A coffee moment

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA —  Regarde l’heure sur sa montre. Il lui reste encore dix minutes avant d’arriver. S’il n’arrive pas à quinze heures pile poil, elle s’en va. Nobuko n’a pas le temps pour boire un café, à regarder les gens s’activer dans tous les sens dans cette ville monstre. Elle déteste cet endroit, ils salissent et ne respectent rien l’environnement. La neige est vite souillée, écrabouillée. Il n’y a même pas de silence sonore, les gens parlent fort et sont indiscrets. Ils sont trop tactiles et n’ont aucune manière. Elle fait un très grand effort Nobuko pour Chiranth. Alors il n’a pas intérêt à venir en retard ne serait-ce une seconde. Elle n’a toujours pas bu son café, parce qu’elle sait qu’il est insipide. Elle n’a pas voulu prendre du thé non plus, parce que ce n’est pas un salon de thé, c’est un Starbucks et c’est encore pire. Elle a l'impression de faire tâche avec ses beaux vêtements, avec toute la plèbe qui vivent leur insouciante vie.

Elle regarde à nouveau sa montre, cinq minutes. Elle se met à regarder autour d’elle, il n’est pas arrivé en avance. Bien. Qu’il soit en retard, qu’elle puisse partir de là et qu’elle aille à Central Park. Même si elle déteste ce coin-là, c’est un peu plus silencieux et plus vert aussi. Elle ne sait pas pourquoi elle a dit oui à la proposition de Chiranth. Peut-être parce qu’il lui faisait tellement pitié à devoir lui demander ça, à boire un café ensemble. Il lui veut quoi en vrai ? Si c’est pour demander des nouvelles, il peut aller demander des nouvelles à la barista du coin. Nobuko n’a pas envie de faire des conversations bateau, qui tournent autour du pot. Cela ne sert à rien pour elle. Elle n’a vraiment rien à dire sur ça.

Et elle sait qu’il sait. Alors elle se demande ce qu’il peut bien avoir à lui raconter. Si c’est pour parler des histoires de factions ou la recruter, il risque de se retrouver lâché en plein milieu du Starbucks aussi et encore elle reste gentille. Elle soupire et regarde l’heure, ah quelques secondes. Bon, il n’est pas là. Allez, elle va s-

« Bonjour Chiranth. »

Elle cache pas vraiment sa joie de le voir ici.

« Finalement tu es bien plus ponctuel que je ne le pensais. Pile poil à l’heure. »

Bon, elle va lui laisser un peu de bénéfice du doute et être moins mordante alors. Mais elle n’apprécie quand même pas le rendez-vous donné au Starbucks.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA —  Il est bientôt 15h, l’heure fatidique, Chiranth n’en a que trop conscience. Comme la belle Cendrillon, Nobuko risque de lui filer entre les doigts quand les coups de l’horloge auront retenti et c’est tellement rare de la croiser, surtout de ce côté-ci du globe, qu’il ne veut pas prendre le risque. Alors il se presse. Ce n’est pas vraiment inouï dans cette grande ville : les gens pressés, il n’y a presque que ça ici. Il esquive des touristes arrêtés sur le bord du trottoir et qui n’ont pas conscience de la gêne qu’ils représentent à essayer de prendre une photo dans un coin aussi passant et continue sa marche. Bientôt, il quitte le pavé du trottoir pour s’abriter dans un digne représentant de la grande chaîne de café qu’il a choisi comme lieu de rendez-vous. Il n’apprécie pas vraiment la saveur de leurs boissons, mais il sait d’expérience que ce sont dans des endroits aussi fréquentés qu’ils ont le plus de chance de passer inaperçus. C’est là le paradoxe de ce nouveau siècle.

La chaleur lui souffle au visage dès son arrivée dans les lieux et il ne perd pas de temps pour ouvrir son manteau et se débarrasser de ses gants alors qu’il fait sagement la queue. Un macchiato dans la main et plus léger d’une bonne poignée de dollars, il retrouve sans mal Nobuko et s’installe en face d’elle. « Bonjour Chiranth. Finalement tu es bien plus ponctuel que je ne le pensais. Pile poil à l’heure. » Il sourit avec humour face à cette remarque. La ponctualité n’est pas toujours assurée quand il s’agit de lui, mais il apprécie qu’elle note l’effort. « Bonjour à toi aussi, Nobuko. Et loin de moi l’idée de te faire perdre ton temps, voyons. » Il prend une gorgée de son café, bénissant le fait qu’il n’ait pas les sens surdéveloppés. « Je ne m’attendais vraiment pas à te croiser, l’autre jour, mais je dois dire que ça tombe bien pour moi. » Elle n’est pas le genre de femme qu’on invite à partager un café juste pour parler de la pluie, du beau temps et des années qui passent. « Je suis à la recherche de deux trois infos et tu es celle vers qui je pensais me tourner pour tout ça. Je me demandais si tu avais déjà entendu parler de l’épée Kladenets ? » Comme il l’a dit, il n’est pas là pour lui faire perdre son temps et il préfère donc entrer directement dans le vif du sujet. Nobuko n’aime pas les gens qui tournent autour du pot, il a compris ça il y a longtemps déjà.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Bon, elle peut donner une chance à Chiranth sur le coup, parce qu’il s’est vraiment donné la peine d’être ponctuel alors qu’il sait à quel point elle déteste les gens en retard. Elle ne sourit pas du tout, reste sérieuse face à lui.

« Je ne m’attendais vraiment pas à te croiser, l’autre jour, mais je dois dire que ça tombe bien pour moi.
- C’est votre ami qui est mal tombé sur moi. »

En plus, elle note l’effort qu’il a pris de ne pas venir avec son ami, qui est un faux patineur en passant. Vraiment, quel maladroit et encore, il a eu de la chance qu’elle ne l’aie pas découpé en deux. En même temps, ce n’est plus trop la période pour ça. Elle retient un soupir, nostalgique de ces moments-là où elle pouvait se débarrasser d’une personne qui l’agaçait. En tout cas, la phrase de Chiranth l’intrigue parce qu’il a vraiment besoin d’elle ? Assez étonnant, c’est rare de croiser des gens qui ont besoin des services de Nobuko.

«  Je suis à la recherche de deux trois infos et tu es celle vers qui je pensais me tourner pour tout ça. Je me demandais si tu avais déjà entendu parler de l’épée Kladenets ?  »

Elle penche la tête sur le côté, incline le menton et hausse les sourcils. Elle réagit tout de suite Nobuko, montrant sans hésiter sa surprise à ce moment-là.

« Depuis quand tu t’intéresses aux légendes Slaves maintenant ? Tu me surprends de siècles en siècles Chiranth… »

Mais bon, il lui a demandé des informations, alors elle va lui en donner. Après tout, c’est son travail dans le fond et elle y est depuis un moment dans les pays de l’est.

« J’imagine que tu connais déjà l’histoire de base. Mais tout ce qui est étymologie… Kladenets dans une ancienne langue slave qui se rapproche du bulgare veut dire puit. Pour évoquer le torrents de sang. Il y a tant de significations, comme pour dire qu’elle est faite d’acier, ou que cette épée vient d’un roman médiéval de Buovo d’Antona qui parle de l’épée de Chiarenza. Mais il est sûr que cela pour signification que c’est une épée cachée. Dans toutes les histoires légendes slaves, il est dit que cette épée est généralement cachée sous un rocher ou sous un arbre sacré. »

Elle le regarde comme pour sonder ses réactions, elle plisse les yeux. Maintenant qu’elle a donné sa réponse et un peu d’informations là dessus, elle peut lui poser ses questions.

