The one thing you leave behind (Harper)

the one thing you leave behind

c/t. warnings :
participant.es : @Harper Haynes

You can have a sound of the thousand voices calling your name You can have the light of the world blind you, bath you in grace But I don't see so easily what you hold in your hands 'Cause castles crumble, kingdoms fall and turn into sand

(LONDRES, 29 janvier 2022)
L’avion est pour le lendemain. Bien sûr, elle aurait pu faire le trajet entre Paris et Copenhague, mais elle ne peut partir si longtemps sans d’abord alors voir le paternel. C’est dingue comme elle s’accroche, alors qu’ils n’ont plus rien en commun désormais. L’homme a fait son boulot, l’a amené jusqu’à la majorité, maintenant, elle ne semble plus être son problème. Cela brise le coeur de la gamine qu’elle est toujours, elle ne peut s’empêcher d’essayer, de venir le voir, de se montrer quand il ne l’attend pas. Et visiblement, il ne l’attendait pas aujourd’hui. La maison est vide, les plantes semblent avoir soif… Le vieux n’est pas présent et ce probablement depuis plusieurs jours. Dans un soupir, elle observe la maison de son enfance, qui n’a que peu changé. Toujours ce manque de chaleur… Cette odeur un peu étrange de tabac et fleurs mélangés. Et sa chambre… Définitivement seule, elle hésite un peu. Elle peut rester bien sûr, pour dormir et filer à l’aéroport au matin, quitte à essayer d’avoir un vol en avance, histoire de ne pas attendre pendant des heures pour lui.

Seulement elle n’a pas sommeil, elle n’a pas envie non plus de défaire ses valises afin de sortir un bouquin ou quelques rapports préliminaires sur le chantier qu’elle va rejoindre. Elle soupire de nouveau, avant de prendre la décision de s’évader sous la douche. Quelques temps après, elle en ressort, toujours incertaine sur la suite de sa soirée… avant d’attraper ses deux chaînes pour les remettre. Ses doigts glissent doucement sur la bague de fiançailles qu’elle portait autrefois… et une idée la prend soudain. Cela fait des années qu’elle ne l’a pas vu… qu’elle l’a évité plutôt… Et son état d’esprit désormais plus calme la pousse à se dire qu’il est probablement temps de renouer le contact. Elle enfile donc le bijou, attrapant le second avec un petit sourire. C’est probablement grâce à lui, qu’elle ose enfin. En vitesse elle s’habille, enfilant comme à son habitude ses bottines et sa veste en cuir ensuite, pour quitter la maison. Le froid la prend rapidement, mais ne la dérange pas. Et puis de toute façon, elle va dans un pub… Autant dire qu’elle n’aura pas froid bien longtemps. L’endroit est moins loin que dans ses souvenirs… plus bruyant aussi… Quand elle passe la porte, elle fronce un peu les sourcils, toujours un peu dérangée par ce genre d’ambiance un peu trop chaleureuse. Maintenant là, elle se prend à douter, à se demander si l’homme sera là, en service. Avec sa chance du jour, elle risque bien de ne voir personne.

Pourtant, elle s’aventure dans la foule, se frayant un chemin jusqu’au bar, où elle aperçoit rapidement celui qu’elle vient voir. Il n’a pas changé… Remarque t’elle rapidement en l’observant à moitié. J’vous sers quoi? Qu’on lui demande, mais elle secoue la tête, se contentant de quitter son emplacement pour aller de l’autre côté du bar… Juste au niveau d’Harper. Eh beau gosse! Tu me ferais un cocktail sans alcool? Et sans alcool hein j’insiste! Va pas me foutre un fond de rhum pour soit disant me détendre hein. Elle fait comme si de rien n’était… Comme s’ils s’étaient parlés la veille alors qu’elle a été absente de sa vie depuis si longtemps. Elle préfère agir ainsi, pour qu’il ne lui demande pas comment elle va… pour simplement renouer sans avoir à se sentir coupable de l’avoir abandonné si longtemps. T’as l’air en forme… Qu’elle balance quand même… un peu rassurée de le voir encore en vie… de le voir se tenir sur ses deux jambes… et de le voir en vrai finalement… après tout ce temps.

fait par sovereign (css

ad vitam aeternam)

the one thing you leave behindHarper & Keira

There's a shadow just behind me shrouding every step I take
Making every promise empty, pointing every finger at me

