intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 and when i looked up, i was alone (ivan)

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(#) and when i looked up, i was alone (ivan)    Ven 12 Fév - 0:21

Elle est trop grande cette porte. Trop grande, trop belle, trop propre. Elle a ce genre de décorations qui ne servent à rien d’autre que faire joli. Un claquement trop fort et ça se brise. C’est une porte pour les gens biens, ceux qui ne hurlent pas en public, ceux qui ont tellement d’argent qu'ils le mettent sur leur poignet. Elle est trop luxueuse cette porte, mais tu supposes qu’elle va bien dans le décor. Elle est à sa place, au milieu de ce jardin bien entretenu, menant à cette immense villa qui vomit la richesse sur chaque centimètres de sa façade. C’est beau ici, c’est calme, paisible. T’entends les insectes au loin, sens la chaleur d’un climat idyllique frapper contre ta nuque. C’est la Suisse, c’est la campagne. On dirait une de ces images qui plairait tant à Dorothy. C’est beau ici, tranquille. Et si cette trop belle porte fait partie du décor, c’est toi qui fais tâche. Toi et tes habits bon marché, toi et ton air renfrogné, toi et ton étrange envie de pleurer.

Tu regardes toujours la porte, la fixes, l’observes. Tu la regardes sans réellement la voir, perdue dans tes pensées. Tu ne devrais pas être là, vraiment pas. C’est la demeure d’Ivàn, celle que tu n’avais jamais vue, jusqu’à maintenant. Celle où il a toujours refusé de vous inviter. Celle où il a une femme, une famille qui n’est pas vous, qui n’est définitivement pas toi. Une petite bulle coupée du monde, où il pouvait prétendre librement que vous n'existiez pas. Qu’est-ce que tu faisais là, alors ? Qu’est-ce que tu foutais à te tenir devant cette porte, comme si tu allais frapper dessus ? Tu craques. Tu sens tous tes morceaux commencer à tomber, à l’impression de partir en poussière à l’instant même. C’est un de tes mauvais jours, un de ceux qui te font prendre une arme ou te jeter d’une falaise. Un de ceux qui te font te briser la voix, quand tu te réveilles après. T’es seule, t’es seule, t’es horriblement seule. Tu ne supportes plus de regarder les murs nus de ta cachette, ne supportes plus le silence ni les pensées bruyantes dans ta tête. Tu supportes plus ton existence solitaire mais n’as personne vers qui te tourner. Personne vers qui te tourner ou plutôt personne vers qui tu voulais te tourner. Il y a bien les chiots, Dorothy, James, avec leurs grands sourires, leur gentillesse et leurs bonnes intentions. Ils t’ouvriraient leur porte, ils te prendraient dans leurs bras. T’aurais l’impression de t’étouffer et de crever un peu plus. Qu’est-ce qui est pire que l’écrasante solitude ? La gentillesse quand on ne sait plus comment la recevoir. Leurs mains te tueraient, leur douceur te braquerait. Tu deviendrais encore plus cet animal pris dans sa cage et souhaitant en sortir par tous les moyens.

Non, tu ne pouvais pas aller les voir, pas quand ça ne pouvait finir que dans la violence et les larmes. Alors, tu es là, devant cette porte. T’as besoin d’un contact, juste quelques secondes. Tu viens gratter et supplier un peu d’attention, pitoyable créature que tu es. Tu sais qu’il te déteste, sais qu’il va te claquer la porte au nez. Tu l’attends presque : la haine est mieux que de la froide indifférence. Tu tressailles, tu serres les dents. Juste quelques secondes et tu pourras aller te pendre dans ta cave. Tu lèves la main, tu sonnes. Dès que le bruit retenti, tu te figes de terreur. C’est trop tard pour fuir, t’as nul part où te cacher. Tes mains tremblent, ton souffle devient court. Tu le sens s’approcher, aussi sûrement qu’il doit te sentir plantée là. La trop belle porte s’ouvre et tu tressailles ouvertement. Il est là Ivàn, il te regarde avec ce même désintérêt habituel. Tu t’étrangles, tu t’étouffes, t’arrives pas à émettre le moindre son.

T’ouvres la bouche une fois, deux fois. Tu le regardes avant de baisser les yeux, pas capables de le regarder en face. “I …” que tu souffles doucement, la voix rendue rauque et faible. Tu clignes des yeux, ayant l’impression qu’ils vont fondre dans leur brûlure. “Can I … stay … ? Just a bit … ?” Tu ne le regardes toujours pas, ne vois qu’un point à côté de sa main. T’attends juste qu’il t’envoie chier, qu’il te claque la porte au nez. “Please …”
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(#) Re: and when i looked up, i was alone (ivan)    Lun 15 Fév - 23:56