« Pourquoi t’intéresses-tu à cette épée particulièrement ? »
   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA —  En plus d’être tête de cochon, Nobuko a la rancune tenace, comme peut le constater Chiranth. Heureusement qu’Adrian n’est pas venu avec lui, oui. Et heureusement aussi qu’il ne ressent en rien le besoin stupide de défendre l’honneur de son petit ami. Si ça avait été quelqu’un d’autre, peut-être. Mais il sait que Nobuko trouve tout et tout le monde agaçant, aussi n’y a-t-il pas grand chose de personnel dans sa remarque tranchante. « C’est vrai. Et je le remercie pour sa maladresse, vu que je ne t’aurais peut-être pas croisée sans. » Il n’est toutefois pas au-dessus de la taquiner un peu. Il faut dire que voir la redoutable Nobuko s’étaler comme une crêpe sur la glace reste un spectacle absolument inouï qu’il chérira des siècles durant. Soit. Ce n’est pas le moment de perdre du temps où la japonaise décidera qu’elle a mieux à faire et s’en ira sans un regard en arrière. Le fait est que Chiranth a besoin de réponses. Bastian et lui sont bien décidé à ne pas risquer leur peau en se mettant les enfants à dos dans l’espoir tout à fait stupide de récupérer la lance, mais ils ont tout de même besoin d’une pièce de valeur s’ils veulent ne pas se retrouver de nouveau en cavale. Ah, dure vie que celle-ci ! Chiranth a donc fait des recherches, une fois n’est pas coutume. D’ordinaire plus intéressé par le règne animal, il a abandonné ce genre de documentaires pour favoriser ceux sur l’Histoire et les Légendes dans l’espoir de trouver quelques pistes à l’artéfact.

Sa première question concerne donc une fameuse épée cachée. « Depuis quand tu t’intéresses aux légendes Slaves maintenant ? Tu me surprends de siècles en siècles Chiranth… » Un sourire et il incline la tête en sa direction. « Tu me flattes. Voyons, on sait tous les deux que si j’arrêtais de te surprendre de temps à autre, tu ne m'adressais plus la parole. Alors je fais de ton mieux pour me montrer digne de ton auguste compagnie. » Depuis le temps, il a pris le parti de ne plus s’offusquer des remarques de Nobuko et, au contraire, de s’en amuser. La vie est drôlement plus agréable ainsi. Et ses pirouettes lui permettent parfois de s’en tirer sans avoir à lui répondre. « J’imagine que tu connais déjà l’histoire de base. Mais tout ce qui est étymologie… » Il hoche la tête : il ne se permettrait pas de l’importuner pour quelque chose qu’il peut trouver d’une simple recherche internet. Chiranth garde le silence alors qu’elle explique ce qu’elle sait. Et encore un peu après, tournant et retournant ces nouvelles informations dans les rouages de son esprit. « Une arme redoutable, cachée à tous, une notion de sacré… Il n’y a rien en rapport avec une météorite ou quelque chose de tomber des cieux, à tout hasard ? » Comment ça, c’est drôlement spécifique comme question ? Bastian et lui n’ont pas vraiment le temps d’aller en randonnée à travers le monde à la recherche de toutes les babioles légendaires. « Pourquoi t’intéresses-tu à cette épée particulièrement ? » Il repose son gobelet avec un sourire las. La réponse est évidente. Il ne sait pas vraiment ce que Nobuko en pensera, pourtant, mais il ne se voit pas lui cacher quelque chose d’aussi gros. « Pour la même raison que je m’intéresse au Tentetsutou », réplique-t-il avec un sérieux à tout épreuve. Cette fois c’est son tour de fixer son interlocutrice en essayant de noter la moindre de ses réactions. Petit jeu qu’il laisse tomber après un instant, avec un soupir. « On vit des périodes troubles, Nobuko, et un de ces bijoux me permettrait d’avoir la vie sauve pour encore un moment. » La sienne et celle de Bastian, bien qu’il pense que ça ne pèse pas lourd dans la balance pour la japonaise.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Et il le remercie pour sa maladresse ? Ou plutôt pour la chute qu’il vient de lui faire subir, mettant à mal son honneur, sa réputation ? Et le pire, c’est ce qu’il ne s’est même pas excusé correctement, comme le voudrait la tradition. Il s’est juste contenté des mots, Chiranth a tenté de s’excuser à la place en proposant des marrons et du vin chaud dégoûtant. Il n’y avait absolument rien qui n’allait à cette journée. D’autant plus qu’elle avait eu l’impression que c’était une réunion ridicule entre les immortels.

Mais bon, il n’est pas venu pour lui rappeler ce moment honteux, qui lui donne envie de s’occuper en personne de ce mortel pour rattraper son honneur. Il est venu pour autre chose, parler de légendes slaves et ça, c’est assez étonnant pour elle. « Tu me flattes. Voyons, on sait tous les deux que si j’arrêtais de te surprendre de temps à autre, tu ne m'adressais plus la parole. Alors je fais de ton mieux pour me montrer digne de ton auguste compagnie. » Elle le regarde avec cet air blasé et ne retient absolument pas son soupir. Elle voit à quel point il essaye de la flatter, elle fait un geste de la main.

« Je ne suis pas une impératrice, arrête de me mettre sur un piédestal. »

Elle n’a jamais été d’un sang noble elle, alors elle ne prendra pas cette place qu’elle n’a jamais mérité de toute manière. Même si elle a le sang de l’immortalité, c’est qu’elle a été maudite, pas bénie. Au contraire.

« Une arme redoutable, cachée à tous, une notion de sacré… Il n’y a rien en rapport avec une météorite ou quelque chose de tomber des cieux, à tout hasard ? »

Elle plisse les yeux et observe Chiranth, l’air de lui demander ce qu’il cherche vraiment comme arme. Parce que cette demande est bien spécifique et lui rappelle une certaine possession que le Japon a depuis quelques siècles.

Alors elle demande pourquoi il s’intéresse à cette épée Slave.

« Pour la même raison que je m’intéresse au Tentetsutou »

Elle lâche un rictus et repousse vraiment son café. Évidemment qu’il s’intéresse à ce katana. Songe-t-il à le voler avec le braqueur des musées ? Elle ne les laissera pas faire. Même si l’Ordre a la main mise sur le territoire japonais, il n’aura quand même pas ce katana, parce qu’il faut un bon guerrier capable de le maitriser et en dehors d’Ayumi et elle-même. Elle ne voit pas qui saurait maitriser cela.

« On vit des périodes troubles, Nobuko, et un de ces bijoux me permettrait d’avoir la vie sauve pour encore un moment.
- Un des bijoux avec pour base de création depuis un météorite. Qu’est-ce qu’il a donc de particulier ? »

Demande-t-elle en haussant les sourcils avant de croiser les bras sur ses genoux. Elle se penche en avant pour entendre sa réponse.

« Je n’aime pas ces questions-là Chiranth, qu’est-ce qui se passe ? »


   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA —  « Je ne suis pas une impératrice, arrête de me mettre sur un piédestal. » Chirant rit un peu et secoue la main. Loin de lui l’idée de jouer la carte de la flatterie, pas avec Nobuko, même s’il aime à taquiner la si sérieuse guerrière. « Pas une impératrice non, mais une sacrée fine lame. » Et ça vaut à ses yeux beaucoup plus de respect. La guerre le répugne de plus en plus. Si les motivations sont restées les mêmes au travers des siècles, les tactiques et la technologie ont changé les champs de bataille en quelque chose qu’il ne reconnaît plus. Quelque chose qui ne fait plus vibrer son coeur et chanter son sang. Seul le choc des lames entre elles a cet effet là pour lui. Bastian n’a jamais été un grand guerrier, Hyun-Su a tourné le dos à la violence, et il ne met plus les pieds à l’Ordre depuis des mois. Chiranth s’ennuie de ne pas avoir de partenaire de jeu plus régulier, c’est un fait. Ce n’est pourtant pas pour croiser le fer qu’il a demandé à Nobuko de lui accorder un moment, même s’ils finissent par parler épées.Une fois n’est pas coutume, il l’écoute avec tout le sérieux dont il sait faire preuve (et c’est plus que ce que les mauvaises langues aiment à dire).

