(2020, octobre) Aging better than old wine (or not ?) | Zyanya

@Rahim Gupta

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Sa destination est la Chine, et ça tombe bien parce qu'il n'y a jamais mit les pieds. Ce qui pose un autre soucis parce qu'il a essayé de s'informer un minimum sur la culture locale mais il a été déjà été saoulé. Il compte sur Aurora qui parle plus de langue que google translate pour le sortir de là, en soit ça devrait rapide. Il y va, il trouve Lupe, il repart avec ou les mains vides. Peut importe, il a juste besoin de s'assurer que tout va bien, il veut juste le voir. Juste une fois. Il a fait un détour par Toronto pour récupérer les papiers qu'il lui faut. Les habitudes ont la vie dure, même quand  en tant qu'immortel il ne devrait pas instaurer de rituels. Il devrait être en train de brouiller ses traces au lieu de développer un attachement sentimental envers un type qui n'a d'intérêt que pour le cash qu'il débourse sans compter pour un travail de qualité.

Tant de bonnes résolutions qu'il devrait prendre, mais quand on est une tête de mule comme lui, c'est difficile de ne pas tomber dans le piège de l'indolence. Il hoche la tête à ses paroles. Il connait la maison, oui, et c'est mieux qu'il fasse ça devait le vendeur car il serait capable d'oublier et se retrouver avec deux passeports incohérent. Ce petit jeu dure depuis déjà trop longtemps, alors quand Rahim lui fait remarquer qu'il n'a pas vieilli, il fait l'effort de garder une respiration calme et un visage neutre. « Tu connais pas les crèmes anti-âge ? » Il maugrée, désagréable au possible alors que la prise sur ses doigts lui fait casser l'allumette en deux. Il doit s'y reprendre plusieurs fois pour enfin réussir à brûler ses vieux papiers. Il se retourne et se fige, constatant avec horreur ce que Rahim est en train de regarder. Il peut lui mentir, lui faire croire qu'un laser a effacé tout stigmate du temps sur sa peau, mais ça. Ce qu'il détient entre ses doigts, c'est la boite de pandore.

Déjà, il réalise qu'il aurait pu brûler la photo, maladroit comme il est, à l'avoir laissé dans son portefeuille avec ses faux-papiers. Ce n'est pas le pire, mais il est effrayé. La photo est ancienne. C'est une vielle photo que le temps a abîmé maintenant, prise à la fin du 19ème siècle avec Lupe, le Tour Eiffel en fond. Une photo qu'il n'est pas sensé avoir car ça voudrait dire qu'il beaucoup beaucoup plus vieux que sa âge et d'après les documents qu'il lui a demandé, il a à peine la quarantaine.
Ensuite, il n'aurait pas dû la garder sur lui. Zyanya sait pourtant qu'il s'agit de la meilleur façon de s'attirer des ennuis. Des ennuis il en a déjà eu, il n'a pas envie de se retrouver une nouvelle fois dans un laboratoire, certainement pas à une époque où les méthodes de tortures ont évoluée avec la science. Certainement pas envie de se retrouver à nouveau privé de sa liberté parce qu'une poignée de généticiens sont persuadés qu'ils vont inventer l'eau chaude en fouillant dans ses gênes.
Il ne veut pas savoir ce qui se passe quand on se fait chopper.

Mais cette photo, c'est un porte-bonheur, c'est tout ce qu'il lui reste de son ami. Pour sa propre sécurité, il devrait la jeter ou la garder chez lui avec les lettres incriminantes. Il n'arrive juste pas à la laisser derrière lui, il a l'impression qu'il ne pourrait arriver que de mauvaises choses si elle restait dans un coin, oubliée. « Ah. » Zyanya déglutit. Le feu dans la poubelle s'est consumé, il ne reste que des cendres et une odeur de plastique brûlé. « C'est fou hein ? C'est mon ancêtre, la ressemblance amuse toujours les gens. » Il espère qu'il va mordre à l'appât. Zyanya aimait bien Rahim et il est déçu de devoir changer de faussaire, maintenant que l'autre va avoir des doutes. Il n'arrive pas à être discret, comme il n'arrive pas à accepter de changer de nom depuis quelques années par chauvinisme déplacé.

@Rahim Gupta

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« Dès vingt-cinq ans si tu veux préserver au maximum ton capital jeunesse » Il marmonne dans l'esprit de faire dériver la conversation sur un sujet moins épineux. Inculte. Zyanya essaye de se contrôler mais il ne peut pas luter contre le rouge qui lui monte aux joues. C'est ridicule, cela ne fait pas si longtemps qu'il a reprit son prénom, il y tient particulièrement. Changer d'identité, c'est comme changer de peau et si il trouve ça drôle pour se mettre dans la peau d'un écrivain, lorsque ça touche sa personne il ne marche plus. Il a besoin d'être lui même, c'est viscéral, c'est comme ça qu'il a pu rester authentique au lieu de se perdre pendant des années. Il aurait l'impression de se trahir, de s'éloigner de ce qui fait son essence. Et peut-être qu'il le garde aussi parce qu'il a l'impression de maintenir en vie quelqu'un qui a compté pour certaines personnes, pour quelqu'un en particulier. C'est son nom, sa vie, l'homme qu'il a pu être à une époque où il n'avait pas autant d'épines pour se protéger. Ce n'est pas juste de devoir mentir, de devoir se cacher. Il n'a pas demandé en premier lieu à ne pas mourir, c'est tout l'inverse. Il était content d'avoir accompli son devoir. La meilleure chose qui pouvait lui arriver, c'était de passer de l'autre coté.
Mais ça ne sert à rien de se lamenter sur son sort, de chouiner et se plaindre. Il ne va pas réécrire le passé. D'ailleurs en général, il est plutôt de ceux qui veulent le laisser derrière. Sauf pour une pauvre histoire de nom.

