intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 And it's easier just waiting around to die (Ván)

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(#) And it's easier just waiting around to die (Ván)    Ven 12 Fév - 21:13



Iván Milošević
Time is a great teacher, unfortunately it kills its pupils.
NOM ET PRÉNOM : C'est peut-être la seule chose que la mort a accepté d'emporter avec elle au final, ton nom. Si t'en as jamais eu un tu l'as depuis longtemps oublié, détruit brique par brique comme un mausolée de tout ce que t'as jamais été. Tu aimerais dire que le temps efface tout, qu'à trop vivre tout finit par se mélanger, saturer. La vérité c'est que les souvenirs tranchent toujours autant et jamais ne s'émoussent, peu importe combien on les usent. Tu n'as que faire d'une identité dénommée alors, t'es au-dessus un tel besoin de racines. Tu ne sais que trop bien ce que cela fait d'être enchaîné à la terre et aux gens contre son gré. Un patronyme, un moyen comme un autre pour autrui de te posséder. Alors tu dis merde, mais puisqu'il le faut tu décides de qui tu es, un nom qui se gagne et se mérite. Un nom tel un habit de mensonges impérissables. Iván, pas un dans lequel t'es né ; Milošević un linceul dans lequel tu meurs.
DATE ET LIEU DE NAISSANCE : Il n'existe plus sur les cartes, l'endroit où tu es né. Il a bien trop changé de noms et d'allégeances pour que tu saches encore en parler avec certitude. Comme toi il est resté coincé dans un entre deux qui s'appelait un jour réalité, un instant où tout faisait encore sens. Les montagnes sont toujours là elles, point de repère encore plus immortel que toi. C'est au pied des Carpates que tu as vu le jour, dans le tout jeune royaume Hongrois qui s'étendait alors à l'ouest jusqu'en Transylvanie. Quelque part, quelque temps, dans la misère sûrement. Tu es bien incapable de nommer quelque roi dont tu étais le sujet, t'avais pas ce genre de statut à l'époque et ça c'est indélébile. Pas plus capable de parler des conflits et des complots d'une nation dont tu n'as jamais vraiment fait partie. Tu peux encore compter les siècles sur tes doigts ceci-dit, et il te reste l'auriculaire d'encore levé. Peut-être que t'as foulé cette terre la première fois en 1120 alors. Tout ce que tu sais, c'est que c'est autant de fois de trop.
DATE DE LA PREMIÈRE MORT : C'était un dimanche. Tu t'en souviens parce que le reste du village était à l'église. C'était un dimanche de Pâques même, à en juger par les litanies qui ont couvert tes cris d'agonie. Non, t'es pas mort à ce moment-là c'est vrai. C'est un peu plus tard, quand le silence s'est fait sur tes lèvres et que la clameur des corbeaux a remplacé celle des âmes pieuse. Pas de pierre tombale à ton nom alors tu ne peux qu'estimer la date, jouer au jeu des devinettes morbides quand le masochisme t'en prend. Cache cache des images et des sons distordus, rappel de l'odeur putride à t'en faire évanouir. Oui, ça puait comme en 1159, une corruption qui rampe encore sur ta peau dans le plus noir de la nuit. T'as beau te laver au détergent, griffer chairs jusqu'au sang et souhaiter t'étrangler avec ta propre langue rien n'y fait. Tu pues une mort de temps amers, une que t'arrives pas à effacer malgré les pires encore qui lui ont succédé. Tu sens le désespoir éternel d'une fin attendue mais qui ne vient pas.
ÂGE : Bientôt le millénaire et tu attends, tu espères encore l'impossible. Beaucoup ont déjà eu cette chance avant toi, celle de recevoir enfin la délivrance de cette chaîne ininterrompue de renaissances. Tu te dis que ça y est, à 900 ans ce sera enfin ton tour, ce siècle est ton siècle. Tu vas pouvoir tirer ta révérence que t'attends depuis trop longtemps déjà, envoyer en l'air tout ça et avoir cette fin en éclats que tu mérites. T'attends. Ça se balance dans ta tête, dans ton cerveau qui est resté plat dans un monde où la terre est ronde. Tu tournes pas autour du soleil toi, tu tournes pas tout court, la symphonie d'un coucou cassé. Il faut à certains juste une vie pour devenir fou, toi t'as pas succombé avant plusieurs. C'est sans doute ta seule fierté, ton seul achèvement. Et ça serait de quoi se vanter, si t'avais pas été réellement timbré depuis le début.
HABITATION : C'est à Genève sur les bords du lac Léman que tu t'es posé pour la prochaine décennie, peut-être plus. Au milieu de cette villa qui ne t'appartient pas, t'es rien d'autre qu'une figurine parfaitement accordée dans sa maison de poupées. Tu prends la poussière, trop vieux pour te faire des amis, trop aigri aussi. Un fantôme dans un costume hors de prix qui hante les couloirs trop vastes du marasme humain. Il y a des jours cela te rappelle l'asile en plus rutilant, et tu serais presque soulagé des murmures intempestifs qui viennent parasiter ton esprit. Elle est bruyante ta constellation, elle ne sait pas la fermer malgré les mille deux-cent kilomètres qui te séparent de Budapest. Alors parfois tu prends l'avion pour aller leur dire en face, tu poses un pied dans cette minable bien que coquette collocation et tu leur prouve combien tu sais être désagréable. Rien à voir avec le fait que tu te sens seul bien sûr. Ou que cette « famille » aussi dysfonctionnelle soit-elle, est tout ce que tu as comme garde-fou.
PROFESSION : Tu étais un serviteur, un outil, un esclave, tout ce qu'on souhaite en un seul homme. Et qu'est-ce que tu as fait une fois que tu as eu le choix ? Rien. Absolument rien. Il est des gens qui trouvent leur vocation, t'as suffisamment entendu parlé de ces immortels combattant pour la veuve et l'orphelin pendant que d'autres s'en mettent plein les poches. T'es plutôt de cette deuxième sorte, du moins pour l'attrait pour l'argent. T'as toujours vu la vie comme une survie constante, t'en voulais pas toi, de cette immortalité. Le problème c'est que te faire sauter le caisson ne résoud rien si ce n'est tes crises occasionnelles d'envies de repeindre artistiquement les murs de ton sang. Mourir de faim est la fin la plus vicieuse, même toi tu ne te souhaites pas ça. Alors t'as toujours trouvé le moyen de gagner de l'argent, mener la grande vie même quand tu te débrouillais assez. À chaque époque sa magouille et t'étais toujours dedans. Te faire passer pour un saint et berner les croyants crédules de 1412 ? Fait. Déterrer des cadavres pour fournir la médecine européene balbutiante de 1885 ? Fait. Profiter de l'euphorie sectaire des années 1960 ? Fait. T'as un bon palmarès de crimes à ton actif, un sacré bagage sur ton petit autel de la violence. Peut-être alors que t'as atteint des sommets de mensonges dans cette décennie-ci, l'apogée de ta haine envers toi-même. T'as vendu beaucoup de choses au marché noir, participé à la création des pires mafias. Tu sais la valeur à la vente de la chair alors, la tienne. Tes organes plus précisément, le traffic le plus lucratif qui soit. S'ils savaient, certains diraient que tu te charcutes pour la bonne cause d'un coup de scalpel. Mais c'est pas à celui suffisamment stupide pour vouloir tromper la mort que tu penses lorsque que agonise en attendant que ton énième rein repousse. Non, tes pensées elles sont baignées dans la masse monétaire, le luxe pour pallier au vide à l'intérieur. Ton propre patron du carnage, la bête sacrifiée, le transporteur et le bénéficiaire des profits. Un vrai abattoir clandestin à toi tout seul. Tu boucles la boucle sans vouloir l'admettre au final, tu te crois maître de ton destin dans les extrêmes. Esclave pour toujours d'une humanité qui s'ignore dans une monstrueuse altérité
STATUT CIVIL : Arietta Bianchi. Tu te répètes souvent le nom de ta femme, comme un mantra pour ne pas risquer de l'oublier. Arietta Bianchi. Un mariage qui t'es tombé dessus après un célibat borné de plusieurs siècles. C'était facile pourtant, des promesses en l'air d'éternité et une bague hors de prix au doigt. Arietta Bianchi-Milošević. Une chirurgienne esthétique italienne de talent, spécialisée dans la reconstruction faciale. C'est presque comique quand t'y penses, si tu t'éclates la tête contre un mur tes traits sauront se reformer tout seuls pendant que d'autres passent des heures sous le scalpel de ton épouse pour obtenir le même résultat. Arietta. Jolie Arietta que t'as épousée pour son compte en banque avant de comprendre que des deux, c'était plutôt toi le trophée. L'homme à traîner en société, l'objet de commodité, la belle gueule encadrée de réussite à son bras. Ari. Qui planifie ta vie et ta garde robe, aime te micro-manager comme une opération de plus dont il faut optimiser le taux de réussite. Ce n'est même pas à cause de tout cela que tu ne ressens rien pour elle. T'as arrêté de ressentir quoi que ce soit depuis bien longtemps déjà, pantomime de sentiments inexistants. Le meilleur des menteurs, sociopathe froid et calculé. C'est lorsqu'elle te parle du futur, d'avoir des enfants bientôt que tu ressens de nouveau. Une avalanche même, un tourment qui t'emporte dans son flot incontrôlable. Alors t'oublie le prénom de ta femme et ton poing se lève au dessus de sa tête lorsqu'elle dort. Tu restes ainsi, menaçant dans le silence avant de toujours te raviser. Terriblement seul et pourtant accompagné, tu t'avoues ainsi ta plus grande faiblesse ; tu ne veux pas crever sans personne quand le moment viendra. Alors Ari. Arietta. Tu restes dans ta cage dorée et te mord la queue en formant un cercle rouge sur le sol, rien qu'un lion désenchanté.
