Fabio - If you can't do good, better do bad well

[Naissance]C'est à une époque où être mère sans époux est mal vu, que je viens au monde. J'ose à peine imaginer les insultes qu'a dû essuyer ma mère, par devant, et par derrière. Les années passant, tout ceci avait finit par se calmer. Elle me parlait souvent de cet homme avec des sourires tristes. Des sourires pleins d'une amertume et d'une nostalgie certaine. Cet homme dans les bras duquel elle s'est perdue pendant un an. Cet homme dont elle attendait la demande en mariage qui n'est jamais venue. Cet homme qui disparut du jour au lendemain. Par étape j'le détestais. Par étape, j'en avais rien à faire de lui. Mais ma mère a dû abandonner les études que son père, miracle, lui avait autorisé à faire, tout ça pour se cacher dans la maison familiale et travailler où elle le pouvait. Cacher l'enfant de la honte et sa mère derrière les portes de la maison. C'était ce que fit mes grands parents. Je ne connus que très peu mon grand père, un homme pragmatique, sévère, autoritaire et attaché aux traditions. Ma grand mère... Elle était strict, mais pouvait se montrer droite et juste. Elle ne pardonna jamais l'homme que ma mère avait fréquenté, et le maudit jusqu'à sa mort.  

[Jeunesse] A l'époque à laquelle j'avais vu le jour, il n'était pas rare de voir les enfants travailler. C'est à mes 12 ans que je descendis pour la première fois dans la mine d'argent. Un endroit sombre et humide. Bien que je n'aimais pas vraiment cet endroit... Ce travail était bien payé, et mes petites mains étaient utiles. Lorsque mes talents n'entraient pas dans la balance, nous dirigions les ânes, rendus aveugles par de trop longs moments dans les sous-terrains, ces derniers étaient chargés des cargaisons, mais également des débris de pierre dont nous devions nous débarrasser. Je fis ce travail pendant deux longues années. Les dirigeants préféraient désormais l'utilisation d'explosifs aux pioches. Et ce qui devais arriver arriva... Un effondrement bloquant les mineurs. Je me souviens du bruit, des détonations, du sol qui tremblait alors que la terre nous avalait. Des cris, des pleurs, de l'hystérie... Je me souviens de tout cela, 100 ans plus tard. J'ai prié tous les dieux que je connaissais, l'actuel, comme les anciens. J'ai prié tout ce qui pouvait l'être. Juste pour avoir une chance... Une chance d'en sortir vivant. Puis... Alors que tout espoir était perdu, alors que nous étions prêts à mourir ici bas, dans le coeur du monde, nous, misérables humains, il y eut une trouée de lumière qui me brûla la rétine. A partir de ce jour, et alors que j'avais retrouvé le chemin de la maison... Je me jurais de ne plus jamais y retourner. Je m'y tenais, à cette promesse, je ne mis plus jamais les pieds dans une mine, évitant soigneusement ces endroits.  


[¡Viva la Revolución!] C'est après des années et des années d'abus que Madero appelle à prendre les armes. La dictature, c'est terminé ! Et c'est ce que je fais. Fusil à la main, je défends ma peau, ainsi que celle des miens, je me bas pour la libérté et l'arrêt de la dictature. C'est au cours de ces multiples insurrections et batailles que je rencontre Claudia, Esteban viendra plus tard. Ensemble, nous évoluons dans le feu de la bataille, mais aussi dans les différentes missions qui nous sont confiés. De simple paysan, je deviens acteur de la révolution. De toute façon... C'est prendre les armes ou être tué. Et je préfère encore une fin glorieuse qu'à crever comme un chien. Du moins c'est ce que je me dis. Notre trio dure jusqu'en 1913. Je suis marié à Claudia et je partage ma couche avec Esteban et elle, me perdant dans leurs bras, profitant de leurs étreintes douces et délicieuses, ils sont l'ancre dans le chaos. Ils sont les trésors que je dois protéger.

TW Décès, sang, violence
[1913, la première mort.]

