blood in the wine (L'ORDRE DE L'HYDRE)

Février 2022, Rome
Que dire de ces derniers jours… Inattendus, serait une bonne qualification. Inespérés, tout autant. L'adrénaline a encore du mal à retomber et je me sens particulièrement en forme, malgré tout le manque de sommeil accumulé. Avec Mathy pour escorte, j'crois bien qu'on a fait le tour de la planète en à peine une semaine. Avec l'approche du rassemblement de l'Hydre, le voyage n'a pas été de tout repos. Tout s'est fait dans l'urgence, dès lors que Chiranth m'a contacté. Réintégrer ces deux imbéciles qu'ils constituent avec Bastian, je dois avouer que c'est plutôt un soulagement. Ca m'aurait bien saoulé de devoir les traquer des années durant… Mathy s'évertue à les qualifier d'amis, je préfère m'en tenir au terme camarade, bien plus neutre et moins engageant. Créer des liens, c'est juste risquer de s'attirer plus d'emmerdes. Je gère suffisamment bien toute seule. Déjà que notre constellation se remplie à vitesse grand V avec l'autre blondinette… Quoi Rahim c'était y a 30 ans ? C'est beaucoup trop rapide j'vous dis. Bref. C'est fraîchement débarqué de l'avion que nous rejoignons le rassemblement. J'ai bien vite abandonné mes couches de vêtements en arrivant à Rome. La Sibérie est ses -20° m'ont plutôt immunisé au "froid" d'Italie. Puis, ca me permet de profiter de ce petit plaisir qu'est le shopping à l'aéroport ; une habitude agréable pour avoir des fringues adéquats.

Finalement nous arrivons à la villa accueillant les gais lurons que nous sommes. Dès que nous ouvrons les portes du taxi, nos voix s'éteignent. Un autre rituel que nous avons avec Mathy, le moindre de nos mots devenant perceptible par les anciens se trouvant là à l'intérieur. Brièvement je prends Cолнышко dans mes bras, le remerciant une dernière fois silencieusement, un temps calme avant la tempête qui s'annonce. Puis d'un regard entendu, nous nous engouffrons au cœur de la villa. Je n'irai pas jusqu'à dire que nous sommes en retard. Juste dans les temps serait plus acceptable, même si… semblerait qu'on soit les derniers. Du moins, il ne reste que deux sièges aux côtés de Marius. L'un m'étant réservé, l'autre habituellement pour Trujillo que je doute voir apparaître. Ceux qui sont debout, je m'en fiche bien, même si mon regard suit une seconde Matheus qui rejoint la foule. Sans aucune gêne de cette arrivée remarquée, je contourne la cène pour m'arrêter à l'épaule de Marius. Dans un souffle à peine audible que seule une belle oreille peut percevoir, je lui glisse dans mon russe natal < Les ermites sont de retours. > Pas d'excuses pour le soi-disant retard, pas de politesses inutiles, une simple phrase sans grand sens pour les potentiels curieux et pourtant. Je m'installe à mon siège, pieds sur la table et mains croisées sur le ventre, attendant le début imminent des festivités. Je n'ai aucun doute en Marius pour comprendre l'entièreté de mon message. Rien n'avait véritablement été convenu à l'avance, tout s'est déroulé trop rapidement. Et annoncer ces nouvelles au téléphone, sûrement la pire des idées. Il a fallu me creuser les méninges un instant finalement pas trop long, pour savoir quoi lui dire. Le terme ermite fait référence à Bastian et Chiranth mais pas que ; c'est sûrement le bout le plus évident. Mais à moins qu'eux ou Marius en aient fait part à d'autres, il est peu probable que d'autres membres aient connaissance de la condition établie pour leur retour. Un artefact. Un artefact et ils seraient réintégrés. En l'occurrence, le Sabre d'Alexandre 1er, longtemps exposé au musée l'Ermitage…

Actions de Lova:

Lova style:

 

Février 2022, Rome Matheus est mort. Pas littéralement, mais cette course autour du monde aura eu finalement raison de son énergie. Faut dire qu'il se donne à fond lorsqu'il s'agit de Lova. Et que le froid de la Sibérie l'aura gelé jusqu'aux os. Il s'était résigné à mettre une veste bien chaude pourtant... Et Chiranth lui avait bien proposé diverses boissons chaudes quand il voyait ses doigts devenir bleus. Une perfusion de thé chaud aurait été nécessaire par moment. Enfin, c'était pour la 'bonne' cause, tout ça. Bastian et Chiranth avaient bien besoin d'un coup de main pour éviter que Marius ne décide d'une vendetta contre eux. Mathy avait ce mot en horreur, désormais. Franchement, hormis se gâcher des décennies, ça ne sert strictement à rien, car une vendetta contre des immortels, c'est 90% de chance d'engager une guerre d'usure. Et personne n'est jamais épargné dans l'affaire. Encore un peu, et ces deux derniers siècles auront presque réussi à le transformer en pacifiste ! Puis bon... il aime bien les deux compères. Lova voit ça comme une faiblesse, des ennuis en plus, mais avoir des alliés c'est important. Et des amis, ça peut tout changer. Comme te sauver les fesses quand t'en as le plus besoin. Peut-être que Lova estime ne pas en avoir besoin, avec lui en backup perpétuel ?

