intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 wedding march for a bullet (hiyori)

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(#) wedding march for a bullet (hiyori)    Lun 28 Déc - 16:29

Cordelia est confortablement installée dans sa méridienne émeraude. Ses phalanges valsent distraitement avec les pages d'une vieille revue scientifique, tandis qu'elle se ressert mécaniquement un verre de vin. Si elle avait été un homme, on aurait qualifié cet appartement osmanien de garçonnière. A la jauger, on croirait d'ailleurs qu'elle appartient toute entière au lieu, ou que son âme lui a été léguée, or elle n'a déposé bagages qu'au matin même. En réalité, elle n'aime pas tellement Paris (trop sale, trop malpolie, trop... Paris), mais la ville est l'un des centres névralgiques des affaires du Conclave en Europe, et de fait, l'une de ses destinations de prédilection.

Aujourd'hui, ce sont des pressions plus personnelles qui l'amènent. Lazarus. Hiyori. Les miettes de son arrivée sur la capitale française ont été correctement égrainées de sorte à que son (ancienne ?) amante en récupère quelques bourgeons. Cordelia espère qu'on remarquera l'évidence, et qu'on la prendra pour un désir de renouer plus que pour le début d'un piège.
Quand est une question moins importante que pourquoi. Cordelia aurait pu, oui, si elle l'avait voulu, gommer ses traces, arriver même fantôme, sans que personne ne puisse vraiment la placer sur aucune carte. Si ça avait été le cas, elle n'aurait pas eu l'audace de s'arrêter ici. Le lieu du crime de son adultère. La pensée zèbre à peine son crâne que des notes amères se mêlent aux arômes du vin.

Depuis que l'éternité s'est occupée de raviver haine sempiternelle et égo mal placé pour mieux séparer Cordelia et Hiyori, les serrures ont changé dans l'orgueil hâtif, avec elles, le nom de l'interphone et le discours du concierge. Cela dit, les semaines ont passé, et la première s'est à peu près résolue à l'idée qu'il lui faudrait bien se venger de l'affront. De la honte. Qu'il lui faudrait expier le péché d'une façon ou d'une autre. Sa tête au bout d'une pique aurait pu être une compensation suffisante pour Lazarus. Mais non. Et il a raison. S'il avait été à sa place, et elle à la sienne, elle n'en aurait pas demandé moins, et plutôt davantage. C'est même, finalement, le retour de l'ordre naturel des choses : elle qui ramène Hiyori aux laboratoires Amaranth Pharmaceuticals pour en tirer ce qu'ils n'auront pas eu le temps de tirer de leur sujet zéro. Et, plus que de poster des snipers à tous les mètres de rues du bloc, Cordelia espère convaincre Hiyori de venir d'elle-même. Pour une fois, elle souhaite que les choses soient réglées dans le silence, sans esclandre et sans l'éclabousser plus qu'elle n'est déjà souillée.

Ce soir, demain, dans une semaine ou dans huit, Hiyori finira par venir, Cordelia le sait, Cordelia le sent jusque dans les artères de son cœur charbonné et de ses instincts carnaires.

La chasse commence.
Et elle a soif. De Hiyori. De son être. De son sang. De son éternité.
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Lun 28 Déc - 19:42


( theme )
Dans un fracas de métal cliquetant, un sac à main pénètre sur le palier avant la fille. L’épaule sur laquelle le bout de tissu balance et qui pousse sur la porte de l’ascenseur avec une brutalité pleine de maladresse et de difficulté appartient à une jolie femme – plutôt dans ses standards –, pas tout à fait trente ans, pas plus de cinquante kilos détrempée, et de longs cheveux blonds – pas sa couleur naturelle mais il aime assez. Elle s’avance sur des talons manifestement trop hauts, manifestement ivre. Avec ses écouteurs plantés dans les oreilles, elle ne l’entend pas. En fait, elle ne semble même pas s’apercevoir qu’il est là. C’est comme ça, les filles d’aujourd’hui ; un peu garces, parfois splendides, rarement d’accord et souvent aussi gourdes qu’elles sont débauchées. En les sortant de son sac, elle fait tomber ses clefs par terre et il se penche spontanément pour les ramasser. Il a seulement le temps de cligner des yeux que le kaiken et ses quinze centimètres de lame polie tombent de la manche dans la paume et lui entre, côté gauche, dans la poitrine. Elle est étonnamment puissante pour sa taille et le retient de s’écrouler. « En souvenir de Mikura, il croit entendre qu’elle lui souffle en anglais dans l’oreille. »

Hiyori est forcée de laisser la lame en place, sans quoi le sang se mettrait à dégueuler partout. Du reste, voilà qui évite bien opportunément à sa victime de mourir sur-le-champ. Elle l’entraîne jusqu’à l’armoire technique (une spécificité des parties communes dont on sous-estime trop souvent la valeur moins technique), en fait sauter le verrou et pousse son tetris humain à l’intérieur. Il se vautre sous les compteurs, les tuyaux et les gaines dont ils n’ont aucune idée d’à quoi ils peuvent servir en dehors de planquer un macchabée. À côté de lui, elle jette son sac après en avoir prélevé un higonokami plié en deux. Enfin, elle ôte le kaiken de la plaie, plante un baiser sur son front et referme les portes sur lui.  

