kingdom of cards (lazarus)

[1975 / le fantôme de la sœur] lazarus naît dans une vieille famille prônant la religion chrétienne et les valeurs conservatrices de la jeune amérique. très vite étouffé par l’amour paternel et la protection maternelle, il comprendra plus tard que ses parents l’ont par trop dorloté pour compenser la perte de sa sœur aînée, trépassée sitôt son corps potelé libéré des entrailles originelles. pourtant las de son statut d’épigone, le gamin ne tarde pas à se servir du deuil parental, jamais vraiment cicatrisé, pour recevoir deux fois plus de compliments, deux fois plus de cadeaux. meryl n’était plus, mais elle continuait à vivre en lui, voilà ce qu’il clamait haut et fort, l’œil larmoyant, les paumes jointes. pantomime et hypocrisie juvéniles. [1975-1993 / la jeunesse dorée] à l’école, il excelle à tous les chapitres, sauf peut-être en arts plastiques où il s’ennuie à en mourir. quand vient l’heure des choix, il s’inscrit en droit à l’université columbia et en profite pour étudier les sciences politiques grâce à quelques cours complémentaires, dans le cadre desquels il se prend de passion pour les stratagèmes des hauts placés pour contrôler les petites gens et les maintenir sous leur coupe. c’est un étudiant modèle, qui aime traîner tard le soir à la bibliothèque pour faire des recherches ou lire divers ouvrages. il ne prend guère part à la vie estudiantine, où l’alcool et la débauche se marient dans un chaos désordonné. [1994 / les arcanes du conclave écarlate] sa soif de pouvoir se réveille lentement mais sûrement. elle atteint son paroxysme à son vingt et unième anniversaire. c’est l’occasion qu’attendaient ses parents pour lui annoncer, preuves à l’appui, l’existence d’êtres contre nature de par le monde. la religion chrétienne trônant au centre de son univers, lazarus considère aussitôt les immortels comme les enfants de méphistophélès, ceux qui défient l’autorité divine par leur seule présence en ce bas monde. comme ses parents avant lui, il se soumet au jugement du conclave écarlate, organisation à laquelle il compte d’ores et déjà se dévouer, malgré son jeune âge, et qui l’accepte volontiers dans ses rangs, lui, le fils de deux agents compétents, mais somme toute discrets. lazarus, lui, ne compte pas demeurer dans l’ombre des plus grands. il aspire à trôner au sommet de la société secrète qui verra un jour l’éradication de ces dieux et déesses de pacotille. rien de moins. [1998 / de funestes desseins] sitôt ses études universitaires achevées, il s’engage comme l’attaché politique d’un sénateur, dont il planifie l’agenda, les déplacements, les prises de parole… du jour au lendemain, il troque les amphithéâtres pour les aéroports et lieux de rendez-vous de son supérieur. l’habitude d’orchestrer les va-et-vient de son patron devient comme une seconde nature pour lui; travailler dans l’ombre ne le dérange guère, bien au contraire. de temps en temps, il rédige des articles pour un journal politique à saveur républicaine et quand viennent les fins de trimestre, il donne volontiers un coup de main pour corriger les copies d’examens de son ancien professeur, avec qui il s’entendait bien. non par excès de gentillesse, mais pour s’assurer un poste de professeur au sein de la faculté des sciences sociales quand une place se libère. en parallèle, il continue à servir le conclave écarlate en tant qu’agent; avide de faire ses preuves, il accepte toutes les missions qui s’offrent à lui. on peut dire que le jeune lazarus sait d’ores et déjà inspirer confiance aux gens qui l’entourent, ce qui lui servira tout au long de sa carrière, parsemée de moult scélératesses. [2001-2003 / la symphonie de leurs myocardes] après quelques années à travailler au nom du conclave, l’écho du nom de cordelia groves se rend jusqu’à lui. une gamine de vingt-et-un ans, raconte-t-on dans les couloirs, et dont l’ingéniosité n’a d’égale que l’ambition. comme lui, elle gravit avec aisance les échelons de l’organisation. s’amorce alors une lutte de pouvoir entre les deux jeunes gens pour récolter l’attention et les compliments de leurs supérieurs. ce qui doit arriver arrive : tous deux tombent amoureux l’un de l’autre. jeunes et fougueux, ils s’empressent de se lier l’un à l’autre par les liens sacrés du mariage et même si leur passion s’effrite d’année en année, il n’empêche qu’ils forment un duo efficace et complémentaire sur le terrain, que d’aucuns jalousent derrière les portes closes. aux yeux de lazarus, sa femme dirige l’organisation d’une main de maître et même si l’amour qu’il ressent à son endroit vient à s’émousser, le respect et l’admiration qu’il lui porte demeurent, eux, intacts. [2004 / les enfants écarlates] rapidement, l’idée de fonder une famille lui effleure l’esprit. en effet, les recrues du conclave ne se montrent pas toujours à la hauteur de ce qu’on attend d’eux. alors que les rencontres répétées avec des incapables de la pire espèce, parfois pas assez zélés à son goût vis-à-vis de leur cause commune, commencent sérieusement à lui taper sur les nerfs, lazarus, promu le bras droit de l’ancien leader, envisage de prendre de jeunes agents prometteurs sous son aile afin de les guider. naturellement, ce projet avorte par manque de cobayes, les nouveaux agents du conclave étant de jeunes adultes difficilement modulables. il estime néanmoins que la tâche s’avérera plus facile, plus évidente, s’il s’agit d’enfants, à qui il pourra inculquer les valeurs du conclave. hélas, cordelia ne tombe pas enceinte et lazarus continue de souffrir la présence de collègues incompétents, à son plus grand dam. [2019-2020 / échecs et opprobres] les désastres répétés qu’essuie le conclave pèsent lourd dans son esprit. la félonie d’elizabeth abbott, la double destruction des laboratoires et les échantillons d’adn perdus, les archives du vatican mises à sac, sans oublier l’échec de la mission, préparée par shani ackerman et lui et visant à éliminer eirik aaronson et astra ackerman… mauvais perdant, il ne supporte pas que leurs ennemis s’en soient aussi bien tirés. même sans preuves, il est convaincu que ces attaques répétées à leur endroit portent la patte de l’ordre de l’hydre, ce qui le met d’autant plus en rogne. il garde néanmoins son sang-froid, dans l’attente des représailles que cordelia et lui architecturent tôt ou tard pour panser leur orgueil maintes fois pétri, lésé. comme si ça ne suffisait pas, les commérages au sujet de l'adultère de cordelia ne cessent de s'ébruiter au sein de l'organisation. lazarus ne leur prête aucune attention, certain de la loyauté de sa compagne, y voyant là l'énième preuve de la jalousie de certains de leurs subalternes. mais peut-être se fourre-t-il le doigt dans l'oeil et que ses convictions si inébranlables sont sur le point de s'effondrer comme un château de cartes.