Tu l'as vue arriver dès l'instant où elle a passé la limite de la propriété, son intrusion détectée et aussitôt affichée sur le comptoir intelligent de la cuisine. Tu as suivi sa progression, immobile et silencieux face à ton écran. Sa silhouette est toujours la même, vaguement familière à la douce lueur des lampes éclairant à intervalle l'allée principale. Tu t'es demandé si elle allait rebrousser chemin, si l'impulsion qui l'a menée jusqu'ici n'allait pas simplement s'épuiser avant qu'elle n'atteigne sa destination. Peut-être allait-elle bifurquer à mi-parcours sur la pelouse pour s'offrir la couverture des arbres et des massifs de fleurs, se mêler aux ombres des grands pins pour éviter le balayage direct des caméras de sécurité de la façade ouest. Si elle était là pour te tuer c'est par-là qu'elle réussirait une entrée discrète, qu'elle parviendrait suffisamment à te surprendre pour avoir un avantage. Tu connais bien ce passage pour l'emprunter souvent, t'as toi même dévié la surveillance de son axe pour te laisser un angle mort suffisant large lorsqu'il te prend l'envie de fuir ta propre maison sans être vu. Il lui suffirait de contourner par la terrasse, attendre un instant derrière le spa que le balayage de la caméra ne finisse son cycle et elle serait sur tes talons en quelques instants. Par quel angle allait-elle t'attaquer en premier ? Tu sais la baie vitrée du salon ouverte mais ne compte pas la fermer pour essayer de gagner du temps et contrer l'inévitable. Tu n'as pas envie de devoir expliquer à ta femme pourquoi tu as dû soudainement faire changer les fenêtres en plein milieu du weekend. Qui plus est tu n'es pas homme à esquiver ce genre de conflit, bien au contraire l'idée qu'elle soit venue expressément pour te faire la peau t'es plutôt plaisante. Tu soupire et appuie de ton index sur l'écran tactile pour réduire la fenêtre, reportant ton attention sur le plan de travail devant toi. Avant cette interruption tu t'apprêtais à déjeuner seul, ton assiette préparée et une bouteille de vin entamée sur le comptoir. Un repas rapide vraiment, juste de quoi reprendre des forces le temps que ton foie se régénère complètement de l'ablation que tu lui a fait subir le matin même. Un joli pactole trône sur la table basse du salon, des tas de billets que tu n'as pas fini d'organiser et qui vont sûrement devoir attendre encore à cause de l'intrusion de Min-Ji. Tu évalues tes options, estime que l'îlot central en marbre fera une couverture parfaite en cas d'échange de tirs. D'une main tu ouvres le double tiroir pour vérifier la présence de ton arme chargée, l'effleurant à peine du bout des doigts avant de t'en saisir fermement. Tu la connais bien, sais qu'elle préfère l'usage de lames et du corps à corps comme toi. Mais tu n'as pas envie de risquer ta chance, pas sous ton propre toit. Pas dans ce lieu qui te rend si mal à l'aise que tu y ressens chaque seconde passée peser un peu plus sur ton immortalité.  

Le carillon de la porte d'entrée te fais presque sursauter lorsqu'il résonne d'une nouvelle alerte sonore sur l'écran à tes côtés. Elle est là qui se tient devant chez toi comme une invitée, attendant sagement que tu viennes lui ouvrir. Tu restes un instant interdit, en partie parce que tu ne t'attendais réellement pas à cela mais aussi parce qu'elle est si proche maintenant que tu ne peux ignorer son état d'esprit. Aussitôt tu te reprend, faisant complètement barrage à sa présence qui s'impose brusquement à l'intérieur de toi, cet espace qui porte irrémédiablement son nom qui active ses relents d'empathie chronique. What the fuck Min. Il te faut quelques secondes stoïques, main serrée sur ton Beretta 92 avant de te décider à te détendre d'un cran. Tu glisse l'arme sur tes reins, la coinçant dans ta ceinture sans même prendre la peine de la camoufler sous ta chemise. Elle n'était peut-être pas venue pour te faire la peau tout compte fait, ou alors elle tenait à présenter honnêtement ses intentions avant que vous ne vous lanciez l'un comme l'autre dans la violence. Tu fronces légèrement les sourcils, agrandissant d'un geste l'image de son profil capté par la caméra sur le côté de la porte. Il y a une expression différente sur ses traits, quelque chose que tu ne lui connaît pas mais que tu es trop antipathique pour parvenir à identifier. Elle a l'air aussi innofensive à cet instant que des scouts venus t'extorquer de l'argent contre un calendrier hideux. Et ça te déstabilise. Pas parce que que son intrusion imprévue t'es agaçante non, mais plutôt parce que tu ne sais pas ce que tu es sensé en faire. C'est sans doute son plan : te surprendre en feignant le calme, te déstabiliser par une méthode moins directe. Tu te redresse et t'écarte du plan de travail, calant un instant une main contre tes côtes. Tu ignores si l'hémorragie interne s'est arrêtée mais cela fait environ une heure que tu as fini d'avoir le goût du sang sur tes lèvres. Sur ta peau s'étalent sûrement encore de larges bleus mais il te faudra faire avec peu importe ce qu'il advienne. Tu te diriges vers l'entrée en attrapant un couteau à filet de sole au passage, le camouflant contre ton avant bras à l'intérieur de ta manche. T'as l'habitude, t'as connu pire. Mais c'est la première fois que la mort vient poliment sonner à ta porte.

C'est son regard fuyard qui t'accueille, sa silhouette à l'air plus frêle que d'ordinaire. Tu la fixe sans ciller, tes yeux sombres glacés détaillant son visage alors qu'elle essaie de former des mots. T'es sidéré par sa présence. Le reste de ta constellation savait que c'était un territoire hors de portée, tu n'avais pas eu besoin de formuler quoi que ce soit pour qu'ils respectent cela. Stay out of my fucking business. Ils n'étaient pas les bienvenue ici, aucun d'entre eux. Et si cette interdiction s'appliquait surtout aux deux plus jeunes tu ne pensais pas avoir à le rappeler à Min-Ji. Elle parle pourtant et tu l'écoute, elle te demande si elle peut rester et t'es tellement prit de court que pendant un instant tu manque d'en lâcher la lame dans ta manche. Son regard se pose sur ta main d'ailleurs, presque hagard, te faisant réajuster ta prise sur le couteau d'un nouveau relent de méfiance. Est-ce qu'elle avait bu ? Qu'elle était high ? Tu clignes des paupières, une expression profondément figée qui peine à camoufler ton trouble. Why me ? Why come here ? Tant de questions qui se multiplient en toi alors qu'elle supplie poliment le droit de passage. Il ne se passe rien pendant plus d'une minute, ton silence et tes réflexions emmurées sous ta face pâlotte lorsqu'enfin tu lâche le battant de la porte. « You do know that Budapest is a bit further up to the north east of Switzerland right ? » Que tu lui offre pour toute réponse, ta voix glaciale au ton toujours mesuré. « Besides I don't have time to talk about our lord and saviour Min. You've knocked on the wrong fucking door, if you wanted the church it's up the hill that way. » D'un geste de tête dédaigneux tu désigne au hasard vers l'horizon, ne la quittant pas du regard pour autant. C'est presque un trait humour que tu fais, surtout lorsqu'on te sait si haineux de la religion. Tu t'écarte pourtant, t'éloigne de quelques pas avant d'accepter de lui tourner le dos. Tu l'ignore, ne l'invitant ni ne refusant catégoriquement sa présence. T'as juste laissé la porte ouverte et t'es retourné dans ta cuisine comme si elle n'était même pas là. Elle est assez intelligente pour savoir ce qui est le mieux pour elle, pour comprendre que tu n'as rien de bon à lui apporter. T'es pas ce qu'elle cherche, il n'y a aucune chaleur en toi contre laquelle se réchauffer.
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(#) Re: and when i looked up, i was alone (ivan)    Mar 16 Fév - 2:05

