How far we're going to go? ☄ Ayumi

[1844] Dans la fraîcheur de la nuit, Rin vient au monde au Château d'Aizuwakamatsu. Née au sein du clan Matsudaira, elle est de la branche samouraï. Fille ou garçon, chaque enfant n'a qu'une vocation : protéger le shogunat ainsi que le domaine d'Aizu. Telle sa mère, Rin est confiée dès son plus jeune âge à un maître qui se charge de son apprentissage. Elle ne connait pas l'affection d'un parent, les côtoyant finalement très peu. A l'époque d'Edo, rares sont les enfants recevant une éducation et encore moins les filles. De par son statut, elle a la chance de rejoindre l'école des samouraïs, où au-delà de l'art du combat, on lui enseigne la calligraphie et la poésie, entre autres choses. Ce sont deux choses qui la passionnent particulièrement ; elle y consacre le peu de temps libre que son apprentissage lui accorde. Pour autant, elle a à cœur de rendre son clan fier de son engagement, bien que sa condition de femme ne lui soit pas favorable. Déjà à l'adolescence, elle contribue aux opérations de sécurité. Prendre une vie de son naganita ne la dérange pas particulièrement, ce n'est pas pour autant qu'elle y trouve plaisir. Passage obligé, elle se voit mariée très jeune et donne naissance à un enfant, afin de perpétuer le nom de son clan. A son tour, il sera rapidement confié à un maître. [1868, octobre] La nuit des fées TW guerre, mort, viol L'empereur reprend le pouvoir sur le Japon, le shogunat d'Edo est en très mauvaise posture. Le domaine d'Aizu a toujours été un très fidèle allié au shogun et c'est ainsi que Rin se retrouve au milieu de la bataille d'Aizu, lors de la guerre de Boshin. Allant à l'encontre des directives d'Aizu, elle intègre l'armée des femmes menée par Nakano Takeko, une unité participant de manière indépendante à la bataille. Elle affronte les troupes impériales jusqu'à la nuit tombée. Son unité devient complétement dépassée et elles ne sont plus assez nombreuses pour défendre leur position. Après des heures de combat, l'épuisement finit par la gagner et un coup de bokken dans le dos l'assomme. Sous le bruit de ses os qui craquent elle s'effondre au sol, incapable de répondre. Elle tombe inconsciente mais là n'est pas la fin pour elle. Pas encore. Il fait nuit noir et la lueur d'une flamme vacillante lui fait finalement ouvrir les yeux. L'ennemi la surplombe, contrôle le champs de bataille pour s'assurer que plus un souffle ne subsiste. Malheureusement pour Rin, son cœur bat encore mais son corps ne réagit plus. Ce n'est pas la peur de ce regard qui la tétanise, de la lueur qu'elle y trouve ou de cette voix qui en appelle d'autres. Non, elle n'a jamais eu peur de l'ennemi Rin. Son corps est réellement paralysé. Elle ne peut rien faire d'autre qu'hurler à la lune et elle n'entend que leurs rires en retour. Le silence finit par la gagner tandis qu'elle abandonne toute résistance, aussi maigre soit-elle. Son esprit s'est comme déconnecté de son corps nu, violenté. Quand elle ressent de nouveau, c'est la mort qui tombe enfin, les lames de leurs katanas transperçant sa chaire. [1868, novembre] Goodbye Rin se réveille. Un habit la recouvre tandis qu'elle gît dans une sorte d'abris en pierres. Elle enfile cet unique vêtement, maigre face au froid. Elle constate sa peau recouverte de sang, mais aucune plaie ne la parcourt. Rin ne comprend pas. Elle ne sait pas où elle est, qui elle est. Son esprit est plongé dans le noir. Elle ne saurait même pas dire son propre nom. Des heures elle erre dans les bois avant d'atteindre le premier village. Une vieille dame s'inquiète en la voyant, lui donne des vêtement, lui offre le gîte et le couvert pour une nuit. Elle la guide vers un marchand, pour qu'il l'amène à la capitale. Une chose en entrainant une autre, elle se retrouve dans les quartiers de prostitution. Sa beauté n'échappe pas à une geisha, qui décide de la prendre sous son aile. C'est à ce moment que Rin devient Ayumi. Malgré son amnésie, la jeune femme n'a pas perdu sa passion et couche beaucoup de ses pensées sur le papier. Elle observe, pratique dans ce milieu qui est devenu le sien. Elle est de celles qui chantent, on lui apprend diverses formes d'art, à danser, la cérémonie du thé, les compositions florales. [1869, septembre] My name TW tuerie Un jour, sa compagnie est demandée. Lorsqu'elle ouvre la porte, découvre l'homme face à elle, un flash surgit dans son esprit. Une seconde, une vague de sentiments entremêlés la submerge, tous plus insupportables les uns que les autres. Lui ne semble rien constater, ce visage autrefois nommé Rin ne lui semble pas familier. Doucement elle referme la porte, répond aux convenances, ignore son instinct. C'est lorsqu'elle s'approche, que ses yeux découvrent ce même regard, que le passé lui revient en pleine figure. D'un geste vif, Ayumi dégaine le katana de l'homme. A peine a-t-il le temps de réagir, que sa tête se voit séparée de son corps, roule au sol. Aucune hésitation n'habite la jeune femme, aucun regret. D'autant plus lorsque dans son esprit, des images surgissent, qui n'ont jamais été les siennes. Elle