bienvenue dans la famille (constellation 10)

Faute de pouvoir l’accompagner, Neda avait envoyé une voiture à Bartholomew pour aller à l’aéroport chercher le dernier arrivé de leur groupe. Ne pas y aller elle-même la frustrait un peu mais elle avait promis à Curt, son humain, de passer le début de soirée avec lui. Elle avait songé un temps à avancer toutes les horloges de la maison pour se libérer plus tôt mais ce n’était que justice qu’il aille le chercher seul. C’est lui qui l’avait trouvé après tout, et mieux valait que leur bébé Immortel se sente en sécurité jusqu’à ce qu’il arrive quelque part où ils pourraient l’enfermer jusqu’à ce qu’il accepte la vérité. Sans compter qu’elle aurait été incapable de trouver comment changer l’heure du four, de toute manière.

Son bienfaiteur épuisé reparti se coucher, la brune attrapa un manteau, un châle et une paire de chaussures en pestant à demi voix contre Timo et Agnès. Si cette foutue bourrique n’avait pas été comme il était, Agnès ne se serait pas sentie obligée d’organiser cette réunion chez lui, dans cette antre de la tristesse et de la décrépitude où l’on risquait de se prendre un pan de papier-peint ou de plâtre sur le coin du nez à tout moment. Mais non ! Il était hors de question qu’il sorte de sa tanière, pour qui ou quoi que ce soit. Il fallait que tous y aillent alors que son intérieur à elle, propre et de bon goût, aurait mis tout le monde à l’aise. En plus, une fois ses comprimés avalés, Curt aurait dormi d’un sommeil de plomb sans les embêter. Et personne n’aurait eu peur de finir son année avec le saturnisme à chaque gorgée d’eau du robinet.

Comme elle avait envoyé la plus belle et rutilante de ses voitures – assez belle et rutilante pour faire pâlir d’envie un chauffeur professionnel – faire taxi pour le reste de sa famille, Neda prit la voiture de sport et fut rendue devant le vieil immeuble d’avant-guerre en quelques dizaines de minutes. Le plus long fut de trouver une place où le petit trésor de Curt ne risquait pas d’être rayée par un fêtard au coude léger et une fois rangée, elle monta les escaliers, très lentement et en se plaignant du nombre de marches. L’égérie de leur famille et le petit nouveau n’étaient pas là. Quoi que ce soit qui les retenait, elle n’était pas mécontente de ne pas être avec eux. Quant à l’appartement de Timo, elle ne s’en souvenait pas comme ça. Est-ce qu’elle confondait avec autre chose ? Non. Si ? Avec quoi confondrait-elle ? Bonne question. Quoi qu’il en soit, ses chances de repartir d’ici avec le tétanos venaient d’en prendre un sacré coup. Elle trouva Lupe et Timo dans le salon. « N’importe qui peut entrer, mon amour. Ta porte ne sert à rien. » L’informa-t-elle dans le même patois en marchant vers eux, omettant sciemment de mentionner la clé planquée sur le linteau de ladite porte. Les lèvres pincées, elle jaugea du regard sa tenue et se contenta de lui presser amicalement la main avant d’ouvrir bien grand ses bras pour Lupe qui, lui, avait clairement fait un effort. Plus qu’elle-même, déjà, et mille fois plus que l’ancêtre de leur famille, pour sûr. Pour sa part, elle avait gardé ses vêtements du jour et s’était emmitouflée dans un grand châle, sans maquillage. A quoi bon de toute manière ? Ils l’avaient tous vu au pire à un moment où un autre. Lupe l’avait vu couverte de sang, Agnès de vomi et de bave de bébé, quant à Timo, il avait dû la voir couverte de toute sorte de fluides corporels. Alors à quoi bon ? Elle sourit et relâcha Lupe pour le regarder. « On ne t’a pas vu depuis un moment. » Demanda-t-elle sur le ton de l’affirmation, pas bien certaine de la dernière fois qu’ils avaient été dans la même pièce. Neda lui sourit à nouveau et se retourna vers la table dressée avec soin. « Où est Agnès ? »