Tu sais ce qu’il lui passe par la tête, quand il te voit, le comprend parfaitement. T’as pas besoin d’être dans sa tête, tu le devines rien qu’avec ce que tu connais de lui. Il pense que tu viens pour l’attaquer, viens pour le tuer. Qu’est-ce qu’il ressent en pensant ça ? De L’agacement ? De la colère ? De l’attente ? Ou bien n’y a-t-il rien d’autre dans sa tête que le même ennui vide que dans son cœur ? Tout l’ennui, il te l’a rapidement fait comprendre, Ivàn. Dans son monde glacé, son intérêt ne dure jamais, pour quoi que ce fusse. Et c’est bien, c’est parfait, ça t’a toujours donné une parfaite raison de rester loin de lui. Pourquoi rester près de quelqu’un qui ne prend même pas le temps de vous détester ? Et c’est ironique, n’est-ce pas, que vous soyez si étrangers mais si semblables tout à la fois. Vous avez les mêmes mécanismes, la même allure glaciale d’une mort intérieure. Vous vous regardez en silence tout en vous grognant dessus silencieusement. Nulle chaleur, entre vous, pas même une parodie de camaraderie. T’as plus parlé aux chiots en un siècle qu’à Ivàn en cinq. Pourtant c’est devant chez lui que tu es actuellement, pas à Budapest. Évidemment qu’il pense que tu es là pour lui faire la peau, qu’elle autre raison aurais-tu de te tenir là, autrement ? Mais, non, tu n’es pas là pour te tuer, pas même là pour le frapper. Tu ne sais même pas pourquoi tu es là, à quémander l’entrée dans sa demeure. Tu craques, tu t’écroules à moitié. Tu ne tiens debout que par la force de ta pensée. T’as l’impression que les morceaux du puzzle de ton âme s’entrechoquent et se brisent un peu plus au sol. Tu pourrais aller voir les plus jeunes, te baigner dans leur présence solaire. T’en brûlerais. Non, c’est vers la lune que tu t’es tournée. C’est vers le froid, la distance et surtout le silence que tu as couru. Tu ne veux pas de questions, tu ne veux pas parler. Tu ne veux surtout pas de pitié ou qu’on essaie de te réconforter. Dans ton état, tu deviendrais violente, si quelqu’un le tentait. Tu ne veux pas blesser les chiots, ne supportes pourtant pas de rester seule. T’as besoin d’une présence, quelqu’un, n’importe qui. Juste une illusion que tu n’es pas totalement et irrévocablement seule au monde.

T’es devant sa porte, alors. T’attends qu’il sorte de son état de sidération. Tu rirais, si tu ne te sentais pas si vide. Tu ne prétends même pas ne pas avoir vu le couteau qu’il cache dans sa manche, il n’est pas stupide et tu l’es encore moins. Tu sens ton regard sur ta personne, le sens te creuser un trou dans la tête. T’as pas besoin de ressentir au-delà de son mur, pour comprendre qu’il comprend encore moins que toi ta présence devant lui. Tu supportes plus facilement son silence que tu ne supportes ton propre corps. Il finit par parler, pourtant. Il amorce une blague, une qui sonne comme une accusation mais qui n’en est pourtant pas. Tu le sais, tu as le même ton, quand tu essaies d’en faire une. Sa voix est froide, glaciale, morte. Tu hoches simplement la tête, attendant en silence qu’il te ferme la porte au nez. Il ne le fait pas, pourtant, il la laisse grande ouverte quand il s’en va. Il te laisse seule face à un choix. It’s not a good idea, go back, qu’il te dit en tournant le dos. La mise en garde est claire, annonciatrice de toute la connerie que tu demandes. Tu vas souffrir, tu vas tellement souffrir. Tu entres tout de même.

Tu fermes la porte derrière toi, bonnes manières qu’importe l’occasion. La maison est grande, spacieuse, lumineuse. Tu ne vois que de riches meubles et d’encore plus riches décorations. C’est froid. Il vit dans un luxe froid, Ivàn. Tu ne vois aucune touche à lui, rien qui ne reflète ses goûts ou sa personnalité. C’est comme une énorme maison de poupée dénaturée. Tu ne le suis plus, tu le laisses tranquille. Tu vas t’asseoir sur le canapé trop riche et replies tes genoux contre ton torse. Tu prends un coussin et le serres en silence. Ça aussi ça sent le froid. Tu pousses ta tête contre le tissu moelleux et tu te concentres sur la présence un peu plus loin, oubliant le reste.
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(#) Re: and when i looked up, i was alone (ivan)    Mar 16 Fév - 21:57