Au final, Nobuko ne répond pas à ses questions supplémentaires. Elle sent l’entourloupe. Elle doit aussi sentir que sa situation est plus délicate que ce charmant moment en couple à la patinoire ne l’a laissé deviner. Voir Connor là-bas, même s’il n’était en rien en danger pour lui à ce moment, ça lui a foutu un sacré coup de pied au cul. Il doit trouver une piste. N’importe laquelle. Il faut que Bastian et lui se sortent de ce merdier. Pour obtenir une réaction de Nobuko, il laisse échapper le nom du fameux katana : celui-là, Bastian en est sûr et certain, est un artéfact. Il est trop bien protégé pour qu’ils se risquent à le voler, en revanche. Il lève les yeux au ciel. « Ne fais pas cette tête. C’est un secret pour personne que ce katana intéresse tout le monde. Mais on n’en fera rien, croix de bois, croix de fer. » “Si je meurs, je vais en enfer” ne s’applique pas vraiment à eux. Chiranth soupire. Trouver un artéfact se trouve être bien plus compliqué qu’il ne le pensait. « Un des bijoux avec pour base de création depuis un météorite. Qu’est-ce qu’il a donc de particulier ? » Il s’attendait à beaucoup de choses, mais pas à ça. Il lève les yeux de son gobelet pour la regarder, surpris, un peu perdu. « Tu ne sais pas », réalise-t-il enfin. « Je n’aime pas ces questions-là Chiranth, qu’est-ce qui se passe ? » Il secoue la tête pour chasser cette stupeur. Il oublie facilement, Chiranth, que sans Bastian il serait tout aussi ignorant de ce qui se joue en ce moment. Pour un instant il pense comme son mentor : il devrait taire les inquiétudes de Nobu, ficeler un joli compte, inquiétant, certes, mais bien moins grave que la réalité, tout ça pour l’encourager à lui répondre.

Mais Chiranth n’est pas comme ça. Chiranth est honnête et, pour tout ce qu’il a ses différends avec bien des personnes, il est sociable et déteste songer à ce que les artéfacts entraîneront comme morts, comme déchirements, comme pertes. Si les immortels continuent ainsi, ils mettront le monde entier à feu et à sang. Nobuko mérite de savoir ce qui se prépare. « Certaines armes sont capables de nous blesser. De nous tuer. Vraiment, définitivement. » Il grimace. « Je suis désolé, il n’y a pas de bons moyens d’annoncer ça. » Ou tout du moins, il est incapable de les trouver, pas face à quelqu’un qui déteste qu’on tourne autour du pot. « Le fait est que les Enfants de Prométhée ont un de ces artéfacts. L’Ordre est en ébullition maintenant, tu peux bien l’imaginer : l’équilibre est menacé. » Il finit ses explications là. Nobuko devinera surement tout ce qui peut découler d’un déséquilibre des forces et d’un Marius qui sent le pouvoir lui échapper, qui se sent menacé. Rien de plaisant pour tous autant qu’ils sont, membres de l’Ordre, des Enfants, ou d’aucun des deux camps.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — « Pas une impératrice non, mais une sacrée fine lame. » Nobuko lâche un léger soupir. Ce n’est pas un soupir agacé, ou de contrariété au contraire. C’est surtout un soupir où elle peut comprendre ce compliment. Ce n’est pas quelque chose qu’ils pourraient dire à tout le monde de base. Plus personne ne se bat avec les sabres ou les katanas aujourd’hui. Il y a très peu d’experts par ici et par là maintenant, surtout pour certaines armes bien spécifiques. Et pourtant, c’est toujours cette passion-là qui les réunit autour de la table avec des cafés complètement infects. Chiranth est un guerrier qui a ses règles, comme Nobuko. Dont il comprend très vite qu’il a pas intérêt à toucher à Tentetsutou. Elle plisse les yeux quand il parle d’une manière assez intéressante.

« On ? J’espère que ce n’est pas ton ami maladroit… Ou c’est le grand bonhomme Olaf que nous avions croisé ? »

Mais oui, Nobuko est au courant de rien. Elle est le genre d’immortelle qui passe la majorité de son temps à être isolée de tout le monde et elle fait ça pour une bonne raison: pour ne pas être mêlée aux emmerdes, basée sur une histoire d’égo. L’Ordre, les Enfants, tout ça ça la dépasse. Elle préfère rester indépendante et loin de toute cette histoire.

Mais apparemment, en voyant la réaction de Chiranth, elle aurait mieux fait de ne pas être loin de ça pour une fois. Bon, elle va insister pour en savoir plus, parce que cela ne lui dit rien de bon tout ça. « Certaines armes sont capable de nous blesser. De nous tuer. Vraiment, définitivement. » Elle a cru que c’était comme d’habitude, comme toutes les armes, comme toujours. Mais il appuie vraiment sur le définitivement et le vraiment. « Tu… » « Je suis désolé, il n’y a pas de bons moyens d’annoncer ça. » « … Tu as déjà vu un immortel en être blessé, en mourir ? Parce que ça peut bien être un mythe aussi. » dit-elle vraiment pas déterminée à laisser ça passer. Elle ne va pas tomber directement dans le panneau. Ce n’est pas possible qu’une telle chose puisse exister…

« Le fait est que les Enfants de Prométhée ont un de ces artéfacts. L’Ordre est en ébullition maintenant, tu peux bien l’imaginer: l’équilibre est menacé. »

Elle lâche un soupir et enlève le couvercle du café pour le boire au final. Elle grimace au goût bien dégoûtant et boit à nouveau quand même avant de le reposer sur la table basse. Elle pense à Ayumi, cette sotte est chez les Enfants et pacifiste qu’elle est. Elle pourrait très bien se faire tuer par…

« Et tu cherches à en avoir un pour te sauver la vie ? Ou c’est plutôt pour l’Ordre que tu cherches…? Tu sais que je ne t’aiderai pas pour ces deux factions aussi meurtrières l’une et l’autre. »

Elle secoue la tête. Elle ne veut pas être cette personne qui a une influence dans la balance. Oh ça non. Mais maintenant il est un peu difficile pour Nobuko de réfléchir parce qu’elle pense à cette jeune immortelle qui doit être vraiment dans un sacré pétrin…

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — « On ? J’espère que ce n’est pas ton ami maladroit… Ou c’est le grand bonhomme Olaf que nous avions croisé ? » Elle ne laisse passer aucun petit mot, hein ? Tout est entendu, vu, examiné… Chiranth se fend d’un petit sourire. Bien sûr qu’il faut sur ses gardes avec Nobuko, que ce soit en bataille comme en discussion. Où serait le challenge sinon ? « Aucun des deux, pour ce que j’en sais. » Pour Adrian, il peut en être sur et certain. Quoique. Il n’aurait pas pensé que le brun irait se faire tirer dessus non plus, donc tout reste relatif. Disons qu’il aurait de bonnes chances de remporter un pari s’il décidait de miser sur le fait qu’Adrian n’ira pas chercher à s’emparer d’un sabre légendaire au Japon. En ce qui concerne Connor… Et bien ça dépend de ce dont l’Hydre a besoin, il suppose, bien qu’il ne sait pas grand chose à ce niveau-là depuis quelques mois. « Je dirais même personne, à vrai dire, vu comment le katana est surveillé et protégé, ce serait plus d’ennuis que quiconque de raisonnable ne voudrait. » Et même quelqu’un d’aussi peu raisonnable que Bastian admet que ce serait une idée de merde d’essayer d’aller le voler.

Du coup, il leur faut trouver un autre artéfact. C’est aussi simple que ça. Sauf que Nobuko ne semble rien savoir de ces armes sacrées qui peuvent venir à bout de leur immortalité d’une simple entaille. Chiranth est honnête, mais Chiranth n’a pas beaucoup de tact non plus. « … Tu as déjà vu un immortel en être blessé, en mourir ? Parce que ça peut bien être un mythe aussi. » Chiranth ne sourit plus du tout. La mâchoire serrée, il secoue la tête. « Ce n’est pas un mythe. » Un reniflement sans aucun humour devant l’ironie tordue de la situation : il vient chercher des informations, mais voilà qu’il se retrouve à en distribuer. « Un ami a été blessé. Il a mis des semaines à s’en remettre correctement. Ce ne sont pas des conneries, Nobuko, et maintenant les deux factions veulent mettre la main sur ces charmants petits jouets. » Et il va leur en donner un sur un plateau. Pas le choix. Une bien maigre excuse à la vue des tensions qui ne feront que monter, de cette affreuse course à l’armement qui ne fera probablement que dans un bain de sang. Bah. Les mains de Sujah ne seront jamais lavées du sang déjà versé, alors un peu plus ou un peu moins… Quelle différence au fond ? Il a mené des dizaines d’hommes et de garçons à leur mort, ce ne sera pas différent. « Et je me retrouve au milieu de ce foutoir à tout te raconter et jouer cartes sur table au lieu de t’embobiner comme je devrais probablement le faire », soupire-t-il. Surtout que c’est sa peau et celle de Bastian qu’il risque là-dessus. Bon, il y aura d’autres pistes et d’autres occasions, mais tout de même.

