Alors on danse - Aonghas

11 février 2022 - 23h30

Il y avait comme quelque chose qui n'allait pas en ce moment. Des visions récurrentes. Un sentiment de malaise presque permanent. Des rêves qu'il détestait faire. Il y avait toutes ces choses dans sa tête, provoquées par son don, sans aucun doute, probablement aussi par ses liens avec la constellation. Il les savait proches, plus proches que d'ordinaire, pour certains d'entre eux au moins. Et ça n'aidait pas, évidemment, ça n'aidait jamais. Mais il y avait autre chose. Il y avait ce papillon qui revenait souvent. Et jamais aucun des membres de sa constellation n'était apparue sous cette forme dans ses visions. C'était plus souvent lui, le papillon, c'était plus souvent ainsi qu'il voyait des choses qui allaient lui arriver. Alors pourquoi revenait-il sans cesse ? Ou plutôt, qu'allait-il lui arriver pour que cela revienne à ce point ? C'était cela la vraie question en fait. Qu'allait-il arriver pour que son esprit soit à ce point perturbé, c'était toujours ce qu'il se demandait quand les visions étaient à ce point récurrentes. Même si il savait que ça ne servirait à rien. Parce que jamais il ne comprenait ses visions avant qu'elles n'aient lieu de toute façon...C'était peut-être bien ça le pire avec ce foutu don. Ne jamais rien comprendre et se faire tout de même surprendre par ce qui arrivait.

Et devant les yeux de l'immortel dansait encore le papillon à cet instant, alors qu'il était allongé sur le dos par terre au milieu de l'appartement. Il le voyait quand il fermait les yeux, il le voyait quand il fixait le plafond, il le voyait au milieu des volutes de sa cigarette et au fond des verres qu'il descendait. Parfois, il venait se poser sur sa main qu'il tendait vers lui mais quand il essayait de l'attraper, il s'évanouissait pour réapparaître plus loin. Les couleurs changeaient, les formes changeaient un peu, mais il restait toujours cet étrange papillon lumineux, coloré, volant presque gaiment au milieu de tout ce qui n'allait pas, au milieu du chaos du reste de ses visions. Pourquoi ? Peut-être devenait-il simplement cinglé, après autant d'années à vivre. Pas le plus vieux des immortels, loin de là, mais il avait peut-être fait son temps. Et peut-être que lorsqu'il voyait le papillon tomber au sol en tourbillonnant, il se demandait si ça ne pourrait pas être lui, après touts ces siècles. Serait-ce paisible, une fois de l'autre côté ? Grande question. Au moins, il n'aurait plus la culpabilité. Et avec un nouveau soupir expulsant la fumée, le papillon se dissipa à nouveau et l'immortel se redressa. Il avait assez traîné là pour la soirée.

Mais déjà, l'insecte volant était de nouveau là, dans l'entrée. Il avait secoué la tête, sachant bien que ça ne suffirait pas à le faire partir et alla jusqu'à la porte pour suivre le papillon, encore un peu. Le suivre dans les rues, sans même avoir pris une veste, se moquant du froid ou de l'humidité de la nuit. Suivre le papillon qui voletait de la lumière d'un lampadaire à un autre, qui semblait suivre son propre chemin au milieu des rues. Parfois, s'allumer une clope sur le chemin, avant de juste jeter le mégot et remettre les mains dans ses poches. Prendre un cachet du sachet de sa poche aussi, quitte à avoir des visions, autant les confondre encore un peu plus avec la réalité qui l'entourait. Et continuer de marcher, croisant quelques regards étonnés, faisant un signe de main à certains qui le dévisageaient plus que d'autres, suivre la vision de lumière jusqu'à l'enseigne lumineuse d'un club. Et hausse les épaules, parce que de l'alcool par-dessus le reste ne ferait pas de mal et, qu'au pire, il se réveillerait quelque part demain matin et trouverait bien un moyen de rentrer chez lui.

