Country Roads | Marisol

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(PARIS, 2021) – La France est connue pour ses longs ponts et tu ne penses pas aux constructions architecturales, Rahim. Non, tu fais référence aux week-ends à rallonge. Le choc culturel a été assez énorme, quand tu as débarqué il y a maintenant un peu plus d’une dizaine d’années. Ou alors ça commence à faire une vingtaine, tu n’es plus trop sûr. Quoiqu’il en soit, tout le monde profite de ce très long week-end, les festivités quant à la fête nationale s’organisant çà et là dans chaque ville et villages, comme toutes les années précédentes. Tu as pris soin d’annoncer la fermeture de ta librairie sur les différentes plateformes que tu utilises à ce jour. Pour un homme à la quarantaine bien entamée, tu es plutôt dégourdis quand il est question des réseaux et tu dois ça principalement à ta jeune filleule.

Filleule, que tu prévois de kidnapper pour ces quelques jours pour une petite randonnée bien sympathique. Évidemment, l’enlever est un bien grand mot, tu as fait en sorte de voir avec ses parents et ils t’ont donné leur accord. Ce que tu ignores, c’est que Marisol n’est pas au courant et qu’elle sera, par le fait, plutôt surprise de te voir débarquer dans quelques minutes. Il s’agit de quelque chose que tu reproches aux parents de la jeune fille, de privilégier autant leur aînée et laisser leur cadette plus ou moins livrée à elle-même. Ça ne sera pas le cas durant ces quelques jours, au moins. Avec le double du badge, tu entres dans le bâtiment, grimpes les marches afin d’arriver à l’étage des Maher, où tu toques à la porte, attendant l’ouverture de celle-ci et quand la tête de Marisol apparaît, c’est avec un gros sourire que tu lui dis, « Alors, t’es prête ? »

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(PARIS, 2021) – Les vacances s’étendent, longues et pleines de platitudes. Marisol reste, c’est enfin l’occasion de passer un peu de temps avec sa soeur, ou du moins c’est ce qu’elle pensait. Que nenni. Bien sûr que la gracieuse Helen a autre chose à faire, bien sûr que la talentueuse danseuse ne peut s’arrêter de tourner le temps d’une semaine, et bien sûr qu’elle entraîne tout le monde dans son sillon, happés qu’ils sont tous par sa passion, son travail, sa réussite. Marisol n’a aucune envie d’assister au ballet du 14 juillet. Elle ne se souvient même plus de ses journée révolues où, enfant, elle était la première à demander à voir sa soeur danser. Ce qu’elle veut, là, maintenant, c’est échapper au bitume brulant de la capitale française. Si seulement elle pouvait déjà être au moins d’août… Pas de vacances prévues, pas à proprement parler, mais un petit job d’été dans un camping du sud-ouest. Un endroit loin de toute cette agitation et, peut-être, avec la distance, ces parents l’appelleront pour savoir ce qu’elle fait comme ils appellent sans cesse leur première née. C’est mesquin, elle sait. Manipulateur à souhait, même, ça lui donne un peu la nausée. Depuis quand est-elle aussi rancunière et désabusée ?

Shorts en cotton gris, t-shirt oversize blanc et chignon à la va-vite, Marisol profite de l’appartement vide. Après une grasse matinée raccourcie par un Tarzan en manque d’amour, elle erre dans la cuisine pour se composer un petit déjeuner à base de fruits frais, de yaourt et d’amandes. Plus de nutella et de brioche dans la baraque parce que Helen est bientôt de retour et qu’elle a besoin d’une alimentation saine, ou quelque chose du genre. Pas grave. Marisol se débrouillera pour planquer des réserves personnelles dans sa chambre. Les coups portés à la porte d’entrée interrompent l’établissement d’une liste de courses mentale et elle va ouvrir, traînant des pieds nus sur le parquet. Son parrain est la dernière personne qu’elle s’attendait à trouver là. « Alors, t’es prête ? » Son sourire est toujours un peu communicatif, même si la question ne lui plait pas des masses. Tarzan se faufile entre ses jambes avec un miaulement charmeur pour quémander deux trois caresses au nouveau venu. Un rite de passage, en quelque sorte. Marisol ouvre plus grand la porte et se tourne déjà pour retourner en cuisine, laissant l’invité surprise entrer et fermer derrière lui. « Difficile de pas être prête, c’est tout ce que tout le monde a à la bouche depuis deux semaines. Il paraît que c’est rare pour une danseuse aussi jeune d’avoir un rôle aussi important pour le ballet du 14 juillet, après tout. » Elle brille fort, Helen. « Mais tu t’es pas trompé de jour, toi ? C’est demain, tu sais. » Aujourd’hui, ce sont les dernières répétitions. L’occasion rêvée pour Gilles d’observer sa protégée et pour ses parents de visiter une fois de plus la prestigieuse école.

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(PARIS, 2021) – La porte s’ouvre et ta filleule est dans l’entrée. Elle ne te donne pas l’impression d’être vraiment prête, mais ça peut-être que ça, justement. Une impression. Tu attrapes Tarzan quand il passe se frotter contre tes jambes, gratifiant la boule de poils que quelques caresses, pour le lâcher quand il montre son agacement d’être tenu dans tes bras. « Difficile de pas être prête, c’est tout ce que tout le monde a à la bouche depuis deux semaines. Il paraît que c’est rare pour une danseuse aussi jeune d’avoir un rôle aussi important pour le ballet du 14 juillet, après tout. » Là, tu es tout perplexe, Rahim. Ça doit faire au moins un mois que tu as prévu cette sortie, pour commencer. Ensuite, la mention de Helen, te fait arquer un sourcil. « Mais tu t’es pas trompé de jour, toi ? C’est demain, tu sais. » Pas vraiment, non, c’est aujourd’hui. Les sourcils froncés, tu ôtes tes chaussures et entre enfin dans l’appartement.

« Je crois qu’il y a méprise, Sol. » Tu passes une main dans tes cheveux et tu as un sourire plus doux, « C’est bien d’aujourd’hui, dont il est question, mais je suppose que tu ignores ce à quoi je fais référence. » Tu marmonnes quelques phrases en ourdou à l’encontre des parents de ta filleule. « Il est prévu que je te kidnappe pour les quelques jours qui viennent. » Tu lui apprends, à la surprise, sans nul doute, de la plus jeune. « Tiens, regarde. » Tu sors de ta poche ton smartphone, ouvrant l’application dans laquelle se trouve le programme des jours qui suivent. « On ne t’a rien dit, encore, hein, little one ? » Tu connais la réponse à cette question, du moins, tu en es plus ou moins certain, mais tu préfères tout de même poser la question. Marisol peut avoir oublié, mais tu en doutes.

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(PARIS, 2021) –  Marisol ne fait pas trop attention à la réaction de son parrain. A la place, elle finit de couper les kiwis abandonnés un peu plus tôt. « Je crois qu’il y a méprise, Sol. C’est bien d’aujourd’hui, dont il est question, mais je suppose que tu ignores ce à quoi je fais référence. » Elle entend la voix de Rahim, claire malgré la distance, parce qu’il prend le soin de la lever. Elle hausse un sourcil, mais continue sa tâche. « Hm? » qu’elle lâche du bout des lèvres, à peine intéressée. Si ses parents ont eu la brillante idée de demander à son parrain de l’emmener pour assister aux répétitions ou, pire, donner un coup de main aux préparatifs, elle est désolée pour le messager, mais il repartira seul. Ils n’avaient qu’à lui demander si elle était intéressée plus tôt, au lieu d’établir leurs plans sans elle. « Il est prévu que je te kidnappe pour les quelques jours qui viennent. » Cette fois, le couteau cesse sa course et elle tourne la tête pour regarder son parrain. « Quoi ? » Pas très éloquent, elle sera la première à en convenir. « Je croyais que le kidnapping était illégal », maugrée-t-elle parce qu’elle sait que Rahim aime cet humour cynique et pince sans rire.

N’empêche que la curiosité la fait se tourner complètement pour voir ce qu’il fait sur son téléphone. Pour un homme de son âge, il a à cœur de rester à jour et, au moins, quand elle lui donne un conseil ou le dépanne, il fait l’effort de se souvenir de ce qu’elle lui apprend. Rahim a toujours eu un don pour la faire se sentir moins invisible. « On ne t’a rien dit, encore, hein, little one ? » Elle n’est plus une enfant, Marisol, alors elle ne va pas se réfugier dans les bras de Rahim et verser une larme, pas pour quelque chose d’aussi stupidement prévisible. A vrai dire, elle ne sait pas ce qui la touche le plus : que Rahim ait pensé à elle au point d’élaborer tout un programme sur une application qu’il a découvert il n’y a pas longtemps ou que ses parents aient oublié de parler avec elle du fait qu’elle s’en irait voyager plusieurs jours avec son parrain. « Oh. » La syllabe tremble un peu et elle sera reconnaissante si Rahim l’ignore. « Et pour Tarzan ? » Marisol est obligée de demander parce qu’elle ne sait pas du tout ce qui est prévu. « Merde. On a une heure de départ à respecter ? J’ai rien de prêt, Rahim, ça va prendre du temps de faire mon sac. » Et le stress monte dans la jolie tête brune, perturbée plus que de raison par cette touchante attention.

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(PARIS, 2021) – Tu suis du regard la plus jeune, Rahim, interloqué par son manque de réactions qui s’explique rapidement. Alors tu te rapproche de la cuisine, attrapant la boule de poils dans tes bras à nouveau, afin d’éviter qu’il ne te fasse tomber – un plan que tu es certain il est en train de fomenter, « Hm? » Tu lui expliques à Marisol, le pourquoi de ta venue ici et qui n’a rien à voir avec la danse. « Quoi ? » Le sourcil arqué, tu attends la prochaine réplique qui ne manque pas de piquant, « Je croyais que le kidnapping était illégal » Tu as un petit reniflement, « Avec l’accord des parents, pas tant que ça, je crois, mais on peut appeler la gendarmerie pour leur demander, si tu veux. » Ou pas.

Tu lui montres, alors, à Marisol, le programme prévu pour ces quelques jours. « Oh. » C’est légèrement répétitif, mais t’as juste un sourire un peu doux, alors que tu relâches le chat pour serrer l’épaule de la plus jeune – et voler un morceau de kiwi. « Et pour Tarzan ? » Un froncement de sourcils passe sur ton visage et il n’est en rien dirigé vers ta filleule, « Merde. On a une heure de départ à respecter ? J’ai rien de prêt, Rahim, ça va prendre du temps de faire mon sac. » Tu entoures les épaules de Sol avec ton bras, pour une petite étreinte, « Je peux demander à ma voisine. Elle adore les animaux et ça ne serait pas la première fois qu’elle s’occupe de Tarzan. » Tu espères être suffisamment rassurant, alors qu’à l’intérieur, tu es pas mal en colère contre les parents, qui, encore une fois, mettent de côté leur cadette de façon terriblement brillante. Elle mérite mieux que ça et ça te fend toujours le cœur de la voir aussi surprise quand tu prévoies quelques jours simplement tous les deux. « On n’a aucune heure à respecter. » Tu reprends, en lien avec sa question quelques instants plus tôt. « Ce qu’on peut faire, c’est que je te file un coup de main pour ton sac, ou alors tu te bases sur la liste que j’ai faite pour les miennes et j’appelle Casey? » Ingrid répondra peut-être, ceci dit, mais qu’importe. Les deux jeunes femmes sont toujours prêtes à rendre ce genre de service et la réciproque est toute aussi vrai.

