Notre corps est une fleur qui s'épanouie quelque peu, puis se flétrit

[1 550]Nahualt entra en trombe dans la maison qu’il occupait avec sa femme et son fils. Dehors c’était l’enfer, les cris étaient horribles, les bruits du combat avaient filtré et Citlalli essayait d’empêcher son fils de sortir aider les combattants. Il n’avait que 14 ans et en bonne mère protectrice, la brune aux yeux bleus avait trop peur qu’il soit blessé pour le laisser sortir. Elle préférait le garder avec elle, caché. En entrant, le combattant n’eut pas le temps de refermer derrière lui, que trois espagnols le bousculèrent pour rentrer eux aussi. Par pur réflexe, Citlalli se mit devant son fils pour le protéger. Un espagnol, celui qui semblait le plus âgé des trois, attrapa la femme par le cou en souriant, alors que les deux autres maitrisaient Nahualt. « Jolie » lança le conquistador en regardant Citlalli un sourire horrible sur le visage. Tochtlit désireux de protéger sa mère essaya de le faire lâcher Citlalli, mais l’espagnol lâcha la femme juste le temps d’enfoncer son épée dans le ventre du jeune homme, avant d’attraper à nouveau la brune qui s’était mise à hurler en voyant son fils se faire transpercer de la sorte. Elle ne s’intéressait même plus à l’homme face à elle, elle avait les yeux fixés sur le corps de son fils qui venait de tomber au sol, se vidant de son sang en souffrant. « Rafaël ! Aide-moi ! » Dit-il en regardant son jeune frère. Rafaël, le plus jeune qui ne comprenait pas vraiment s’approcha alors que l’homme tournait Citlalli mais veillait toujours à la maitriser. C’est en la tenant par la tête qu’il la fit se pencher sur le lit, alors qu’il se plaçait dans son dos. « Tiens-lui les mains ! » Ordonna t il a son jeune frère alors qu’il lui enfoncer la tête sur le lit et de l’autre main s’occuper de libérer sa virilité et remonter les vêtements de la brune. Rafaël, un peu perdu, hésita un instant, et s’exécuta alors que son frère lui hurlait dessus car Citlalli, comprenant ce qui lui arrivait, enfin, se mit à se débattre. Pendant ce temps Nahualt était témoin impuissant de la scène, tenu au sol par une blessure à la jambe et le troisième espagnol qui tenait son épée sur la gorge de l’aztèque. Immobilisée par l’homme qui la tenait par les poignets, et l’autre derrière elle qui lui écrasait la tête contre le lit, elle ne put que subir en fermant les yeux très forts et priant ses dieux que ce ne soit qu’un mauvais rêve.  Mais la vive douleur qu’elle ressentit quand l’homme derrière elle s’enfonça en elle, lui rappela que non, ce n’était pas un mauvais rêve.  Pour ne pas leur faire plaisir, la brune se mordit si fort la lèvre afin de s’empêche d’exprimer sa douleur, qu’elle se fendit très vite la lèvre inférieure qui se mit à saigner. Heureusement, son supplice ne dura pas longtemps. Et après avoir exprimé bruyamment son plaisir, l’homme se redressa et regarda son petit frère. « A ton tour ». La brune ouvrit les yeux à nouveau, et les posa sur l’homme qui lui tenait les mains. Il dut surement avoir pitié d’elle. « Non merci » répondit-il simplement. « Dans ce cas » L’homme qui s’était redressé sortit à nouveau son épée, la même qui avait servi à transpercer Tochtlit, et trancha la gorge de la femme qu’il venait de violer. « On a plus besoin d’elle » dit-il en souriant d’un air sadique. La douleur fut vive, et par réflexe la brune porta ses mains libérées de l’entrave de Rafaël pour les porter à sa gorge qui dégoulinait de sang. Elle entendit comme un écho hurlant son nom. Surement Nahualt. Elle tomba sur le côté. Elle vit sa vie défiler devant ses yeux.  Elle se rappela ses origines, son éducation religieuse, quand elle avait rencontré Nahualt et le coup de foudre qui fut presque immédiat entre eux, de la naissant de son fils, comme ce fut dur, long et douloureux, mais à quel point elle l’aima dès l’instant où il poussa son premier cri. Elle se souvenait de tout cela alors qu’elle se vidait de son sang, mais la dernière chose qu’elle vit avant le noir ce fut le corps de son fils qui s’était éteint en se vidant de son sang.