Tu la laisses décider pour elle-même, ce n'est pas ta place qu'il en soit autrement. T'es beaucoup de choses Iván, cruel ; mais pas sadique. Alors si elle a décidé elle-même de se foutre dans quelque chose qui risque fort de lui être désagréable tu ne lui feras pas la courtoisie de l'encourager d'une tape dans le dos. La porte reste simplement grande ouverte, ne s'accompagne d'aucune politesse d'hôte alors que tu retournes dans la cuisine sans même lui jeter un dernier regard. Tu ne l'infantilise pas, n'insulte pas son intelligence à lui demander directement cette question qui te démange pourtant. Why the fuck did you chose me ? En vérité au fond de toi tu connais la réponse, n'a pas besoin de pencher vers cette part de ton être qui est la sienne. Elle est venue vers toi pour la même raison que tu as tendance à aller vers elle lorsqu'il s'agit de ta constellation. Vous êtes si différents et pourtant terriblement semblables, vous partagez la même compréhension du silence, la nécessité de respecter l'intimité de l'autre. Vous communiquez avec peu de mots, vous n'en avez pas besoin quand vous êtes face à face. Vous n'avez rien à vous dire aussi, inexistants dans la vie de l'autre, fuyant les impacts. Elle ne connaît presque rien de toi et tu ne connais presque rien d'elle, et aucun ne demande à l'autre, ne se mêle de ce qui ne le regarde pas. Cette règle tacite semble vous convenir à tous les deux depuis presque cinq siècles déjà, équilibre jamais rompu. Pourtant aujourd'hui c'est comme si cette distance que vous avez farouchement gardée vient de vous rapprocher inexorablement d'une manière que tu ne pouvais pas prévoir. Tu ne te fais pas d'illusions, tu sais que tu es un second choix, une solution de dernier recours. Tu t'en fous. T'as pas envie d'exister dans le cœur de qui que ce soit, tu fuis la douceur et la considération. Tu n'as pas besoin d'affection, de ces chaînes qui ne savent que te rendre plus faible, te donnent encore quelque chose à perdre. Tu sais également que sa venue n'est que le résultat des deux autres essayant de l'attirer vers eux à l'en faire fuir un peu plus. Si elle te ressemble, tout comme toi elle étouffe de trop de lumière, aux antipodes des plus jeunes qui rayonnent à t'en faire vomir. Vous êtes fait pour être laissés derrière, trop vieux et trop brisés pour pouvoir encore prétendre. Trop las et trop seuls pour ne savoir faire autre chose que des mauvais choix.

Lorsque Min-Ji se décide à entrer tu as déjà remis ton couteau à sa place, ton arme à feu quant à elle toujours pressée contre tes reins. Tu ne lui offres aucune attention alors que tu la sens simplement passer de l'autre côté de la cloison jusqu'au salon salle à manger ouvert sur la cuisine. Tu fixes à nouveau l'assiette devant toi, les légumes finement découpés, la présentation rendue élaborée et appétissante par ennui. Ta main se saisit du verre de vin rouge sur le comptoir, faisant tourbillonner le liquide un instant avant de l'avaler. Le goût est attendu sur ta langue, presque trop connu maintenant. C'est à la fois merveilleux et terrible, sentir toutes les subtilités de ce que tu peux manger ou boire, des pires comme des meilleurs. Mais après tout ce temps, tu parviens difficilement à trouver quelque chose qui n'a pas un goût de déjà vu, un plat ou un vin qui procure encore du plaisir à tes papilles trop aiguisées. Alors cette bouteille hors de prix dont tu te saisis finira bien vite sur la liste des vignobles dont tu ne veux plus entendre parler, même les meilleurs crus relayés au rang d'indésirables. Tu sors un autre verre à pied et le remplis, attrapant l'assiette de l'autre. Sans un mot tu la rejoins dans le salon, contournant le canapé en cuir où elle a choisi de s'installer. Tu ne la regardes pas, détailler sa présence ne ferait que rendre les choses un peu moins irréelles. T'es pas prêt pour ça, incapable d'engager quelconque conversation, procurer le réconfort dont elle aurait besoin. I'm not like the others, this ain't no fucking red cross shelter. En te penchant légèrement tu dépose l'assiette et le verre de vin devant elle en silence, faisant pivoter la mallette pleine de billets dans l'autre sens. Tu te positionne face au canapé, attirant un fauteuil scandinave pour t'asseoir de l'autre côté de ta table basse. Une cigarette apparaît entre tes doigts et tu la cale bien vite à tes lèvres, expression de soulagement passant sur ton visage lorsque tu craches la fumée. Tu plies ton grand corps en t'avançant vers la mallette, reprenant silencieusement le compte de tes billets. Tu ne lui accordes toujours pas ton attention, te contente de simplement être là dans la même pièce qu'elle. C'est presque facile, naturel. Mais la vérité c'est que t'as dû recompter trois fois ton argent dans ta tête à force de te projeter vers elle sans le vouloir.

Au bout de plusieurs minutes tu finis par remballer ton pactole, notant le compte sur un petit carnet ouvert sur le coin de la table. Le trop plein évacué dans le cendrier, tu tires une nouvelle latte qui finit jusqu'au filtre. Arietta déteste que tu fumes à l'intérieur, mais Arietta ne sera pas là pour encore deux jours de paix. Tu rallumes une autre cigarette, passant ta langue sur tes lèvres pour les humidifier avant de parler enfin. « Closest bathroom is this way second door to the left, in case you need it. » Que tu indique d'un arc de cercle de ton stylo sans même la regarder avant de le reposer. T'échappes un soupir en te redressant de ta position courbée. Tu fais craquer tes épaules, laissant ton dos épouser maintenant pleinement le fauteuil dans un grognement de confort. Tu fermes les yeux, tes bras reposant sur les accoudoirs et ta nuque contre le haut du dossier. Une légère grimace passe sur tes traits, pic de douleur aiguë dans tes entrailles en pleine régénération. T'es épuisé, t'as des chances de frôler la jaunisse et maintenant tu te retrouves avec une invitée non-désirée à gérer. « There's also a jacuzzi that way. » Que tu ajoutes en levant paresseusement la main pour signaler la terrasse derrière toi de ton index. « Please don't mix up the two. » Ta main retombe et se cale contre tes bleus au travers de tes vêtements, échappant un presque rire de tes mots qui ressemble plus à un grincement de porte qu'autre chose. Tu mâchouille nerveusement le filtre de ta clope, observant ton plafond en lissant tes cheveux en arrière. T'avais déjà envie qu'elle parte, qu'elle te laisse à ta solitude. Alors pourquoi t'étais si attentif à la moindre variation de ses battements de coeur ?
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(#) Re: and when i looked up, i was alone (ivan)    Mer 17 Fév - 0:58