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(PARIS, 2021) –  L’humour, c’est bien, c’est quelque chose de détaché, quelque chose qu’elle peut maîtriser. Ça l'aide à garder les pieds sur terre. « Avec l’accord des parents, pas tant que ça, je crois, mais on peut appeler la gendarmerie pour leur demander, si tu veux. » Il a la réplique facile, Rahim, quelque chose qu’elle apprécie, même si, là, tout de suite, ça lui fait lever les yeux au ciel. Ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est qu’elle n’est pas au courant de tout ça et qu’il n’a jamais été question d’autre chose que du ballet du lendemain. Mais c’est important quand même. C’est important parce que c’est un adulte sur qui Marisol peut toujours compter, quoiqu’il arrive, et qu’elle a besoin de ça, même si elle ne le dira pas. « Pourquoi pas ? Comme ça quand ils auront oublié ce qui était prévu pour moi et qu’ils s’en inquiéteront, ça fera gagner du temps aux forces de l’ordre. » La réflexion est mesquine, elle le sait. Elle secoue la tête avec un soupir. « Désolée », marmonne-t-elle. Ce n’est pas à son parrain de subir sa mauvaise humeur d’adolescente en révolte contre ses parents.

Surtout que Rahim ne fait jamais les choses à moitié. Il la traîne dans les musées et autres expos, mais il accepte toujours de couper court aux visites si elle s’ennuie de trop. Il l’invite au brunch, de temps en temps. Ce n’est même pas les premières vacances ou week-ends qu’il organise pour eux deux. Marisol est juste prise par surprise, c’est tout. Puis l’aspect pragmatique revient : des vacances, ça demande un minimum d’organisation. « Je peux demander à ma voisine. Elle adore les animaux et ça ne serait pas la première fois qu’elle s’occupe de Tarzan. » Le contact l'apaise autant que les paroles rassurantes de son parrain. Casey et Ingrid se sont toujours bien occupé de Tarzan, même si ce dernier n’est pas le plus sociable quand elle n’est pas dans les parages. « On n’a aucune heure à respecter. Ce qu’on peut faire, c’est que je te file un coup de main pour ton sac, ou alors tu te bases sur la liste que j’ai faite pour les miennes et j’appelle Casey ? » Marisol hoche la tête. Elle prend le temps de prendre encore une ou deux respirations calmes pour retrouver un peu pied alors que tout ça met son quotidien sans histoire sans dessus dessous. « Ok. » Elle fronce les sourcils, s’efforçant de penser à tout ce qu’il faut qu’elle fasse. « Je te laisse appeler Casey. Je vais préparer les affaires pour Tarzan en premier, puis j’aurais besoin de ton aide pour la valise. Pour être sûre d’avoir ce qu’il faut selon ce que tu as prévu comme activités. »

C’est donc comme ça que les choses se mettent en route. Elle rassemble les deux brosses, les gamelles, les friandises, les pâtées, les croquettes et le verre doseur ainsi que le panier et la cage du chat qui, curieux et un brin anxieux, se met sans cesse sur son chemin pour se frotter contre ses jambes. Elle ajoute au sac son traitement anti-puce puis un t-shirt qui lui sert de pyjama pour qu’il ait son odeur comme compagnie en son absence. Des balles en mousse et un jeu de canne à pêche complète le sac de Tarzan. Voilà une bonne chose de faite. « Elle est d’accord ? » La question lui échappe dès que Rahim la retrouve dans sa chambre. « Et on va où au juste ? Parce que dépendant du temps de trajet, je ne vais pas mettre la même tenue, je te ferai savoir. » Confort ou moins confort, telle est la question. Elle attrape son sac de voyage et fourre déjà des sous-vêtements et des chaussettes, chose pour le moins indispensable. Un pyjama aussi. Elle hésite entre deux maillots de bain avant de hausser les épaules et de les fourrer tous les deux dans le sac. « J’aurais besoin d’une tenue habillée ou pas ? » Son parrain aime les vernissages, mais il aime aussi les promenades en pleine nature et les salons d’artisans du coin, alors elle ne sait jamais bien ce qui l’attend avec lui. Ça fait partie du charme du voyage.

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(PARIS, 2021) – Tu es déçu, Rahim. Rien de nouveau sous le soleil, mais tu vois encore combien les Maher ont échoué dans la simple tâche de tenir au courant leur plus jeune sur le ce qu’il a prévu avec elle. Ça n’a rien de bien compliqué et pourtant, ça n’a pas été fait, encore une fois, « Pourquoi pas ? Comme ça quand ils auront oublié ce qui était prévu pour moi et qu’ils s’en inquiéteront, ça fera gagner du temps aux forces de l’ordre. » alors tu n’es pas surprise par cette mesquinerie, tu n’en penses pas moins non plus, mais tu ne peux pas trop montrer combien tu es assez d’accord. Être un adulte, ça pue, des fois, alors tu arques un sourcil en direction de la jeune fille « Désolée » et lui tapotes l’épaule, « Imagine surtout les problèmes que je pourrais avoir. Tu n'as pas envie que j'en ai, j'espère ? » Tu n’as pas vraiment envie d’imaginer ça, après moult réflexion. Autrement dit, quelques secondes.

Vous mettez en place un plan et pendant que Marisol prépare les affaires de sa boule de poils, tu appelles Casey, la voix de la raison – désolée Ingrid. L’échange est bref, mais positif, tu n’en doutais pas une seconde. Tu entends Ingrid marmonner deux trois chose un peu plus loin et ça te fait lever les yeux au ciel et après la promesse d’offrir au couple un repas dans le restaurent de leur choix – dans la limite du raison, Madame Dempsey et non, pas besoin de froncer les sourcils ou de rouler des yeux, et non, Casey, ne discute pas – Tarzan a son nouveau chez lui pour les jours à venir. Tu as à peine raccrocher que ta filleule revient avec les affaires du chat, « Elle est d’accord ? » après un petit reniflement, tu réponds, « Évidemment. » Tu pointes du doigts les affaires du chat, « Tu peux déjà mettre ça dans la voiture, si tu veux. » Au moins ce sera fait. «  Et on va où au juste ? Parce que dépendant du temps de trajet, je ne vais pas mettre la même tenue, je te ferai savoir. J’aurais besoin d’une tenue habillée ou pas ? » Et les questions défilent. Tu attends quelques secondes avant de répondre, « T’as pas vraiment bien regardé ce que je t’ai montré il y a quelques instants, hm ? » Parce que la plupart des réponses s’y trouvent, alors tu lui tends à nouveau ton téléphone, « Regarde à nouveau. » tu l’invites et tu en profites pour te servir un verre d’eau. « Et dis moi si ça te tente ou non, le but, c’est que tu passes un bon moment. » Tu ne prévoies pas toutes ses sorties uniquement pour toi, c’est principalement pour que ta filleule s’amuse. Elle aurait déjà du savoir dans les grandes lignes le plan des prochains jours, sauf que non. « Si c’est pas le cas, j’ai un plan de secours. » Tu la rassures. Si Marisol préfère les bords de Loir à l’Auvergne il est encore possible d’annuler les réservations prises.

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(PARIS, 2021) –  Cette fois sa langue dérape ; ses paroles sont trop acerbes pour passer pour une autre blague désabusée. Il y a une véritable colère derrière, plus facile à gérer que cette nouvelle déception, et Rahim le sait aussi bien qu’elle; Rahim sait aussi qu’elle ne lui en veut pas à lui. Du moins elle l’espère. Il ne manquerait plus que lui aussi lui tourne le dos… Mais non, il ne ferait jamais ça, peu importe ce qui se passe, son parrain sera toujours là pour elle. Il le lui a prouvé bien assez de foi pour qu’elle lui accorde cette confiance là. « Imagine surtout les problèmes que je pourrais avoir. Tu n'as pas envie que j'en ai, j'espère ? » Marisol soupire et lève les yeux au ciel, image même de l'adolescente dans toute sa splendeur. C’est fou ce que son parrain peut se montrer dramatique quand il le veut. « Tu sais bien que nom, Tatim. » Le vieux surnom est encore d’usage, babillages d’un enfant qui n’arrivait pas à prononcer le prénom de son parrain et qui, depuis, est resté gravé comme preuve que Rahim fait partie intégrante de la famille Maher, qu’il le veuille ou non. Et, pour comique que ce pourrait être, quelque chose dit à Marisol qu’il ne lui pardonnerait pas si facilement une nuit de garde vue au poste.

Alors au lieu de continuer à argumenter, elle préfère plutôt faire ses affaires. Rahim s’attendait à la trouver déjà prête et ils perdent de précieux moments à cause de toute cette histoire. Quand il l’informe que Casey et Ingrid sont d’accord pour accueillir Tarzan, le sourire lui revient un petit peu. Il sera bien avec elle, de ça elle est persuadée. Elle hoche la tête et commence donc à descendre les affaires du félin, escaliers parisiens qu’elle dévale et remonte tout aussi vite. Les choses se compliquent quand ce sont ses affaires à elle qu’il lui faut préparer. Elle ne sait pas trop quoi prendre, Marisol. « T’as pas vraiment bien regardé ce que je t’ai montré il y a quelques instants, hm ? Regarde à nouveau.  » Elle hausse les épaules avec une moue vexée. « Je dirigeais la nouvelle. je m’étais résolue à un mois de juillet à la maison, tu sais ? », se défend-elle tout en s’emparant du téléphone. Le programme est varié, comme toujours avec Rahim : balades en vélo et à pied, visites culturelles, de bâtiments historiques comme d’expositions éphémères, baignades dans quelques lacs et bien sûr exploration des grands sommets. « Et dis moi si ça te tente ou non, le but, c’est que tu passes un bon moment. Si c’est pas le cas, j’ai un plan de secours. » Elle rit un peu à ça. « J’en doute pas : t’as toujours plein de temps », remarque-t-elle avec une légèreté qui n’était pas là il y a encore une poignée de minutes. « Rien qu’à voir ça, tu as prévu plus de trucs qu’on peut en faire, il va falloir qu’on choisisse. » Ce n’est pas vraiment un reproche. Ils savent qu’ils fonctionnent bien comme ça, à avoir plusieurs possibilités, car ça leur laisse une liberté de choisir au jour le jour et de changer d’avis. Quand elle passe près de lui pour prendre quelques livres pour le voyage, elle en profite pour passer un bras autour de ses épaules et lui coller un bisous sur la joue. « Merci, Tatim. Laisse moi encore une dizaine de minutes et on pourra décoller. »

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(PARIS, 2021) –Tu n’es pas un homme compliqué, Rahim. Enfin tu ne le penses pas et tu estimes avoir un bon sens de l’humour, mais tu es aussi un adulte et pour tout ce que tu penses, tu ne peux pas vraiment laisser la plus jeune parler de cette façon de ces parents, alors tu détournes légèrement la conversation, mettant le doigt sur ce qu’il pourrait t’arriver. « Tu sais bien que non, Tatim. » Tu retiens ton reniflement amusé et te contentes de hocher la tête, « Me voilà amplement rassuré. » Alors que tu passes à côté de Marisol, tu te baisses légèrement, « Mets-y plus de conviction la prochaine fois. » C’est triste, mais une prochaine fois est certaine de se produire, quoi que tu en fasses. Tu embrasses le dessus de sa tête et serre son épaule avant de t’occuper d’appeler Casey concernant Tarzan. Et c’est une réponse positive, sans surprise. Ce détail de régler, tu lâches un petit rire en entendant ta filleul se précipiter dans l’escalier pour revenir presque aussitôt. Maintenant, il s’agit de ses affaires à elle, « Je dirigeais la nouvelle. je m’étais résolue à un mois de juillet à la maison, tu sais ? » Tu t’adoucis, alors que ça te fais mal au cœur, « Je sais, Sol. » Tu secoues ta tête ensuite, « Tu devrais aussi savoir, maintenant, que je n’aurais pas laissé ça se passer. » Quitte à ce que tu l’invites chez toi, avec son chat, ne serait-ce que pour qu’elle ne soit pas seule. Tout ça annonce une conversation très peu chaleureuse avec ses parents.

