Raindrops on roses and whiskers on kittens || Chiranth

Bright copper kettles and warm woolen mittens, Brown paper packages tied up with strings, These are a few of my favorite things, Cream colored ponies and crisp apple strudels, Door bells and sleigh bells and schnitzel with noodles, Wild geese that fly with the moon on their wings, These are a few of my favorite things o Sound of Music

(Suède, la mi-automne 2010) – Les sous-entendus n’en sont même plus à ce stade, vu le manque de subtilité affiché et revendiqué dont les deux hommes font preuve. Mais c’est si bon, parfois, de ne rien prendre au sérieux et surtout pas soi-même. Il en veut pour preuve le rire qu’ils partagent tous les deux, comme deux grands gamins qui ne se soucient de rien, sinon de ce rare bonheur partagé. Bonne humeur qu’ils ont à cœur de cultiver. La promesse de ce que la soirée leur réserve ne suffit pas à les presser et c’est en prenant tout leur temps qu’ils se retrouvent au restaurant, à étudier la carte déjà bien connue par le Suédois et à profiter de la chaleur sèche du poêle. Elle est bien loin, la hâte de ce premier soir. Elle est bien loin aussi, la dernière fois que Chiranth a ressenti ce genre de connexion grandir à chaque nouvelle occasion de passer du temps avec la personne concernée. « Toute forme de chaleur est agréable, hein ? » Il sourit, autant aux mots qu’au contact physique qui les accompagnent. Adrian ne se doute pas d’à quel point la vie d’immortel manque de chaleur. Il ne se doute pas que les immortels existent déjà. Chiranth s’adoucit, mais il refuse aussi de laisser tout ça devenir trop sérieux : Adrian a le dont de le faire trop parler et il ne doit pas l’y encourager. « Toute forme, peut-être pas non. Je ne suis pas un homme si facile que ça, dis donc. J’ai des standards », ajoute-t-il, faussement outré.

La question des voyages est personnelle, elle aussi, et il est obligé de mentir parce qu’il ne peut pas expliquer tout ce qu’il a vu et tout ce qu’il serait incapable de reconnaître avec les siècles qui ont passé. Il connaît le monde et il ne le connaît pas à la fois, drôle de magie qui lui donne le temps de le visiter mais l’empêche d’y appartenir pleinement. « Bien sûr que j’apprécie. J’ai de super listes de lieux à visiter faites spécialement à mon attention par un gars du coin fort sympathique. » Quelle question, franchement. « Oui, oui, j’apprécie ce que je fais. Les chevaux… ça a toujours été une de mes passions. Et quand on a l’occasion de faire de sa passion son métier, et bien, que demander de mieux ? » Même si ça ne dure jamais longtemps et qu’il lui faut sans cesse se renouveler, il essaie de trouver ce qui lui plait. Comme Adrian devrait le faire avec ses photographies, bien que cette tête de mule refuse de l’entendre. « Sans parler de la beauté de la plupart des propriétés que je visite oui. D’ailleurs, si jamais j’ai vent de quelqu’un qui essaie de vendre son haras, je te met sur le coup. Ça doit donner une sacrée commission, ce genre de biens ! » Autant que ses contacts servent à quelque chose.

« Est-ce qu’il y a des endroits que tu aimerais quand même visiter un jour ? » Chiranth penche la tête sur le côté, songeur. Il y a bien des endroits qu’il apprécie plus que d’autres, notamment des climats chauds, mais « Pas vraiment. J’aime plus l’idée de voyager et de découvrir que la destination en soi-même. Peut-être… l’Afrique du Sud ? Ou la Nouvelle-Zélande ? » Ce n’est sûrement pas ce qui surprendra Adrian qui est bien au courant de son affinité avec la chaleur sous une majorité de ses formes, indeed. Il imite son compagnon du soir et lève son verre, mais rectifie le toast. « A la nôtre, Adrian. » Le vin est bon, même si son palet est loin d’être le plus sensible, comme certains lui feraient remarquer et il ne tarde pas à souhaiter un bon appétit à Adrian et attaquer son plat. Il hoche la tête, conquis par les saveurs. « Tu es vraiment de très, très bon conseil. J’ai eu de la chance de tomber sur toi. » Du moins c’est ce qu’il pense pour l’instant et il lui faudra encore un peu de temps pour réaliser à quel point il s’attache vite au suédois et se sentir bien plus malchanceux qu’autre chose. Mais pour l’instant il est au chaud, en train de déguster un bon repas, en excellente compagnie, et toutes ces idées noires sont bien lointaines.