Tu es dans la maison d’Ivàn. Tu es dans la sacro-sainte maison d’Ivàn. Celle où votre présence est un silencieux tabou. On ne le dérange pas ici, l’Hongrois, on ne s'approche même pas de ces murs. C’est son petit cocon à lui à sa femme. Tu l’avais fait, pourtant, tu avais cogné à la porte et on t’a répondu. T’ignores le soulagement de ton cœur à la réalisation, fuis ce qui pourrait traduire un lien d’attachement entre vous. Vous êtes des créatures solitaires, le brun et toi, vous ne connaissez plus l’affection ou la camaraderie. C’est réconfortant de savoir que quoi que tu puisses faire, il continuera de te détester simplement à cause de ton existence. Vous êtes pour tous deux ce qui vous irrite le plus : une brèche incomblable dans votre forteresse de paix. C’est réconfortant, c’est paralysant, c’est affligeant. Mais c’est pour ça que tu es là, non ? Pour cette certitude qu’il attendra rien de toi, qu’il n’essaiera même pas de te réconforter ou de te demander ce qu’il ne va pas. Vous vous ressemblez tellement, lui et toi. Vous êtes la lune de l’éclat solaire des plus jeunes. Tu es venue ici, alors, attirée par cette similitude inavouée. T’es venue parce que tu avais besoin d’un silence réconfortant que tu ne trouvais pas chez les plus jeunes. T’as pas besoin qu’on te parle, pas besoin qu’on te tienne. Tu veux juste pas être seule, pendant que tu recolles le charnier qui représente ton âme. Alors, tu entres, tu te traînes, tu fais l’erreur d’avoir besoin de lui. Tu regardes à peine sa maison, ne fais même pas l’effort de paraître t’y intéresser. Elle n’est pas à Ivàn, de toute façon. Elle pu le froid et n’a aucune trace du hongrois.

Tu t’assoies sur le canapé hors de prix, en a rien à foutre si tes bottes sales le salissent. Tu prends un coussin, en respires l’odeur glacée. Tu restes en boule, tu bouges plus. C’est le silence dans ta tête. Toute ton attention est focalisée sur la présence à quelques mètres de toi. Tu le sens proche, Ivàn, tu te sens moins seule. Il t’ignore, il reste loin. C’est pas grave, t’arrives déjà à un peu mieux respirer. Le silence est total, interminable, confortable. T’as pas besoin de bruit, pour combler le vide, juste d’une existence familière. Tu te recentres sur toi-même, en même temps qu’il bouge. Tu colles tes morceaux, alors même qu’il se rapproche de toi. Le bruit d’une assiette qu’on pose, l’odeur d’une cigarette qu’on allume. Tu ne relèves pas la tête. Le silence continue, la reconstruction également. Les minutes passent, lentement, rapidement. T’es dans ta tête et lui dans la sienne. T’as presque l’impression de le sentir mieux, illusion de votre présence physique. Non, vos murs sont toujours là, le sien encore plus grand que le tien. Nulle émotion de sa part ne te soutient, tu te répares seule comme tu l’as toujours fait. C’est parfait, c’est ce que tu voulais. Le soulagement, la reconnaissance te saisissent le cœur, bien à l'abri dans ta tête. Tu ne dis toujours rien et lui non plus.

Et puis, finalement sa voix. Il te parle de sa salle de bain, indique sa localisation pour ses besoins. Tu hoches doucement la tête, le cœur se détendant un peu plus à ses offres silencieuses. Vous vous comprenez, Ivàn et toi, vous parlez sans dire de mots. Il ne te demande pas ce qu’il ne va pas et tu ne lui demandes pas pourquoi est-ce qu’il grogne de douleur. Vous marchez au silence et à la fuite en avant. Il parle encore, grince une blague qui t’arrache la parodie d’une grimace amusée. “What … ?” que tu souffles finalement, levant lentement la tête. “You’re not scared i’m going to rob you blind … ?” La blague grince sur tes lèvres, trop fatiguée pour y mettre les bonnes intonations. Tu lèves la tête, vois enfin l’assiette et le verre devant toi. Tu ne dis rien, tu les fixes en silence. Tu finis par te tourner doucement, attrapant les couverts et te mettant à manger. Pas un merci ne franchit tes lèvres, il le prendrait mal et toi aussi. “Do I need to pass by the backyard, this time ?” demandes-tu, polie, toujours polie. Tu sais un peu mieux respirer maintenant, il peut te mettre à la porte. Tu finiras le travail seule, comme toujours.
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(#) Re: and when i looked up, i was alone (ivan)    Lun 22 Fév - 1:03