  [1 551] Voilà une année qu’elle était morte pour la première fois.  Après avoir quitté son village en ruine et jonché de cadavre, elle avait erré, seule avec l’arme qu’elle avait pris sur le corps de son homme, pendant de long mois. Jusqu’à ce qu’un couple d’espagnol la trouve. Ils la ramenèrent à la ferme où ils vivaient et, étrangement, même si elle ne parlait pas et était sale et couverte de sang, le fils du couple sembla s’éprendre d’elle.  Elle vécut donc avec eux pendant presque toute une année, mais elle ne leur décrocha jamais un mot. Elle était convaincue d’être possédée par un démon ou quelque chose, car même le mitclan ne semblait vouloir d’elle. Elle avait essayé de mourir, un tas de fois, mais elle s’était toujours réveillée, elle allait toujours aller mieux, même ses pires blessures avaient cicatrisé facilement et rapidement sans même laisser de marque. Elle avait peur, et elle était devenue presque sauvage et muette. Elle repoussait sans cesse ce garçon qui semblait pourtant encore et toujours essayer de la connaitre. Sans parler des rêves étranges qu’elle faisait sans cesse, des hallucinations dont elle semblait victime. Citlalli était en proie à une confusion plus qu’énorme et elle n’arrivait pas à y faire face. Jusqu’à ce que les étrangers arrivent. Des jumeaux, des étrangers qui apparaissaient parfois en rêve a la brune. Si au début elle eut peur d’eux, elle finit par les suivre. Plus car elle avait l’intuition qu’elle devait les suivre que par confiance en eux. La confiance en Gabriella et Dante ne vint que plus tard. Elle finit tout de même par s’attacher à eux.
  [1 552] Le voyage avec Dante et Gabriella fut un peu long. En effet alors qu’ils partaient à la fin de l’année 1 551, ils n’arrivèrent au port de Séville qu’en 1 552. Très mal à l’aise, Citlalli eut du mal à accepter de mettre les pieds sur la terre des hommes qui avaient causé sa perte mais aussi celle de toute sa civilisation. Elle savait aussi qu’elle était en partie espagnole, son père en était un en tout cas, mais elle ne voulait rien savoir de cet homme abject. Elle se montra toujours aussi sauvage avec les deux femmes qui les accueillit. Et pourtant, elle se sentit rapidement accepter par eux. Et surtout elle se sentit assez vite mise en confiance par Mithra, celle qui apparemment était la plus âgée de ce qu’ils nommé « constellation ». Si au début la barrière de la langue semblait être un problème, ils finirent tous par apprendre les uns des autres et savoir communiquer au mieux.
[1 55-1 600 ] Très vite, Mithra s’est imposée comme une sorte de mentore pour Citlalli qui se fit de moins en moins sauvage au fil des années passées avec les membres de sa constellation. Bien qu’elle ait toujours beaucoup de mal avec le fait d’être immortelle, elle avait fini par s’y faire petit à petit et aimait la compagnie de Mithra, Eldrid, Gabriella et Dante.  Avec Mithra, elles s’étaient découvert une passion commune : découvrir les religions et civilisations du monde. Elles voyagèrent beaucoup ensemble, pour découvrir les cultures et des religions de tous les horizons possibles à ces époques. Parfois, Eldrid venait avec elles. Citlalli et Eldrid n’était pas spécialement proches, mais elles n’étaient pas non plus des inconnues, elles s’entendaient très bien tout de même.
[1 605] Le coup de mousquet était parti, il aurait dû être pour elle. C’était dans son foie qu’il aurait dut venir se loger. Mais Mithra, en bonne grande sœur, était venue se mettre devant Citlalli. Et c’est donc elle qui se prit l’impact. Elle tomba dans les bras de Citlalli qui la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol. Et alors qu’elle était à deux doigt de pleurer, essayant de calmer l’hémorragie qui semblait ne pas vouloir s’arrêter, elle attendait que Mithra cicatrise et observait d’un seul œil Eldrid qui, sur l’ordre de sa bien-aimée, avait tué tout le monde. Elle avait beau essayé, elle n’arrivait pas à arrêter l’hémorragie, et Eldrid non plus n’y arriva pas. Elles n’osaient pas la bouger, elles avaient peur de faire plus de bien que de mal à Mithra.  Et après une longue agonie, l’immortelle s’était éteinte pour toujours. Et c’est à ce moment-là que Citlalli comprit que ce que lui avait déjà raconté Mithra était vrai, parfois la mort était vraiment définitive.
Depuis ce jour, la brune s’en voulait, elle avait même l’habitude de fuir un peu Eldrid, se sentait très mal vis-à-vis d’elle. Elle avait peur qu’elle aussi la tienne pour responsable, comme elle se tenait elle-même pour responsable de la mort de Mithra.
