intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 El cielo, no puede hacer nada ft Santi

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(#) El cielo, no puede hacer nada ft Santi    Ven 29 Oct - 8:22

@Santiago Ortega

Parfois on fait des trucs cons quand on est désespéré. J'étais les deux. La peur du vide avait prit le dessus. La peur de ne plus rien avoir à faire que d'attendre la mort qui ne viendra jamais. Bastian avait beau penser que l'immortalité était un cadeau, moi j'voyais ça comme une blague du destin. C'était finir tout seul, à observer le reste du monde partir en poussière, ne pas pouvoir trouver le repos. Jamais.

Même si mon expression était neutre, froide, je sentais à la surface toute cette colère, cette injustice brûlante. C'était comme avoir un trou noir dans le ventre, il aspirait toute la positivité pour ne rien recracher d'autre que cette sensation de nœud, cette acidité dans le corps. Je repassais cette putain de conversation dans ma tête, j'avais encore le bruit tonitruant du coup de feu qui me brûlais les tympans, ou alors était-ce une reviviscence ? Quelque chose qui me hantais ? J'étais tellement à fleur de peau que j'avais enfilé mes gants en cuir, pour ne rien toucher, objets ou personnes, je ne voulais pas ressentir les émotions, les souvenirs des objets sortir des tréfonds de mon enfer personnel.

Le pied... Sans aucun doute, aurait été de ne rien ressentir, de ne pas quitter cette partie froide, logique de ma personne. Celle qui ne ressent rien. Mais parfois... J'étais incapable de me cloîtrer dans cet espace reclus de tout. Le contrôle, c'était quelque chose dans lequel j'aimais me réfugier. Ne rien laisser au hasard... J'avais profité d'un arrêt dans une station essence, le tableau toujours précieusement empaqueté dans un drap et glissé dans une de mes sacoches. J'avais dégainé mon téléphone, alors que je sirotais un café. Il était infecte... ça allait pas arranger ni le feu, ni la brûlure que je ressentais au fond de moi.

"Santiago ? J'me suis foutu dans la merde. J'ai besoin d'infos sur quelqu'un qui fait parti de ton p'tit groupe de joyeux lurons là. Tu connais un dénommé Bastian ? Viens chez moi. Por favor..."

Je raccrochais une fois le message enregistré. J'avais encore pas mal d'heures de routes, fallait pas que je me repose. J'avais devant moi un certain temps que je devais appliquer. Il ne fallait pas qu'il remonte ma trace. C'était un jeu du chat et de la souris qui se lançait. Les rôles s'inversaient. Qu'est-ce que j'espérais comme ça ? Ralentir au plus l'échéance ? Attendre un maximum... Plus... Un peu plus longtemps, jusqu'à ce que je n'ai finalement pas d'autres buts, pas d'autres projets que d'me laisser crever.
Quelque chose me disait que ça finirait par venir bien vite. La fatigue se lisait sur mon visage. Déjà une journée sans dormir. Dormir... C'était se laisser aller à l'impuissance, perdre sa vigilance, et je pouvais pas me le permettre. Jamais. Quelle vie j'menais ? J'en savais foutrement rien. Je brûlais la chandelle par les deux bouts, mais ce qu'elle était longue putain.
J'arrivais en fin d'après midi dans cette petite maison. Elle était en périphérie de la ville, c'était une ancienne Hacienda que j'avais acheté une bouchée de pain, pour sa localisation, paumé au milieu de rien, les alentours dégagés qui permettaient une surveillance complète, elle était en ruine, et j'l'avais retapé pendant les périodes où j'y étais. Pour penser à autre chose... Oublier un instant. Je passais une main dans mes cheveux, poussant un soupir las.

"Qu'est-ce que j'suis con bordel."

Con... Et désespéré, semblait me dire mon reflet. J'y pouvais rien. Dans un cas comme dans l'autre, j'avais signé pour une vie de cavale, pour ne jamais me retrouver seul au bord de mon propre vide, au bord de mon absence de vie, mon absence de tout. L'abîme était bien trop sombre. Y'avait rien pour moi. Rien ici en tout cas.