Là sans l'être vraiment, laissant les gestes usés par l'habitude des nombreux soirs prendre le dessus, à servir les clients qui se pressaient au pub comme tous les samedis soir. Concert, match de foot ou un autre truc, le résultat était le même : il servait des verres, encaissait l'argent, et recommençait. Pas besoin de faire dans l'original, parce que c'était principalement des pintes qu'il posait sur le bar, et c'était tant mieux parce qu'il n'était juste pas en état d'avoir de la créativité, le cerveau embrumé par quelques cachets ingurgités juste avant de prendre son service, de quoi faire taire ce qui tournait trop dès qu'il en laissait l'occasion. Machinalement remonté ses lunettes et remis en place les boucles qui s'étaient échappés de sa queue de cheval avant de prendre la commande suivante. Sourire brièvement par réflexe à quelque chose qu'avait dit son collègue un peu plus loin, vu que ça avait fait marrer autour de lui, et poser les deux pintes devant le client avant de s'intéresser au suivant.

Tête dans le frigo à la recherche de la limonade qu'on lui avait demandé, il n'avait pas vraiment réagi à la voix qui s'était élevée pour réclamer un cocktail. Un sans alcool en plus. Pourquoi les gens venaient dans un pub si c'était pour rester sobre et ne pas toucher la seule chose qui avait un quelconque intérêt ici? Oui bon il y avait les concerts, et la bonne ambiance qui faisait la réputation du Ship, mais quand même. Pas vraiment vu le visage à qui appartenait la voix, pas tout de suite, pas vraiment réalisé, juste à la fixer alors qu'il posait bouteille et verre devant l'ado à peine majeur et récupérait le billet. Peut-être le choc de la voir devant lui après autant de temps, ou juste qu'il ne s'attendait pas à voir un visage connu ici. Un visage aimé. Parce que malgré l'absence, malgré la distance et le silence, elle restait celle qui aurait du épouser sa sœur. Celle qui aurait du devenir sa sœur, qu'il aimait comme telle même si ça ne serait jamais le cas. La douleur au creux de son cœur alors qu'il plaquait un sourire doux sur son visage. Tiens, une revenante.

Pendant une demi-seconde il avait été tenté de passer par dessus le bar pour la rejoindre, le genre un peu classe qu'on voyait dans les films, mais il n'était pas dans le déni à propos de sa forme physique à ce point et il avait rapidement contourné le grand comptoir pour la rejoindre et la prendre dans ses bras. La serrer contre lui et la soulever peut-être un peu du sol au passage, le problème de la grande différence de taille, collant deux bises sur ses joues avant de la reposer. T'aurais du me dire que tu venais, j'aurais pris ma soirée! La regarder, vraiment cette fois, et prendre doucement sa main dans la sienne pour la faire tourner sur elle-même, notant les nombreux changements depuis qu'ils s'étaient vu pour la dernière fois, des années auparavant. Toujours aussi canon, à ce que je vois! Heureux de la voir, triste à cause de tout ce qui allait avec, rassuré de voir qu'elle allait relativement bien, le cœur serré par l'angoisse qu'elle allait disparaître à nouveau, probablement définitivement, quand elle réaliserait ce qu'il était devenu, et surtout, surtout, ne rien montrer, juste ce sourire ravi de retrouver sa Keira. Bon, une horreur sans alcool c'est ça? T'es sûre? Même pas un tout petit peu de curaçao pour fêter ta présence?

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(LONDRES, 29 janvier 2022)
Ses épaules un peu courbées, du poids de la culpabilité mais aussi la pression de le revoir, elle s’efforce pourtant de sourire quand son attention se porte sur elle. Cela fait si longtemps que ses prunelles ne se sont pas posées sur lui, qu’elle ne peut s’empêcher de l’observer en détail quelques secondes, alors qu’il fait le tour du bar. Tiens une revenante. Elle se crispe, inconsciemment, alors qu’elle s’attend déjà à quelques remontrances sur le sujet. Bien sûr qu’elle aurait dû prendre plus de nouvelles. Bien sûr qu’elle aurait pu passer, quelques fois, juste pour voir comme il allait. Elle s’est entièrement refermée, le virant, lui et sa famille, de sa vie et elle n’a aucune vraie excuse pour cela. Après tout, ils étaient tous en deuil. Pas seulement elle. Son sourire pourtant, aurait pu la rassurer, mais c’est l’étreinte surtout, qui la calme un peu. Juste à peine, le temps de lâcher un petit rire quand il la serre contre lui. Ses mains agrippent malgré elle le t shirt du barman quand son cœur s’emballe. Ses yeux brûlent légèrement, mais elle s’est promis de ne pas pleurer.. elle ne le fera donc pas. Elle rit un peu lorsqu’il la fait pivoter sur elle même, il est toujours ce gamin un peu facétieux. Celui qui parvenait à la faire sortir de son sérieux à chaque fois qu’elle en avait besoin…