Ce qui les ramène donc au pourquoi de cette entrevue supposée lui donner plus d’infos. « Et tu cherches à en avoir un pour te sauver la vie ? Ou c’est plutôt pour l’Ordre que tu cherches…? Tu sais que je ne t’aiderai pas pour ces deux factions aussi meurtrières l’une et l’autre. » Il soupire. Il aurait dû mentir depuis le début, bien évidemment. Bah, au moins aura-t-il pu papoter plus de quelques minutes avec Nobuko et la mettre au courant de cette nouvelle menace qui pèse sur tous les immortels. C’est toujours ça de pris. « Les deux », admet-il. « Je préférerais de loin n’avoir rien à faire avec ces saloperies, mais c’est le prix à payer si je veux garder ma tête et aider Bastian à garder la sienne. » Il finit de vider son gobelet avec un haussement d’épaules fataliste. « Vraiment, Nobuko, si t’entend quoi que ce soit, j’apprécierais que tu m’en fasses part, mais je comprends aussi très bien tes raisons si tu décides de faire autrement. Au moins, tu es au courant de ce qui se joue et maintenant. Je ne sais pas si ta neutralité suffira à te protéger de tout ça. Fais gaffe à toi, s’il te plait. » Nobuko n’est peut-être pas sa meilleure amie au monde, mais il estime la guerrière et apprendre sa mort lui ferait un choc certain.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Aucun des deux ? Nobuko le regarde droit dans les yeux comme pour essayer de déceler un mensonge de sa part, mais elle n’en voit aucun. Est-ce qu’elle lui fait confiance ? Pas vraiment, mais de toutes les connaissances immortelles qu’elle fréquente, il est celui dont elle fait le plus confiance. Pas parce qu’il est aussi un épéiste qui a tenté les JO Olympiques, mais aussi parce qu’il n’a jamais essayé de la lui faire à l’envers. Donc, elle va lui accorder le bénéfice du doute. Et elle le fait sans répliquer d’ailleurs, elle laisse passer cela dans un silence. Jusqu’à la mention du katana.

« Oui… En plus, comme ce katana n’a jamais été utilisé pour tuer, un mauvais épéiste pourrait le casser. »

Et encore blesser définitivement un immortel pour elle, ça reste un mythe. Parce que c’est quelque chose qui risque pas d’arriver pour elle. Sauf que le ton de Chiranth ne plaisante pas du tout, il affirme de plus en plus et dit même en avoir été témoin. Nobuko penche la tête sur le côté, assez étonnée. Elle assimile les informations et comprend qu’il y a vraiment une grosse guerre qui s’annonce juste pour… ça ?

« Tu es en train de me dire, que des immortels, supposés être vieux des millénaires, plus sages que nous… Qui ont vu des guerres, qui ont vu la destruction plus que nous tous… »

Elle se met à sourire, mais faussement. Parce que pour elle, c’est comme une très mauvaise blague.

« … S’ennuient du temps qui passe et veulent jouer à avoir le plus d’armes possibles pour s’éliminer mutuellement ? »

Elle lâche un rictus moqueur. Elle trouve ça vraiment ridicule. Non mais, c’est vraiment une histoire d’une mauvaise blague qui commence par une japonaise qui entre dans un Starbucks tout sale, suivi d’un indien tout joyeux de la retrouver…. Et vous devinez la suite.

En tout cas, elle comprend que cette histoire aura mis Chiranth dans la merde. Mais elle comprend surtout que ça met Ayumi dans une position plus que délicate. Quand elle a su qu’elle a rejoint les Enfants, elle l’a traitée d’idiote. Mais bon… Elle voit déjà une autre perche.

« Tu es vraiment un sombre abruti Chiranth, à avoir rejoint l’Ordre et tu dois maintenant assumer tes conséquences avec ton ami. »

Dit-elle avec un soupir exaspéré. Pourquoi personne ne veut pas ne pas rejoindre les factions, vivre la vie dans leur coin ? Ah oui, c’est vrai. Le Conclave. Mais aussi, elle lui dit ça, parce que maintenant, elle s’inquiète pour lui quand même. Même si elle se doute bien qu’il va s’en sortir, mais à quel prix ?

« Je te tiendrai au courant pour les armes que je soupçonne être des artéfacts en tout cas… Parce que moi, contrairement à vous, je m’en tiens bien éloignée. Mais je ne te cache pas que je divulguerai également cette information à un membre qui fait parti des Enfants aussi.»

Tout comme elle ne se privera pas de les faire balader dans les quatre coins du monde pour les maintenir éloignés le plus longtemps de leurs factions respectives au cas où s’il y a déjà une bataille qui a lieu pendant qu’ils ne seront pas là.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Chiranth rit doucement à la remarque de Nobuko. Casser un artéfact ? Loin d’être un crime, il considérerait plutôt ça comme une bénédiction, mais il n’est pas sûr qu’elle apprécie cette différence d’opinion. Ah, détruire les artéfacts, éloigner un peu plus le spectre de la mort… Mais pour quoi faire, à vrai dire ? Ne sont-ils pas tous à tourner en rond et à essayer de voir quoi faire de leurs millénaires de vie ? N’ont-ils pas tous au moins une fois maudit ce qui les empêchait de rester morts et enterrés ? Et les voilà pourtant qui courent comme des fourmis à la possibilité de finir fauchés par une arme mythique. Ah, il y a certaines peurs qui ne sont que trop ancrées dans la psychée humaine. Ça vaudrait bien un bon cours de philosophie, tout ce merdier. Chiranth n’est pas philosophe. « Tu sais, à vrai dire ça me rassure que ce sabre soit si bien gardé. Ça fait une chose de moins dont on doit s’inquiéter. » Du moins jusqu’à ce que les immortels soient poussés tellement loin dans leurs retranchements que quelqu’un décide de s’en emparer malgré tout.

« Tu es en train de me dire, que des immortels, supposés être vieux des millénaires, plus sages que nous… Qui ont vu des guerres, qui ont vu la destruction plus que nous tous… S’ennuient du temps qui passe et veulent jouer à avoir le plus d’armes possibles pour s’éliminer mutuellement ? » Chiranth n’a pas le cœur à sourire, même pour de faux. Il a vu la guerre. Il a vu le sang, la peur, la haine et l’horreur du champ de bataille et il y a trouvé un endroit où être lui. Un endroit où il s’est épanoui et qui vient parfois à lui manquer, malgré les regrets et les hommes sacrifiés dont le sang a nourri la terre. Ca… C’est différent. C’est un jeu d’ambitions, un sacré numéro d’équilibriste à qui saura pencher le plateau au profit de son égo. Ou peut-être que ça a toujours été la même chose, au fond, mais que Sujah n’avait alors pas de problème à être un cavalier sur l’échiquier, à talonner sa monture sur les ordres d’un souverain lointain. Chiranth a plus de scrupules, bizarrement. « Si ce n’était que de l’ennuie, Nobuko, je crois qu’on pourrait gérer. Non, la question est bien plus épineuse et nos longues vies ne nous rendent que plus susceptibles aux rancœurs, aux revanches sans fin et aux égos surdimensionnés. Il faut croire que le monde n’est pas assez grand quand on vit plusieurs centaines d’années. » Il faut croire que le monde ne devient qu’un jouet comme un autre.