Mais enfin, les voilà finalement à Rome, avec Lova. Quelle douce brise par ici... Adieu la veste ! Ils s'engouffrent dans l'aéroport de Rome en quête de nouveaux vêtements. Enfin il suit surtout le mouvement et se laisse relooker sous le regard expert de Lova. Parce que lui il aurait largement pu se contenter de rester dans son ensemble noir et d'un peu de déo. Dans le taxi, Mathy en profite pour se préparer un cocktail énergisant de son cru, destiné à le maintenir debout encore quelques heures... puis avec son sommeil de merde, pas le choix. Ce sont principalement de puissants stimulants dont il maitrise le dosage à la perfection. Il sent le regard furtif du chauffeur dans le rétro, alors qu'il range un sachet de poudre blanche dans son sac. Oh sérieusement, il n’était sûrement pas le premier de la journée à prendre un peu de coke dans son taxi, si ? Ils arrivent finalement sur les lieux de la villa romaine ; tout ce décorum, c'est bien du Marius ça. Leur conversation avec Lova s'éteint alors comme si l'on avait brusquement soufflé sur la flamme d'une bougie. De toute façon, les yeux suffisent avec eux. Ceux de Lova semblent pétiller, elle doit être impatiente d'annoncer la nouvelle au maître de cérémonie. Pour le reste, ni l'un ni l'autre ne sait réellement ce qui les attend. Une dernière étreinte tendre avec sa précieuse citlalin et les voilà qui entrent enfin dans l'arène.

Elle dans la lumière, lui dans l'ombre. Il cherche en premier Alexis du regard, à qui il n'a pu donner de nouvelles depuis plusieurs jours. C'est aussi parce que ce n’est pas le genre de nouvelles à dire au téléphone. Il est déjà assis autour de cette table, imposante, dont lui ne pense plus avoir sa place. Matheus choisit donc le côté de la foule qui lui fait face, suivant également des yeux l'avancée de Lova vers son siège, mais surtout vers Marius. Toute l'attention est tournée vers elle, il a donc l'opportunité d'agir pour communiquer avec Alexis. Mais il ne peut absolument rien dire ni s'approcher. Quant à un message en langue des signes, il serait immédiatement grillé. Il compte alors sur l'ouïe surdéveloppée d'Alexis pour entendre ses coups de talons timides sur les dalles en pierre, pouvant s'apparenter à une nervosité feinte pour quiconque le regarderait. Il tente alors d'épeler ··· ·− −··· ·−· · * mais maîtriser le tempo via ses chaussures italiennes toutes neuves, c'est difficile et il doit s'y reprendre à plusieurs fois. Quelle plaie de devoir jouer à l'informateur dans pareil moment.

*sabre en morse

Actions de Mathy:

 

Pologne - Février 2022 Rires gras et franches boutades accompagnaient le bruit des verres et les airs surannés d'une polka. Un groupe de soiffards s'était formé autour d'une table où se livrait un duel de vitesse et de résistance. Les pintes s'empilaient à l’instar des billets tassés en bout de table : c'est à celui qui battrait le champion incontesté de l’absorption d'alcool! Un gamin bâtit comme un ours avait succédé à un vieux baril bercé à la vodka, et tous deux étaient tombés ronds comme des pèles face à l'Irlandczyk.

Un pilier de comptoir escomptait bien réussir là où les autres avaient échoués. Les deux hommes se faisaient face et avalaient leurs pintes à grande goulées, renversant toujours plus haut le cul de leur chope. L'ivrogne lorgna sur le molosse roux. Connor engloutissait à gros débit en le regardant de biais, droit dans les yeux, encaissant le manque d'air et l'ivresse qui guettait avec impertinence. L'adversaire au pif rougeaud ne se laissa pas démonté : il plissa son visage tout entier comme si le geste eut pu lui faire absorber plus vite et plus fort et glou! Et glou! Et glou! Et glou! Sur quoi il claqua sa chope sur la table le premier. HURAAA! hurla t-il sous le viva de ses compagnons, levant les bras au ciel avec tant d'enthousiasme qu'il chavira par terre, les quatre fer en l'air, et y demeura, complètement rétamé.

Les éclats de rires tonnèrent pour de bon. Connor posa à son tour sa pinte vide et essuya la mousse sur sa moustache du revers de la main. Un rire humble brillait dans ses yeux ambrés de millénaire. Pauvre hère. Espérer battre un être de sa constitution, au jeu de la boisson? autant parier avec le Diable! Mais diable, il l'était sans doute un peu : c'est que ces petits jeux, ça rapportait raisonnablement pour subvenir a ses besoins épicuriens...
Les pommettes bien colorées lui aussi, Connor empoigna le tas de złoty étalés sur la table et il se traîna aux chiottes un brin chancelant. C'est pas tout, mais fallait évacuer maint'nant!

-Connor, Connor... De tous les endroits de la Terre, il faut que tu choisisse les recoins les plus rustres.

-HOLY SHite!...

Le gaillard s'écrasa contre la porte en plaquant une main sur son cœur paniqué. Pour peut qu'un ancien guerrier, un assassin, un immortel, puisse périr d'une crise cardiaque. Il expira lentement, pour retarder le moment où il aurait à rouvrir les yeux.
Lui. L'émissaire de l'Hydre. Ici. Aux antipode de l'Amérique. Au milieu de nulle part... après des semaines à errer aux quatre coins du globe... Connor expira sa frustration par les narines tandis que l'autre terminait de s'essuyer les mains, ridiculement formel dans ce décor de bistrot rustique.

-Tu es attendu.

