the angry training

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996)Arthur soupire.
Il en a marre de cette journée qui ne se termine pas. Il en a marre de se gratter à l’oeil qui ne fait que le démanger et bien sûr, il met ça sur le compte de la fatigue. Il déteste travailler au collège, c’est ennuyeux et il n’y a aucun intérêt de rester assis sur une chaise, de s’affaler sur la table et attendre que le temps passe. De toute manière, aucune information n’entre dans sa tête où il a juste envie de bouger, de courir, de se défouler, de taper. Il a juste envie de briller aux yeux de sa mère qui ne le voit pas, qui ne l’a jamais vu. À se demander si elle est vraiment aveugle dans le fond…

Arthur s’est changé en tout cas, il s’est mis en tenue de combat, comme toujours. Les entrainements sont de trois fois par semaine, il s’entraine tous les jours évidemment et il ne se repose pas forcément comme l’aurait souhaité son entraineur personnel. Il a besoin de frapper, de se défouler. Parce que sa journée, c’était vraiment de l’ennui total et puis son oeil n’a pas arrêté de l’embêter tout du long.

Alors il est plutôt content que ce soir, c’est le véritable entrainement avec son entraineur, est-ce que cette fois-ci… Il va réussir à lui donner un dolyo Tchagui ? Arthur s’échauffe en tout cas, en attendant que son entraineur arrive et bien sûr, il reste près de la porte pour le surprendre et cette fois-ci, ça va marcher ! Il faut que ça marche de toute manière…

Alors il se prépare, il s’échauffe et les minutes passent. Il n’arrive toujours pas. Arthur regarde l’heure sur le mur, il est en retard son entraineur… Encore une fois de plus. Ça commence à devenir fatiguant et ça frustre le jeune homme qui finit par abandonner et s’installer par terre, au milieu de la pièce. Il est sûr que c’est un stratagème de son entraineur pour qu’il arrête de courir dans tous les sens et qu’il ne tente pas de le frapper. C’est surtout ça, il en est sûr. Il se frotte l’oeil encore et encore en grognant que ce n’était pas le moment. Si ça se trouve, il va arriver pile poil à ce moment-là.

Puis voilà que la porte s’ouvre. « AH BAH PAS TROP TÔT ! » s’exclame Arthur qui lève les bras. « C’est pas le trafic, c’est une excuse nulle ! Alors, on s’y met parce que je commence à en avoir marre d’attendre et j’aimerai perfectionner mon Mom Dolyo Tchagui ! » Il se lève tout de suite bien surexcité, mais surtout énervé de sa journée qui est bien trop longue, alors si son entraineur s’y met, il ne va pas s’en sortir du tout. Vraiment pas.

 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) - Prénom actuel : DevLa discipline est nouvelle aux yeux de Dev. Aux yeux du monde entier, à vrai dire, et pourtant elle suscite déjà l’engouement et traverse les continents. Bien sûr, il s’est empressé d’apprendre. Les années sont longues et son amour pour les formes d’arts martiaux est toujours aussi présent qu’à l’époque où il n’était qu’une enfant s’entraînant à la lutte avec les autres garçons du village, alors ça n’a rien de surprenant de le voir s’absorber dans une telle activité. Si devenir athlète ne l’attire pas -trop risqué, trop proche d’un passé où il s’est rendu aux jeux l’épée à la main-, être entraîneur est une décision parfaitement logique et soupesée. Il n’y pas de risques, pas vrai ? Il devrait pourtant savoir, Dev, que les choses ne sont jamais sans risques. Là où il a pensé simplement communiquer sa passion à des adolescents désoeuvrés, il a découvert un talent brut capable d’aller très loin et il n’est pas homme à tourner les talons devant un tel défi. Et bien sûr, c’est le défi qui le pousse à continuer, oui, pas du tout un quelconque attachement au gosse. Quelle idée ridicule. Il essaie d’ignorer ce qu’il se passera si, comme il le pense et l’espère et le redoute, il arrive à l’emmener jusqu’aux jeux. Quelqu’un pourrait le reconnaître. Mais les gens ont la mémoire courte et sont prompts à expliquer l’inexplicable. Et tout ça n’est pas pour tout de suite. Il avisera, Dev.

En attendant, il est en retard. Il le sait parfaitement, mais des fois le devoir ne peut pas attendre et sa fidélité va encore à l’Ordre, et plus encore à Tal et Wayak’. Le reste est secondaire, même si la pensée d’un Arthur surexcité et obligé d’attendre le…  Le fatigue d’avance. Oui, voilà. Ça ne le fait pas du tout culpabiliser. La vie bien rangée de mortel lambda est au-dessus d’eux, pas vrai ? Et pourtant, même après 500 ans, ces tranches d’existences restent les choses les plus uniques et agréables à ses yeux, même si basées sur des mensonges sans cesse renouvelés. « AH BAH PAS TROP TÔT ! C’est pas le trafic, c’est une excuse nulle ! Alors, on s’y met parce que je commence à en avoir marre d’attendre et j’aimerai perfectionner mon Mom Dolyo Tchagui ! » Et le voilà donc confronté à une boule d’énergie sur le point d’exploser. Il a bien fait de prendre un café et il ne se prive pas d’une autre gorgée du liquide mille fois béni. N’en déplaise à Wayak’ et ses sens trop développés. « Le jour où tu respecteras les temps de repos, on reparlera peut-être de faire des séances complètes, Arthur. » C’est pas une excuse, mais c’est un point sans cesse ressassé et jamais appliqué et ça le désole. Ce n’est pas parce qu’il est jeune qu’il doit malmener son corps, encore plus vu le niveau qu’il vise. « Je m’excuse pour le retard », concède-t-il tout de même. Il n’a pas de honte à reconnaître à son manque de ponctualité, après tout, et pour tout jeune et tête brûlée qu’il est, Arthur mérite cette preuve de respect. Ce serait hypocrite de lui demander de respecter l’esprit de cet art martial sans faire de même. « J’ose espérer que tu en as profité pour saluer et t’échauffer. Qu’est-ce que tu as fait comme échauffements ? » Trop de blessures stupides ont lieu à cause d’un mauvais échauffement effectué à la va-vite et il est hors de question que son protégé fasse ce genre de connerie, que ce soit bien dit.

