You get what anybody gets - you get a lifetime ; salome

16.08.1989 Naissance à Washington. Fille unique de Maria Vargas, jeune dévouée toute entière à sa cause, sa fille est la consécration d'une vie à s'éloigner du carcan familial. Elle fait un enfant seule, indépendante, libre dans sa foi.
Elle grandit seule, indépendante, dans la volonté et la liberté d'une enfance qui s'étiole. Maria a dix-huit ans, pas de foyer, juste un petit job.
L'enfant est voulue, son arrivée adorée et acclamée avec joie par ses ami.es. Salome, la paix de l'être. La paix que ne connaît pas sa mère. Elle l'a faite seule, dans ce coin des USA où elle se terre et vénère des êtres de lumière. Elle l'a faite seule, et dans la vraie foi elle grandira.

24.12.1989 Il est là. Figure d'ombre et de déceptions, le corps qu'elle a aimé et qui a su donner la vie à Salome s'impose pour quelques jours dans sa vie. Taulard, rien de plus et moins que rien en probation. Il a couché avec elle avec juste un peu de poils au menton pour la fraîcheur de sa jeunesse ; elle s'est laissée amadouer car il faut donner de son corps lorsque l'on a plus d'âme, car elle sait que la cause manque d'effectifs et que la vraie Foi ne grandit que dans le corps des âmes qui, dès le plus jeune âge, se préparent. Salome ne se souvient pas de la visite de son père à peine sorti de cabane : comment pourrait-elle ? Il ne lui a pas accordé un regard et a refusé de reconnaître la paternité. (Mais elle n'a pas besoin d'un père.)

Enfance (89 à 2004) Ils sont bizarres, les mecs dans la rue qui hurlent à la fin du monde et celleux qui tapent à vos portes en brandissant des Bibles. Ils sont chelous, les groupes qui traversent la rue en parlant d'apocalypse et qui vous jettent à la gueule des prospectus datés et raturés.
Ils n'ont pas la verve et la beauté des Adorateurices. Ils n'ont pas cette petite étincelle au fond des yeux, cette force inébranlable sans aucun livre saint à mettre en avant : là où d'autres s'appuient, elleux affirment simplement.
C'est dans cette communauté que Salome se développe et grandit. Jeune enfant, très jeune, la foi de sa mère lui est transmise et forme son caractère. Une enfant déjà sage apprend à devenir discrète ; une gamine joueuse apprend à tempérer ses ardeurs, à en devenir presque froidement plate ; et l'enfant deviendra une adulte qui saura parfaitement trouver toutes les limites.... A défaut d'une dévotion brûlante, seule flamme capable de l'entraîner dans toutes les folies.

Adolescence (2004 à 2012) Le collège puis le lycée emportent Salome dans une doucereuse spirale : ses notes oscillent entre le sommet et le désastre. La faute, bien entendu, à ses occupations trop nombreuses et aux nuits blanches à chercher comment aider sa mère. Sa mère... Toujours en galère. Toujours mal financièrement, ayant de la peine à joindre les deux bouts. Leur organisation n'en sait rien : la fierté de Maria ne le permettrait pas.

Alors Salome travaille un jour sur deux et étudie le reste du temps. Enchaîne fast-foods de Washington, librairies, bibliothèques et ménages de nuit au fur et à mesure que passent les années et que le marché du travail s'ouvre à elle. N'ayant pas les ressources financières pour aller étudier plus loin, la brune s'arrête là et trouve une job dans un coin calme de la cité. Elle imprime des t-shirts. Elle vend des attrape-nigauds. Et la nuit toujours la voit courir ici et là pour leur permettre de garder leur appartement miteux.

Foi – 12.11.2007 Salome a 18 ans à peine quand sa mère l’autorise à prétendre officiellement entrer au service des Adorateurs. Jusque là, elle était une force en retrait, une aide, une croyante silencieuse du fond de la pièce et de l’ombre. Désormais elle peut servir la véritable foi au grand jour : au service des Adorateurs elle se plie et jure fidélité à l’institution qui a des airs de religion. Elle aidera. Quoi qu’il lui en coûte.
Les débuts sont durs : au sein de la capitale, la jeune est amenée bien vite à côtoyer les grands de son organisation par hasard ou (mal)chance, et elle constate bien vite que, par bien des côtés, elle est une tâche dans leur existence. Fille de rien, presque inutile. Fille stupide, bien loin des intellectuel.les qui dissertent sur la bonté immortelle et décrivent leurs services comme indispensables à la communauté.
Que sera-t-elle ?
Le temps le lui dira. Pour l’heure, elle aide. Pour l’heure… Elle se fait une place.