-Aye... qu'il se massa les paupières. Le temps de régler deux-trois affaires, prendre le prochain train et...

-Ce ne sera pas nécessaire. L'homme brandit un billet sous son nez. Ton avion décolle dans deux heures.

Connor loucha sur le papier, le temps que son esprit enivré ne réalise pleinement. Qu... mais, d'où est-ce qu'il- et si tôt?!... Il lui arracha des mains puis lorgna avec méfiance. La dernière fois, il avait eu droit à un sermon et un châtiment pour avoir pris congé de l'Ordre. Comme il s'en allait et que l'alcool embrasait son audace et sa rancune, il se risqua.

-Pas de pied-de-biche en travers du bide cette fois?

L'homme s'arrêta net sur le seuil de la porte. Connor déglutit : c'tait pas non plus une invitation, hein!... L'intermédiaire le considéra par dessus son épaule, se fendit d'un sourire aiguisé dans l'ombre de son chapeau-feutre... et s'en retourna sans un mot.

Abandonné seul dans les chiottes avec son billet, Connor ravala un putain de frisson.
Ça voulait dire quoi, ça au juste?!!

On l'avait retrouvé dans le trou du'c de l'Europe. L'Hydre voulait l'voir...

...

FUCK!

Rome - Février 2022 Well. Il avait eu le temps de repenser sa situation durant le trajet. D'aussi loin que remonte ses plus clairs souvenirs, Connor faisait parti de l'Ordre de l'Hydre. Le clan d'immortels s'était fait un devoir de réunir ceux de leur nature par le passé, et nombreux comme lui avaient acceptés leur main tendu, non sans s’acquitter d'une légitime rétribution en retour.
Hardi et habile, il avait offert ses services tantôt interceptant des messages, tantôt tordant des cous, tantôt effaçant des traces, intimidant les insignifiants et éliminant dans les élites, bref, tout ce qui requérait de se salir les mains pour permettre à une race incomprise et oubliée de retrouver ses honneurs et sa place au sein des vivants.
Connor avait rarement croisé les Têtes en dehors des réunions de ce genre. Il s'était avéré bon soldat au cours du dernier millénaire, fidèle, zélé, avec une réputation de chien fou, mais jamais qu'un soldat. Sa place restait aux pieds des Maîtres, si ce n'était en marge. C'est par le biais d'un intermédiaire qu'il recevait ses ordres de missions, des informations sommaires. Une façon certaine pour ses commanditaires de conserver leur anonymat et la sécurité dans un milieu enclin à la traîtrise, et, Connor le devinait, un mépris des Grands à frayer avec le bas de l'échelle.

Il y a une vingtaine d'années de cela, Connor avait fait connaître son désaccord avec l'Hydre. La source du dit désaccord restait floue, mais il ne voulait plus participer aux dérives d'un Ordre qui avait perdu ses primes aspirations pour répondre à des desseins individualistes. Dès lors, l'irlandais n'avait cessé de réduire ses interactions avec l'organisation. Jusqu'à se faire oublier. Puis on l'avait retrouvé en Amérique pour lui rappeler son rôle, a qui il avait prêté serment, et ce qu'il risquait à désobéir.
Puis, on venait de le trouver au bout du monde, pour le convier à s'entretenir avec les Têtes de l'Hydre...

Il en menait pas large, Connor. Lorsque qu'il pénétra dans la villa et qu'il huma un nombre conséquent de présences, un poids énorme lui tomba des épaules et il s'autorisa un profond soupir. Ce n'était pas une convocation chez le directeur : c'était une foutu réunion de bilan! Révision des objectifs, motivation des troupes et compta tricentenaire, et cetera, et cetera. 'Fin, une version antique, quoi.
Ça aurait presque été un soulagement. Presque.

Raaah... Fucking mise en scène. Le chien de l'Hydre se faufila dans la foule aussi discrètement que ses presque deux-mètres et son arrivée de dernière minute lui permettait. Il n'aimait pas ça. Il n'avait jamais apprécié les comédies du Grand Monde. Ses numéros à lui étaient triviaux, concernait un public primitif. Net, sans autres fioritures qu'un humour grinçant ou un tape-à-l’œil qu'il assumait parfois grossier mais satisfaisant. Non, ça... ça, ça avait quelque chose de perfide.
En regardant la longue table couvertes de mets raffinés, la robe bordeaux du vin, le saignant de la viande encore crépitante et les fruits mûrs, il se figura un plateau être emmené au milieu du festin et sous la cloche en argent, une tête humaine être servit aux convives en guise de pièce maîtresse.
Puis le nombre des chaises... treize. Treize, bon sang! Ça lui hérissait les poils, les superstitions. C'était empreint d'histoire ces saletés là, de VRAI histoires bien qu'on avait tendance à l'oublier! Il ravala son malaise. On voulait juste leur en imposer. C'est ça, les mâter avec des images préfabriquées, un théâtre bien rodé, rien qu'une mise en garde. Ou bien autre chose se tramait ce soir... Quelque chose de plus grave que les apparences le laissaient penser.
Menaces implicites. Peurs distillées. Paranoïa activée.

Connor se fit petit. Les sens en alerte. A la recherche du crissement d'une lame. A l’affût d'une odeur de perle de sang frais. Prêt à se battre et décamper si la situation l'exigeait!
On n'aurait pas SA tête!
Il ferma les paupières et pris une longue, discrète inspiration.
Non bien sûr, on n'aurait pas sa tête. Ce n'est pas comme ça qu'était censé se dérouler la fin de son histoire... Et puis, une tête d'hydre ça repousse. Mais pas les membres, en y réfléchissant...