Une fois qu’il a patiemment tiré les vers du nez du plus jeune et s’est assuré qu’il n’y a plus rien à rectifié, il donne les consignes d’usage. L’entraînement suit certaines règles auxquelles Dev ne permet aucune dérogation et ce n’est qu’après s’être salué qu’ils peuvent entrer dans le vif du sujet. « On peut commencer par là si tu veux », concède-t-il pour une fois. « Mais après on passera aux enchaînements et on finira avec un focus sur le haut du corps. Tu privilégies trop tes jambes au détriment de tes poings. » C’est une question d’équilibre et, à l’âge d’Arthur c’est parfois compliqué de faire la part des choses et de se plier à passer du temps sur ce qui l’intéresse moins. Dev l’invite donc à débuter sur des répétitions de Mom Dolyo Tchagu et ne se prive pas de le corriger quand le besoin s’en fait sentir. Tendre plus la jambe. Faire attention à son équilibre. Il attend un certain niveau de perfection vu le temps qu’ils ont passé sur le sujet à la demande du plus jeune.

 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996)Il boit quoi encore ?
Arthur soupire longuement et lance un de ces regards qui n’impressionnent pas du tout, c’est vrai. Mais qu’est-ce qu’il en a marre de perdre encore quelques précieuses secondes là…  «  Le jour où tu respecteras les temps de repos, on reparlera peut-être de faire des séances complètes, Arthur.  » « Mais je les respecte ! » Réagit-il tout de suite en tendant les bras, toujours aussi mécontent et fier de lui à la fois, c’est assez contradictoire. « Je les respecte en allant en cours et en restant assis à cette chaise en bois de 10£ même pas avec des chewing-gum en dessous ! » Il aurait pu donner un coup de pied à cette chaise, ou même apporter son coussin, même si en vrai, cela ne vaut mieux pas. «  Je m’excuse pour le retard  » Arthur soupire encore et regarde autour de lui, si son coach s’excuse il ne peut plus rien dire, ni rien faire. Son père lui a appris le respect quand même… « Désolé d’être assez agaçant. » dit-il en détournant du regard avant de soupirer et hocher la tête face au discours qu’il connaît tellement par coeur. «  J’ose espérer que tu en as profité pour saluer et t’échauffer. Qu’est-ce que tu as fait comme échauffements ? » « Sautillement, la montée souple avec les genoux, talons-fesses souple, changement de garde avec coups de poing, incliner-tourner-rogner la tête, les épaules et ouverture des bras bla bla. Oui et j’ai respecté les secondes. » Il regarde son instructeur l’air de lui demander s’il peut le saluer et commencer à s’entrainer, parce que ce serait plutôt bien… « Oui j’ai respecté les secondes, dix secondes, quinze, dix fois tout ça. Si jamais tu demandes ! » Il sourit un peu fier, le sourire ne restera pas si longtemps que ça quand il réalise qu’il va quand même devoir le refaire avec son entraîneur Dev… C’est pas juste…

Après avoir refait l’échauffement, avoir salué… Arthur peut enfin s’entrainer sur son Nom Dolyo Tchagui. «  On peut commencer par là si tu veux . » Arthur hoche vivement la tête et commence à se mettre en position, tout joyeux. «  Mais après on passera aux enchaînements et on finira avec un focus sur le haut du corps. Tu privilégies trop tes jambes au détriment de tes poings.  » Le gamin lève les yeux au ciel. « Mais on a tellement travaillé les poings ! » Râle-t-il avec une moue de gamin pourri gâté. Mais bon, il râle tout de suite, il se concentre réellement après en faisant les gestes, mais au bout d’un moment, Arthur ne peut pas s’empêcher de se poser la question. « Dis Dev ? Je peux te poser une question ? » Demande-t-il entre les deux gestes de sa jambe. « Pourquoi tu arrives tout le temps en retard ? C’est pas la première fois. » demande-t-il. Parce que oui, Arthur ne comprend pas, il essaye mais il ne comprend pas. Ce n’est pas toujours à cause du trafic, sans parler des absences brutales aussi… Il n’aime pas ce sentiment d’abandon des fois.

 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) - Prénom actuel : Dev Il ne faut trois fois rien pour déclencher toute la frustration adolescente qui ne demande qu’à s’échapper. Dev le laisse râler, conscient qu’il faut en passer par là pour avoir sa concentration pour la séance. Du haut de ses 14 ans il est difficile pour Arthur de maintenir la rigueur qu’il lui demande le temps d’une séance entière et il essaie d'accommoder au mieux qu’il peut pour des élans émotionnels bien normaux pour un gamin de son âge. Il ne cherche pas non plus à en faire une machine. « Je les respecte en allant en cours et en restant assis à cette chaise en bois de 10£ même pas avec des chewing-gum en dessous ! » Ça n'a rien d’impressionnant. Il ne sait pas bien s’il en aurait été capable, Dev, vu qu’il échappait bien trop souvent aux corvées de la ferme pour aller jouer avec ses amis. De là à passer des heures et des heures assis en cours… Il préfère ne pas y songer. « Non, ça c’est respecter tes cours et on va pas avoir de nouveau cette conversation. Tu sais très bien ce que je veux dire, jouer aux idiots ne te va pas. » Ça a le don de fatiguer Dev de voir le gosse se faire plus bête qu’il ne l’est vraiment. Il préfère cent fois ses mauvaises humeurs à ça. N’empêche qu’il s’excuse pour ce qui est de sa responsabilité. « Désolé d’être assez agaçant. » Dev secoue la tête avec un petit sourire. « Je ne crois pas que tu aies encore fait quoique ce soit qui justifient ces excuses, Arthur. » Et il n’accepte pas des excuses en avance pour quelque chose qui n’a pas encore eu lieu.