De vous tous tu ne saurais dire qui est véritablement isolé, et peut-être que c'est par ce jeu de miroir que tu trouves toujours plus de raisons de t'éloigner d'eux. Tu n'aimes pas ce qu'ils te renvoient, t'assure toujours de bloquer leurs émotions autant que tu le peux. C'est risible dans le fond, que vous soyez tous si seuls à votre manière et pourtant forcés d'être ensemble. Tu n'es pas idiot au point de ne pas voir qu'aucune de vos situation n'est parfaite, que même ceux qui se croient les mieux placés ne font que se fourvoyer. Vous êtes tous obsédés par la douleur ; sa présence ou la nécessité impérative de son absence. En cela vous savez vous trouver un point commun, un terrain de mésentente constante qui ne fait que renforcer vos différences. James et Dorothy pensent qu'ils ont raison, que la seule solution à tout cela est de vivre en ignorant le reste du monde, égoïstement protégés derrière leur monotone routine de vieux couple. Tu partages ta vision des choses avec Min-Ji, la solitude pour ne pas prendre le risque de tout voir s'écrouler encore et encore. Les plus sages et les plus frileux ; fuyards d'une existence que vous n'avez que trop vécue. Parfois tu te demandes si cela vient avec l'âge, si tu as en un temps révolu trouvé un semblant de bonheur dans cette éternité offerte. Tu te mens à toi-même pour ne pas te souvenir, empli chaque instant de toujours plus de vide que tu ne compenses jamais, tu fais table rase de tout ce qui a un jour été. Peu à peu tu ne deviens qu'une enveloppe, tu sonnes creux Iván mais tu t'en fous. Paroles et promesses en l'air, plus rien n'a d'importance dans cette dérive sans fin. Tout n'est qu'illusions avec toi, du marbre glacé de ton visage à cet anneau doré autour de ton doigt. Il n'y avait personne de ton côté des bancs de l'église, la famille d'Arietta étalée de part et d'autre de l'allée. Tu te souviens encore de la sensation de tes ongles s'enfonçant en demi-lunes dans ta paume, le tremblement de ta main lorsque tu as glissé la bague sur ses phalanges. Ce qu'ils ont pris pour de l'émotion ne t'étais que malaise, tu te souviens avoir presque sursauté lorsque le prêtre s'est avancé pour vous unir. Une condamnation de plus, une petite mort que tu t'es infligée seul. Tu ne l'as dit à personne. Tu les a simplement mis devant le fait accompli, une des rares fois où tu as mis les pieds à Budapest. Tu ne voulais pas qu'ils voient, pas de témoins pour cette faiblesse devenue folie. Peut-être qu'au fond de toi tu savais combien tu étais pitoyable ainsi, officiellement marié à une femme que tu n'aimes pas et dont la famille te méprise pour n'être ni italien ni ouvertement catholique. Tu as toujours été le meilleur pour t'infliger le pire, et pourtant cela est loin de t'être exclusif. Au creux de ton âme tu gardes ce noyaux de noirceur, charbon brûlant fièrement en permanence face à toute ta froideur. Tu fais semblant, prétend ne pas sentir quand Min-Ji disparaît de votre connexion, lorsqu'elle est trop alcoolisée pour que tu la sente encore en toi. Tu mens, ton coeur sourd à l'attraction familière de Dorothy et ses doutes enterrés si profondément que tu es le seul à les ressentir. Si tu te réveilles parfois la nuit tu sais que c'est parce que James rêve, que ses cauchemars le ramènent encore là-bas avec toi, là où tout a finit pour mieux commencer. Ils sont plus bruyants que tu ne le seras jamais, ils t'étouffent de leur cacophonie autant que tu n'es plus capable d'exister dans leurs silences. La vérité c'est que tu remplis frénétiquement le vide, répare les trous avec ces morceaux d'eux. Toi qui n'a plus rien à donner à personne, toi qui n'a plus de sens. Tu lisses les fissures du bout des doigts lorsqu'ils s'agitent suffisamment, ils te maintiennent en vie en vivant la leur. Tu te projette vers eux au plus noir de la nuit lorsqu'ils ne pensent pas à toi, tu les aspires juste assez avant de les bloquer. Tu les laisse toujours entrer jusqu'au pas de ta porte avant de la verrouiller, c'est au plus proche que tu ne sauras jamais supporter. Peut-être que tu es un vampire au final, sorti de ce cercueil au bois pourris qui te sert d'existence, tu survis de la vitalité des autres. Tu vois le monde différemment alors, les yeux crevés par tous tes mensonges meurtriers. Tu ne vois plus mais tu voudrais être vu suffisamment. Tu voudrais le mériter, ce siège à une table qui n'a pas de place à t'accorder. La vérité c'est que tu ne peux pas te passer d'eux mais eux ; se passent très bien de toi.

This is fine.
Que tu te dis.
This is fine, I don't care.
Alors tu dis oui à Arietta et son sourire refait.
Tu dis oui au prêtre qui veut t'insuffler la peur de dieu.
Tu dis oui, jusqu'à ce que la mort te sépare enfin de tout.

Pourtant Min-Ji est là. Comme si t'avais quelque chose à lui apporter, un quelconque putain de savoir faire social qui pourrait vous être utile à tous les deux dans pareille situation. Tu n'es pas la bonne personne pour cela et elle n'est pas celle que tu saurais écarter d'une simple tape dans le dos. Ce n'est pas une femme qui s'est présentée à ta porte mais un énorme miroir dont le reflet du désespoir te paraît un peu trop proche. Tu sais que l'ignorer comme un meuble de plus dans cette trop grande maison ne fonctionnera qu'à court terme, toi même finit toujours par ne plus supporter être traité comme tel par ta propre femme. Min-Ji finira par chercher ton attention autant que tu céderas des mêmes efforts, atomes chaotiques qui s'attirent irrémédiablement. Tu parles alors, lui fais la conversation pour lui indiquer la direction des commodités de ta maison. Le discours de base d'un hôte vraiment, juste assez pour combler le silence sans vouloir échanger plus. Tu es presque étonné lorsqu'elle te répond du même ton alors, insérant un soupçon de blague grinçante identique à la tienne. Ton regard se pose sur elle lorsque tu relèves la tête, remarquant les couverts dans ses mains. Pas que cela t'importe qu'elle accepte ta nourriture volontiers, mais sans doute juste assez pour que tes yeux s'attardent un instant sur ses doigts. Tu tires une longue bouffée de nicotine, visage ne grimaçant même pas lorsque tu réponds à son allusion indirecte à ton épouse. Tu sais très bien que ton mariage est un sujet murmuré au sein de ta constellation. « My wife is away for the weekend. » Que tu dis simplement, semant ta cendre du bout des doigts. « If you want to rob me you can find the main safe behind that painting over there. There's also all my watches in the dressing room down by the end of the corridor. I suggest you'd steal my wife's Fabergé clock instead, it's up there on the top shelf. It's much easier to sell on eBay because it's ugly, famous and expensive. » Tu tire a nouveau sur ta clope sans la quitter du regard, indiquant simplement d'un geste de la tête le couloir et les étagères modernes croulant sous les objets d'art. Tu te fichais bien de tout cela, même si la blague s'avérait être une vraie menace tu n'éprouve aucun attachement pour ces objets qui t'entourent. Même cet argent gagné au prix de ton propre sang qui repose dans la malette à tes pieds ne t'es d'aucune valeur. Ce n'est que l'assurance qu'un fragment de ta vie t'appartient encore, une échappatoire possible mais que tu ne prendras jamais. Tu préfères toujours être le martyr de tes propres choix.