Pour sûr, il est mort avant qu’elle ait commencé à grimper vers l’étage au-dessus. Celui qui l’intéresse.

C’était une invitation. Les miettes, glanées comme une putain de collection sacrée, étaient assez limpides pour être déchiffrées d’Hiyori. Le manifeste des passagers ; les coordonnées GPS du VTC ; le mouvement de connards du Conclave Écarlate comme le gentleman qu’elle vient d’assoupir pour toujours. Sans en avoir l’air, ce sont des données faciles à maquiller, ou carrément à effacer. À plus ou moins longue échéance, Hiyori finit toujours par localiser Cordelia quelque part sur le globe. Pour quelqu’un qui existe vraiment, il est presque impossible de disparaître vraiment. Or, cette fois, les données étaient tellement précises, d’un timing si chirurgical, que ça ne pouvait rien avoir d’hasardeux. Au demeurant, Hiyori est trop bien placée pour savoir que le hasard n’existe pas.  

Sur le palier désert, la porte de l’appartement est laissée ouverte. Quelle imprudence, souffleraient certains. Vous voyez bien que c’est une invitation, elle leur rétorquerait.

La nippone entre aussi naturellement que si c’était chez elle – ce que cet endroit ne saurait être moins. « Toc toc, qui est là… ? dit-elle dans un français à peine intelligible. » Sauf qu’elle éclate de rire. Rangées, les lames. Évanoui, son air perdu. Elle s’avance au beau milieu d’un piège à loup avec une extrême conscience du danger et, en même temps, une inconscience tout à fait bravache. Cet homme, un niveau en-dessous, n’est pas le seul dans le bâtiment. Sans doute pourrait-elle en tuer plusieurs mais, à la fin, ils réussiraient à l’abattre comme un chien. D’une façon des plus bizarres, Hiyori est curieuse de voir ça.
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Mar 29 Déc - 1:35

La porte qui grince l'alerte d'une intrusion avant que la voix de Hiyori ne lui parvienne tout à fait. Cordelia fait pourtant comme si de rien, ne bouge pas ni ne réagit. Elle attend. Simplement. Qu'on se présente. Et de préférence, à ses pieds.
Une nouvelle gorgée de vin est apportée aux lèvres, tandis que le regard acéré plante la silhouette qui fait geindre le plancher devant elle. Il lui faut rassembler tout ce qu'elle a de contrôle de soi pour ne pas se lever dans la seconde et cribler le corps de balles. Elle réussit même à lui tirer son plus beau sourire (cannibale, s'il en est), et à y planquer ses humeurs gâtées.

Cordelia voudrait lui poser mille questions. Mais, maintenant que l'éternité a mieux révélé le gouffre qui les sépare, rien de tout ça ne compte plus vraiment. D'autant que le brasier de la cage thoracique crépite dangereusement, alimenté par un égo furieux et une haine plus intime qu'elle ne voudra jamais l'admettre. Quand elle remarque (trop tard) que sa poigne s'est embourbée dans le papier froissé, Cordelia jette ce qu'il reste de la revue sur la table basse, et se relève dans un calme qui annonce forcément une tempête.

« Je te préférais mortelle. Annonce-t-elle d'un ton calibré pour la neutralité. »

Peut-être que Hiyori l'est. Cordelia n'a aucune preuve formelle du contraire. Elle crève d'envie de lui ficher une balle au front pour s'en assurer. Mais aujourd'hui, elle est moins là pour elle(s) que pour se racheter à Lazarus. Au Conclave tout entier. A elle-même, pour commencer. Si elle joue ses cartes correctement, ils pourraient n'avoir plus jamais besoin de chasser après des cobayes. Car il n'y en a guère que deux types qui ne fuient  pas : les morts et les volontaires. De deux pas, ou trois, Cordelia comble la distance. Il doit rester moins de quinze centimètres entre elles. Ses doigts flottent au dessus de la joue sans se poser. Elle voit toujours ce qui lui a plu, chez Hiyori. Comme le rappel mortel d'un échec qui lui reste gravé en travers de l'égo. Quel dommage. Son sourire encoche davantage ses lèvres.