Quoiqu’il en soit, tu donnes à la plus jeune ton téléphone pour qu’elle voit par elle-même ce que tu as prévu pour les prochaines jours et demande ainsi son opinion, « J’en doute pas : t’as toujours plein de plans. » Tu lâches un petit rire, « J’essaie de penser à toutes les possibilités. » Tu te défends, comme à chaque fois que vous avez cette conversation, « Rien qu’à voir ça, tu as prévu plus de trucs qu’on peut en faire, il va falloir qu’on choisisse. » et tu lèves les yeux au ciel, « Tu sais très bien que c’est fais exprès. » Quel dramatisme, vraiment, alors tu t’assois tandis qu’elle prépare ses affaires et tu souris, « Merci, Tatim. Laisse moi encore une dizaine de minutes et on pourra décoller. » Tu ébouriffes ses cheveux, « Avec plaisir, ma puce. » Tu patientes, donc, « Oublie pas ton câble USB ! » tu lui rappelles, référence à la dernière fois où vous êtes partis tous les deux. Une quinzaine de minutes plus tard, la plus jeune est fin prête, « Je descend mettre ta valise dans la voiture et je te laisse fermer. » Valise en main, tu passes la tête par l’entrebâillement de la porte, « Je t’attend dans la voiture ! » Les marches descendues, tu salues d’un signe de tête l’un des voisins qui rentrent et met la valise dans le coffre et attend patiemment que ta filleule prenne sa place côté passager, « On amène donc Tarzan chez Casey et Ingrid et de là, je ferais en sorte de prendre l’autoroute. » Tu es déjà en route, de toute façon, « Casey m’a d’ailleurs informé qu’elle avait deux/trois courses à faire, mais qu’il y aurait Keahi à l’appartement. » Et Ingrid a commencé sa journée de travail. La route n’est pas très longue, « Prend ton chat, je vais ouvrir. » Tu prends le sac contenant les affaires par contre et quelques instant plus tard, tu tiens la porte pour la plus jeune, vous montez les marches et toquez chez tes voisines. Mais ce n’est pas Casey qui ouvre. Vous échangez quelques mots, alors qu’il déclare avoir été mis au courant par la jeune femme et qu’elle se dépêche de revenir. Il a l’air particulièrement à l’aise et vous offre de quoi boire un coup, le temps de patienter.

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(PARIS, 2021) –  « Tu devrais aussi savoir, maintenant, que je n’aurais pas laissé ça se passer. » Vraiment ? Elle ne sait pas, Marisol; elle ne sait jamais, peu importe le nombre de preuves fournies par le passé. Il y a toujours cet affreux doute qui la hante. ”Jusqu’à quand ?”, elle peut l’entendre murmurer au creux de son esprit. ”Combien de temps avant qu’il se lasse de s’occuper de toi ?” Elle va finir par le décevoir, un jour, non ? Non. Toutes ces sombres pensées, elle le sait, ce ne sont que des peurs d’enfant. Rahim est là et Rahim n’attend rien d’elle : elle n’a pas besoin de s’emmurer dans un silence bornée, de multiplier les bêtises de collégiennes ou au contraire de collectionner les bonnes notes et les projets associatifs. Il s’en fout de tout ça, Rahim. Il n’a pas besoin qu’elle fasse du bruit pour se souvenir qu’elle est là. Et, plus important que tout, Marisol sait que s’il passe du temps avec elle, c’est tout simplement parce qu’il en a envie. Peu importe ce que dit son anxiété. Alors elle hoche simplement la tête et s’empresse de se préparer aussi vite qu’elle le peut.

Il lui faut encore enfiler des vêtements convenables, faire sa toilette, se coiffer, se maquiller et fourrer le nécessaire dans la valise pour qu’elle soit enfin prête. « Oublie pas ton câble USB ! » Elle se tourne pour lui tirer la langue avec toute la maturité dont ils sont tous les deux capables. Ca, c’est une réponse argumentée, une vraie. N’empêche qu’elle vérifie discrètement si le câble est bien dans son sac à main. « Je descend mettre ta valise dans la voiture et je te laisse fermer. Je t’attend dans la voiture ! » Elle crie un « ok » à la porte désormais fermée. Un dernier tour d’horizon pour l’appart, une note griffonnée à l’intention de ses parents et quelques fruits chapardés pour avoir de quoi grignoter en voiture et elle descend avec Tarzan confortablement installé dans son sac de transport. Il sait que quelque chose cloche et pousse un miaulement plaintif. « T’en fais pas, on sait tous les deux que tes tatas te gâtent toujours beaucoup trop, va. Puis Casey te prend aussi en promenade ou quand elles vont boire un verre, donc t’y seras mieux qu’ici, mon vieux. » Il ne faut pas grand temps pour que tout le monde se retrouve en voiture et qu’ils prennent la route de chez Rahim. Enfin, pas pour aller chez lui, mais bien pour déposer ce colis spécial chez ses voisines. « Ca marche. » Ce n’est pas la première fois qu’elle rencontre Keahi. Par contre « depuis quand il a la clé, lui ? », demande-t-elle avec un sourire en coin. C’est le genre d’affaires qui feraient jaser ses parents, à n’en pas douter. Et peut-être aussi la famille de Casey, d’ailleurs.

Rahim et Marisol se retrouve donc à déposer le chat et ses affaires dans l’appartement depuis quelques années devenu familier, même si l’absence des deux jeunes femmes rend tout ça un brin étrange. Tarzan prend déjà ses aises alors qu’ils s’assoient tous autour de la table. « Du coup, je ne sais pas ce qu’elles t’ont dit, mais Tarzan a le droit de sortir, il connaît plutôt bien le coin. Donc si tu veux ouvrir les fenêtres avant que Casey ne revienne ou quoi, il y a pas de soucis vis à vis de lui. » Elle préfère préciser pour éviter toute inquiétude. Du coin de l'œil, elle a déjà repéré un paquet d’affaires qui n’appartiennent ni à Casey, ni à Ingrid. La présence de Keahi n’a pas l’air d’une nouveauté au final. « Est-ce que mon parrain doit compter un nouveau voisin ? » Elle pose la question plus tard, quand une pause se présente dans la conversation, sourire de sale gosse sur les lèvres.

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(PARIS, 2021) –La légèreté qui prend place est bienvenue après les tensions précédentes. Tu ris, Rahim, quand ta filleul te tire la langue et tu lui réponds de la même façon. Deux peuvent jouer à ce jeu et il y a rarement de perdant. Quelques minutes plus tard, vous êtes prêt à partir, tu attends simplement la plus jeune. « T’en fais pas, on sait tous les deux que tes tatas te gâtent toujours beaucoup trop, va. Puis Casey te prend aussi en promenade ou quand elles vont boire un verre, donc t’y seras mieux qu’ici, mon vieux. » Tu souris Rahim. Ce chat est l’une des bestioles les plus gâtées qui existe, pas vrai ? La route jusqu’au petit immeuble n’est pas très longue, « Depuis quand il a la clé, lui ? » Tu renifles, amusé devant cette curiosité, « Quelques mois, je crois. » Tu as assisté à tout ça de loin, notamment de chez toi lorsqu’ils conversaient à voix basses dans la cage d’escalier. Tu n’y peux rien, si parfois tu te trouvais à proximité.

Et voilà que vous vous retrouver bientôt chez tes voisines, « Du coup, je ne sais pas ce qu’elles t’ont dit, mais Tarzan a le droit de sortir, il connaît plutôt bien le coin. Donc si tu veux ouvrir les fenêtres avant que Casey ne revienne ou quoi, il y a pas de soucis vis à vis de lui. » Le jeune homme hoche la tête avec un grand sérieux, conscient qu’il n’a pas intérêt à merder sur ce coup, « Cas m’a bien expliqué. Aussi le fait qu’il aime le pain et risque d’en voler à la première occasion. » Là, tu entends l’amusement chez l’autre homme, « Il est vraiment doux. » Murmure-t-il, alors qu’il caresse un peu le chat tandis que Marisol et toi vous asseyez autour de la table. « Mais ses griffes le sont moins. » Tu marmonnes, tout en étant amusé. Une fois que Tarzan montre son désintérêt pour les caresses, Keahi se tourne vers Marisol et toi, « Vous voulez boire quoi ? Il y a du thé, du thé et du thé, » Il a ce sourire attendris, d’ailleurs, c’est plutôt adorable, « un peu de café et le bar est ouvert, mais c’est un peu tôt, pour les whisky, je crois. » La tête penchée sur le côté, il ajoute, « Enfin t’es encore trop mineur, Marisol. » C’est qu’il la connaît un peu, la gosse. Une fois qu’il a servis chacun d’entre eux, il s’assoit à table. « Est-ce que mon parrain doit compter un nouveau voisin ? » Vraiment, t’as senti la question venir quand Casey t’as annoncé qui vous accueillerez, mais voir l’autre homme soudainement gêner et rougir derrière sa barbe, ça te tire un rire. Rire qui dure quand Keahi essaie de prononcer un mot ou deux, mais se mélange les pinceaux, « Respire, Keahi, respire. » Tu finis par dire avec le sourire, tapotant sur l’épaule du plus jeune. « Disons que, oui ? » Il est hésitant, mais ça reste la vérité. Il passe plus de temps ici et il a déjà déposé son bail, donc bon. Ils projettent même d’acheter l’appartement d’à côté pour agrandir celui-ci pour que chacun d’entre eux est son espace. « Kanoa a trouvé quelqu’un pour reprendre ton appartement avant la fin de ton préavis, d’ailleurs. »

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(PARIS, 2021) –  Une des choses qu’elle ne s’attendait pas à entendre, c’est bien que Keahi a plus ou moins officiellement emménagé chez Casey et Ingrid. Ils ne perdent pas de temps, eux. Encore une raison qui fait que Marisol est pressée d’être majeure, employée et de se trouver un appart, même un studio minuscule, mais un endroit vraiment à elle. « Comment ça, quelques mois ? Et je suis au courant que maintenant ? Sérieusement, Tatim, ça sert à quoi messenger si tu me dis pas des trucs comme ça aussi ! Ou même un snap, je sais pas, c’est pas comme si les opportunités de me tenir au courant manquaient », qu’elle bougonne dans la voiture. Toutes les questions qu’elle aurait pu poser aux voisines de son parrain les dernières fois qu’elle est passée chez elle et les a croisées… Vraiment, ça ne se fait pas de garder de tels secrets, encore moins quand Casey est une fouineuse professionnelle qui n’a pas sa langue dans sa poche quand il s’agit de commenter les fréquentations de Marisol.