Spoiler:

 [Les adieux.]J'étais rentré à la maison, comme un couard. Que faire de plus ? Mes amours étaient morts, je l'étais aussi, et j'étais pas foutu de comprendre ce qu'il se passait. J'étais paumé. J'savais pas si j'avais encore de la fièvre et que je délirais, ou si juste, tout cela était trop étrange pour moi. Un miracle ? Une putain d'apparition d'la santa muerte ? J'en avais aucune foutue idée et je marchais, marchais, avant de finalement retrouver le chemin de la maison. Ma mère naguère si forte, robuste était désormais fatiguée, usée par le temps, usée par le travail harassant... Elle s'était jetée dans mes bras et m'avais serré de toutes ses forces, qui n'était rien en rapport à ce que cela avait été avant. Elle s'était exclamé

"Je t'ai cru mort... C'est ce qu'ils disent tous en ville... Que tu es finalement mort... Mais tu es là et... Oh... Horacio... Mais... Que t'es t-il arrivé ?!"

Le sang avait certes séché sur mes vêtements, s'était fondu en de multiples tâches brunes dans la crasse, il n'en restait pas moins qu'il y avait des trous équivoques dans mes vêtements. Je lançais un regard paumé à ma mère, sans savoir quoi lui dire d'autre que :

"J'étais mort."

Son regard sembla s'allumer d'une étrange lumière et elle partit dans sa chambre pour ne revenir que quelques minutes plus tard.

"Ton père mijo... Qu'est-ce que tu lui ressembles... C'est encore plus flagrant maintenant. Tu lui ressembles tellement que ça me fais mal." Elle était triste, ça s'entendait dans les sanglots silencieux qu'elle ne voulait partager avec personne.

"Il t'as transmis sa particularité je pense... Il... était du genre à fuir la mort. Tiens Mijo. Trouve-le... Qui sait ce qu'il pourrait t'apprendre."

Il était vivant tout ce temps... Il n'était jamais venu, pas une fois... Il avait causé tellement de tristesse, tellement de moqueries cet homme.. Tellement de mal. N'étions nous rien pour lui ? Que de pâles souvenirs qu'on laisse sur le bord de la route ? Je ne pouvais pas rester chez ma mère, je représentais un danger. Mais avant de partir, j'me décrassais un peu. En revenant il y avait sur la table un sac contenant des vêtements, des victuailles, une lettre, et quelques photos de ma mère jeune, accompagnée d'un homme d'une quarantaine d'années. Je regardais les photos. Ainsi... C'était lui mon père. Je rangeais le tout avec soin. Je ne revis jamais ma mère. Je sais qu'elle vécu jusqu'en 1920. Elle fut enterrée dignement, "pas comme son gamin qui avait pris les armes". Je quittais Pisté ce jour là, la tête basse, comme un fuyard, moi qui en était parti une première fois la tête haute, plein de fierté. Aujourd'hui... De cette fierté, il ne restait rien de plus que des ruines fumantes, et une colère incroyable, monstrueuse.

 [Recherche et rencontre] Vagabond sans allure sans toit, mais avec un but, je m'étais à peine éloigné de ma ville de naissance. Tizimin me semblais une destination parfaite, à une demie journée de marche, je m'arrêtais dans une auberge le soir venu, me prenant la folie, sous le coup de l'alcool, de raconter ma quête stupide. Celle d'un père.
"Comment sais-tu si il est encore vivant ?"
J'avais répondu que je l'ignorais. J'étais un idiot, mais je savais que divulguer quelques secrets me mettrait dans une position délicate. Mais je lui montrais finalement les photos.

"Mira... Mira ! C'est lui. J'ai un nom aussi. Mais ça s'arrête là."

Si j'avais peur que ce soit vain ? Manifestement j'avais la vie devant moi, et plus encore, pour retrouver un homme qui ne peut mourir, tout comme moi. L'amertume dans ma personne était palpable. J'avais perdu ceux qui comptaient le plus pour moi. Je ne pouvais plus voir ma mère sans craindre pour sa vie... Sans attaches, j'avais besoin d'un but, de quelque chose à quoi m'accrocher pour espérer survivre. Et c'est ce que j'avais fais. Sans comprendre comment ni pourquoi, je me retrouvais saucissonné à une chaise, pieds et poings liés, dans une configuration, il faut bien l'avouer, foutrement inconfortable. Le type qui m'avais payé à boire la veille se trouvait là, face à moi. Personnellement... J'avais la bouche pâteuse, le crâne prêt à exploser, mon regard se perdit sur quelques détails de sa personne avec une netteté qui me fis pousser un petit cri, je fermais précipitamment les yeux pour ne plus rien voir, incapable de voir correctement, une plainte s'échappant de mes lèvres.