Toto tombait amoureux comme on avait envie de pisser : vite, fort, intensément, avec une envie irrépressible de baisser son froc pour se libérer. Mew n’avait pas fait exception à la règle et les messages qu’ils étaient envoyés pendant si longtemps prouvait qu’il y avait une autre forme d’intimité entre eux qui n’avait rien à voir avec l’amour. Plutôt une forme d’attachement un peu plus forte, et assez inexplicable d’ailleurs, puisque ce n’était pas son genre de rester pote et surtout pas plus si affinités avec quelqu’un pendant genre, plus d’un mois. On lui expliquerait bientôt le principe et il n’allait pas apprécier le truc, un peu comme quand on vous dévoile le secret d’un tour de magie, ou quand on vous révèle que le père noël n’existe pas.
Pour l’instant, Toto voguait sur les charmes d’un plaisant moment avec quelqu’un qu’il appréciait et avec qui il s’apprêtait à taper une bonne bouffe et une visite d’un monument interdit dont Mew lui avait inventé les subtilités comme seul un mec qui avait traversé trois continents en cinq siècles savait le faire.

« C’est là ? C’est chelou ton truc on dirait pourtant bien un immeuble. »

Normalement les restaus avaient une enseigne, une vitrine, des lumières, une carte qui appâtait le chaland posée dans la rue au pire. Ce n’était pas le cas ici, mais Toto avait la bonne idée, heureusement pour Mew, de faire confiance à ce dernier.

« Arrête de gueuler comme ça, tu vas exciter les énergies frère. » lâcha-t-il tandis que la voix de son compagnon du soir – le seul, pensait-il naïvement – se répercutait contre les murs du couloir.

Il s’engagea à sa suite, ne se priva pas au passage de lui flanquer une claque sur le cul qui aurait au moins le don de réchauffer cette partie de son corps.

Lupe venait de finir d’arranger son col de chemise, il tirait avec soin les manches de sa veste, pour finalement décrocher un regard vers son reflet dans la fenêtre de la pièce qui lui servait de chambre d’appoint. Son focus changeant pour regarder à l’extérieur, Berlin avait changé, même si le passé avait laissé des traces dans l’architecture. À peine étaient-ils arrivés, que Agnès l’avait emmené sur la tombe de Clarence, et depuis Lupe tentait de garder un semblant de contrôle sur les émotions qui tourbillonnaient en lui. S’il était là ce soir, c’était grâce et pour à Agnès, c’était aussi pour Timo, pour Neda, pour Mew et pour Antonin. Et il lui fallait beaucoup de force qu’il voulait l’admettre pour ne pas repartir. Pourquoi Berlin. N’importe où il aurait certainement été dans de meilleures dispositions.

Un soupire s’échappait de ses lèvres, passant une main dans ses cheveux avant d’aller rejoindre Timo, exilé de la cuisine par les bons soins d’Agnès. Le salon était embaumé d’odeur, celle de Timo, d’Agnès, d’objet divers et variés, de parfums et enfin de ce qui était en train de se préparer dans la cuisine. Lupe décidait de ne pas trop animer ses sens, bien que ses mains libres, tapotaient distraitement le rythme de la musique qui jouait probablement trop fort dans la cuisine. C’est que l’on s’ennuie jamais quand Agnès était dans les parages. L’anglais d’ailleurs avait été déçu du refus de la belle à venir prêter main forte au fourneau, alors il avait passé la journée, le nez dans les bouquins dans un coin de l’appartement quand il ne pouvait plus aider à mettre la table ou les décorations. 

Agnès savait déjà tout, ou presque, l’essentiel, ce qu’il voulait bien partager, la seule condition de cette dernière ayant été de cesser de jouer les fantômes. Trente-quatre ans, c’était long, même pour des immortels, surtout pour ceux qu’il avait habitués de ses nouvelles. À l’inverse, Timo savait rien, sauf que Lupe avait arrêté de lui envoyer des lettres, ce qui avait dû être un soulagement au début, puis frustrant à la fin. Il ne savait pas vraiment et comme le temps n’avait guère arrangé le caractère de son camarade, Lupe ne l’avait pas trop embêté depuis qu’il était arrivé dans l’appartement. 

