fist or bottle ? (min-ji)

[001] Si tu brilles au corps à corps, c’est dans le maniement des armes que se trouve ta véritable passion. Petites ou longues, droites ou courbées, tu les aimes tes épées coupantes et tes dagues tranchantes. Tu aimes les manier, tu aimes les entreposer, tu aimes t’en habiller jusqu’à être armée jusqu’à la pointe de tes cheveux. [002] Tu bois trop, tu bois pas assez, t’as toujours pas réussi à te décider. C’est devenu un réflexe, à présent. Un verre quand tu te sens vide, un verre quand t’arrives pas à dormir, un verre parce qu’il était là. Tu bois pour te remplir alors tu avales et avales et avales et avales. Tu meurs d’une crise de foie et tu recommences. T’arriveras peut-être à réellement crever comme ça, qui sait … ? [003] T’as longtemps travaillée comme mercenaire et garde du corps. Tu cherchais quoi faire, tu t’ennuyais. Tuer des gens n’était qu’une façon ou une autre de faire de l’argent. T’as fini par arrêter pourtant, ne supportant plus les ordres, ayant besoin de plus que d’être encore et toujours le toutou d’un autre. [004] Tes gosses, tu les as eu jeune, trop jeune. Quatorze ans pour le premier, vingt-cinq pour le dernier. T’as bien rempli ton noble devoir dicté par le sage Confucius, véritable poule pondeuse, t’en as eu des fils. Mais à quoi ça a servi, quand lorsque tu es revenue nue et couverte de sang et qu’ils t’ont demandé de mourir pour laver la souillure que tu leur as faite ? [005] Avec le temps, tu as choppé quelques langues au passage. Définitivement pas à la perfection, mais t’es au moins capable de te faire comprendre sans trop de soucis, quand tu demandes la direction ou les toilettes. Tu ne parles réellement bien que ta langue maternelle, le chinois et l’anglais. [006] Pas de tatouages, pas de cicatrices, tout ton corps est parfaitement plat, lisse et sans relief. A l’intérieur, cependant, c’est une montagne de verres pilés, un puzzle que tu essaies toujours de refaire tout en te coupant sur chaque morceau. [007] Tu sais cuisiner, bien sûr que tu sais cuisiner. T’as appris jeune et à continué à préparer à manger pour ta famille, quand tu es devenue une épouse. Ça ne veut pas dire que tu es une chef, pourtant. Tu te débrouilles tout au plus, définitivement plus douée quand il s’agit de ta nourriture natale, que lorsqu’il s’agit des autres. [008] T’as pas de maison, t’as pas de chez toi. Tu vogues de ville en ville, de pays en pays sur ta moto, sans réel but précis. Quand t’arrives, tu te trouves un truc à voler et tu t’en vas. Tu erres et tu essaies de te convaincre que ça te convient. Tu ignores les voix et les visions dans ta tête par principe, par fierté. Tu ne veux plus dépendre de quelqu’un, tu ne veux plus t’ouvrir et te faire blesser en retour.  [009] T’as menti, tu mens et tu continueras à te mentir à toi-même. T’as menti, quand tu as dit ignorer les voix dans ta tête, t’as menti, quand tu prétends te convaincre ne pas ressentir ce qu’il se passe dans ta constellation. La vérité c’est que tu les entends trop bien, c’est qu’ils sont trop forts. Là où le plus vieux est aussi paisible qu’un cimetière, ils sont assourdissants les plus jeunes. Ils hurlent et hurlent et hurlent leur existence dans tes oreilles et tu veux juste leur hurler en retour de la fermer. [010] Pas de religion pour toi, t’as depuis longtemps cessé de croire en une quelconque forme de dieu ou de préceptes.