« J'ai une question. Dix, en fait. Mais surtout une. »

Le ton badine. On dirait qu'elle lance une sorte de jeu dont elle est la seule à connaître les règles. Les pupilles bien dans les pupilles, ses phalanges descendant au cou, et cette fois, frôle la peau. Oh, elle prend au sérieux la potentielle menace que représente Hiyori. C'est juste que, dans un coin de sa tête, Cordelia est au moins à demi persuadée que ce n'est pas une menace pour elle. Pas tellement. Pas encore. Il y a quelque chose là et ça de son amante qu'elle n'arrive pas tout à fait à ordonner, ou à concevoir. Et des gens qu'elle n'arrive pas à décrypter, ils ne sont pas tant.

« Pourquoi je suis en vie ? »

Dans une position telle que la sienne, la moindre erreur est fatale. Celle-ci aurait dû l'être. Fatale. Et pourtant, la voila, sa tête toujours rattachée à son cou, et ses poumons plein d'un orgueil à vif.  

« Soit tu es une piètre exécutrice... Marque-t-elle d'un soubresaut de rire. Soit... »

Cette fois, la pause est définitive. Elle attend qu'on complète à son endroit. Ses yeux descendent le long du visage, égorgent le cou, avant de remonter à leurs adversaires. Son objectif bien fiché au fond de sa suffisance, le sourire devient une ombre, puis s'efface pour laisser gronder l'orage aux iris. 

« Pourquoi ?... Pourquoi tu me fais endurer ça, Hiyori ? »

La voix se brise quelque part entre la colère et la tristesse. Les interstices du faux et du vrai se mélangent, comme de former le piège parfait.  
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Mar 29 Déc - 12:28

Hiyori déboucle ses chaussures et les abandonne, talons aiguilles emmêlés, sous une petite console en acajou d’une adorable prétention jusque dans les dorures. La sensation du parquet ciré sous ses orteils la fait sourire ; elle a l’impression de filer comme de l’eau au fur et à mesure de l’entrée puis, immédiatement, du salon. Cordelia est là. Bien sûr qu’elle est là, occupée à l’attendre – encore qu’il soit impossible de déterminer depuis combien de temps et avec quel degré de préparation. Instinctivement, Hiyori inspecte les abords en rangeant prudemment ses écouteurs ; pas de clébards de guerre en vue ; pas d’armes disposées à portée ou, en tous les cas, pas visibles. De toute façon, elle est toujours la plus rapide alors, à moins de débouler en nombre comme à Shiroyama, l’ordre naturel des forces sera maintenu. Si Cordelia est d’une intelligence aussi fine que ce qu’on se raconte du bout des lèvres, alors c’est la tactique qu’elle aura préparée. Sinon, elle sera seule et incroyablement vulnérable. Confiante mais vulnérable.

La haine de la mortelle est palpable. L’atmosphère s’alourdit de seconde en seconde depuis le moment où l’autre femme est entrée. C’est chargé d’une détestation systématique et bien ordonnée, qu’on peut pratiquement sentir rejaillir la haine de générations entières vouées à s’entre-tuer. Et, Hiyori, qu’en fait-elle ? Elle sourit. La risette s’étale de part en part de la bouche, mais il n’y a rien de victorieux là-dedans. Elle a la gueule de ces chiens ravis que leur maître ait appelé. En fait, elle ne bouge plus du tout. Le calme de Cordelia est saisissant et Hiyori l’observe une bonne minute avec l’air de tranquillité d’une néo-religion.

« Je te préférais mortelle, annonce l’américaine. » Le minima d’auto-défense exige de rétorquer quelque chose comme qui te dit que je ne le suis pas ? cependant que, naturellement, c’est une question qui condamne dès qu’on est en mesure de la poser. Hiyori entrouvre les lèvres mais Cordelia marche déjà sur elle. Et l’idiote d’immortelle frissonne – jamais de peur. « J’ai une question, dit encore l’américaine tandis qu’Hiyori love sa joue dans la chaleur de la main montée à  hauteur de son visage. Dix, en fait. Mais surtout une. » « Je t’écoute, rétorque la japonaise dans un souffle. » Hiyori essaie de deviner mais la réponse est, somme toute, évidente : pourquoi est-elle encore en vie ? Et c’est une excellente question quand on sait qu’il faudrait sept secondes à l’immortelle pour trépaner sa victime à l’aide du stylo laissé sur la table basse. Le Conclave Écarlate aurait une drôle d’allure avec une sorte de pantin désarticulé à sa tête.

