(georgia) so I drown in the silence of life's short eternity

[1848] Poussée par la famine terrible qui sévit en Irlande, la famille de Georgia quitte la ferme natale pour tenter sa chance en Angleterre, où ils ne sont pas forcément bien reçus. Ils s’installent à Londres deux ans plus tard, espérant y trouver travail et nourriture.  [1865] A 19 ans, Georgia se marie avec un boucher et s’installe avec lui dans Whitechapel. Un mariage plus ou moins arrangé qui ne la satisfait pas complètement mais lui apporte une certaine sécurité après une enfance et une adolescence faite de pauvreté et de dénuement.  [1867] Le mari de Georgia décède de la tuberculose, la laissant sans enfants et sans le sou. La boucherie est rachetée et Georgia se retrouve à la rue comme une malpropre. Le destin d’une veuve sans aucune rentrée d’argent, jeune de surcroît, ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination : Georgia est contrainte de vendre son corps. Si au fil des années, elle parvient à vivre d’autres emplois : lavandière, ouvrière agricole, couturière, le trottoir reste le moyen le plus lucratif de survivre. [1888] Si elle n’avait pas été immortelle, Georgia aurait été la sixième victime canonique du tristement célèbre Jack L’Eventreur. Mais personne ne retrouva jamais son cadavre mutilé, oublié dans la solitude d’une chambre miteuse d’un bâtiment aussi abandonné que ses habitants. Georgia s’éveilla trois jours après le meurtre sanglant dont elle fit l’objet, alors que ses plaies profondément ouvertes se ressoudaient dans une atroce douleur. Profondément traumatisée, perdue, incapable de comprendre ce qui lui arrive, Georgia ne voit son salut que dans la fuite. Ce qui lui sauvera la vie, ironiquement, puisque son meurtrier la cherchera, interloqué par l’absence d’intérêt de la presse et de la police pour sa victime. Georgia garde certaines séquelles de sa mort, et préfère ne pas en parler. D’autant plus qu’elle n’a jamais vu le visage de son agresseur et que c’est bien souvent ce qui intéressait les rares personnes à qui elle a parlé de son traumatisme : qui est donc réellement Jack ? [1888-1913] Après avoir fui Londres, Georgia trouve refuge à Southampton, où elle vivra jusqu’à l’annonce de l’entrée en guerre. Pendant toutes ces années, Georgia rencontre d’autres immortels, celles et ceux de sa constellation, bien sûr, qui lui permettent de comprendre son état, de découvrir cette nouvelle vie qu’elle a reçu. Très vite, elle adhère à l’idéologie des Enfants de Prométhée, sans doute dans un désir de protéger avant tout celles qui sont la proie de prédateur de toutes sortes, trouvant ainsi un sens à son immortalité.  [1914] Dès l’entrée du Royaume-Uni dans la guerre, Georgia s’engage. Infirmière, elle s’occupe avant tout des soldats blessés sur le front qui reviennent pour être soignés. Si son engagement auprès des Enfants de Prométhée était avant tout une idéologie partagée, la fin de la guerre lui fait prendre conscience du don incroyable qui lui est offert, et l’incite à s’engager plus avant dans la protection du monde. [1939-1945] Pendant la Seconde guerre mondiale, Georgia s’engage cette fois auprès des services de renseignements britanniques. Plusieurs de ses missions d’espionnage la mette en danger et, durant cette période, elle meurt deux fois. La première dans une explosion d’une telle confusion qu’on ne constate pas son décès et que sa réapparition soudaine attire plus d’admiration que de questions. La deuxième fois figure en revanche dans les nécrologies des services secrets, mettant fin à une carrière relativement impressionnante…pour une femme ! [1946] Georgia vit les dernières heures de l’Inde britannique, refuge parfait pour se faire oublier après la guerre. Elle y découvre une culture et une philosophe à mille lieux de tout ce qu’elle connaît et qui lui donnera sa soif de voyages. Elle y restera plusieurs années, même après l’indépendance du pays, pour en découvrir toutes ses facettes. [1962] C’est la première incursion de Georgia aux Etats-Unis, un pays qui la laisse perplexe et ne lui convient pas. Elle passe les années suivantes à parcourir le globe, s’émerveillant de sa beauté. [1985] Georgia fait l’acquisition d’une ferme dans le Sud de l’Irlande, ce qui sera son havre de paix, son refuge dans un monde constamment en conflit. Œuvrer pour le bien commun est éreintant, un risque de tous les instants et elle éprouve de plus en plus le besoin de se ressourcer, de ne s’intéresser à rien d’autre qu’au silence, à la pluie qui tombe, à se balader à cheval ou à lire au coin du feu. [1995] Georgia découvre le continent africain avec Médecins sans Frontière, pour qui elle travaillera pendant presque dix ans, quand la cinquantaine finit par ne vraiment pas se voir sur son visage. Encore des années de conflits et d’horreurs qui la hantent mais qui lui permettent, encore et toujours, d’agir. [2007] Nouvelle vague de voyages pour Georgia qui doit laisser pour un temps son travail humanitaire. Cette fois-ci, ses découvertes l’emmènent en Amérique du Sud. [2018] Georgia retrouve l’Afrique, cette fois plutôt au Nord, parfois à la frontière de l’Asie, où elle accompagne journalistes et officiels, espérant autant éveiller les consciences qu’influer sur des décisions pouvant changer la vie de centaines de milliers de personnes. [2020] De retour en Europe, éprouvée, Georgia apprend les nouvelles qui secouent les siens. Prête à entrer enfin dans le jeu de pouvoir des immortels ?