Entrer dans l'atmosphère surchauffée, au milieu des gens, des serveurs dont la tenue lui rappela quelque chose. Il connaissait ce club, bien entendu, il y allait de temps en temps, il se rappelait des soirées à thème surtout. Et cette fois, c'était plus que réussi. L'immortel souriait, content de se retrouver au milieu du bruit et loin de la solitude de ses visions, content de se mêler aux gens et aux corps qui bougeaient, content de laisser la musique le faire bouger et son esprit s'élever hors des problèmes. Le papillon qui apparaissait toujours, fugitivement, dans les angles morts de son champ de vision et, dès qu'il tournait la tête, il s'évanouissait encore. Un jeu de cache-cache étrange, au milieu des corps qu'il frôlait, qu'il touchait plus franchement parfois, alors qu'il sentait le sien vibrer à un rythme étrange. Poussé toujours plus, encore un peu plus, jusqu'à s'échouer au bar et chercher des yeux quelqu'un derrière. Ses yeux s'accrochèrent à lui comme le papillon à la lumière bleue d'une lampe, la tenue, ou plutôt son absence, le corps dans la pénombre du lieu, avant même de remonter au visage, aux boucles brunes sous la couronne. Il le connaissait, l'immortel en était sûr, mais d'où ? Impossible de remettre le doigt dessus. Ou de trouver un prénom dans le fourbis qu'était sa mémoire. Hé toi, faut faire quoi pour avoir un verre ici ? La voix un peu forte, pour sonner par dessus le reste, alors que ses yeux continuer de dériver partout où ils le pouvaient, partout sauf vers le visage qui lui semblait trop familier.

Coude sur le bar, le menton dans la main, il regardait le barman avec un sourire, son esprit n'ayant pas besoin de beaucoup user d'imagination pour deviner ce que le maigre tissu pouvait cacher. Et à mesure qu'il le regardait, à mesure qu'il regardait ce corps, cette impression de plus en plus tenace qu'il le connaissait, cet homme. La seule explication, l'explication la plus logique également, devait être qu'il avait partagé une nuit avec lui, sans qu'il ne se rappelle quand ou comment. Pas des détails dont il s'embarrassait beaucoup, surtout en ce moment où son esprit avait déjà du mal à se concentrer sur plus d'un évènement en même temps. D'ailleurs, il n'avait pas fait attention tout de suite, juste quand il l'avait vu s'approcher, pour venir parler près de son oreille. Continuer de sourire malgré tout et, enfin, aviser qu'il y avait d'autres personnes accoudées à ce bar, effectivement.

Mais pas très important. Il était revenu au barman, le regardant prendre les commandes autres, l'impression persistant encore et toujours un peu plus. Pourquoi son cerveau continuait de focaliser sur le fait qu'il l'avait probablement déjà vu ? Si ce n'était qu'un coup d'un soir comme ça, ça n'avait rien d'important, ça lui arrivait de revoir des hommes après coup. Et puis la question de savoir si ça n'était qu'un soir ou si ça pourrait se reproduire était venue, lui faisant arborer un nouveau sourire. Parce qu'il avait envie de toucher à nouveau cette peau. Mais il secoua légèrement la tête en le voyant revenir vers lui, en l'entendant lui lancer une nouvelle petite pique. Ça marche la provoc' pour avoir des pourboires ? Toujours le même sourire alors que l'immortel se redressait un peu pour se passer une main dans les cheveux et réfléchir un instant.

Un Screaming Orgasm, ça me dirait bien. Grand sourire, parce qu'il aimait vraiment bien ce cocktail, en plus du nom qui le rendait encore plus drôle. Il s'appuya de nouveau sur sa main, n'essayant même pas de faire semblant en matant sans honte le barman. Ce costume est franchement...parfait. Pas beaucoup de place à l'imagination mais il te va vraiment bien... Un petit sourire de plus, en se retenant de dire qu'il n'espérait que pouvoir le lui enlever et il se mit à fouiller dans ses poches pour trouver de quoi payer. Sortir un peu trop pour juste un cocktail et s'en ficher allégrement, parce que ça n'était pas franchement important, pas plus que de savoir combien coûtait réellement le verre.  

