so-fish-ticated (Citlalli & Camille)

Tu tenais toujours avec sérieux ton blog, dénichant des endroits hauts en couleurs, des cartes délicieuses et tu prenais en compte les suggestions de tes followers. C'était un monde étrange, t'étais une petite starlette et personne avait jamais trop vu ta gueule. T'avais cette impression bizarre d'être important sans l'être. Parce que on allait pas se mentir, c'était qu'un petit grain de sable dans l'immensité du monde. T'avais réussi à te trouver une place dans un nouveau restaurant qui allait sans doute faire un malheur, t'allais voir si ton palais était de ton avis. T'avais dû jouer de tes relations pour avoir ta fameuse réservation. Tu t'étais glissé dans la file d'attente sans trop prêter attention à ce que les autres faisaient ou disaient, tu t'étais coupé du monde. Tu murmurais plus que tu ne chantais en te laissant porter par la musique qui sortait de ton casque.

" Even when the dark comes crashing through
When you need a friend to carry you
When you're broken on the ground
You will be found"

L'attente passa presque toute seule avec de la bonne musique, t'étais dans ta bulle, reclus alors que t'étais dans une foule. Mais tu savais que vous n'apparteniez pas au même monde. T'avais enfilé un T-shirt avec la gueule de Scar dessus, il était d'un vert sombre, un jeans troué sur toute la surface des jambes et des New Rock à talons complétaient ta panoplie. T'avais mis un discret trait eye-liner sous tes yeux et t'avais peint tes ongles, un de chaque couleur, t'avais le drapeau gay sur les doigts, t'essayais de le faire de plus en plus souvent, même si tu te ramassais des regards moqueurs dans le meilleur des cas, même si on crachait à tes pieds dans le pire... T'avais enfin la possibilité de vivre au grand jour celui que t'étais, et c'était un truc impossible un siècle en arrière. T'étais pas à l'abris de te faire casser la gueule, mais t'assumerais au moment venu. A l'intérieur du restaurant, ambiance Tokyoïte et néons, t'avais pris quelques photos (après avoir demandé à la serveuse qui t'installais à table, t'étais en train de rédiger un petit trailer pour la mise en bouche des gens qui suivaient ton blog. T'essayais de jamais montrer ta gueule. Ta commande fut vite passée, tu prenais un tas de trucs, du Tamago sushi aux tempuras, en passant par les brochettes et la salade d'algues, t'avais pris pas mal de p'tits trucs pour pouvoir goûter à tout, et t'avais choisi un petit cocktail, un "Blue Okinawa", y'avait de la vodka dedans, et t'aimais ça. T'allais passer une bonne soirée, enfin... C'est ce que tu pensais jusqu'à ce qu'une vision te traverse. "Mouillé". Et rien d'autre. Bon sang... Quelqu'un de ta constellation allait finir noyé c'est ça ? T'allais appeler tous tes proches, comme d'hab, quand tu finis bah... Mouillé, on venait de te renverser des mojitos à la gueule. T'avais rien contre le Mojito en temps normal, mais dans un verre. Un des serveurs venait de se casser la gueule en trébuchant sur... Une laisse ? Tu secoues la tête et rabat tes cheveux en arrière, tu savais qu'ils allaient assurément coller, et c'était la même chose pour ton t shirt, en plus de sentir... Le sake ? T'eus une grimace, ça sentait fort, ça allait te brouiller les sens. Tu tournais la tête vers ta voisine d'à côté qui elle, s'était tapé le poisson. Tu savais pas c'était quoi le pire. Ah... à voir la planche de bois que t'avais faillis te prendre dans la gueule... C'était peut être pour ta pomme le pire. Tu t'étais levé d'un bond, et t'avais au passage, après un rapide :

"Permettez ?"

Retiré des cheveux de ta voisine de table une lamelle de thon. En v'là un qui aurait dû rester dans son océan là. T'eus un sourire amusé de la situation. C'était pas grave, t'en verrais d'autres.

"On peut pas dire, le poisson est frai ici, il est encore vivace."

Tu t'étais levé à la base pour... AH OUI tu le sentais PLUS QUE BIEN maintenant, tu secouais le dos de ton t-shirt pour te débarrasser de la morsure des glaçons sur ta peau, tu retirais même un quartier de citron vert de sa cachette.

"J'vous conseille pas le mojito par contre, je pense qu'à l'odeur, il est très fort."

Un rire amusé t'échappe. T'étais assez relax comme mec, mais t'étais pas sûr d'aimer avoir le t shirt trempé à l'alcool.

