Thirst for eternity ((anton))

[1972] Naissance d’un héritier déjà déchu, le sang bleu dans les veines quand, au loin, règne le rouge sang. On rêve encore à la Russie des tsars, on s’en souvient comme si c’était hier et on la rend vivante et vivace dans l’imaginaire du marmot. Autant par désir de survivre que par refus de vivre dans cette Russie dépouillée de sa splendeur, ses grands-parents ont trouvé refuge en Normandie où ils se sont établis après que les hommes, tous deux officiers, aient servi leur patrie d’accueil durant la seconde guerre. Par souci de lignage, les patriarches ont unis fils et fille afin que leur noblesse ne ternisse pas, lesquels firent d’Anton l’aîné, suivi de quatre autres têtes blondes. [1991] déterminé à faire perdurer l’héritage familial, Anton s’engage dans une carrière militaire, intégrant alors l’école de Saint Cyr pour en sortir officier. Parce qu'il ne songe pas une seconde à se mêler aux troufions de la Légion Étrangère qu’il commandera des années plus tard et qui l’appelleront “mon Colonel”. Du Kosovo à la Libye, en passant par l’Afghanistan et la Côte d’Ivoire, il dirige ses troupes d’une poigne de fer, narguant la mort le sourire aux lèvres dès que les combats éclatent. Parce qu'il se sait destiné à bien plus qu’une mort unique. Parce que, derrière lui, plane l’ombre écarlate d’un rêve d’immortalité, dont il sert les intérêts en arborant médailles et galons, gagnant en influence à chaque victoire, traquant le moindre mort qui se relève, s’approchant toujours un peu plus de l’éternité promise. [2012] il faut bien se l’avouer : il n’est plus si aisé de trouver une noble et russe héritière à marier, le sang des blancs s’est teinté de ceux les ayant accueillis. Bien sûr, il courtiserait volontiers une noble héritière se présentant à lui, mais à défaut de femmes de cette qualité, il en marie d’autres. Peut-être parce qu’elles ont un peu plus compté que celles qui ne l’ont jamais vu que dans des hôtels, bague au doigt ou non, ou peut-être ont-elles eu leur rôle à jouer dans l’ascension du slave qui a quitté l’armée pour se reconvertir dans le trafic d’armes. Filles de familles influentes de la pègre, figures incontournables du Conclave, personnalités publiques, oui, elles ont toutes eu de l’importance pour lui, un peu, pour ses ambitions, surtout. Le nom d’Azarov s’est associé à ce qu’elles incarnent, qu’elles l’aient conservé ou non il fait désormais partie d’elles, de leurs monde et des héritiers qu’ils ont conçus. [2016] le vingt-et-unième siècle est un véritable Eldorado pour le marché dont Anton est devenu l’un des piliers, non sans l’aide en sous main d’un Conclave désireux d’avoir des agents jusque dans les milieux les moins fréquentables. Mais s’il côtoie la lie de l’humanité, Anton n’en perd pas pour autant sa noblesse, non pas d’âme mais d’égo, méprisant la racaille qui travaille pour lui et celle qu’il arme, elles ne sont que pions à sacrifier dans son échiquier. Aux yeux du grand public, il est un riche magnat de l’import-export ayant étendu son empire aux cinq continents, garantissant dans l’ombre des trajets sûrs et du matériel de pointe au Conclave qui commence à surveiller de près les laboratoires Amaranth Phamaceuticals. Il pourrait se contenter de ce qu’il a déjà achevé, se satisfaire de sa vie de mortel déjà bien remplie dans les suites de luxe qu’il occupe où qu’il aille, mais ce serait ne se contenter de trop peu. Il y a tant à faire en vivant sans compter. [2020]La fumée s’élève encore du laboratoire délabré d’Amaranth Pharmaceuticals que la relève a été toute désignée. Certains y ont vu des manigances au sommet entre Cordelia Fawkes elle-même et l’ambitieux slave dont on connaît la détermination à toute épreuve pour monter dans la hiérarchie. Les rumeurs vont bon train quant aux moyens mis en œuvre par Azarov pour porter aujourd’hui le titre de Lieutenant en charge de la sécurité des laboratoires Amaranth, mais le principal concerné n’en fait pas état. Au contraire. Laisser les curieux spéculer quant à jusqu’où est prêt à aller cet homme pour s’élever plus haut qu’eux ne fait que le rendre plus imprévisible encore, plus craint, à défaut d’être respecté par certains. Qu’ils jasent, qu’ils crachent leur venin, ils sauront bien assez tôt ce qu’il en coûte de manquer de respect à celui qui les surpassera bientôt tous jusqu’au dernier. Mais d’ici à ce que ce jour n’arrive, c’est sur sa mission qu’il se concentre, encadrant la reconstruction du laboratoire New Yorkais tout en gardant un œil sur les autres, usant de son nouveau statut pour mettre son nez sur le peu d’études conservées dans ces derniers, attendant impatiemment la reprise du programme pour y apposer sa patte et faire trimer cette bande de scientifiques qui n’avancent à rien. Il n’a pas de temps à perdre, l’éternité n’attend pas.