Une entrée l'arracha à ses spéculations. Il était pas le seul à arriver à la dernière minute... Beuah, non... Lova. Son nom chantait l'amour, lui, il lui inspirait une créature carnassière et sournoise. Il fallait l'avoir croisée pour comprendre! C'était une peste. Une fouineuse sans scrupule, et une persuasive avec ça! Tout ce qui hérissait le presque amnésique. C'est ça l’espionne, remue donc tes satanées lèvres à l'oreille de l'Hydre... Tchhh. Elle méritait bien sa place à la table, au côté de ces serpents, tiens... Ça laissait un espoir : si du sang devait être verser, peut-être...! Il aurait aimé s'en persuader, mais elle était trop bonne élève pour que ça ne lui tombe dessus à elle.
Connor coula un regard de côté, dans l'assemblé. Évidemment, l'aut ', le chicano qui lui collait au basque était là aussi. Connor avait jamais compris s'ils couchaient ensemble ou pas. Lui, il le connaissait moins, tout ce qu'il avait retenu, c'est qu'il aimait jouer au couteau et qu'il avait brillé par son absence un certain temps. Et tap-tap-tap qu'il agite nerveusement ses semelles celui-là... Il arrête. Puis recommence, mais avec plus d'entrain encore : il a décidé d'emmerder son monde? L'auditif grogna ostensiblement en lui faisant de gros yeux. STOP IT. Right. Now...
Soupir. Son regard se posa sur une silhouette carrée dans sa chaise. Droite, sage... effacée. Connor plissa du nez face à tant de servilité. Il n'avait jamais aimé les dociles, ça lui donnait envie de les baffer! Docilité par convenance, ou par crainte... Il n'était pas le seul ici à être prisonnier de l'Ordre. Leurs regards se rencontrèrent. Fugaces. Assez longtemps néanmoins pour que le regard sombre, dédaigneux et fatigué du chien de l'Hydre trouve un écho dans les yeux tristes de l'asiatique.

Enfin ce regard lourd se reporta sur le centre de la tablée, sur les Têtes de l'Ordre que des bruits de couloir disaient en opposition.
Marcus. LA Tête de l'Hydre. Qui ne connaissait ses aspirations sans bornes, son talent d'orateur et sa capacité à toucher les cœurs et les rendre serviles? Si on lui demandait son avis, Connor acquiescerait pour qu'on coupe la tête de ce type et qu'on la jette à des fauves. Mais pour autant... se ranger aux côté d'Alexis le control freak, l'assassin qui était parvenu à se frayer une place de second, ne reviendrait jamais qu'à élire un mégalo supplémentaire...

Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour quitter ces foutus guerres...

Pourvu que ce conciliabule se termine vite.
Ça le démangeait de sortir sa flasque. Besoin de noyer ce sentiment coriace que quelque chose de vilain se tramait...

Résumé de l'épisode:

Février 2022, Rome Le décalage horaire fut une réelle galère à absorber. Les minutes s'enchaînent inexorablement alors que la nuit tombe, et qu'Alexis se sent parfaitement réveillé. Toujours sur le fuseau horaire Hawaïen, le bras-droit de l'Hydre revenait d'une entrevue enrichissante, si tant est qu'il put la nommer ainsi, avec sa constellation. Ceux qui le voient comme un traitre. En même temps, pouvait-il revêtir un autre costume ? Il lui allait si bien. Un long soupir s'échappe des lèvres du français alors que son chauffeur le dépose sur le porche d'une somptueuse villa italienne. Une réunion qui promettait de sacrés rebondissements. Marius réunissait les grands pontes de leur organisation, des nouvelles plein les poches. Alexis devait se tenir prêt. Conformément à ses instructions, il participa à la convocation des têtes pensantes de l'organisation et il se permit aussi quelques invitations excentriques supplémentaires. Recontacter des individus qui s'étaient éloignés de l'Ordre pouvait parfaitement servir ses intérêts, vu qu'Alexis ne se trouvait pas être le seul à dévier quelques-peu de la direction prise par l'Ordre. Dans le plus grand secret évidemment.

En avance, il lui fallait s'entretenir avec ses propres agents sur les récents événements qui agitaient son organisation, réfléchir et prendre quelques décisions. Il admira le ballet incessant des serviteurs de la demeure qui mettait tout en place pour la réunion. Une grande table et treize chaises. Depuis toujours, Alexis admirait l'art de la mise en scène de son leader. Ou de la mise en cène ? L'heure fatidique approchait et il trouva sa place à la droite du fauteuil principal. Fauteuil qu'il lorgnait avec une envie certaine qu'il lui fallait camoufler derrière une fausse déférence. Les dents serrées, ses cartes ne pouvaient s'abattre pour le moment et il lui fallait laisser Marius prendre les devants. Après tout, peut-être commettrait-il quelques erreurs impardonnables ce soir ? Le traitre se tiendrait prêt pour récupérer ce qu'il lui revenait. Pour remettre certaines priorités à leurs justes places.