Tu retombe dans le silence, ce que tu fais de mieux. Tu laisses ta cigarette se consumer du bout de tes lèvres immobiles, regard froid fixé sur un point invisible derrière elle. On pourrait croire que tu réfléchis alors que tu utilises toutes tes ressources pour faire barrage de sa proximité. À la fois tu serais presque curieux, toujours perturbé par l'inédit de sa présence en ton foyer. Ta main revient distraitement contre les bleus sous ta chemise, mordant le filtre avant de te débarrasser de ton énième bâton de cancer. En un sens ce foyer n'avait rien d'intime lorsqu'Arietta n'était pas là. Tu n'avais pas vraiment de craintes à te dévoiler ainsi, tel que tu l'as toujours été, tel que Min-Ji te connais. Tu vis dans un décor de cinéma, acteur dans un couple, marié au metteur en scène. Mais lorsque ta femme n'est pas là rien n'est si différent ; tu n'as rien à craindre. Pas de honte à avoir de sentir leurs jugements bouillonner en toi. Ils ne comprennent pas tes choix et toi, t'aimerais avoir le luxe d'en avoir un autre.

Lentement tu te redresse, t'aidant des accoudoirs pour stabiliser ton retour sur tes deux jambes. T'es légèrement anémié, probablement parce que ce que tu devais manger se trouve maintenant devant ton invitée. Ou alors c'est que tu n'as pas bu assez de vin, sûrement parce que tu n'as pas bu assez de vin. Tu te diriges vers un petit meuble laqué, extirpant bien vite une carafe et un verre en cristal que tu remplis d'un liquide ambré. Tu ne le porte pas tout de suite à tes lèvres, le posant sur une étagère en te redressant. Tu l'ignores complètement, t'intéressant uniquement à la librairie musicale et aux pochettes d'albums plastifiées qui défilent entre tes phalanges. Lorsque tu trouve ce qui te convient tu retire le disque du bout des doigts pour le positionner sur le plateau. Tu souffles doucement sur la surface du diamant avant de positionner l'aiguille sur la piste, un réflexe plus qu'autre chose. La musique se met lentement à retentir, l'acoustique de la pièce étreinte par des enceintes bien positionnées.

My my, hey hey.
Rock and roll is here to stay.
It's better to burn out
Than to fade away.


Tu souris presque, le son résonnant en toi, tes lèvres forcées d'accueillir le verre d'une première gorgée d'éther. Lorsque tu te retourne tu lui jette un regard, levant ta boisson en l'air d'un geste évocateur. Tes pas te ramènent vers la table basse, la dominant de ta silhouette un instant alors que tu poses ton verre sur le côté. Tu retires ton arme de ton dos, la faisant tourner un instant entre tes doigts habiles avant de la caler sur le bord de la table, canon pointé vers l'extérieur. Ton alliance vient la rejoindre alors que tu reprend ton verre sans un mot pour retourner t'asseoir face à elle dans ton fauteuil. « Here, now you have all the ingredients for a perfect house robbery. » Tu trempes tes lèvres dans l'alcool, sens sa brûlure réconfortante le long de ta gorge. « Unless you prefer we have some other kind of deadly fun, Min. » Ton regard s'assombrit à ces mots, le doigt cessant de battre la mesure sur ton verre, perdu dans la musique qui vous enveloppe. Tu ne sais pas quoi faire de tout cela, comment agir à cet instant. Est-ce que tu dois la laisser, prétendre qu'elle n'est qu'un fantôme familier venu te visiter ? Si tu clignes des yeux suffisamment, peut être qu'elle disparaîtra, sa silhouette juste un écho trop de fois espéré. Il y en a deux autres à ses côtés, assis sur le canapé. Tu bois une autre gorgée et lorsque tu abaisse ta main ils ne sont plus là. Il ne reste plus qu'elle. Min-Ji. Stay. Murmure la musique à l'arrière de ton crâne.

Out of the blue
And into the black.
They give you this,
But you paid for that
And once you're gone,
You can never come back.
When you're out of the blue
And into the black.





Dernière édition par Iván Milošević le Mer 3 Mar - 2:29, édité 1 fois
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(#) Re: and when i looked up, i was alone (ivan)    Lun 22 Fév - 21:08

Vous êtes des menteurs, tous autant que vous êtes. D’excellent menteurs, même. Ses maîtres, quand vous avez réussi l'exploit de vous berner en même temps que tous les autres. Toi t’arrives à te convaincre que tu n’as pas besoin des autres, Ivàn s’est persuadé qu’il est bien mieux tout seul, James que plus rien ne pourra jamais plus l’atteindre et Dorothy que la vie est une musique sans fausses notes. Menteurs, menteurs, menteurs. Mensonges renforcés par votre fierté et vos craintes. Vous avez peur d’être seuls et craignez encore plus d’être accompagnés. Vous êtes pitoyables, pitoyables. T’en as vu d’autres, des immortels comme vous, et ils étaient bien rares ceux qui fonctionnaient aussi mal. Vous êtes pas capables de vous parler, pas capables de vous supporter. Vous désirez les autres, mais les repoussez à bout de bras s’ils essaient de s’approcher. Vous avez été trop blessés et écorchés par vos vies pour savoir comment communiquer. Et même dans votre solitude, vous réagissez différemment. James et Dorothy s'accrochent l’un à l’autre comme si leur santé mentale en dépendait, sans pour autant être parfaitement honnête entre eux. Et Ivan et toi vous vous tenez au milieu d’un précipice et comptez les secondes avant que le sol ne se dérobe sous vos pieds. Vous voulez tous, mais refusez de vous ouvrir. Tu le sais, vous le savez, c’est l’éléphant de votre constellation. C’est pour ça que tu es là, après tout. Dans un recoin égoïste de ton être, t’as envie d’être proche d’Ivàn, a envie d’être importante pour quelqu’un. C’est pour ça que tu es là, après tout. Parce que tu sais que dans un recoin encore plus sombre que le tien, lui non plus il a pas envie d’être seul. Vous êtes pitoyables, si ridiculement pitoyables. Incapables de parler et incapable de partir, vous êtes tous les quatre coincés dans une boucle sans fin de silence et d’incertitude fière.