"Z'allez bien ? On risque pas d'oublier notre passage ici dites donc."

Tu t'étais adressé avec un sourire polisson à ta voisine de table. Tu voulais voir si le serveur allait bien, mais il s'était relevé d'un bond, confondu en excuses et s'était enfui dans les cuisines, tu savais bien comment ça se passait, et t'en voulais aucunement au restaurant ou au serveur pour ça, c'était des choses qui arrivaient, tu le savais, t'avais été à leur place à une époque.


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@Camille Kergoat

Assise face a cet homme insipide, elle se demandait ce qu’elle faisait là. Ah oui ! Elle avait eu absolument envie de manger dans ce restaurant et il lui avait offert cela. Mais cet homme… Il était inintéressant a ses yeux. Il était arrogant, narcissique et un peu obsédée par la beauté. Et Citlalli avait un peu horreur de ce genre de chose, le culte de la beauté de la société d’aujourd’hui.  Aujourd’hui tout devait être beau, tout devait avoir l’air parfait. Les femmes devaient être mince, souple, svelte, et belle. Tous les hommes devaient être grand, musclé, fort et gentleman, mais pas trop car les femmes devaient aimer les badboys. Elle trouvait tout cela ridicule.  Dans le temps où elle avait été humaine, il n’y avait pas tout cela. Le physique ne comptait pas autant. L’homme qu’elle avait épousé a cette époque n’avait pas était le plus bel homme qui lui est était donner de voir, il n’avait pas était le plus grand, le plus fort, ni tout ce que la société de maintenant attendait d’un homme « parfait », mais elle l’avait aimé, elle l’avait même éperdument aimé. Tellement que depuis sa mort elle n’avait jamais retrouvé un homme qui lui faisait ressentir la même chose. Peut-être pouvait on dire qu’elle avait déjà trouver l’amour de sa vie et l’avait perdue ? En tout cas, elle ne comptait pas faire quoique ce soit de plus que manger, ce soir, avec cet homme qu’elle avait face a elle.

Elle s’ennuyait donc, mais au moins elle mangeait bien. Les plats semblaient appétissants et avait du goût.  Oui, elle passait un bon moment, culinaire seulement, malheureusement.  Elle était donc en train de chercher une excuse pour écourter le repas, quand un serveur maladroit trébucha et renversa son plateau.  Et elle se retrouva donc avec des sashimis  de thon et saumon partout sur elle. Elle se recula d’un coup en bondissant et grimaça. Autant manger des sashimi cela lui plaisait, mais se retrouver couvert de cela, elle n’était vraiment pas fane.  Son rencard se mit a pester contre le serveur, alors que Citlalli fronça les sourcils en le regardant.

« Ca va, c’est bon, c’est pas grave. » Dit elle pour le calmer.

Elle sursauta un peu quand elle entendit une voix masculine derrière elle  et tourna la tête pour regarder le jeune homme qui enlever un peu de thon qui était coincé dans ses cheveux. Elle lui fit un beau sourire, parce que Citlalli était plutôt chaleureuse et très souriante. Elle rit a sa blague.

« Oui, en effet, j’avais pas vue sur le menue qu’on nous le servait encore vivant ! »

Elle cligna des yeux et fronça le nez en sentant son odeur. Visiblement, lui avait eu pire que des sushis sur lui. Il sentait fort le mojito et elle ne put que compatir. Elle rit a nouveau quand il fit une blague sur cela encore une fois. Définitivement ce jeune homme avait de l’humour et elle aimait cela.

« En effet, sans vouloir vous vexé, je ne pensait pas que  Scar était un alcoolique » Dit elle en riant.

Elle avait vue son teeshirt et le trouvait vraiment sympa. En fait, le look de ce garçon lui plaisait, il était décalé vis-à-vis des autres client, même d’elle qui était en jolie robe noire.  Et elle rit a nouveau.

« En effet on va pas l’oublier ! Mais c’est une bonne chose non ? Ca fait une sorte de pub a ce restaurant » Elle lui fit un clin d’œil en souriant.


Elle ne fit absolument aucune attention au serveur. Pas qu’elle s’en fichait, mais il semblait aller bien et juste mal a l’aise. Elle se tourna vers le jeune homme, et oublia totalement son rencard, toute façon c’était loin d’être inoubliable.  Elle n’oublierais pas la soirée certes, mais elle oublierait certainement l’homme  avec qui elle était venue a la base dans ce restaurant.  