Si il serre plus fort les dents il risque bien d'en péter l'émail. Ca aurait été vraiment trop beau que Rahim ne cherche pas plus loin que le bout de son nez, mais il ne peut pas s'empêcher de retourner dans le couteau dans la plaie avant d'y foutre du sel. Zyanya cherche, il cherche comment il va se sortir de ce genre d'emmerde sans y laisser des plumes. Et puis, pourquoi ça le fascine tant que ça, qu'il ressemble à la personne sur la photo ? Comme si c'était ses affaires. « Ouais ? Bah si t'as un problème t'as qu'à demander à ma mère pourquoi elle a fait une fixette là dessus. » Il ne la trouvera pas. Zyanya lui même ne sait plus à quoi elle ressemble, il a oublié la notion même de famille de sang. Il est l'ancêtre. « C'est un truc de famille, t'as pas ça dans la tienne ? C'était un ancêtre cool alors... voilà. » Ca tient, c'est cool d'avoir un ancêtre qui se tient devant la tour eiffell avec un gars qui n'a ni la tête d'être son frère, ni son cousin, à une époque ou faire une photo n'est pas aussi automatique que de cliquer sur un bouton et ne se prenait pas à la légère.  Il ne veut pas admettre qu'il est effrayé, effrayé que l'autre puisse se mettre des idées dans la tête qui ne relèvent pas du fantasme. Il récupère sa photo en la lui arrachant presque des doigts. « C'est quoi le piège ? » Il déglutit, la photo froissés entre sont index et son majeur. Ce serait généreux de sa part de l'aider à la conserver, il aurait peut-être du la faire plastifier avant. Zyanya a toujours eu un problème avec la générosité, sous couvert de bonté on a lui a toujours proposé un deal. Le bienveillance est un levier, pas un cadeau divin.

@Rahim Gupta

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Je n'ai plus vraiment de famille. En quelques mots qui lui font terriblement écho, il résume ce à quoi il est voué du fait de son immortalité. Ne pas avoir de famille, ne pas pouvoir mettre d'enfants au monde sans devoir leur infliger la souffrance de grandir sans un aprent, sans devoir les enterrer. Jusqu'à ce qu'il arrive à date de péremption, il se doit d'être seul ou de compte sur sa constellation. Lui non plus, n'a plus de famille. Cette mention fait passer une lueur triste dans ses yeux, le temps d'une seconde. Heureusement, il est proche des autres, même de ceux qui ne portent pas dans son coeur, il a Aurora qu'il appelle petite soeur et qu'il garde proche de son coeur. Il ne laisserait personne lui faire du mal, il essaye de la protéger et sans doute qu'il ne s'y prend pas toujours de la bonne manière. Et puis, il avait son meilleur ami, même si la notion de famille aujourd'hui est dépassé, car il en l'aime pas comme on aime un frère. « Désolé. » Articule t-il sincèrement. Il le pense, de toute façon. Beaucoup sont persuadés qu'il ne possède aucune empathie, c'est faux. « Il y a un facteur génétique. » Pour les rides. Pour leur absence totale, de vieillesse, de mort. On lui a toujours dit que c'était dans ses gênes.
Point.
Un parmi des milliards et c'est tombé sur lui.

Mais ce n'est pas suffisant pour le calmer complètement, la panique toujours présente en lui. Il ricane nerveusement, ne s'attendant clairement pas à ce retournement de situation. L'autre n'a pas l'air tant perturbé que ça, il mène clairement la danse et Zyanya n'aime pas être celui qui doit suivre. « La méfiance c'est ce qui te garde vivant. Tu dois bien le savoir. » Il n'a pas toujours été sur ses gardes, prêt à mordre. Il a très vite compris en revanche que la confiance était quelque chose qui se méritait, qui se gagnait aux prix d'efforts. Il n'a jamais pu croire un étranger depuis son passage de courte durée à Madrid. Les cicatrices ne sont pas restées dans sa chair, mais elles sont là à l'intérieur. « Une bonne chose que maintenant les claviers d'ordinateur existent. » Il tente. Il a connu une époque où il a plus d'une fois eu l'occasion de se couper avec du papier. Il en gaspillé de l'encre, apprendre des langues, apprendre à écrire, apprendre à apprendre tout simplement, lui qui n'avait jamais été très attentif et qui ne s'imaginait pas qu'il allait devoir passer plusieurs siècles de plus sur terre. « Tout le monde guérit vite d'une petite coupure. » Pas la meilleure analogie de sa part. Mais soit, il pense reconnaître là dedans une tentative, une prise de contact. « Tu ne dois connaître que ça, les petites coupures, pour être aussi confiant. »