Au moins le garçon ne se fait pas prier pour lui dire à quel point il a été occupé en son absence. Dev hoche distraitement la tête en écoutant la liste et ne tarde pas à en donner une de son cru pour compléter. Le tout ne prend que cinq minutes, partiellement parce qu’Arthur a déjà bien bossé, et partiellement parce qu’il est à deux doigts d’exploser. Lui imposer un peu de discipline est un équilibre dangereux : il en faut assez pour lui servir de structure, mais pousser trop loin serait néfaste à son investissement et son épanouissement. Ça faisait longtemps que Dev avait eu à former quelqu’un et il doit dire que ça lui manquait. « Mais on a tellement travaillé les poings ! » Il finit son café et jette le gobelet à la poubelle. « Exact. Et on continuera à les travailler tout autant tant que tu continueras de les sous-utiliser. » Des fois, c’est aussi simple que ça. « Dis Dev ? Je peux te poser une question ? » Se concentrer en silence, c’est parfois un peu compliqué et il n’est pas du genre à réprimander son élève quand il le voit faire de son mieux. « Tu peux, mais ce n’est pas dit que je te réponde. » Au moins est-il aussi honnête qu’il peut l’être. Arthur mérite bien ça.

« Pourquoi tu arrives tout le temps en retard ? C’est pas la première fois. » Une petite remarque comme quoi la jambe d’Arthur n’est pas assez tendue est glissée avant qu’il ne réponde. « Ça ne fait pas très adulte responsable, hein », admet-il volontiers. « J’ai d’autres obligations, Arthur, et parfois les complications se multiplient. Je fais de mon mieux à chaque fois et je te promets que je n’oublie pas nos séances. Seulement… Des fois il faut que je sois là pour des membres de ma famille qui font face à certains imprévus. » Il s’interrompt pour le reprendre une nouvelle fois sur sa posture et lui faire une démonstration du mouvement. « Tout le temps, c’est quand même un peu injuste de ta part », fait-il remarquer. « Je comprends que tu sois énervé et je n’aime pas plus te faire attendre que tu n’aimes attendre. Pourtant, je ne peux pas te promettre que ça ne se reproduira pas. Est-ce que ça va être un problème pour toi ? » Ca l’attristerait que Arthur décide de se trouver un nouvel entraîneur, mais il comprendrait ce choix. Dev a encore du mal à réaliser que, à 14 ans, Arthur est un enfant et dépend de ses parents pour de telles décisions, l’esprit ayant encore comme point de repère ce qui se faisait du temps de sa première vie.

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996)Jouer aux idiots ça ne lui va pas ?
Arthur lève les yeux au ciel et soupire bruyamment encore. Il préfère largement jouer aux idiots parce que ça l’ennuie et les cours ne lui donnent clairement pas envie d’apprendre. Tout ce qu’il veut, c’est bouger et bouger et bouger encore, jamais sans s’arrêter. Il n’a pas envie et il a tellement d’énergie à dépenser que c’est difficile de se contenir. « Je ne crois pas que tu aies encore fait quoique ce soit qui justifient ces excuses, Arthur. » « Bah si, je râle parce que tu es encore en retard ? Et que après je vais être un sacré chieur. » Oui langage, il sait, mais vous savez ce qu’il fait de ceux qui disent langage ? Il les emmerde. Voilà. Donc Dev n’a pas l’intention de lui dire ça, sinon il aura ce même sort.

« Exact. Et on continuera à les travailler tout autant tant que tu continueras de les sous-utiliser. » « Pffeuh, comme mon cerveau tu vas dire bla bla. » soupire-t-il en levant les yeux au ciel assez agacé. Mais bon, il va pas trop râler, parce que c’est son entraineur, et il a le droit du véto et c’est le seul avec qui Arthur a l'impression d’apprendre vraiment des trucs. Parce que les autres coach, c’est que des poubelles. Mais ça l’embête beaucoup ses retards, des fois ses absences, et il se retrouve un peu bête dans la salle, à l’attendre pour apprendre à la dernière minute qu’il ne vienne pas. « Ça ne fait pas très adulte responsable, hein. » Arthur secoue la tête, non ça ne fait pas très responsable. Mais il ne dit pas grand chose, parce que lui même arrive volontairement en retard en cours mais c’est plutôt une autre histoire en vrai. Il continue de faire les enchainements de mouvements pendant que son coach explique. « J’ai d’autres obligations, Arthur, et parfois les complications se multiplient. Je fais de mon mieux à chaque fois et je te promets que je n’oublie pas nos séances. Seulement… Des fois il faut que je sois là pour des membres de ma famille qui font face à certains imprévus. » Il regarde le mouvement fait par son coach et essaye de l’imiter. « Tout le temps, c’est quand même un peu injuste de ta part. » « Beh c’est quand même le sixième retard du mois… HAN ! » dit-il en faisant le mouvement mais ce n’est pas encore ça. « Je comprends que tu sois énervé et je n’aime pas plus te faire attendre que tu n’aimes attendre. Pourtant, je ne peux pas te promettre que ça ne se reproduira pas. Est-ce que ça va être un problème pour toi ? » Arthur arrête de faire ses enchainements et regarde Dev, il secoue la tête, non ce n’est pas un problème pour lui, parce que bon, il en a l’habitude et il est pas un bon exemple. En revanche… « Bah, pas pour moi. J’ai l’habitude, mais voilà, je te défends auprès de mes parents qui ont vent de tes retards, je ne sais pas comment parce que je ne leur dis rien sur ça. Ils trouvent que ce n’est pas sérieux du tout, mais bon, je m’en bats les couilles ce qu’ils disent mais ça me rendait curieux de savoir pourquoi tu es en retard. Je voulais juste savoir ce pour quoi je te défends. Mais si c’est pour ta famille… » Il peut comprendre. Et par surprise, Arthur tente un geste de taekwondo à Dev, pour essayer de réussir à le surprendre. De l’attaquer et probablement le toucher pour une bonne fois pour toute.