« Tu es vraiment un sombre abruti Chiranth, à avoir rejoint l’Ordre et tu dois maintenant assumer tes conséquences avec ton ami. » La remarque lui arrache un nouveau rire. « Un peu plus et j’en viendrais à croire que tu te soucies de ce qui peut m’arriver. » Il secoue la tête avec une lassitude non feinte. « Je ne m’excuserai pas d’avoir cru et de continuer à croire qu’avec assez d’organisation et de garanties on pourrait vivre au grand jour avec les mortels. » Il est optimiste à souhait, Chiranth, malgré toutes les difficultés sur le chemin. Il doit y croire. Sinon à quoi bon continuer ? Et puis ce n’est pas en faisant cavalier à part qu’il pourra un jour arriver à un tel idéal : cela demande de la préparation, des alliés bien placés, et une volonté de s’unir pour rester en sécurité et faire changer les choses. « Je te tiendrai au courant pour les armes que je soupçonne être des artéfacts en tout cas… Parce que moi, contrairement à vous, je m’en tiens bien éloignée. Mais je ne te cache pas que je divulguerai également cette information à un membre qui fait parti des Enfants aussi. » Au final, il sourit de nouveau. Il accueille cette conclusion avec un hochement de tête. « C’est juste, oui. » Comme souvent avec Nobuko qui aime tant sa très chère neutralité. « Et peut-être que certains d’entre eux voient ça d’un aussi mauvais œil que moi, qui sait ? » Si leur attachement au secret le révolte et va contre tout ce à quoi il croit et aspire, il n’en reste pas moins qu’il compte des amis dans leurs rangs. « En tout cas, merci Nobuko. Vraiment. »

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — « Katana, pas sabre. »

Elle le corrige un peu sèchement, mais il est important pour elle qu’il respecte les appellations des épées, il sait mieux qu’elle en plus sur ça. Étant plus âgé qu’elle et qui a une large expérience dans les sabres. De plus, si Chiranth dit qu’il est rassuré par le fait que le katana soit bien gardé, Nobuko se dit qu’il est vraiment naïf dans le fond.

« Je n’ai jamais dit qu’il est bien gardé. » dit-elle en l’observant.

Parce qu’elle est consciente qu’il y a de bons immortels qui savent déjouer les sécurités dans les musées ou autre monuments officiels. Alors, la sécurité n’aura rien à faire d’autant plus que le Japon est sous le joug de l’Ordre. Ils pourraient très bien récupérer le katana et en jouer avec.

En tout cas, elle se moque ouvertement de la situation, parce que ça ne peut pas être possible pour elle. C’est pas envisageable qu’il y aie une guerre juste pour les artéfacts et aussi pour le fait que ni l’un ne peut supporter l’autre ? Quand même pas… Nobuko a vécu la seconde Guerre mondiale et pendant de très longues années, elle voudrait bien que ça ne recommence pas. Elle répond avec un gros soupir, lassée de cette situation qui s’annonce.

« Je vais devoir réapprendre à passer entre les mailles du filet encore… »

Tout pour garder sa neutralité, quoiqu’il advienne. Elle refuse de se laisser entrainer dans une guerre d’un clan à l’autre. Jamais elle ne se laissera forcer à aller dans l’Ordre, quitte à ce qu’une personne dont elle tient en meure.

« Si tu n’es pas là, avec qui je pourrai croiser le fer ? »

Ce serait vraiment ennuyeux pour elle. De ne pas pouvoir faire quelques entrainements avec lui, d’ailleurs ça commence à dater un peu entre eux quand même. Elle se demande s’il est rouillé ou pas. Parce qu’elle, pas du tout. Elle n’en donne pas l’air, mais elle s’entraine toujours aussi régulièrement. 
En tout cas, par respect du guerrier qu’il était, elle le tiendra au courant, tout en ne cachant pas qu’évidemment elle tiendra au courant Ayumi.

« Oh oui qu’ils voient ça d’un mauvais oeil. Fallait réfléchir à deux fois avant d’attaquer les Enfants, sinon il n’y aurait pas eu une telle escalade. »

Ça au moins, elle est au courant Nobuko, qu’il y a eu une attaque en Nouvelle-Zélande. Mais elle ne connait pas totalement les bails. En tout cas elle repousse le café bien dégueulasse et hausse les épaules, l’air de rejeter le remerciement.

« Je n’ai rien fait encore. Ce ne sont que des paroles que j’ai dit, que tu es en train de remercier. »

Elle finit par se lever du siège. L’air de vouloir partir, elle a quand même gardé son manteau sur elle, ne voulant pas le retirer. Elle regarde Chiranth l’air de lui demander s’il y a autre chose ou pas, à discuter. Elle n’aime pas le Starbucks vraiment, elle préfère aller marcher dehors dans la nature.

« Si tu as encore des choses à me dire ou à me demander, on le fera dehors. J’ai déjà été sur ton terrain assez longtemps que je préfère aller marcher dans le froid. »

Petit sourire mesquin.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Un sourire flotte sur ses lèvres alors qu’il se demande s’il doit pousser le bouchon et argumenter que, techniquement, le katana est une sous-catégorie spécifique de sabre. Ce serait chercher la merde. D’ordinaire, il n’a rien contre, encore moins en compagnie de Nobuko dont les réactions l’amusent toujours grandement, mais le sujet du jour est d’un tel sérieux qu’il préfère s’en priver. Il incline la tête pour lui concéder le point. « Je n’ai jamais dit qu’il est bien gardé. » Chiranth secoue la tête. « Oh, le voler est sans doute possible, oui. Mais trop de gens sont au courant de sa nature d’artéfact, ce serait une déclaration de guerre ouverte… » Un soupire où pointe l'inquiétude lui échappe. « J’espère que ça suffira à dissuader la plupart d’entre nous. » Nous, Enfants de Prométhées comme membres de l’Ordre de l’Hydre. Nous, les immortels qui craignent tant la fin qu’ils seraient près à enflammer le monde. « Je vais devoir réapprendre à passer entre les mailles du filet encore… » Il n’a pas grand-chose à dire là-dessus. Lui-même aurait l’occasion rêvé de disparaître et de se faire oublier pour un moment, si seulement il avait en lui de laisser Bastian à son sort. Chose qui n’arrivera pas. « Si tu n’es pas là, avec qui je pourrai croiser le fer ? » Il lui glisse un sourire amusé. « Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu l’occasion pour une petite passe d’armes. Je suppose que je dois trouver un moyen de rester en un seul morceau assez longtemps pour qu’on remette ça. » Essayer, c’est tout ce qu’il peut promettre en ce moment.

Le reste, ça se base sur beaucoup d’espoirs, des espoirs sans doute voués à être déçus, mais ce n’est pas dans sa nature que d’être odieusement cynique ou pessimiste. « Oh oui qu’ils voient ça d’un mauvais œil. Fallait réfléchir à deux fois avant d’attaquer les Enfants, sinon il n’y aurait pas eu une telle escalade. » « Je ne parlais pas de ça », correcte-t-il doucement, « mais des artéfacts en eux-même. Il m’est d’avis que la chose la plus sensée à faire serait de les détruire. Plus de cette météorite pour nous empoisonner, plus personne pour courir aux quatre coins du monde à la recherche de ces armes… Et à risquer de révéler au Conclave notre faiblesse », songe-t-il seulement maintenant, avec un froncement de sourcils soucieux. L’avenir n’est pas au beau fixe. Heureusement, il y a de ces personnes neutres pour accepter de le renseigner de temps à autre, même s’il ne sera pas le seul à bénéficier de ces renseignements-là. « Je n’ai rien fait encore. Ce ne sont que des paroles que j’ai dit, que tu es en train de remercier. » Chiranth sourit. « C’est vrai. Prends mon remerciement comme un gage de la foi que j’accorde à tes paroles alors, Nobuko. » Il enfile son manteau et son écharpe tout en parlant, voyant qu’elle se lève déjà. « Si tu as encore des choses à me dire ou à me demander, on le fera dehors. J’ai déjà été sur ton terrain assez longtemps que je préfère aller marcher dans le froid. » Chiranth tire une grimace en pensant au vent hivernal qui rôde dans les rues de la métropole. « Allons-y alors », maugrée-t-il avant de jeter son gobelet en carton.