J'attendais, sirotant mon lapacho. J'ignorais si il viendrait, ou si c'était Bastian qui me trouverait en premier. J'avais dissimulé quelques lames sur moi, un fusil posé sur mes genoux, alors que mon regard sondait les alentours. La nuit allait être longue. Le voyage commencerait bien assez tôt.

Demain... Demain. Il allait courir comme j'avais couru, il allait me haïr comme je l'avais fais. Le jeu continuerait. J'avais pas le droit, mais j'le prenais. Je regardais la vieille croute posé contre un mur, à côté de moi. Qu'est-ce que ce tableau pouvait bien avoir pour être aussi "précieux" à ses yeux ? Plus précieux encore que l'aurait pu être ma mère. Je repensais à cette femme, abandonnée, mais restée pleine d'espoir. C'était fou ce que les sentiments pouvaient faire. J'aurais préféré ne rien ressentir. Faire taire tout ça... Pour de bon.
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(#) Re: El cielo, no puede hacer nada ft Santi    Mer 3 Nov - 18:00


El cielo, no puede hacer nada





@Fabio Carillo


T'as sauté dans l'avion sitôt tes blessures remises et l’appel reçu. Si vous pouviez sentir la mort et la douleur d'un autre Immortel de votre constellation - putain, tu avais encore le goût du sang d'Eirik dans ta bouche, tu rêvais encore des douleurs qu'on lui avait infligées quand tu fermais les yeux -, tu pouvais sans souci comprendre quand on t'appelait à l'aide et que la personne comptait un minimum pour toi. Grâce à Londres, grâce à l'Hydre, aux Adorateurs et aux imbéciles qui vous vénèrent comme des dieux quand vous n'êtes que des semi-déités, t’avais pas eu trop d’’souci à pousser les portes de l’aéroport et à embarquer sans passer par les portiques de sécurité. Tu n’avais pas la moindre idée de pourquoi ton frère d’âme t’appelait, autant te préparer au pire. Deux lames proches du corps et une troisième camouflée dans ton trench. Un gadget jamesbondien dans ta montre, pique faisant aussi tire-bouchon et décapsuleurquand venait le temps. T’avais adoré voir la gueule de ton voisin de siège quand tu t’étais étendu sans chaussures sur ton siège, le manche du poignard formant une protubérance équivoque sous ton manteau. Z’êtes mignon, m’sieur, mais z’êtes aussi marié alors rien s’passera, avais-tu susurré au jeune Mexicain à côté de toi. (Aurais-tu été plus jeune et il aurait eu mieux qu’un commentaire vaseux.)

Tu avais profité de la dizaine d’heures entre Londres et Mexico pour mettre en ordre tous les renseignements dont tu disposais sur Bastian : c’était un immonde connard avec un égo gros comme ta brique, mais c’était aussi, jusqu’à relativement récemment, un gros connard plutôt doué dans ce qu’il faisait. T’as jamais eu à te plaindre de ses ordres (il ne t’a jamais demandé de babysitting, ni de tuerie de masse dans un centre commercial) et il n’a pas encore perdu sa caboche. Hormis son plaisir à te causer en espagnol et le fait qu’il ait mis trois siècles – pour de vrai – à comprendre que vous étiez presque du même bord… Ouais, non. Tu savais pas dans quel merdier s’était fourré Fabio avec celui-là.
Plus que trois heures avant de le savoir. T’espères juste que c’est pas une histoire de cul, ça serait avoir un goût foireux.

Exactement vingt heures et cinquante minutes après l’appel passé par Fabio, tu débarques en grande pompe dans la baraque dont il t’a filé l’adresse.  Par la porte de derirère. Sac à dos sur l’épaule et clope au bec, l’odeur de l’avion encore sur tes cheveux teints en roux sombre pour l’occasion. T’as voulu tester. Ca te va pas super bien. « Fabio, petit coeur, où te caches-tu ? Claironnes-tu. Tu laisses tomber ton sac sur le sol et part à sa recherche. Evidemment, il est de l’autre côté. C’est pas drôle sinon. Ah ! Superbe. Une tuerie impromptue, j’adore. »

Tu n’as pas grand-chose à dire de plus. Dans un magnifique geste fluide, tu extrais ta lame de ton manteau, puis ouvre tes fringues discrètement pour sortir les deux autres et les poser entre vous. Ce n’est qu’à ce moment que, tout aussi sérieux que si tu venais de lui demander l’heure, tu l’interroges : « On va tuer qui ? »
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(#) Re: El cielo, no puede hacer nada ft Santi    Sam 6 Nov - 9:39

@Santiago Ortega

Voyageur sans repos, j'ai passé ma vie à chasser, à courir après quelques chimères vagues. C'était un but comme un autre. Aujourd'hui... Aujourd'hui c'était une course contre la montre, une course pour fuir le vide, pour s'échapper de ce trou noir qui me dévorais de l'intérieur. Une existence sans but... Sans personne. J'avais presque personne, et j'le savais. Vivre comme un chien, d'accord, j'avais eu cette vie pendant des lustres, j'étais habitué. Mais pour l'éternité ? Cette existence avait le goût d'amande amer. Une petite bouchée de cyanure en plus ? Un peu de vitriole ? J'avais toutes ces émotions, toute cette rage à laquelle je m'agrippais désespérément. Car quand elle sera partie... Il resterait quoi ? Toujours l'absence, le vide, la froideur. Plus j'avançais, moins je me trouvais humain, plus je me débarrassais de cette carcasse rassurante. Je voulais pas la quitter. Des bruits... J'entendais des bruits, et une voix bien connue. J'avais sorti une cigarette de mon petit étui, et avais allumée d'une simple allumette la roulée. La fumée bleutée s'entrelaçait dans des entrelacs purement esthétiques, j'observais les jeux et les formes d'un air distrait, tirant une taffe, puis une autre. La fumée irritait ma gorge habituée. J'avais commencé à fumer à 13 ans ? Oui... C'était quelque chose qu'on se partageait entre mineurs. On fumait ensemble, on travaillait ensemble, et quand tout s'écroulait sur nos têtes, on crevait ensemble. Y'avait une sorte d'unité. Je me souvenais encore... De l'obscurité, de l'odeur de feu, de mes oreilles sifflantes suite à cet accident. Santiago finit par me trouver. Je lui adressais un sourire vide, indiquant d'un signe de tête le siège posé de l'autre côté de la table d'appoint.

"Salut Santiago. ça me fais plaisir de te voir."

J'étend les jambes, les croisant élégamment, avant de l'observer se débarrasser de son arsenal. Un petit rire s'échappe.

"Et t'arrives à prendre l'avion avec tout ça ? Moi je suis toujours obligé de refaire ma petite trousse à outils à chaque fois que je pars dans un autre coin. Je reviens d'un petit voyage en Europe."

Mon expression se fait vague un moment. Et je hausse les épaules.

"Je t'ai parlé de Bastian hein ? J'en ai jamais parlé mais ça fait plus d'un siècle que j'le cherche, on avait des comptes à régler."
Je prends une grande inspiration, haussant les épaules. Mon visage était froid. J'avais l'habitude de ne jamais rien afficher. D'être discret dans mes histoires et de n'impliquer que le minimum de personnes. Après tout... Mes "histoires" avaient coûtés la vie à mes deux compagnons. "C'est mon père. Il a mit ma mère enceinte avant de s'barrer. On a vécu comme des crevards et des parias toute notre vie parce que il s'est cassé sans même se retourner. Tous les deux on a ruiné la vie d'ma mère. C'était une brave femme, mais celles qui sont en cloque sans mariage à la clef... On les cachent, c'est honteux y paraît."

J'avais jamais compris ça. J'avais jamais compris toute cette haîne et ce rejet vis à vis de ma mère. Mais cette femme avait toujours été une battante.

"Y'a quelques temps j'ai remis la main sur lui, j'l'ai trouvé et j'lui ai mis une balle juste là."
Je pointe ma poitrine, à l'emplacement du palpitant. Une balle dans l'coeur, pour toutes les souffrances qu'il nous avait infligé toutes ces années. "J'lui ai volé un tableau qui avait l'air précieux." Et j'lui montre d'un doigt la toile emballé dans un drap. "Je sais pas ce qu'elle a de si précieux, j'ai fais des recherches elle est pas inestimable. Mais il en a après moi. Et j'veux connaître mon ennemi avant qu'il me retrouve. Car il me retrouvera. C'est sûr. J'ai pas encore décidé de s'que je ferais à ce moment là."

Je baissais les yeux, fronçant les sourcils. "Il a dit qu'il faisait parti de l'hydre. J'me suis dis que tu le connaissais peut être un peu."
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(#) Re: El cielo, no puede hacer nada ft Santi    Sam 6 Nov - 16:55


El cielo, no puede hacer nada





@Fabio Carillo


Tu laisses échapper un sifflement qui te tient lieu de rire. Un sourire en coin qui bouffe pour les stocker toutes les menaces que tu pourras proférer à l’encontre de qui que ce soit : peu importe le nom de cellui qui a offensé Fabio, il a beau être un grand garçon tu iras quand même leur botter le cul. Les buter si t’as le droit, les tataner si tu ne peux pas. (Les embrasser sur le front avant de leur tapoter l’épaule si ce sont des enfants, on ne tue ni ne frappe les minots. T’as une sorte d’âme, encore, en toi, Santiago. )

Tes fesses s’explosent contre le siège dans un soupir du coussin qui t’accueille. T’amorces un atterrissage compliqué tandis qu’ta lame teinte sur le plateau. « C’est parce que tu fais pas partie des grands, ptit bibounet. Tu lui réponds en croisant les chevilles devant toi. Tiens, t’as mis des chaussettes dépareillées. J’passe aucun des portiques de sécurité depuis les années soixante-dix. En fait… Non, je passe aucun portique. Mon auguste présence suffit à rassurer jusqu’au pilote dans sa cabine, j’détourne les bombes, et si j’avais été dans un 747 on n’aurait jamais… Tu vois. »

C’est un peu débile comme tu te fais mousser, tu le sais. Mais c’est un mal nécessaire pour entretenir le masque mortuaire sur tes traits insondables, plâtré sur ta face de connard extraordinaire. Connard extraordinaire… Tu vas graver ça sur le rocher de ta tombe, quand tu tomberas pour de bon. Si tu tombes un jour – tu l’espères. Tes épaules enfoncées dans le fauteuil, ta tête en arrière, tu tournes tes doigts et tes pouces tandis qu’Fabio déblatère tout ce qui lui pèse sur le coeur. Toi, t’écoutes juste. Tu tires de ses mots ce dont t’as besoin pour alimenter la colère et la haine des inhumains partageant votre condition ; l’éternité est votre fléau. « J’peux pas juger, j’ai jamais eu de gamin, tu sais. » Tu te laisses aller à commenter rapidement, les yeux dans le vague. T’as jamais passé de test en ces temps morbides : pourquoi faire ? T’en as pas besoin. Tu crains qu’on te diagnostique une connerie qui sera résolue sur le coup de minuit, en plus.

Tu joues pas franc-jeu avec ton ami. Tu joues pas franc-jeu avec ta constellation : la plupart ignorent tout le sang sous tes ongles, Fabio, lui, ignore que tu te bourres la gueule avec son père. Triste réalité. « Tu pourrais pas lui rendre sa foutue toile, si elle vaut rien ? Et retourner en chopper une autre ? Sans grand optimisme – t’es certain qu’il dira non – tu proposes quand même. Quoi que je sais pas si ça résoudra le problème. » Après tout, tu t’es fait défoncer la gueule en te posant dans un putain de fauteuil. Tu hausses les épaules et sort un briquet, une taffe et l’allumes. La lourde fumée de la cigarette toxique nique et répare vos poumons.

« J’le connais. T’as tapé juste. Il est un d’mes supérieurs eeet… Je sais pas, de quoi t’as besoin ? Je traîne pas trop sous ses ordre, cet imbécile parle espagnol comme un espagnol. Sans offense pour toi, hein. Tu lèves la main vers lui et lui tend ton paquet ainsi que ton briquet. Des fois que. On a une relation compliquée. Je le tape y a quarante piges, il me tape douze ans plus tard, puis une lettre de menace, puis on joue au monopoly… C’est compliqué. » Tu te penches vers lui et poses tes mains sur la table entre vous. A plat. La sincérité de tes traits ne peut pas être un mensonge et tu le fixes droit dans les yeux quand tu termines : « Mais t’es plus important qu’mon supérieur, tu le sais. T’es mon frère. Je t’aiderai. Balance.  »
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(#) Re: El cielo, no puede hacer nada ft Santi    Jeu 18 Nov - 20:31