J’étais pas censée venir. Je me suis décidée sur un coup de tête. Elle ne savait pas qu’elle était prête à le revoir. Pas avant de poser ses yeux sur les deux pendentifs l’un à côté de l’autre dans la salle de bain. Enfin, après toutes ces années, son deuil est enfin terminé et avec cette acceptation, se joint les remords et les regrets. Remords de l’avoir laissé derrière elle. Regrets de ne pas avoir repris contact plus vite. Cette soirée n’effacera pas tout, bien sûr, mais c’est un pas qu’elle fait, le premier, vers lui. Oh arrête les compliments. T’es toujours pas mal toi aussi dans ton genre. C’est à dire absolument pas le sien, mais ce n’est pas ce qui l’inquiète vraiment. Maintenant qu’elle l’observe avec plus d’attention, comme elle fait à son habitude avec les gens qui l’entourent, elle remarque quelques petits détails. Un air fatigué, une sorte d’usure aussi sur la carcasse, qu’elle ne saurait entièrement analyser. Seulement elle n’en dit rien, préférant continuer sur ce ton léger qu’ils ont emprunté. Tout va bien dans le meilleur des mondes après tout… Elle a un petit sourire en coin en lui répondant ensuite. J’insiste! J’ai un avion à prendre demain et il est hors de question que j’ai la gueule de bois. Déjà que j’ai l’impression d’oublier la moitié de ce dont j’ai besoin, si j’ajoute un mal en plus, je vais paniquer. Tu sais comment je suis… et avant un voyage c’est pire encore. J’ai besoin de toutes mes facultés. Tant de détails, il n’en avait pas besoin.

La belle parle toujours un peu trop, ce soir n’échappe pas à la règle. Elle s’installe au bar donc, à la place de continuer son monologue, afin de pouvoir continuer sa conversation, sans l’empêcher de travailler. Tu sais, j’ai un peu paniqué. Si t’avais pas été là ce soir, je sais pas si j’aurais eu le courage de venir une autre fois, plus tard. Elle baisse les yeux enfin, les posant sur le bois un peu poisseux du bar avant de soupirer pour relever les yeux sur lui. Tu deviens quoi toi? Toujours pareil? T’as quelqu’un? Changer de sujet, l’inciter à parler lui, avant qu’elle ne se noie dans les excuses sans fin, qui n’aurait que pour but de la rassurer elle…

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the one thing you leave behindHarper & Keira

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Making every promise empty, pointing every finger at me

Pas d'alcool du tout donc, et il avait haussé les épaules en levant les yeux au plafond avec cet air blasé surjoué qui allait parfaitement avec le ton. Toujours mieux que de tirer la gueule en apprenant qu'elle n'était là que pour quelques heures, pas vraiment de retour, juste de passage. Mais il n'insisterait pas, il respectait qu'elle ne boive pas même s'il trouvait ça déprimant, et après un rapide baiser sur sa joue il avait contourné le bar pour reprendre sa place et réfléchir à quel cocktail il allait lui faire. Rajuster ses lunettes aussi, cette paire avait une fâcheuse tendance à glisser toutes les cinq secondes. Si j'avais pas été là, te suffisait de m'appeler. Toujours le même numéro. Faillit rajouter qu'elle aurait aussi pu venir frapper à sa porte, parce qu'elle savait où c'était évidemment, mais ça aurait voulu dire repasser dans une certaine rue et pas une bonne idée. Même lui l'évitait quand il pouvait faire autrement, y compris après toutes ces années.