Ceci dit, Keahi marque des points en récitant quelques-unes des indications que Casey lui a laissé et en s’y prenant correctement pour caresser Tarzan qui ne se fait jamais prier pour charmer son monde. « Je vois que t’es pas opposé aux animaux, c’est cool. » Connaissant Casey, ça aurait posé problème à un moment ou un autre s’il n’avait pas aimé les chats. Quant aux boissons, Marisol se contente de hausser les épaules avec un air innocent dès que Rahim a le dos tourné. Ce n’est pas un secret que les adolescents trouvent toujours un moyen de boire plus tôt que prévu, mais il vaut mieux que son parrain n’entende pas de confirmation de sa part, quelque chose comme quoi il est obligé d’être responsable de tout ça, et bla bla bla. Elle opte donc pour un thé aux notes fruitées. Et elle attend le bon moment pour poser la question épineuse. La réaction de Keahi est à la hauteur de ses attentes, un vrai spectacle et son rire se joint bientôt à celui de Rahim. C’est adorable. Marisol a un grand sourire quand il finit par répondre plus clairement. « Bienvenue officiellement dans le coin. » Elle prend une gorgée de thé, toujours aussi contente de la sélection offerte par la maison. « Je pense que tu sais déjà qu’il faut éviter d’écouter Georgette au quatrième étage et que le chien de Michel au rez-de chaussé est une terreur pourrie gâtée », commente-t-elle distraitement. Puis elle partage d'autres commérages, pose une menace à peine voilée s’il fait du mal à une des deux femmes, et part aux toilettes. C’est forcément le moment que Casey choisit pour rentrer chez elle.

S’en suit une embrassade en bonne et due forme, quelques commentaires sur le temps, les nouvelles collections d’un petit magasin de créateurs qu’elles fréquentent toutes les deux et des recommandations de dernières minutes, elle par rapport à Tarzan, Casey par rapport à leur voyage et des adresses qu’elle lui enverra par message. Elle est loin, la Marisol bougonne du début de matinée. Dans cet immeuble, c’est plus facile pour elle de respirer et d’être elle-même, comme si un poids était levé de ses épaules. Elle se sent plus chez elle que quand elle est chez ses parents, à part peut-être pour quand elle s’enferme dans sa chambre. « Encore merci, Casey, Keahi ! N’hésitez pas à appeler s’il y a le moindre problème, hein, et envoyez moi des photos ! » Les aurevoirs échangés, elle descend les escaliers en vitesse et se retrouve à attendre Rahim près de sa voiture. « J’espère que tu as prévu un podcast ou un livre audio pour le trajet. » D’ordinaire, elle adore la musique, mais, quand elle est avec son parrain, il est d’usage pour eux d’écouter des fictions. C’est quelque chose qui a commencé quand elle était toute gamine et, bizarrement, elle chérit toujours ces moments de calme passés à profiter ensemble de la même histoire.

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(PARIS, 2021) –« Comment ça, quelques mois ? Et je suis au courant que maintenant ? Sérieusement, Tatim, ça sert à quoi messenger si tu me dis pas des trucs comme ça aussi ! Ou même un snap, je sais pas, c’est pas comme si les opportunités de me tenir au courant manquaient » Tu lèves les yeux au ciel face à autant de dramatisme. « On m’avait demandé de ne rien dire à ce sujet. » Tu te doutes bien que ça ne satisfera pas entièrement Marisol, mais tu as à cœur de respecter tes voisines et le frère de Kanoa. L’embargo est maintenant levé, du moins de ton côté après que Casey a accepté que tu donnes une explication à ta filleule. Quant à ce Kanoa, tu sais qu’il s’amusera au dépens du jeune homme lorsque tu lui raconteras tout ça. Il y a de quoi, en même temps, c’est autant adorable qu’amusant. Tu apprécies de voir combien il semble prendre ses marques dans cet appartement. L’espace étant principalement un mélange de Casey et Ingrid – tu remarques d’ailleurs la présence de nouvelles plantes au plafond, sans grandes surprises – alors de voir les tableaux qui ne se trouvaient pas aux murs précédemment, c’est positif. Vraiment.

Le thé est excellent, sans surprise et tu ignores ce regard lancé par ta filleule, le prend-elle pour un idiot ? À croire que tu n’étais pas celui lui ayant fait goûter sa première gorgée de bière. Sérieusement. Ça t’avait valu quelques remontrances de la part des Maher, mais passons. Le passé, c’est le passé. La discussion ensuite se fait légère et bon enfant, « Je pense que tu sais déjà qu’il faut éviter d’écouter Georgette au quatrième étage et que le chien de Michel au rez-de chaussé est une terreur pourrie gâtée » La mention de ta vieille voisine tire une grimace chez Keahi. Rien de surprenant, c’est une femme avec ses propres opinions, d’un autre temps et qui n’a aucun problème à les partager. « Ouais, je sais. » Le jeune homme répond, alors que tu termines ta tasse durant le reste de la conversation. Tu aides à débarrasser la table et nettoies les tasses quand Casey revient. Forcément. C’est toujours un grand bol d’air frais de voir la jeune femme et tu acceptes son étreinte avec le sourire, ébouriffant sa chevelure mauve se faisant. Tarzan prend soin de saluer la nouvelle arrivée, évidemment et vous discutez tous encore durant quelques minutes avant de vous vous retrouvez dans la voiture, moyennant des paroles d’au revoir et promesses de photo et de carte postale. Tu mets le contactes, l’autoradio s’allume automatiquement « J’espère que tu as prévu un podcast ou un livre audio pour le trajet. » Tu lâches un petit rire, « Tu me prends pour qui, Sol ? » Tu branches ton téléphone au câble USB et ouvre l’application, après quoi tu active le Bluetooth, « J’ai même pensé à prendre une enceinte Bluetooth pour les soirées. J’ai sélectionné du Lovecraft. » quoi de mieux, avant de dormir. « Quant à maintenant, » tu lui donnes le téléphone, « je te laisse choisir entre tout ça. » C’est que tu a l’embarras du choix, dans ton répertoire. Du roman historique à de la science-fiction en passant par le fantastique et la fantasy. Tu as même de la poésie, mais tu ignores si ça tentera la plus jeune. Quoi qu’il en soit, le premier livre audio choisis et lancé, tu prends la route, direction les montagnes et les vaches. Bonne chose que ça ne soit pas l’Irlande, t’as entendu un sacré paquet d’anecdotes à ce sujet, cadeau de ton cousin. C’est un peu un idiot, celui-là, mais ce n’est pas le sujet.

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(PARIS, 2021) –  Secret ou pas, ça a l’air de faire un moment que Keahi a établi ses quartiers dans le petit appartement. Marisol ne peut s’empêcher de se demander comment son grand frère réagit à la nouvelle de cette relation avec Ingrid. Ça doit lui faire un peu bizarre, pour sûr. D’un autre côté, il ne doit pas en être extrêmement mécontent, étant donné qu’il a aidé à trouver quelqu’un pour reprendre l’appartement de Keahi. Bah. Ce ne sont pas ses histoires de toute façon, si ce n’est qu’elle n’aimerait pas que les choses deviennent compliquées dans le bâtiment, pas quand il est son petit havre de paix loin de l’agitation du logement familial près des champs élysés. Elle pourrait presque y rester tout le mois sans regret… Presque. Après un dernier baiser sur le front de son protégé, elle se dépêche de sortir. Tout pour ne pas entendre ses miaulements plaintifs : elle a beau savoir qu’il est entre de bonnes mains, sa comédie de chat attristé lui serre le cœur. Ça en fait au moins un à qui elle est sure de manquer.

Pour se changer les idées autant que pour meubler le silence qui risque de s’installer pendant les heures de conduite qui les mèneront jusqu’à Clermont-Ferrand, Marisol réclame une histoire, enfance qui s’attarde encore, il faut croire. Elle ricane pendant que son parrain fait les manipulations nécessaires. « Ouah, mais regardez qui c’est qui sait y faire avec la technologie ! C’est presque comme si tu avais bénéficié de conseils par le passé. » Les siens, gratuitement, de par la bonté de son âme. C’est émouvant, hein ? Elle ne se fait pourtant pas prier pour prendre le téléphone et regarder les sélections en hochant la tête. « Il faudra qu’on trouve un compte d’horreur en rapport avec les arbres ou le camping, quand on fera une soirée bivouac », note-t-elle avec enthousiasme. Elle sera sûrement la première à se maudire pour cette idée quand elle veillera longtemps à l'affût du moindre bruit sans trouver le sommeil, mais soit. C’est comme ça qu’on fait des souvenirs, non ? Pour l’instant elle sélectionne un espèce de podcast documentaire animalier qu’ils peuvent suivre si le cœur leur en dit sans que ça les empêche de discuter pour autant. Elle écoute les premières minutes distraitement, alors que Rahim manoeuvre les rues parisiennes et qu’elle règle son siège pour être bien à l’aise. « Je t’ai jamais demandé, mais c’est quoi ton animal préféré ? » Puis elle rectifie. « Non, c’est trop facile comme question. Si tu étais un animal, tu penses que tu serais quoi ? »

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(PARIS, 2021) – Sortir de Paris, ça demande autant de patience que de la détermination. Une bonne chose que tu sois en bonne compagnie, aussi distrayante que bienvenue. Ça n’était pas gagné, mais l’enthousiasme a fini par gagner Marisol et c’est une victoire. Gamine qui se moque de lui, « Ouah, mais regardez qui c’est qui sait y faire avec la technologie ! C’est presque comme si tu avais bénéficié de conseils par le passé. » Tu arques un sourcil, « Tu me parles comme si j’avais plus de quatre-vingts, j’en ai quarante de moins, morveuse. »[/color] » Le ton est amusé, malgré tout. « Et on sait tous les deux que tu m’as parlé des possibilités d’un compte premium pour y prendre une place. » Ce qui est arrivé, vous le savez tous les deux, avec ton compte professionnel, tu en as un également pour ta libraire. Tes voisines en ont une pour chez elles, tandis qu’elles t’ont laissé un profil sur Netflix. Tout ça est un échange de bon procédé. « Alors ne me fait pas croire que ce n’était pas intéressé, mistinguette. » Non, mais sérieusement.

« Il faudra qu’on trouve un compte d’horreur en rapport avec les arbres ou le camping, quand on fera une soirée bivouac » Tu hoches la tête, « J’y ai mis le rôdeur devant le seuil, qui se passe dans une forêt, mais bien sûr, tu as les classiques concernant Chtullu et autres créatures monstrueuses. » Tu continues d’évoquer quelques noms, tandis que tu quittes peu à peu la ville, « Tu peux facilement trouver les résumer sur mon compte goodreads. Ou Google. » Tu ajoutes, parce que c’est tout aussi simple. Tu as un sourire amusé face à l’une des anecdotes sur un des animaux mentionnés, « Je t’ai jamais demandé, mais c’est quoi ton animal préféré ? » Tu penches la tête sur le côté, mais tu n’as pas le temps de vraiment y répondre car Marisol reprend, « Non, c’est trop facile comme question. Si tu étais un animal, tu penses que tu serais quoi ? » Tu as un reniflement amusé, « Probablement pas un chat. » Tu réponds déjà, avec un sourire, « Et si tu nous trouvais ces tests buzzfeed, ou autre, pour voir ce qu’ils ont a dire, à ce sujet ? » C’est ce que vous finissez par faire et tu arques un sourcil, « Le cheval ? Et ça te donne quoi comme type de job et hobbies ? » Tu écoutes les propositions, « Est-ce libraire ça compte comme relation publique ? » Tu lâches, amusé par tout ça. « Après, la randonnée, le basketball, la danse, pourquoi pas. » Surtout la randonnée. Kanoa et toi, vous en faites assez régulièrement, après tout. « Allez, à ton tour, Sol. » Tu l’invites donc à commencer le test à son tour, curieux de voir sur quoi elle tombera.