ORIENTATION SEXUELLE : Difficile de croire qu'il y a moins d'un siècle tu étais de tous les plans salaces. L'hypersexualité un moyen de passer l'éternité de manière plus confortable, la séduction biais de manipulation indéniable pour parvenir à tes fins. Agent de tromperie et de tentations, tes actes n'ont jamais eu de limites face à la bienséance sociale des époques que tu as traversées. Tant que c'était pour ton propre profit, ton plaisir avant tout, un monstre avide d'attention constante. De charmeur invétéré cachant le pire goujat tu n'es devenu que cette carcasse désintéressée, ce corps au désir étiolé et paresseux. Pansexuel écoeuré par les sauteries devenues monotones et vides, tu n'as plus tellement envie de goûter les plaisir de la chair. Étriqué dans ton propre corps renfermé sur lui-même, presque repoussé par le contact de ceux qui osent encore te toucher. C'est bruyant, assourdissant. Tu as l'impression que l'on écrase tellement tes sens que tu perds la notion de où tu commences et où tu finis. Et t'aimes pas ça, ne plus être en contrôle. Une petite mort, répugne et sale que tu as perdu la capacité de dominer. Le devoir conjugal un calvaire aux milles arnaques : tête entre tes mains feignant la fatigue ou entre ses cuisses pour précipiter la fin. L'aide chimique pour prétendre à la virilité prête, les apparences à garder lorsque t'as juste envie de te barrer. Voir mourir d'un coup de couteau dans le cœur plutôt que de servir ta non-envie en pâture à la sienne. Ce n'est pas toujours ainsi bien sûr ; mais ta libido a la mauvaise manie de se réveiller lorsqu'il ne faut pas. Pour des gens qu'il ne faut pas. Pour des gens insignifiants et pourtant importants.
DONS ET CAPACITÉS : De cette ridicule immortalité tu as hérité la double peine : un don pour amplifier ta malédiction. Ton corps en ébullition constante, tes sens exacerbés par une puissante énergie. Longtemps tu n'as pas compris pourquoi tu étais trop conscient, si attentif à ton environnement, à la fois perdu dans ton propre monde égoïste de perception différente. Tu ressentais trop ; la douleur comme l'euphorie. Tes yeux voyaient plus qu'avant, tu pouvais entendre la cadence de la peur dans un battement de cœur et tester le goût complexe de ton propre sang dans ta bouche jusqu'à la frénésie. Tu disparaissais sous les stimuli, les signaux et les émotions. T'as tellement ressenti tout ton saoul que t'as fini par casser, plus rien filtrer. Et quand tes barrières ont cédé et que la tempête a tout emporté elle n'a plus rien laissé. Il y a un trou béant dans ta poitrine et tu crois bien que c'est là que se trouvait tes sentiments, ta capacité à en avoir encore quelque chose à faire. Ton empathie évacuée par le siphon de la brutalité, l'égocentrisme privilégié pour survivre. Il n'y a plus que toi qui compte. Toi et seulement toi. Tant pis si tu captes constamment toutes ces choses, si tes sens te montrent encore toutes les couleurs alors que tu ne sais plus voir qu'en rouge. Tu te contente de classer les informations, de les écarter de la main. Et lorsque c'est trop pour toi tu perds patience et tu te fermes au monde autour. Tu deviens une lame des plus tranchantes, violence dardée contre quiconque ose s'approcher. Si tu en étais conscient tu pourrais aisément les repousser grâce à un deuxième don auquel tu n'as jamais laissé la chance de réellement se développer. La persuasion dans le sang, t'as toujours cru avoir un talent inné pour la manipulation. Peut-être que c'est un peu plus complexe que ce que tu penses au final ; une ordure pas encore à son plein potentiel.
FACTION : Tu aurais pu être de ceux qui modèlent le monde en bien ou en mal, un décisionnaire parmi tant d'autres. Mais c'est exactement tout ce qui ne t'intéresse pas : faire partie d'un énième groupe, suivre une idéologie qui n'est pas la tienne juste pour cette impression d'appartenance. T'as abandonné l'envie de participer aux grands plans de la société, après tout tu n'en a jamais réellement fait partie. Tu es ta seule unité de mesure, un but, une raison incarnée. Un vagabond qui préfère se tenir à la frontière de tout, isolation que tu te préfères face au bruit insupportable des autres. Mais tu serais malhonnête de te mentir ainsi, de ne pas accepter tes propres faiblesses. Longtemps tu as fuis tes semblables jusqu'à ce qu'ils finissent par te rattraper. Jusqu'à ce que tu acceptes de force que tu n'es pas sans liens et sans destin, qu'il est des êtres auxquels tu es irrémédiablement connecté. Jamais tu ne leurs diras, bien trop fier et hérissé de méfiance et de haine. Mais tu sais au fond de toi que le premier qui s'attaquera à ta constellation, à cette famille dysfonctionnelle qui t'a trouvé ; celui là aura affaire au plus sombre de ton âme.
GROUPE : AUT NECA AUT NECARE. AVATAR : Ben Barnes. CRÉDITS : Images d'aes (self) & quotes (Billie Eilish & Mark Lawrence).
[stigmata] Si ta chair d'immortel te garde bien d'afficher visiblement les multiples séquelles de ta longue existence, ton corps n'était qu'un champ de bataille lors de ta première vie. De ce lointain cauchemar tu ne gardes plus aucun stigmate, là où ta chair a été forcée de faire peau neuve par le passage de l'immortalité. Des traces dans ton dos et sur ton torse, il ne reste presque plus rien. Les sévices effacés, le moindre témoignage que tu aies jamais eu un avant et une identité particulière réduits à néant. Toi à la fierté morbide et aux blessures invisibles, tu ne possède même plus sur tes mains et tes chevilles ces marques circulaires si distinctives. Tu as souvent pensé à les transpercer de nouveau, apposer le neuf sur l'ancien, un rappel forcé du traumatisme indélébile. À quoi bon, ton masochisme est bien vite effacé par cette ridicule réalité. Alors cela fait neuf siècles qu'elles ne sont plus là, camouflées par la cruauté de ce renouveau. Pourtant ce martyr là, tu comptes bien l'emporter jusqu'à la tombe. [Isolation]  Tu n'as jamais bien vécu ton don, cette faculté de tes sens à percevoir tous les détails du monde autour de toi. C'est trop puissant, une déferlante que tu as bien souvent du mal à contrôler. Ce n'est pas tant le flux qui te dérange mais plutôt l'énergie que cela te coûte même après des siècles de pratique. Ton plus gros problèmes c'est sans doute le fait que tu n'es souvent pas capable de classer les informations, évaluer les émotions. C'est un langage que tu ne connais plus depuis longtemps, comme demander à un nouveau-né de ressentir des choses trop complexes. Tu satures alors, la présence de ta constellation n'aidant pas à faire le calme avec leurs émotions constantes. Tu as tout essayé par le passé : alcool, drogue, te cogner la tête contre le mur. Mais ce siècle t'a offert une vraie solution. Plus saine aussi, pas que cela t'importe. Régulièrement alors tu te plonges dans un caisson de privation sensorielle, tu fais le vide facilement ainsi. Tu te fais du mal aussi. Tu t'isoles de tout. C'est comme imiter cette mort que tu ne peux avoir.  [horror] Les films d'horreur et autres productions sanglantes t'orripilent au plus haut point. Si tu as un certain amour des vieux films de monstres en noir et blanc, la terreur et la frénésie moderne te répugne. Tu as assez vu de violence, des vraies abominations qu'aucun être ne devrait voir. Alors tout ce festival de sirop de maïs coloré, ces tripes imitées et ces tensions d'univers paranoïaques te semblent terriblement loin de la réalité. Si tu comprends la catharsis que cela peut procurer à ces temps plus simples tu te refuses à les regarder, prétextant n'importe quoi au risque de sembler incongru. Un comble vraiment pour quelqu'un comme toi, quelqu'un qui n'est absolument pas dérangé à l'idée de tuer de manières aussi vicieuses qu'il soit. Toi qui n'a plus aucune innocence ni conscience, qui devrait être le méchant de ces mêmes films. Un tueur qui n'est pas né mais devenu ; un salopard tout de même. [Pride] La fierté est sans doute ton péché le plus capital. Si tu n'aimes pas que l'on s'oppose à toi c'est surtout dans des détails que tu te manifeste implacable, des choses triviales qui ne feraient pourtant pas broncher d'autres. Il y a peu de choses que tu gardes de ta vie passée et de tes origines, mais tu tiens particulièrement à conserver ta provenance. Bien qu'elle soit complexe de par les évolutions des frontières au fil des siècles, tu as toujours présentée ta nationalité en double. Aussi tu te considère comme hongrois autant que roumain, ton faux passeport précisant ce détail accessoire mais auquel tu tiens. Tu maîtrises d'ailleurs ces deux langues, ainsi que le russe et l'allemand. Tu as mis beaucoup de temps à apprendre l'anglais en revanche. Conservant encore aujourd'hui un lourd accent de l'est lorsque tu t'exprime, celui-ci ressort en particulier lors des conflits. Tu n'aimes guère que des étrangers te parlent dans ta langue natale cependant, prenant facilement affront de leurs erreurs et accents. C'est qu'au final moins tu penses à tes origines et mieux tu te portes, déni de ton identité. Loin du coeur, loin de la douleur. [Psycho] Tu sais que tu n'es pas normal, que quelque chose cloche chez toi. Du moins tu sembles ne jamais savoir agir de la manière attendue, trouver les bons mots pour éviter de tout détruire aux yeux du plus grand nombre. T'es incapable de ne pas te mettre la société à dos malgré les talents forcés de caméléon que tu as acquis avec le temps. C'est que cela fait un petit moment que tu n'as plus exactement toute ta tête, et si on avait passé du temps à te parler au lieu de t'enfoncer une aiguille dans le cerveau peut-être que tu saurais mieux comprendre ce qui t'afflige. Tu ne perçois pas le monde de la même manière que le reste tu crois, t'as pas les mêmes enjeux qui te guident, pas les mêmes instincts. Tu n'es même pas capable de ressentir quoi que ce soit, ta compassion et ton empathie ont disparues depuis longtemps avec le trou noir que tu portes à la place du coeur. Tes priorités sont radicales et tu n'as aucun mal à utiliser la violence pour parvenir à tes fins. T'aimes ça même. C'est simple et efficace, facile à évaluer. Oui, au final c'est la seule chose que tu connais vraiment, la mort qui te rassure de par sa familiarité. La violence qui te berce de par sa rythmique toujours identique. Tu te sais fou, t'ignores juste quel autre mot on pourrait exactement donner à quelqu'un comme toi. Tu t'en fiches même, cela ne changera pas ta vie ni qui tu es. Cela restera toujours toi ou eux. [LYRA] Ta constellation tu l'as découverte particulièrement tard. À vrai dire, tu as passé des siècles sans savoir que tu étais voué à être intimement lié à d'autres. Presque cinq siècles te séparent de Min-Ji, encore plus des deux autres. Tu sens leurs présences en toi, en particulier celle de Dottie depuis sa naissance et pour une raison qui t'échappe c'est toujours celle dont les émotions semblent te hurler au cœur. Lors des multiples morts de James dans la jungle, son désespoir faisant écho au tiens t'a tellement contaminé que tu es resté des semaines paralysé, coincé dans une tétanie empathique. C'est Jacob qui aurait dû t'expliquer comment fonctionne votre famille dysfonctionnelle. Ton aîné d'un millénaire, votre aîné à tous. Au lieu de cela il t'a laissé plus de 450 ans à te battre seul pour survivre, a échoué de vous réunir autrement que sur son lit de mort après une lente et pitoyable agonie. Alors tu ne sais pas quoi faire de tout cela, t'en voulais pas toi, de ces frères et soeurs. Ces étoiles compagnes qui te déséquilibrent de par leur simple existence, te forcent à ressentir et penser à autre chose qu'à toi-même. Tu es certainement le plus calme de tous dans le département émotionnel, mais cela ne t'empêche pas de les fuir autant que tu le peux. Et plus tu tires sur ce lien entre vous et plus l'élastique te force de son retour, instinct irrémédiablement attiré par eux. [privacy] S'ouvrir aux autres est un concept qui t'es étranger. Ce n'est pas exactement parce que tu descend d'époques plus dures où tout un chacun avait autre chose à faire de mieux que de partager ses états d'âme, plutôt parce que tu es extrêmement réservé. Avant même que le concept n'existe réellement tu défendais déjà fermement ta vie privée, ne donnant à personne quelconque détail sur toi. Tu n'acceptes de laisser paraître aucune faiblesse, ne donne aucune accroche possible sur ton armure qui risquerait de te valoir une tentative de brèche. Tu détestes particulièrement la curiosité à ton égard et l'insistance, refusant même catégoriquement de partager des détails de ton passé avec ta constellation. Même tes goûts tu ne les partages pas, peu expressif de compliments ou de tes désirs. Toujours dans le contrôle extrême, le besoin de maîtriser complètement ce que tu es. C'est tout ce que tu as au final, tout ce qui t'appartient, ce feu de forêt constant qui ravage ton esprit. C'est le tiens et celui de personne d'autre, alors ce n'est pas ton problème si des gens s'acharnent à vouloir s'y brûler. [Godless] Autrefois fervent chrétien il y a bien longtemps que tu as cessé de croire. Depuis ta toute première mort à vrai dire, voir même avant si tu es réellement honnête. Tu sais que Dieu t'a abandonné, que le fanatisme religieux a eut raison de ta foi lorsqu'il t'a pris et pris encore jusqu'à t'arracher ce que tu avais de plus cher. Lorsque tu t'es relevé au milieu des morts et que la présence de Jacob s'est manifestée en toi pour la première fois tu t'es cru damné, touché par la main du diable. T'y a tellement cru que t'as fini par te persuader de ta propre folie jusqu'à ce qu'un beau jour elle ne vienne ramper en toi. Le paradis t'es interdit et l'enfer ; le véritable enfer c'est de continuer à ne pas mourir en boucle. Tu as oublié tes prières, crache sur tout ce qui est consacré, sur toutes les fêtes et les lieux saints. Jamais on ne te verra entrer dans une église, mis mal à l'aise par les crucifix. Une attitude qui couplée à tes origines et le passage dans la culture populaire d'un certain Bram Stoker en fait rire plus d'un. Mais c'est la dernière chose qu'ils font en général, avant que tu ne colle le canon d'une arme entre leurs deux yeux. T'as encore moins d'humour que le plus pieux et ennuyant des curés. [hardcore] Si tu n'as de sadisme que l'instinct pour ceux qui te cherchent douleur, il n'est pas rare que tes revers soient particulièrement brutaux envers n'importe qui. Les mots tu les utilises autant que des armes, bien que tu préféreras toujours celles-ci. De glacial tu en deviens complètement frigide, particulièrement dur avec les autres comme avec toi-même. Tu peux sembler impulsif au premier abord aux yeux des non initiés car tu hésites rarement et tranche les questions rapidement. Souvent tu choisis l'action plutôt que la parole, toujours radical dans tes mesures. Tu as compris depuis longtemps que la plupart des problèmes peuvent se résoudre par la violence et en particulier la menace. Tu en passes régulièrement par là alors, être hérissé d'une égide porc-épic constante. Tu n'es absolument pas quelqu'un d'agréable ou à qui demander conseil et tu en es conscient, mais ce n'est pas en écoutant les jérémiades que tu as survécu aussi longtemps sans perdre une oreille. Te battre jusqu'à la mort est ce que tu fais de mieux, et si tu préfères l'aspect personnel du corps à corps et des armes blanches tu n'es pas le genre à amener un couteau dans une fusillade. En 2020 t'as appris la signification du mot « chill », et ta conclusion c'est que t'en as aucun. [Music] Il est difficile de te définir un hobby ou des goûts tant tu ne laisses rien paraître. C'est que ton humeur au repos est bien souvent trop stoïque et apathique par rapport à la moyenne même lorsque tu es réellement en train d'apprécier quelque chose. La plupart des choses qui t'entourent tu ne les considère que de deux manières : les choses que tu n'as aucun mal à sacrifier et les nécessités. Parmis ces nécessités tu es toutefois partiel à la bonne nourriture, ayant développé de facto de par ton don un palais aiguisé. Tu apprécies manger et boire, cela t'a bien trop souvent manqué dans ta vie pour que tu n'admettes pas cela. Tu restes bien souvent composé ceci dit, cédant rarement à une expression de plaisir lorsque tu enfourne une viennoiserie dans ta bouche. Tu as beaucoup de mal à retenir ton intérêt cependant envers la musique, en particulier le classique, le blues et le jazz. Il n'est pas rare que le réflexe de battre la mesure de l'index ou du bout du pied te sois incontrôlable. Tu ne sais pas danser en revanche, n'apprécie pas vraiment cela même si tu connais au moins les rudiments de la valse et du tango. Ta meilleure manière d'apprécier la musique c'est bien souvent de l'écouter assis sur le bord du canapé dans le confort de ta solitude. Un énième moyen de remplir le vide par quelque chose, les symphonies ont un effet apaisant sur toi.
PSEUDO : Dague Filante. PRÉNOM : J. ÂGE :30. OÙ AS-TU CONNU LE FORUM ? Je stalk depuis le projet. UN AVIS, UNE SUGGESTION ? Pas pour l'instant. LE MOT DE LA FIN Hâte de rp ici.


