L'As de Trèfle qui Pique ton Cœur ♣ Arsène

[Héritage familial] Si le métissage de l’homme n’est plus un secret pour personne au vu du teint saupoudré de soleil qui gorge les pores de la peau brune de Arsène, la généalogie quant à elle souffrit - fut un temps - de quelques scandales dont son nom ne suffit pas à étouffer les écarts de conduites de l’ancêtre aux yeux de la société. Dans les temps anciens de sa famille, là où commença les premières exploitations agricoles  de ce nouveau monde fertile ainsi que les exportations arbitraires d’esclaves venus des terres  africaines, Les Devalois jouissaient de cette solide réputation de colons bourgeois français à l’influence étendue. Ne manquait à leur considération que la noblesse en privilège de rang. Et durant plusieurs décennies, les choses se passèrent sans encombre ; les Devalois furent les premiers à ériger un empire commercial conséquent qui finit, à la longue, par  se spécialiser dans la vente d’objets d’arts et d’expertise en orfèvrerie. Ainsi naquit en 1770 à la nouvelle Orléans, ce qui deviendra l’une des plus grandes entreprises de salle aux enchères privées du monde.  Aussi, cette renommée policée par le raffinement de ses exécuteurs, n’admettait aucune tâche ni aucun esclandre susceptible d’érafler l’image à la française qu’ils avaient mit coeur à lustrer durant toutes ces années. Devalois était devenu synonyme d’élégance, de bon goût, de grâce et de finesse. Jusqu’à ce que, mue par une passion aussi scabreuse que passionnée, le cadet des Devalois de l’époque ne s’entiche en 1864 d’une servante dont la lignée porta la honte de l’esclavagisme dans ses gênes. Lucia était une femme à la peau aussi sombre qu’un puit de charbon mais à la bouche aussi remplie qu’un fruit mûr, dévorée par ses origines africaines jusque dans ses yeux de bronze, il y avait dans ses traits toute l’expression de la beauté sauvage à l’état brut - De quoi tenter le jeune Homme sujet à des émois extravagants. La fuite dura plusieurs mois avant que Ambroise ne finisse par revenir au pays, Lucia à son bras et un nourrisson dans les siens. Tenant tête à ses parents - qui par ailleurs avaient perdu leurs autres héritiers au cours de la guerre de sécessions - Ambroise affirma sa volonté à assumer son choix et à vivre auprès de la femme dont il était tombé amoureux. Alors évidemment, Les Devalois qui jusque-là n’avaient rien connu d’autre que la convenance et l’apparence ne s’en remirent jamais vraiment et succombèrent à un désespoir singulier. A leur mort, Ambroise hérita de tout ce que sa famille possédait, et si les premières années lui fut difficile à laver le scandale du nom tant renommé des Devalois, c’est avec persévérance et volonté profonde de corriger les moeurs que le dernier de la famille remonta son empire, brique par brique proposant ainsi une nouvelle ère riche en exotisme et en nouveautés. Bien sûr, ce fut son fils, puis son petit fils qui mirent un point d’honneur à étendre un peu plus leur réputation encore critiquée ; mais les évolutions sociétales affirmèrent finalement tout ce pour quoi Ambroise s’était battu. Aujourd’hui, il incombera à Arsène de garantir la pérennité de l’héritage lorsque la mort de son père surviendra. [Eloquence] De son éducation stricte en bienséance - à croire que les Devalois se prirent pour les dignes représentant d’une quelconque aristocratie par ailleurs inexistante dans leur gênes -  Arsène garda surtout son sens développé de la prolixité  et de la persuasion. Jamais un mot plus haut que l’autre - quand bien même le fond de la palabre serait aussi aiguisé qu’une lame en acier - Jamais une parole désastreuse en rhétorique ne vient à poindre de ses lèvres pourtant cinglante  : ce qui, évidemment, n’enlève rien à la trame parfois crue et cynique de sa pensée. Il enrobe toujours toutes ses moqueries, ses satires, ses attaques d’une bonne dose de courtoisie sucrée, tel l’emballage d’un bonbon acidulé : ce qui le rend d’autant plus irritable et détestable et affirme chaque fois un peu plus sa solide popularité d’être un homme condescendant et désabusé de la société. La politesse lustrée dans ses gestes et ses comportements visibles ; il parle d’ailleurs -outre l’anglais et  la plupart des dialectes de son pays natal- Le français, l’italien et l’espagnol.