Bien entendu qu'il l'avait vu pouffer, bien entendu qu'il savait que le nom ferait rire n'importe qui le voyant. Mais cela faisait aussi partie du truc. Et cela le rendait encore plus drôle et presque encore meilleur. Et bien évidemment, ne pas lâcher l'homme des yeux pendant qu'il notait ça, tout sourire, encore plus en le voyant se pencher au-dessus du bar. Ne pas manquer un seul détail, même dans la pénombre, et sentir le frisson remonter le long de son dos quand il avait vraiment proche sans pour autant pouvoir le toucher. Tourner juste un peu la tête vers son visage, avec un petit air moqueur et amusé dans les yeux. Oh ça, ce serait terrible, je ne m'en remettrais jamais... Et le laisser passer au client suivant. Se retourner vers celui qui faisait les verres, un peu plus loin, le détailler un peu, sa tenue, sa dextérité, mais cela ne dura pas. L'immortel se retourna rapidement vers l'homme qui avait pris sa commande. L'éphèbe tellement dévêtu qu'il aurait été en tenue d'Adam que ça n'aurait pas changé grand chose. Garder un coude sur le bar, la main appuyée dessus pour le regarder s'occuper des autres clients. Inutile de se croire spécial avec lui, il devait faire le même petit numéro à tous ceux qu'il servait, mais il ne pouvait s'empêcher d'apprécier.

Soupirer un instant avant de voir arriver le collègue avec les verres. Pas le. Bien les. Lever un sourcil en le regardant un peu tout de même, surtout cette toge beaucoup trop courte. Et avec un sourire de plus en plus grand sur les lèvres quand il avait posé les verres devant lui et parlé. Exploser d'un rire franc et sincère, avant de remercier le barman et de commencer par prendre le Blowjob et lever en direction de ce petit plaisantin aux boucles brunes. Il l'avala cul sec, sentant le goût des alcools sur sa langue. Mimer sans le dire à haute voix un quand tu veux avant de se mordre la lèvre inférieure. Il avait envie de faire tellement plus avec cet homme. Il semblait même presque se souvenir de quelques choses qu'il avait pu faire avec lui, sans savoir si c'était son esprit qui délirait encore ou si des choses s'étaient réellement produites entre eux. Peut-être qu'il ne s'était jamais rien passé, qu'il ne faisait que fantasmer à cause de la tenue, de l'alcool, de la soirée...

Prendre l'autre verre pour le boire plus mesurément cette fois. Une petite gorgée, en regardant toujours le barman. Avait-il droit à une petite pause ? Il avait envie de demander en s'approchant avec son verre. Je vois qu'on a de l'humour. Dommage que tu sois derrière ce bar à travailler... Il soupira, faussement déçu et but une nouvelle gorgée de son verre en se retournant vers la salle, le dos appuyé sur le bar, près de l'homme. Regarder un peu les corps qui dansaient, les visages sous les faibles lumières changeantes. Je vais devoir me rabattre sur quelqu'un d'autre. Au moins tant que le service est pas fini. Enfin j'imagine. Je me fais peut-être des idées. Tourner la tête pour couler un autre regard vers lui et puis désigner un homme, grand et bien bâti qui dansait pas très loin. Le désigner totalement au hasard, juste pour voir. Lui peut-être ? Il ferait l'affaire, non ? Un coup vite fait, dans les chiottes, contre le mur... Et boire une nouvelle gorgée. La soirée s'annonçait bien mieux qu'il ne l'avait pensé, même le papillon avait disparu de son champ de vision, ce qui ne pouvait qu'être une bonne nouvelle.  

Jouer bêtement avec lui, en désignant n'importe qui au pif, en faisant comme si. Pourquoi est-ce que ça ferait quoi que ce soit au barman de toute façon hein ? Il en voyait tous les soirs des types comme lui, il devait même s'en taper régulièrement sans s'en souvenir. Comme l'immortel du reste. Ça ne serait qu'un mec comme un autre. Il essayait de s'en convaincre alors que l'impression étrange revenait quand il entendait sa voix par dessus le bruit de la boite, par-dessus la musique et les voix. Il souriait largement, en sirotant son verre, tranquillement, en laissant ses sens s'engourdirent, en laissant son envie pour l'homme grandir encore et encore. Hmm, il me branche un peu, c'est vrai, mais bon, y'a mieux. Il souffla ça doucement, laissant l'autre continuer à parler. Sa voix qu'il entendait en essayant de se retenir au mieux, pour éviter de lui sauter simplement dessus. Mais ça devenait de plus en plus dur à mesure qu'il l'écoutait.