 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) - Prénom actuel : Dev Soupirs et roulements d’yeux, ça n’a rien de nouveau. Arthur doit déjà se prendre assez de remarques de ses professeurs et du reste de l’équipe administrative pour que Dev ne se sente pas la responsabilité de le reprendre lui aussi. Ce serait jouer les perroquets. Et empirer la fin d’une journée qui, semble-t-il, a été bien assez longue pour le garçon. « Bah si, je râle parce que tu es encore en retard ? Et que après je vais être un sacré chieur. » C’est triste de voir que son réflexe est de s’excuser directement. Cette fois, c’est Dev qui lève les yeux au ciel. « Tu as le droit de râler, tant que tu restes concentré. » Plus facile à dire qu’à faire, mais il voit mal comment reprocher à Arthur d’être de mauvaise humeur alors qu’il est celui qui arrive en retard, et pas pour la première fois non plus. « Et je préfère autant que tu partes sur le principe de ne pas être “un chieur”, comme tu dis. » Quitte à choisir, autant le préciser maintenant que l’occasion se présente et avant même de commencer la séance à proprement parler.

Comme souvent, ils ne passent pas exactement leur temps à s’entraîner en laissant tout le reste de côté et en ne parlant que quand il est nécessaire de faire une remarque sur l’exercice en cours. Ce n’est pas ce qu’il faut pour Arthur. Le gosse est intelligent et a trop d’énergie pour son propre bien, que ce soit physiquement ou mentalement. Il a besoin d’être stimulé. Dev n’est peut-être pas le gars le plus intelligent, mais tant qu’ils ne discutent pas science ou technologie, il peut au moins offrir un semblant de discussion et un front d’honnêteté. « Bah, pas pour moi. J’ai l’habitude, mais voilà, je te défends auprès de mes parents qui ont vent de tes retards, je ne sais pas comment parce que je ne leur dis rien sur ça. Ils trouvent que ce n’est pas sérieux du tout, mais bon, je m’en bats les couilles ce qu’ils disent mais ça me rendait curieux de savoir pourquoi tu es en retard. Je voulais juste savoir ce pour quoi je te défends. Mais si c’est pour ta famille… » Voilà qui est plus problématique. Dev fronce les sourcils, sérieux : ils ont besoin d’avoir cette conversation et, apparemment, ils auraient dû l’avoir il y a déjà un moment de cela. « Je suis désolé, tu ne devrais pas avoir à prendre ma défense, surtout quand tes parents ont raison d’être soucieux pour toi. Je vais leur demander à ce qu’on prenne un rendez-vous pour se voir et discuter de tout ça. Tu peux être présent si tu veux, mais ce n’est pas une obligation. » C’est le moins qu’il puisse faire, d’assumer ce qui s’apparente à des conneries même s’il sait pertinemment que, mis au pied du mur, son travail et sa fausse identité sous le nom de Dev vient après sa famille de cœur. Tomber sur un gosse comme Arthur rend juste les choses un peu plus dures. « Ils doivent bien se rendre compte à quel point tu t’en sors bien en compétition, non ? » Ça doit compter pour quelque chose car le niveau de leur enfant ne fait que s’améliorer.

Ils referment la parenthèse et Dev s’apprête à demander à son élève de se remettre en position quand le plus jeune essaie de le prendre par surprise. Les réflexes accrus associés à une bonne connaissance des arts martiaux ne lui laissent aucune chance de réussite. Ca n’empêche pas Dev de sourire et de le guider dans une séance de coups et de parades plus classiques, exercices répétés encore et encore pour les ancrer dans la mémoire musculaire. Un pas en arrière marque la fin de l’échange. « Bien essayé. Tu as mis un peu trop de temps sur le changement de jambes. C’est là que tes poings t’aident, Arthur, pour te donner plus de temps et d’espace pour préparer tes techniques. » Il hausse un sourcil. « J’en déduis que tu veux déjà passer aux enchaînements ? » Sans attendre de réponse à une question somme toute rhétorique, il détaille l’enchaînement qu’il veut travailler avec lui pour les dix prochaines minutes, au moins.

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996)C’est sa mère.
Elle a commencé à se mêler ce que Arthur fait, et évidemment, comme toujours, elle fait tout pour le contrecarrer dans ses plans. Il sait bien qu’il n’a jamais été voulu à la naissance, qu’elle ne s’est pas occupée de lui comme il faut… Elle continue dans cette lancée là, en voulant lui priver son coach ? Non. Ça suffit là. «  Je suis désolé, tu ne devrais pas avoir à prendre ma défense, surtout quand tes parents ont raison d’être soucieux pour toi. Je vais leur demander à ce qu’on prenne un rendez-vous pour se voir et discuter de tout ça. Tu peux être présent si tu veux, mais ce n’est pas une obligation.  » Arthur soupire, parce que oui, il voit très bien la discussion venir, que ses parents posent des questions aussi stupides les uns et les autres (d’autant plus quand ça vient de sa mère quoi). Il hoche la tête pour confirmer qu’il va être là. « Ouais, j’ai pas envie que mes parents disent de ces conneries, surtout ma mère qui fait genre elle s’y connaît alors que tout ce qu’elle veut, c’est me mettre les bâtons dans les roues. » Alors qu’en vrai, comme son père, elle veut juste qu’il prenne ses études au sérieux et qu’il ne se focalise pas forcément que sur du sport. Surtout qu’il lui faut un bagage par derrière au cas où s’il se blesse avant et qu’il soit incapable de faire du taekwondo. C’est comme si elle savait d’avance qu’il ne pourra pas faire du sport et qu’elle a peu d’espoir pour lui. «  Ils doivent bien se rendre compte à quel point tu t’en sors bien en compétition, non ?  » « Oui oui, par les vidéos, c’est sûr. » Il hausse les épaules, et ne voulant pas s’attarder plus sur ce sujet-là, Arthur essaye de changer de sujet en essayant de porter un coup surprise avec sa jambe.