[Manipulation] L’homme s’ennuie et se lasse vite. Là est son principal défaut. Et si son observation est aussi fine que sa langue l’est de sa critique, Arsène aime à jouer des liens qu’il entretient avec la gente sociétale. Des failles des autres, il en fait une arme avec laquelle enterrer toute rivalité ou bien lui assurer une loyauté sans limite. Pour lui, chaque relation est une pièce d'échec à jouer quand bon lui semble afin de mener la partie jusqu’à sa totale victoire : car l’homme réfute toute déconvenue - voilà un mot bien laid qui n’est guère ancré dans son vocabulaire. Et lorsqu’il se confronte à une défaite, Arsène assure avec véhémence que cela signifie simplement que le jeu n’est pas encore terminé. Alors il use de dextérité pour assouvir ses frivolités, ses désirs. Il tisse ses affinités en fonction de ses intérêts et de ses desseins si bien que l’homme est peu prompt à envisager de réelles amitiés et encore moins d’amourettes - qui pour lui ne seraient qu’une entrave à ses ambitions. Alors, inutile de chercher à s’octroyer une quelconque place dans la vie de Arsène ; ses amis, il les choisit lui-même après dissection totale de tout ce qu’il peut comprendre et cerner de ses interlocuteurs. Quant au reste… Mieux vaut avoir ses faveurs que son inimitié ; car ses ennemis, il les choye bien plus soigneusement que le reste de ses connaissances. Et… S’il y a une chose à ne pas oublier de l’homme, c’est qu’il n’attaque jamais de front : ses guerres sont toujours d’ordre psychologique et n’arrête qu’une fois l’annihilation terminée. Rien ne stimule plus Arsène que les secrets et les défis. Un non vaut pour lui mille ruses en puissance qu'il tachera de mettre en oeuvre pour le transmuer en un "peut-être" ou en un "oui". Il est d'ailleurs devenu un vrai maître de la manipulation et de la dissimulation. Arsène a pleinement conscience de ses atout, de son bagout, de son charme mais surtout de sa dextérité quand il s'agit de mener les autres par le bout du nez - La vérité c'est que Arsène s'est toujours senti en dehors de ce monde d'artifices et de superficialités, si bien qu'il estime désormais que rien de ce qu'il vit n'est profond. Tout lui parait fade, sans saveurs, chimérique... C'est la seule manière pour lui qu'il a trouvé à donner un sens à cette existence un peu absurde qu'ils se trainent tous.[Empire] Devalois&co est, depuis de nombreuses années, la seule véritable entreprise en rivalité avec les salles aux enchères Christie’s. Né à quelques années d’intervalles, il a fallu des décennies pour que les Devalois en fasse une référence première en matière du marché de l’art. D’abord grimpante en notoriété de l’hégémonie des colons français mais policé de l'éclectisme culturel d’un des descendants des Devalois, aujourd’hui, l’entreprise est une valeur sûre reconnue non seulement pour sa diversité de genre et de style mais aussi pour son goût prononcé pour la mixité et ses 87 spécialités artistiques. L’empire s’est construit en centaines d’années et ne cesse de croître dans les affaires artistiques ; de Hong Kong, à New-york, en passant par Paris, Rio De Janeiro, Tokyo sans oublier Bali, Moscou, Vienne, Rome, Helsinki et bien d’autres ; l’empreinte des Devalois est parfaitement incrusté mondialement. L’une des dernières ventes - celle d’un bijou ayant appartenu à Marie Antoinette elle même - a d’ailleurs permis d’asseoir un peu plus l’influence imperturbable de la société dans le domaine joaillier qui jusqu’à présent n’était qu’une branche amoindrie suite au scandale ayant entaché les affaires familiales. Implanté sur tous les continents, Devalois&co s’entoure toujours des meilleurs collaborateurs et met un point d’honneur à ce que les collectionneurs les plus influents reviennent s’octroyer leurs services. [Vaudou] Bien qu'il ne le pratique pas, Arsène a apprit beaucoup - encore une fois de sa grand mère - des croyances vaudou. Aussi, il s'est intéressé de très près au culte, à la puissance naturelle, aux rapports de l'homme avec la nature mais surtout et par dessus tout, Arsène s'est prit de fascination pour le Baron samedi, lui qui est le plus redoutable Loa de la mort : chef des guédés. Un rappel personnifié dans des esprits mystiques au fait qu'il est important de profiter de la vie avant que la mort ne l'emporte. Il s'est d'ailleurs fait tatoué une représentation de celui-ci juste en dessous de sa marque ; puisque le baron samedi est connu pour aimer faire la fête, Jouer, boire du rhum et fumer des cigares, il n'est pas étonnant que Arsène l'ai prit comme emblème. Par ailleurs, il est devenu une coutume pour lui de parader lors de la fête des morts de la nouvelle Orléans vêtu et grimé comme le baron samedi : un haut de forme noir, un costume noir et violet, une cane, et surtout un masque squelettique.   [Jeu de mains]Bien qu'il préfère largement utiliser son esprit et son cynisme pour meurtrir les autres, Arsène s'entraine depuis plusieurs années à la boxe anglaise et la savate. Aussi, il n'est guère maladroit avec ses poings et sait toujours où frapper pour se défendre : il n'est donc pas très judicieux de lui chercher des ennuis car sous ses airs de dandy, se cache un homme bien plus dangereux qu'il n'y parait. Une musculature qu'il taille soigneusement 4 fois par semaine soit dans des sous sols de combat clandestin, soit dans une salle de sport tout ce qu'il y a de plus normal. Mais quoi qu'il en soit : S'il évite toute confrontation, ce n'est pas par peur d'avoir à encaisser des coups mais par contrariété d'avoir à se salir les mains de cette manière là.