Finalement se décider et attraper la bouteille de grenadine, puis un des jolis verres Poco Grande que son patron avait ramené en début de semaine avant de poser le tout sur le plan de travail en face de la jeune femme. Toujours pareil: fabuleux, parfait et incroyablement modeste. Un clin d'oeil et il s'était rapidement baissé pour sortir une bouteille de limonade du frigo, refermant la porte d'un coup de genou pendant qu'il remplissait le verre à moitié. Et ouais j'ai quelqu'un, on est mariés et on a cinq gosses, trois labradors et une maison de campagne près de Bath. Tu sais le petit cottage classique avec la barrière blanche autour et les massifs de fleurs au cordeau. Deux secondes à la regarder dans les yeux, le visage sérieux, avant de juste rire et ranger la bouteille de limonade, prenant une bouteille de jus d'orange à la place. Sérieux Key, depuis quand c'est mon genre de me foutre à la colle avec quelqu'un? Jsais que ça fait du temps qu'on s'est pas vu, mais quand même! Rempli l'autre moitié du verre en secouant la tête avec un air faussement dépité, puis rajouté une touche de grenadine pour ce joli dégradé couleur de coucher de soleil, un peu de glace pilée, une paille, avant de poser le verre devant elle.

Appuyer un coude sur le bar, le menton posé dans la main, et détailler un peu plus attentivement le visage de Keira. L'impression qu'elle était toujours la même, parfaitement identique à la dernière fois qu'il l'avait vue, et totalement différente, un de ces visages qu'il n'arrivait plus vraiment à ancrer dans sa mémoire. Et toi alors? Il t'emmène où cet avion, demain? Pas l'autre sujet, qu'elle avait abordé sans problème d'ailleurs, parce que c'était un terrain compliqué il le savait. Capter du coin de l'œil un client qui l'appelait d'un signe de main et aller rapidement s'occuper de la commande en gardant son attention sur la jeune femme, avant de revenir. Et tes études, ça en est où? Il se souvenait que ça avait quelque chose à voir avec l'histoire, que c'était un truc qui prenait du temps, et que de manière évident elle ne le faisait pas à Londres ou dans une des prestigieuses universités de leur pays. Mais à part ça... Il avait du le savoir à un moment, mais ça avait du disparaître dans les brumes avec beaucoup d'autres choses.

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(LONDRES, 29 janvier 2022)
Elle hoche la tête d’abord, incapable de lui répondre directement. Son numéro bien sûr, est toujours entré dans son téléphone, mais elle n’a jamais eu le courage de l’appeler. Plusieurs fois, elle a essayé, bien sûr, de faire cet effort, mais son coeur en s’emballant, ne lui permettait pas de dépasser sa peur intense… Celle de le voir la rejeter. Puisqu’ils ne seront jamais de la même famille, leur lien étant mort dans cette ruelle non loin d’ici. Pourtant elle est là, en face de lui, et il se comporte comme elle… à savoir, comme si rien ne s’était passé. C’est rafraîchissant un peu… bien que probablement toxique pour eux. Seulement pour l’instant, elle ne peut pas aborder de graves sujets, tout comme elle se refuse à le juger sur ce qu’elle peut voir de lui. Exactement ce que j’allais dire. Son visage arbore un fin sourire, bien qu’un peu triste tout de même. Harper lui rappelle tant son ancienne fiancée. Et puis il s’élargit doucement, tout comme ses yeux, face à la surprise de ce qu’il lui dit. Le discours semble si véridique qu’elle tombe presque dans le panneau, avant d’éclater de rire quand il dément ses propos. Effectivement, il n’a pas beaucoup changé. Rien de sérieux dans ses propos et finalement, c’est probablement d’une soirée comme ça dont elle a besoin. Je me disais aussi… J’avoue tout de même que c’est un tableau que j’aurais bien aimé voir. Je suis sûre qu’un mari et des enfants ça t’irait très bien.

Elle accueille le verre avec un claquement de main impatient, avant de boire une gorgée qui lui fait du bien. Danemark. J’ai une fouille archéologique d’un bâteau viking à mener. J'atterris à Copenhague et après j’ai loué une moto pour me rendre à Bastlund… mais je suppose que ça ne te dit rien. Pour une fois, elle répond avec toute la sincérité du monde. Pas besoin de se cacher avec Harper… Et puis le reste de sa vie ne le concerne de toute façon pas. Jules avait été très claire sur le sujet. Mon frère, mes soeurs et mes parents, ne doivent rien savoir de nos activités… Néanmoins son métier lui, n’est pas un secret, alors elle s’ouvre sans se poser de questions. Je suis toujours en thèse. A chaque fois que je crois conclure mon sujet, je trouve de nouveaux faits à intégrer. Enfin… Je vais pas t’embêter avec les détails mais… ça suit son cours… et c’est pas prêt d’être terminé. Elle pousse un long soupir avant de reprendre. Même si les français commencent à me courir sur le haricot. Ils me fatiguent tu sais pas à quel point.