La salle se remplit tout comme les chaises autour de la table. Deux intéressants protagonistes firent d'ailleurs leur apparition : Lova et Matheus. Les deux faces d'une même pièce, miroir de sa propre rivalité avec la tête principale de l'Hydre. Et alors que Lova se penchait à l'oreille de son maitre, Alexis ne put que capter quelques mots russes prononcés quand un autre son attira son oreille affutée. Des claquements de talons beaucoup trop régulier. Tendant son attention sur ce son, son regard n'y laissa rien paraitre. Précieux don de l'ouïe offert par son immortalité, il ne pouvait que saluer l'ingéniosité de son propre agent. Pourtant, cette fierté fut de courte durée quand Alexis comprit le message de Matheus. Et merde ! Ses dents se serraient encore d'avantage face à la mauvaise nouvelle. Une relique dans les mains de Marius ne pouvait que contre-carrer ses plans. Il lui faudrait trouver des astuces pour la récupérer si ses propres plans auprès de sa constellation tombait à l'eau. Une de ses foutues armes devaient se trouver entre ses doigts pour qu'il puisse abattre Marius une bonne fois pour toute. Peut-être que cette soirée lui apporterait quelques prétexte à offrir à sa constellation pour les convaincre de l'aider ?

Penché sur la table, appuyé sur ses coudes, les mains jointes soutenant le de bas de son visage aux angles marqués, le bras droit attendait son heure en promenant son regard sur les participants présents. L'assassin de Marcus dans un coin cilla un instant, probablement aux sons des bottes de Matheus, mais rien de grave, rien qui ne pouvait être géré. Les iris céruléennes continuèrent leur tour d'horizon jusqu'à voir la tignasse rousse du chien fou. Bien, il était présent aussi. Même si Alexis rechignait à faire appel à des gens du chaos aussi zélé dans le désordre que lui, il avait eu vent de son aversion pour Marius. Pas sûr qu'il puisse totalement le mettre sous sa coupe, mais il pouvait avoir un rôle intéressant à jouer dans cette pièce qui prenait gentiment place sous leurs yeux.

Un léger sourire s'étira sur les lèvres fines du conseiller. La représentation pouvait commencer.

Actions d'Alexis:

 

Février 2022, Rome
Installée à mon aise sans aucune gêne, la sensation agréable du devoir accompli et de la reconnaissance de notre leader, je profite de ces quelques instants de répit avant que les choses sérieuses ne commencent. Pas besoin d'ouvrir l'œil pour réaliser le top départ. Un silence naturel s'exécute, Marius et son charisme à l'œuvre. Je me redresse alors sur ma chaise, pieds au sol, attention rivée sur notre dirigeant. Une marque de respect qui est loin de me caractériser, rarement démontrée si ce n'est envers la tête de l'Hydre. Tandis que ses premiers mots résonnent, que Marius se lance dans l'un de ses fameux monologues, mes yeux dérivent sur les personnes présentes. Les plus insignifiants d'abord, l'assemblée qui se tient là face à nous. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, amusée et légèrement surprise de constater la présence de l'autre taré de rouquin. Où est-ce qu'ils sont allés le déterrer cette fois… Comme d'habitude, sa tronche respire la fraîcheur. Ca fait un bout de temps que je n'ai pas eu l'occasion de partager une de ces nuits désastreusement divertissantes en sa compagnie. Tellement socialement inadapté que j'en deviens une enfant de chœur, à ses côtés. Mathy se tient pas bien loin debout quand à une époque, nous partagions deux places de prédilection auprès de Marius. Cela semble remonter à une éternité et j'efface bien rapidement ce sentimentalisme qui se pointe. Attention rivée sur notre tablée, j'observe ces visages que je connais bien mieux que la plèbe. Quelques membres de la constellation de Marius, quelques assassins dont l'autre nana bonne à tout faire. Deux siècles que Marius l'a à sa botte et malgré le travail bien fait, j'ai jamais pu la sentir. Chose qui s'applique à bien trop de monde pour que ca ait une réelle portée. Comme à ce bras-droit, envers qui ma méfiance n'a fait que s'accroître avec les années. En particulier avec le retour de Matheus au sein de l'Ordre, qui lui est probablement aussi fidèle que je peux l'être envers Marius. Alexis s'est trop bien entouré pour persister dans l'ombre.
Doucement le ton de notre leader change, jusqu'à ce que le verre se brise, le vin recouvrant le sang qui coule. Toute mon attention reportée sur sa personne, mes lèvres s'étirent, appréciatrices que son mécontentement s'expose aux autres. Face aux menaces accrues, aux élections qui approchent, il est grand temps de remettre les points sur les i. En aucun instant je ne me sens visée par sa colère et à observer l'inconfort qui s'installe, il semblerait que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Quelques mots saupoudrés de persuasion rendraient si facile le déliement des langues. Curieuse de découvrir qui osera l'ouvrir en premier, je me penche silencieuse pour servir deux coupes, posant l'une naturellement devant Marius, l'autre gardée en main. Ce serait dommage de ne pas profiter de ce délicieux vin italien, face au spectacle qui s'annonce.

Actions de Lova:

 

Rome - Février 2022 Lorsque Marcus entra en scène, un silence religieux tomba dans la villa. Par instinct plus que par convenance, même Connor se campa droit et à l'écoute. Il émanait du personnage une aura qui imposait le respect. Le romain était plus jeune que l'irlandais de quelques siècles, pourtant, il lui semblait n'avoir jamais connu d'autre véritable chef à la tête de leur organisation.
Si l'Hydre avait un visage, c'était indubitablement celui de Di Mercutio.
Il faut dire que Marcus avait le don de marquer les esprits...

