Long time no see (ft. Bastian)

L’Italie, un petit plaisir coupable dont Katia profite en cette fin de printemps. Un futur pied à terre peut-être, si elle parvient à trouver un endroit suffisamment reculer ou s’installer. Là où les voisins ne se feront pas trop curieux, et restant de préférence un peu loin de chez elle. La russe aime son climat, le soleil aussi, même si ce dernier se montrerait agressif si elle ne s’induisait pas régulièrement de crème solaire, la faute à son épiderme refusant de se parer d’un hâle pour se protéger lui-même. Et elle se la coule douce, la russe, traîne dans les ruelles dans se presser le moins du monde, son attention vagabondant d’un visage à l’autre, avant de se stopper brutalement sur des traits qui lui semblent familiers.

Ah.

Katia fixe l’homme, ses bonnes manières envolées l’espace de quelques minutes. Un autre fantôme du passé, même si celui-ci ne réveille pas le besoin viscéral de s’échapper, d’accumuler la distance entre eux. Des souvenirs relativement amusants lui sont reliés, à celui-là. Quelles étaient les chances pour qu’elle retombe sur lui, dans une ruelle italienne, des décennies plus tard ? Aussi probable que de gagner au loto, ou plus faible, pour ce qu’elle en sait. Doit-elle simplement ignorer sa présence ? Faire comme si elle ne l’avait absolument pas remarqué ? Répéter le même scénario que la dernière fois et faire comme s’il ne s’était rien passé ?

(Denial isn’t just a river in Egypt, uh?)

Sa tête s’incline légèrement sur le côté, reflet de sa curiosité presque enfantine, alors qu’elle détaille les traits de son visage. Il n’a presque pas changé, la vieillesse l’ayant épargné malgré les siècles séparant leur première rencontre. C’en est presque perturbant, malgré sa propre immortalité ayant tout autant figé ses traits. Elle devine des blessures à sa posture, comme un nouvel écho du passé. Un soupir lui échappe, la commissure de ses lèvres légèrement relevé, le semi-sourire saluant le comique de répétition.

-Il faut vraiment qu’on arrête de se rencontrer de cette manière, Esteban.

A croire que le destin s’amuse à rejoindre leurs routes à chaque fois qu’il se trouve dans un tel état. Si la dernière fois avait abouti en une retraite précipitée de sa part, à quoi bon s’envoler de nouveau lorsqu’elle était maintenant persuadée de se trouver face à un comparse d’une constellation différente ? D’une autre étoile qui ne lui semble pas plus agressive que nécessaire envers sa personne, si elle en croit leurs anciennes interactions. C’est suffisant pour qu’elle s’attarde, qu’elle interfère à sa façon.

-On devrait probablement s’éloigner, il ne manquerait plus qu’on croise un policier un peu trop zélé.

Attirer ce genre d’attention, pendant ses vacances d’autant plus, ne fait aucunement partie de ses plans. Et l’allure générale d’Esteban, pour peu qu’il s’agisse de son vrai prénom, concoure contre tous ses objectifs. Pas qu’elle ait des problèmes contre l’uniforme habituellement, mais visiter le commissariat ? Non merci.

-Si on se fait aborder par l’un d’eux, tu es sourd et je ne parle pas Italien, ça te va ?

Long time no see

c/t. warnings : //
participant.es : @Ekaterina Volkova

(Naples, printemps 2021) Pourquoi faut-il que les choses ne marchent pas comme il faut ?
Parce qu’il a la poisse tout simplement. Question stupide, vu et revue à réponse stupide, vue et revue aussi. Le Maya avait pourtant tout bien préparé. La transaction ne devrait pas poser un problème. Encore une fois, c’est un piège, préparé par les autorités italiennes cette fois-ci. Ils l’ont mauvaise cette histoire de vol, d’il y a quarante ans. Faut dire qu’ils ont la rancune assez tenace, mais le Maya peut certifier qu’ils ne sont pas aussi tenace que lui… Enfin bref, il a dû s’échapper de la zone comme il a pu, quitte à passer à travers la fenêtre et de retomber sur les pattes, quitte à assommer un policier en fonction à défaut de pouvoir le piquer. Il préfère utiliser les poisons en dernier recours, parce qu’il n’a pas eu le temps de refaire le stock comme Tal l’avait toujours préconisé dans ses notes. Tout ces malencontreux enchainements fait que Bastian se retrouve à boitiller un peu, le temps que la régénération fasse son travail, la main sous sa veste pour garder l’objet de transaction, un bijou religieux, mais aussi pour mieux supporter la douleur dans la côte.

Encore un peu, il arrivera dans une rue un peu plus bondée, il pourra se mêler plus facilement aux gens et semer les autorités qui cherchent quand même à l’aveugle. Ils n’ont pas pu voir son visage et c’est tant mieux. D’autant plus que Bastian a pris le soin d’analyser les positions des caméras dans le secteur, aidé par sa mémoire visuelle… Mais plus il s’éloigne de ce secteur, moins il se souvient de l’emplacement des caméras, ça devient de plus en plus compliqué.

Il faut vraiment qu’on arrête de se rencontrer de cette manière, Esteban.

Cette voix, ce prénom. Sa démarche se retrouve un peu perturbée. Il tourne son regard vers la personne qui vient de lui parler et là. Il se fige sous le coup de surprise. « Ekaterina ? » Il est de plus en plus surpris. Minute, elle le connaît mais lui aussi la connaît. Ça faisait… Soixante-dix ans rien que ça ?! Minute. Même pas qu’il eut le temps de le dire, que la jeune femme enchaîne et lui rappelle où est-ce qu’il est. Il lâche un petit soupir amusé, c’est vraiment marrant qu’ils se croisent comme ça… « Justement, parlant de policier zélé… » Il confirme bien et bel qu’il a des petits soucis, comme toujours. Et à chaque fois qu’il a des soucis, il lui arrive de croiser le chemin de la Russe. « Ça va être compliqué de jouer le sourd quand j’entends clairement tout, y compris la lassitude dans ta voix, mais soit. Cela ne reste pas impossible. Il faut juste trouver la rue principale, enfin.. Ce serait un plus si tu connais bien le coin. » Il fait un petit sourire insolent et hausse les sourcils. Après tout, elle ne s’est pas gênée de l’appeler par un de ses plus vieux prénoms alors qu’elle aurait pu passer le chemin. Il ne l’avait pas aperçu du tout et donc, ils auraient pu ne pas se parler. Mais Ekaterina n’allait pas se priver ce plaisir là non ? Il se remet à marcher, boitillant légèrement. Il invite par la même occasion la jeune femme à faire de même. « Tu n’as vraiment pas pris une ride, donc ça confirme vraiment bien que tu es comme moi. » Même s’il s’en doutait depuis très longtemps, ils n’ont pas eu l’occasion de discuter de ça en vrai. La dernière fois qu’ils se sont vu, c’était en Russie encore, pas loin du musée de l’Ermitage où il avait volé le fameux sabre… C’était un peu tendu. « Ils ne connaissent pas mon visage, ils cherchent juste un trafiquant qui était censé rejoindre le faux client. » Longue histoire tout ça, alors il se contente juste de résumer comme ça.

fait par sovereign (css

ad vitam aeternam)