Dernière édition par Iván Milošević le Dim 14 Fév - 15:01, édité 2 fois
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(#) Re: And it's easier just waiting around to die (Ván)    Ven 12 Fév - 21:13


I held to my anger, drank from my well of poison.
These things are not good things,
but at least they're mine.


Tu as oublié les années mais pas les sons, les dates mais pas les images. Mémoire sélective et mélangée, incapacité à remettre de l'ordre logique dans ta propre histoire qui n'en a aucune. Un souffle, une impulsion dans le néant, détente pressée et déjà les souvenirs éclaboussent. Index, canon sur la tempe, qu'importe le moment ou la manière. Tu veux juste une putain de trêve, des vacances sans solde de ta propre existence. Le plus simple quand on peut pas crever c'est encore d'essayer, clamser à la masse rien que pour les deux minutes de paix avant le retour forcé du chaos. Juste un Bang qui provoque un squish et ta cervelle qui échappe sa bile temporelle comme un sablier qui s'écrase sur le sol. Le sable secoué, retourné. Un grain. T'as un sacré grain Iván. Et ça te fait marrer. Bordel ce que c'est drôle.

Dans ton rire il y a un écho éraillé et monstrueux, le Chronos qui dévore ses propres enfants. Chronos chronique ; éclat neurasthénique. Tu fous les jetons quand tu souris. C'est que c'est pas normal chez toi, ça n'arrive même pas quand tu jouis, pas d'autre expression que les canines serrées d'un animal prêt à mordre. Le rictus est vide, épouvantail à toi-même les corbeaux ne t'approchent pas. Les gens non plus d'ailleurs, ton aura de mort annonce la couleur. Noir charbon cancéreux, relique de ton sale coeur pilote du gouffre de ton âme qui ne sait être autre que sardonique. Une pourriture immortelle, une attraction négative qui repousse toutes les bonnes choses et absorbe les pires merdes tel un égout goulu.

Ouvrir grand et avaler, t'étouffer avec ta propre vie tu sais faire. T'es tellement matraqué par le simple fait de respirer encore que tu retiens ton souffle, juste pour voir combien de temps tu peux tenir avant que tes réflexes innés ne prennent le dessus d'une aspiration forcée. La réponse est quatre minutes et dix secondes de trop, d'ailleurs. T'as jamais voulu vivre pour toujours toi ; souffrir jusqu'à la fin des temps. Arraché de ton droit de décision, de ta seule et plus pure possession ; ta mort sous clé d'un putain de hasard injuste. Même avec toute la volonté du monde tu n'arrives pas à en finir, la preuve que même lorsque l'on veut on ne peut pas forcément. Tu suggères une balle entre les yeux des bien pensants et une dague dans le dos des moralisateurs qui ont un jour gaspillé leur salive pour édicter ce genre de conneries. T'es volontaire pour tous les massacrer, craquer une allumette sur le sommet du monde et le regarder brûler. Ça remue dans ton crâne, un parasite qui ronge, ronge et ronge encore chaque synapse. Tu cognes trois fois et ça sonne creux, c'est le vide qui te répond à la porte de ton propre désespoir.

Non t'as jamais voulu survivre, c'est une véritable mauvaise blague dont les auteurs ne semblent pas vouloir voir la fin. T'as supplié dieu quand tu croyais encore, t'a rejeté ce don de tout ton être. Tu t'es déchiré les cordes vocales à maudire le ciel jusqu'à ce que plus rien d'autre ne puisse sortir de tes lèvres que les murmures de ta folie. T'es complètement taré et t'as envie de le crier à la face du monde, prouver que de cette équation de violence multipliée par la monstruosité humaine, tu n'es qu'un résultat. Et quel résultat. Tu es de la pire espèce qui soit, ta mort et celle de ceux qui osent se dresser sur ton chemin rythmant chacun de tes pas. Pas de regrets, pas de sentiments, pas d'autre considération que la tienne. Tu n'es plus humain, pas seulement immortel ; pas même un animal. Tu es devenu la faucheuse, destructrice de mondes ; et c'est le tiens que tu atomises en premier.

Alors te souvenir, réorganiser et reconstruire ce que tu as passé presque un millénaire à détruire dans ton esprit ? Aussi impossible qu'inutile vraiment. Passé antiquité, passé récent, veille et avant veille se mélangent joyeusement d'un traumatisme à l'autre. Tu ne fonctionne plus que par amalgame de sensations et de situations, déjà-vu, déjà-vécu. Ta conscience déchiquetée ne peut plus fonctionner que par affiliation entre tes souvenirs éthérés. C'est la mémoire d'un lunatique, d'un immortel qui en a trop vu. À quoi bon te remémorer de manière chronologique ? Tu as suffisamment vécu pour savoir qu'une vie se mesure en douleur et pas en chiffres. Mais si tu devais commencer par le commencement tu parlerais de la fin, ta fin. Ta deuxième mort, celle qui a provoqué tout cela. Celle que tu regrettes encore.

La première ? Il semblerait que tu savais déjà revenir d'entre les morts avant même que cela ne devienne ta spécialité.


[1159 KINGDOM OF HUNGARY]
DEATH
[1954 DANVERS LUNATIC ASYLUM]

C'est la sensation aiguë d'un bec fouillant contre sa paupière enflée et close qui l'éveille, la sale bête cherchant tendre ripaille sur charogne rigide. Mais ce cadavre n'en est pas un, il entrouvre les lèvres, geint un long souffle d'outre-tombe. Les pattes du volatile lui griffent la joue en s'acharnant, perchoir humain au sommet de la pile. Les sensations dans ses membres lui reviennent si lentement, noyées par cet océan de douleur. À peine arrive-t-il à bouger la tête, traits qui se crispent à la présence pas encore reconnue de l'oiseau de malheur. Le bec plonge de nouveau contre l'œil tuméfié, essaye de le crever en croassant son mécontentement de voir son repas résister à ses assauts. L'homme bouge la tête, gémit une nouvelle fois, grogne pendant de longues minutes jusqu'à ce que piaf ne se lasse et s'envole dans une nuée de poussière.

C'est l'odeur qui l'assaille en premier lorsqu'il recouvre suffisamment ses esprits. Cette atmosphère lourde de putréfaction et de déchets corporels, cette corruption de terre souillée de tous les fluides imaginables. Son corps est glacé, endoloris, parcourus de tremblements de ses mains à ses pieds nus. Il lui faut plusieurs minutes pour rouvrir son œil valide, comprendre que ce poids lourd qui lui écrase la poitrine est une autre carcasse en travers de la sienne. Que cet inconfort dans son dos est encore une autre dont les côtes affaissées par la décomposition saillissent douloureusement contre sa chair. Une dizaine de corps autour de l'homme, dans cette fosse boueuse, cette marée funèbre. On l'a jeté comme une ordure indésirable, quelque chose sans valeur aucune. Sa main stigmatisée tremble lorsqu'il la soulève avec peine pour tenter de se dégager. Les cicatrices des sévices que l'homme endure depuis le plus jeune âge blanchâtres sur ses mains. Il n'est qu'une commodité, un objet dont on dispose. Un esclave que l'on crucifie sur la place publique un jour de Pâques juste par envie, malgré l'hérésie impensable de la chose. Une humiliation pour le forcer à se rappeler qui est son maître devant dieu, que la désobéissance finira par lui coûter la vie.