Connor nia un frisson. Il y a un genre d'immortel qu'il détestait plus que tout les autres : c'était les persuasifs. Ils possédaient le dont le plus terrifiants à ses yeux, capable de vous faire faire des choses auxquelles vous n'auriez jamais consentis. Connor connaissait très bien l'étendue de leurs dons, qui en réalité ne valait pas les prouesses d'un Mesmer. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de craindre que leurs paroles, le choix de leurs mots, le timbre de leur voix, ne suffisent à envoûter un auditoire sur une durée bien plus vaste, et n'organisent un chemin de pensées et ancre dans leur esprits des idées pernicieuses qui à bien y songer, pourraient ne pas être les leurs.
C'était comme les clairvoyants, avec leurs foutues capacités à voir dans le passé : mais qui avait envie de se faire sonder ses antécédents et ses secrets, seriously?!
Ou les prescients, qui eux voyaient l'avenir... Beuargh, tous des fouineurs et des manipulateurs. Ça lui filait des boutons rien que d'y penser.
Il y a un genre d'immortel que Connor détestait plus que tous les autres, donc : les persuasifs, les clairvoyants, et – bien que dans une infime moindre mesure – les prescients...

-Mes frères, mes sœurs immortel.le.s, voilà bien longtemps que nous n’avions pas prit le temps pour des retrouvailles d’une telle ampleur.

La voix du maître de cérémonie raisonna dans les lieux. Il reposa sa coupe, et d'une gestuelle souple, les embrassa tous en ouvrant les bras.

-L’Ordre de l’Hydre, notre famille, notre credo. Le Chien de l'Ordre renifla son dégoût. Tchh! "Famille", my arse !... L’Hydre, car nombreuses sont nos racines, nos histoires. Un pincement dans le poitrail. Un regard discret de côté, vers de présumée solides racines et de fières histoires, puis comme les feuilles mortes d'automnes dont elles tiraient leur couleur, ses iris échouèrent silencieusement sur un point vide vers le sol. ...Multiples. L’Hydre car lorsqu’un de nous tombe, combien d’autres se lèvent?

Comme il détestait ces discours écœurant d'hypocrisie... Qui se lèverait réellement pour l'un d'entre eux, ceux qui se tenaient debout en face de la tablée comme de bons petits soldats? Ne repoussent que les Têtes, eux n'étaient rien de plus que des pattes agiles, des griffes meurtrières, les épaules robustes, personne ne se lèverait pour eux. Personne ne se lèverait, pour lui. Pas pour reconnaître leurs valeurs ni de la gratitude pour leurs services. Il l'avait compris il y a longtemps, à force d'attendre un avènement qui ne venait pas, d'être si bon dans son rôle de dogue mais si pathétique dans son parcours d'immortel qu'on le gardait comme homme-d'attaque, un homme de l'ombre, mais jamais qu'aux pieds de ceux qui aurait dut être ses égaux par nature et par fraternité.

-L’Ordre, car tel est notre devoir. Ramener sur Terre la paix et l’harmonie. Connor daigna relever son regard mauvais vers l'orateur. Nous devons mener les brebis égarées, remettre sur le droit chemin celle et ceux qui se sont perdu.e.s. Nous devons remettre les choses dans l’ordre, ordre que ces humain.e.s ont bafoué.e.s. Des siècles qu’iels nous terrorisent, nous méprisent, nous chassent et se détruisent entre eux, détruisent cette Terre. Des enfants à qui l’on a donné le pouvoir et qui jouent avec la vie et la mort alors qu’ils n’en connaissent rien. Il eut une pensée pour ceux qui parmi eux avaient-eu à faire de près aux chasseurs d'immortels et à la bêtise humaine. C'était vrai. L'humanité ne serait jamais qu'une race infantile, aveuglée par ses besoins égoïstes et ses phobies de l'inconnue, orpheline de repères et de bon-sens... Mais nous… Nous avons vécu. Nous sommes mort, ressuscité, encore et encore! Nous... bientôt, nous allons reprendre ce qui nous revient de droit. De nature.

Le rouquin se redressa imperceptiblement, sans s'en rendre compte. Une lueur corrigea son regard farouche, et il dégluti un désir inassouvie. Une énergie qu'il pensait éteinte, qu'il n'était pas certain de vouloir sentir cependant, trop délicieuse pour ne pas souffrir la désillusion, gonfla en lui. Ces mots... oui, ces mots là avaient du sens. Le vécu. Les vies qui s’enchaînent, sans fins, sans répits, qui sonnaient la folie pour celui qui marche sans but sur les chemin de l’éternité.
Et un acquis perdus, arraché, qui leur revenait de droit. De nature. L'acceptation de leur existence. Leur liberté d'ÊTRE et de VIVRE au grand jour parmi les hommes. Dans un monde apte à les recevoir, à leur mesure...

La coupe de vin éclata soudain entre les doigts de l'orateur. Connor sursauta tandis qu’un grondement sourd annonça le courroux à tomber.

-Alors dites vous mes chers ami.e.s, comment se fait-il qu’aujourd’hui, nous soyons à ce point dans la discorde? Connor interrogea d'un regard incertain Matheus à sa gauche puis son voisin de droi- Que j’entends parler de trahison, de désertions, GLOUPS! que je dois faire face à votre incompétence? Expliquez vous, confessez vos pêchés.