est figée sur place, le katana solidement empoigné. Elle voit toutes les vies qu'il a pris, toutes ces femmes, ses sœurs d'arme, qu'il a tué durant une bataille qu'elle sait eut un jour été la sienne. Sa vie. Une des geishas entre pour apporter le thé et c'est son cri qui sort Ayumi du passé. Des souvenirs de cet objet. Dénuée d'émotions, la samouraï transperce le cœur de la geisha tandis que des portes voisines s'ouvrent, alertées. Dans un enchaînement parfait, inné, Ayumi ôte la vie à toute personne se trouvant sur son passage, ses sœurs comme leurs clients. Elle finit par se retrouver au rez-de-chaussée, dans le salon de l'entrée, agenouillée au sol dans une mare de sang. Plus aucune vie n'habite les lieux et c'est le calme qui la gagne enfin. Hyun-Su la trouve au milieu du carnage et la sauve, l'aide à fuir. Là elle réalisera son immortalité et partira à la rencontre de sa constellation. [1945] La bombe humaine TW guerre La Seconde Guerre Mondiale. Ayumi est présente sur les terres de son pays natal, donne de sa personne autant que possible pour aider la population. Plus le temps passe, plus son instinct s'agite. Les bombardements sur le Japon sont conséquents et en particulier à Tokyo. Elle a suivi une formation expresse d'infirmière, apprenant surtout sur le terrain. Sauver les siens est tout ce qui lui importe. Elle n'est pas en accord avec la position de l'Empire, pour autant elle ne comprend pas cette déferlante de violence de la part des américains. Elle écrit, beaucoup, durant les temps calmes. Anonyme elle essaie d'agir autrement, pour une capitulation du Japon, un cesser le feu pour sauver la population. Tous ces gens qui n'ont rien demandé... Un jour, elle tombe sur les débris d'une bombe et sa clairvoyance s'active. Elle visualise une carte avec Hiroshima, une des principales bases militaire du pays. Elle ressent surtout l'effervescence qu'il y a autour de cette ville, les attentes qui y sont placées, la destruction. Elle s'y rend sans réfléchir, au fond elle sait, que c'est là qu'ils vont frapper, plus fort encore. Quelques jours plus tard, le 6 août, la bombe nucléaire. La ville se réveille une heure avant, mise en alerte pour dix minutes seulement. Les prémices de l'attaque. Ayumi quitte son habitation de fortune pour se rendre à l'hôpital Shima, où elle prête main forte. Hypocentre du bombardement, elle n'y arrivera jamais. Elle n'a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive, lorsque la bombe atomique explose. Instantanément elle meurt, irradiée, projetée par l'onde de choc. Au bout de quelques heures à peine, elle se réveille dans une douleur monstre au milieu d'une tempête de feu, son corps pas encore rétabli. Pour la première fois, elle réalise que malgré son immortalité, elle pourrait complètement périr. Si elle avait été à l'hôpital à l'instant de l'attaque… Elle n'a jamais observé une telle dévastation. Autant qu'elle le peut, elle vient en aide aux faibles survivants qui l'entourent. Toutefois, nombreux sont ceux pour qui elle ne peut rien, si ce n'est abréger leurs souffrances. Elle met toute sa rage au service des autres et en oublie sa propre douleur. Si elle avait pu, elle aurait massacré le moindre américain sur sa route. [1953] Invisible Ayumi met du temps à se remettre de la guerre. Elle a besoin de paix, d'isolement, elle passe beaucoup de temps auprès de sa constellation pour se ressourcer. Elle écrit, beaucoup, encore. Témoigne de l'horreur pour faire changer les consciences. Ce qu'elle a vécu, Hyun-Su aussi d'une certaine manière, toutes ses étoiles. Ca contribue à apaiser les envies sanguinaires de celui qu'elle considère comme son grand frère. C'est ainsi qu'elle l'encourage dans les études de médecine et l'y accompagne, en Corée du Sud. Comme lui, elle devient chirurgienne et se spécialise dans les greffes de peau, la chirurgie des brûlés. Elle est une des pionnières dans le milieu. Les victimes des bombes sont gravées à jamais dans sa mémoire et c'est sa façon de leur venir en aide et à tant d'autres, après toutes ces années. [2019] Don't leave me now La douleur puis le vide. Un vide immense. Elle l'a ressenti trop de fois, durant sa petite immortalité. Elle y est bien trop familière et pourtant… Ca l'a brisé. Parce que Tal était sa maman, celle qui lui donnait des câlins, de la douceur, de l'amour. Et que sans elle, ils ne sont plus que quelques étoiles échouées au large. L'Octant a subi trop de pertes pour en accepter docilement une nouvelle. La rage s'est mêlée aux pleurs et bien qu'Ayumi se soit isolée à la seconde, ait tenté la méditation, rien ne l'apaisait. Hyun-Su. Ses sentiments se sont mélangés à ceux du coréen et elle est persuadée d'avoir accentué son mal-être, lui transférant le sien. Elle a marché des jours en pleine montagne, s'éloignant de toute civilisation, partie sur un coup de tête avec trop peu de vivres. Ayumi n'a rebroussé chemin que lorsque ses envies de carnage se sont adoucies. Elle s'est alors décidée à retrouver Hyun-Su, suivant la voie de leur connexion puis restant quelques temps en sa seule compagnie.