Il y a une infime chance que Rahim soit... concerné. Et si c'était le cas ? Si c'était le cas, Zyanya peinerait à contenir son excitation, parce qu'il n'a pas eu l'occasion de rencontrer beaucoup de libraires qui traversent les âges, il admet qu'il pourrait apprécier un peu de compagnie, qu'il serait soulagé de pouvoir expliquer d'où vient toute cette lubie pour les passeports, bien qu'il ne doive aucune justification à l'autre. Simplement, cette sensation de ne pas être seul, qui le frappe chaque fois qu'il rencontre l'un des siens, chaque fois qu'il se retrouve en face d'un autre immortel. Simplement, avoir cette bénédiction, malédiction pour d'autres, cette chance en commun. Il est plus souvent seul qu'accompagné, si on ne compte pas Aurora, pourtant il recherche encore un peu de contact. Un peu de chaleur. Un peu de réponses. Il se demande si cette sensation de toujours rechercher des semblables est commune à tous ou si il est juste désespéré de retrouver une place quelque part. « Parce que toi, tu me ferais confiance ? »

@Rahim Gupta

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« Oui. Il lui répond le feu aux joues, comme un gamin qu'on a prit la main de sac en train de piquer un truc et à qui on dirait de finalement le garder. Il le laisse faire avec sa photo.  Il y a toujours cette part de lui qui cherche à fuir, à s'isoler et rester le plus loin possible des autres. Tous les autres. Tous ceux qui ne sont pas sa constellation et des êtres en qui il est certain de pouvoir faire confiance. Il n'existe pas de certitudes, jusqu'à présent aucune personne ne lui a tourné le dos et il s'est toujours imaginé que même si ça avait été le cas il aurait laissé couler. Tout le monde s'imagine qu'il est rancunier comme tout. Ca dépend pour quoi. On pourrait croire qu'après toutes ces années, il en sait assez du genre humain pour déceler les signes et savoir faire le tri, entre ceux qui mentent et ceux qui sont sincères. Ce n'est pas forcément le cas, il est en proie au doute, l'esprit est merveilleux quand il s'agit de retourner les situations dans tous les sens, parce qu'un élément dérange, parce qu'une vérité est plus attrayante qu'une autre. Ce pourrait aussi être quelqu'un de très entraîné par le Conclave, y a t-il meilleure position ? Connaître les nouvelles identités des immortels, observer leurs mouvements, préparer un coup énorme. Mais est-ce vraiment son caractère ? Depuis le temps qu'il le connaît, Rahim n'est pas un agent double ou quoi que ce soit. Jusqu'à preuve du connaître, il est un homme comme les autres qui lui fait ses faux papiers quand il a besoin de voyager. Souvent en ce moment.

Finalement, après un longue hésitation, il décide de rentrer dans son jeu ou plutôt d'y mettre les pieds dans le plat. « Désolé, je sais que je dois pas garder cette photo, mais elle compte pour moi. » Il se mord la lèvre inférieur, tout aussi gêné, comme à chaque fois qu'il aborde un sujet qui concerne Lupe de près ou de loin. Un immortel sait pourquoi la technologie et tous ses avantages est plus une plaie qu'autre chose. On peut nier avoir écrit un papier, détruire des documents, mais comment peut-être se débarrasser que quelque chose qui n'est pas tangible ? Il existe des moyens pointus pour identifier les gens. Un  expert saurait immédiatement que la photo est authentique, qu'il n'est pas sensé être là. Tous deux auraient du mourir il y a des centaines d'années. L'ironie c'est que c'est le contraire, il n'a jamais cessé de lui donner son souffle. « Mais bon j'imagine que tu sais ce que c'est, on s'attache. » Depuis combien de temps est-il comme ça ? C'était déjà le cas quand ils se sont rencontrés ? Si c'est le cas, il a été tellement aveugle. « Ca fait longtemps, toi ? Pour les coupures. » Qu'elles guérissent. Qu'elles ne laissent plus aucune trace sur la peau. On pourrait croire que c'est plus pratique de guérir quand on ne porte plus les marques de ses blessures, elles ne sont plus là pour rappeler ce qui s'est passé. Quand il s'agit de plus grave qu'une coupure de papier. C'est quelque chose qui l'a toujours mit à l'aise, se regarder dans la glace et ne même pas voir un changement, même si à l'intérieur de lui, la tempête fait toujours rage. Elle ne s'est jamais calmée. Et tout le mal qu'on lui a fait continue de le faire souffrir, les souvenirs s'effacent ou se déforment et hantent ses nuits. Il se façonne des démons à partir de rien. « Tu penses que c'est une chance sur combien de milliards ? » D'être immortel. D'avoir une seconde chance, puis une autre, encore et encore jusqu'à ce qu'on te dise "c'est bon, tu en as eu assez." Pour qu'ils le soient tous les deux. Ca lui serre un peu le coeur et la gorge. L'immortalité est solitaire, c'est étrange de réaliser que quelqu'un pour qui on a un brin de sympathie pourrait soudain devenir un ami.

@Rahim Gupta

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Zyanya ne dit rien, récupère sa photo sans s'étaler sur le sujet, un bref soruire chaque fois qu'il croise leur sourire sur le cliché. C'est comme ça qu'il veut se souvenir d'eux. La situation est suffisamment surréaliste. Il ne sait pas comment réagir et n'essaye pas de négocier, de le payer malgré tout parce qu'il n'aime pas forcément les cadeaux. et qu'il a toujours l'impression que ce genre d'offre est passive-agressive. Beaucoup n'en sont pas, dans les milieux où il traîne on s'échange de faveurs mais on ne fait pas de cadeau. La vie ne lui en a pas fait. Sauf si son immortalité compte. Il ne considère toujours pas ça comme un don, il s'en serait bien passé, même si il en profite aujourd'hui car ne pas le faire serait du gâchis. Cela fait longtemps pour lui, plus longtemps de toute évidence. A coté d'autres, il n'est qu'un grain de poussière sur l'échelle du temps, il ne sait pas si il aurait voulu naître avant de toute façon. Pour autant il ne s'en plaint pas. Il a eu de la chance, il a fait de belles rencontres. Zyanya ne peut pas mentir, vivre aussi longtemps est un luxe dont il ne se lasse pas, ne jamais avoir à s'inquiéter des maladies, n'avoir rien à craindre. C'est sans doute pour cette raison qu'il est toujours fougueux, parce qu'il n'a pas peur et ceux qui n'ont pas peur sont les plus à même de faire des choses stupides. Il ose. Zyanya ne tente pas le diable, mais il lui emprunte quelques traits, sa langue est vicieuse et il n'a jamais été bon.