Mais échec.

« MAIS RAH ! » S’énerve Arthur qui donne un coup de pied dans le vide. De tous les coachs, Dev est le seul à réussir à l’éviter, quoiqu’il advienne, quoiqu’il fasse. Même s’il vient par derrière, même s’il met un piège, son instructeur arrive toujours à s’en sortir. Arthur ne comprend pas comment il fait et il aimerait avoir son talent. «  Bien essayé. Tu as mis un peu trop de temps sur le changement de jambes. C’est là que tes poings t’aident, Arthur, pour te donner plus de temps et d’espace pour préparer tes techniques.  » « Pfffff…. » Arthur semble quand même découragé et hoche la tête, quand même pour faire signe qu’il est prêt pour passer aux enchainements parce que bon, s’il arrive pas à donner un coup de poing beh… Il se met à l’écouter et à l’observer faire les enchainements, Arthur finit par commencer à l’imiter et puis il se concentre sur l’exercice pour bien permettre à son corps de mémoriser ces gestes là. Mais il soupire quand même. « Dis Dev ? Je peux te poser une autre question ? » Demande Arthur encore une fois de plus. « Tes parents ils venaient te voir quand tu faisais des compétitions ? » Parce qu’il se demande si c’est normal que les siens ne viennent pas, parce qu’ils sont occupés ou juste parce qu’ils ne sont pas intéressés…?

 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) - Prénom actuel : Dev La situation est difficile, c’est évident. Dev a du mal à en comprendre les tenants et les aboutissants : il a grandi en sachant que, quand il quitterait la maison familiale, il n’y remettrait pas les pieds et il a vécu ce départ comme une libération. Autant dire qu’il ne comprend pas grand chose aux relations parents-enfants de nos jours. Il a été parent, une fois, il y a longtemps, mais il n’a pas pu rester pour aider ses bouts de chou à grandir. « Allons, Arthur, ce n’est pas parce qu’elle a une vision différente de ce que devrait être ton futur qu’elle veut pour autant te mettre des bâtons dans les roues. » Ah l’adolescence et le sens du dramatique ! Il espère au moins que cette conversation permettra de mettre quelques choses au plat, que ce soit pour lui en sa qualité d’entraîneur ou pour Arthur et ses parents. « Si tu veux être là, ce que je te conseille car il s’agit de ta vie, il va falloir que tu laisses tes parents parler jusqu’au bout avant de leur dire pourquoi tu n’es pas d’accord. Tu peux faire ça ? » Autant être clair dès le départ pour ne pas se retrouver dans de beaux draps après. Et puis, si les choses se déroulent bien, ils pourront même proposer aux Byrne de venir voir de leurs propres yeux une des compétitions de leur garçon. Mais autant ne pas mettre l’idée dans le crâne du plus jeune avant d’en arriver là plus concrètement.

« Pfffff…. » Le soupire n’a rien de nouveau quand il pointe au plus jeune les erreurs techniques commises lors de son attaque surprise. Il chipote, Dev, parce que le gamin est foutrement doué, mais il faut bien que quelqu’un lui dise comment s’améliorer. Sans compter qu’Arthur risquerait de se lasser du sport sans adversaire contre qui se mesurer et ce serait triste pour un ado de son âge de perdre sa motivation. « Tu finiras bien par m’avoir si tu continues à bosser dur », commente-t-il avec un sourire à moitié amusé. Pour ce faire, il convient de répéter les enchaînements. Dev se place en position à côté de son élève. Il fait une démonstration de ce qu’il attend, d’abord lentement, pour lui laisser le temps de décomposer les mouvements. Une deuxième fois, un peu plus vite. Arthur se joint à lui et il garde ce rythme un moment. D’abord maîtriser le mouvement à mi-temps avant de se lancer à une allure utilisable en compétition. « Dis Dev ? Je peux te poser une autre question ? » C’est un “hmm” affirmatif qui répond à cette nouvelle interruption. « Tes parents ils venaient te voir quand tu faisais des compétitions ? » Ça travaille plus Arthur qu’il en veut bien en parler. Dev aimerait être honnête, seulement il ne peut pas dire à Arthur qu’il est parti pour rejoindre l’armée d’un royaume tombé depuis des siècles « Pas souvent, mais c’est arrivé oui. » Ce n’est pas un mensonge, il se répète, alors qu’il se rappelle cette unique compétition d’escrime pour laquelle Tal, Catriona et Bastian avaient tous les trois fait le déplacement. Il renifle, un peu sarcastique. « Ils m’ont convenablement foutu la honte et j’ai perdu, si je me souviens bien. » Un hochement de tête satisfait à l’enchaînement suivant avant qu’il ne reprenne la parole. « S’il y a des personnes que tu souhaites inviter à la prochaine compétition, il n’est pas trop tard pour réserver des places. » L’observation est aimable et neutre, n’engageant à rien.