Et cette fois la désobéissance lui a valu une pendaison, la corde passée sur sa gorge à la va-vite. Pas assez serrée, du travail d'amateur. Elle s'est tendue et a fini par lâcher mais ils ne se sont pas inquiétés de savoir si l'homme était bien mort lorsqu'ils l'ont jeté dans cette fosse. Il bouge petit à petit, pousse de toutes ses faibles forces et réussit finalement à te dégager. Ses doigts sur son cou, sifflet coupé et cordes vocales brisées. Il prend la mesure de son environnement, assis sur la pile de défunts. C'est là qu'il la voit, tunique déchirée et ensanglantée. La masse de cheveux sombres emmêlés qui recouvre son visage, ses ongles cassés et ses doigts tordus par quelconque riposte. Il perd la faculté de respirer à cet instant, comme si la corde était encore contre sa gorge, les larmes et les cris n'arrivent même pas à sortir de ses lèvres sèches. Il rampe à quatre pattes jusqu'à elle, grognements stupides en guise de gémissements de peine. Elle est morte. Elle est morte. L'homme tremble tellement qu'il n'arrive pas à la prendre dans ses bras, faisant rouler son corps sur le côté maladroitement. Il reconnaît alors la petite main qui dépasse de sous les cadavres et de son œil valide un torrent de larmes de désespoir explose.


Tu aurais dû mourir à cet instant. T'éteindre à jamais et retrouver les tiens aussitôt. La corde aurait dû faire le travail, t'épargner l'attente d'une réunion dans l'autre monde. À la place, c'est un os cassé suffisamment pointu que tu as utilisé pour te tuer en le plantant dans ta poitrine. T'as fini le travail d'un suicide improvisé, incapable de vivre sans ta famille. Incapable de surmonter la douleur de ces cadavres devant toi. Maintenant tu ne les verras plus jamais, car ton dieu n'admet pas ce péché. Tu t'es vidé de ton sang en un rien de temps Iván, t'es mort.

Tu aurais dû mourir.

Mais tu t'es réveillé dans la même fosse, le corps toujours endoloris et l'esprit déboussolé. Dans ta tête c'était bruyant, l'écho d'une présence masculine que tu ne comprends pas. Tu t'es tué une seconde fois.

La présence était toujours là.

Tu avais commis l'irréparable, et maintenant tu étais marqué par le démon. Tu vivrais pour toujours et plus jamais Dieu ne t'accorderait un regard.

***

C'est la sensation aiguë d'un pic glacé fouillant sous sa paupière tremblante qui le maintient éveillé, le long instrument de métal cherchant molle matière sous crâne épais. C'est la deuxième fois que l'homme subit l'intervention, que l'aiguille est enfoncée jusqu'à son lobe frontal par voie oculaire. La deuxième fois que la chirurgie échoue à la plus grande perplexité des médecins réunis dans l'amphithéâtre autour de la table d'opération. Les traits du patient ne se crispent même pas à l'intrusion ni à la larme de sang qui s'en échappe. Aucun mot n'est trépidant sur ses lèvres, un silence concentré. Pendant quelques secondes son regard se voile, ses yeux sombres vidés de toute lumière. Avant que l'éclat de vive conscience ne lui reviennent, signifiant un énième échec de la procédure. Le docteur au pic à glace et au maillet s'impatiente, parle d'un ton agacé de ses observations à son énorme magnétophone posé sur un chariot à roulettes surveillé par une infirmière. Il frappe la tête de l'aiguille et l'enfonce une nouvelle fois, procurant à son patient quelques secondes de plus de paix cérébrale ardemment désirée.

Tu connais la blague d'un immortel qui rentre dans un asile psychiatrique et finit par rendre fou les docteurs ? Excepté que ce n'en est pas une. Tu avais peut-être parfaitement ta place là-bas, au milieu des gens cassés et des rebuts de la société. Les indésirables, les toxicomanes et les nymphomanes, tout ce qui finissait en manie ou en phrénie. Et plein d'autres noms fleuris pour désigner toutes ces pièces brisées de l'humanité. Pourtant t'étais sain d'esprit, en quelque sorte. T'entendais plus de voix, tu ressentais plus autant de présences dans ta propre tête. Celle qui t'avait toujours accompagnée s'était tue, et les deux autres avaient fini par se noyer dans les médicaments qu'ils te faisaient avaler à la douzaine. Oh cette douce mort que tu t'infligeais encore, suicide par procuration. Torture moyen âgeuse qui n'a rien à envier au passé excepté que cette fois leurs intentions étaient soit-disant pour t'aider à aller mieux.

Mais t'irais jamais mieux. Parce qu'une autre partie importante de toi venait de disparaître et tu ne t'en apercevais que trop tard. La voix qui t'avait hanté tous ces siècles s'était tue. Tu voulais juste mourir définitivement, arrêter de souffrir de toutes ces pertes, endurer cette existence infinie. C'était trop demander ?
Apparemment.

Ton cœur a lâché après une énième séance d'électrochocs. Ils n'ont même pas pris la peine de t'enterrer profondément dans le cimetière sauvage à l'extérieur de l'asile. Pas ton premier rodéo, la terre meuble a toujours le même goût dans ta bouche.

Jacob est mort.
Définitivement cette fois. Il ne reviendra plus, pas comme toi.

Tu connais la blague du trompe la mort qui doit apprendre à faire le deuil ?


[1349 HOLY ROMAN EMPIRE]
ISOLATION
[1975 CALIFORNIA]

La chaux est fraîche sur la porte, une large marque, une croix blanche qui scelle le destin de tous ceux à l'intérieur. La lumière du jour filtre à peine au travers des fenêtres lourdement barricadées, particules de poussière qui dansent dans le vide sur les faibles rayons. Personne pour observer ce spectacle de vie, les visages sales et gonflés tous tournés vers le néant du sol ou du plafond. L'air est lourd de murmures, plaintes et râles qui n'ont même pas la force de devenir une clameur. La douleur est sourde, épuisée, les quelques êtres encore vivants bougent faiblement dans leurs haillons. Parfois on peut déceler le relent d'une prière désespérée, rien qu'un souffle las d'espoir qui ne s'élèvera jamais jusqu'à son royaume. Le sol est recouvert d'immondices, humide du pire qui fait s'émietter et grincer les planches pourries. Baraque précaire, courants glacés qui ne parviennent pas à chasser le miasme mortifère qui stagne sur les corps. Ainsi emprisonnés, rien que des bêtes, les malades comme les sains mélangés par mesures de précautions. Le monde est devenu fou, la faucheuse vole bas et la mort s'attrape dans son sillage.

L'homme est à genoux face au mur abîmé, immobile. Il se contente de le fixer de son regard vide, ses yeux sombres ne s'intéressant même pas à la femme qui vient de mourir à côté de lui. Sa main aux doigts nécrosés est encore posée contre la sienne, contact involontaire dans la mort, recherche fondamentale d'une chaleur humaine pour accompagner la fin. Pourtant il ne bouge pas, ne cherche même pas à chasser ce risque implacable de contagion. Il sait que sa mort sera lente comme la leur, que sa vie finira par se laisser engloutir par cette vague de noirceur. Il sait qu'il reviendra pour mourir encore, jusqu'à ce que la tempête ne passe et que les vagues de cet océan de tourment ne se calment enfin. Il attend alors, se perd dans son propre esprit et les ténèbres presque indissociables du mur à la pierre fissurée. Terriblement seul, pourtant au milieu d'une foule. Isolé, malgré cette présence qui ne le quitte plus depuis ce jour-là. Il ne réagit même pas aux intrusions, aux impulsions de sentiments qui ne sont sans doute pas les siens. Il n'est plus capable de faire la différence, a abandonné l'idée. Il ne répond jamais lorsque ses démons viennent lui rendre visite de leur malice. Ses yeux se ferment, une mouche s'acharne contre sa bouche, impatiente.


De cette période de l'histoire tu ne garde que peu de détails. T'étais trop souffrant, trop faible pour être encore capable d'appréhender le monde autour de toi. Tu ne te souviens même plus combien de fois tu en es mort, la peste rongeant ton corps avant qu'il ne s'en libère de nouveau à chaque résurrection. Ton esprit a saturé des charniers, des fosses et des lamentations. Tout ce dont tu te souviens c'est de la présence en toi. Il faudrait encore plusieurs siècles avant que tu ne l'identifie comme Jacob, que tu ne comprennes enfin que ce n'était pas le diable qui avait prit possession de toi. Ses sentiments t'étaient intrusifs, sa frénésie effrayante. C'était comme une voix murmurant constamment autre chose d'incongru à ton cœur, un langage inconnu, une contradiction. C'était épuisant.

C'est ironique vraiment.

Que la chose qui aurait dû te faire aller mieux, la confirmation que tu n'étais pas seul au monde, n'a fait que te précipiter un peu plus dans la folie.