C'était certainement pour cela qu’il semblait uniquement constater sa présence maintenant, alors qu’il s’apprêtait à accueillir Neda qui venait de passer la porte, « Qui qui t’as laiffé entrer ? » Lupe esquissait un sourire amusé, ouvrant la bouche pour répondre quand Neda le fit pour lui. « N’importe qui peut entrer, mon amour. Ta porte ne sert à rien. - Neda. » La saluait-il le sourire timide, elle ouvrait alors grand les bras et il s’avança pour s’élancer dans une accolade amicale et tendre. « On ne t’a pas vu depuis un moment. » Oui. Non. Il sait. « J’espère que je pourrais me faire pardonner. » Murmurait-il à l’intention de cette dernière, même s’il ne savait pas vraiment qui lui en voulait, qui s’en fichait et qui comptait simplement sur lui pour ne plus prendre la fuite comme il l’avait fait. « Où est Agnès ? - Elle arrive. » Une affirmation, car les talons claquaient sur le sol et la jolie brune, habillée pour le nouvel an, apparaissait dans la pièce pour prendre en otage Neda, sous le rire léger de Lupe qui se retrouvait de nouveau seul avec Timo. « Je constate que tu survis plutôt bien à ta collocation avec Agnès, pas trop énergique pour toi ? » Demandait-il, alors qu’il se rapprochait de son camarade. Agnès était certainement tout ce qu’il y avait d’opposer à Timo, à quelques exceptions, différence qui ne cessait de sauter aux yeux avec le temps.

Il entendait de nouveau du bruit dans le couloir et se tourner de nouveau vers la porte, haussant la voix. « Les voilà ! » L’odeur de Mew venant lui chatouiller les narines, alors qu’il rejoignait la porte d’entrée pour l’ouvrir. « Bonsoir, » Son éternel sourire sur les lèvres son regard se pose sur Mew, puis Antonin, entrez donc, il ne manquait plus que vous. « Mew, toujours aussi classe. » Complimentait-il en se dégageant pour les laisser pénétrer dans l’appartement. « Et bienvenue Antonin, mon nom est Lupe. » Se présentait-il en offrant une poignée de main, son regard sondant le jeune homme derrière ses lunettes teinté.

La curiosité d’Antonin l’avait mené dans de nombreux endroits tous plus risqués les uns que les autres qui faisaient que notre bon Toto s’attendait à beaucoup de choses, mais certainement pas à pénétrer dans un appartement dans lequel d’autres personnes se trouvaient déjà et pire : connaissaient son nom et semblaient attendre sa venue et la souhaitaient alors que lui n’avait jamais entendu parler d’eux. Il chercha dans sa mémoire, dans les nombreuses rave party et autres squats où il avait pu se rendre, chercha le nez, les yeux de celui qui disait s’appeler Lupe et qui lui présentait sa main. Toto, surpris, laissa Mew disparaître dans le couloir comme si c’était chez lui, et tendit la main à Lupe pour la serrer.

« Euh, salut. Toto c’est bien, t’inquiète. »

Antonin ça lui donnait des airs théâtraux qu’il n’appréciait pas plus que ça et ça mettait tout de suite de la distance entre les autres et lui, ce qu’il n’aimait pas davantage. Il se laissa entraîner dans ce qui semblait être, eh ben, tout sauf un restaurant ; ce fut la figure rustre de celui qui se baladait en pyjama et charentaises qui le lui confirma. Il commença à comprendre que Mew l’avait berné avec l’une des plaisanteries dont il avait le secret, mais ne comprenait pas encore à quel point cette trahison allait être douloureuse. Pour l’instant il avait lâché la main de Lupe, et atterrissait dans le périmètre d’une superbe femme qui disait s’appeler Agnès et qui était de toute évidence, exactement comme lui, montée sur piles.
Il haussa les sourcils à sa phrase ; ce qu’il savait ou pas, c’est à dire ? Y’avait un mot de passe à l’énonciation duquel tout le monde se mettait à poil et à quatre pattes ?

