussitôt de sève pourpre – et que celui-ci s’effondre dans des râles sépulcral. L’infirmière non loin, hurle. Elle s’agite, s’époumone tandis que dans un seul claquement de doigt, Caïn ordonne sa capture. Il faudra deux des gaillards pour la maîtriser, tant la salope se tord dans tous les sens. Une oeillade vers Alastair, Caïn tend la lame souillée dans un sourire carnassier. «  T’as p’t’être envie de te dégourdir le poignet après tout ce qu’ils t’ont fait. T’inquiète, on a encore environ 3 minutes avant que tout saute.  » Et elle supplie, la truie. Elle conjure ; Et puis elle prie. Mais rien n’altère la haine venue ankyloser son coeur. Parce qu’il l’a vu, au travers des yeux de son alter. Il a senti cette saloperie de cruauté venir pourfendre l’esprit de Alastair. Il a tout vu au travers ses yeux et aujourd’hui… Aucune pitié n’est à prévoir. Pauvre fille, si elle savait… L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.[/color]
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(#) Re: The bitter End - Alastair    Mar 8 Juin - 11:56


the bitter end
Caïn & Alastair


Y a de l’écho chez c’gaillard. A chaque réponse, chaque rétorque, chaque regard, y a c'te résonance presque trop naturelle qui vient vibrer jusque dans les tréfonds de l’âme et faire sonner l’gosier dans des sortes de rires crapuleux. Ouais, plus les minutes passent et plus y a cette évidence qui s’dessine devant nous. A croire que cette putain d’magie d'mes couilles sélectionne les candidats cannés : comme une saloperie d’compatibilité qu’on s’amuse à calculer pour finalement foutre les heureux élus dans des sacs bien triés. Constellation et toutes ces conneries. J’vais p’t’être sérieusement revoir mon jugement là-dessus. Parce que quand j’croise le goudron des iris de ce Caïn, c’est clair que j’y vois l’propre reflet d’mon esprit : sombre, ensevelis sous une tonne de démons enchevêtrés qui réclament leur déchaînement. C’te familiarité prend forme avec tellement d’aisance que ça pourrait faire flipper un simple d’esprit. Mais vu comme on vient d’me charcuter la cervelle pendant des semaines, on va dire que j’suis plutôt ouvert de c'côté-ci ! Rire graveleux succédé d’un toussotement râlé, faut vraiment qu’j’arrête d’me faire marrer comme un foutu dément. Quoiqu’au fond, j’en suis réellement un, ça tourne plus très rond là-dedans…

Alors pour avoir d’la suite dans les idées comme il dit, faudrait déjà avoir aut’chose que d’la bouillie à la place d’la matière grise. Ça tambouille, ça tambouille, mais y a qu’la promesse d’un feu d’joie qui motive toute cette carcasse déglinguée au gyrator et à la saignée. Inutile de rester plus longtemps quand l’odeur du Houle nargue enfin les sens aiguisés, la charpente bancale mais assurée, j’me traîne vers la sortie que Caïn me désigne en s’foutant d’ma poire non sans m’imiter dans l’geste fatal. Et lorsque que nos silhouettes se croisent, la mienne étant la première à passer l’encadrement, c’est un tacle que j’lui assène derrière le crâne, juste pour la forme qui revient : « Blasphème pas, bordel ! ». De quoi passer pour un satané déglingué quand on sait tout c’qui allume ma ferveur de dégénéré. La religion, j’l’emmerde. Mais si y a bien un truc qui m’colle aux basques malgré les lobotomies, c’est encore l’sarcasme.

Et moi aussi j’me marre, entraîné par cette putain d’mélodie graveleuse qui chante à mes côtés. Ça racle et ça irrite le gosier asséché, ça tremble dans le plexus et serre la poitrine, c’est salement déstructuré, mais c’est jouissif. Caïn est un putain d’jumeau maléfique et l’évidence frappante m’en fait serrer les dents dans un sourire diabolique lorsque la trachée du premier doc’ se dévoile en des giclées salvatrices. Un cigare, d’la gniole et un putain d’air de Mozart : v’là c’qui manque pour rythmer cette scène absolument bandante ! Les notes s’insinuent dans mon crâne, j’pars en vrille, les paluches flottantes et battantes à chaque octave du piano imagé par les traînées d’hémoglobine qui viennent asperger les murs. Tum tum tudum. La transe, la folie : qu’ils paient tous le prix d’leur foutue erreur, d’leur satanée connerie. Et la Soprano se joint à l’opérette, tragique et distincte, elle s’élève au-dessus de l’opus macabre, caresse mon oreille attentive. Elle est là, la Diva, tétanisée dans sa blouse blanche, les mains écrasant ses joues pour s’époumoner un peu mieux. Ça glisse jusque dans mes tympans comme une ritournelle apaisante. Et le scintillement de la lame souillée fait frissonner ma carne de félicité.