Tu manges, tu ne le regardes plus. Trop de contact trop vite. Tu respires tellement bien que tes poumons te donnent l’impression de brûler. Tu manges alors, tu te distrais avec la nourriture qu’il a déposé devant toi. Tu te mens en te disant que le geste ne te tord pas l’estomac. Entre deux bouchées, tu demandes calmement s’il te faudra passer par la porte arrière quand tu sortiras. Tu veux pas gêner plus que tu ne le fais déjà, t’as pas envie de te faire jeter comme une malpropre, préfère encore partir selon tes propres règles. La solitude imposée est toujours plus supportable que le rejet. Mais il te dit que sa femme n’est pas là du week-end et tu prends l’invitation pour ce qu’elle est : tu passeras par la porte d’entrée. Tu hoches simplement la tête, tu ne commentes pas, tu ne dis rien. Vous marchez au silence, après tout. Il continue de parler, pourtant, Ivàn, son regard ne te lâche pas alors qu’il décrit les coins les plus intéressants de sa maison. Tu lèves le regard, croises le sien et fronces les sourcils. “Well, there goes my fun. What’s the point of robbing you now, if I already know where are your fun parts ?” que tu grinces doucement, l’humour toujours aussi difficile pour toi. Addict aux sensations fortes, ce n’est pas le butin qui te fait envie, mais bien la chasse. Plus que la récompense, tu aimes la chasse et la préparation. T’aimes ces longues heures à réfléchir et à planifier. T’aimes l’infiltration et la fuite. Les biens que tu récupères ensuite ne sont que les souvenirs de ces moments, des photographies seulement visibles pour tes yeux. Alors qu’Ivan te donne directement l’indication de ses trésors, ouais, il te coupe parfaitement tout ton intérêt. T’as aucune intention de le voler de toute façon, t’en vois pas la peine, n’en trouves pas la moindre envie. Tu voleras jamais ta constellation. “But I’ll sure come and take them, when I’ll need the money, thanks.”

Le silence retombe et tu finis lentement ton assiette. C’est bon, même si ça manque cruellement de viande et d’alcool. D’épices aussi, mais tu supposes que ton estomac est content du changement. Dans la pièce, n’y a plus que le bruit d’une cigarette qu’on tire et celui de couverts utilisés. Le silence entre vous est complet et total et en lui, résonne ce lien qui vous lie depuis des siècles. Tu le sens pulser, sens les murs que vous vous êtes chacun érigés. Tu sens les fissures, les crevasses, les trous par lesquels vous pourriez vous infiltrer mais que jamais vous n’oserez approcher. C’est plus facile de prétendre que de tenter. T’as peur du changement, peur du rejet, peur de perdre tout en demandant plus. T’es plus terrifiée qu’une gamine sous son lit. Il se lève, Ivan, il coupe court à ta noyade personnelle. Tu lèves les yeux et le suis un instant, avant de nouveau baisser le regard. T’as fini de manger, à présent, c’est maintenant le temps pour toi de partir avant qu’il ne te le demande. Tu t’apprêtes à te lever, quand parvient à tes oreilles de la musique. Tu t’arrêtes, tournes la tête d’un air curieux. Un verre d’alcool à la bouche, il se rapproche de toi, avant de s’arrêter à ta hauteur. Tu fronces doucement des sourcils, le regardant d’un air interrogatif. Il ne dit rien, se contentant de te regarder tout en posant son verre près de toi. Tu suis la boisson du regard, te demande si elle est pour toi. Tes doigts commencent à trembler sous l’envie de t’en saisir. Un flingue apparaît dans ton champ de vision, bientôt suivi d’une alliance. Une main attrape le verre et t’arrache à l’envie de t’en saisir. Tu regardes de nouveau le brun, le vois reprendre sa place en face de toi. T’es toujours sur ton siège, perplexes de son attitude. Il annonce t’avoir convoqué la scène parfaite pour un vol et, tu peux pas t’en empêcher, tu renifles à ça. “How romantic of you.” grinces-tu de nouveau, une lueur amusée au fond du regard. Mais il te propose une autre forme de jeu et tu t’arrêtes perplexe. Tu l’observes bien fixement, Ivan. Tu vois la tension dans son corps, tu vois le noircissement de tes yeux, tu vois l'appréhension et l’attente. Il veut quelque chose sans savoir comment demander, sans savoir ce qu’il recherche. T’as envie de rire à t’en écorcher la gorge, vous êtes deux connards perdu en pleine brume qui n’osent pas demander leur chemin ou encore s’aider. “No killing.” que tu rétorques, coupant court au silence qui s’est installé. Pas de mort. Tu veux pas le tuer, le brun. T’es plus capable de tuer ta constellation, plus capable de sentir ces morceaux de toi-même disparaître. T’es juste plus capable. “But I wouldn’t mind playing a bit with you, Van. You’re the only one that knows how to get me entertained long enough.” Mots presque innocents ne relevant aucune connotation, tu dis simplement la vérité. Il connaît certains de tes goûts, comme tu connais certains des siens.
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