Trois heures du mat' ? Effectivement, c'est long... Faussement désespéré, faussement agacé, l'immortel n'était pas à quelques heures près. Alors c'est rapidement un grand sourire qui s'afficha sur ses traits. Parce qu'il sentait bien quelque chose chez l'autre, il sentait bien qu'il avait autant envie que lui de vite se tirer du bar au plus vite. Et tourner la tête vers lui pour détailler ce visage qui lui semblait si familier en l'entendant. Est-ce qu'un coup vite fait dans les chiottes lui suffirait...? Non probablement pas, parce qu'il voulait explorer ce corps bien plus en détails et pas juste le posséder dix minutes contre un mur. Il le voulait juste à lui pendant au moins la fin de la nuit. Se mordre un peu la lèvre en l'écoutant, en voyant son haussement de sourcils, envie de l'attraper, quitte à le prendre sur le bar. Il but une nouvelle longue gorgée et soupira doucement. Regarder de nouveaux vers la piste, vers les corps qui dansaient. Un instant, croire qu'il avait vu le papillon et secoué la tête pour le faire disparaître, juste avant d'entendre la voix de l'homme dans son oreille. Si proche et pourtant si inaccessible...

Un frisson qui remontait le long de sa colonne vertébrale, alors qu'il se retournait pour le voir rajuster sa tenue. Ça me semble être un excellent programme. Finir le peu du verre qui lui était déjà bien monté à la tête et le reposer sur le bar, continuant de regarder un peu le corps du barman, impossible pour lui de s'empêcher de loucher dessus. Mais il le fallait bien, au moins pendant quelques minutes. S'éloigner du comptoir, traverser la foule, une nouvelle fois en se laissant emporter, happer par la musique et la sensation d'entrée dans une marée peut-être un peu trop forte pour lui. Mais s'y retrouver, faire son chemin jusqu'aux toilettes. Juste se regarder un instant, se demander si changer quelque chose pourrait être une bonne idée, mais avec l'alcool dans son sang, ça pourrait aussi mener à des résultats inattendus...Juste se passer un peu d'eau sur le visage et attendre le barman gréco-romain, dans une impatience digne d'un enfant qui voulait ouvrir ses cadeaux de Noël.   

Rester là, quelques instants, à souffler un peu, avant de refermer le pantalon. Si la nuit entière était à l'image de ce qui venait de se passer là, il allait être clairement un homme heureux avant le lever du soleil. Il était finalement sorti, remettant en place ses cheveux d'un geste de la main, et traversant à nouveau la boite de nuit. Plus aucune attention envers les corps, envers ceux qui le frôlaient, le touchaient, envers ces hommes qu'il aurait pu trouver attirant, quelques minutes plus tôt. Tout ce qu'il voulait maintenant, c'était sortir et retrouver le barman. Filer au milieu de la marée humaine et s'extirper de l'air surchauffé de la boite pour sentir celui, bien plus frais, de la nuit londonienne. Il eut un frisson en laissant la vapeur monter de ses lèvres et se mit à fouiller ses poches à la recherche d'une cigarette et de quoi l'allumer, n'attendant que le barman, incapable de penser à autre chose que son corps sur le sien, que ses lèvres sur lui, que ses doigts dans ses boucles brunes...  

Toujours en train de fouiller dans ses poches de pantalon pour trouver un briquet quand il avait senti la main sur sa nuque. Juste eu le temps d'attraper sa clope avant que les lèvres de l'autre ne viennent cueillir les siennes avidement. Juste quelques minutes et déjà en les retrouvant, il avait eu l'impression que ça lui avait manqué, pour une raison totalement inconnue. Pourquoi un homme qu'il venait de rencontrer lui manquait au bout de quelques instants d'absence, ça n'avait aucun sens. Mais il aimait bien trop la sensation de cette langue sur la sienne, de cette bouche contre la sienne. Même si elle s'en allait déjà bien trop vite. Quoi que sentir la main prendre la sienne pour l'entraîner avait été tout aussi agréable, dessinant sur ses traits un grand sourire ravi alors qu'il suivait rapidement l'homme qu'il prit un peu le temps de regarder. Surtout les fesses dans ce slim noir parfait, oubliant totalement qu'il voulait allumer sa clope. Jusqu'à la ruelle, jusqu'à se faire plaquer une fois de plus contre un mur.