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(PARIS, 2021) –  Marisol hausse les épaules. « Bah, t’approches de la crise de la cinquantaine, donc c’est presque la même chose au final », glisse-t-elle avec un grand sourire. Quant au compte spotify, elle ne ressent aucune honte à l’idée de profiter d’un service que son parrain paie déjà. C’est logique. Il ne va tout de même pas payer sans chercher à optimiser la chose, si ? « Puis tu as un compte sur l’abonnement disney des parents, donc c’est de bonne guerre, non ? » Question toute rhétorique, elle en convient aisément.De toute façon, en tant que jeune ado, c’est tout à fait normal qu’elle profite des dépenses de ses aînés les adultes de la famille. Elle, elle n’a pas encore à se soucier de toutes ces questions de budget, juste à dépenser son argent de poche et les sous gagnés à faire des petits boulots pour aller voir des amis, faire des sorties, se payer de quoi renouveler sa garde-robe ou de quoi grignoter ou des nouveaux jeux. Ce genre de choses qui animent la jeunesse d’aujourd’hui.

Ils discutent un peu du choix qu’ils ont en matière d’histoires d’horreur pour la soirée sous la tente, et Marisol vérifie déjà quelques titres. « Je nous télécharge une ou deux autres options. » Probablement qu’ils finiront par ne pas écouter la moitié de ce qu’elle prévoit, mais au moins ne seront-ils pas en manque, là dehors, si la connexion internet leur fait défaut. Au final, les téléchargements se font pendant que la voix d’un homme narrant un documentaire animalier emplit la voiture. Ça mène forcément à quelques questions et, comme toutes questions dignes d’une soirée pyjamas, les réponses sont trouvées grâce à un quizz buzzfeed. « Est-ce que libraire ça compte comme relation publique ? » Marisole secoue la tête, sans pitié aucune. « Absolument pas, sinon presque tous les métiers comptent comme tels, alors qu’on sait très bien que c’est pas le cas. Admet-le, tu n’as juste pas choisi un métier en adéquation avec ton animal intérieur, Tatim. Ça arrive, c’est pas grave. C’est un peu tard pour une reconversion, par contre, alors fais de ton mieux jusqu’à la retraite, d’accord ? » C’est encore un peu loin, même elle sait ça. Et puis elle a beau se moquer, elle sait, au fond, que Rahim est heureux au milieu de ses livres, à recommander ses trouvailles à ses clients réguliers. C’est son petit havre de paix. Ce qui ne l’empêche pourtant pas d’apprécier le plein air. « Après, la randonnée, le basketball, la danse, pourquoi pas. » Marisol hausse les sourcils. « Tu sais danser ? » Elle demande à voir ça.

Et, comme de bien entendu, elle se retrouve à devoir faire le test elle-même. « BAM ! J’ai la classe ultime, je suis un loup ! » Si ça ce n’est pas avoir du charisme, elle ne sait pas ce que c’est. Quoi de mieux que ce prédateur social qui chasse en meute et hante les contes d’enfants tout en rappelant les chiens supposés être les meilleurs amis de l’homme ? « En plus, ils citent avocat dans la liste de carrière, c’est vraiment parfait », continue-t-elle en scrollant sur son téléphone. « Sports d’équipe, activités d’extérieur, théâtre et débats. Que du bon. Ils sont plutôt forts sur ce coup là. » Elle continue à descendre la page, puis sourit en voyant l’option de compatibilité amicale et amoureuse. « Est-ce qu’on devrait regarder si Kanoa est compatible avec ton cheval ? »

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(PARIS, 2021) – Quelle enfant grossière, vraiment, te lancer ainsi à la figure comment tu te rapproches de la cinquième dizaine. « Je te trouve très désagréable. » Tu lui réponds, faussement agacé. Tu connais ta filleule et tu sais qu’elle te taquine et tu ne te feras pas prier pour en faire de même, « Puis tu as un compte sur l’abonnement disney des parents, donc c’est de bonne guerre, non ? » tu renifles, prêt à renchérir, « Tout comme vous avez un compte sur Apple+ » Tu secoues la tête avec amusement, « Ça peut continuer longtemps, tout le monde à un compte à droite et à gauche, qu’ils prêtent à droite et à gauche. » Un sacré trafic fort pratique. Les livres audios ou autres podcasts font également partie de la conversation, sans surprise quand on vous connaît tous les deux, alors tu donnes plusieurs titres à Marisol qui se charge d’en télécharger certain et « Si jamais on ne les écoute pas à ce moment, on trouvera bien une autre occasion, comme le mois d’octobre, en fin de journée, une fois qu’on pourra rallumer la cheminé. » Une petite tradition également, avec l’avantage du confort de chez toi.

Alors que tu vous conduis à l’extérieur de la ville, Marisol a mis un documentaire animalier et après quelques instants de silence, elle te fait passer un quizz sur quel animal tu peux être. Ta surprise, quand tu obtiens le cheval, est assez amusante, encore plus quand elle te lit les métier qui lui sont associé, « Absolument pas, sinon presque tous les métiers comptent comme tels, alors qu’on sait très bien que c’est pas le cas. Admet-le, tu n’as juste pas choisi un métier en adéquation avec ton animal intérieur, Tatim. Ça arrive, c’est pas grave. C’est un peu tard pour une reconversion, par contre, alors fais de ton mieux jusqu’à la retraite, d’accord ? » Tu hausses dramatiquement les épaules, « J’ai raté ma vocation, donc. » Ou pas, t’es vraiment heureux de ce que tu fais et ce ne sera pas ce test qui te fera penser le contraire. « Je me débrouille, oui. » Tu réponds à la question de la danse. Tu en connais plusieurs, de la valse au rock en salle. Tu en connais une qui sera du genre à te mettre au défi de démontrer tes talents tôt ou tard et tu demandes à voir. Mais plus tard, maintenant, c’est à son tour de passer le test et tu roules des yeux face au résultat. Typique, mais les descriptions sont aussi vraies. « En plus, ils citent avocat dans la liste de carrière, c’est vraiment parfait » Avec un sourire amusé, tu réponds « A croire que c’était fais pour toi. » Et elle continue, « Sports d’équipe, activités d’extérieur, théâtre et débats. Que du bon. Ils sont plutôt forts sur ce coup là. » Tu hoches la tête, « Il a du y avoir plusieurs personnes du même types qui ont crées ce test. » Là, encore, tu taquines. « Est-ce qu’on devrait regarder si Kanoa est compatible avec ton cheval ? » Après un hochement de tête, elle te repose les mêmes questions, « Tu sais qu’on est de la même taille, tous les deux ? » Petite anecdote qu’il trouve amusante, alors que Kanoa semble beaucoup plus grand, à cause de son imposante stature. « Il est plutôt solitaire, mais il apprécie être avec son petit groupe de proche, donc choisis celle-ci. » Puis à un autre, « Cet idiot ne se croit pas un très bon artiste. » Tu marmonnes, « Monsieur est ébéniste et fait d’incroyables figurines, mais non, "je ne fais pas d’art", mon cul, oui. » Après avoir soufflé, tu reprends, « Alors, ça donne quoi ? » Le résultat te fait éclater de rire, « Tu sais quoi ? Fait un screen et je lui enverrais plus tard. » Oh, mais tu risques d’avoir un nouveau fou rire. Tu ralentis un peu, « Tu veux t’arrêter prendre un truc à manger ou à boire à emporter ? » Après, vous filerez, alors autant faire ça maintenant.

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(PARIS, 2021) –  Les piques volent facilement comme autant de témoignages un brin maladroits de l’affection que Marisol porte à son parrain. C’est simple, de discuter avec lui. Si parfois il lui rappelle qu’elle franchit une frontière invisible et frôle de trop près l’irrespect, elle ne s’en offusque pas et s’excuse sans mauvaise foi. Il n’y a pas de mérite à provoquer une réaction chez Rahim parce que Rahim a toujours fait attention à elle. Rahim n’est pas trop occupé par le boulot, pas trop inquiet pour sa fille aînée, pas sur son dos pour qu’elle s’habille correctement pour aller à l’opéra ou à un vernissage au lieu d’aller manifester dans les rues. Il n’y a pas de défi ou de ressentiment dans le ton de l’adolescente, pas de colère trop longtemps étouffée. Alors c’est sans animosité qu’elle hausse les épaules, sourire au coin des lèvres, quand il la qualifie de désagréable ou quand ils se chamaillent sur les comptes partagés pour les médias. En revanche, c’est avec curiosité qu’elle en découvre plus sur lui. « Je me débrouille, oui. » C’est beaucoup trop vague au goût de Marisol, cette déclaration. « Mais encore ? Genre… Tu sais danser quels types de danses ? C’est pour les boîtes de nuit ou c’est des cours que tu prends avec Kanoa ? » Et là, c’est le choc. « Attend, attend, attend. Est-ce que Kanoa danse ? » Voilà qui est encore plus difficile à imaginer que son parrain en train de danser. Alors si elle essaie maintenant de concevoir les deux, dansant ensemble… C’est trop bizarre. Si ce sont des cours qu’ils prennent, il faut absolument qu’elle trouve le moyen d’y aller avec eux et de voir de ses propres yeux. Ou de convaincre Keahi, Casey ou Ingrid de prendre une vidéo.

Au final, le voyage débute sur un terme résolument animalier. Oh, ils ne se prennent pas pour France 5, loin de là, mais ils font aller en remplaçant le côté scientifique par un bon vieux test en ligne. « Il a du y avoir plusieurs personnes du même types qui ont crées ce test. » Elle rit de bon coeur. « Tu dis ça parce que t’assumes pas ton cheval. C’est bien, le cheval, pourtant. C’est pas ton cousin qui en élève ? Je vais lui dire que t’es pas fier d’avoir ça comme animal, tiens. » Biaisé ou pas, le test est repris pour un tour, juste pour voir si la partie de compatibilité peut leur en apprendre un peu plus sur l’histoire de cœur de son parrain et d’un certain hawaïen. D’ailleurs Rahim ne tarde pas à vanter d’être aussi grand que l’hawaïen en question. « Ouais, mais lui ça rend impressionnant sa taille parce qu’il est super musclé. » Dure histoire pour Rahim qui est loin d’avoir la même carrure, même si plus musclé que ses vêtements de libraire ne laisse à penser. Marisol fait quelques commentaires alors qu’elle répond aux questions selon les indications de son parrain. Elle ne peut s’empêcher de sourire quand il râle à propos des talents artistiques de l’autre homme, trouvant secrètement ça mignon. Ca fait longtemps, après tout, qu’elle ne l’a pas vu aussi tendre avec quelqu’un et elle peut admettre avoir eu peur qu’il ne s’ouvre plus après ce qui est arrivé à sa fiancée. Elle est heureuse de le voir heureux, aussi niais que ça puisse paraître. Et encore plus quand il éclate de rire. « Je t’envoie la capture d’écran », dit-elle tout en faisant le nécessaire. « Je pense que tu devrais lui demander de remplir lui-même le questionnaire avant de comparer, d’ailleurs. Ça peut être marrant de voir comment il répond et ce qu’il obtient de lui-même. » Plus marrant que leur résultat à eux ? Sûrement pas, c’est vrai. « Tu veux t’arrêter prendre un truc à manger ou à boire à emporter ? » Elle hoche la tête à la proposition. « Oh oui, j’ai besoin de chocolat et de bonbons ! Ils ont commencé à faire la grande purge annuelle à la maison pour qu’il n’y ait pas de tentation pour Helen. Son régime est suuuper strict. C’est dingue, j’imagine pas la pression qu’ils doivent tous lui mettre. » Rien que parce qu’elle échappe à ça et à la vigilance constante sur son poids, sa masse graisseuse et sa masse musculaire, Marisol est contente de ne pas faire de danse.