Oh, Hiyori n’est pas une piètre exécutrice. Elle domine même son sujet. S’il avait été dans les plans de l’Ordre de l’Hydre que Cordelia Fawkes trouve brutalement la mort, un soir de juillet ou un petit matin d’un 12 d’une année pair, il n’y aurait sans doute même pas de quoi pratiquer une véritable autopsie sur le corps. En vérité, si Hiyori avait été sous leurs ordres, oui, peut-être… C’est sans compter une initiative toute personnelle, qu’apparemment on est incapable de soupçonner. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Contrairement à son français, l’anglais d’Hiyori est très correct. La langue, jadis colonisatrice, s’est avérée excessivement facile à assimiler ; plus quelques cours sur le vif. « Tu ne te sens pas bien ? » Sans une once de prudence apparente, la japonaise s’approche encore. Leurs deux corps se touchent, à présent, et les phalanges d’Hiyori grimpent à la mâchoire avec un air soucieux sur la figure. « Quelqu’un t’a fait du mal ? »

Son inquiétude pue la sincérité. Et c’est précisément, tout est précisément à propos de cette sincérité si convaincante, cette sincérité qui a si bien convaincu.
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Mer 30 Déc - 20:02

Cordelia ne s'attend pas à ce qu'on nie si franchement l'évidence. Hiyori a des nerfs et du culot, elle lui accorde au moins ça. Aux corps qui se rapprochent davantage, et au sien qui ne recule pas, elle a pourtant très envie de céder à cette bête de candeur. Même de la dévorer toute entière. Peut-être autant que de presser la gorge pour observer la non-mort. La vérité, c'est que Hiyori pourrait lui servir toutes les vérités du monde, à n'importe quelle sauce, que Cordelia n'y croirait plus. Sa confiance tire quasiment tout ce qu'elle a d'avarice, et son jeune frère, l'orgueil, pousse également en ce sens.

« Tu devrais le savoir... Se contente-t-elle de lâcher quelques syllabes acides. »

Cordelia note qu'on ne répond pas à la question. A aucune d'entre elles. Mais soit, elle jouera avec la main qu'on lui a distribuée. Ses bras se referment autour de Hiyori dans une étreinte mi-serpent mi-affective. A serrer, et serrer davantage, tandis que son menton passe au dessus de l'épaule. De là où on se trouve, sûrement qu'on est capable de ressentir toutes les crevasses de sa fureur et de sa morgue.

« Tu devrais le savoir. Souffle-t-elle encore contre l'oreille à la manière d'une dague plongée en plein cœur. »

La voix menace, craquelle, et d'un seul coup, la tempête cesse, comme si la rancœur s'était annulée d'elle-même en culminant trop haut, ou que la chaleur des corps l'avait soudain paralysée. Il se passe une bonne minute ou seulement une seconde où Cordelia hume le calme et la sorte d'anomalie bâtarde qui la lie à Hiyori. Elle ne sait toujours pas lui mettre de nom mais, contrairement aux honneurs ou aux fiertés, on ne donne pas de nom aux erreurs : le plus souvent, on les efface, et de préférence à jamais. Car plus que n'importe qui, Cordelia ne supporte pas l'échec. Et dès lors qu'elle pose les yeux sur Hiyori, c'est tout ce qu'elle arrive à percevoir : l'échec. Son propre échec. La trace indélébile de son humanité faillible.

Ses deux paumes poussent contre les épaules, et font s'éloigner brutalement les corps. Elle, en tous les cas, recule de quelques pas et jauge à la manière d'un rapace aux instincts bisqués, à la fois désireuse de fendre et trop consciente qu'il lui faut seulement l'appâter assez.

« Ne t'avise plus de me mentir, ou de faire les choses derrière mon dos. » 

Le brasier se ravive aussi vite qu'il s'est éteint. Cordelia fulmine. Elle pourrait presser le bouton logé sur le revers de son col, et voir débouler une marée de ses plus fidèles soldats. Elle se l'imagine faire à chaque seconde, et chaque seconde, elle imagine le chaos que ça pourrait être, avant de se persuader qu'il y aurait quelque chose de bien plus gratifiant, de plus pur et providentiel, à simplement saisir la main de Hiyori, et à l'emmener volontairement avec elle de l'autre côté de l'Atlantique. Non comme une amante, ou même un être humain, mais comme une chose. Sa chose. Comme le monde est son monde.

« Mes positions sont trop fragiles pour qu'on continue à se voir. Et puisque tu ne sembles pas prête à répondre ou à m'aider, je pense qu'il serait plus sage que tu t'en ailles. Pour de bon, cette fois. »

Faire mine de sectionner les relations de manière plus propre et moins hâtive que la fois dernière pour agiter le spectre du définitif. S'il y a quelque chose à réveiller chez Hiyori, il se réveillera. Cordelia est d'autant plus crédible qu'elle est sincèrement affectée par l'histoire. Passionnément en colère, et terriblement déçue, quoiqu'humiliée serait également un mot seyant.

« Je ne peux pas me permettre de dispenser du temps pour quelqu'un (entendez immortel·le) qui, même sans rien m'apporter, cherche à me saboter. » 

La voix est ivre de rage, bercée par des notes rauques et aigues toutes à la fois. Elle a été stupide. Elle ne refera pas la même erreur.

