only lovers left alive — hilmar

@Hilmar Jónsson

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Marius doit l'admettre, il ne s'est pas senti en sécurité depuis des siècles. Dans le silence de ses nuits solitaire, l'immortel est presque toujours réveillé par les fantômes de son passé, persuadé qu'il ouvrir les yeux et se trouver nez à nez avec un couteau sous la gorge. Certains cauchemars sont particulièrement vivides, il en garde la trace longtemps après avoir émergé des brumes du sommeil. Il tourne en rond comme un fauve en cage ; c'est ce qu'il est. A l'intérieur de sa poitrine, le coeur qui bat le rythme est un coeur sauvage, dans un corps trop petit, sur une terre si peu ambitieuse. Un dieu jeté de l'Olympe, condamné à errer avec une infime essence de son potentiel, incomplet. Souviens-toi, il pense, du temps où l'autre moitié était à ses cotés. Il se sentait paisible.
Un peu comme maintenant, ça ne dure peut-être qu'une seconde, une minute. Juste un moment de calme au milieu de l'océan, depuis que les bombes ont cessé de pleuvoir. Il n'y a pas un bruit - sauf celui des oiseaux et d'un ronflement lointain. Si ce devait être son dernier souvenir, Marius partirait heureux. Qu'est-ce que le bonheur, réellement ? Il en a oublié la saveur.

Marius soupire et retourne à l'intérieur de sa chambre.
Si Hilmar le voulait, il pourrait sans mal l'achever sur le champ, planter son épée dans son coeur et laisser son corps se vider de son sang, peut-être qu'il se mélangerait avec les couleurs flamboyantes du soleil qui se lève sur l'archipel. Peut-être qu'il y laisserait son dernier souffle avec les yeux tournés vers le ciel. Il est probable que rien ne se produise car il n'a plus de coeur ; une partie de lui est déjà morte. Il n'a donc plus rien à craindre. Ce qui l'effraie, c'est la chute, ne pas avoir été la hauteur, s'effondrer aux portes du Paradis qu'il rêve de créer. La mort en elle est même, il n'a jamais su lui en lui vouloir. Elle est parfois douloureuse, insidieuse. Rarement rancunière. Elle ne fait que prendre. Ce n'est qu'un concept.
Théoriquement, il s'agit juste de l'arrêt de ses organes et sa conscience qui s'effrite petit à petit jusqu'à n'être plus qu'un souvenir.

« J'ai tant rêvé de matins comme celui-ci. Qu'est-ce qui me fait dire que je ne suis pas encore en train de dormir ? Il parle plus à lui même, allant et venant dans la pièce. Ce n'est pas dans le genre d'Hilmar de faire dans la poésie. A vrai dire, si il prenait le temps d'y réfléchir, Marius verrait qu'ils n'ont rien à faire ensemble et qu'il ne fait que poursuivre une futile forme de plaisir. Il n'est en rien un alter ego. Marius n'est pas un guerrier, Marius n'est pas rustre, vulgaire, brutal, écrin d'humanité. Marius a sa propre conception de l'honneur. Vraiment, Hilmar est tout ce qu'il ne saura jamais et n'a jamais failli être. Deux trajectoires parallèles qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Il y a l'attraction physique qui rentre en ligne de compte, enfin le frisson du survivant. Cette haine que le viking lui crache au visage, la passion avec laquelle il lui promet lui aussi de le tuer.
Des promesses de meurtres comme des confessions sur l'oreiller. Un jour, Marius lui a même dit juste après l'extase qu'il laisserait Hilmar le faire.

Le leader de l'Ordre n'est pas suicidaire pour autant. Il garde ses arrières, il a au moins prévenu Kaito. Pour l'instant ils ne sont que deux sur le rocher et puis, d'ici quelques années, Marius projette d'en faire l'artère principale de l'Ordre. D'ici là, la topographie aura suffisamment changé et il s'est arrangé pour que Hilmar ait peu de chances d'avoir en main les coordonnées exactes de l'île. Il a encore le maigre espoir qu'un jour, il pourrait changer d'avis. Si seulement ils pouvaient ouvrir les yeux, tous, et réaliser que son but est altruiste. Tout ce qu'il le fait a pour finalité d'être bénéfique, pour eux, pour l'humanité.

Si mon ombre se dissociait de moi, elle m'aurait tranché la gorge. Réchauffer la couche de l'origine de mon mal, c'est de la pure folie. Une déchéance sans nom. Je l'accepterais sans me défendre. Une honte pour un guerrier. Le Valhalla doit se gausser de ma personne. Que fais-je ici ? A quoi bon partager souper et drap avec l'Ennemi de ma Faction ? Voir si l'herbe déjà bien calcinée peut survivre. C'est con comme excuse mais je n'en ai pas d'autres. Notre ... alliance est inexplicable et indicible pour sûr. Peut-être la fornication mais bon, j'ai déjà failli être pendu, ce n'est pas innovant. Je me suis posé la question la veille dans sa salle de bain. Je pourrais le tuer maintenant, nous écorcher jusqu'à plus de souffle mais non, du souffle j'en ai effectivement plus, mais clairement pas pour une bataille sanguinaire. Ma foi, je vais pas user du champ lexical de la guerre pour évoquer la Luxure, ce qui marcherait très bien. Et ce que je vis après tout. Point d'amour, bestialité. Et entre nous, avais-je encore ma place chez les Gosses ? Après mon échec, j'ai de gros doutes. J'étais las de suivre un code de conduite, de me démener pour n'obtenir que trop peu de résultats. De me confronter à des gens qui n'ont finalement pas les mêmes attentes et visions. Je ne sais même plus ce que je veux exactement. Une raison pour glisser autre part ? Possible.