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996)Mine de rien Arthur écoute Dev, parce qu’il est de bons conseils des fois, même s’il fait genre qu’il n’écoute pas et qu’il arrête pas de soupirer encore et encore. « Pfff… » comme il vient de le faire là. « Ouais enfin, tu connais pas ma mère, c’est pas le genre de personne que je serai même fier de dire que c’est ma mère. » dit-il un peu trop durement, mais c’est un adolescent, on peut le comprendre dans le fond. Surtout quand il n’a jamais vu ou trop peu de bonnes actions de sa mère. Il est assez en colère contre elle et ça se voit plutôt bien. «  Si tu veux être là, ce que je te conseille car il s’agit de ta vie, il va falloir que tu laisses tes parents parler jusqu’au bout avant de leur dire pourquoi tu n’es pas d’accord. Tu peux faire ça ? » « Pfff… » soupire-t-il encore une fois de plus, en haussant les épaules. Ouais, il n’a pas le choix, il va devoir faire ça, il va faire son maximum de se contrôler tout en écoutant ses parents déblatérer les conneries quand même.

«  Tu finiras bien par m’avoir si tu continues à bosser dur. » Arthur fait un faux sourire parce qu’il voit trèèèèèèèès bien où Dev veut en venir, parce que oui, quand il dit ça, il va prendre son petit sourire Colgate, les poings sur ses hanches et lui parler de ses enchainements à lui. Ses méthodes qu’il juge bon pour atteindre son point faible. Sauf que le souci pour Arthur, c’est qu’à force de connaître les méthodes de Dev, il devrait connaître ses points faibles… Et à chaque fois qu’il croit en avoir repérée une, il sait dévier et se défendre… Est-ce que ce n’est pas là, la meilleure technique ? Que Arthur devrait pratiquer non ? Savoir protéger ses points faibles ? C’est à dire ses poings, son visage et surtout ses yeux. Il ne les protège jamais assez, trop emballé dans les enchainements de ses gestes de Taekwondo. Devrait-il commencer à se préparer plus sérieusement sur sa défense…?

Puis il demande à Dev, encore une fois par curiosité. Est-ce que sa famille, dont il a parlé plus tôt est venue le voir faire ses compétitions ? Est-ce qu’ils ont ça en commun ? « Pas souvent, mais c’est arrivé oui. » Ah ? Bon, c’est quand même arrivé quoi. «  Ils m’ont convenablement foutu la honte et j’ai perdu, si je me souviens bien. » « Ah ouais… Si tes parents te foutent la honte, ça vaut peut-être pas le coup en vrai… » Surtout avec les siens, en fait.. Rien ne vaut le coup. À part le taekwondo dont il continue les enchainements. Il enchaine encore et encore. «  S’il y a des personnes que tu souhaites inviter à la prochaine compétition, il n’est pas trop tard pour réserver des places. » « Peut-être mon ami et sa mère.. Eux au moins, je suis sûr qu’ils viendront sans souci. » Et là, Arthur en a marre de faire les enchainements sur les mains, il décide de faire avec ses jambes, mais bon il se reprend quand même quand il voit le regard de son coach... Il pense effectivement à Chandra, avec qui il adore discuter des héros, partager de longs moments avec lui. Car il n’y a qu’avec lui qu’il peut oublier que le temps peut être si long, que les choses peuvent être si injustes. « Dis Dev ? J’ai une autre question… » Qu’est-ce qu’il en enchaine de ces questions aussi. « Si tu étais un super-héros, tu serais qui ? » Ok, c’est une question assez surprenante, mais il n’y peut rien Arthur, il est juste curieux.


 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) - Prénom actuel : Dev Il a mis le doigt dans un sacré piège en parlant des parents d’Arthur. Il y connaît rien. Son job, ici, c’est d’apprendre à Arthur le taekwondo, d’essayer de canaliser son énorme énergie dans une discipline structurée et, avec un peu de chance, de lui insuffler un peu de la philosophie derrière tout ça. Parler de sa mère et des bâtons qu’elle lui met dans les roues, du fait qu’il n’a aucune fierté à la présenter comme sa mère, c’est un peu au-dessus de son salaire. Pas qu’il fasse pour l’argent, certes. « Peut-être que cela changera un jour. Je vous le souhaite à tous les deux. » Cela lui semble bien dérisoire par rapport à la taille du problème, mais il ne peut pas offrir beaucoup mieux. Juste un endroit où Arthur peut s’exprimer sans trop de jugement et de contraintes. Juste une discussion avec ces deux parents, dont ce père dont il parle encore moins souvent que de sa mère, honnête et centrée sur sa pratique du taekwondo, les espoirs aussi qu’il nourrit pour le gosse d’aller loin, bien plus sûrement qu’ils ne le réalisent encore. Il prend le soupir et le haussement d’épaules qui suivent comme un “oui”. De toute façon, il a prévenu Arthur, il a été clair et il n’aura pas tant de scrupules que ça à lui demander de quitter la pièce s’il sent que sa présence n’aide pas à ouvrir le dialogue.

L’attaque ratée est une bonne occasion pour se remettre à bosser. Arthur ne manque pas de motivation, pas quand il s’agit d’être le meilleur et, ne pas réussir à le toucher, ça le pousse à travailler encore plus dur. La concentration ne dure jamais bien longtemps, ceci dit. Dev a fini par l’accepter. De toute façon, Arthur progresse plus vite s’il lui accorde ces petites discussions que s’il le force à ne parler que du taekwondo. Les pensées, si elles ne sont pas exprimées, restent à tourner en rond dans l’esprit de l’adolescent et à prendre de plus en plus d’espace. Ce n’est donc pas une surprise que la discussion finisse sur le public qu’Arthur peut possiblement inviter à sa prochaine compétition pour l’encourager. Il ne dira rien de plus sur cette compétition où il s’est magistralement foiré devant ses amis et mentors. Oui, il a eu la honte de la décennie, mais jamais il ne regrettera ce petit morceau de vie et de joie. « Peut-être mon ami et sa mère.. Eux au moins, je suis sûr qu’ils viendront sans souci. » Dev hoche la tête avec un petit sourire. « Demande à ton ami et redis moi, je m’arrangerais pour leur réserver des places. » Au moins Arthur a des amis sur qui compter et, il le découvrira sans doute, mais une famille de cœur vaut parfois mille fois mieux qu’une famille de sang.