Dès qu’ils sortent de cet oasis de chaleur, il enfonce ses mains dans ses poches et rentre un peu la tête dans les épaules. Le froid, ce n’est pas son dada. « Par où ? », demande-t-il avant de lui emboîter le pas. « Je suis sérieux, tu sais, quand je parle de détruire les artéfacts. Je ne peux pas vraiment proposer cette idée à d’autres membres de l’Ordre, surtout avec le désordre qu’on a foutu dernièrement, mais… Je ne sais pas, tu penses que d’autres personnes pourraient être intéressées ? » Ça aussi, c’est un des bons côtés que parler à quelqu’un de neutre a : Chiranth peut s’exprimer sans une crainte presque paranoïaque de conséquences fâcheuses.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Nobuko aime pas ce qu’elle entend en vrai. Personne ne vole cet artéfact parce que ce serait l’équivalent à déclarer une guerre sauf que le souci… C’est que la guerre une fois qu’elle est déclarée et que l’artéfact n’est toujours pas volé. Elle en change même l’expression sur son visage et s’exprime vraiment beaucoup plus que d’habitude. Montrant qu’elle est vraiment contrariée par cette nouvelle et ses propres pensées. Il ne faut pas que le katana se retrouve entre les mains d’une des deux factions. Si elle le récupère, elle risque d’être poursuivie par les deux factions aussi… Et elle n’aura pas sa tranquillité. Puis cela attirera forcément l’attention du Conclave. Elle hoche la tête, en tout cas quand il dit qu’il va tenter de trouver un moyen de rester vivant un peu plus longtemps pour un exercice comme au bon vieux temps.

« Oui, ça te fera une raison de plus à ne pas baisser les bras si jamais cette pensée ridicule te vient en tête. »

Dit-elle. Nobuko n’a pas beaucoup de connaissances immortels qu’elle apprécie vraiment et ça l’énerve déjà assez qu’elle se retrouve peut-être du jour au lendemain à se retrouver sans personne tout ça à cause de cette stupide guerre menée par de vieux immortels. Vraiment, c’en est ridicule là…

« Ces armes-là sont trop puissantes pour que tout le monde veuille les détruire. »

Donc ce ne sera pas une tâche simple pour ça. Mais pas impossible. Nobuko sait que ça la dérange beaucoup à l’idée que le katana doit être détruit, lui qui a une longue histoire et qui est un héritage de son pays natal. Alors elle peut comprendre que beaucoup diraient non, tout comme elle peut comprendre que…

Ce serait le moyen de se libérer de cette malédiction. Elle pourrait bien se faire seppuku avec ce katana et se libérer à tout jamais. Enfin…

Elle ne pourra plus maintenant. Si elle n’avait pas retrouvé Ayumi, elle aurait vraiment envisagé cette option-là. Elle plonge un peu son menton dans son écharpe et marche, sans mettre les mains dans les poches tellement habituée au froid. Ah ça fait du bien une telle froideur et ça aide à la circulation au sang. C’est la voix de Chiranth qui la fait sortir de ses pensées et elle le regarde en faisant un geste du menton pour désigner Central Park. Ils ne vont pas pouvoir tout faire, juste marcher un petit peu quand même. Puis la question sur la destruction des artéfacts, elle se met à réfléchir aux noms…

« Je ne suis pas vraiment amie avec tout le monde, j’en ai très peu. Ils se comptent sur les doigts d’une main seulement… Mais j’en connais 5 qui pourraient être intéressé si j’évoque le sujet. »

dit-elle en observant Chiranth avant d’être amusée de voir son dégoût au froid.

« Tu sais que je détestais le froid comme toi auparavant ? À force de vivre dans des pays nordiques, on s’y habitue… Tu devrais y séjourner de temps en temps. On ne sait jamais avec ce que nous réserve l’avenir sur cette planète. »

dit-elle en guise de conseil par rapport à l’avenir climatique qui ne s’annonce pas bon du tout.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Il porte une main à sa poitrine et ouvre la bouche dans un faux air outré : « Moi ? Baisser les bras ? Voyons, tu sais que c’est pas le genre de la maison. » C’est plus facile de se plaquer un sourire aux lèvres, de reléguer les pensées sombres que seule une vie trop longue peut apporter, et de continuer comme si de rien n’était. Fake it until you make it, ou quelque chose comme ça. Toute façon, même au pied du mur, Chiranth a toujours été incapable de déposer les armes, c’est bien ça qui l’a perdu la toute première fois. « Ces armes-là sont trop puissantes pour que tout le monde veuille les détruire. » Nobuko n’a pas tort, et il le sait. Chiranth soupire. « Je sais, je sais. » Certains ont des égos tels qu’ils se sentent dignes de détenir une telle puissance. Comme s’il y avait la moindre dignité au fait de ne pas pouvoir mourir. Et, comme il y a toujours un mais, Chiranth rouvre la bouche. « Mais on n’a pas besoin de mettre tout le monde d’accord pour ça. Juste assez de gens pour détruire ce qu’on peut avant que ceux qui veulent les conserver s’en aperçoivent. » Il rêve éveillé, il sera le premier à en convenir, mais depuis que Bastian l’a appelé pour mettre les pieds en Irlande à cause de ce satané sabre, les artéfacts lui sortent tous par les yeux.

Et comme il ne sait pas baisser les bras et qu’il a besoin que Nobuko comprenne qu’il est sérieux à ce sujet-là, il revient là-dessus alors que le vent new yorkais lui cingle la peau du visage. « Je ne suis pas vraiment amie avec tout le monde, j’en ai très peu. Ils se comptent sur les doigts d’une main seulement… Mais j’en connais 5 qui pourraient être intéressé si j’évoque le sujet. » Il retient un reniflement amusé. Nobuko n’est pas quelqu’un que beaucoup décriraient comme amicale, effectivement. « Eh ! S’ils se comptent seulement sur les doigts d’une main et que 5 peuvent être intéressés… ça veut dire que tous tes amis peuvent être intéressés ? Mais tu cotoies des gens super sensés, dis donc, je veux des noms maintenant. Han ! Je fais partie de tes amis ? » On se concentre, Pasavan, c’est une discussion sérieuse et le froid n’est pas suffisant pour te geler les neurones, si ? « Enfin, je veux bien que tu tates le terrain avec eux, si tu es d’accord pour faire ça. » Il ne veut pas non plus la transformer en pigeon voyageur, mais il a besoin de contacts, même si le fait de faire profil bas en ce moment rend ça compliqué. « Tu sais que je détestais le froid comme toi auparavant ? À force de vivre dans des pays nordiques, on s’y habitue… Tu devrais y séjourner de temps en temps. On ne sait jamais avec ce que nous réserve l’avenir sur cette planète. » Il grimace. Sa hantise du froid amuse bien trop la japonaise. « Mais j’y séjourne, c’est bien pour ça que je peux dire que j’aime pas ça en toute connaissance de cause », maugrée-t-il.

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Il est vrai qu’il n’y a pas besoin de mettre tout le monde d’accord, mais y a un réel danger quand même. Il y aura des gens puissants avec des puissantes relations qui mettront des bâtons dans les roues et Nobuko, elle sait qu’elle ne sera qu’une simple fourmi, facile à écraser. « On parle de Marius, ton chef qui a les yeux partout. Les Enfants qui ont peur des représailles et qui ont besoin d’un moyen de pression face à lui. » dit-elle avec un air impassible. Elle sait bien que la communication entre les deux camps est impossible parce que voilà. Ça a été déjà fait, ça n’a pas été un succès et voilà où est-ce qu’ils en sont: au pied d’une guerre ouverte.