Cette sensation qu'il aimait tant, sentir le corps de l'autre contre le sien, pouvoir glisser ses doigts sous la veste et sentir uniquement la peau sous ses mains, sentir celles de l'autre sur sa propre chair, ses lèvres à nouveau sur les siennes. Cette sensation qu'il aimait, qu'il ne voulait pas voir s'arrêter, même pour respirer. Si il devait s'étouffer comme ça, ce serait une mort bien plaisante, aucun doute ! Et vouloir le rattraper pour le ramener à lui quand il avait reculé. Trop loin, en tout cas si il ne voulait pas se décoller du mur sur lequel il était toujours bien appuyé. Et rire franchement, amusé, adorant autant la blague en elle-même que l'humour de l'homme qu'il avait en face de lui. Ne rien prendre au sérieux, voilà une attitude qui lui plaisait. J'ai hâte de voir ça alors. Remettre la clope entre ses lèvres et piquer le briquet de l'autre pour l'allumer sans vraiment y prêter attention avant de lui rendre. Rire en même temps que lui et suivre un peu, gentiment, amusé que l'autre ne soit visiblement pas en état de savoir par où était sa maison. Il n'y avait donc pas que lui, c'était rassurant en un sens.

Suivre, sans pouvoir s'empêcher de mater ce qu'il avait sous les yeux. Pas pu s'empêcher de l'attraper par le bras à un moment, en sortant d'une ruelle, pour le ramener à lui et retrouver encore ses lèvres. Parce qu'il ne pouvait pas s'en passer, même quelques minutes, tout comme il ne pouvait pas s'empêcher de sentir son corps sur le sien. Finalement le relâcher et rigoler un peu. On arrivera jamais si j'arrête pas de faire ça. Pourquoi je peux pas m'empêcher de t'embrasser dis moi ? Demander ne servait à rien, mais qu'importait. Rire encore un peu avant de fouiller dans ses poches pour chercher son paquet de clopes et reprendre son chemin avec la clope au bec. Enfin trouvé son briquet dans sa poche arrière, il avait allumé la cigarette et continuait de loucher vers l'homme. Se dire, un instant, qu'il ne connaissait même pas son prénom mais que, vu la tenue qu'il avait au bar et ce qu'il continuait à porter là, l'appeler Eros ferait l'affaire. Au moins pour la soirée.

Rigoler encore un peu plus à la réponse de l'homme à ses côtés, avant de repartir, avant de reprendre leur chemin à travers les rues. Des arrêts de plus, des baisers de plus, toucher la peau encore un peu plus, jusqu'à ce qu'ils arrivent finalement à l'immeuble en question. L'immortel avait suivi, jusqu'à l'ascenseur. Et même l'alcool dans son sang n'avait pas pu l'empêcher d'avoir un mouvement de recul face à la boite en métal dans laquelle l'autre entrait comme si de rien n'était. Sentir qu'on l'attrapait, qu'on le tirait à l'intérieur et rester tout simplement paralysé. Lever les yeux en essayant de respirer, en essayant de ne pas laisser la panique l'envahir, alors qu'il sentait les doigts dans ses cheveux et les lèvres dans son cou sans que cela n'aide vraiment. Au contraire. Rien qui lui fasse oublier la sensation d'enfermement, rien qui lui permette de faire comme si il n'était pas dans une boite de métal, trop petite, dans laquelle il n'y avait clairement pas assez d'air...Jusqu'à ce que les portes s'ouvrent enfin à nouveau. Respirer à nouveau pleinement alors qu'il était sorti rapidement de là. Rien osé dire parce que l'autre n'avait rien vu et juste être entré dans l'appartement.