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(PARIS, 2021) – Pouvoir surprendre ta filleule, même après tant d’années, ça n’a pas de prix, « Mais encore ? Genre… Tu sais danser quels types de danses ? C’est pour les boîtes de nuit ou c’est des cours que tu prends avec Kanoa ? » Ton sourire s’agrandit alors que tu regardes la route, mais aussi, tu entends sa prochaine question, « Attend, attend, attend. Est-ce que Kanoa danse ? » Tu éclates de rire. « Kanoa danse, oui. » La voix plus douce, alors que tu expliques à la plus jeune le Hula, danse venant des îles hawaïennes, si cher au cœur de l’autre homme. Même si, il ne s’agit pas de l’unique type de danse qu’il connaît. « Quant au reste, » tu reprends, cette fois plus malicieux, « It’s for me to know, and you to eventualy find out. » Et si c’est pour la mettre au défi, eh bien, ça aura de quoi l’occuper pendant un moment.

Ce qui vous occupe en ce moment, c’est cette histoire de test et tu reconnais que ça a quelque chose de divertissant, même si tu es surpris par ton propre résultat, « Tu dis ça parce que t’assumes pas ton cheval. C’est bien, le cheval, pourtant. C’est pas ton cousin qui en élève ? Je vais lui dire que t’es pas fier d’avoir ça comme animal, tiens. » Tu arques un sourcil, « Je n’ai jamais dit que je n’appréciais pas, pour commencer. » Non, mais. Déjà. « Simplement, je me questionne sur la façon dont les résultats sont pris en compte au moment du résultat. » Tu développes, avec un haussement d’épaules. Les chevaux sont des créatures nobles et magnifiques, tu ne remettras jamais ça en cause. Tu es loin d’entrer dans ces descriptions. « Ouais, mais lui ça rend impressionnant sa taille parce qu’il est super musclé. » Rétorque la plus jeune quand il fait remarquer que son homme et lui font la même taille, « Et qu’il se trimballe avec aussi peu de fringues que possible. » Tu ajoutes avec un roulement d’yeux. Non pas que tu te plaignes, c’est toujours une vue très agréable, mais sérieusement. Le froid. Ew.

Maintenant, il est question de l’homme en question pour le questionnaire et le résultat est amusant, « Je pense que tu devrais lui demander de remplir lui-même le questionnaire avant de comparer, d’ailleurs. Ça peut être marrant de voir comment il répond et ce qu’il obtient de lui-même. » Tu hoches la tête, « [color=#d15438]C’est ce que je comptais faire. Tu peux m’envoyer le lien du site également ? » Pour faire d’une pierre deux coups. « Ça t’ennuie de lui envoyer, d’ailleurs ? » Au moins, ça aussi, ce sera fait et tu mentiras en disant que tu n’es pas curieux de résultat qu’il obtiendra. Et tu seras infiniment satisfait de toi quand il répondra avoir obtenu le cheval. C’est que t’aimes avoir raison, Rahim, mais aussi, tu aimes savoir que tu connais bien l’autre homme. Tout comme tu connais ta filleule, raison pour laquelle tu lui proposes de vous arrêter prendre quelque chose à boire et manger, « Oh oui, j’ai besoin de chocolat et de bonbons ! Ils ont commencé à faire la grande purge annuelle à la maison pour qu’il n’y ait pas de tentation pour Helen. Son régime est suuuper strict. C’est dingue, j’imagine pas la pression qu’ils doivent tous lui mettre. » Tu as une légère grimace. « Rien de plus sain. » Tu t’entends marmonner. « Est-ce que tu manges à ta faim, Sol ? » La question est importante. Vraiment. Ta filleule est une adolescente, encore en train de grandir et elle a besoin d’un certain apport journalier. « Quant à ta sœur, » tu secoues la tête, « j’espère qu’elle a tous les nutriments et protéine qu’il lui faut. » Si tu n’approuves pas de la différence de traitement évidente entre les deux jeunes filles, tu ne souhaites pas non plus que l’aînée finisse affamée. « Tu peux venir manger à la maison, tu sais. Ce n’est pas loin et, » tu lui presses gentiment l’épaule, « beaucoup moins de pression. » Tu termines, alors que tu te gares. « Allez, hop, au rationnement. » Tu lances, coupant le contact et sortant de la voiture. C’est un passage éclair, en caisse et aux toilettes, puis vous revenez à l’intérieur avec du sucres en boisson et de quoi grignoter. Mettant le GPS en route, tu te tournes vers la plus jeune, « On fera une pause d’ici une heure et quelque, ça te va ? » De toute façon, Marisol sait que sa voix est entendue, ici, si jamais elle veut quelque chose.

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(PARIS, 2021) –  Il a vraiment du culot, le Rahim, pour lui proposer une telle information croustillante et lui refuser tout détail supplémentaire. Donc c’est bien beau de lui dire ce qu’est la danse traditionnelle de Hawaï - « Je sais ce que c’est, j’ai vu Lilo et Stitch » - mais ça ne lui apprend rien sur ce que son parrain à elle danse. « Quant au reste, It’s for me to know, and you to eventually find out. » Vraiment, c’est impoli. Marisol envoie quelques sms à Casey, Ingrid et Keahi pour commencer son enquête, tout en répondant à Rahim. « Tu nous ferais gagner du temps à tous les deux en me répondant simplement, tu sais ? Je vais avoir une réponse d’une façon ou d’une autre, on le sait tous les deux. » Ce n’est pas une menace, mais un simple constat. Rien ne reste secret bien longtemps, encore moins quand Casey est sur l’enquête. C’est bien connu que la Bloodworth est une incurable curieuse. Lui confier l’enquête c’est s’assurer d’avoir des résultats. Il paraît que déléguer les tâches est une compétence primordiale, alors Marisol fait de son mieux pour apprendre et personne ne peut lui en faire le reproche, pas vrai ? Cette parenthèse sur la danse refermée -pour l’instant-, la discussion revient sur les animaux et le mérite de leurs résultats respectifs. Elle hausse les épaules quand son parrain se défend d’apprécier son nouvel animal totem et va jusqu’à renifler quand il est question de Kanoa. « Et qu’il se trimballe avec aussi peu de fringues que possible. » La grimace est bien présente. Si elle a pu blaguer sur le physique avantageux de l’hawaïen, c’était avant que lui et son oncle deviennent a thing. « Eww, épargne moi s’il te plait », le ton reste bon enfant, proche de l’éclat de rire, mais elle n’hésitera pas à se boucher les oreilles et chanter fort si son parrain insiste. Elle accepte toutefois d’envoyer le lien vers le test aux deux intéressés, décidant d’ailleurs de créer une conversation de groupe sur le sujet et d’y inviter Casey, Ingrid et Keahi. Il n’y pas de raisons qu’ils ne profitent pas non plus de la trouvaille du jour. « C’est fait, Tatim. »

La question bien stratégique du ravitaillement vient logiquement prendre la suite de leur discussion. C’est qu’ils ne peuvent pas aller bien loin sans avoir suffisamment de sucre. « Oh oui, t’en fais pas, je mange bien. » Elle n’est pas affamée, la jeune fille, loin s’en faut, et la gourmandise est un défaut qui lui colle à la peau mais pour lequel elle refuse de s’excuser. « Quant à ta sœur, j’espère qu’elle a tous les nutriments et protéines qu’il lui faut. Tu peux venir manger à la maison, tu sais. Ce n’est pas loin et beaucoup moins de pression. » Une part horriblement jalouse de son être est rassuré d’être toujours la bienvenue chez Rahim. Helen peut avoir leurs parents, Gilles, tous les professeurs et les amis de famille si éblouis par son talent solaire, Rahim restera toujours son parrain. Mais, quelque part, Marisol est tout autant captive de son aînée que tous les autres. Peut-être pas pour les mêmes raisons. Elle reste pourtant toujours le tournesol qui gravite autour du soleil et malgré sa jalousie et la distance qui s’est creusée entre elle ; Helen est sa grande sœur adorée. Chiante, mais adorée. « Tu crois que je devrais lui proposer de venir dîner avec nous ? Avant de partir bosser au camping… Peut-être qu’elle voudra bien ? » Si seulement elle a le temps et la permission, bien sûr. Elle n’aime pas s’entendre sonner si hésitante alors elle laisse tout ça de côté dès qu’ils sortent de voiture. Il ne faut pas grand temps pour passer aux toilettes et revenir à la caisse avec deux paquets de bonbons, un de barres chocolatés et des chips, juste au cas où ils auraient envie de quelque chose de salé. C’était ça ou les petits saucissons à croquer. Elle dépose le sac à l’arrière de la voiture, là où elle peut facilement l’attraper en se tournant. « On fera une pause d’ici une heure et quelque, ça te va ? » Le hochement de tête est spontané et le sourire qui suit est plutôt calculé, lui. « Et tu me feras conduire un peu ? » Elle est en conduite accompagnée depuis peu et toutes les occasions sont bonnes pour rajouter des kilomètres à son carnet d’auto-école. Surtout quand ils sont faits loin de la capitale et qu’elle risque moins d’enchaîner les jurons.

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(PARIS, 2021) – Tu aurais dû te douter qu’à la simple mention de danse, ta filleule demanderait des réponses et qu’elle ne serait pas satisfaite des miettes de pain que tu lui donnerais. « Je sais ce que c’est, j’ai vu Lilo et Stitch » Tu secoues la tête, sourire indulgent aux lèvres, « C’est beaucoup plus impressionnant en vrai. » T’as eu l’occasion d’y assister en vrai, Rahim, lorsque ton compagnon t’as proposé de rencontrer sa famille à Hawaï et si c’était assez angoissant et que tu n’étais qu’une boule de nerf, tu as passé un très bon moment. Quelque part, tu es soulagé de savoir que l’autre homme a des personnes sur qui compter. « Tu nous ferais gagner du temps à tous les deux en me répondant simplement, tu sais ? Je vais avoir une réponse d’une façon ou d’une autre, on le sait tous les deux. » Tu secoues la tête, « Ce n’est pas une question de gagner du temps, mais du respect du principal concerné. Kanoa est une personne encore plus privé que moi, Marisol. » Tu lui expliques gentiment, « Il n’est pas certain que tu obtiennes des réponses de la part de mes voisins. » Tu la connais, la petite, tout comme tu connais la propension qu’ils ont à se taquiner les uns les autres. « Rien ne t’empêche de lui poser la question, tu sais. Tu auras un peu plus du week-end quand on sera rentrer pour le faire. Si tu as envie de rester avec nous jusqu’au bout, bien sur. » Tu lui souris doucement, tapotant son genou, « T’es toujours la bienvenue et Kanoa est toujours ravi d’apprendre à te connaître un peu plus. » Et tu aimes tout autant voir ces personnes chères à ton cœur bien s’entendre et se découvrir. Loin de l’autre homme qui vit principalement très peu couvert – tu ne t’en plains pas, loin s’en faut, « Eww, épargne moi s’il te plait » Tu renifles, « Si peu. » lui répondant sur le même ton qu’elle a employé. « D’ailleurs, tu peux toujours aller à la salle d’escalade, tu sais ? » Tu lui rappelles, proposition faite par l’Hawaïen il y a quelque temps, mais qui n’était pas faites par politesse, mais par réelle invitation. Différent, de celle concernant le test à remplir, ceci dit. « C’est fait, Tatim. » Après un hochement de tête, « Bien. Maintenant, il nous reste plus qu’à voir ce qu’ils vont avoir et leur réponse. » De quoi animer votre première soirée, sûrement.

