left behind (connor)

LEFT BEHIND

Elle est vide, la villa, quand ils sont pas là. Et lui il erre, tourne en rond, la solitude comme vieille ennemie. Temps passé à rattraper tout ce qu’il a pu rater, un œil sur le passé et sur ce que les mortels ont détruit au fil des âges. Les rideaux trop luxueux fermés même en pleine journée, comme si l’obscurité partielle apportait un certain réconfort au tourmenté. Le silence encombre déjà bien assez l’esprit ; écran plat trop large pour l’utilisation quasi-inexistante a été allumé, bruit de fond qui apaise. Et tout continue de se contredire dans son comportement, éléments de son enfermement qui terrifient et rassurent à la fois.

Bouquin d’histoire entre les mains, Alexius reste posé au sol, continue encore et encore de rattraper tout ce qui lui a échappé, comme si quelque part il y trouverait une lueur d’espoir, n’importe quoi pour raviver ses anciens idéaux. Sonnerie qui résonne dans la demeure fait sursauter, instant de panique qui ne dure que quelques secondes, juste le temps de se ressaisir. Alors il prend son temps, ne prend même pas la peine d’arranger sa tenue, ne compte pas tellement s’attarder avec l’étranger. La porte, il ne l’ouvre pas plus que nécessaire, juste de quoi passer sa tête blonde et guetter l’intrus.

Le regard plissé, il lui faut encore un moment avant de daigner parler, la crainte de faire une erreur bien présente. « Je crains qu’Apo- enfin, que Luciana ne soit pas présente. » Erreur sur le nom vite rattrapée, peut-être pas assez, aussi se dépêche-t-il d’enchaîner. « Si je puis savoir à qui ai-je l’honneur, je pourrais transmettre une missive, si vous le souhaitez bien sûr. » Farouche politesse, les termes modernes déjà oubliés, importance portée à la terminologie loin de faire partie de ses préoccupations premières, l’achat de sa tranquillité comme priorité évidente.

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“left behind.” & Les journées défilent et se ressemblent toutes depuis déjà bien trop longtemps. Des siècles de misère, des siècles d'ennuis et Connor, il en a assez de l'ennui. Rien dans sa vie n'est palpitant, rien dans sa vie ne vaut le coup d'être vécu et il ne faut jamais plus de quelques années pour qu'il se lasse de ses activités. Sa vie est monotone, triste, il rêve de quitter paisiblement la Terre mais il s'agit là d'un rêve, une douce et douloureuse chimère irréalisable. Alors Connor vadrouille de terres en terres, cherche un but aux quatre coins du monde, visite chaque recoin de cette délicieuse planète abîmée par l'homme sans trouver quoi que ce soit qui le fasse réellement vibrer. Ce n'est que sur l'eau qu'il se sent véritablement lui-même. Alors depuis quelques semaines, il parcourt la mer méditerranée et ce n'est que lorsque ça ne le suffit plus qu'il dépose l'ancre dans ce pays qui avait connu ses plus beaux moments, mais aussi sa plus grande peine ; l'Italie.

Evidemment, il avait fallu qu'Apollonia s'installe ici, dans cette patrie qui avait un jour été celle d'Alma. La douleur au cœur, c'est le pas lourd et l'humeur macabre que le pirate rejoint la villa de la blonde qui l'avait tant de fois accueillie. Si quelqu'un pouvait tuer l'ennui qui l'étreignait depuis déjà si longtemps, c'était bien la douce et délicieuse Apollonia. Il sonne à la porte, et ne s'attend pas à voir la visage diaboliquement angélique de l'immortelle immédiatement - elle aura forcément envoyé quelqu'un. C'est un blond qui lui ouvre - et Connor ne l'a jamais vu. Pourtant il semble âgé, le brun le devine aisément, non seulement parce qu'il appelle Luciana par son vrai prénom, mais parce que ses mots ne sont pas deux d'un homme de la trentaine. Connor le toise de longues secondes avant de pousser la porte pour entrer. « Montre toi Apollonia, je suis sûre que t'es là. » Il fait quelques tours sur lui-même dans l'espoir d'entendre sa voix, mais rien ne vient. Alors il repose son regard sur l'étranger et se rapproche de lui jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de lui. « Qui es-tu toi ? » il marque une pause, et sans demander son reste, se dirige vers le bar. « Je suis Connor Bellamy, un... ami d'Apollonia » alors qu'il se dirige immédiatement vers les bouteilles de whisky, il attrape deux verres qu'il remplit plus que de raison avant d'en tendre un à l'autre homme. « Whisky. Saluti. »

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