Et il savait qu'il l'avait déjà vu, cette appartement. Et qu'il avait donc déjà réellement vu cet homme qui y habitait. Des flashs de cette nuit, surtout du matin en fait, entre songes et réalité alcoolisée. Il essayait encore de se remettre de sa crise de panique quand il réalisa qu'il connaissait l'homme, bien plus intimement qu'il l'avait pensé au début. Juste acquiescer quand l'autre lui avait demandé si il voulait un verre. Bien sûr qu'il voulait un verre, il n'allait pas s'arrêter là, pas pour si peu. Pas vraiment important, pas là tout de suite. Parce que voilà que le barman était déjà là, contre lui, à lui enlever son t-shirt et à l'embrasser. Un petit sourire en coin, se demandant si lui il l'avait reconnu depuis le début ou non. Et puis le voir partir dans la cuisine, le laisser faire sans le suivre tout de suite. L'immortel soupira longuement, avisant la veste en cuir qu'il reconnaissait à présent, il l'avait oubliée ici la dernière fois qu'il y était venu. Il avait encore ce foutu mug dans sa cuisine du reste. Fouiller dans ses poches pour retrouver une cigarette et aller chercher son briquet dans la veste en cuir pour l'allumer et se rendre dans la cuisine.

Posé contre l'encadrement de la porte, il l'avait regardé, l'homme toujours aussi beau, toujours plus dévêtu. Regarder chaque détail à la lumière, l'or sur ses paupières, la tenue qui le mettait parfaitement en valeur, les boucles retenues par la couronne de lauriers, sans parler des tatouages qui commençaient à apparaître sous une couche de fond de teint qui partait. Il en avait probablement sur lui d'ailleurs. Pas vraiment important. Il s'était avancé jusqu'à lui pour attraper son verre et en boire une gorgée, content du goût de bonbons qu'il sentait sur ses papilles, en plus de celui de l'alcool qui allait éloigner encore un peu ses diverses pensées logiques et lucides dont il n'avait définitivement pas besoin. Ooooouh, ça c'est sacrément bon dis... Et venir embrasser l'homme en s'appuyant bien sur lui, en se frottant sur ce corps qu'il désirait plus que tout là tout de suite, les mains sur les hanches de l'homme pour bien coller son bassin au sien et le presser un peu plus contre le plan de travail. Ton corps me rend carrément dingue... Avant de commencer à embrasser son cou fiévreusement, son pantalon devenant de plus en plus serré.

Embrasser sa peau, comme si il pouvait la dévorer, en posant ses mains partout où il le pouvait, en explorant ce corps avec avidité, avec envie. Une envie de plus en plus évidente qui se pressait contre son bassin, sans qu'il n'y ait de réciproque du reste. Un détail sur lequel il se concentrerait plus tard, parce que la voix dans son oreille l'avait presque fait frémir alors qu'il remontait une main jusqu'à la naissance de ses cheveux, au creux de la nuque, entortillant le bout de ses doigts comme il le pouvait. Il voulait tellement plus, il voulait goûter toute sa chair, sans pouvoir s'empêcher de mordre parfois, sans pouvoir s'empêcher de frotter encore un peu plus, ravi de sentir la pression sur ses fesses qui le rapprochait encore un peu plus du bassin de l'autre. Un petit sourire sur les traits en l'entendant, presque un léger rire. Du moment que tu gémis et que tu cries, ça peut être n'importe quoi. Tant qu'il donnait de la voix, ça lui irait parfaitement, tant qu'il entendait cette voix-là, déjà si belle quand il ne faisait que parler, partir cers les hauteurs grâce au plaisir.

Sourire et rire avec lui, parce que ça faisait du bien, encore plus après ça, encore plus quand la couronne de lauriers leur était tombée dessus. Il y avait quelque chose de tellement agréable à l'entendre rire. Oups, faut croire que j'ai pris ton "encore" trop littéralement alors. Rire encore un peu plus, avant de se laisser embrasser et de regarder l'homme contre lui se retourner. Pas pour un "encore", juste pour préparer des verres. Quelque chose dont l'immortel avait étrangement besoin. Un verre dans la main, le barman qui s'en allait de son étreinte, et un sourire sur le visage en le regardant s'éloigner et s'arrêter à l'entrée de la cuisine. Et rire franchement, alors qu'il était en train de boire une gorgée, manquer un peu de s'étouffer au passage, mais continuer de rire quand même. Et lancer un Allumeur ! quand l'autre était reparti sans vraiment l'écouter, probablement. Il était resté un instant dans la cuisine, à boire une nouvelle gorgée de son verre. Mais quand il avait voulu marcher, se rendre compte que son pantalon n'était clairement pas dans une position idéale pour marcher. Soupirer un peu et s'en débarrasser rapidement. Pas vraiment besoin de ça.