« Je croyais en toi, Hiyori. »  
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Mer 30 Déc - 23:30

Hiyori devrait le savoir. Et le fait est qu’elle le sait. Mais elle s’en fiche.

Lentement, à la limite du perceptible, et jusqu’à ce que Cordelia ne puisse plus le voir du tout, la figure d’Hiyori se dépouille de son expression d’inquiétude et de confusion, elle abandonne tous les masques d’empathie. Elle est là, immortelle et glaciale, rancunière et grandiose, insensible, droite et meurtrière. Avec une tendresse non feinte, elle rend son étreinte au gaki à face humaine, ce démon de chair putréfiée et de sang vicié, toujours affamé, tellement puissant autour de son corps et, en même temps, totalement périssable et déjà caduc. Une vie, une vie humaine (et non pas spirituelle), c’est drôle comme ça s’arrête tout net. Il suffit de le vouloir. Le kaiken, gentiment retourné à sa cachette, gratte méchamment sous la manche. Une voix intérieure, profonde et langoureuse, lui chuchote que ça ne prendra qu’une seconde. Cordelia ne le sentira même pas. Contrairement à Hiyori, qui sent tout, avec force détails, qui hume les effluves, le parfum, le shampoing, l’encre, avec cette gourmandise inepte et inconsciente. Cordelia lui veut du mal, beaucoup de mal. Pourtant, l’immortelle serre plus fort à son tour. Il faut que cela dure. Il faut que cela comble tout ce qui a manqué. Dans sa propre poitrine, Hiyori peut sentir les battements adverses. Pour elle, ils sonnent irréguliers – de haine, de désir, de peur ? – mais ses sens ne peuvent aller jusque-là. Elle imagine. C’est délectable d’imaginer ce magma de sentiments, sans doute violents, incontrôlables mais que, précisément, Cordelia s’ingénie à contrôler.

Inexplicablement, le rejet lui fait mal au cœur (à son substitut de cœur). À la manière d’une jeune fille répudiée, Hiyori se prend les mains l’une dans l’autre mais ne fait aucun geste en direction de Cordelia. Ses mèches lui retombent devant les yeux. Puisqu’on la gronde, elle joue à être grondée. « Ne t'avise plus de me mentir, reprend l’américaine comme si elles étaient susceptibles d’une prochaine fois, ou de faire les choses derrière mon dos. » Hiyori hausse les épaules. « Toi non plus tu n’as pas dit qui tu étais, renifle-t-elle. » Comment était-elle censée savoir… ? Pourquoi aurait-elle soupçonné que son immortalité finirait par devenir un problème… ? Son léger rictus de connasse tout à fait lucide minaude gaiement pour elle : « Ne fais pas ça, elle ajoute à la hâte. » Mais c’est déjà trop tard : Cordelia prononce chacun des mots qu’il est pénible à Hiyori d’entendre. Elle veut la revoir. Elle veut la revoir un millier de fois. La prendre dans ses bras. Sentir ses lèvres. Lui faire l’amour. Et partager avec Lazarus, sans émoi. « Je ne cherche pas à te saboter… » Hiyori parle très vite, et c’est moitié le mensonge pathologique (toujours salvateur, nettement plus rapide que le restant de son intelligence et calibré sur le seul instinct) moitié la lie de ses pensées véritables. La japonaise ne s’explique ni comment ni pourquoi et, en un sens, elle sait aussi que ça ne durera pas ; elle tuera Cordelia, il le faudra bien, mais pourquoi ne pas surseoir à l’exécution encore un peu… ? Rien qu’un petit moment où elles feront semblant. « À qui tu espères faire croire ça ? » Je croyais en toi, Hiyori. C’est ce que Cordelia a dit et l’autre a feint de laisser un silence pesant, extrêmement solennel, s’installer. C’est pourtant d’une démarche allègre, sur la pointe des pieds, comme une danseuse, qu’elle déambule dans le salon. Elle s’assoit sur le bord de la méridienne, les jambes ramenés en tailleur. « Tu n’es pas blessée. » Le ton est de sentence. « Du moins, pas là. » L’index touche la poitrine à l’endroit du myocarde. « Quelque part… (L’index avise Cordelia sans paraître trouver un point sur lequel se fixer.) J'ignore où se trouve l’orgueil. Partout, sûrement, chez toi. » Ça ne sonne même pas comme un reproche. Hiyori inspire profondément, lorgne après le magazine que Cordelia feuilletait quand elle est entrée. « L’ego, ça repousse. Des tas de trucs repoussent… Et d’autres tas, nan. » Ce même sourire de connasse tout à fait lucide, mais cette fois en plus franc. « On va pas arrêter pour une histoire d'ego, si ? »
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Jeu 31 Déc - 1:47

Cordelia ne croit rien de ce que Hiyori lui dit. Et Hiyori ne croit rien de ce que Cordelia lui dit. C'est un excellent jeu de dupes, mais aucune ne l'est.