Par la suite, il est temps de prendre de quoi grignoter durant une partie du trajet et ça t’emmène à demander à ta filleule si, chez elle, elle mange à sa faim avec le strict régime de sa sœur, « Oh oui, t’en fais pas, je mange bien. » Tu hoches la tête, « Bien. » Tu serais prêt à avoir d’autres mots avec les Mahers si ça n’était pas le cas et si tu vas devoir leur rappeler qu’ils ont deux filles, tu n’as pas non plus envie de leur dire tout ce que tu penses de cet évident favoritisme. Tu espères simplement qu’il ne portera pas préjudice à Marisol, ni à Helen. « Tu crois que je devrais lui proposer de venir dîner avec nous ? Avant de partir bosser au camping… Peut-être qu’elle voudra bien ? » Tu t’adoucis, « Bien sûr que tu peux lui proposer, Sol. Je pense qu’une soirée loin de la pression constante qu’il y a chez vous, ça devrait vous être bénéfique à toutes les deux. Et on pourra continuer par jouer un ou plusieurs jeux de sociétés, si ça vous tente, bien sûr. » Tu passes une vitesse avant de presser le genou de la plus jeune, une nouvelle fois, « Et si ça ne se fait pas avec elle, c’est une soirée qu’on peut se caler entre nous. Et pourquoi avec les filles, Kanoa et Keahi. » Sourire doux aux lèvres, tu tapotes sa jambe avant de bouger à nouveau ton bras, « Tout ce qui te fait plaisir, Sollie. » Mais surtout, tu ne veux pas qu’elle passe cette dernière soirée seule dans sa chambre, comme ça a déjà pu être le cas.

La prochaine pause déjà planifiée, tu peux quasiment deviner qu’elles seront les prochaines paroles de ta filleule, « Et tu me feras conduire un peu ? » Ton éclat de rire, bref, mais bien présent, n’est pas surprenant non plus, « Ça dépend, » tu arques un sourcil, jetant un bref coup d’œil dans sa direction, « si tu as pris ton carnet de conduite avec toi, ou non. » Détail qui à son importance, l’air de rien, mais sinon, « Sinon, ou peut se caler une petite heure dans notre planning le soir, sur un parking. » Tu accélères maintenant que vous êtes sur l’autoroute, « Qu’en penses-tu ? » Ça te semble être un bon compromis, non ? « Et si tu nous mettez cette sing along playlist, au fait ? Je suis sûr que tu en as rajouté, depuis la dernière fois. » Rien de bien surprenant, vraiment. Et, effectivement, vous chantez les paroles des chansons qui passent une fois la playlist lancée, parfois ensemble, et d’autres fois, plus l’un que l’autre, jusqu’à ce que la première heure s’écoule et que tu t’arrêtes sur la première aire d’autoroute. Une fois le moteur coupé, tu ouvres la porte et tu lèves pour détendre tes jambes, « Je vais me prendre un café, tu veux rester là, ou venir prendre quelque chose également ? »

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(PARIS, 2021) –  « Ce n’est pas une question de gagner du temps, mais du respect du principal concerné. » Un peu plus et elle en lèverai les yeux au ciel. Pour tout ce qu’elle aime son parrain, elle est forcée de reconnaître que, des fois, il n'est pas le plus perspicace des gens concernés. Surtout quand il est aveuglé par l’Amour, le grand, le vrai. Ça le met totalement à côté de la plaque. Marisol le laisse continuer, parce qu’il est lancé dans une RépliqueTM et c’est plus simple d’intervenir quand il a fini sa parenthèse d’adulte sérieux, responsable et respectueux. Il veille même à ce qu’elle se sente incluse bien qu’elle sache parfaitement à quel point il aime avoir du temps seul avec son copain. « C’est mignon, vraiment, Tatim, mais je ne parlais pas de Kanoa. Je voudrais pas l’offenser, mais je ne le connais pas très bien alors je m’en fiche un peu de ce qu’il danse quand ça lui prend. Toi, en revanche, je suis outrée de ne pas savoir !  » Voilà, que le point soit bel et bien éclairci, non mais. En parlant de ne pas trop connaître l’hawaïen. « D’ailleurs, tu peux toujours aller à la salle d’escalade, tu sais ? » Elle a bien envie de lui faire remarquer qu’elle n’a pas envie de gêner, mais elle sait tout aussi bien qu’il s’empresserait de lui assurer que non et, ne lui en déplaise, mais il est le seul adulte qu’elle ne dérange pas. Elle hausse les épaules. « Je sais. Faudra que je vois quand j’ai un peu de temps. » Peut-être que si Ingrid ou Casey l’invite à les y accompagner, elle se laissera convaincre, qui sait ? Mais de rester seul avec le géant qui est désormais le mec de son parrain ? Talk about awkward.

En parlant de plans futurs, Marisol évoque brièvement l’idée d’inviter sa sœur à un repas sans leurs parents. Elle ne sait pas si lui faire profiter de l’hospitalité de Rahim est le plus indiqué, mais elle n’ose pas lui demander un resto quelconque rien qu’elles deux. Elle ne sait pas de quoi elles parleraient. Le fossé s’est creusé depuis si longtemps maintenant qu’elle a parfois l’impression de regarder une étrangère. Elle hoche la tête. « Merci», dit-elle avant de se racler la gorge. Ça fait du bien de savoir qu’il veut bien chambouler son emploi du temps l’espace d’une soirée, juste pour elle, un petit sentiment de sécurité qu’elle conserve au creux de sa poitrine quand les choses se font parfois un peu trop difficiles. Elle ne sait pas encore à quoi sa dernière soirée ressemblera, mais elle sait qu’elle n’aura pas à être déçue que rien de particulier ne soit organisé. Elle a son parrain pour y veiller.

Comme il veille à sa conduite, de temps à autre, quand elle réussit à gratter quelques heures de liberté derrière le volant. « Tu me prends pour qui ? Bien sûr que j’ai le carnet et le disque, je vais nulle part sans ! » C’est une grosse exagération : si elle le prend au lycée pour les rares fois où son père vient la chercher en voiture (une vingtaine de minutes dans les rues de Paris avant de rentrer à la maison, autant de problème pour l’écologie d’une planète mourante pour la rapprocher d’un sésame bien inutile pour une citadine), elle ne le trimballe pas en soirée ou quand elle va au café du coin. « Et si tu nous mettais cette sing along playlist, au fait ? Je suis sûr que tu en as rajouté, depuis la dernière fois. » Autant pour le documentaire animalier qu’ils ont majoritairement ignoré. Une autre fois, peut-être, aura-t-il plus de succès. En attendant ils passent le temps entre tubes de l’été, chansons françaises et petites perles dénichées au gré de ses recherches internet, en plus de pas mal de titres auxquels Rahim lui-même l’a initiée. La pause suivant arrive assez vite. Elle descend de la voiture toute excitée et s’étire. « Non merci ! Je vais sortir le disque et le carnet pendant que tu bois ton café ! Tu me laisses les clés ? » Le disque magnétique est vite apposé pour indiquer quel genre de conductrice peu expérimentée elle est et elle remplit déjà l’heure et le lieu de départ, ainsi que le nom de l’accompagnant. Elle s’installe derrière le volant et procède à tous les réglages d’usage : siège, volant, rétroviseurs, tout est ok.

Elle a fait ça assez de fois pour être à l’aise, Marisol, même si s'insérer sur l’autoroute est toujours un petit stress pour elle. Une fois que c’est fait, elle se range sur la file de droite et suit la vitesse limitée qui lui est imposée en tant que conductrice encore en formation. Elle a l’impression de se traîner et c’est loin d’être aussi stimulant que la conduite dans Paris, mais elle apprécie le sentiment de liberté. C’est comme si, à tout moment, elle pouvait décider d’aller autre part, sans avoir à se retourner ou à se justifier. « On peut remettre la radio, Tatim ? Ça me fait bizarre pour me concentrer. » Ils suivent la route pendant un bon moment avant que la surprise n’arrive. Un conducteur qui avait peur de manquer sa sortie. Il se rabat à la dernière minute et Marisol est obligée de freiner brutalement ainsi que de donner un coup de volant, une insulte fleurie lui échappant alors même qu’elle sait que son destinataire ne l’entendra jamais. Heureusement, rien n’arrive et elle retrouve sa course stable sur la file de droite, mais son cœur bat la chamade et ses doigts agrippent le volant trop fermement. « Ok, ok. Je… Je vais prendre la prochaine sortie. »

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(PARIS, 2021) – « C’est mignon, vraiment, Tatim, mais je ne parlais pas de Kanoa. Je voudrais pas l’offenser, mais je ne le connais pas très bien alors je m’en fiche un peu de ce qu’il danse quand ça lui prend. Toi, en revanche, je suis outrée de ne pas savoir !  » Certes. Tu réalises bien trop le hors sujet sur lequel tu t’es lancé. Il n’empêche que tu hausses simplement les épaules, coulant un regard se voulant outré vers ta filleule, « Si tu ne souviens pas du nombre de soirées dansantes auxquelles je t’ai convié quand tu étais plus jeune, je suis vexé. » Mais le sourire sur tes lèvres dit tout le contraire, « Après tout, tu en as passé du temps sur mes épaules. » Tu ajoutes, aussi indigné que t’es capable de prétendre être. T’y peux quelque chose, si la mémoire de Marisol lui fait défaut ? Pas du tout. Voilà. Ça te fait penser à lui rappeler qu’elle est invitée à se rendre à la salle d’escalade quand elle le souhaite, « Je sais. Faudra que je vois quand j’ai un peu de temps. » Le temps d’un léger fredonnement, « Ingrid et Casey s’y rendent régulièrement, si ça peut te rassurer ? » Tu n’es pas certain si c’est de ce problème dont il est question, mais au moins peut-elle se rassurer ainsi.