Et puis, son verre à la main, venir retrouver l'homme dans le salon où il s'était enfui. Et le regarder là, en train de lutter pour enlever la chainette. Incroyablement séduisant, incroyablement attirant. Il sirotait son verre en l'admirant, parce qu'il n'y avait rien qu'il n'aimait pas dans ce qu'il voyait devant lui. Il luttait contre le mécanisme, se mordant la lèvre et l'immortel ne pouvait s'empêcher d'avoir un large sourire sur les lèvres. Il ne pouvait s'empêcher de le regarder, ses boucles brunes, son corps fin, sans parler des lunettes sur son nez, qui lui donnait un petit air charmant. Et il ne savait pas si c'était uniquement l'alcool qui lui faisait ça ou si il y avait autre chose, derrière cette petite pointe d'admiration qu'il ressentait à poser les yeux sur lui. Il aurait voulu rester à le regarder se débattre maladroitement avec la fermeture de sa jupette réellement beaucoup trop courte, mais il avait aussi cette furieuse envie de juste le voir sans. Alors il était venu jusqu'à lui et avait posé le verre sur la table avant de se rapprocher, sans doute beaucoup trop près pour ce qu'il avait à faire mais qu'importait et avait entrepris de défaire cette fermeture bien trop petite pour ses doigts et pour son niveau d'alcoolémie. Quelle idée aussi...C'est tout petit ton machin là...Comment tu l'as seulement attaché ?

Rire un peu et se mettre à poser des baisers sur l'épaule qu'il avait juste à portée en arrivant enfin à défaire la fermeture, sans la casser, et laisser tomber au sol ce qu'elle retenait. Afficher un grand sourire avant de juste se laisser tomber dans le canapé et reprendre son verre. Encore donc ? Il avait ri et bu un peu plus de ce verre qui continuait de lui monter à la tête. Et surtout continué de regarder l'homme avec lui, toujours avec cet air dans le regard, comme si il avait envie de lui sauter dessus sur l'instant. Ce qui était un peu le cas, au final. Juste besoin d'une pause. Cette fois, je vais pas te sauter dessus direct parce que t'as dit "encore". Recommencer à rire et attraper le sac, pour fouiller dedans, sans grande gêne, pour prendre la cigarette électronique, à défaut d'avoir ses clopes à portée de main. Il n'avait jamais essayé ces trucs, trop modernes, trop bizarres, trop différents des indus' qu'il fumait. Qui était déjà tellement loin de ce qu'il avait fumé au cours des siècles écoulés, mais il faisait avec ce qu'il avait la plupart du temps. Et prendre une bouffée, si étrange mais agréable, au final. Et souffler la fumée parfumée en rigolant.

Impossible de ne pas le regarder, impossible de ne pas avoir envie de ce corps. Il se demandait même comment il pouvait résister à l'envie de l'avoir contre lui, de sentir cette peau sur la sienne autant que possible. Et il aimait aussi sentir son regard sur lui de la sorte. Le laisser faire quand il était venu s'agenouiller là, devant lui. Un grand sourire sur les lèvres quand il avait senti les dents sur sa peau, juste avant de laisser échapper un peu rire, les yeux encore et toujours rivés sur lui. Parce que c'était tout ce qu'il voulait voir tout de suite, son visage, son corps, savoir qu'il était avec lui, sentir ses mains, ses lèvres sur lui. Tu vas devoir attendre patiemment alors, quel dommage. Un grand sourire en le regardant continuer ses baisers, en le regardant remonter lentement pour venir sur ses genoux. Se mordre un peu la lèvre en le caressant des yeux, perdu entre l'ivresse bien présente, l'euphorie ressentie quelques minutes plus tôt et l'odeur enivrante de la fumée. J'en suis qu'au début. Sourire encore un peu plus quand il s'était penché sur lui pour l'embrasser.