« L’hygiène. », c’est tout c’qui sort de ma tronche barbue dégueulasse et sèche quand j’récupère le présent du brun d’une courbette bancale mais théâtrale. Le sourire sanguinaire de l’alter entraîne le mien alors que nonchalamment j’essuies le rasoir contre mon froc numéroté de patient psychiatrique. La cantatrice pleurniche, prisonnière de deux sbires pendant que d’un pas lourd je l’approche, au rythme entêtant de c’foutu opéra qui continue de jouer dans ma caboche. Trois minutes, c’est court. Trois minutes c’est long…. De mon regard borgne et assombri par les démons qui y dansent, je juge la plaque qui orne sa poitrine gauche puis la désigne dans un tapotement trop calme avec la pointe de la lame. « Mary… », dédain rit et soufflé par les narines dilatées devant cette putain d’ironie du sort. La sainte vierge supplie le Malin, les joues trempées, les membres agités. « Shshshshhh », langue qui claque au palais pour apaiser la captive, l’effet est tout autre quand elle se débat plus énergiquement entre les bras fermes et que du latin sort de sa putain d’bouche. Son charabia n’est qu’un poison à mes oreilles et je vrille d’un soudain coup d’sang. « La ferme ! J’ai besoin de calme !! », ma voix s’élève brusquement, grondante, soumettant la jolie Mary à des postillons de rage. Ses paupières closes menacent de céder, mais au moins ses paroles ne viennent plus déranger l’air classique qui inonde ma folie. « Tu sais c’qu’elle faisait celle-là ? », le timbre qui s’élève est rauque, teinté de reproches. Et même si l’jumeau s’trouve dans mon dos, aucun doute que j’m’adresse à lui. Pourtant c'est elle que j'assomme du regard, punie de mes iris enragés lorsqu’elle ose une œillade effrayée et suppliante. Et un murmure fatal : « Elle chronométrait… ». Ouais, cette catin prenait malin plaisir à compter les minutes pendant qu'je tournoyais à en gerber, ligoté sur leur plaque en bois, la cervelle comprimée dans la boîte crânienne. Le gyrator, c’foutu instrument qui est censé extraire la folie du corps humain à grand renfort de tours de manège étourdissant. « Trois minutes, Mary, t’es prête ? », nargue perverse soufflée de mon haleine fétide et ferreuse qui s’écrase sur son minois déformé par la peur. C’est jouissif d’assimiler ses traits féminins s'altérer en une moue épouvantée. « Elle assistait c’te porc aussi. Bistouri. Pic. Coton. Pas vrai Mary ? Tu prenais ton pied, hein ? », un simple hochement pour désigner le corps sans vie du doc’ pervers. J’lâche pas une seule seconde cette connexion visuelle et démoniaque avec l’infirmière qui tremble.



Alastair. « Implore, Salope ! » Alastair ! « Vas-y, essaie donc d’ramper jusqu’à ton Christ avant d'te vider entre les flammes ! » Alastair !! on m’appelle sans qu’je sache si la voix est dans mon crâne ou dehors, trop lointaine derrière mon rire dément. Le Houle me prend aux narines, à travers les murs et les portes, annonçant l’bûcher imminent. « On s’retrouve en Enfer, Mary ! ». Pourléchant mes babines ensanglantées, j’détends ma carcasse en ramassant les perles d’essence humaine qui collent à ma bouche de ma langue de serpent. J’me repais d’ce goût de fer, d’cet arôme vif qui regorge de vie alors que ma tronche se jette en arrière dans un souffle libérateur de sale fou. Le compte à rebours sonne le glas, les notes du Maestro s’effilochent pour laisser le bordel macabre environnant envahir mes tympans. « On s’taille ! », la voix rêche, le gosier sec, j’annonce la fin d’mon aparté de dégénéré et m’élance à la suite de l’alter pour sortir de c’lieu maudit. Ça siffle comme une cocotte, compresse ma caboche alors qu’on longe les couloirs et arpente les salles. Jusqu’à c’que l’explosion éclate dans notre dos et qu’la déflagration lèche nos vertèbres. Propulsé sur les marches extérieures du sanatorium, le sol frais qui rentre en collision avec ma chair à vif me rend la vie qu'on m’a aspiré durant des jours. L’orgasme est pas loin, entraîné, orchestré par la réalité qui s’mêle à ma démence. Et le ciel sombre teinté de rouge et d'orange flamboyant est magnifique ce soir. Un rire, gras, sadique, graveleux, possédé s’élève et accompagne le crépitement chantant du feu d’joie. Caïn, le Malin. Caïn, le Libérateur. Caïn, le fou à lier. Caïn, le fou lié. « Caïn, Caïn, Caïn, j’t’en dois une belle… ».

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