Parce qu’elle a souvent besoin d’être rassurée la petite et ça n’a rien d’amusant. Au contraire, même, il s’agit de la preuve implacable d’un problème plus ancien et qui te fais de la peine quand tu vois combien il est ancré en elle, alors tu la rassures autant que possible, lui promettant qu’elle ne sera pas seule avant son départ au camping. À voir ce que Helen acceptera et si tu es incertain à ce sujet, tu as parfois le sentiment qu’elle aimerait bien un break, la petite. « Merci» Tu secoues la tête, « Pas de remerciement entre nous, Sol. » La réprimande est facile, mais pas du tout négative. Elle devrait le savoir, la petite, qu’elle sera toujours bienvenu chez toi. « Tu pourras même conduire jusqu’à la gare, si t’as envie. » Proposition qui a tout l’air d’une promesse et, dans le fond, s’en est bien une. Tu la connais, la jeune fille et tu sais qu’elle ne perd jamais le nord, surtout lorsqu’il est question de remplir ses heures de conduite, « Tu me prends pour qui ? Bien sûr que j’ai le carnet et le disque, je vais nulle part sans ! » Tu ris, Rahim. « On sait tous les deux que tu les laisses dans ton sac à main. » De cette façon, elle ne risque pas de les oublier. « Tu as pu conduire, récemment ? » Les promesses Maher raisonnant dans ton esprit, tu ne parviens pas vraiment à être optimiste à ce sujet. Ça revient beaucoup, quand il est question des parents de ta filleule.

D’un podcast animalier à de la musique, l’ambiance change du tout au tout et vous vous retrouvez bientôt à la première aire d’autoroute. « Non merci ! Je vais sortir le disque et le carnet pendant que tu bois ton café ! Tu me laisses les clés ? » Un reniflement amusé plus tard, « Je ne vais pas t’enfermer dans la voiture. » Alors tu laisses tout sur le contact avant de t’absenter quelques minutes pour te dégourdir les jambes et prendre un café. La boisson est absolument brûlante et franchement plutôt infecte et après un tour aux toilettes, tu retournes à la voiture, côté passager, Marisol s’étant bien installée, « T’as tout bien réglé ? » Ça te semble bien être le cas, mais tu demandes quand même, petit check up oblige, la petite fini par mettre le contact et quitter le parking, même si un crétin la surprend un instant, avant qu’il soit de nouveau insérer sur l’autoroute, « On peut remettre la radio, Tatim ? Ça me fait bizarre pour me concentrer. » Sans répondre directement, tu allumes la radio, « Tu veux une station spécifique, ou de la musique particulière ? » Autant éviter une possible déconcentration, non ? « Hey, prend une inspiration, okay, Sol ? » Tu lui souhaites de se détendre assez rapidement, musique aidant, « Ok, ok. Je… Je vais prendre la prochaine sortie. » Tu hoches la tête, « On peut monter le son du GPS aussi. » Pour qu’elle soit certaine du chemin à prendre. Et si elle est un peu brusque dans sa façon de changer les vitesses, tu ne dis rien, ne souhaitant pas ajouter du stress à la plus jeune qui ne doit pas pratiquer autant qu’elle le voudrait. Il faut bien commencer quelque part, « Je te propose de conduire jusqu’à la prochaine aire, où tu pourras aller te garer et on voit pour la suite, qu’en dis-tu ? » Ça te semble un bon compromis et si elle se sent suffisamment en confiance pour reprendre. Vous finissez par y arriver et si ça a pris plus de temps qu'il aurait fallu, ce n'est pas ce qui importe, mais plutôt, « Alors, Sol ? » Il est temps du petit rapport, maintenant.

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(PARIS, 2021) –  Si on lui sort la carte du “mais si, ça s’est passé, t’étais juste trop jeune pour t’en souvenir”, il n’y a pas grand chose qu’elle peut répondre, si ce n’est lever les yeux au ciel. C’est bien facile comme excuse, tout ça. Les quelques souvenirs qu’elle garde de son pays natal sont flous, lointains, et les soirées dansantes sont depuis longtemps perdues dans les limbes des années passées. « Je suppose qu’il va falloir que tu me rafraîchisse la mémoire, Tatim », lance-t-elle fort innocemment. C’est ça ou obtenir d’autres preuves de la part de ses voisines. Voisins. Désormais Keahi est ajouté à ce groupe, Marisol ferait mieux de s’y habituer. Peut-être même sera-t-il au mur d’escalade avec ses petites-amies et son grand-frère ? Ugh. Ça ressemble trop à un moment familial pour qu’elle y ait sa place, Marisol, mais Rahim ne voudra pas le comprendre. Est-ce qu’il comprend que le seul lien qu’elle a avec ces gens, c’est lui ? Elle ne veut pas être la gamine chiante qui s’accroche à des gens plus âgés qu’elle, merci bien. Peut-être y ira-t-elle simplement avec des amis à elle. Ou est-ce que ça va encore plus saouler Kanoa ? « J’ai pas besoin d’être rassurée », s’insurge-t-elle avec une fierté toute adolescente. « C’est juste... » Elle grimace avant de faire un vague geste de la main. « Bizarre. Il va pas jouer le babysitteur non plus, ton Kanoa. » Et merde. Elle a dit tout haut ce qu’elle sait qu’elle n’aurait pas dû dire si elle voulait échapper à une énième tirade de son parrain selon laquelle elle n’était pas un fardeau et bla bla bla.

La discussion est plus facile, étrangement, quand il est question pour elle de prendre le volant. « Tu as pu conduire, récemment ? » Elle hausse les épaules. Elle a conduit un peu, oui, mais c’est pas suffisant. Ceci dit, à Paris, ça n’a rien d’évident de sortir la voiture pour des trajets qu’ils sont habituellement à pieds, à vélo, ou à métro. « je sais plus exactement ce que j’ai fait depuis la dernière fois, mais c’est marqué dans le carnet, si tu veux jeter un œil. » De toute façon, elle compte bien profiter de cette semaine pour conduire un maximum avec son oncle, même s’ils ont plein d’autres activités prévues. Il faut bien se rendre d’un point A à un point B et, en dehors de leurs randonnées, la voiture restera leur mode de transport privilégié. Du moins tant que les fous du volants ne respectant aucune des règles élémentaires de sécurité arrêteront de faire des frayeurs à Marisol. Ils veulent quoi, eux ? Ils ont qu’à faire attention où ils vont et attendre la prochaine sortie plutôt que mettre leurs vies et celles des autres en danger ! Franchement, il y a des baffes qui se perdent.

« Je te propose de conduire jusqu’à la prochaine aire, où tu pourras aller te garer et on voit pour la suite, qu’en dis-tu ? » Marisol hoche la tête, encore un peu secouée de l’accident qui aurait pu avoir lieu. L’aire n’est pas très loin, heureusement. Elle coupe le contact, met le frein à main et descend de la voiture. Elle a besoin d’un peu d’air frais et de se dégourdir les jambes. « Alors c’est pas passé loin », maugrée-t-elle. « Mais ça va. Ça va. Faut juste que je me détende un peu, parce qu’il m’a fait peur ce con. Désolée, je l’ai vraiment pas vu venir. » Elle a un petit rire nerveux. « C’est bizarre, vu tous ceux qui coupent la route n’importe comment à Paris, je devrais être habituée. » Mais à cette vitesse, ça n’a vraiment pas le même effet.

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(PARIS, 2021) – « Je suppose qu’il va falloir que tu me rafraîchisses la mémoire, Tatim » Avec un sourire aux lèvres, tu lèves les yeux au ciel face à cette réplique tout ce qu’il y a de plus prévisible. « Si tu veux, Sol. On verra si t’as autant le rythme dans la peau que tu prétends avoir. » La taquinerie est facile et en aucun cas un moyen d’agacer. Tu réalises cependant l’amalgame possible avec Helen, mais tu penses que ta filleule te connaît suffisamment pour le savoir. Tout comme tu sais qu’elle doit sûrement avoir besoin d’entendre que tes voisines n’y verraient aucun inconvénient à ce qu’elles aillent toutes les trois à la salle d’escalade. « J’ai pas besoin d’être rassurée » Mais, oui bien sûr, à d’autres. Tu reste silencieux, laissant la plus jeune le soin d’élaborer si jamais elle se souhaite, « C’est juste... Bizarre. Il va pas jouer le babysitteur non plus, ton Kanoa. » Tu secoues la tête, « Tu surestimes sa sociabilité, Sol. À partir du moment où il propose quelque chose, c’est pas pour être polie. » Sérieusement, ça a été compliqué au début, de se comprendre. « Et il t’a proposé parce qu’il sait que t’es sportive et que si t’as envie de découvrir avec quelqu’un de confiance, c’est possible. Que ce soit avec lui, Ingrid, Cas. Mais, c’est pas uniquement parce que t’es ma filleule. » Même si cette proposition spontanée t’as fait plaisir. Mais tu n’as pas non plus envie que Marisol se sente forcée d’y aller, tu penses simplement que ce serait dommage qu’elle loupe cette opportunité.

Elle sait les saisir, pourtant, en démontre cette conversation sur une future heure de conduite. « je sais plus exactement ce que j’ai fait depuis la dernière fois, mais c’est marqué dans le carnet, si tu veux jeter un œil. » Secouant la tête, « J’ai pas besoin de te fliquer sur ce que t’as fais ou non. » Pour commencer, « Je préfère que tu me dises ce que t’as envie te faire, plutôt. » Ça semble bien plus productif à tes yeux. Et visiblement ça convient à la plus jeune, alors tant mieux. Donc quand vous quitter la première aire d’autoroute, tu vois que la petite est trop crispée et tu espères qu’elle se détendra rapidement, musique aidant. Malheureusement, à cause d’idiots sur la route, vous subissez une belle frayeur et si tu assassines du regard les responsables, tu prends sur toi pour ne pas l’invectiver de noms d’oiseaux, afin d’éviter de risquer de tendre ta filleule encore plus. C’est une bonne chose que la prochaine aire arrive rapidement et tu en profites pour sortir de la voiture également, étirant un peu tes jambes en rejoignant Marisol, « Ça va ma puce ? » La question est nécessaire, tu sais combien ça peut effrayer, « Mais ça va. Ça va. Faut juste que je me détende un peu, parce qu’il m’a fait peur ce con. Désolée, je l’ai vraiment pas vu venir. » Tu enroules ses épaules d’un de tes bras, « Je te crois, rassure-toi. Tu n’y peux rien si, de son côté, il n’a pas respecté la moindre des règles de conduite. » C’est aussi inconsidéré que dangereux, sérieusement. « C’est bizarre, vu tous ceux qui coupent la route n’importe comment à Paris, je devrais être habituée. » Les sourcils froncés, tu secoues la tête, « Vaut mieux pas que tu t’y habitues, déjà. » Maintenant, ça, ça risquerait de poser des problèmes. « Et c’est différent de ville, les grands axes pareils. Surtout niveau vitesse.[/color] » Mais tu ne lui apprends rien, à la petite.

Vous ne pouvez pas rester là toute la journée cependant, « Est-ce que tu veux reprendre ou tu préfères faire une pause et tu reprends le volant plus tard sur la route ? » Tu lui laisses l’option de faire de choisir et vous finissez invariablement par quitter l’aire. Tout se passe bien pendant une bonne demie-heure, jusqu’à ce que vous deviez ralentir. « Hm. » Tu allumes la radio afin de prendre des nouvelles de bison futé et la nouvelle que tu entends de faire râler dans ta barbe. « J’espère que personne n’a été blessé, vraiment. » Tu tiens à préciser, « Juste un accident, sérieusement ? » Parle de timing, ça n'aurait pas pu tomber mieux. « Vu la vitesse à laquelle on avance, tu veux écouter quelque chose en particulier ? Podcast, livre audio ou une playlist où il faut retrouver le nom de la chanson. Ça ou musique de films ou série. » Tant de possibilités, en moins vous ne risquez pas de mourir d’ennuis.