[1 606-2 000] Après la mort de celle qu’elle voyait comme une mentore, elle avait voyagé, continué à étudier les autres civilisations, les autres religions. Elle avait toujours cette horrible sensation de culpabilité, qui de toute manière ne la quittera surement jamais.  Elle continuait d’éviter Eldrid, faisant toujours en sorte de ne jamais être seule avec elle, et fera toujours ça, encore très longtemps. Elle fit un peu le tour du monde, des cultures, des religions, elle aimait apprendre. Si bien que quand elle acquit dans les années 60 une maison à Mexico, elle y construisit une bibliothèque où elle entreposait toutes ses notes prises, ses livres trouvés dans divers pays, sur diverses civilisations. Très vite, cela devint une vraie mine d’or pour un archéologue. Elle aime cette bibliothèque et pourrait s’en vanter si elle n’essayait pas de garder le secret sur sa nature. C’est dans les années 1980 qu’elle se mit en tête de retracer la descendance de son géniteur. Elle fit petit à petit ses recherches, et prit même régulièrement son nom de famille, prenant cependant soin de bien changer régulièrement de prénom.  C’est dans les années 2 000 qu’elle reprit son prénom de naissance pour de bon, devenant pour ces années « Citlalli Demaya ». Durant ses années de vie, elle apprit à se battre avec Dante, devenant de plus en plus proche de lui, se reconnaissant en lui, comme en écho. Elle devint aussi proche de Gabriella, avec qui elle avait des points communs, se confiant régulièrement à elle, trouvant leurs vécus très proches.  Elle se rapprocha tout naturellement de tous ceux qui constituer sa constellation, sa famille à ses yeux. Mais toujours et encore, elle fuyait Eldrid.
[2015] Elle sortit de l’université de Boston où elle enseignait et rejoignit l’homme qu’elle fréquentait depuis quelques temps. Citlalli avait l’habitude d’enchainer les hommes et pourtant, elle aimait bien celui-ci, alors elle lui laissait une chance. Une fois chez lui, ils mangèrent ensemble, passèrent une bonne soirée, et une bonne nuit ensemble. Le lendemain matin, elle sourit en se réveillant en même temps que lui. Elle roula sur le ventre et l’embrassa rapidement. Elle se laissait aller avec lui, elle n’avait pas encore peur de s’attacher, pourtant elle était en train de le faire. Elle n’avait pas encore la sensation de trahir cet homme qu’elle avait connu il y très longtemps, cet homme qu’elle avait aimé durant sa première vie, celui qu’elle avait toujours considéré comme l’homme de sa vie, et qui faisait qu’elle ne s’autorisait pas aimer à nouveau. Elle le regarda alors qu’il se levait pour attraper ses vêtements et aller dans la salle de bain, tout en souriant. La conversation entre la salle de bain à la porte ouverte et la chambre battait son plein, elle était simple et légère, tranquille. Jusqu’à ce qu’il ne dise les mots de trop. « Je t’aime ». L’Aztèque qui souriait jusqu’alors perdit son sourire et se figea. Elle ne répondit rien et quand elle entendit l’eau de la douche couler, elle sauta hors du lit, se rhabilla, attrapa ses quelques affaires et prit la fuite, sans rien dire. Encore une fois, elle prenait la fuite. Elle quitta son emploi le jour même et la ville par la même occasion, désireuse de ne plus jamais voir cet homme.
 [Fin 2020] Elle était dans les archives de la bibliothèque de Mexico. Cette ville qu’elle aimait car elle y avait ses racines, mais aussi qu’elle détestait pour tout un tas de raisons. Cette ville où elle finissait de toute façon toujours par revenir.  Aujourd’hui, et comme souvent, elle épluchait les vieux registres de la ville, des livres qui tombaient presque en ruines. Elle fouillait le passé de son géniteur, elle retraçait sa descendance. Et alors qu’elle feuilletait un registre qui avait été retranscrit au propre de façon moderne, elle se stoppa nette sur une page. Et posa le doigt sur un portrait.  Des souvenir qu’elle n’avait jamais oublié malgré les nombreuses, très nombreuses années qui s’étaient écoulées depuis, lui sauta au visage à nouveau. Elle reconnaissait cet homme. Elle le fixa un instant et regarda ce qu’il y avait marqué sous le portrait. « Hugo Demaya » elle eut un hoquet de surprise et crut tourner de l’œil. Cet homme l’avait violé et tué. Et cet homme était le fils de Diego Demaya, l’homme qui l’avait conçu sans le vouloir.  Elle eut besoin d’un moment pour digérer l’information. Ce Hugo était son demi-frère et le monstre qui hantait régulièrement ses nuits de cauchemars.  C’est tremblante et sous le choc qu’elle quitta la bibliothèque.
  [2021] Encore bouleversée par sa récente découverte, elle a arrêté de faire ses recherches sur sa famille paternelle, du moins pour un temps. Elle continue à enseigner à la fac de Mexico et de temps en temps donner des cours à New York. Mais elle envisage de retourner voyager un peu et surtout passer un peu plus de temps avec les membres de sa constellation. Elle a besoin de les retrouver, de se sentir en famille un peu. Et peut-être évacuer le trouble qu’a causé sa découverte déstabilisante et qui la dégoute encore un peu plus d’elle-même.