« Dis Dev ? J’ai une autre question… » Dev devrait vraiment penser à l’enregistrer et à s’en servir comme sonnerie de téléphone. « Je t’écoute, Arthur. » Il retient difficilement un petit sourire amusé. Il n’y a que l’adolescent pour lui poser autant de questions en si peu de temps, et pousser autant de soupirs aussi. « Si tu étais un super-héros, tu serais qui ? » Celle-ci a le mérite d’être assez surprenante. Il s’arrête un instant, pris par surprise, mais fait un geste de main pour signifier à son élève que lui doit continuer les enchaînements. « Euuh, c’est une bonne question, je dois dire. Je ne m’y connais pas trop en super-héros je dois dire. Il y en a qui sont indiens ? » Ça limitera déjà le champ des possibles. Le contact avec les adolescents a ça de bon que ça l’aide à se tenir plus à jour au niveau pop-culture. « Et toi alors ? Tu y as réfléchis, à qui tu serais si tu étais un super-héro ? »

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996)Il va demander à son ami, c’est sûr.
Cela se voit au regard déterminé du jeune adolescent. Il va inviter Chandra à venir voir son match de Taekwondo et il sait qu’il peut compter sur lui. Il a déjà hâte dans le fond, de le voir dans les premiers rangs pendant son match et lui montrer sa médaille d’or. Ah oui, non mais c’est bon, il se projette déjà maintenant le gamin. Enfin bref, il continue quand même les enchainements que son coach lui demande. Il pourrait ne pas les faire, ne pas respecter sa demande mais en vrai, même dans son manque de respect, il le respecte trop Dev. Parce qu’il ne le juge pas, ne le bride pas et il l’écoute. Souvent il lui donne de bons conseils, bon sauf pour les cours, ça il s’en passe complètement. Parce que ça l’emmerde, c’est pas intéressant et puis il a bien vu que Dev galère aussi sur ce sujet-là.  Enfin bref, il lui pose une question sur les supers-héros et il ne pensait pas que ça étonnerait Dev. « Euuh, c’est une bonne question, je dois dire. Je ne m’y connais pas trop en super-héros je dois dire. Il y en a qui sont indiens ? » Arthur se met à réfléchit tout en faisant les enchainements, avec les gros yeux. « J’avoue que dans les comics, j’ai pas rencontré un super-héros indien de ton pays… » dit-il en réalisant le manque de diversité entre deux enchainements. « Y a pas mal qui me disent, mais siiii, y a Puma qui est indien, mais ce n’est pas le bon terme. Les gens sont débiles, parce que c’est un natif des Amériques, pas un indien…! Ils arrêtent pas de confondre et s’excusent en disant que ouais, tout le monde se ressemblent mais… » Il donne un peu trop fort le coup qu’on pourrait entendre son coude claquer un peu. Arthur se calme un peu et continue les enchainements doucement. Ah oui, ça a bien fourmillé là… « Ils feraient mieux d’en créer un bientôt… Sinon je ne connais pas vraiment les comics de Bollywood. Enfin, toute la culture de l’Inde, je ne connais pas trop. Je n’ai jamais eu l’occasion jusqu’ici d’en savoir plus et on n’a pas grand chose pour s’y informer… » Il soupire et arrête les enchainements pour faire un étirement à son bras où le coude a claqué. Arthur lui dit du regard que ça va, il est en train de vérifier mais ce n’est rien de bien méchant… « Et toi alors ? Tu y as réfléchis, à qui tu serais si tu étais un super-héros ? » « Shang-Chi ! Il est super doué aux arts martiaux, comme moi. J’espère pouvoir améliorer mes connaissances jusqu’au Kung-Fu ! » Il est assez enthousiaste et motivé. Il sourit à Dev, sans forcément se rendre compte que dans plus de vingt ans, il aura changé de super-héros et que la vie n’est pas ce qu’il attendait clairement. Lui qui voudrait voyager partout dans le monde, se retrouvera enfermé dans un laboratoire à faire des recherches. « C’est bon Dev, ça va, mon bras a juste claqué. On peut reprendre. »
 

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) - Prénom actuel : Dev Il ne sait jamais vraiment pourquoi ou comment il se retrouve à parler de certaines choses avec Arthur. Ça doit être le propre des enfants et des adolescents que de passer du coq à l’âne, comme ça, et de l’embarquer avec eux. Pourtant Dev sait qu’il y a une logique. Propre à chacun, certes, tordue par un cheminement de pensées plus ou moins conscientes, mais les associations sont bien là néanmoins. Il ne les retrouvera pas. Alors au lieu de se faire des nœuds au cerveau à essayer de déchiffrer tout ça, il se contente d’accepter l’inattendu. Il faut dire que plusieurs centaines d’années à vivre des aventures farfelues avec Bastian lui au moins appris toute l’inutilité de tentatives de rationalisation. « J’avoue que dans les comics, j’ai pas rencontré un super-héros indien de ton pays… » Bizarrement, ça ne le surprend pas des masses. Ça ne le touche pas des masses non plus, surtout pour la raison simple et efficace qu’il n’y connait rien en comics. A la limite, peut-être une petite pensée pour Rahim qui lui est bien susceptible d’accrocher à ce genre d’histoires. En revanche, ça devient vite évident que ça agace Arthur vu comment il continue à parler sur le sujet et sur l’absurdité de confondre les Amériques et les Indes. Voilà qui ferait rire jaune Bastian, pour sûr. Ce qui fait tiquer Dev c’est le bruit que fait le bras d’Arthur quand il met trop de force dans le mouvement. Le contrôle qu’il prône toujours s’est envolé chez son élève sous le coup de l’émotion apparemment. Le regard qu’il lui coule dit à lui tout seul qu’Arthur a intérêt à finir l’enchaînement et s’arrêter pour évaluer la possible blessure.