[Hédonisme] Les sens à l’affût, le besoin insatiable de chair, les plaisirs de la carne et tous ces excès que l’homme revendique de ses papilles et de ses doigts. Arsène est de ceux qui vivent leur vie avec une fureur maladive presque destructrice ;  Les femmes, les hommes, les mets les plus savoureux, les substances artificielles susceptibles de l’envoyer sur orbite - tout est bon à prendre pour rassasier quelque temps ses appétits gargantuesques. Le vide de son existence, Arsène le rempli de débauche et de faste sensoriel. Luxure, gourmandise, orgueil… Tant de péchés dans lesquels il patauge sans même s’en sentir la moindre culpabilité.  L’homme est perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences, de nouvelles libidos, de nouvelles démesures - c’est ainsi qu’il garantie la saturation - jusqu’à la lie - de son ennui profond. [Vendetta] Il y a de cela plusieurs décennies, les Delacroix subirent dans leur chair une perte mémorable. Un assassinat qui marqua à jamais l’obédience de la famille pour les affaires de ce qu’ils découvriront être : le conclave écarlate. Il s’agissait d’un homme, en apparence. Une créature de chair et de sang ; il l’avait vu saigné - Louis Devalois -  et même, expirer son dernier souffle au travers de quelques spasmes sanguinolents. Une explosion avait eu raison de sa charogne et les viscères éclatés hors de son ventre ne suscitait aucune incertitude quant à sa mort effective. Et pourtant. Louis Devalois accompagné de son épouse Marie, l’avaient vu se relever alors qu’ils avaient passés plusieurs heures à faire le tri des décombres. La créature, le monstre, s’était relevé et dans un état fulgurant de colère et d’amertume, avait tué tous ceux qui se trouvaient là. Tous. Sauf Marie qui vit son mari succomber à la lame meurtrière de cet être diabolique. Désespérée, on lui apprit quelques heures plus tard - dans un huis clos austère - que l’explosion était une mission du conclave écarlate : une organisation tapis dans l’ombre depuis bien des siècles - et que Louis s‘était simplement retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment dans cette résolution de l’organisation à rétablir l’équilibre de la nature. Alors, bercée par une rage nouvelle, Marie rallia la cause du conclave dans la volonté pugnace et suprême d’un jour venger cette terrible infamie et de faire payer cette dette de sang.  Ainsi naquit la subordination des Devalois aux intérêts du conclave, prenant intimement pour cible cet homme qui un jour leur déroba leur vie. Une vendetta qui traversa les âge ; un héritage sanglant marquant une allégeance stricte et extrême. [Cynisme] Bien que l’homme police sa langue de bienséance et se prête volontiers au jeu de la bonne manière, Arsène se plait pourtant à arguer de moqueries cinglante le faste qui l’entoure et dans lequel ses parents se plaisent à s’enliser. C’est avec une critique grinçante et des égards sarcastiques envers le monde artificiel de la haute société que l’homme use de salive pour tailler soigneusement en pièce tout le cirque social auquel on s’efforce de le faire entrer. Sa convenance toujours ordonnée dans ses apparences,  il n’en ai pas pour autant un Prince de l’estocade sardonique allant même jusqu’à attiser les rumeurs de personnage impudent. Sans jamais se montrer grossier, sans jamais forcer la voix de jurons - ce qui agace encore plus l’auditoire - mais toujours avec la bravade facile et la provocation raffinée. Ses pensées clairvoyantes, Arsène ironise, tourne en ridicule, nargue, chine, et satirise avec une volupté propre et audace galante. [Secrets] Tout récemment, Arsène apprit les infidélités paternelles. Si c’est un secret qu’il garde pour lui-même ce n’est guère dans le souci de préserver l’éthique de son père ni scrupule familial, bien au contraire, mais par volonté intime. De la même manière que Arsène joue toujours ses pions au bon moment dans toutes les affaires sociales et relationnelles qu’il entreprend - quitte à prendre le temps de la stratégie-  c’est par intérêt personnel que l’homme musèle l'information, y drainant encore tout ce qu’il y a à y trouver ; comme l’existence d’une soeur illégitime, abandonnée par un père trop lâche pour assumer son rôle d’infidèle mais suffisamment imbécile pour raquer des billets verts tous les mois vers un compte inconnu. Une chose est sûre : il compte bien se servir de cette découverte a des fins interessante comme… Un chantage affectif à sa part d’heritage en échange de son silence.