« Est-ce que c'est important de savoir ? » On peut aussi profiter, sans se poser de questions, sauter sur l'occasion. Une véritable démonstration d'avarice, Zyanya ne s'est pas questionné plus longtemps, il est de ceux qui ne s'encombrent pas de politesse quand on lui offre quelque chose, il prend et si il peut encore plus rafler, il le fera. Il lui faut toujours plus que ce qu'il possède déjà. Il s'est érigé tout seul au statut du dieu, il a usé et abusé de la crédulité de tous ces gens. Et il continue de tirer sur la corde, de faire le tour du monde les doigts de pied en éventail. Toutes ces années où tout n'a été que son petit luxe, son confort, ses rêves. Il n'a pensé qu'à lui, jusqu'à ces trente dernières années quand on lui a retiré la véritable chose qui comptait. Ce n'était pas sa maison, ni son fric. Il lui aura fallu quelques siècles tout de même pour comprendre que tout s'achète, sauf les gens. « Tu es un chanceux, j'imagine. » Comme un gagnant du loto, un jeune gagnant, qui découvre son gain, qui a encore besoin de se l'approprier avant de tout flinguer. Sauf si il fait erreur sur toute la ligne et se dévoile à l'ennemi. « Tu t'es relevé. Et peut-être que tu n'étais pas seul. » Il lui souhaite, que sa constellation l'ait trouvé rapidement, qu'il ne soit pas le premier à porter la pierre à l'édifice comme ce fût son cas.

@Rahim Gupta

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La France, la simple mention fait parcourir un frisson le long de son échine. La dernière fois qu'il a vu Jorgen vivant, avant qu'il ne l'abandonne à la guerre, le guerrier résigné à repousser l'ennemi. C'est ce qui lui a coûté la vie, quand pendant ce temps d'autres finissaient par découvert leurs capacités. Un de perdu, dix de retrouvés ? Est-ce quand l'un d'eux meurt, une dizaine suit ? Il cache sa grimace en restant concentré sur la photo et les meilleurs souvenirs qu'elle lui évoque. Même dans ses souvenirs le monde est en noir et blanc, en l'espace de quelques années il a eu l'impression d'en traverser le triple. Il est toujours autant rongé par l'inquiétude.
Ne rien avoir à regretter, est-ce que c'est la clé ? Lui aussi est parti l'esprit étrangement serein pour quelqu'un qui aura passé le restant de son existence à entretenir les flammes de son arrogance, une rage de vivre toujours plus dévoratrice Il a prit goût à l'immortalité et à cette sensation d'être intouchable, rien qui ne l'arrête, rien qui ne l'atteint, le blesse. Les plaies du corps guérissent peut-être... son esprit reste aussi fragile que n'importe qui d'autre.

A demi mot, il comprend que Rahim faisait partie des adorateurs, ce qui confirme au passage qu'il est comme lui. Immortel. Ils n'emploient jamais le mot exact, du moins lui n'a jamais traité un de ses congénères de la sorte, comme si il ne fallait pas désacraliser le statut, ou que n'importe qui pourrait traîner son oreille dans les parages et les vendre au Conclave. Dans cette longue existence solitaire, on en vient même à se nier, à passer le plus clair du temps à prétendre que l'on est pas ce que l'on est et rares sont les moments de paix où l'on peut exister sans crainte d'être repéré. Entre eux, uniquement, les masques tombent. De grâce, les progrès de la médecine doivent empêcher quelques tortures, à son époque pour comprendre il fallait faire des essais et ils s'en fichaient un peu, de savoir ce que ça lui ferait. Ses mains en sont moites au souvenir. Il n'a jamais su combien de temps il a passé dans le noir, mais il sait tout celui qu'il a passé dehors. Délivré. Et voilà ce qui l'a laissé avec un appétit insatiable pour la liberté, il ne pouvait plus rester enchaîné quelque part, à qui que ce soit.
« Je n'avais pas de regrets non plus, c'était l'ordre naturel des choses. » » Vivre et mourir. C'est ainsi que les choses sont et il n'y avait pas de regrets à avoir, il était calme, résigné. A cette moment là il n'y avait pas grand chose à regretter, seulement ce désir d'appartenir à quelque chose de plus grand encore et contribuer à l'essor du reste de son peuple. Ce n'était pas que lui c'était eux, jusqu'à ce que ce ne soit plus que Zyanya et le monde. « Je te raconte pas la surprise. » Il ricane en rangeant ses affaires dans la poche de sa veste. Il n'a plus vraiment de doute sur la nature de son comparse. « Je suis resté seul un moment. » Même ça, au final, ça ne dure jamais trop longtemps, ensuite on se rencontre et. Ca y est. On se retrouve avec une équipe de bras cassés qui deviennent une famille. « Tu parles d'une secte. Je préfère penser qu'on est une famille, je veux dire ça y ressemble. On s'aime mais on s'engueule. » Quand on a plus de famille, ça fait du bien et quand celle qu'on avait n'en valait pas le détour, ça aide.