L'espace d'un court instant, la mortelle est tentée de déverser l'ire brute et corrosive sans s'encombrer de moule ou d'artifices. Le problème, le véritable, c'est qu'elle est incapable de déchiffrer les réactions à l'avance. Hiyori est une énigme, fluctuante et ignorante à sa propre façon. On pourrait lui répondre chaud une seconde, et froid la suivante que ça ne l'étonnerait guère. Cordelia est d'ailleurs à se demander s'il s'agit d'un acte, ou si l'on est, somme toute, aussi... Naïve qu'on le prétend. Il doit y en avoir une part, là, quelque part, nichée à épaule égale avec le flair rare dont on fait parfois montre.

Son regard bleu métal suit la silhouette de Hiyori, puis le bout de son doigt. Sans que Cordelia ne s'en rende tout à fait compte, pas tout de suite et pas assez vite, le contrôle lui glisse lentement des mains. Lorsque les conclusions lui parviennent enfin, les siennes et celles de son amante, un rire mi-nerveux mi-caustique filtre d'entre ses lèvres.

« Tu as raison. Concède-t-elle à la façon d'un ennemi qui tente la reddition pour mieux retrouver l'opportunité de poignarder. » 

Son orgueil ainsi pointé exacerbe tout ce qu'elle couve de pire et de profondément mauvais.

« Je ne suis pas blessée. Je suis en sursis. Appuie-t-elle d'un air grave. » 

Cordelia attrape le doigt accusateur. Alors même qu'elle laisse songer à un mouvement de rejet, la voila finalement qui s'agenouille près de Hiyori. Les yeux aux yeux, et la main attirée contre le côté gauche de sa poitrine, le feu de sa fureur s'est quelque peu étouffé dans ses propres cendres, mais n'en demeure pas moins destructeur.

« Je suis Cordelia Fawkes. »

Elle rajoute comme si ça voulait tout dire. Et pour elle, c'est le cas. Cordelia Fawkes chasse les immortels. Cordelia Fawkes est à la tête du Conclave. Cordelia Fawkes est Fawkes. Et Lazarus lui persécute constamment un carré de l'esprit. Ce n'est pas tant du regret, pas tant de l'amour non plus, à son endroit se tient plutôt une sorte de loyauté cruelle, due et mainte fois payée. Aujourd'hui, l'étiquette affiche Hiyori pour prix, et elle compte bien s'acquitter de cette somme. Pour lui, oui, mais surtout pour elle-même : n'est pas né celui qui se jouera impunément de Cordelia Fawkes.

« Et il est absolument hors de question qu'on continue de remettre mon autorité en question à cause d'une vulgaire coucherie ! »

Elle s'emporte, hausse le ton, et ressert douloureusement la main contre sa poitrine. Les corps se sont sensiblement rapprochés, à tel point qu'on doit pouvoir constater de l'ouragan de grogne qui déferle aux pupilles. Pourquoi n'a-t-elle pas déjà renvoyé Hiyori de là d'où elle vient ? Pourquoi ne l'a-t-elle pas non plus déjà emportée ? La question trottine. Hiyori a eu l'occasion de tuer Cordelia. Et Cordelia a eu l'occasion de piéger Hiyori.

« Viens avec moi. Délivre-t-elle l'injonction aux allures d'ultimatum. »

A tout moment, on s'attend à la voir continuer d'un sinon qui ne vient pourtant jamais. Cordelia ne saurait pas tout à fait quantifier les secondes qui s'égrainent en un silence de morgue. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est que la main prisonnière est ramenée à ses lèvres, et qu'une myriade de promesses tissées d'illusions miroitantes flottent entre elles.

Ce qu'elle sait d'autre, c'est qu'elle ramènera Hiyori en Amérique, au Conclave.
Pour toutes les mauvaises raisons.  
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Jeu 31 Déc - 13:14

« Bien sûr que j’ai raison ! qu’elle se congratule aussitôt. »