« Je me doutais que Mew allait m’entraîner dans une orgie, c’est juste la première qui est précédée d’une bouffe. En général on se gave après non ? Ca creuse ces histoires-là. »

Il interrogeait du regard Mew pendant que ladite Agnès entrait et sortait de la cuisine, les bras chargés de différents alcools dont certains ne portaient même pas des inscriptions dans l’alphabet qu’il connaissait.

« De l’alcool. » ricana Toto, nerveux en face de tous ces inconnus, mais pour l’instant sociable.

Le ton plat de Timo ne le heurta même pas, même si la remarque était assez juste et il l’avait un peu chercher, l’ancien n’était pas le plus bavard du groupe, mais Lupe savait qu’il suffisait de lancer un sujet où l’autre était enclin à partager son savoir ce jour-là pour le faire parler. Il n’aura pas cette occasion tout de suite, puisqu’il avait entendu les deux absents arriver dans le couloir, laissant Timo dans son coin pour rejoindre l’entrée. C’était certainement presque une invasion à ce stade pour le pauvre propriétaire, pensait l’immortel alors qu’il ouvrait la porte sur un Mew rayonnant, qui semblait heureux de le voir. « Ahah, merci. » Antonin lui serrait la main, un peu timide, un peu surpris. « Très bien Toto. » Répondait Lupe, en le libérant afin de ne pas le mettre trop à l’aise, malgré le regard inquisiteur qu’il lui lançait en décelant d’autres odeurs familières sur le jeune homme. Il refermait la porte derrière eux, rejoignant tout le petit monde dans le salon, amusé, les mains dans les poches de son pantalon de smoking.

« J'lui ai rien expliqué à vrai dire j'me suis dit qu'il y avait meilleur orateur que moi. - Je vois, peut-être qu'Agnès à raison d’apporter l’alcool. » Taquinait Lupe, alors qu’il jetait un coup d’œil vers Timo à qui Mew avait donné la manette, avant d’aider Agnès à servir les verres. Préparant ce que buvait habituellement Timo, après avoir demandait à sa colocataire, histoire qu’il ne se retrouve pas seul sans verre. Et s’il n’était pas forcément friand d’alcool, fonctionnant beaucoup plus au café qu’autre chose, ce soir, il ferait une exception, il n’en était pas non plus à sa première goutte d’alcool. Une fois qu’il avait posé le verre pour que Timo ait accès à celui-ci, en prenant soin de pas lui bloquer la vue sur la télévision (même si c’était tentant), il attrapait la bouteille de rhum pour s’en servir un verre à son tour, après s’être assuré qu'Agnès aussi avait bien un verre. « Et où est Neda ? On ne va tout de même pas trinquer sans elle à l’arrivée de Toto dans la constellation. »

Mew avait beau avoir d’innombrables qualités – dont celle d’être une intarissable source de divertissement lorsqu’on était incapable de le localiser dans un délai raisonnable – la discrétion n’en faisait pas partie. Neda entra dans la salle au moment où il était question d’orgie à un volume sonore que la discrétion la plus élémentaire réprouvait. Timo devait suffisamment attirer l’attention des voisins à lui tout seul sans qu’on le soupçonne en plus d’héberger des orgies. Agnès n’avait pas besoin de ça. La brune fronça le nez et fureta discrètement au-dessus de ce qu’avait ramené sa jeune congénère. Elle ne voulait pas se faire soupçonner de surveiller ce qu’elle leur faisait cuire pour ce soir dès qu’elle avait le dos tourné – même si c’était pourtant bel et bien le cas. Elle releva la tête d’un gratin à l’annonce de son nom, pas du tout surprise d’apprendre qu’on l’attende pour faire les annonces de rigueur vu qu’elle s’était arrogé ce rôle depuis des siècles dès qu’elle en avait la possibilité. « Je suis là. » Dit-elle en avançant vers le groupe réuni plus loin. Au moins Timo avait la télécommande de son jeu. Quelqu’un avait pensé à l’occuper.