Fuck. FuckfuckfuckfuckFUCK, il le savait. Ça sentait pas bon cette déco, les tâches de rouges, le flanflan baroque et ces sourires de loup enjôleur prêt à fondre sur un troupeau de bêtes hypnotisées. Sueur froide. Connor n'osait plus frémir d'une narine. Il n'était pas le seul : ça gigotait nerveusement autour de lui. Le cardio de l'amateur de couteau avait eu un raté, lui aussi... Le géant tenta de gommer les centimètres qui le distançait d'une partie de la petite assemblé en entrant la tête entre ses épaules et recula discrètement derrière les corps qui l'entouraient. Si quelqu'un se sentait le besoin de se confesser, qu'il y ailles : il lui laissait la parole sans hésiter!

Nooon... et l'autre insensible de Pavlenko qui, loin de se sentir émue le moins du monde, s'écoulait vers le vin avec un sourire de chatte pour tranquillement se resservir un verre... La gente patricienne qui se rit de la plèbe jetée en pâture aux lions!

Connor sentait le couperet du jugement lui chatouiller la nuque, prêt à tomber si personne ne se décidait à agir. Alors il déglutit, pris une inspiration, et fit la seule chose à faire en pareille situation.

Il poussa le mollet de Mattheus d'un bon coup de semelle pour le contraindre à avancer.
Au regard qu'il se mangea, Connor joua de mimiques qui se voulait discrètes : aller, fais pas ta pleureuse et fais la conversation, toi! Quoi qu'on puisse lui reprocher à celui-là, c'pas comme s'il n'avait pas sa Lova pour lui sauver les miches, contrairement aux autres...

Résumé de l'épisode:

Février 2022, Rome Une fois certain qu'Alexis a bien reçu le message, Matheus le scrute discrètement. Il peut presque l'entendre penser alors qu'il balaye la table et la foule de son regard perçant. L'ex-assassin semble analyser ses prochaines cibles. Parviendra t-il à convaincre quelques uns de le joindre ? Qu'est-ce qu'il prépare au juste pour la soirée ? Ce jeu de dupes va finir par le rendre dingue. Matheus finit lui-aussi par regarder vaguement autour de lui, et par dessus son épaule, il distingue la tête d'un rouquin qui dépasse de la foule. Tiens, voilà le magicien du dimanche, l'autre taré d'irlandais qui, semble-t-il, ne s'est pas assez bien planqué puisque le voilà ici. Bah, faudra qu'il lui suggère une planque sous-marine s'il a l'occasion de lui causer. Et s'il survit à ce repas. Les yeux de Mathy glissent ensuite vers Xialing. Elle donne l'impression pas si discrète de vouloir être partout sauf ici, parmi eux. Elle se trouve pourtant à cette table d'élus, particulièrement près de Marius, elle s'est donc fait une place parmi les membres qui ont la côte en ce moment, non ? Va falloir qu'il se remette un peu à la page des intrigues de l'Ordre, en tout cas sur celles qui ne concernent pas ses connaissances proches, et qui de mieux que Lova pour ça ? Il ne peut s'empêcher de la couver des yeux un instant, et de pester d'être... si loin. Il était proche, autrefois. De lui. Cette pensée reste un moment, des souvenirs ressurgissent. Mais avant qu'il ne parvienne à déterminer quelle émotion domine, le maître des lieux choisit ce moment pour se révéler. Au placard donc, le passé, qui s'acharne souvent à se rappeler à lui, et place au moment présent.

Et à voir cette coupe de vin se lever dans la main de Marius, à entendre ce silence qui s'abat aussitôt sur l'assemblée, il sait qu'il ne sera pas déçu du spectacle. Marius n'a pour l'heure que d'égards pour Lova, d'autant plus après la bonne nouvelle sur le sabre... quant aux autres... qui est ami, qui est ennemi ? Les têtes de l'hydre autour de la table et dans la foule ne tardent pas à s'agiter. Lui-même n'en a pas vraiment une idée claire, alors comment pourrait-il mieux le savoir que lui ? C'est pourtant Alexis qu'il rencarde aujourd'hui, mais Mathy est sous l'influence de la drogue qu'il a prise, il ne sait analyser son palpitant qui s'accélère. L'ordre, une famille, insérer ici tout adjectif rassembleur qui vous plaira, voilà ce qu'il retient de l'éloquence de l'Auguste ici présent. Parce que pour la première fois, tout cela sonne faux. Fût une époque, il pouvait réellement voir l'Hydre comme une famille, mue par les mêmes desseins, le même désir de sauver ce qui pouvait l'être des mains chétives des mortels. Aujourd'hui, ça sonne... creux, entre ses lèvres. Mais nous… Nous avons vécu. Nous sommes morts, ressuscités, encore et encore ! Bah, m'en parle même pas, qu'il ne peut s'empêcher de penser à ce moment-là, la respiration devenant difficile, alors que ça lui renvoie à ses vies perdues, consumées dans les profondeurs de l'océan... Il devrait être mort mangé par les poissons.