Ce n’est de toute évidence pas assez pour l’arrêter sur sa lancée sur le manque de représentation dans l’industrie des comics. « Ils feraient mieux d’en créer un bientôt… Sinon je ne connais pas vraiment les comics de Bollywood. Enfin, toute la culture de l’Inde, je ne connais pas trop. Je n’ai jamais eu l’occasion jusqu’ici d’en savoir plus et on n’a pas grand chose pour s’y informer… » Dev secoue la tête alors que son élève fait une pause pour s’étirer, comme il le doit. « L’Inde est un vieux et grand pays, sans parler des différences entre toutes les régions qui ont été influencées par des royaumes et des religions différentes, alors même si on avait les informations nécessaires, ce serait difficile de se faire une idée. Le mieux pour découvrir une culture, c’est de voyager de tout façon, alors si jamais tu en as l’occasion, n’hésite pas. Qui sait ? Peut-être les compétitions t’emmèneront loin. » Il en a sans aucun doute le potentiel, sans parler de la niaque nécessaire pour arriver à ce niveau. Et commencer à parler de sujets aussi compliqués que la culture, l’histoire, et l’interaction des différents peuples entre eux, c’est bien trop compliqué quand Arthur doit se concentrer sur ses enchaînements et sur les détails de ses mouvements. Heureusement, lui demander quel héro il serait leur permet de revenir au primordial. « Shang-Chi ! Il est super doué aux arts martiaux, comme moi. J’espère pouvoir améliorer mes connaissances jusqu’au Kung-Fu ! » Ca aurait pu le faire rire, Dev, s’il avait été de ses adultes à juger le garçon arrogant. Au contraire, il est bien content de le voir faire des arts martiaux une telle part de lui-même et du futur qu’il veut se construire. C’est encourageant. « Avec un peu de rigueur et de concentration, je ne vois pas pourquoi tu n’y arriverais pas. » Même s’il faut encore quelqu’un derrière lui pour mettre des limites claires. « Va boire un coup avant. Je n’arrête pas de te dire que c’est important de rester hydraté. Et de faire tes étirements correctement avant de te coucher. Ceux qu’on fait ensemble en fin de séance aident beaucoup, mais ils ne sont pas suffisants. » Il n’aurait jamais cru que s’occuper d’un ado demandait de se répéter autant.

“Strength does not come from winning. Your struggles develop your strengths. When you go through hardships and decide not to surrender, that is strength.” —  Arnold Schwarzenegger

(ÉCOSSE, 1996) Ouais non, ça va son coude. Il n’y a rien de méchant, il a juste mal géré le coup en se laissant emporter par les émotions. Ça a juste fait mal sur le moment et encore, il sait qu’il aurait pu se blesser s’il tapait vraiment sur quelque chose en vrai… Il hoche la tête avec un grand sourire rêveur, oh oui, l’idée d’aller en Inde l’enchante déjà. Il est tout à fait curieux Arthur, de savoir d’où vient Dev et comment il a grandi là-bas, comment est son pays. Arthur est touché en tout cas, de savoir à quel point son coach croit en lui, qu’il serait capable d’aller jusqu’en Inde pour ses compétitions. « J’hésiterais pas à voyager ouais ! J’espère pouvoir aller loin aux compétitions, mais aussi pour les vacances quand même ! L’Inde faudra combien de temps pour tout visiter et tout comprendre ? » Demande-t-il, parce que oui, cela reste quand même un adolescent qui ne se rend pas compte que quand Dev dit que c’est un très grand pays, c’est qu’il est vraiment, très très très grand.

Puis il parle de Sang-Chi, à quel point il l’inspire et qu’il voudrait être comme lui. À connaître tous les arts martiaux, savoir enchainer plusieurs techniques et il voit le regard de Dev, qui ne rigole pas comme tous les autres. Tout simplement parce que son coach n’est pas les autres, c’est Dev, son coach préféré et puis voilà. Si ses parents tentent de le virer, Arthur prendra sa défense coûte que coûte, personne ne touche à Dev à part lui qui espère un jour réussir à le surprendre avec un de ses coups. « Je ne sais pas ce qui m’empêchera d’y arriver, il n’y a aucune raison oui ! » Dit-il tout motivé, toujours en continuant à faire l’étirement de son bras. Il finit par lui dire que ça va mieux son bras, qu’il n’y a pas de problème. Arthur perd tout de suite son sourire quand Dev lui dit d’aller boire de l’eau. Il gonfle les joues quand il répète exactement les mêmes choses. L’adolescent finit par trainer des pieds vers son sac pour chercher sa gourde. « Ouiiiii ouiiiiiiiiiii je saaaaaais…. » soupire-t-il en sortant sa gourde du sac. « Je sais qu’il faut que je fasse exactement les mêmes étirements aussi le matin après m’être levéééé. Je t’assure que je me lève 30 minutes avant mon réveil pour faire ça quand même ! » S’exclame-t-il avant de boire de l’eau. Il continue de râler auprès de Dev, tout en ayant une grosse confiance quant à ses rêves qu’il va réussir à réaliser. Sans se douter que la maladie est vraiment derrière lui et serait capable de tout bousculer, de tout casser pour au final reprendre à zéro…