@Rahim Gupta

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Longtemps comme... presque un millénaire. Ce qui lui donne le tournis et pourtant, il y en a des plus âgés. Son ami, fait partie de cette catégorie, où il n'est même plus envisageable de rajouter toutes les bougies sur le gâteau. Zyanya n'a qu'une estimation plus ou moins exacte de son âge. Il ne sait plus quel jour il est né, il ne compte les années que parce que les membres de sa constellation s'évertuent à fêter son anniversaire, comme une excuse pour se retrouver. Et lui, aime bien être couvert de cadeaux et passer un moment avec eux autour d'un immense gâteau au chocolat. C'est pratique, quand on est avantagé face à l'indigestion. Il ne profite même pas complètement de son avance sur son estomac. « On va dire que je suis huit fois centenaire. C'est moi le plus vieux chez nous... Mais j'ai vu pire. » Il hausse les épaules. C'est pour ça que c'est lui le leader. C'est pour ça que c'est injuste que l'un de leurs ait déjà connu sa péremption, alors qu'il était plus jeune. Trop jeune.

« Ah. » Il dit simplement en réalisant qu'effectivement, Rahim est surtout en train de parler des Adorateurs. Il n'a rien à dire là dessus, il y a huit cent ans de cela, il avait ses propres admirateurs et si il avait fait les mauvaises rencontres, il serait sans doute du coté des immortels qui recrutent des humains pour faire leur sale boulot ou quelque chose du genre. Au final, il sait très peu de chose sur le fonctionnement de l'organisation. Lui est un solitaire, qui a l'intention de le rester encore un moment. Sauf si il parvient à retrouver Lupe, ce qui n'est qu'une hypothèse encore. Alors en attendant, il se conforte dans son choix de neutralité, celui de fermer les yeux, d'ignorer les conflits et de survivre aussi longtemps que possible avec tout le temps qu'il lui reste devant lui. Peut-être qu'il est déjà arrivé au bout, peut-être pas, il n'a pas forcément envie de le découvrir. Si il ne fait pas trop de bruit, personne ne viendra lui chercher des noises, c'est lui qui va au devant des ennuis, c'est lui qui décide quand et comment il agit pour ses petits intérêt. « On est presque au complet je crois. Même si on a du mal à tous se rencontrer, faut croire que le monde est encore vaste même quand on pense le connaître. » Et qu'il est possible d'éviter quelqu'un pendant plus de huit siècles. Qu'il partage donc ses conseils à ceux qui ne veulent pas recroiser leurs ex. « Je te suis alors. Ca va me changer les idées, au passage. Les demi-mots c'est pas franchement mon truc, à la base. » Il ne s'accorde que peu de temps pour lui même depuis sa quête éperdue pour retrouver son meilleur ami et amour de toujours à qui il aurait dû dire avant tout ce qu'il portait sur le coeur. « Et t'inquiète pas. J'ai pas un passif très glorieux... et tu ne m'apparais pas comme quelqu'un de mauvais. » Zyanya se fie toujours à ses premiers impressions. Et puisqu'il se sent en sécurité avec Rahim, qui n'a pas l'air d'être un traitre maintenant, pourquoi pas aller plus loin dans les confidences. Il referme sa veste et le suit à l'extérieur le laissant mener la marche. De toute façon, il ne connait pas assez ce coin et c'est l'autre qui invite.

@Rahim Gupta

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Si il avait été seul, ces huit cents ans auraient été une véritable torture à surmonter. Il arrive un moment où le poids des actes finit par se faire ressentir, une fois l'euphorie de la toute puissance passée, on réalise que l'on est rien de plus qu'un humain tout ce qu'il y a de plus banal avec un avantage sur la vie. Celui de ne pas mourir de la manière traditionnelle. On apprend cruellement qu'il existe alors d'autres manières de mourir, qu'il est possible de se perdre soit même. Sa plus grande peur est, évidemment, de ne plus pouvoir profiter de son temps précieux avec ceux qu'il aime, mais aussi de devenir le monstre qu'il a toujours cherché à fuir. Être immortel, c'est intéressant sur le papier et quand on peut travers les siècles avec des gens pour nous soutenir. Ce qu'il a la chance d'avoir, il ne peut pas le nier. Si lui et sa constellation ne s'était entendu il ne sait pas ce qu'il aurait fait, mais ils ont eu cette chance. Ce n'est pas le cas pour toutes, il arrive que le destin fasse mal son oeuvre, à moins que ce soit inscrit. Une leçon à tirer, apprendre à vivre ensemble. Quelque chose du genre qui l'angoisserait. Aujourd'hui si il devait y avoir des nouveaux, il faudrait qu'ils se plient à l'esprit général de l'équipe sinon c'est une vie d'outsider que les attend. Zyanya ne va pas détruire ce qu'il a mit des décennies à construire, cette relation de confiance et d'entraide qu'il cherche à maintenir. Même si c'est au prix de quelques mensonges de sa part, dont un qui finira par le rattraper. Penser à Lupe maintenant briserait l'ambiance bonne enfant de son échange avec Rahim. Il n'a pas envie d'aborder avec lui la tragédie de perdre quelque après des siècles à être habitué à le fréquenter.
Il est quelque part. Il le faut, sinon il ne sait pas ce qu'il va devenir, si il ne peut plus lire ses lettres et rire à ses cotés.

