Miel pops, c'est bzzz bzzz bzzzz | Mortimer

[ Amoureux de la nature ] Ça a toujours été le cas. T'as toujours été le genre à aimer te promener dans la nature, depuis que t'es gamin. En même temps, quand t'étais gamin, y'avait pas grand chose d'autre à faire que de balader dans la forêt ou sur la plage. Enfin quand tu bossais pas avec ta mère pour tâcher d'avoir de quoi manger. Mais maintenant que t'es un adulte, maintenant que le monde a changé, t'aimes la nature plus encore. Dès que t'es en ville, t'angoisses, t'aimes pas ça, t'aimes pas les odeurs de pollution, les bruits de la ville, la rumeur de la foule, c'est vite l'angoisse pour toi, alors tu fais ce que tu peux pour t'éviter ça et tu préfères largement quand ta constellation te rend visite chez toi que lorsque c'est toi qui vas les voir, genre à Londres. C'est pas la pire ville, mais déjà, c'est trop.

[ Bec sucré ] Les bonbons, les gâteaux, les sodas, tout ça, c'est ta came. T'aimes ça. T'as toujours des bonbons dans les poches, t'as toujours une bouteille de soda qui traîne pas loin. Bon, ce que tu préfères, c'est les bonbons au miel que tu fais toi-même, c'est clair. Mais une petite merdouille industrielle, pleine de colorants et de gélatine de temps en temps...Ouais, t'aimes ça, c'est certain. C'est peut-être parce que t'as presque toujours crevé la faim, maintenant que tu peux, tu manges tout ce que tu veux, et ça passe surtout par des sucreries.

[ Doigts de fée ] Mettons nous d'accord tout de suite, tu parles pas là de choses dégoutantes et perverses, tu parles de piano. Tu joues. T'as appris y'a longtemps, t'aimes bien la délicatesse que ça demande mais aussi la précision, pour avoir un morceau fluide, qui donne l'impression d'être joué sans effort, quand bien même ça demande de la rapidité et de la dextérité. T'aimes jouer quand y'a personne, t'aimes jouer quand y'a des gens, t'aimes jouer tout le temps en fait. D'ailleurs, ton piano, c'est bien l'une des seules vraies choses de valeur que t'ais en ta possession, t'es pas très porté sur l'argent. Ou le profit en général.

[ Havre de paix ] Ton chez-toi, c'est un endroit différent. Tout le monde le dit. Déjà, tu vis dans une de ces vieilles maisons de pierre des montagnes, basse de plafond, chauffée pas la grosse cheminée qui trône là. Y'a pas beaucoup de pièces, pour être parfaitement honnête, y'en a qu'une grande avec la chambre, à côté et une micro salle de bain. La cuisine antique, le fourneau à bois sur lequel tu cuisines alors que personne comprend comment tu fais, les vieux fauteuils autour de la cheminée, la grande table et les bancs pour recevoir tout le monde et déjeuner tous ensemble...Ça a pas vraiment évolué chez toi, mais tu t'en fous. Limite, t'aurais pas besoin d'électricité pour la lumière et l'eau chaude, t'en aurais pas. Mais un minimum de confort, ça fait du bien quand même. Surtout, ce qui rend ta maison magique, c'est les abeilles, les insectes et les plantes en tout genre. Y'a de la vie dans cette maison, y'a de la vie autour de chez toi, y'a le soleil et, même en hiver quand y'a un mètre de neige, t'es bien et serein chez toi. Avec le temps, t'as acquis une autre maison, plus moderne, plus grande, pour le reste de ta constellation, quand ils viennent te rendre visite, un peu plus à l'écart de ta maison cependant.

[ Paradis des insectes ] Et justement, t'adores les insectes. Sauf les fourmis. Ces machins de l'enfer, qui grouillent là. Mais peu importe. T'aimes surtout la diversité des insectes, les mille et une formes et couleurs qu'ils peuvent revêtir, tous les milieux dans lesquels ils arrivent à survivre. Et de tous, ce sont les abeilles que tu préfères. Cette communauté incroyable, leurs capacités hors-du-commun, leur petite danse aussi, que t'imites très bien, si si, promis. Y'a rien qui t'apaise plus que d'écouter le son bourdonnant des ruches dans les montagnes, de voir les libellules et les demoiselles voleter au-dessus du ruisseau ou de te retrouver avec des coccinelles dans la maison pendant l'hiver.

[ Le poids du passé ] T'as l'air heureux, c'est indéniable. T'as l'air heureux et gamin, le genre que rien ne peut atteindre, jamais. Mais c'est pas vrai. Tu caches ton passé derrière ta façade d'homme toujours souriant et insouciant. Tu caches les douleurs qui se trouvent dans les centaines d'années que t'as déjà vécues. Parce que y'a rien de plus difficile que d'avoir tout ce passé sur tes épaules. Les autres peuvent pas comprendre. Du moins, les mortels peuvent pas comprendre, ta constellation, elle, elle peut. T'as perdu beaucoup trop de choses, au cours de ta vie. T'as perdu les gens que t'aimais, les lieux auxquels tu tenais, le mode de vie auquel tu t'accrochais...Alors ouais, parfois t'es triste et tu te laisses aller, tu t'écroules parfois totalement. Mais pas quand y'a des gens. Jamais quand y'a des gens. Pour ceux qui tiennent à toi, t'es juste l'insouciant mec qui fait du miel.