Il était beaucoup plus simple de se mentir. Et, paradoxalement, cette non-époque était aussi beaucoup plus honnête. Quoi que partiales, parcellaires et sans doute occupées à combler les carences de leurs histoires et personnalités par une dose d’imagination, Hiyori et Cordelia se livraient davantage qu’à cet instant précis, qu’au sein de ce système à entrées multiples, toutes creuses, toutes factices, toutes mortelles. Malheureusement, la vérité leur est contre-intuitive ; peut-être moins à l’immortelle, mais ce n’est pas ainsi qu’elle s’est présentée, introduite dans la main adverse, alors elle est menteuse, pareil, à égalité. Au final, elles se retrouvent à dire des banalités, l’une gentiment à genoux près de l’autre ; Cordelia n’a pas de cœur, que de l’orgueil, et il lui est immensément plus précieux ; Hiyori se fiche éperdument qu’elle ne soit qu’en sursis et auprès de qui. Elle est Cordelia Fawkes, après tout ; elle est froide, implacable et terriblement solide. Alors, et sans bien comprendre, Hiyori cligne des yeux en laissant son toucher s’éprendre joyeusement de la poitrine. Elle est Cordelia Fawkes, gniagniagnia. Tellement importante. Tellement cheffe des mortels qui n’en peuvent plus de n’être que cela. Dans les grandes lignes, Cordelia est surtout limpide. Mais, de temps en temps, il y a quelque chose…  de plus nexplicable. C’est peut-être pour ces enclaves qu’Hiyori s’est prise de passion. Car, en définitive, ce n’est, oui, qu’une vulgaire coucherie. Avec l’ennemie, mais l’ennemie est séduisante. Alors la japonaise menace de dire : est-ce qu’on est obligé de faire comme si c’était important ?

«  Viens avec moi. »

Prise au dépourvu par une sommation aux drôles allures d’invitation, Hiyori éclate de rire après une seconde de sidération. Et de rétorquer aussitôt : « Tu veux pas faire ça ici, plutôt ? » Un long moment, c’est insidieux, cryptique, puis Hiyori exerce un léger mouvement du poignet et le kaiken apparaît au bout de ses doigts. La lame est coincée entre ses phalanges et la garde, quoi qu’elles se tiennent extrêmement proches, est ostensiblement tournée vers Cordelia. « Allez, vas-y, elle insiste comme d'une chose par laquelle il faut passer. » Bien sûr, il y a l’autre, logé tout près, et le fait qu’Hiyori soit au moins trois fois plus rapide que Cordelia. Et, pourtant, elle est curieuse de voir, aussi. Quitte à ce qu’il faille ramener sa jolie petite tête, autant la découper sur ce plancher-ci et s’économiser la longueur du voyage.
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Jeu 31 Déc - 17:41

La lame apparaît, et ses phalanges vont instinctivement pour le manche. Avec précaution. Avec toute la lenteur du monde. Comme s'il s'agissait du plus précieux des trésors. Un sourire carnaire s'étire ça et là des lèvres, alors que les yeux d'un bleu métal se fondent à celui du tranchant. Dix scénarios de meurtre se jouent à la seconde, et pourtant, Cordelia n'esquisse guère qu'un mouvement de recul pour se relever. Elle n'est pas assez stupide pour attaquer, pas assez stupide pour songer à combattre de front. A égalité. Surtout, sans qu'elle l'admette tout à fait, il y a quelque chose en dedans qui voudrait bel et bien voir Hiyori la suivre. Sans faire montre d'aucune résistance. Sans qu'elle n'ait à la blesser dans l'instant. Ses pas l'amènent plus loin dans la pièce, tournent le dos, avant que ses talons ne pivotent à nouveau en direction de l'immortelle. La lame badine entre les phalanges et les mains. Et puis, la tête penche un brin sur le côté tandis que les yeux tombent mieux dans les yeux.

« Je ne cherche pas à te tuer. Brise-t-elle d'une consolation qui n'a que la menace au sein. »

Sinon, ça serait déjà fait. Des deux côtés, d'ailleurs. Pour l'immortelle, il y a certainement pire que la mort. Mourir et revenir. Mourir et revenir. Mourir et revenir, encore. Mourir de tellement de façons différentes qu'il leur faudrait toute une vie pour trouver l'interrupteur du définitif. Y a-t-il seulement un interrupteur ? Les interrogations ricochent à l'intérieur de son crâne et font s'illuminer les pupilles d'une flamme passionnée. Cet appétit là prend bientôt le dessus sur la fureur qui consume toujours les entrailles.

« Ce serait contre-productif. Et même si je le voulais, je ne pourrais pas le faire. » 

Ce simple constat gâte l'orgueil, qui déborde d'entre les côtes et dégueule une amertume rance. Non qu'elle n'en serait pas moralement capable : il est bien peu de choses que la morale de Cordelia Fawkes ne se permette pas de faire. Mais, sans qu'elle ne s'explique pourquoi, elle arrive à percevoir le danger qui ronge la carcasse de Hiyori. Une sorte d'amas flou et indistinct, dont les contours sont impossibles à baliser. Et à chaque fois que Cordelia tend la main, qu'elle s'en approche, elle peut la sentir, rampante, contre sa peau, contre sa gorge et contre ses poumons. Il suffirait qu'on sert, qu'on sert de toutes ses forces pour en extraire la vie, que la mortelle ne s'en rendrait même pas compte. 