***

La peinture est fraîche sur le mur, une large œuvre, couleurs explosives et abstraites qui annoncent la frénésie de tous ceux qui l'ont réalisée. La lumière du jour filtre à peine au travers des fenêtres vêtues de lourds rideaux, les rayons traversant les arabesques dansantes de la pièce enfumée. Tous béats du spectacle des petits riens, kaléidoscope sur le plafond, les visages extatiques et gonflés par la fièvre provoquée par la drogue. L'air est lourd de râles, les gémissements mélangés aux crachotements d'un vieux tourne disque qui murmure Shine on you Crazy Diamond à ceux qui ne sont pas encore partis trop loin pour l'écouter. Les corps bougent à peine sous les draps et les vêtements froissés, libido paresseuse d'ivres morts des paradis artificiels. Parfois un grognement de jouissance perce le calme ambiant. Tous égaux dans cette baraque de camés, rassemblés par le pouvoir de la défonce et du sexe. Portés par des idéologies encore moins saines aussi, des cultes qui préfèrent croire que dieu est un alien et que la troisième guerre mondiale aura bien lieu.

L'homme au centre de la marée humaine endormie essaie de fixer le plafond, allongé et immobile. Enchevêtrement de chairs nues contre la sienne, sourire crispé incontrôlable aux lèvres. Il a froid, tous ses muscles sont glacés malgré la sueur et la chaleur étouffante. C'est une petite mort de plus, le vide au milieu du plein. Les substances le font planer, saturent son système et ses sens. Il essaie de compenser, ce gouffre béant, la sensation d'isolation même au coeur d'une communauté. Il ne trouve pas la réponse qu'il cherche, il s'en fout ; il est fou. Il se tue lentement mais sûrement. Ses yeux se révulsent tout à coups et son nez se met à saigner abondamment. Son corps entre en état de choc, convulsant horriblement. Sa mort ne perturbe personne, famille illusoire.


Cela fait plus de deux décennies que tu joues le jeu du « de combien d'overdose je peux mourir avant que cela ne devienne un record ». Deux décennies que tu fuis ta véritable famille, tous ces sentiments qui se mélangent constamment en toi et que tu essaies de mettre en sourdine par tous les moyens. Ce siècle t'a donné l'un des meilleurs, une manière de réellement te couper de l'extérieur. Thank fuck for cocaine. C'est qu'avec le temps tu peines à tout filtrer, intérioriser avec ton éternel flegme calculé pour que rien ne transparaisse. Ces sentiments qui osent s'échapper de la prison de ton âme ne sont pas les bienvenue à parasiter tes pensées. C'est de leur faute que tu te dis, t'étais bien mieux seul et pas accompagné. Seul sans la perspective, la possibilité d'un autre. T'as passé des siècles ainsi après tout, dans une solitude extrême. Et regarde, t'en es pas mort. Enfin, façon de parler.

À l'extérieur t'es toujours intacte. À l'intérieur, c'est autre chose.

Non t'as pas besoin d'eux. T'as besoin de personne, Iván.


[1920 SAN FRANCISCO]
SOCIAL FAILURE
[1935 PARIS]

Tous les regards prétendent ne pas voir, fuyant a l'opposé du coeur de cette trame nerveuse qui doucement se fomente. Les faces peinturlurées par l'alcool feignent la neutralité aveugle d'icônes saintes par delà les verres et les rires, chapeaux baissés sur leurs écoutilles. Les poupées s'accrochent à leurs bras, bien fardées de sourires charmeurs, légèreté faussement isolée des tensions. La menace est lourde dans l'air pourtant, elle s'échauffe et gronde comme avant un orage. Le barman polis le comptoir au milieu des clients, encadré par l'éclat miroir des bouteilles aux reflets ambrés. Dans un coin le patron réajuste son col tâché de rouge à lèvres, insouciant du fait qu'il est sur le point de subir sa troisième fusillade ce mois et que celle-ci lui sera fatale. Il n'y a que deux âmes parfaitement conscientes que dans quelques minutes le petit bouge illégal sous le tailleur de la sixième avenue va se transformer en bain de sang. Deux âmes que la mort n'effraie pas, se tenant chacune de part et d'autre de ces camps décidés à s'affronter.

C'est la mafia chinoise qui tire en premier, la riposte russe ne se faisant pas attendre. Depuis trop longtemps la triade leur cause affront en osant demander leur part du gâteau, taillant allègrement dans leurs plates-bandes. Les premiers loubards tombent au milieu des cris, le sang coule à flot autant que le moonshine des bouteilles cassées. C'est l'homme qui meurt en premier, hilare, hoquetant dans ses propres bulles carmin tâchant son costume. Il se fiche bien de crever, la situation est bien trop drôle et intéressante. La femme meurt en suivant d'un crâne explosé, corps désarticulé dans sa robe trop courte. Déjà l'un comme l'autre se relèvent, empoignant à nouveau leurs armes pour terminer le ménage autour d'eux. Sans le savoir ils viennent de se trouver, se font écho dans leurs essences autant que dans leurs tirs. Il tue quelques badauds innocents encore terrés derrière le bar pendant elle cherche une veste pour couvrir sa ruine. Ils se ressemblent plus qu'ils ne voudraient le croire, plus qu'ils ne sont prêts à l'accepter. L'homme provoque la femme et elle lui tire une balle entre les deux yeux, incapables l'un comme l'autre de se comporter, appréhender autre chose que leur solitude respective.


Tu l'as sentie la première fois en 1636, un cauchemar qui t'a réveillé d'un hurlement. T'as vomis tes tripes vides sur la terre battue, a porté ta main sur ta gorge comme si une fois encore on t'enserrait le cou, sensation fantôme oubliée depuis si longtemps. T'as ressenti sa douleur et elle a fait écho si violemment à la tienne que t'as pas su quoi en faire. C'était exactement comme Jacob l'avait décrit, tu pouvais sentir tout s'effondrer en toi, se déliter pour se reconstruire autour du lien que la constellation venait de créer de force. On te poussait à comprendre, en si peu de temps on t'arrachait toutes tes certitudes.

On t'a laissé devenir fou avant de te dire que tout avait un sens, une raison. On t'a laissé construire ta réalité seul avant de t'offrir une tape dans le dos en te disant que tu avais tort mais que tout irait mieux.
Éventuellement.

Alors t'as fait ce que Jacob a fait lorsque tu es né. Tu n'as pas cherché Min-Ji.

Et lorsque enfin le destin vous a fait vous rencontrer, tu l'a laissée partir avec une insulte et sans un regard.


***

Tous les regards se font complices, juges silencieux qui ne suivent que des yeux la silhouette nerveuse de l'homme qui doucement s'avance. Les visages peints aux riches pigments feignent le désintérêt depuis leurs cadres dorés, icônes immortelles. Ils savent pourtant ce qui se trame, le savoir secret passe sur leurs lèvres figées dans un demi sourire. Le vigile du musée passe entre les statues de marbres, son ombre se reflétant dans l'éclat miroir des vitrines aux artefacts anciens. Hormis les oeuvres personne ne semble remarquer la gêne dans l'air, cet étrange souffle retenu qui précède un évènement peu ordinaire. Il y a deux dont la vieillesse rivalise avec certains tableaux autour d'eux. Deux êtres assis sur une banquette en velours rouge dans l'immense galerie de portraits, se tournant presque le dos, l'un n'osant regarder le profil de l'autre. Ils se tiennent chacun de leur côté d'un même mur invisible, l'ancêtre et le jeunot. Chacun bloqué dans sa perspective propre inconsciente, lassitude d'un côté et émerveillement de l'autre.

Le plus vieux parle beaucoup, se contente de répondre calmement aux questions émises par le plus jeune. Il ne lui accorde d'attention que par les mots, autrement fixé obstinément sur le tableau face à lui. Ses mains jointes sont serrées sur son écharpe de laine émeraude sur ses genoux, ses doigts incapables de masquer sa nervosité. Il a du mal à agir naturellement, après tout rien de tout ceci n'est normal pour lui. Il ne se sent pas à sa place dans ce rôle qu'il est forcé d'endosser, il ne peut pas être celui qui rassemble les autres. Pas lui. L'anglais semble capter son trouble, mais lorsque sa main se pose sur les siennes un raz-de-marée d'images l'englouti. Et tout bascule en un instant.