La jeune constellation de Rahim lui rappelle ses premiers jours avec Aurora. « J'étais le premier, j'ai passé du temps tout seul avant de rencontrer quelqu'un. C'était mon âme soeur, coup de chance. » Il sourit. Ils n'ont pas sû immédiatement, il ne savait pas qu'un tel lien pouvait exister. Lupe lui en avait parlé, mais Lupe lui avait bien expliqué que ce genre de lien relevait du mythe et que pour beaucoup d'immortels, cela ne restait qu'une légende. Très peu de cas apparaissaient dans les constellations. Et voilà qu'après avoir été sauvé de justesse par un ange tombé du ciel, il rencontrait la femme qui allait devenir la femme de sa vie, celle qu'il appellerait sa soeur, pour qui il aurait fait n'importe quoi. Tué sans hésiter. « Juste de passage, je pars pour la Chine. » Son regard se perd dans la voûte céleste. Ainsi est la vie d'un immortel, ne jamais rester longtemps au même endroit, pour lui cette fuite est la pire chose qui soit. Il n'en a pas l'air, mais Zyanya est casanier, il a ses petites habitudes, ses rituels. Il s'attache aux lieux qui lui inspirent du confort. « Je reviendrais peut-être qui sait, maintenant que je sais que tu es quelque part, même si il faudra peut-être que tu me passes ton numéro. » C'est sans doute Rahim qui sera parti quand il pourra rentrer. Si il rentre. Ils prennent place à une table reculée, Zyanya commandant un soft pour commencer, avant de lancer les hostilités dont il aura sans doute besoin pour encaisser. C'est toujours bouleversant de découvrir une nouvelle âme qui échappe au temps. « J'imagine que ça doit te faire tout drôle. A peine quatre-vingt ans, il se répète, en détaillant son visage qui ne lui donnerait pas plus d'une bonne trentaine. Au moins c'est une découverte sympathique, quand ça t'arrive avec ton pire ennemi c'est moins drôle. Il ricane. Tu n'entendras peut-être pas toujours parlé en bien de moi et c'est vrai que je peux être un connard. Mais tout ce que je fais, je le fais pour ceux que j'aime. La domination du monde... c'est pas mon délire. » Et puis au fond, il est juste un pauvre type éperdu qui vient de réaliser qu'il est fou amoureux et que tout ce qu'il désire dans sa vie, c'est se poser... « Peut-être qu'un jour tu voudras choisir un camp à nouveau... Mais franchement tu fais bien de rester dans ton coin. Les relations sont complexes quand on est vivant, ça prend une autre dimension quand on peut pas s'entretuer. » Pas pour de vrai. Pas totalement....

@Rahim Gupta

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La légèreté du moment finit par véritablement le prendre aux trippes et Zyanya s'émeut de pouvoir converser avec un autre immortel qu'il n'essaye pas de manipuler, d'arnaquer pour ses propres raisons ou qui n'est pas une menace. Si au début, cela peut sembler déroutant, plus le temps passe, plus le monde rétréci, plus les visages se croisent et plus les complots naissent. Surtout dans un tel contexte. Ils sont peu nombreux alors forcément des alliances se font et se défont. Il sourit même. Avec Rahim, c'est simplement parler à quelqu'un de normal et d'enthousiaste. Il croit même déceler chez lui un respect envers son ainé que Zyanya a envie de contredire ; il ne lui doit rien, si il savait toute l'histoire peut-être le fuirait-il. Il en entendra peut-être, toutes ne font pas ses éloges. « Non, ce n'est pas une légende. » Aurora... Sa moitié, celle sans qui il ne serait personne. Mais il ne veut pas non plus nier l'implication de Lupe. Simplement, c'est avec elle qu'il a vécu jusque ici. Il ne saurait expliquer ce lien qui les unit, à peine l'avait-on introduit au contexte qu'il tombait dans ses bras. Elle sera toujours la femme de sa vie, mais elle n'est pas l'âme soeur comme certains l'entendent. Quelqu'un d'autre à prit cette place. « Oui... je voyage beaucoup en ce moment. » C'est ce qui arrive quand on cherche quelqu'un. Allez donc fouiller la terre entière juste pour mettre le doigt sur un être humain. Mais Zyanya est résigné et si il doit y passer tout le reste de sa vie, même pour ne retrouver qu'une tombe, alors il le fera. Parce qu'il est persuadé que l'autre l'aurait fait à sa place et qu'au delà de la réciprocité du geste, il étoufferait si il n'en avait pas le coeur net. Il finirait pas mourir de désespoir. Dans tous les cas, il est perdu. Alors il préfère être un homme égaré qui continue de chercher, même si il lui apparaît clairement que Lupe n'a pas envie d'être trouvé pour une raison qui lui échappe. Peut-être à t-il rencontré quelqu'un, peut-être profite t-il enfin d'un repos bien mérité bien que ça ne ressemble pas à l'homme d'action passionné qu'il connait. Qu'en sait-il au final ? Les "et si" n'ont jamais été aussi assassins. Parfois il se dit que si ça se trouve il ne le connaissait pas si bien. Zyanya profite du changement de sujet pour ne pas faire apparaître son anxiété. L'inquiétude est limpide sur son visage.

