graceless hearts (SHANI, ADRIAN)

Families are made in the heart. The only time family becomes null is when those ties in the heart are cut. If you cut those ties, those people are not your family. If you make those ties, those people are your family. And if you hate those ties, those people will still be your family because whatever you hate will always be with you.

(New York, Janvier 2020) – Les hivers à New York sont bien différents de ceux de sa Suède natale. Différent ne veut pour autant pas dire mauvais, Adrian aimait l’hiver pour ses pulls confortables, les boissons chaudes et plats riches, plus simple à se mettre sous la dent quand il ne fait pas une trentaine de degrés dehors. À toutes ses saisons ses soucis, en revanche, il doit donner à l’hiver ce côté peu pratique quand les chutes de neige sont nombreuses et rendent la vie bien compliquée lorsqu’il faut se rendre d’un point à un autre en voiture. Bien qu’à pied, ce soit tout aussi dangereux, personne n’est à l’abri de glisser sur une plaque de verglas. Il ne prétendra pas que ça ne lui est jamais arrivé, mais s’il pouvait éviter de se faire un tour de rein de cette façon, ou se briser la hanche, il en serait reconnaissant. Et pourtant, il s’est bien amusé à amener Chiranth à la patinoire à Central Park quand l’autre homme était de passage et il ne regrette pas une seule seconde et s’il a récolté un bleu sur les côtes en se rattrapant maladroitement, ça ne regarde personne. Il a également obtenu un contrat pour exposer un photographe de voyage, les paysages le transportant en un seul regard. Si Scott est installé en Finlande, ce dernier parcourt le monde de façon régulière et après l’avoir croisé alors qu’il visitait la galerie, ils avaient convenu de se rappeler pour mettre tout ça et place et voilà chose faite. La nouvelle année commence donc sur des chapeaux de roue, si on lui demande son avis. Ce n’est pas le cas uniquement pour sa personne, d’ailleurs. Après des mois de travail acharné, Astra aussi voit enfin la concrétisation de toutes ses heures d’ici quelques jours avec l’inauguration de sa première exposition. Il n’est pas sans savoir combien sa jeune à le stress qui la gagne à mesure que le jour J se rapproche et c’est sans surprise qu’ils se prévoient un déjeuner, ne serait-ce que pour soulager la plus jeune d’un excès de nervosité.

S’il arrive au café-restaurant avec une petite avance, ça n’a rien de surprenant, il préfère ça à être en retard, même si un imprévu est toujours possible. Vêtu d’un de ses costumes, il décide d’attendre encore quelques minutes et il fait bien, sa cadette arrive à ce moment et c’est tout naturellement qu’un grand sourire s’étire sur son visage et ni une ni deux, ils se mettent au chaud dans la foulée. Leur plat choisi, il ne peut pas s’empêcher de légèrement froncer les sourcils face à ce qu’a décidé de prendre Astra, à ses yeux, elle devrait manger un peu plus, mais les nerfs, ça nouent l’estomac, parfois – c’est traître, ces choses-là. Il met peut-être les pieds dans des eaux un peu troubles, ce qu’il réalise avec un train de retard, « À t’entendre, il faudrait que je sois mariée et mère d’une ribambelle d’enfants dans un an ! » Il lève les yeux au ciel, avant d’arquer un sourcil face à l’expression de la plus jeune pour que, finalement, ils se mettent à rire. « Je sais que ça te pèse, parfois, c’est tout. » Rétorque-t-il quelques instants après. « Ça serait plutôt hypocrite de ma part, autrement. » Ajoute-t-il avec un peu plus de sérieux. Sa propre situation personnelle est un sujet compliqué et ils le savent tous les deux. Son regard se perd un instant sur les tables voisines et sur la porte qui s’ouvre et il se fige Adrian. La stupeur ou la surprise, il l’ignore, peut-être même s’agit-t-il d’un peu des deux, d’ailleurs. Shani est là et leur regard se croise et s’il a bien conscience de la façon dont Astra est crispé, il ne peut pas s’empêcher de hocher la tête en guise de salutation, invitant son autre sœur à s’approcher si tant et si bien elle le souhaite. Pour une surprise, s’en est une belle et il serait d’ailleurs étonné de la voir se joindre à eux. Il est loin de se douter que ses sœurs s'en donneront le mot pour le surprendre. Et encore, le mot est bien trop léger dans sa simplicité.