Vocations – 2009 Elle a 21 ans quand quelques missions lui sont confiées. Des ménages dans des endroits stratégiques qui permettent de malencontreusement faire disparaître une photo, de rendre illisible un disque dur en passant avec des aimants au bon moment ou en versant de l’eau dessus. Manière douce ou manière forte. Ses boulots de nuit et sa volubilité font qu’elle a trouvé une place utile. Mais c’est pas assez. C’est jamais assez.

Elle se renseigne. Elle lit. Elle apprend pour ne pas paraître stupide et, peut-être, pour s’extraire de la fange de misère où sa mère se pavane. Sa mère qui sombre doucement et refuse, quoi qu’il arrive, de parler de ses parents ou d’autres personnes de leur famille. « Ce sont les Adorateurs, ta famille. » Mais Salome veut savoir.
Les recherches finiront par la mener jusqu’à une lignée tumultueuse mais encore en vie, là-bas, en Colombie. Une famille aux actions sombres et aux yeux clairs : les Vargas ont une mainmise sur la contrebande du pays. (Est-ce à ça que sa mère a claqué la porte ? )

Retour à l’école – 2010 Salome, en parallèle de ses recherches, finit par se rendre à l’évidence. Pour servir, réellement servir, elle doit s’élever un peu plus en société. Alors elle retourne mettre ses fesses sur les bancs de l’école, community college qui sera suffisant pour lui dégoter au moins un emploi stable croit-elle. Sur le côté, elle commence à développer l’embryon de talent artistique qu’elle n’a jamais vraiment poussé jusque là.

Amour – 2013 Ils sont nombreux à défiler dans sa vie, des visages insignifiants aux paroles fades, des beaux menteurs qui n’ont rien à faire d’elle. Elle ne les garde pas. Elle repousse, prétexte qu’un baiser et une nuit lui suffisent. (Elle se ment parce qu’elle a peur de s’engager. )
Il y en a un qui ravit son coeur. Johnathan. Un homme comme les autres, à peine plus qu’une ombre, qui pourtant scintille dans le coeur de Salome. Ils se mettent en couple après deux ans d’amitié, en 2013.

TW : CANCER & DÉCÈS

Comics et décès – 2015 Après bien des écueils, Salome commence sa carrière en tant que dessinatrice de comics. A intervalles réguliers, elle travaille pour qui veut bien la payer, un magazine plus qu’un autre. Elle a déménagé avec sa mère au Canada : la protection médicale aidera grandement le cancer fulgurant qui l’a prise, quelques mois auparavant, mais ça ne sera pas assez. Maria décédera le 30 juin 2015, à Toronto.
Sa mort… N’affectera pas Salome autant qu’elle l’imaginerait : avec le temps, elles se sont éloignées, et Johnathan qui les a suivies ne pourra pas sécher des larmes que son amante n’arrivera jamais à pleurer.
Salome a, avec les Vargas restés au pays – sa famille maternelle – entretenu un contact rendu possible par Internet. Lorsqu’elle les informe de la mort de leur fille, ils ne réagissent pas. Ils lui envoient juste un billet pour venir les voir.

La brune passera six mois en Colombie, loin du monde , dans la demeure de sa famille. (Enfin elle en a une. Enfin, ce n’est plus Maria et Salome. C’est sa famille.) Depuis le fin fond d’un coin paumé, elle dessine et vend des dessins qui augmentent sa renommée. (Et l’argent qu’elle rapporte ne vient pas seulement des contrats qu’ils lui permettront de signer. )

Messagère – 2019 Parce qu’elle s’est toujours tenue à leur disposition.
Parce que Leurs Mots sont paroles d’Evangile.
Parce que Salome veut les servir, servir leur cause, servir leur existence.
Parce qu’il n’y a plus qu’Eux dans sa vie, que Johnathan s’est fait la malle avec sa meilleure amie – cliché qu’elle a vu se réaliser. Qu’eux et son travail.
Pour tout ça, Salome à la dévotion droite et brûlante s’engage sur le chemin des Messagers. Que son âme éphémère puisse servir les Immortels avec dignité.