Elle tendit les mains vers le plus jeune de l’assemblée et entoura la sienne avec un sourire chaleureux qu’elle avait travaillé des siècles durant. Un sourire qui voulait dire Tu es en sécurité comme ce serpent hypnotiseur dans l’adaptation du Livre de la Jungle qu’elle avait vu bien malgré elle.  « Toto, donc. Bienvenu, je suis Neda. » Elle pressa sa main entre les siennes et la relâcha. « J’ai peur que Bartholomew t’ait fait venir sous un prétexte fallacieux. Et ce n’est pas pour une orgie. » Souligna-t-elle avec un vague sourire d’excuse avant de se tourner vers celui qui s’était prêté à la fois au jeu du recruteur et de l’appât pour leur ramener Antonin. « Mew. » Fit-elle en ouvrant ses bras pour l’attirer contre elle et profiter qu’il soit légèrement assis sur l'accoudoir pour déposer un baiser sur sa tête sans cacher son plaisir de le revoir. Après avoir donné à l’ancien pirate sa dose d’amour, elle releva la tête vers le blond. « Tu es là parce que tu es comme nous. » Elle l’entoura d’un sourire rassurant. « Parce que tu ne peux pas mourir, toi non plus. »

« Expliquer quoi ? » demanda Toto.

Ce dernier commença à sentir la merde arriver. Il relâcha la main de Lupe, et fronça les sourcils à la mention de l’alcool. Une Neda fut mentionnée, et elle arriva rapidement, comme invoquée, avec la voie douce de ces mères qui savent annoncer des mauvaises nouvelles comme « je suis désolé chéri le père noël n’existe pas » ou « ton poisson rouge est mort mon coeur ». Les yeux rivés vers elle comme vers une mère qu’il n’avait jamais eue – en espérant que celle-ci ne veuille pas le tuer – Toto se laissa presser la main comme un enfant perdu, et inspira lourdement quand elle lui révéla que Mew lui avait menti.
La douceur de la manière avec laquelle elle lui annonça efficacement les choses rendit la vérité plus violente encore. Toto haussa les sourcils, et son coeur rata un battement.

Il ne sut pas, pendant une seconde qui parut une éternité, s’il se sentait trahi, s’il se sentait piégé, ou s’il se sentait tout simplement con. Une amertume froide se dispersa dans son ventre alors que la douce Neda repartait embrasser Mew comme s’il ne venait pas de faire une incroyable connerie.
Toto posa son regard sur le pirate.

« Tu m’as menti ? »

Sa voix se brisa sur le dernier mot et l’intonation de la question – il n’y croyait pas – se suspendit en plein vol.
Agnès prit la parole. Il posa son regard vers elle ; après tout ce qu’il avait vécu, il pensait qu’il avait l’habitude d’être humilié. Le sanglot lourd qui se logea dans sa gorge, mêlé d’un soulagement dont il n’avait pas encore conscience, lui informa que pas du tout en fait.

« Rêvé de moi ? »

Les sens sur-développés s’étirèrent autour de lui comme des tentacules pour glaner toutes les informations possibles et imaginables sur les personnes présentes dans la pièce sans lui demander son avis. Aussitôt tout se mélangea, s’exacerba. Il sentit le parfum très particulier de la peau de Neda, il détecta chacun des poils du menton de Timo, il entendit la respiration soutenue d’Agnès qui égrenait les informations, ses papilles vibrèrent du goût que l’alcool que Lupe était en train de verser, chacun des pores de ses doigts se dilatait sourdement et tous les battements de cœur semblèrent se rejoindre et
se
syn
chro
ni
ser.

« Trop d’informations. »

Un voile noir passa devant ses yeux et Anto tomba dans les pommes comme une lavette.