La coupe se brise soudain et il ne peut empêcher un sursaut, presque comme un tic nerveux. La fatigue, la drogue, il est à vif, il le sait, et ce n'est pas idéal quand il s'agit surtout pour lui de rester tranquille. Confessez vos péchés. Les dieux, ses dieux, savent ce qu’il en est, et eux-seuls sont en droit de le juger. Il n’est donc pas vraiment inquiet, encore une fois. Et encore moins par les préceptes de la foi chrétienne qui dégouline par cette mise en scène. La confiance de Lova semble comme irradier en lui, alors qu’il sait que Marius doute pourtant de lui depuis son retour à la civilisation. Mais ne vient-il pas de faire le tour du monde pour que le sabre lui soit remis pendant qu’il peaufinait son discours ? Et pour que Lova lui revienne bien en un seul morceau ? Depuis ce début d’année, il a fait des pieds et des mains pour revenir dans les papiers de Marius... il devrait carrément être autour de cette table en fait, aux côtés de Lova, et pas dans la foule, avec Connor dont le visage change progressivement de couleur. Il est livide le rouquin. Et comment il le sait ? Cet enfoiré vient de lui faire un coup en lâche, pas une surprise connaissant le personnage, mais un coup dans le mollet ça fait mal. What - the - fuCk ! ... are you DoIng ? qu’il chuchote un peu fort en lui jetant un regard digne d’un dieu de la mort. Shit t'as cru que j'étais ton porte-parole ? qu'il murmure, oscillant entre hilarité (la drogue) et lassitude(la fatigue), en replongeant dans la foule.

Le tout passe, il espère, inaperçu, puisque c’est aussi à ce moment-là que Xialing choisit de répliquer. « Les seuls péchés que j’ai commis sont ceux que vous m’avez forcée à commettre. Dans ce cas, j’imagine que je n’ai rien à confesser. » On peut dire que ça jette encore plus un froid, mais voilà les premiers mots de la soirée qu'il entend qui sonnent juste. Et sont révélateurs de la position inconfortable qu'elle semble occuper autour de cette table. Si Marius veut tout remettre à plat, il va falloir qu'il y passe lui-aussi, devant le Jugement Dernier. C'est habile. Et juste. En tout cas, de son point de vue, ayant souffert jusque récemment des actions ou plutôt de l'inaction de la tête pensante de l'Ordre à son égard.

Sans regarder Alexis, il se dit qu'il va se saisir de cette perche immense qui lui est tendue. Ou peut-être a-t-il prévu des surprises ? Il a forcément des cartes dans ses manches pour se sortir d'affaire. Il empoigne Connor par un poignet, flairant d'autres potentiels coups en douce. Qu'il croit pas qu'il l'a oublié, ils vont devoir causer après, s'ils ont toujours leurs têtes vissées sur les épaules. Reste tranquille et attend ton tour, y en a forcément d'autres qui vont se prendre des gifles avant toi. Une façon comme une autre de le réconforter.

Actions de Mathy:

Février 2022, Rome Les choses ne pouvaient pas plus mal tourner. Le grand chef prit la parole et de sa verve n'a rien perdu de sa superbe. Tranchant, puissant, sa voix de stentor faisait vibrer les corps et semblait pouvoir pénétrer les âmes. Alexis dut reconnaitre qu'il en avait presque des frissons. Il leva son verre à la suite de son chef, ne pouvait se glisser quand aucune faille qu'il aurait pu laisser. Et merde. Surtout que la dernière nouvelle de Matheus ne l'encourageait pas à faire preuve de courage. Il ne se trouvait pas en position de force.

Pourtant, les propos accusateurs du leader pouvaient facilement se retourner contre lui ... L'idée germa un instant dans son esprit quand un mouvement brusque attira son attention. Matheus ? Les yeux céruléens du second s'écarquillèrent, ne comprenant pas du tout la manoeuvre de son agent. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait dans un moment pareil ? La tignasse de feu juste derrière lui répondit en partie à son interrogation, quand une voix brisa le silence et attira à nouveau son attention ailleurs. Le visage d'Alexis fit un 180° pour se tourner vers une nouvelle animation. Mais que leurs prenaient-ils à la fin ? La vie ne leur plaisait plus ? Son cerveau fonctionna à vive allure pour traiter les informations et voir comment il pouvait la tirer à son avantage. Xialing. Il connaissait son histoire. Et l'emprise de Marius sur elle. Il avait soupesé de nombreuses fois l'idée de la rallier, mais le risque était trop grand. Lui offrait-elle une solution sur un plateau ? Un fin sourire étira les lèvres du grand brun. De sa voix douce, il lui dit écho, en lui levant son verre : « Preuve en est de ton ultime loyauté. ». Une gorgée du liquide pourpre englouti, il reprend comme pour s'emparer à son tour de la situation : « Nous sommes tous, ici-bas, des pêcheurs. », un moyen de gagner du temps, de capter à son tour l'attention de la foule. Mais surtout, un moyen pour tendre une main secourable, même si celle en difficulté risque de le regarder avec méfiance. « Cela ne faisait aucun doute à personne. ». Il ne faudrait pas que cette petite réunion de famille ne tourne au pugilat.

Une nouvelle gorgée plus tard, il reprend la parole avant de laisser la main mise à son maitre : « Si nous sommes tous ici, c'est aussi pour trouver des solutions, et se réunir enfin dans un même élan. ». Un meneur se devait de réunir les troupes. Les espions se chargeraient des traitres, si ceux-ci ne se faisaient pas prendre ... Et, à cela, il y veillait grandement. Après tout, n'était-ce pas aussi une partie de son travail de bras droit ? Pourtant, Alexis savait bien que Marius n'avait probablement pas dit son dernier mot. Et lancer les étincelles de la discorde au sein même de l'Ordre sans preuve semblait bien audacieux pour leur chef ... Le français se tenait prêt à la moindre entourloupe.

Actions d'Alexis: