Too old to die young - ft Charlie

Anger is nothing more than an outward expression of hurt, fear and frustration. @Charles Otagop

C'était un appel qui avait tout changé... Un appel d'un de mes contacts dans le monde. C'était important... D'entretenir un carnet d'adresse fourni, surtout quand on courait après une ombre... C'était désagréable, c'était chiant, et c'était souvent le même bordel... On s'y faisait, mais à quel prix ? Fallait rendre service, et laisser quelques billets à droite à gauche. Vivement que j'le trouve celui ci, parce que sinon j'serais p't'être obligé d'exploser ma tirelire. Et le p'tit porcelet n'avait rien demandé à personne.

Toujours était-il qu'un de mes contacts m'avais appelé pour me signaler qu'on l'avait vu en compagnie d'un blond, un mec qui habitait manifestement là depuis un moment. Alors j'avais, de mauvaise grâce, quitté ma p'tite terre natale et pris l'avion. Je détestais l'avion, franchement, c'était en partie pour ça que je sortais vraiment très peu de mon continent. Que pour de rares occasions... Les voyages en avion faisaient ressortir mon côté parano. J'passais mon temps agrippé à mon siège. Oh j'avais pas peur de mourir mais disons qu'j'étais mieux sur le plancher des vaches. L'atterrissage se fit PRESQUE sans problèmes (hormis les quelques turbulences qui m'arrachais de petites exclamations viriles de surprises ) -comprenez là, des petits couinements terrorisés, faut pas déconner-. Tout le monde applaudit le pilote. Sauf moi. C'était son job putain... Pourquoi on le félicitait pour avoir "BIEN" fait son job ?! Les crashs c'était si réguliers que ça ?! Mais dans quelle compagnie j'étais tombé ?

Ce fut les jambes tremblantes (... L'adrénaline face à ma mission sans doute) que je récupérais ma valise et que j'm'installais dans un hôtel proche de la zone où on avait vu mon père, photo en main, après les infos que m'avais donné mes petits oiseaux (z'étaient gourmands en oseille ces clowns à plumes... ), je retrouvais sans mal la localisation qu'on m'avais indiqué.

Le port, le bateau... J'attendais patiemment son occupant, autant dire que j'm'ennuyais à mourir, heureusement, j'avais pris de quoi m'occuper, un livre. "La casa de los espíritus". J'en parcourais toujours avec plaisir les lignes, assis sur une bitte d'amarrage. Mes longues jambes croisées, mes armes bien agréablement planquées sur ma personne. C'était la première chose que j'avais réussi à me procurer. Un p'tit couteau parce que on savait jamais sur quels tarés on tombait (genre... Fabio.). Et c'était déjà pas trop mal, fallait pas abuser. J'avais finalement vu le mec s'avancer. C'était le genre grand gaillard, bien bâtit. La différence de taille entre l'un et l'autre sur la photo me faisais penser que mon père, c'était pas un joueur de basket. Par contre... Le mec là, il devait pousser d'la fonte. Si je me retrouvais en corps à corps avec lui... J'passerai un mauvais quart d'heure. Mais lorsque je faisais parti des orchids snakes, j'en avais vu d'autres. J'avais fini vice président du chapitre du Yucatan, j'porte encore parfois mes couleurs, lorsque l'adrénaline et le voyage en groupe me manque. Notre logo était un serpent à plume doré et pourpre. Ah... Ce que j'avais aimé cette époque. Tout ça pour dire que l'une des activités préférées du MC, c'était de boire comme des trous, et d'se taper sur la gueule, le seuil de tolérance à la douleur s'en trouvait altéré. Clairement. Combien de fois j'm'étais fais péter le pif par jeu ? J'savais pas, et ces mecs étaient mortels. De vrais dingues. BREF. J'étais allé vers lui d'une démarche décontracté.

"Salut niño... J'aurais quelques questions à te poser. C'est au sujet de... C'est quoi son nom en ce moment ? Bastian." J'lui tend la main, me rappelant qu'ils avaient eu des ennuis, et que c'était pour ça qu'ils avaient attirés l'attention de mes informateurs. Je lui offre un sourire faussement sympathique. L'excitation de toucher au but ne me ferais pas perdre de vu mon calme et mon jeu d'acteur. "Je te veux aucun mal. Promis." Mes doigts rencontrèrent les siens juste quelques secondes, avant que je ne retire ma main comme si on venait de me brûler. Et c'était presque le cas... Des flashs... Beaucoup trop. Des armes, une guerre, la mort. " '¡A la verga! Tu caches pas mal de surprises toi..." Je farfouillais dans les poches de ma veste pour sortir des gants en cuir. J'me sentais à fleur de peau, et il n'y avait pas à douter... Cette situation allait faire vriller mon pouvoir.


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La tempête commençait enfin à redescendre. Cela faisait bien une bonne semaine que aucun immortels n'avait croisé sa route. Sa constellation était repartie par la voie des airs, et cela lui permettait d'en avoir un peu, de l'air. Parce que entre Camille et Bastian, ses nerfs étaient à bord de montagne russes. Heureusement, avec Maïa, c'était tout l'inverse, et elle était toujours dans les parages pour lui.
Il se remettait doucement dans le travail. Le médecin, après les chocs des premiers mois, avait finit par repartir à l'hôpital pour y apporter son aide. Les londoniens ne l'avaient pas réquisitionné depuis longtemps, à sa demande. Une pause bien venue. Il ne savait pas s'il pouvait à nouveau posé un pied dans un pays à risque. On verrait tout ça à la prochaine catastrophe climatique. En attendant, il restait loin des fusils d'assauts.

Le soir tombait doucement, offrant à la mer des reflets orangés. Charlie avait sauté du bus après être passé voir son frère en fin de journée. Il lui semblait à cran ces derniers temps, méfiants. Il fallait reprendre des habitudes normales pour que personne ne se doute de rien. Après un trajet long où Charlie avait prit garde à ne pas toucher les affreuses barres métalliques du bus -et pas pour des raisons sanitaires- il s'était fait déposé au port, où il comptait rejoindre son chez-lui pour bouger tranquillement dans un coin peu fréquenté qu'il connaissait. Il aimait y poser l'ancre au coucher du soleil en cette saison, car il pouvait observer sur des falaises des allers et venus d'oiseaux qui commençaient à revenir au bercail. Une soirée chill, en somme. Enfin, ce que lui voulait n'était pas forcément ce qui allait arriver, malheureusement.

Alors qu'il s'approche de son embarcation, quelqu'un attends devant. Un drôle de type, blouson en cuir, un air de déjà-vu sans trop comprendre pourquoi, une posture familière. Pourtant, Charlie en est sûr, il n'a jamais vu ce mec de sa vie. A son approche, il relève les yeux de son livre -A part Camille qui lit n'importe où n'importe quand comme ça, même pas sur un banc ? - C'était plus répandu que ce qu'il croyait. Le type s'approche, tranquillement, et l'alpague. Charlie se fige, plisse les yeux et regarde la main tendue.Niño ? Bastian ?

Vous sentez ça ? Non ? Bah ça pue. L'air de déjà vu, il se le remet bien alors. Le type parle comme lui, avec leur intonation mexicaine là. Difficile d'imaginer un membre de famille ou de gang -quoique vu la dégaine-, alors ça doit encore être un mec à qui Bastian à piquer des trucs. ENCORE. Mais pourquoi lui ? Pourquoi les problèmes de Bastian lui tombent dessus à lui ?! La prochaine fois que je le vois celui-là...

Le type semble saisir son hésitation et sa méfiance. En même temps, Charles est un livre ouvert en général, sa carrière d'acteur serait courte.   Il le rassure, encore heureux qu'on ne lui veux aucun mal ?! Il le connait pas le mec ? < Hm, j'espère bien.  répond-il, très froid en serrant machinalement la main tendue. He merde, purée. Il oublie à chaque fois. Mais ce coup-ci, ce n'est pas LUI qui retire sa main comme s'il s'était brulé, c'est l'énergumène d'en face. En quelques flashs, il a vu le mexique, un désert, des scintillements de métal et des morts. Bah super, ça calme et ça pose l'ambiance. Il hausse un sourcil, surpris, très "Lucian-style"  quand le type s'exclame en espagnol. Il ne comprend rien mais c'est probablement un juron. Puis, ce dernier enfile des gants. Purée, mais c'est ça qu'il lui faut aussi. Sauf que l'été arrive, il va avoir l'air fin ! < "Pour une fois que je suis pas le seul." dit Charles plus pour lui-même qu'autre chose. Il esquive le mec pour monter le ponton et rejoindre son but. Une porte fermée entre lui et le visiteur. < "Je connais pas de Bastian, et je sais pas qui t'es. Alors merci mais non merci j'achète rien. Pas besoin d'aspirateur, j'ai ce qu'il faut. Byyyyye. " Il cherche les clés pour ouvrir la passerelle qui le mène à chez lui, pour aller prendre le large. Il n'a pas envie de deal avec un immortel aujourd'hui, pas question. Non. NORMALITE. NORMAL.

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Je m'attendais à ce qu'il me parle, à ce qu'il lève le voile de mystère qui entourais mon père, j'avais soif d'informations et je tenais une personne qui pouvait me les donner. J'avais les clichés, et si le mec en face avait la froideur d'un iceberg, moi j'm'en foutais, j'avais mis mon plus beau masque pour l'occasion. Un sourire des plus sympathiques sur les lippes, je tentais de ne pas ressembler tout de suite à une bête avide. Ma rage, ma colère, elle était monstrueuse, assez fougueuse, assez puissante pour cacher la tristesse, l'angoisse. Tout ça, ça paralysait, la colère était un moteur qui pouvait animer la moindre personne, lui redonner "vie". J'avançais, j'avais un but. Quelque chose à faire pour fuir cette futilité qui m'étreignais sans cesse. Une expression neutre et sympathique sur la bouille. J'avais vu des choses dans cette poignée de main, j'avais vite repris consistance.

"Oui. C'est un peu contraignant cette faculté. Procure toi des gants rapidement, ça aide tu sais." La vision que j'avais vu montrait des armes récentes. Des choses qu'on trouvait pas il y a de cela 20-30 ans, il était donc facile de comprendre que soit, il était vieux et avait fait la guerre récemment, soit... C'était un nouvel immortel. J'optais pour la seconde hypothèse. Je le jaugeais un moment, avant qu'un rictus sans joie n'étire mes traits. Je me plaçais sur sa trajectoire.

"Un aspirateur ? J'ai pas trop une gueule à vendre des aspirateurs. Des assurances vie à la limite. Tu m'met en principal bénéficiaire ?" Je plisse les yeux. "Ecoute, j'te veux pas de mal, c'est pas sur toi que j'ai besoin d'infos... J'me fous de toi, tu me file ce que je te demande et j'me casse. Tu verras plus jamais ma gueule d'ange mon chou." Je sors de la poche intérieure de ma veste une impression, c'était une capture d'écran de caméra de surveillance. "Alors regarde... Là c'est Bastian... Et... OH! Mais... Ce grand blond là à côté de lui... Ce serait pas toi par hasard ? C'est dommage, maintenant les caméras de surveillances sont beaucoup plus qualitatives, avant c'était qu'une bouillie de pixels mais..." Je plaçais le cliché à côté d'sa tronche. "Ouais y'a pas de doute dis donc... C'est toujours comme ça avec lui. Il se pointe, il fout la merde, et il repart sans un regard en arrière. Toujours le même. " Je fronce les sourcils. "Alors maintenant, por favor... Je veux des informations. Claires, précises, et j'm'en irais après." Je le figeais mon regard sombre sur lui. Deux puits sans sentiments, sombres. "Il a bien dû te dire qu'il retournait à un endroit avant de repartir. J'veux que tu me dises où. C'est tout."

Un murmure m'échappe. "J'ai pas prévu de blesser quiconque. Mais j'suis prêt à le faire niño. C'est pas un jeu. Puis sérieusement... T'aspire vraiment ton bateau ?" Je roulais des yeux, toujours placé entre lui et la bâtisse, l'analysant, mon regard perçant le détaillant. Il avait pas l'air armé. Moi j'l'étais. Il finirait par ne jamais sortir sans arme. On apprenait... Avec le temps. J'avais pris l'habitude de ne jamais m'endormir sans un couteau sous l'oreiller, ou un flingue. Fallait toujours être sur ses gardes, vu le monde plein de miasmes, aux relents méphétiques dans lequel on vivait. Un monde peuplé de créatures aussi tragiques qu'enragées, des créatures semblables à celle que j'étais. Le monde était pas ce joli petit bout de champ ensoleillé et agréable. Le monde était un champ de bataille perpétuelle. Les puissants écrasaient les plus faibles, et les faibles écrasaient ceux qui étaient en dessous d'eux.
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Le type en face lui sourit. Il voulait surement essayer de se montrer sympathique. En général, les gens déclinaient leurs identités pour ce faire. Ce que ce mec n'avait absolument pas fait. Qui vient barrer la route des gens en leur posant des questions indiscrète sur d'autres personne ? Qui fait ça ? Les gens qui ont clairement perdus le sens des réalités ! Charles recule d'un pas après la poignée de main. Il ne sait pas pourquoi mais il est déjà agacé. C'est ce qu'il se passe quand il a des visions, en ce moment. Surtout des pas joyeuses comme celles-là. Le regard de Charles s'attarde sur les gants du types, et ce dernier  n'en manque pas une miette. Il lui conseille de s'en procurer. <" J'en ai plus en magasin pour le moment. " marmonne-t-il en croisant les bras, dans l'incapacité d'aller plus loin alors que l'autre lui barre la route sans état d'âme. Il est véxé, d'ailleurs, et vraiment, cet air de déjà-vu se réitère. Susceptible, mexicain, ça lui rappelle vaguement quelqu'un. Mais il a dix centimètres en trop.

Alors, l'inconnu plaide sa cause. Il veut des infos pour pouvoir continuer sa route et se barrer, alors oui, rien ne ferait plus plaisir à Charlie de voir sa tronche à l'horizon, mais il ne le sent pas. du. tout. En plus, connaissant Bastian, c'était surement une autre de ses victimes de vol qui n'hésiterais pas à dégainer, comme le taré qui les avaient poursuivit la dernière fois. Mais Charlie n'a pas le temps de répliquer quelque chose pour l'envoyer balader qu'il sort un truc de sa poche. Charles sursaute, mal à l'aise, recule à nouveau,  puis, en le voyant retirer uniquement une feuille, il se détends. Il n'avait jamais remarqué à quel point il était encore sous le choc quelque part dans le trauma. Des armes.
Enfin, rassuré, il l'écoute continuer à déblatérer. L'autre n'a pas du le voir. Enfin, il ose même comparer les images en posant la photo proche de son visage ! Non mais qui fait ça ? Et la politesse elle s'est perdue dans le désert du Mexique ?  D'un coup de main, il dégage le bras du type. Distance. Mais on ne l'arrête pas, un Bastian 2, vraiment. Il parle il veut des infos il exige et il menace. C'est vraiment le mec le plus antipathique que le monde lui ai donné de voir. Le mec jette même un coup d'oeil derrière lui pour menacer son bien flottant ? Non mais on est où ? Le sentiment d'impugnité chez les immortels c'est de famille ou quoi ? Entre Bastian qui vole tout et n'importe quoi et lui qui se permet des menaces en plein jour, il n'adhère pas à ce mode de vie.
<" C'est bon t'as fini ? Les mêmes les deux-là. soupire-t-il. <" Bon, mec, je sais pas qui t'es, ni comment tu t'appelles, ni d'où tu sors vraiment, mais j'aimerais que t'ailles voir ailleurs ok ?" réponds Charles, en refermant la distance d'un pas, bras croisés. Il adopte une posture fermée et défensive, et tout son langage corporel le crie. <" Déjà, à ton avis, c'est lequel mon bateau, hm ?" ajoute-t-il. Il montre l'étendue du port d'un coup de tête. Bon-Courage. Des bateaux, des voiliers, des catamarans, il y en a à la pelle. La grille du ponton grince en écho à ses paroles. Les yeux bleus de Charles toisent l'intru. <" Vu que t'as l'air d'avoir fait ta petite enquête, pourquoi tu ne lui demandes pas toi-même, l'endroit où il est ? Parce que moi, tu vois, j'en sais fichtrement rien et je m'en tape. " C'était ses vacances du retour à la normale, en ce moment. Charles cherche dans sa poche de jean une seconde et attrape son téléphone. Il le déverrouille et fait dérouler les profils. Pas besoin d'aller très loin, au B, ça suffit. Charlie tends son téléphone -bien trop vieux d'ailleurs faudrait changer un jour- au mec. <" Tiens, allez, vas-y. Je te préviens, il réponds jamais.   " Et quand on dit jamais, c'est jamais. Les boomers et la technologie, vous savez...



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Manifestement, ma belle gueule inspirait pas la confiance. Et j'avais pas l'envie de me montrer chaleureux ou agréable. J'avais pas le temps pour ça. C'était une course après la montre, une course après le temps qui s'étirait depuis bien trop longtemps. Le chemin était immense et délitait le temps même, rien n'avait sens. Et dans cette course éternelle, y'avait moi, et cette fameuse ombre. Cette ombre qui me ressemblais beaucoup trop, cette ombre qui arrachait des larmes des yeux de ma mère dès qu'elle me voyait, l'ombre qui avait brisé le coeur de ma mère, scellé son destin. Luz avait perdu sa clarté, mais elle cachait les nuages de son être comme elle le pouvait. Je gardais de cette époque un sentiment d'injustice, une amertume grandissante. On parlait de sel de la vie, moi j'connaissais que le vinaigre. Une expression neutre passe finalement sur mon visage.

"Bah écoute tu fais ce que tu veux niño, on apprend tous, et on s'démerde comme on peut avec cette tare à la con. Tu veux pas écouter mes conseilles ? J'm'en bat allègrement les valseuses. ça m'empêchera pas de dormir."  

Il se dégage, et j'comprends que j'obtiendrais rien. Enfin... Rien sans me salir les mains. Les conditions sont pas bonnes. Je fronce les sourcil et secoue la tête, lui glissant un regard des plus perçant, baissant mon bras. Il se montre retors, agressif, et me fout un téléphone sous le nez, je louche un moment dessus. Il appelle quelqu'un manifestement et une voix inconnue se fait finalement entendre, un répondeur. Mon regard, vide de toute émotion se plante finalement dans le sien. La chasse ne donnera rien, encore une perte de temps... Futile, si futile. Comme ce monde dans le fond. Comme tout ça. Je pose un regard sur lui un moment. Agissant avec rapidité pour le pousser à l'eau.

"Message noté blondie. Merci de ton inutilité. Pour ta gouverne... Brûler tous ces navires, ça m'aurais pas dérangé. J'déteste la mer, et j'déteste les mecs dans ton genre. Tu penses lui devoir quelque chose ? Un vrai Saint Bernard. Mais tu protèges un meurtrier, un monstre à peau humaine. On finit tous par le devenir. C'est notre lot à nous. L'humanité, elle s'émousse avec le temps. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune trace. Viendra un jour où tu te regarderas dans le miroir, et où tu reconnaîtra plus ta gueule."

Des miettes. Des miettes de bons sentiments, de bonheur, une main secourable tendue. Puis plus rien... le néant. J'me détourne du ponton, des bateaux. Il était là. Il était là et j'l'ai loupé, encore une fois... J'me sentais comme Lélaps face au renard de Teumesse. Piégé. Il me restait plus qu'à rentrer au pays, attendant les nouvelles informations que Manolo pourrait me trouver.


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Tw - Insultes. @Fabio Carillo

Il parle trop, il est agaçant. Sa voix grésille aux oreilles de Charles. Il est exténué d'une journée de chirurgie et si c'était drôle les cinq premières minutes, maintenant ça le soule. Ce mec le saoule. Bastian le saoule, tout le monde le saoule, quoi. L'autre parle et parle et parle sur le fait que ça ne lui fasse rien qu'il n'écoute pas ses conseils. Mais quels conseils ? Non il n'a pas de gants c'est un fait, à part la boite de chirurgicaux rester dans son casier, mais va-t-il le préciser à ce trou du cul ? Non car on s'en fou et ça ne le regarde absolument pas ! Charles lève les yeux au ciel, qu'on en finisse, dégage juste ? Putain non mais c'est abusé les gens quoi ? En général, le blond n'est ni introverti, ni jamais contre pour rencontrer des nouvelles personnes et taper la causette mais sa tête à lui ne lui revient pas. Son ton CONDESCENDANT, ses EXIGENCES, son NON RESPECT DES REGLES LES PLUS SIMPLES DE POLITESSE. Comment se faisait-il que le reste du monde n'apprenait pas les bonnes manières à leurs habitants ?

Pensait-il que son tel allait finir à l'eau ? Oui. Mais lui ? Certainement pas. En tout cas, il espérait naïvement qu'on lui foute la paix une fois un petit appel passer. Enfin je sais pas moi, prends son numéro et casse-toi en fait, si ça te tient tant à cœur que ça ? Mais non, le mec s'est dit "Je n'en ferait rien. Je ne vais pas recolter l'informations pour laquelle je suis venu et je vais encore plus faire chier le monde" et il le poussa à l'eau. En mode, par dessus la barrière en bois. C'était IN EXTREMIS que la tête de Charles n'avait pas finit éclatée contre une coque ou le mur du port. UNE CHANCE, je dirais même plus, UN MIRCALE, qu'il s'en sorte indemne, au vu de la taille de sa carrure entre les hélices et les ancres. -Il s'en serait remis mais il aimerait éviter un second décès-. Un vrai, pardonnez moi l'expression. FILS. DE. PUTE.

Une belle enflure, un énorme salaud, le suprême batard et je vous en passe, vous voyez. Déjà, pourquoi ? Et de deux, pourquoi en fait ? Est-ce que le but de ce con c'était de l'énerver le plus possible pour le faire sortir de ses gonds ? Pousser la patience ? Jouer sur les nerfs pour un amusement à sens unique ? Vas. Te. Faire. Foutre. Bien. Cordialement.

Pendant que la respiration s'écoule et que les insultes maories fusent dans son esprit, Charles finit par refaire surface de l'autre coté de la grille, évidemment. Il grimpe sur le bateau d'inconnus et s'assoit sur le bord pour reprendre son souffle et calmer les palpitations de surprise. Et blablabla, il ne l'entends même pas l'autre con qui continue à parler de sa vie et de son œuvre, pauvre petite victime de la vie. Pour toute réponse, un majeur.

<" Casse-toi, koroua tawhito Vraiment. Casse-toi juste." dit-il simplement. Il reprends un peu de voix et assène <"Tes états d'âmes en peine  et ta philosophie à deux balles, je m'en bas allégrement les valseuses, au fait ! Ca m'empêchera pas de dormir ! "

Il se lève et enjambe bateau par bateau. Son sac de matériel, pc et téléphone ? Au fond de l'eau. Ses patients demain ? Dans la merde. Mais sinon ça va, ça va, une bonne journée aujourd'hui. Il tourne le dos et ignore allégrement le mec qu'il surnomme donc 'l'enflure' et se dirige au fond du port pour ne pas se retourner. De toute façon, à moins de plonger lui-même ou de défoncer la grille, l'enflure ne pourra pas le suivre.

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Anger is nothing more than an outward expression of hurt, fear and frustration. @Charles Otagop

Et c'est en sifflotant qu'je m'éloigne, un échec, un nouveau, y'aura d'autres occasions, d'autres pistes. Cette chasse, c'était la quête de mon existence, la seule chose que j'pouvais faire. Au delà... Y'avait rien. C'était p't'être inconsciemment que j'avais dégagé toutes les preuves, ou p't'être que c'était conscient. L’ambivalence était une compagne de route. Les mots de l'homme, j'les entendaient même plus, cette rencontre, j'm'en souviendrais plus dans 3 semaines. C'était comme ça. Rien ne comptait vraiment a part ce but qu'on m'avait donné. Cette sacro-sainte mission qu'un homme m'avait un jour confié. Les morts eux, ils réclamaient vengeance, ils réclamaient la paix, et rien ne comptait plus. Rien. J'avais profité de marcher sur les bords des quais pour jeter mon couteau, je repartais aujourd'hui, et j'passerai pas à la douane avec ce bordel. Faudrait que je demande à Santiago comment il faisait. Mais avant tout ça, j'devais rentrer à la maison. A la maison. C'était le meilleur endroit, c'était ce p'tit nid douillet que j'avais bâti, restauré, parce que quand y'a pas d'piste, quand on piétine, faut s'occuper la caboche pour pas virer fou. A moins que j'le sois déjà ? J'étais jamais sûr en vrai... J'étais sans cesse entre deux univers, c'était tellement perturbant que parfois j'en perdais le sens des réalités et la notion du temps.

Arrivé avec mes affaires à l'aéroport, j'me pris un café, attendant patiemment parmi la foule. Des gens qui allaient, qui venaient. Des inconnus, des milliers de visages. Juvéniles, âgés, entre deux temps. J'étais ombre parmi les ombres, et aussi facilement, on m'aurais oublié. J'avais envoyé un message à Manolo pour lui annoncer que j'rentrais. Y'avait pas mieux que son chez-soi.

FIN

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