Jusqu'ici, Cordelia pouvait se permettre de fermer les yeux.
Ce n'est plus le cas.

« La mort, la définitive, ne serait-elle pas une délivrance, finalement ? » 

Le tranchant de la lame est posé à la base de son cou. Cordelia ne menace pas de se tuer, elle est trop fière pour partir d'une façon aussi lâche, trop pieuse pour n'est-ce qu'envisager le suicide. Le seul péché qui lui serait fatal dans l'immédiat. Le sourire encoche davantage les lèvres avant qu'elle ne baisse la lame dans un soupir las.

« La vérité, c'est que la vie n'est pas un cadeau : c'est une obligation. L'immortalité, en revanche ? » 

L'immortalité n'est pas un cadeau non plus. C'est un caprice. Et là, dans ses pupilles, dans les canines dévoilées en un rictus cruel, le constat est flagrant : c'en est un que Cordelia voudrait rassasier.   
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(#) Re: wedding march for a bullet (hiyori)    Ven 1 Jan - 16:41

En plus de n’être guère étonnée qu’on cache sur soi une arme blanche en plein Paris, l’américaine montre de l’aisance et de la certitude dans la saisie du kaiken – somme toute, elle dégueule du pays de la violence, où il n’est rien de plus naturel que d’aller à s’entretuer pour égayer la bannière étoilée. Hiyori, qui vivait jusque-là de ses hypothèses, en conclue une véritable accointance avec les armes et leur maniement. À quel point… ? Il est difficile de le déterminer sans se battre pour de bon. Or, Cordelia ne frappera pas. Elle est trop intelligente, et valorise sa propre vie.

« Je ne cherche pas à te tuer.
– Ça me soulage !
– Et même si je le voulais, je ne pourrais pas le faire.
– Oui, ça aussi. »

En s’appuyant sur la paume de ses mains, l’immortelle s’étale sur la méridienne. À présent que Cordelia s’est éloignée, Hiyori n’est plus forcée d’être prête. C’est relativement épuisant, d’ailleurs. Avec le Conclave Écarlate, il faut toujours se tenir sur le point de frapper – et, la plupart du temps, le faire. C’est particulièrement ennuyeux quand on cherche seulement la conversation car, pour le reste, Hiyori serait assez ravie – en tous les cas, partante – de les assassiner en série. Parfois, elle se demande le temps que ça prendrait à condition d’avoir la liste de chacun·e d’entre eux : combien de temps il faudrait pour éteindre leur race ? combien de temps pour les décimer toutes et tous ? Sans doute quelques mois. Quelques mois… Est-ce qu’iels s’en rendent compte ? Quelques mois dans la vie d’une immortelle, c’est un gros dimanche dans la leur.

Hiyori est occupée à sourire, d’autant plus fort qu’elle commence à trouver le moment intéressant. À l’origine, elle espérait revoir Cordelia et, peut-être, constater qu’elle avait changé d’avis à propos de cette affaire, de leur affaire. Elle ne le croyait qu’à moitié (qu’au dixième), mais cette moitié-là (ce dixième-là) était plaisante. En fin de compte, l’issue est conventionnelle et confondante de répétition. Rivalité. Mort. Renaissance. Rivalité. Mort. Renaissance. Hiyori pratique elle-même le cycle avec beaucoup d’assiduité. S’il y a un ordre naturel, une chaîne alimentaire, elle est assurément un maillon acharné de la chaîne et plutôt au sommet de la pile. Mais, avec Cordelia, il est censé y avoir une sorte d’entracte. Au lieu de quoi on rivalise, on meurt, on renaît… du moins, l’une des deux est en mesure de le faire en tout et pour tout. Or, lorsqu’on est mort aussi souvent qu’elle, lorsqu’on est revenu à la vie aussi souvent et de la façon ignoble, impropre, dont elle l’a fait, il y a quelque chose d’éminemment indifférent dans le fait de se vider de son sang, de manquer d’oxygène ou toutes les autres manières d’arrêter un cœur qui bat dans sa course.

« La vérité, tranche Hiyori en se jetant sur ses jambes, c’est qu’il n’y a rien de passionnant dans le fait de pas crever. » Elle avance vers Cordelia et, finalement, décrit un arc de cercle tout autour d’elle. La vastitude indécente de cet appartement aide grandement. « La vérité, c’est que je ne sais pas ce que vous trouvez de si génial là-dedans… Et le pire, (Elle revient à sa position initiale et grimpe sur la table basse.) c’est qu'y penser vous prend un temps que vous n’avez même pas. Et ça vous faire dire des conneries comme quoi la vie est une obligation… » Hiyori hausse un peu les sourcils, avise le kaiken du coin de l’œil et patiente, comme au spectacle.

Non, Cordelia n’a aucune idée d’à quel point sa vie n’est pas une obligation.
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