Families are made in the heart. The only time family becomes null is when those ties in the heart are cut. If you cut those ties, those people are not your family. If you make those ties, those people are your family. And if you hate those ties, those people will still be your family because whatever you hate will always be with you.

(New York, Janvier 2020) – Adrian n’a pas besoin d’être une personne sensible aux changements d’humeur pour sentir combien la tension de la plus jeune monte d’un cran quand son regard se pose sur leur sœur Shani, venant tout juste d’entrer dans le restaurant. La surprise est réelle, que ce soit pour eux deux, mais sûrement pour sa cadette également et tandis qu’il s’interroge sur la façon dont la suite se déroulera, c’est Shani qui prend la décision de ne pas ignorer leur présence comme il a pu le penser – et aurait dû choisir de faire, s’il en juge l’expression d’Astra qui n’a rien de très aimable. Une part de lui a envie de la reprendre, mais s’il est son frère, la jeune femme est adulte depuis bien longtemps. La seule chose qu’il peut faire, c’est de lui lance ce regard, celui qu’elle interprétera comme elle l’entend, tandis que Shani s’approche de leur table et à laquelle il offre un sourire poli, « Mais quelle bonne surprise de vous voir ici. Vous mangez souvent ici, j'ai bien l'impression de vous y voir pour la première fois. Puis-je ? J'avais réservée une table seule mais puisque vous êtes là, ça peut être sympathique de se faire un petit repas de famille improvisée, n'est ce pas ? » Lançant un regard en périphérie à Astra, qui ne lui donne pas l’impression de voir répondre, il retient un soupir et prend la parole, « Du moment que tu n’as pas de rendez-vous pendant ton repas. » Se contente-t-il de répondre.

Quelques instants plus tard, Shani est installée à leur table et une serveuse arrive, sauvant extremis Astra des paroles qu’elle s’apprêtait à prononcer. Elle lance son dévolu sur quelque chose de plus neutre, « Et donc, Adrian, tu as déjà une idée pour le prochain thème d’exposition de ta galerie ? » Ou plutôt, elle ignore totalement l’autre jeune femme. Surprenant. « Je crois que le Metropolitan a prévu d’inviter quelques photographes pour l’inauguration de l’exposition. Peut-être qu’on pourrait faire une collaboration. Non pas que j’aie vraiment mon mot à dire sur la question, tu me diras. » La tête penchée sur le côté, Adrian réfléchis sérieusement à ces paroles, qui font sens malgré tout, « Je n’ai jamais pensé à contacter le Metropolitan, c’est une bonne idée. Et j’ai maintenant du réseau à l’intérieur. » Dit-il avec le sourire, en s’adressant à la plus jeune, « Quant à au prochain thème, ce sera sûrement le voyage. » A défaut d’être celui qui part, au moins peut-il être transporté par les clichés des autres, « A voir, ceci dit. » Rien n’est certain, il lui faut encore contacter la personne concernée. « Mais j’ai envie d’en faire une sur l’architecture également. » Donc il lui faudra trouver un.e photographe en question. Instagram est une merveille pour en dégoter, le bouche à oreille également. À voir. Ce qu’il voit aussi, en revanche, c’est la façon dont Shani est mise de côté et il ne peut pas laisser ça comme ça, ce n’est pas la personne qu’il est, qu’importe ce que peut en penser Astra. Enfin, non. Ça n’importe pas, au contraire, mais elle doit aussi se douter qu’il n’allait pas l’ignorer, « Qu’en est-il de toi, Shani ? » Libre à son autre cadette de donner des détails sur son travail, mais il a peu d’espoir sur la question.