[Père Castor, raconte moi une histoire.]Si dans les premiers temps, je restais attaché à ma chaise, j'eus de plus en plus de liberté, nous étions dans un vieux corps de ferme. Il me raconta son histoire, son organisation, les immortels et leur place.  Des "divinités" je ne me sentais pas particulièrement au dessus des autres, couvert de poussière, attaché comme je l'étais. Il me parla de mon père, cet homme à cause de qui il avait perdu sa famille. Grand bien m'en fasse, je faisais quoi dans cette histoire ? Si dans un premier temps je fus... Assez insensible à ses mots, Au fil du temps, car oui... Nous poursuivions le même but, j'appris à connaître les siens, qui avaient disparus, je lui parlais de ma mère, des moqueries auxquelles elle avait dû faire face, de notre vie, de ses larmes, le jour de mon départ, quand elle m'avait dit que je ressemblait à mon père. Je ne tardais pas à avoir l'impression de "faire parti de sa famille" c'était... Un sentiment que je n'avais jamais ressenti avant. Il m'apprit tout ce qu'il fallait savoir sur la condition d'immortels, et je restais avec lui jusqu'à ce que le temps l'emporte. Je ne faisais que rêver à propos d'inconnus, l'homme m'avait expliqué que je rêverai d'eux, que je ressentirais toutes ces sensations jusqu'à ce que je les ais trouvés. Peine perdue... J'arrivais déjà pas à trouver un homme dont j'avais la photo. Alors de parfaits inconnus ?!

[Aujourd'hui]J'avais repris la route, et ma p'tite vie, toujours à la recherche d'un père qui n'avait sans doute jamais voulu de moi. Mais j'avais désormais un but bien différent de celui avec lequel j'avais quitté Pisté bien des années auparavant. La vengeance était un moteur des plus obsédant, mais cependant efficace. J'avais rencontré les uns après les autres les membres de ma constellation, j'avais passé un certain temps avec les uns, les autres. Ils n'étaient pas désagréables, cependant j'évitais de leur parler de ma quête, de mes recherches. On m'en aurait à coup sûr dissuadé, mais cette colère ne faisait que grandir, années après années...  Je le trouverai un jour, j'm'en étais fais la promesse. Il paraît que pour vivre longtemps, fallait un but. J'avais trouvé le mien, et j'étais pas prêt de lâcher l'affaire. J'avais pris soin de ne m'impliquer dans aucune organisation. Si je cherchais mon père, il ne fallait pas que je sois mis en lumière, perdre l'effet de surprise... Ce serait dommage, non ? J'étais théâtral dans mon genre. Alors j'attendais sagement mon heure. Dans l'ombre. Inconnu parmi la foule.  J'avais également développé mes dons. Si ce n'était pas parfait et si je portais la plupart du temps des gants pour arrêter de lire les gens et les objets contre ma volonté (si vous saviez ce qu'on pouvait lire....) j'avais finis par maîtriser à minima ma vision. C'était comme découvrir pour la première fois les couleurs, leur intensité, et les petits détails de la vie.


[Aout 2020] J'pensais rester dans mon coin, au moins jusqu'à l'année prochaine, sans me rapprocher de qui que ce soit, parfois la solitude... C'est pas plus mal, même si les membres de ma constellation sont... Incroyablement bienveillants (j'ai toujours pas l'habitude qu'on me renvoi autre chose que du mépris j'dois avouer) alors bon... Quand j'ai reçu un coup de fil m'invitant à me bouger le cul, m'expliquant que l'un des nôtres c'était fait capturer, c'était sans hésiter que j'ai enfourché ma bécane direction New York pour rejoindre les autres, armé, bien entendu. C'est au cours de cette ruée infernale qu'on put libérer Eirik ainsi qu'une nouvelle étoile, Astra. On apprend petit à petit à se connaître, mais un peu de sang neuf... ça ne fait jamais de mal n'est-ce pas ? Cette famille là est un peu étrange... Mais elle n'en reste pas moins agréable. On veille les uns sur les autres, même si c'est de loin.