@Santiago Ortega

Le calme... C'était appréciable. La nuit qui allait pas tarder à se ramener, l'air qui se faisait un peu moins sec, un peu moins pesant. La nuit serait froide. Comme l'était chacune. Car depuis la nuit des temps, on regardait l'astre lunaire se lever, en craignant de ne jamais voir son alter égo prendre la relève. La nuit, c'était le moment de la journée où toutes les menaces guettaient, où les assassins pouvaient se mouvoir entre les ombres. Où les monstres sortaient du placard. La nuit... C'était ce moment délicieux où les gens, à la morale douteuse, comme lui, comme moi, pouvions sortir sans nous poser de question. Mon regard reste figé vers le lointain. Les mots semblent bloqués dans le fond de ma gorge. Il faut attendre... Il faut attendre que la digue se fende pour que le flot de parole s'échappe. Profiter, encore un peu, de ce faux calme. De cet instant avant que la tempête ne déferle. C'était ainsi que je vivais. J'eus un regard vers l'emplacement où se trouvait la petite caravane. Il était là. Il attendait, mais je ne pouvais pas le protéger en restant ici. Il fallait parfois garder les possessions qui comptent le plus loin de nous, pour les protéger du sillon de problèmes qui nous collait au cul. Je hausse les épaules.

"J'fais pas parti des organisations parce que je supporte pas qu'on me dises quoi faire. Protéger les mortels ? Ce monde pourris mérite pas qu'on les protèges, après tout, même sans nous, ils s’entre-tuent très bien depuis des millénaires, pourquoi les arrêter ? Prôner notre supériorité ? Y'a vraiment une supériorité à pas pouvoir crever ? A pas pouvoir espérer un repos éternel ? J'suis pas si sûr de ça tu sais... J'ai mes contacts, je trouverais toujours le moyen de me fournir au pire..."

Parce que moi aussi j'me couche jamais sans un flingue dans ma table de nuit, sans un couteau sous mon oreiller. Car je sais... Je sais ce que l'Homme est capable de faire. Je l'ai vu lorsque j'étais encore mortel. Et ce genre de trucs, ça marque. La digue, elle cède et, telle une vomissure infâme, le flot des paroles se déverse. Les mots ils me dépossèdent petit à petit de mes émotions, j'ai l'impression de ressentir moins les choses. D'y être étranger. Comme si c'était un autre que moi qui parlais. Ma rage... Elle s'en allait petit à petit, ne restait qu'un vide. Le vide d'une vie plate, ennuyeuse, et éternelle. Je savais pas qui j'avais emmerdé là haut, mais je m'en mordais aujourd'hui les doigts.

"Tu sais... J'en ai jamais eu non plus. Mais j'ai été un gamin. Et j'ai vu ma mère souffrir. Généralement même si on est sans coeur, on apprécie pas trop voir sa mère pleurer chaque soir. Y'a des blessures qui se referment jamais. Il a été l'une d'entre elles pour ma mère."


Un rire sans joie, presque dément m'échappe, alors que mes yeux sombres scrutent l'horizon. Je vois loin, et bien. J'ai une vue perçante, inhumaine. Parfois j'me sens proche de l'aigle mais moi... j'ai jamais pu voler. J'avais trouvé un autre moyen, mais je pouvais pas m'élever comme eux, loin des hommes, loin de tout. Non... J'étais juste esclave de ma condition de modeste humain.

"Lui rendre c'est perdre. Lui rendre... C'est accepté de n'avoir plus aucun but dans la vie. C'est crever sans pouvoir crever Santiago. Et... C'est dire adieu à une partie de moi. J'me sens vivant avec un but. Sans ? Je suis plus rien."

Je choppe une de ses clopes. Elles sont plus fortes que les miennes. Moi je fumes des cigarettes de p'tites filles. Lui il a de celles qui t'encrassent les poumons à la première bouffée. Mais mes poumons... Ils sont forts, ils sont increvables. Alors j'fume, j'fume pour oublier le froid hivernal qui siège en roi dans cette vieille carcasse. Mon manque de questionnements, d'émotions. Mortel j'me battais pour des causes que je pensais juste. Désormais, tout me semblais lointain, dérisoire. Et ma froideur prenait le pas sur le reste.