Alors il va falloir voir si elle peut en parler à son entourage, il faudra qu’elle essaye d’envoyer des messages à ses connaissances. Elle fronce un peu du nez quand Chiranth se met du sien, qui veut connaître le nom de ses ami.e.s et qu’il essaye de savoir s’il en fait partie. « Si je parle de mes cinq amis, tu n’es pas inclus. » dit-elle froidement avant de le regarder dans les yeux, puis elle fait un petit sourire mesquin. « J’ai juste la flemme de lever un autre doigt pour faire six… » Elle le taquine légèrement, mais fait bien comprendre que oui, il en fait parti de ce qu’elle pourrait appeler un ami. Mais elle ne se doute pas que ça ne va pas durer longtemps malheureusement. « Je ne promets rien et je ne dirais pas leur nom. » dit-elle reprenant quand même son sérieux avant de se focaliser sur le froid, qui lui fait du bien. Elle secoue la tête quand l’indien dit y séjourner, elle n’est pas d’accord du tout. Ils n’ont pas la même notion de séjour tous les deux. « Non. Quand je parle de séjourner de temps en temps Chiranth, c’est y vivre au moins trois ans. Tu côtoies bien trop les humains pour oublier que nous avons pas la même notion de temps qu’eux. » dit-elle en faisant une petite pique, encore une fois de plus sur cet idiot d’humain qui n’a fait qu’envenimer les choses. « Je ne sais pas ce que tu lui trouves… » souffle-t-elle alors qu’ils entrent dans Central Park, la sensation de marcher dans la neige sous ses bottes, ça la détend. Qu’est-ce que ça fait vraiment du bien oui…

En plus, de ne pas être seule au fond du compte.
   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Bien sûr, ils ne parlent pas d’enfants de chœur et les dangers possibles sont à la hauteur de la tâche qu’il aimerait réaliser. « De toute façon, il faudrait déjà trouver un moyen de détruire les artéfacts, si c’est même possible, avant de s’inquiéter de tout ça.  » Trop de choses à faire et découvrir en peu de temps, trop de menaces qui planent sur la paix précaire entre les factions avant que la guerre ouverte ne soit déclarée. Chiranth ne peut chasser cette boule d’anxiété logée au creux de son estomac, peu importe les quelques mois de répit achetés par Bastian auprès de Lova et peu importe la chape de silence levée entre lui et Andreas. Il y a des choses qui ne se règlent pas aussi facilement.

Mais elles ne se règleront pas du tout si Chiranth garde toutes ces questions pour lui : il a besoin de confronter ses idées et de trouver d’autres personnes susceptibles de penser comme lui. « Si je parle de mes cinq amis, tu n’es pas inclus. » Il lève une main à sa poitrine au ralenti. « Aoutch », énonce-t-il avec emphase, malgré le sourire qu’il ne peut pas retenir. Il sait que Nobuko est pince-sans-rire et n’en prend pas ombrage. Il a l’habitude, après tout, d’essuyer des remarques du genre, il est passé par là avec Hyun-Su avant de reprendre le même jeu avec la japonaise. « J’ai juste la flemme de lever un autre doigt pour faire six… » Un petit rire lui échappe. « Je ne sais pas si je dois être flatté d’être le sixième, ou vexé d’être victime de cette épidémie de flemme. » La vérité est que l’aveu le touche, au fond, parce que même s’il apprécie Nobuko, il est le premier à admettre que ce n’est pas facile de savoir si la japonaise le lui rend ou non.

C’est qu’elle est du genre défensive, que ce soit de ses sentiments ou de ces quelques gens qui comptent pour elle. « Je ne promets rien et je ne dirais pas leur nom. » Chiranth hoche la tête. « Je comprends. Mais si ça les intéresse vraiment, libre à toi de leur donner le mien, de nom. » Il se doute qu’elle ne le fera pas à la légère : s’il la connaît un tant soit peu, il sait qu’elle ne le mettra pas en danger et ne révélera son nom qu’à des gens de confiance. Et puis, de façon plus pragmatique, il faut bien que quelqu’un fasse le premier pas s’il souhaite vraiment réunir des gens autour d’un but commun. Tant que ce but là ne concerne pas le froid, ça lui va parfaitement. « Non. Quand je parle de séjourner de temps en temps Chiranth, c’est y vivre au moins trois ans. Tu côtoies bien trop les humains pour oublier que nous avons pas la même notion de temps qu’eux. » Il lui offre un sourire mi-figue mi-raisin. « Peut-être », concède-t-il. « Mais peut-être que ça ne nous fait pas de mal, de temps en temps, de nous rappeler avec quelle notion de temps le reste de l’humanité vit. Ça aide à mettre les rancœurs de côté, par exemple, de se rendre compte que tout passe si vite. » Et par les temps qui courent, ça aiderait tout le monde de se décider à enterrer quelques haches de guerre. Mais ce n’est pas de ça que Nobuko parle et, côté rancoeur, elle en a au moins une. « Je ne sais pas ce que tu lui trouves… » De nouveau, un petit rire alors qu’il secoue la tête. « En l’ayant vu seulement en coup de vent, comme ça, quelques minutes ? Surprenant, vraiment. » Elle ne peut pas prétendre le connaître, après tout. Chiranth s’adoucit. « Crois-moi, j’aimerais beaucoup mieux ne rien lui trouver de particulier, ce serait plus facile. » Allons bon, voilà qu’il s'apitoie, maintenant ! « Et de toute façon, te faire la liste de ses qualités t’horripilerait, donc je vais t’épargner. »

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Trouver un moyen de détruire un artéfact ? Nobuko lâche un petit rictus amusé. Elle regarde Chiranth et lui dit avec un petit regard agacé, comme si elle venait d’être déçue à l’idée qu’il n’aie pas trouvé cette solution. Beh voyons, pourquoi vient-il tout penaud à lui demander des informations sur des armes qui peuvent être des artéfacts ? « Tout artéfact transformé en arme, peut changer de forme sous la chaleur extrême du feu. Transformez ces artéfacts en dalles de pierre et posez les quelque part pour remplacer une dalle dans une ville ou jetez les dans le fond noir de l’océan que personne n’oserait jamais s’aventurer. » Autant les rendre inaccessible à tout le monde si ce n’est pas possible de les détruire… TMTC.

« Soit vexé je t’en prie, parce que ça veut dire que je ne te considère pas assez bon pour être un ami à moi. » dit-elle comme pour plaisanter dans le fond, elle sait que le message est quand même reçu chez Chiranth, sinon elle n’aurait pas pris la peine de parler de la flemme de lever le sixième doigt. Elle regarde ensuite Chiranth, assez étonnée qu’il veuille qu’elle lui donne son nom et elle plisse les yeux. « Tu cherches vraiment le danger, tu tiens bien ça de ce trafiquant… » Evidemment que Nobuko connait la réputation de l’acolyte de Chiranth. Mais en tout cas, elle fera attention à ne pas le balancer n’importe comment ce nom, sauf à une personne en particulier, dont elle est sûre qu’elle doit connaître vu sa sociabilité sans faille.

Puis elle lâche un soupir quand Chiranth parle de la notion du temps, il esquive le sujet à sa façon alors que ce n’était pas de ça ce dont elle parlait. Mais en tout cas, elle remarque bien qu’il déroule le tapis pour qu’elle parle de ce Andreas. Ce drôle d’humain dont elle a tout de suite compris la relation. « Justement, je me demande pourquoi. » dit-elle tout de suite alors qu’elle marche tranquillement dans la neige, les mains dans les poches. Elle ne comprend pas pourquoi Chiranth qui a déjà aimé un humain dans le passé, puisse aimer à nouveau. Il sait la douleur que ça fait, elle le reconnait parce qu’elle l’a vécue aussi. « Je te crois. Ça aurait été plus facile s’il était comme nous et plus prudent. » dit-elle avant de hausser les épaules. « Oh quelle délicate attention, je suis touchée. » dit-elle avec un petit sourire, elle détourne le regard pour observer devant elle. « J’ai été mariée à un humain une fois, j’aurai aimé être morte avec lui à cette époque… Je ne vis pas mal le fait d’être seule et de ne pas être sociable, tu donnes une partie de ton coeur à une personne, tu sais que tu ne la retrouveras jamais. Tu le sais Chiranth. » dit-elle sérieusement.
   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Nobuko peut le regarder avec le mélange d’agacement, d’impatience et de déception qu’elle veut, Chiranth est depuis longtemps imunisé contre les reproches silencieux du genre. Il n’a pas passé les derniers siècles au contact de Tal et Wayak’ pour rien. Puis il n’a jamais été du genre à avoir peur de la maîtresse de classe, il a bel et bien passé l’âge. En revanche, ce qu’elle lui dit lui tire un sourire franc et étincelant. « Tu es un génie ! » Un brin d’exagération ? Il ne croit pas, non, pas quand elle vient tranquillement, posément de lui donner une partie de la solution qu’il cherche avec un tel empressement. Il s’empare de sa main pour quelques secondes, une pression rapide pour lui qui a tant besoin de contacts et de touchers pour s’exprimer, mais relâche bien vite sa prise, une concession quand il se doute que ce bref geste ne sera pas apprécié. Si ç’avait été quelqu’un d’autre, Chiranth l’aurait probablement pris dans les bras. « Une dalle, ou une bouche d’égoûts, ça me semble très bien. Quoique. Tu n’aurais pas peur qu’on crée accidentellement le bouclier de captain america ? » Oui, bon, il s’est peut-être mis à bouquiner quelques comics à cause d’un adolescent dont il était l’entraîneur. « Toujours mieux qu’une épée ou une lance », maugrée-t-il pour chasser l’image ridicule de Marius ou Alexis bouclier au poing.