En attendant, j'avais cessé mon engagement vers les forces du bien, je chatouillais ceux du mal mais là non plus, j'étais pas là pour trahir. J'avais perdu ma raison mais je n'étais pas totalement dénué de bon sens. Du peu qu'il pouvait m'en rester. Aucune tractations politiques ou de faction de ma part. Cela ne veut pas dire que je vais délier ma langue pour autant. S'il veut soulager sa conscience qu'il fasse. Je m'en servirais plus tard quand je serais de nouveau sur pieds. Dans l'instant présent, juste être un homme profitant du temps libre d'un autre. Il a de bonnes bouteilles pour convaincre de rester. Je suis faible, c'est pas ma faute. Ce qui est fait est fait et je m'en complais. De toute manière, on s'en ira comme nous étions venus. Et probablement, la dernière fois qu'on demeurera neutre.

Je fronce le regard, le sommeil me happe mais c'est une forme de songe assez nébuleuse qui m'emmerde. Les minutes à gesticuler, trop réel, trop douloureux. Et un viking qui se redresse aussitôt, sortant sa lame de sous l'oreiller. Bah quoi ? Main resserrant fortement sur le poignard, le torse se soulevant rapidement, les sens aux aguets prêts à combattre. Mais il n'y a rien. Juste lui. Certes un danger mais pas celui de ma vision. Foutu don à la con. Je replace mon arme à sa place, l'air de rien. Et me masse les tempes. Est-ce toi qui t'amuses à mettre des bêtises dans le crane ? Sait-on jamais, il a acquis d'autres pouvoirs aussi désagréables que son existence. Je ronflais pas assez pour que tu fuis les draps ?

@Hilmar Jónsson cw : shaming [/hr] Il avait goutté la défaite sur la langue d'Hilmar et tel un vampire, Marius avait aspiré tout l'espoir dans le coeur du guerrier. Les souvenirs de la veille lui reviennent en flash, comme ceux qui tirent Hilmar du sommeil. Un don qu'ils partagent et parfois, l'immortel se demande s'il perçoit leur affrontement final. Si dans leurs visions, ils pourraient connaitre l'issue du choc des titans qui s'annonce. Le jour où ils pourront se rencontrer pour mettre fin à cette dance. Marius préfère la faire durer. Il n'y a dans leur étreinte, rien qui ne puisse s'apparenter à de l'affection sauf peut-être l'obsession malsaine de Marius pour ses tourmenteurs. Tant de manières pour détruire un homme et il s'imagine détruire Hilmar maintenant, le rabaisser, lui rappeler sa position, utiliser ce qu'ils ont fait pour écraser sa crédibilité. Marius est dans le contrôle de la situation confiant qu'aucun mal ne lui sera fait pour l'instant et prêt à se battre si les éléments décident de se déchainer. Il s'assoit au bord du lit et approche sa gorge de la lame brandie. « Par encore, Hilmar. Pas encore. » Puis se recule, narguant le Viking. Un jour, mais pas ce jour là, car l'histoire à encore besoin d'eux.

Le leader de l'Ordre de l'Hydre ricane. Hilmar a toujours été un grossier personnage, brute dans ses mots et ses gestes
« Je ne prends pas la fuite, Hilmar. » La seule fois où il a été forcé de le faire, il a détesté cette sensation. Désormais, Marius a juré de ne plus jamais renoncer et d'aller jusqu'au bout des choses. Il ne s'abaissera pas à la retraite. « Que dire de toi, si loin de tes valeurs si chères à tes yeux. Marius sait ce qui s'est passé et il entend bien utiliser tous ses éléments contre lui. Un tir raté, l'ego blessé, les doutes qui doivent obscurcir son jugement. Sinon il ne serait pas là, venu chercher les flammes pour ranimer sa rage. Il n'aura jamais Hilmar dans son camp, alors il ne reste qu'une possibilité. Le détruire, réduire à néant ce qu'il reste de cette constellation qu'il a décimé des siècles auparavant. Il en fait une affaire personne, quoi de plus romantique ? Vraiment tu devrais te voir. Je n'ai pas besoin de mettre des choses dans ta tête. Tout ceci est déjà en toi. Tu perds ton temps à jouer avec les Enfants. Il te faut grandir Hilmar. Je suis le seul qui peut raviver les flammes qui brûlent en toi. N'est-ce pas pathétique ? »