"Je te demande rien Santiago, t'es mon frère aussi, on est pas du même sang mais pour moi c'est tout comme et tu l'sais. Mais y'a des démons que je dois chasser seul. Et j'peux pas t'impliquer, t'aurais des soucis. Je sais pas ce qui peut m'arriver et... J'veux entraîner personne avec moi."
Parce que j'savais pas. Parce que j'voulais pas voir d'autres personnes qui m'étaient chers souffrir, à cause de ma seule existence, comme cela avait été le cas pour ma mère.
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(#) Re: El cielo, no puede hacer nada ft Santi    Mer 29 Déc - 19:21


El cielo, no puede hacer nada





@Fabio Carillo


Tu as confiance en Fabio à en crever. Drôle d’histoire, t’as jamais encore été physiquement mis en danger par votre promiscuité : plus t’aimes et moins tu sembles en retirer des blessures et des douleurs. Peut-être que ton karma d’imbécile cosmique a décrété qu’avec la dernière ribambelle de gamelles et de conneries sur tes pas, tu pouvais bien souffler un peu avec quelqu’un. (Au moins jusqu’à la prochaine frasque. ) T’avais le droit à un répit du monde : tout le monde, surtout pas Fabio, pouvait en dire autant.
Le sourire calme et impénétrable comme Fort Knox, tu l’écoutes sans faire attention aux bêtises. Il y viendra, le petit, à savoir qui et comment écraser de sa supériorité claire. Ils sont les guides. Peu importe ce que des milliers d’imbéciles diront ici ou là, on s’en branle royalement qu’ailleurs d’autres veuillent sauver des éphémères. T’auras jamais le talent pour convaincre quiconque – tu espères juste qu’un jours certains trouveront la raison.

« Je te comprends. Y a des plaies qui s’infectent. » Tu n’as pas vraiment eu de véritable déchirure dans ta vie, jusqu’ici. Tes yeux se ferment, tu réfléchis. Non, tout passe. L’amour, la haine, l’amité, la mort. Tout cicatrise éventuellement – et votre malédiction, c’est que tout passe pour toujours.

« 
Déconne pas, doit bien y avoir quelque chose pour t’aider non ? Incrédule, tu tapotes ta cigarette sur un rebord quelconque ressemblant de loin dans le noir à un cendar. C’était pt’être un pot de fleurs, pas de bol. Les soucis passent, Fabio. On a le temps de voir des espèces naître et mourir et t’as peur que n’importe quel débile se lance à mes trousses ? Sois pas bête, je sais que t’es pas stupide comme ton père. Je peux t’aider mais faut que tu me dises dans quelle direction aller. »

Tu prends le temps d’une respiration et de quelques bouffées à la nicotine brûlante pour réfléchir. Les armes à ta ceinture dont tu te débarasseras avant de passer l’avion – t’as ptêtre menti un peu à ton frère, pour son bien cependant ! - te démangent comme des membres fantômes. Extension de toi qui ne sauraient jamais t’être retirées bien longtemps. L’acier et la fonte, le fer, le cuivre, le verre, le plastique, le cuir, sont remplaçables, les formes peuvent varier, les poids différer, mais chacune dans tes mains devient le prolongement de ton corps. Tu n’as jamais fait de favori.
Tu croises les talons dans un soupir. « J’vais pas te proposer de le buter, je pense que t’en es capable seul. Ca serait un peu insultant. Par contre tu ne peux pas baser ta vie entière sur de la haine. Ou ton éternité, ou les limbes dans lesquelles on évolue… Bref. Tu chasses la fumée et les mots d’un geste de main nerveux. L’énergie regagne tes jambes. Je suis là pour toi, pour t’aider. Si il faut se bourrer la gueule et s’raconter combien on a eu des enfances difficiles, je suis là. Regarder Mean Girls en mangeant des chocolats aussi, et que se fasse enculer la virilité. Organiser un génocide… Bon, peut-être que tu es un peu trop extrême là. Mais je. Te. Suivrais. »
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