Une autre chose dont Nobuko n’a apparemment pas vraiment peur, c’est de le compter dans le nombre de ses amis. « Soit vexé je t’en prie, parce que ça veut dire que je ne te considère pas assez bon pour être un ami à moi. » Même si elle ne se prive pas de reculer aussitôt, ne serait-ce que pour le taquiner lui. « Ah, non, non », s’exclame-t-il. « Tu as dit ce que tu as dit, il y a plus moyen de reprendre tes paroles maintenant ! Je suis ton ami, un point c’est tout. » Et toc. Un peu plus et il lui tirerait la langue, comme dans une vraie cours de récré. « Et puis faut toujours un cancre dans un groupe d’amis », pointe-t-il d’un ton qui se veut très sage, acceptant sans problème de rire de lui-même. Chiranth n’en oublie pas pour autant le sujet plus sérieux qui reste en suspens entre eux. « Tu cherches vraiment le danger, tu tiens bien ça de ce trafiquant… » Il renifle. Il n’a jamais eu besoin de Bastian pour courir au devant des risques, sa première vie en est un témoignage suffisant. « Il faut bien que quelqu’un fasse le premier pas si on veut que les choses changent. » Quant aux répercussions possibles… Et bien, il sera toujours temps de prétendre que c’était sa façon de collecter des renseignements et peut-être même un artéfact pour le compte de l’Ordre si jamais les choses s’ébruitent un peu trop à son goût. « Et je te fais confiance pour ne pas parler de moi à n’importe quoi non plus », admet-il tout simplement.

Ce qu’il apprécie moins, c’est de voir dériver la conversation sur le sujet de sa relation avec Andreas. Il s’est donné du mal pour garder le sujet privé, pour que personne d’autre ne vienne y fourrer son nez et lui donner tout un tas de conseils sensés. Il a fallu que le secret s’évente cet hiver-ci. « Je te crois. Ça aurait été plus facile s’il était comme nous et plus prudent. » Chiranth secoue la tête, un soupire au bord des lèvres. Est-ce vraiment plus facile d’aimer un autre être qui défie la mort ? L’image de Tal et du trou béant qu’elle a laissé dans sa poitrine, mais aussi dans celle de Bastian, s’impose à lui. Non. La perte n’est pas plus belle d’un côté de la barrière que de l’autre. Il n’a pas profité de Kalyani aussi longtemps et il ne ressent pas moins son absence, tout comme il ne regrette pas moins le temps qu’il ne passera plus avec Tal, le temps qui leur a été volé. « J’ai été mariée à un humain une fois, j’aurai aimé être morte avec lui à cette époque… Je ne vis pas mal le fait d’être seule et de ne pas être sociable, tu donnes une partie de ton coeur à une personne, tu sais que tu ne la retrouveras jamais. Tu le sais Chiranth. » La confession sur cette part si intime de la vie de Nobuko le force au silence. Il écoute, attentif, jusqu’à ce qu’elle pointe du doigt la familiarité de ce deuil. « Nous n’avons d’immortels que le nom », commence-t-il avec douceur. « Même les notres finissent par ne plus se réveiller et alors quoi ? Le deuil est là aussi pour nous, de la même façon. Je… Je sais que le risque n’est pas le même. Vraiment. Et crois moi, je n’ai pas voulu de ça. Mais je ne veux pas non plus continuer mon existence en me coupant de tout un pan de mes sentiments, en vivant tellement à l’écart des gens. » Il est terriblement sociable, Chiranth, et c’est une force autant qu’une faiblesse. Le secret de son immortalité le fait souffrir et se dresse telle une barrière infranchissable entre lui et les amis qu’il peut se faire, un mensonge omniprésent qui ternit son quotidien et le laisse plus isolé qu’il ne peut le supporter. « Cette partie de mon coeur va mourir, je le sais, mais je ne veux pas être celui à la tuer prématurément. » Il grimace quand il sent un peu de neige s’infiltrer entre son pantalon et ses chaussures d’hiver. « Bref, ça devient franchement mélancolique comme discussion, t’as pas quelque chose de plus joyeux en stock, là ? »

   

Look into my eyes. It's where my demons hide. It's where my demons hide. Don't get too close. It's dark inside

décembre 2021, New-York, USA — Le réflexe accru, elle ne l’a pas, pour pouvoir retirer la main de celle de Chiranth, elle ne s’attendait pas du tout à ce contact. Surtout quand elle vient machinalement donner une solution juste comme ça. « .. De rien? » dit-elle, un peu mal à l’aise de ce contact de la main qu’elle s’empresse vite de mettre dans la poche de son manteau. Pourtant ce n’était pas un contact peau contre la peau mais ça suffit amplement à Nobuko de ne pas être à l’aise. « Non, vous n’êtes quand même pas une bande de muppets. Vous savez faire une différence entre un bouclier et une bouche d’égout ou une dalle… » dit-elle avec un petit soupir fatiguée, oh qu’est-ce qu’il la fatigue avec ses références des comics de l’ouest. Mais elle ne peut qu’être d’accord avec l’idée que ça puisse être mieux qu’une épée ou une lance.

Un cancre dans un groupe d’amis ? « Un imprudent oui. » soupire-t-elle, il le fatigue bon sang… Pourquoi elle a vraiment accepté de boire un café avec lui ? Ah oui, parce qu’elle a le malheur de l’avoir comme ami. Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi elle avec Chiranth qui va probablement l’amener dans des ennuis pas possibles ? En tout cas, elle va devoir rester prudent et se méfier, c’est sûr. Elle ne donnera pas de nom à n’importe qui, vraiment pas. En tout cas, la confiance est là entre les deux personnes.

Assez présente pour parler de la vie, de mariage avec un mortel, de douleur que ça peut représenter pour un petit moment de bonheur trop court pour les longues années qui les attendent. « Pourtant, tu peux tomber amoureux d’un immortel, les choses seraient bien plus simples… » Elle ne croit pas si bien le dire en vrai, parce que le jour où elle l’apprendra, elle en tombera les fesses sur la neige et elle s’énervera pour ne pas trop s’énerver… Puisqu’elle pense à Ayumi, sa Ayumi, sa Rin… « Donne quand même pas trop de ton coeur Chiranth, à force on finit par ne plus en avoir et devenir comme le fou de l’Ordre. » et elle parle évidemment de Marius, qui n’a forcément plus de coeur, puisqu’il a été bouffé par son ambition à acquérir le plus de pouvoir possible. En tout cas, elle entend bien Chiranth, râler sur les sujets de conversation qui n’ont pas été trop joyeuses depuis le début. Nobuko arrête de marcher et se met à réfléchir, quelque chose de joyeux ? Elle réalise tristement une chose, elle n’a pas vraiment quelque chose de joyeux à partager non… « Je suis vraiment déprimante à ce point là N Parce que je me rends compte que je n'ai pas d’anecdotes joyeuses à raconter... » Demande-t-elle sérieusement, c’est vraiment une question qu’elle se pose d’un coup.