« Je m’appelle Citlalli au fait, et vous ? » Elle sourit « Et vous diner seul ? Enfin, avec Scar ? Et…Votre mojito ? » Dit elle en riant.

Elle était tourner vers lui, elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle trouvait ce jeune amusant et donc elle préférait discuter avec lui.

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La chance que t'avais là tout de suite... C'est que la jeune femme qui avait partagé ton malheur n'était pas du genre à hurler sur les serveurs ou à se complaire dans son malheur, ça aurait été beaucoup moins... Agréable. C'était des petits aléas de la vie, des petits accidents. Mais... Entre autre, c'est ce qui faisait que vous étiez vivants et que vous ne vous ennuyez pas trop. C'est important quand on a une paire d'années au compteur. Son sourire en fit naître un, instantanément, sur ta bouille, et un petit rire t'échappa.

"... Assurément, c'était pas noté sur la carte ! J'comprends mieux l'arche en aquarium sous laquelle on a dû passer en entrant."

Et t'avais pas trop aimé ça... En réalité, t'as eu peur que ça se pète et que tu te retrouves avec des trombes d'eau sur la gueule. T'étais mort une fois par noyade... Maintenant tu faisais gaffe. Jamais à la mer ou à la piscine sans une bouée ! Généralement tu te payais le luxe d'une bouée licorne. En prime. Mais BREF t'étais jamais trop à l'aise avec l'eau. BON prendre une douche, ça passait, visiter un aquarium... Cela pouvait devenir compliqué. Un p'tit sourire et un reniflement amusé plus tard, tu haussais les épaules.

"C'est surtout un bon méchant Disney ! Mais... J'suis pas sûr que les lions trouvent beaucoup d'alcool dans la savane, ou alors on m'a caché deux ou trois trucs."

Tu hausses les épaules à ces mots, une nouvelle fois. Certains appelaient ce genre de comportement, de la "nonchalance à la française". C'était juste que t'avais vécu tellement de truc que ça te faisait revoir le sens de tes priorités. Tu te sentais un peu collant, maiiiiis tu savais que t'aurais une bonne douche en rentrant et que tout ça serait oublié aussi vite.

"J'ai déjà prévu de leur faire une p'tite pub." Tu secoues doucement les mains. "Enfin... J'vais pas les descendre ! De toute façon j'ai encore rien goûté. J'tiens un blog de critique culinaire. Ce truc changera pas ma critique, j'suis pas comme ça. J'ai été serveur avant. Y'a des trucs qu'on maîtrise pas." T'avais ton même accent traînant, elle se présenta finalement à toi. C'était une belle femme. ça... Tu pouvais pas dire le contraire, tu lui fis un joli sourire, et singea une p'tite courbette au passage, avant de reprendre place à table, non sans avoir épongé le maximum de ce que tu pouvais.

"Camille. Enchanté Citlalli." Un sourire complice t'échappes. "Ouais.. J'ai pas encore trouvé quelqu'un que je pourrais traîner au restaurant régulièrement malheureusement ! Donc... Je fais avec les moyens du bord v'voyez ?"

Tu te penches un peu pour apercevoir l'homme qui mangeait avec lui et dont le regard lançait des éclairs, avant de tourner la tête vers la femme. L'homme semblait mal vivre ce soudain gain d'intérêt de la Dame pour ta petite personne. Une expression mutine se fit sur ton doux visage. "Vous voulez me tenir compagnie ? Enfin... Si m'sieur n'y voit pas d'inconvénients." Tu montre d'un signe de tête le mec qui était dans sa rage. C'était ça, les hommes, ce siècle ci, ou le siècle dernier, ils avaient tendance à être possessifs. Pourquoi donc ? C'est pas comme si le corps et l'âme de l'autre nous appartenait. C'était pas parce que ton compagnon acceptait de sortir avec toi qu'il t'appartenait totalement, qu'il arrêtait d'avoir sa vie propre. Toi... T'étouffais pas tes partenaires... Tu les respectais trop. Tu pouvais tout simplement pas. La liberté c'était quelque chose de tellement important. Tant que ton partenaire était heureux, tu te disais que ça suffisait. T'étais sans doute naïf, idéaliste... Mais t'avais pas vraiment matière à comparaison, t'en avais eu, des histoires, mais elles n'avaient jamais excédées une nuit, un mois. T'avais peur... Peur que ton secret soit dévoilé, peur de les perdre, et peur de leur mentir.



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