T'as fuis. Bien sûr que t'as fuis. T'as fait ce que tu sais faire de mieux, t'as tourné les talons et présenté ton dos à celui à qui tu venais d'offrir une main tendue. Une main. Celle sur la tienne qui a suffit pour précipiter les choses, une vision inattendue qu'il t'a arraché sans même ton consentement ni ta connaissance. Rien que quelques mots incongrus, un choix particulier qui t'a d'abord semblé étrange. Et puis tu as compris, évidence impossible à ignorer. Jamais. Jamais personne n'avait osé chercher à extraire une telle chose de ta forteresse. Pire encore, tu n'avais même pas eu besoin d'ouvrir la bouche. Il savait. Sans que tu ne comprennes comment, il savait. Il avait compris une partie de ton désespoir, de cette douleur qui est tienne. Cette douleur si ancienne que tu l'avais enfoncée tout au fond, sourde et muette à la fois.


Tu t'es barré alors, t'as laissé James dans ton sillage dans le musée. Non c'était définitivement pas pour toi, pas ton rôle.

T'es de ceux qui détruisent, incapable de créer.

Alors pourquoi tu l'as laissé s'acharner ?


[1625 HOLY ROMAN EMPIRE]
ABSENCE OF LOVE
[1949 SAN FRANCISCO]

L'homme est à bout de souffle, la blessure sur son flanc saigne abondamment et ne semble pas décidée à se refermer suffisamment vite. La main plaquée contre la plaie il tente de s'aider de sa libre pour se protéger des branchages sur son chemin qui lui griffent allègrement le visage. Son souffle lui brûle la trachée, relent de ce goût de fer dans le fond de sa gorge. Ses pieds nus s'enfoncent dans la boue, décollant la terre sur son passage. Il court aussi vite qu'il le peut, titube entre les arbres, silhouette fantomatique. Ses vêtements sont en lambeaux, s'accrochant au moindre buisson de ronces comme si une mort certaine cherche à le retenir. Il a peur, il est terrifié. Il n'a pas ressenti cela depuis si longtemps que cela lui en tourne la tête, menaçant de le faire trébucher. Il ne devrait pas pourtant, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Il suffit de fermer les yeux et oublier. De toute manière, il reviendra encore lorsqu'ils en auront assez de le torturer. Il suffit de se laisser rattraper, il ne connaît que trop bien la suite. Jamais sans se battre pourtant. Lorsque les deux poursuivants rattrapent l'homme tombé dans un fossé, il se jette sur l'un d'eux. Il lui éclate brutalement le crâne avec une pierre, sa proie trop paniquée pour l'éviter ; ils ont tout aussi peur de lui. L'homme est trop épuisé pourtant, incapable de se tourner suffisamment vite pour éviter la riposte de son deuxième poursuivant qui a retrouvé ses esprits par la rage. La hache s'abat contre sa nuque et l'arrête net, comme pris par surprise. Un tressaillement passe sur ses épaules, un son inaudible s'échappe de sa poitrine, entre gargouillis et sanglots. Il se sent étrangement calme à cet instant, réalisant qu'il va enfin mourir, que c'était tout ce qu'il suffisait pour être libéré de ce cercle sans fin. Perdre la tête, définitivement.

Déjà la hache se retire pour frapper une seconde fois, attaquant un peu plus son cou, le faisant rouler des yeux. Il s'écroule au sol, désarticulé, presque encore étrangement conscient. Lorsque l'arme se prépare pour une troisième fois, elle s'arrête subitement et c'est contre toute attente le bûcheron qui tombe au sol. Quelqu'un retourne le corps de l'homme presque décapité sur le dos, prenant particulièrement soin de maintenir l'arrière de son crâne aligné avec ce qu'il reste de son cou. Les larges mains pressent et maintiennent avec force, attendent patiemment que les chairs reprennent vie l'une contre l'autre. Des heures durant, jusqu'à ce que l'immortel ne reprenne conscience et ne commence à se débattre. Il griffe ce bras qui le maintient, hurlements étouffés en gerbes de sang sur ses lèvres, éclaboussant de carmin le visage de celui qui refuse de le laisser partir.


T'as reconnu sa présence aussitôt, au moment même où tu as repris un semblant de conscience. Elle était plus vive que jamais, elle t'enveloppait entièrement. Des bras sûrs autour de tes épaules, une main serrée contre ta gorge et l'autre plaquée sur le sommet de ton crâne pour forcer la soudure. Tu l'as touchée du bout des doigts à l'instant où la hache t'a transpercé la nuque. Tu l'as vue sur la surface entre les mondes à l'instant où la frénésie du villageois t'a mis au sol. Tu allais enfin mourir. La solution était là devant toi depuis le début, il ne fallait qu'encore plus de violence, juste une blessure si radicale que même toi tu ne saurais en revenir. Ils te prenaient pour un loup garou, comptaient te mettre à mort comme les huit autres innocents avant toi. Simplement parce que tu étais différent, ta tête ne leur revenait pas vraiment. Il leur avait suffit de te couper une fois pour être convaincus du bien fondé de leurs accusations. Ils avaient peut-être raison dans le fond, t'étais un loup, un putain de monstre de solitude. Et c'est ce que les monstres font de mieux après tout, dévorer l'existence des autres.

Tu aurais dû mourir. Mais à l'instant où Jacob t'a parlé avec son accent cassé, un murmure semblable à celui d'un parent qui calme son enfant, à cet instant tu as su.

Une vie éternelle de solitude est aussi douloureuse qu'une mort définitive dans les bras d'un proche.


***

L'homme est à bout de souffle, gorge étranglée de glaires sanglantes, une main qui tremble contre sa poitrine. Ses poumons ne se régénèrent plus, chaque respiration une agonie alors que l'infection prend sa tournure finale et que la faucheuse le rattrape enfin. Pas d'hôpital, rien que ce bâtiment désaffecté et ce lit grinçant où il a choisi de mourir. Pas d'autres témoins que deux hommes, la fin toujours anonyme pour les gens comme eux. Celle-ci ne fait pas exception. Le plus jeune paie ses hommages, dit adieu non sans une émotion palpable dont l'écho dans le corps du mourant résonne jusque dans celui du plus vieux qui préfère rester en retrait. Il attend d'être seul pour exploser, respecte au moins le deuil de son cadet. Mais lorsque l'anglais se retire, il ne se contient plus.

Tu n'explose jamais vraiment Iván. A dire vrai tu ne sais même pas t'exprimer autrement qu'avec cet éternel calme glacé, cet unique ton monocorde et tranchant. A cet instant tu n'as pas besoin de parler pourtant, alors que tu t'approches lentement du lit de mort de celui qui a été en toi depuis le commencement. Celui qui a incarné bon nombre de tes maux, pesé dans ton existence comme autant de pierres écrasant ta poitrine. Celui qui t'a ignoré pendant tous ces siècles, t'a laissé croire que tu étais corrompu par bien plus que ta solitude. Celui qui t'a volé ta mort, t'a arraché le droit de te souvenir, de retrouver enfin ceux qui t'attendent de l'autre côté. Celui qui par sa simple agonie te pousse maintenant à recoller les morceaux à sa place, t'invoque impromptu à ses côtés, tirant sur ce lien qui vous unis malgré tout.

Tu tires dans l'autre sens à mesure que tu t'avances, plonge toute ta haine en lui en t'assurant de ne pas déborder sur les deux autres. Tu débordes jamais Iván, toujours d'une précision chirurgicale. Et tant pis si tout pourrit en toi en conséquences. Lorsque tu atteins le bord du lit tu te penche, l'expression dénuée de toute émotion. Aucune sympathie, presque de la lassitude qu'il ne se soit pas déjà éteint. Mais ça t'arrange bien, tu es venu expressément pour ce moment. Tu plaques une main contre son crâne et l'autre contre sa gorge, tu n'appuies pas, simple geste évocateur. Ton visage s'approche un peu plus du sien et tu le regardes mourir, le souffle volant presque le sien. Tu attendras des heures s'il le faut, juste pour reprendre ce qu'il t'a pris il y a une éternité déjà. Cet égoïste, ce putain d'égoïste.

« You forced me to live so you wouldn't have to die alone when the time comes. I'm here now, so fucking die Jacob. »


[1885 DUBLIN]
GUILT
[1957 LOS ANGELES]

La houle fait se briser les vagues au pied de la falaise, l'écume brutale couvrant presque le chant criard des mouettes. L'océan gronde, gargouille son bouillon infernal, flux et reflux sur le rivage. Elle se tient au bord du précipice, silhouette battue inlassablement par le vent. L'un de ses bras est enroulé sur le plus jeune contre sa poitrine, son autre main tenant fermement celle minuscule du plus vieux debout à ses côtés. Ensemble ils contemplent l'horizon, semblant attendre quelque chose. Les lèvres de la femme bougent lentement, murmurant une chanson aux paroles oubliées, mots paresseux qui meurent d'un souffle lourd dans la brise. Sa tête dodeline légèrement, corps qui cherche à se bercer seul plus qu'à rassurer les deux êtres contre elle. Elle patiente sagement pourtant, elle sait qu'il rentre à cette heure-là. Elle a pour habitude de l'observer depuis la falaise, remontant le sentier de la plage jusqu'aux champs. C'est quatre longues heures qu'il lui faut pour pour la rejoindre depuis le port, parfois des jours entiers sans le voir lorsqu'il reste en mer. Pourtant elle attend, ses deux fils avec elle.

