Don't cover your heart • salim

[001] Malgré son grand âge, Salim s'est évertué à suivre la modernité grandissante et le progrès technologique. Bien qu'encore largué sur quelques sujets trop pointus, il est tout à fait capable de se débrouiller avec un ordinateur ou un smartphone, au contraire de certains de ses congénères plus âgés.
[002] En dépit de sa vie mortelle jonchées de difficultés l'ayant poussé au crime, sa renaissance lui a permis d'entrevoir le monde sous un jour nouveau. Son cœur s'est empli d'une lumière salvatrice à l'instant même où sa blessure s'est refermée. Se sentant choisi par le divin, béni de spiritualité, de foi et d'éveil à l'autre, Salim prêche aujourd'hui sa sagesse à qui veut bien l'entendre, à qui veut bien accepter de l'écouter. Malgré son inclinaison vers les fables de l'Hydre au tout début de sa pérégrination immortelle, il demeure aujourd'hui un homme ouvert à la paix, à la tendresse et au bonheur de toutes formes de vie, peu importe sa durée d'existence sur terre.
[003] Sa curiosité s'est accrue avec les siècles. Il a appris à lire et écrire aux côtés de précepteurs d'autres pays. Son amour des livres a grandi avec le temps. Il parle et comprend aujourd'hui couramment l'anglais, le grecque ancien, l'allemand, le français, le japonais, le russe, le chinois mandarin et l'arabe moderne. Ses capacités polyglottes lui ont permis de d'apprendre auprès de grands intellectuels d'époques diverses, le regard toujours piqué de l'enthousiasme d'un enfant terriblement curieux.
[004] Au sujet des enfants, d'ailleurs, Salim apprécie leur compagnie et leur innocence. Il ne rechigne jamais à l'idée de s'en occuper, ou de leur apprendre à leur tour quelques beautés du monde dont il a été témoin. Il sait, par expérience, que les grands de demains sont les têtes fragiles d'aujourd'hui. Aussi, son caractère protecteur le pousse à prendre soin des plus jeunes dés qu'il en a l'occasion.
[005] Il n'a jamais cherché à fouiller dans son passé biologique. Il ne s'est tenu qu'à la version qu'on lui a donné, et avec laquelle il a été élevé. Il n'a cependant aucun grief contre sa mère, et reste persuadé qu'elle n'a agi que dans son intérêt avant de s'ôter la vie. La notion de famille ne se résume absolument pas au sang pour lui, et à ses yeux, les liens filiaux ne valent parfois rien face à l'affection sincère ressenti envers des étrangers. Ainsi, son clan, les siens, sa constellation, ce sont eux les véritables membres de sa fratrie.
[006] Il est à noter qu'il possède une étrange affinité avec les animaux, en particulier les canidés, et ce, bien avant sa renaissance en tant qu'immortel. Sans savoir pourquoi ni comment, mais il semble les comprendre bien mieux que certains autres humains, et se trouve toujours apaisé en leur compagnie.
[007] Grand amateur de calme et de volupté sereine, rien ne lui plaît plus qu'un moment de silence ponctué d'une méditation profonde. Ce besoin est tel qu'il semble pourvu d'une forme de misophonie sévère accentuée avec les siècles, et les lieux trop bruyants sont une vraie torture pour lui. Les discothèques et autres boîtes assourdissantes, clairement, ce n'est pas sa tasse de thé.
[008] Empathique à l'extrême, ce sens particulier est développé par son don de clairvoyance. Il ne pense qu'aux autres avant lui-même, se remettant souvent en question et se dépassant plus que tout pour subvenir aux besoins des plus démunis. Son métier actuel, qu'il pratique depuis quelques années maintenant, lui permet d'assouvir cette mission somme toute personnelle.
[009] Il n'a jamais oublié le visage de celui qui lui ôta la vie pour la première fois, un croisé d'une trentaine d'années de l'armée de Balian d'Ibelin, durant la bataille de Jérusalem en 1187. Les traits sont gravés dans son âme et dans son esprit jusqu'à son dernier souffle d'éternel errant. Il éprouve des sentiments mitigés pour cette action précise, ne sachant s'il doit le haïr ou le remercier, et n'a jamais chercher à le recroiser par pudeur, même quelques heures après être revenu à la vie. Peut-être éprouve-t-il encore une certaine forme de peur douloureuse quand il y repense, mais en tout les cas, aucunes autres morts de Salim ne fût plus dure que celle-ci. Cependant, au fil d'échanges épistolaires avec ce dernier au fil des siècles, tout en finesse et tendresse, il tend à changer son ressenti pour une expression bien plus romantique...
[010] La notion de mort et de spiritualité lui sont intrinsèquement liées. Il est fasciné par le grand Après, cet instant qu'il n'a entrevu qu'en parti avant d'être ramené parmi les Hommes par une force plus grande que lui. Salim reste persuadé que ce fameux « gêne de l'immortalité » est, outre une évolution purement biologique, avant tout une œuvre d'un Divin inexpliqué. Cela reste son opinion cependant et il ne l'impose à personne d'autre qu'à lui-même.