[ Cheval de bois ] T'as jamais été doué pour monter à cheval. Genre jamais. Mais t'aimes bien les chevaux, tu t'entends bien avec eux en général. Alors ça t'es déjà arrivé d'en avoir, ou d'aider à t'occuper de ceux de gens que tu connaissais. Genre quand les mecs passent par Mantet pour la transhumance, ça t'arrive de leur laisser la vieille grange et de venir t'occuper des animaux avec eux. Et comme t'aimes les chevaux, t'as aussi quelques sculptures. Des chevaux de bois, des chevaux de manège que t'as récupéré par-ci par-là, des chevaux à bascule aussi. Sont pas dans la maison, ça prendrait trop de place. Non au lieu de ça, ils sont un peu partout sur le terrain. Tu les fais rénover quand y'a besoin, t'en prends soin, un peu comme certains avec leurs nains de jardin. Mais toi, c'est des chevaux.

[ Artiste de cirque ] (tw suicide/mort) Y'a longtemps, t'as été magicien. C'était vraiment y'a un moment, quand tu vivais en Angleterre. Toi, ce que tu faisais, c'était te tuer sur scène, parce que tu savais que t'allais revenir indemne peu après. T'avais mis au point plein de numéros pour ça, c'était amusant. Jusqu'à ce que t'ais des problèmes. Parce que bizarrement, un mec qui se tue devant des spectateurs deux fois par semaine, ça attire la curiosité de personnes avec de mauvaises intentions. T'as jamais compris pourquoi tu devais cacher ce que t'étais, ça t'a jamais semblé un gros problème et tout le monde pourrait comprendre que c'est pas si facile, de vivre éternellement, non ? Mais dans tous les cas, tu connais encore quelques tours. Pas ceux où tu te faisais sauter la cervelle, ça, c'est pas des tours. Mais des tours de cartes, des tours avec des pièces aussi, des trucs qui amusent les enfants, en général.

[ Antique héritage ] Tu sais que ta mère était pas française, ni anglaise, pour ce que ça vaut. Elle venait d'Europe de l'est, même si ça s'appelait pas du tout comme ça, à l'époque de ta naissance. Elle était venue en France parce que sa caravane passait par là et ils se sont arrêtés en Bretagne parce que ça avait l'air sympa. Mais à l'origine, ils étaient de bien plus loin que ça, d'un pays qu'on doit appeler maintenant la Hongrie, ou quelque chose comme ça. Pas des plus importants, surtout que ton père, c'était un anglais, de ce que t'en sais. De nos jours, on dirait que t'es ashkénaze, ou du moins, que t'en as des origines, quelque chose comme ça. Mais pour toi, ça n'a pas beaucoup de sens, en réalité. Tu crois plus en dieu depuis très longtemps.

[ Langues du monde ] T'es incroyablement doué avec les langues. Et encore une fois, ça n'a rien de sale. T'es juste doué pour les apprendre, pour les retenir et pour t'exprimer dedans. Tu parles anglais et français, bien entendu, mais tu sais encore parler ancien français aussi, ainsi que breton et catalan. Tu parles espagnol aussi et un peu d'allemand, genre juste le strict minimum pour te faire comprendre et commander de la bière et des saucisses en gros. Tu parles encore un peu la vieille langue de ta mère, mais ce sont des souvenirs, ça ne ressemble même plus à une langue existante, probablement.

[ Père de l'année ] (tw décès d'enfants) T'as été père. Plus d'une fois. Et ça s'est jamais bien terminé. Les premières fois, t'étais même pas immortel et pourtant, tu les as perdus quand même. Tu te souviendras toujours de la naissance de ta fille, ta première fille, le premier enfant que t'as vu venir au monde. Elle était si belle, si petite. Elle a vécu trois ans, pas assez pour vivre réellement, trop pour que tu te sentes pas triste quand tu penses à elle. Et ce fut pas la dernière. Avant de devenir immortel, t'avais déjà enterré trois enfants. Les autres ont été emportés en même temps que toi. Mais eux, ils sont pas revenus comme toi. Avant d'avoir cent ans, t'avais perdu tous tes enfants. T'étais si seul quand t'as vu ton dernier fils mourir...Et le pire, c'est que t'en as eu d'autres. Parce que c'était pas si facile d'éviter les grossesses, avant. Peut-être aussi pour ça que tu t'es intéressé aux plantes à ce point-là. De toutes les fois où t'as été père, y'a pas une fois où t'as pas souffert. Bon, peut-être une. Parce qu'il te reste un enfant. Immortel, comme toi. Dernier p'tit bout d'espoir auquel tu t'accroches parce que t'espères ne pas le voir mourir celui-là.