« Je suppose que je me suis retrouvé entre les mains du prémice du Conclave. J'ai été torturé, évidement... je ne recommande pas. » Il grimace. Les cicatrices ne se verront pas sur sa peau, évidemment, il en réside encore quelques unes à l'intérieur de son esprit. Il suffit de mettre une main sous son t-shirt. Il ne s'est pas remit de certains privations, il se bat encore contre la faim. « Je me fous des autres, c'est les miens et la fin du monde après nous. Même si je t'avoue que... » Il hésite, sa phrase restant en suspend le temps qu'ils trinquent. « A la tienne. Il prend une gorgée et repose son verre. Depuis que j'ai... "perdu" (il fait les guillemets) quelqu'un, je réalise qu'il n'est pas toujours possible de rester neutre. » Et qu'il est surtout naïf de croire que la neutralité n'est pas déjà une position en soit. Néanmoins, il n'irait pas conseiller à Rahim qui est encore jeune de s'engager, il doit encore s'amuser et prendre le temps de se faire un avis sur les choses. Il n'est pas au bout de ses peines, tout juste au début, les démons d'aujourd'hui n'auront pas toujours le même visage et parfois faire le mal est le seul moyen d'accéder au bien. Leur existence n'est pas manichéenne, les hommes ne le sont pas, les immortels encore moins. Entre alliances et mésalliances et trahisons. Ils sont pire que des hommes, ils sont des hommes à qui on a donné la capacité de ne pas craindre la mort, le seul frein à l'appétit insatiable de pouvoir. La seule peur qui peut tenir un peuple en laisse. « Parfois, je ne sais même pas pourquoi je continue à avancer, je le fais parce qu'être en vie est l'instinct qui me pousse à ne jamais baisser les bras. D'autres fois, j'aimerai qu'un destin me guide réellement car je ne sais pas où je vais. » Le genre de crise existentielle qu'on a après huit cent ans.
Huit cent ans à être là.
Juste là.

@Rahim Gupta

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Zyanya espère aussi qu'il trouvera cette personne qui manque tant à sa vie, même si pour cela ses recherches doivent prendre plusieurs années de plus. C'est avec une profonde dévotion et une patience à tout épreuve qu'il attend ce jour où ils seront réunis, si l'univers le veut bien. Il a traversé les âges aux côtés de son âme soeur et n'a jamais connu le sentiment d'être vide et de manquer de quelque chose avant de perdre la trace de Lupe. Pas comme ça, parce qu'il est des douleurs qui ont lacérées sont cœur et qui l'ont laissé a jamais marqué. Toutes ces interrogations sur son destin et sa place dans l'univers, il ne s'en souciait pas tant qu'il avait tout ce qu'il voulait. Il est le bâtisseur de son propre avenir et grâce au soutien de ses Dieux, il prospère en ce bas monde. N'est-il pas réputé pour mener sa barque comme bon lui semble, en capitaine insoumit ? Ces doutes qui écorchent sa confiance en lui puisent leur énergie dans les mêmes failles que le monde moderne a ouverte. Aujourd'hui il faut un but.

Même prendre un verre au bar est une sorte de révolution, dans un monde où il aurait déjà dû tomber en poussière depuis longtemps. Les immortels comme lui sont traqués, avec la même élégance qu'au passé, le concept de liberté à ses yeux réside surtout dans sa capacité à disparaître et n'être personne, c'est ce qu'on attend de lui. Il est difficile de disparaître quand on ne connaît pas un Rahim pour brouiller les pistes. Toutes les excuses sont bonnes pour justifier les actes de ceux qui cherchent à voler leur liberté. Maintenant on lui dirait qu'il garde un secret qui pourrait sauver des vies. Zyanya se bat pour sa vie et sa mort, pour son droit de ne pas finir en rat de laboratoire sous prétexte qu'il devrait servir une cause supérieure. Se découvrir immortel à une telle époque n'est pas une sinécure. Il ne regrette pas les temps obscurs, dépourvus de caméras et de papiers. Ni la religion ni la science ne sont des dogmes qu'il veut suivre comme un bon mouton. « Le libre arbitre c'est bien la seule véritable forme de liberté. » Énonce le toltèque, songeur. Parce qu'il fait ce qu'il veut, il se considère sans chaînes. Que cela plaise ou non et même si sur son passage il cause des dégâts. Zyanya détaille Rahim, prend le temps de plus se faire une idée de la personne. Il essaye de l'imaginer aimer, être déçu, de visualiser cette longue vie qui l'attend et ce qu'elle fera à son sourire innocent. Il ne croit pas que son temps à L'hydre l'ait forgé à ce point Et puis il n'a pas l'air déterminé à revenir les voir peur leur annoncer qu'il a reçu une promotion céleste pour rejoindre le club très privé des idoles à vénérer . « Qu'est ce qui te guide Rahim ? Qu'est ce qui t'anime ? »

@Rahim Gupta

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Ceux qui dressent le portrait de Zyanya y vont de bon coeur ; il pourrait ne rien avoir pour lui, égoïste, insolent, excentrique, insultant. On lui prête l'ambition d'un empereur, mais il n'y a rien que Zyanya cherche véritablement à conquérir. Être heureux, profiter de la vie. Toutes les valeurs que Rahim lui énoncent sont celles qu'il recherche. Entre deux fourberies, parce qu'il faut bien se nourrir et que ses mauvais coups ne lui servent qu'à amasser la fortune qui lui permet de mettre ses proches en sécurité. La fin justifie les moyens, son credo. L'immortel sait qu'il n'est pas un saint et il ne s'est jamais targué de l'être. Peut-être que c'est sa place, il juge que son rôle est de protéger sa constellation et les guider dans cet enfer. Il n'a nulle part où aller.
Il avait une étoile aussi, il regrette de ne pas y avoir prêté plus attention, il ne sait pas où le trouver dans un ciel de sept milliards d'autres étoiles. Zyanya ne sait pas être seul. Il suppose que ceux qui sont restés seuls ont fini par perdre la raison. L'immortalité lui a apprit qu'il avait besoin de autres, même si la leçon est amère car il les verra mourir ou l'inverse arrivera. A cela, il a un rictus pincé pour lui même.