Se retenir de poser ses mains sur lui, sur ce corps qu'il sentait bouger contre lui, qui ranimait encore et toujours un peu plus les passions et les envies. Juste la sensation de ses lèvres sur les siennes aurait suffit, mais il ne pouvait qu'apprécier les mouvements de son bassin, sans parler des ondulations qui avaient suivi. Résister à l'envie de juste l'attraper pour le garder là et le regarder se relever, comme il le regardait depuis le début : avec une envie dévorante de le posséder toute la nuit. La musique dans ses oreilles, qui l'avait fait légèrement rire alors qu'il reprenait une bouffée de fumée aux bonbons, toujours aussi surprenante mais de plus en plus agréable. Et attraper le cocktail pour en reprendre aussi une gorgée, pour sentir encore l'alcool sur sa langue. Parce que le sentir sur la langue de l'autre n'était pas assez. Son regard était toujours sur lui, même si ce n'était que pour suivre les mouvements distraits au rythme de la musique et le voir décrocher du scotch de sa peau. Sourire largement, encore, parce qu'il était sans aucun doute possible l'homme le plus séduisant avec qui il avait déjà passé la nuit.

L'immortel s'était relevé et était revenu à lui, revenu contre lui, pour se laisser porter par la musique. Une nouvelle gorgée de son verre avant de l'abandonner sur un meuble, de toute façon, il n'en restait déjà que bien peu. Une nouvelle bouffée et la cigarette avait rejoint le verre. Et sa peau avait retrouvé celle de l'homme, pour onduler contre lui, avec lui, sur le rythme entêtant de la musique. Des frôlements, des frottements parfois, pas beaucoup plus, juste le sentir près de lui alors qu'il bougeait, alors qu'il laissait son esprit s'envoler. Et revoir le papillon, quand il avait ouvert les yeux, qui voletait dans l'air de la pièce, la seule chose qui pouvait lui faire détacher les yeux du corps du dieu grec. Pas pour longtemps, puisqu'il était allé jusqu'à son torse, jusqu'à se poser sur les morceaux de tatouage que l'immortel distinguait sous une couche de maquillage qui n'avait pas vraiment tenu le choc. Ce ne devait être que l'alcool, voilà ce qu'il se dit, avant de revenir reprendre ses lèvres en glissant une main sur sa hanche, l'autre dans son cou. L'alcool qui lui faisait croire à des visions stupides. Comme si ce foutu papillon là pouvait représenter cet homme. Et toi ? T'as quelque chose que t'as envie que je te fasse ?

Sourire largement en décolant ses lèvres, le voir à nouveau entièrement. Parce que c'était là le seul désavantage des baisers, il ne pouvait plus vraiment le contempler autant qu'il le voulait quand leurs lèvres s'unissaient. Et pourtant qu'est-ce qu'il aimait ça. Sourire encore un peu plus en l'entendant, prêt à dire que lui aussi il aurait adoré ça. Mais ça n'était visiblement pas possible et il avait lâché un rire en même temps que l'homme. Ça aurait tout ruiné, c'est vrai. Rire encore un peu et le laisser revenir l'embrasser, glissant un peu plus ses mains sur son corps alors que lui faisait pareil. Ne plus juste se frôler mais se coller l'un à l'autre, faire en sorte que leurs bassins frottent en dansant, toujours sur le rythme de cette musique entêtante. Embrasser sa peau, sourire contre elle en sentant sa main entre eux, et ne pas résister plus que cela quand il l'avait fait reculer, quand il l'avait poussé jusqu'à le rasseoir dans le canapé.

Aucune précipitation, juste les frottements, les baisers, les corps l'un contre l'autre. Et la sensation de cette peau contre la sienne, de cette envie qui grandissait encore et toujours plus, de ce besoin de le posséder, encore et encore. Les mains sur ses hanches, il le voyait qui dansait, qui ondulait, qui le chauffait proprement et totalement. L'immortel rit un peu, en profitant de ce qu'il avait sous les yeux, sous les mains, en ne ratant rien de cette danse que le barman ne faisait que pour lui. T'es vraiment très doué pour chauffer les mecs, y'a pas de doute... Soupirer un peu, avant de resserrer la prise sur ses hanches pour le garder contre lui, pour le ramener sur lui. Embrasser sa peau, celle de son cou, celle de ses épaules, sa clavicule et descendre en embrassant le torse, le penchant vers l'arrière, les mains dans son dos. Son désir exacerbé, encore et encore par l'homme dans ses bras, mais qu'il gardait un tant soit peu sous contrôle, pour l'instant.