Lorsqu'il s'approche son sac sur l'épaule elle se tourne, n'accourant pourtant pas vers lui. L'homme dépose lentement ses affaires au sol, semblant remarquer l'étrange regard de sa femme. Il approche de quelques pas, son fils tenté d'aller vers son père mais retenu par la main ferme de sa mère. L'homme demande à son épouse ce qui ne va pas, le ton calme à la douceur pourtant saline. Elle lui sourit, demeurant silencieuse un instant avant de lui annoncer qu'elle a comprit. Elle lui dit que ce n'est pas grave, qu'elle ne lui en veut pas de lui avoir menti. Il fronce les sourcils, avançant d'un autre pas. Elle serre un peu plus fort leurs enfants, souriant toujours pourtant. Elle lui dit que ce n'est pas grave, qu'elle ne lui en veut pas et que bientôt cela n'aura plus aucune importance. Une autre de ses avancées la fait reculer cette fois, se rapprochant dangereusement du bord de la falaise. Il lui demande de quoi elle parle, la supplie de s'écarter du bord, lui hurle qu'il ne comprends pas ce qu'il se passe. Elle secoue doucement la tête, écartant sa terreur. Bientôt, qu'elle lui dit, une fois que l'océan les aura prit. Bientôt ils deviendront tout comme lui et plus rien ne pourra jamais les séparer. Elle fait ce sacrifice pour eux qu'elle dit, ensemble ils vivront sous les mers, dans le royaume dont elle est persuadée qu'il descend.


Elle s'est jetée de la falaise et tu n'as rien pu faire. Ta jolie Elizabeth, ta tendre Bettie. Elle s'est offerte aux flots avec ta progéniture, pâture aux mâchoires du récif en contrebas. Qu'est ce que tu croyais ? Qu'un immortel comme toi mérite une vie normale parmi des êtres qui n'en ont qu'une seule ? Lorsque les premières rumeurs sont remontées jusqu'au village tu pensais que les ignorer suffirait. Après tout un marin qui réchappe plusieurs fois de la noyade ce n'était pas si surprenant. Excepté que tu n'en rechappait pas vraiment. T'avais toujours fait attention où tu te laissais échouer pourtant, vigilant de ne pas paraître plus intact que ce que tu devrais être. Mais les gens parlent, les rumeurs et les murmures ont fini par suivre ton sillage. Lorsqu'elle t'a demandé si tu étais selkie ou kelpie, tu as rit. Tu t'étais habitué au folklore de cette nouvelle terre d'adoption, ce peuple si sérieux sur sa superstition. T'avais l'habitude, ça te rappelait presque la maison. Tu pensais pas qu'elle te prendrait au sérieux quand tu lui répondrais qu'elle avait enfin percé ton secret après toutes ces années.

Ils sont morts à cause de toi. Aidan. Ruairi. Bettie. T'as repêché leurs cadavres au fond de la mer d'Irlande.

Ils sont morts par ta faute, parce que tu as cru un seul instant mériter encore le bonheur. Égoïste comme Jacob avant toi.

Égoïste, à pousser les autres à t'aimer.


***

La surface du lac est calme lorsqu'il s'immerge, laissant sa veste et ses chaussures sur le rivage avec les deux silhouettes à qui il a froidement dit d'attendre. C'est une sensation familière qui n'est pas sans lui arracher un frémissement lorsqu'il prend une profonde inspiration. L'eau l'enveloppe de sa masse, bientôt elle le recouvre complètement. A mesure que l'homme descend la lumière se fait plus rare, pourtant pas un problème pour ses sens surdéveloppés. Non, le principal obstacle c'est le manque d'air, la précipitation qui lui a fait sous évaluer la profondeur. Le pied de biche qu'il traîne l'empêche de nager correctement, force ses mouvements à une lenteur indésirable. Il sait qu'il va probablement se noyer plusieurs fois dans le processus mais ce n'est rien pour lui, rien comparé à cette incontrôlable panique qui pulse en lui. Celle qui n'est pas sienne mais qu'il est incapable d'ignorer.

Depuis des jours qu'il la sent, impériale en lui, agaçante de réalisme. Jamais encore il n'avait connu une telle violence, une telle présence. Les deux autres ne résonnent pas ainsi, pas même le plus vieux lorsqu'il était encore en vie. Il a d'abord essayé de l'ignorer, rejeter ce lien qui lui déchirait la poitrine, hameçon tirant son cœur. Il a tenté de faire la sourde oreille à sa douleur, pas son problème à lui si l'univers accordait encore l'immortalité à quelqu'un d'autre. Pourtant il est là, incapable de l'ignorer plus longtemps, attiré comme les autres vers cette nouvelle étoile dans leur morbide congrégation.

Il a attaché le pied de biche à sa main en y enroulant sa cravate lorsqu'il a senti qu'il ne tiendrait plus, s'est activé de nouveau à l'instant où l'eau s'est éjectée de ses poumons. Il connaît le fonctionnement de la noyade à répétition, sait que plus il meurt et plus la quantité d'air naturellement disponible dans ses poumons diminuera jusqu'à ce qu'il ne devienne aussi inutile qu'un poids mort au fond de l'eau. Il s'active alors, presse contre le coffre de la voiture pour faire levier. Il s'acharne, meurt une seconde fois avant qu'enfin le pied de biche ne fasse le travail. Lorsque son cadavre se dégage du coffre pour flotter doucement face à lui, il reste interdit un instant.


Dottie. Tu n'as jamais compris par quelle mauvaise blague une personne comme elle s'est retrouvée liée à toi ; à vous. Tu t'étais déjà posé la question à ta rencontre avec James, vous étiez si différents, à un millénaire l'un de l'autre. Alors pourquoi elle, pourquoi maintenant ? Lorsque tu as dégagé son corps du coffre, tu as libéré un peu du nuage de sang qu'elle a perdu à sa mort, témoignage dilué de la violence de celle-ci. Mais ce n'est pas ce sur quoi ton regard s'est posé.

Elle était enceinte, Dottie.

Elle a rouvert les yeux de ce regard terrifié, si innocent de tout ce qui était en train de lui arriver. Elle a plongé son regard dans le tiens et pendant un instant ta main a tremblé en enserrant ses épaules. Elle t'a inondé de tout son être, s'est agrippée à toi corps et âmes.

T'as ressenti quelque chose que t'avais pas ressenti depuis longtemps. Et t'as compris, vraiment. T'as compris le rôle que tu pourrais avoir.

Tu aurais dû la tuer définitivement, arracher sa tête avec le pied de biche et refermer ce coffre de pandore. Tu aurais dû remonter à la surface seul et prétendre aux autres qu'il était trop tard. Au lieu de ça tu l'as placée dans les bras de James, a esquissé à peine un regard vers Min-Ji.

Tu aurais dû.

Mourir, plutôt qu'une éternité à souffrir seule.

Une éternité.

Seul.

T'es seul Iván.

Seul au milieu d'une agonie silencieuse.

Seul, rien qu'un cadavre au fond d'un océan infini qui ne veut pas de toi.

Seul.
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Astra Ackerman
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(#) Re: And it's easier just waiting around to die (Ván)    Dim 14 Fév - 15:38



fiche validée
- félicitations ! -

Bon je vais me répéter, mais olala, quelle fiche ohno larmes Tu as créé un personnage absolument superbe, j'ai adoré te lire, c'était un merveilleux pavé, comme je les aime tant keur Du coup je ne te fais pas attendre plus longtemps, je te valide avec grand plaisir ohno Amuse-toi, et ne fais pas trop de bêtises hmhm Be nice uhuh

Les petites choses à faire après sa validation :

Maintenant que votre personnage a été validé, il ne vous reste plus que quelques petites choses à faire avant de pouvoir vous lancer dans l'aventure en RP tinyheart Tout d'abord, n'oubliez pas de remplir tous les champs de votre profil (sauf ceux ne vous concernant pas, évidemment). Ensuite n'oubliez pas de créer votre fiche de liens, très importante pour que nous puissions vous demander de super liens et des RPs owi Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi créer un téléphone, pratique quand on veut communiquer avec quelqu'un qui ne se trouve pas sur le même continent hi Et, pour les immortels, rendez-vous ici pour proposer vos constellations cutie Et voilà, vous n'avez plus qu'à vous amuser, bon jeu sur Ad Vitam Aeternam wow
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