« C'est très bien, c'est plus humble que la plupart. J'en ai rencontré qui m'ont affirmé qu'ils changeraient le monde. » En bien et en mal, ceux qui voulaient le voir à feu et à sang ; ceux qui auraient souhaité apporter la paix. Lui a bien comprit qu'il est inutile de se prendre pour de jeunes dieux, il n'ont aucun poids dans l'Histoire. Ce qui compte c'est le présent. Il n'y a plus de passé et personne ne sait si il y aura d'avenir.  Peut-être qu'ils ont contribué à leur échelle, pour autant il n'y a pas de résultat mirobolant. L'humanité est ce qu'elle est. « Je peux te dire la même chose, j'ai envie de prendre du bon temps, profiter de cette vie avec les gens que j'aime. Ce sont eux qui me guident. » Il se mordille la lèvre inférieure, pas tout à fait convaincu et soudain prit par l'émotion. C'est ridicule, l'autre s'en fout de ses états d'âmes. Il s'est foutu tout seul dans la merde en évoquant le sujet. « Prends soin de ton étoile Rahim, on ne sait jamais ce qui peut arriver. » Ce n'est pas une menace, c'est un regret. Celui d'avoir gardé ses sentiments, d'avoir laissé Lupe au Mexique quand il se rendait doucement compte de ce qui se passait. Et maintenant, il a perdu plus de trente ans, peut-être qu'il a perdu pour toujours ce temps précieux, si les rumeurs sont vraies. Peut-être n'est-il à la recherche que de poussière. Et tout ça, il pourrait en parler si ce n'était pas un secret qu'il garde depuis trop longtemps, mais qu'il refuse de dévoiler. « Merci pour le verre Rahim, si tu as besoin d'aide un jour tu peux compter sur moi et ma constellation. » Sa réputation le suit, Zyanya n'est pas connu pour être généreux.
Et pourtant il en faut peu, une conversation dans un bar, juste prendre le temps de faire connaissance.

@Rahim Gupta

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Il est important pour lui d'avoir des alliances partout où il se trouve sur le globe. Il ne peut pas mener une existence purement solitaire, il aurait déjà été capturé si ça avait été le cas. On a toujours besoin de autres, peu importe à quel point on peut réduire son univers à une poignée d'êtres. Les rencontres sont inévitables. Zyanya doit bien admettre que ses proches et amis sont plus méticuleux que lui, il est l'impulsif du groupe, la forte tête, celui qui cherche les ennuis. Qui dit qu'il n'a pas besoin d'aide quand il appelle au secours. Il en faut bien un. Et ce coté très sanguin lui cause bien souvent des ennuis, il ne peut pas se vanter d'avoir de nombreux amis. La plupart des gens lui rendent service en espérant ne pas le revoir de si tôt, soufflent quand ils aperçoivent son minois bien familier. Peut-être qu'il  leur manque, ça il n'en saura rien et ce n'est pas le genre de sujet qu'il évoque avec les autres, cet amour particulier qui fait les relations. Zyanya fait comme si personne ne comptait pour lui et inversement. On se construire une carapace avec ce qu'on peut.
Il sourit presque tendrement à Rahim qui le remercie et lui offre son aide, sincère. Il en aura bien besoin, ça il n'en doute pas. Il prend des risques en allant d'un pays à un autre, mais tous les risques valent la peine d'être pris si ça peut lui permettre de retrouver Lupe. De se rapprocher un peu de son ami. Pour l'heure, il n'a pas envie que la soirée se termine. Il veut encore de ce sentiment cocasse, d'avoir trouvé un adelphe immortel par pur hasard.

Il est loin de tous les soucis qui le taraudent, loin du lever du soleil qui accompagnera son prochain départ. Il n'a jamais été aussi nomade, souvent sa maison lui manque. Il veut rentrer chez lui, mais chez lui c'est quelqu'un et ce quelqu'un n'est pas là. Alors il ne peut pas s'arrêter, faire machine arrière. « Allez, un dernier pour la route. La même chose. » Il demande, en alpaguant le serveur. Ils auront d'autres occasions, un petit verre juste pour le moral. « La prochaine fois, peut-être que mes amis seront là. Tu peux inviter les tiens et ton étoile. » Il doute que Lupe sera de la partie, il faudra encore qu'il trouve le courage de le présenter, d'assumer au yeux du monde son secret. Au risque de briser le frisson que ça lui procure, cette magie de savoir qu'ils n'y a qu'eux qui savent. Ca n'appartient qu'à eux. Et il faudrait que eux ça existe. Il faudrait déjà que Lupe existe encore. « Il y a un truc entre vous ? » Il demande, indiscret au plus. Si il y a bien une chose que Zyanya aime c'est tout savoir sur les autres quand personne ne sait rien de lui.