Elle secoue la tête, comme dépitée, avant de reprendre une gorgée de son breuvage, qu’elle n’est pas certaine de pouvoir identifier, mais qu’elle apprécie beaucoup néanmoins. Tu… euh… Elle hésite un peu, regarde le liquide coloré quelques secondes, avant de reprendre, la voix un peu plus assurée. Tu as des nouvelles de ta famille? Je devrais probablement le savoir mais… enfin… Peu importe, c’est pas important. De nouveau elle soupire, elle se déteste quand son assurance fout le camp comme ça… mais se force tout de même. Harpie… Comment tu vas? Je veux dire… Sérieusement. Sans tes bullshits habituels… Elle a osé… parce qu’au final, c’est ça qui l’intéresse vraiment… savoir s’il a dépassé la mort de Jules lui aussi… ou s’il est toujours dans le monde qu’elle a tardé à quitter…

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the one thing you leave behindHarper & Keira

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Le léger haussement d'épaules au nom du patelin, parce que ça ne lui disait effectivement rien du tout. Copenhague oui, quelques bonnes soirées là-bas, mais pas beaucoup plus non plus. Et puis réussir à recoller les morceaux avec ce qu'elle venait de dire, les fouilles, sa thèse, c'était en Histoire qu'elle était. Enfin c'était ce qui semblait le plus logique, même s'il aurait probablement à nouveau zappé d'ici le lendemain. Rire un peu à sa mention des français, quelle idée aussi de s'exiler là-bas aussi même s'il pouvait comprendre pourquoi elle l'avait fait. Chacun sa façon de fuir, d'appréhender la réalité, d'apprendre à vivre avec le vide, de trouver des remèdes contre la cruauté de l'absence. Machinalement il avait passé un coup de torchon sur le plan de travail devant lui, pas réellement besoin mais il avait du mal à rester immobile. A rester en place, sagement, là où on le voulait, même si c'était une discussion avec quelqu'un qu'il appréciait.

Lui sourire pendant qu'elle reprenait une gorgée de son cocktail sans alcool avant d'aller s'occuper d'un autre client plus loin, et revenir encore. Prêt à ouvrir la bouche pour sortir tous les petits potins familiaux, quand il avait entendu la suite. Ce surnom aussi, qui lui serrait un peu le cœur sans toutefois faire tomber le sourire sur son visage. Jamais, parce qu'il savait parfaitement que c'était ce qui marchait le mieux. Souriez, et le monde vous foutra la paix parce qu'en apparence ça a l'air d'aller. Ça va, Key, sans bullshit. J'ai des boulots que j'aime, un toit au dessus de ma tête, je m'en sors financièrement, je fais ce que j'ai envie de faire quand j'en ai envie, me faut rien de plus pour être heureux. Le même refrain qu'il servait à tout le monde dès qu'ils demandaient, répété à en vomir, parce que c'était la vérité. Une partie en tout cas, celle qui collait le plus avec les attentes générales, parce que personne n'avait envie de savoir ce qui arrivait loin du bruit et des couleurs dont sa vie semblait faite. Qu'il n'avait pas envie de voir la pitié et tous ces autres bons sentiments si inutiles, pas envie qu'on le plaigne ou qu'on s'apitoie sur son sort. Juste qu'on lui foute la paix jusqu'à ce qu'il se foute en l'air une bonne fois pour toute.

Il s'était servi un verre de Coca avec une pointe de whisky pour le goût, levant rapidement son verre en direction de son ex future belle-sœur avant d'en prendre une grande gorgée. Qui aurait mérité plus d'alcool, mais il essayait de se tenir tranquille quand il était au Ship. Ça et le fait qu'il n'avait aucune envie de payer ses propres verres, ce qu'il serait obligé de faire s'il se servait une vraie dose. Sinon la famille va bien. Les parents sont partis passer l'hiver au chaud un peu après le jour de l'an, Em' et Camy sont toujours aussi épuisantes de perfection, et j'ai des nouveaux neveux et nièces à gâter depuis la dernière fois que t'as vu tout le monde. Une nouvelle gorgée, et hausser les sourcils parce qu'il venait d'avoir une idée. Probablement stupide, Keira refuserait certainement, mais sur la maigre chance qu'elle accepte il s'était quand même lancé. Si tu peux faire une pause dans ta fouille, tu pourrais venir avec moi pour Pâques! Peut-être l'une des célébrations familiales qu'il aimait le plus, à chercher les oeufs et autres chocolats cachés pour les petits de la famille en laissant loin derrière lui le reste des adultes.