Dans les pas des antiques romains (Connor)

♛ Dans les pas des antiques romains

@Connor Bellamy
Rome, état de grâce, capitale fédérée d'arts et d'histoires. Double ironie que celle de Grace en ces terres là où les arts tapissent les rues et bâtiments de celle qui se dresse à la conjoncture des sept collines. L’Histoire avec un grand H se lit sur les pavés, sur les murs et là où les yeux aguerris savent se poser. Maintes fois touristes, plusieurs fois femme logée au bras d’un époux daté, bataillant pour la liberté d’une Rome accablée. Klara n’a foulé que quelques fois les terres italiennes. Par pure envie. Par pure convoitise car, la cité a toujours fasciné l’histoire, histoire que voulait aussi vivre l’immortelle. Finalement, les humains demeurent les mêmes peu importe le lieu sur terre, petits et insignifiants. Aujourd’hui, à l’ère des grandes révolutions, il est aisé d’être transporté vers le pays désiré alors que jadis, les journées à cheval, aux côtés des bipèdes avaient de quoi l’ennuyer. Quelques pertes roulaient forcément sur les routes d’Europe. Têtes sagement coupées, doigts brisés ou encore corps poignardés. Routine qu’elle déserte volontiers pour le luxe permis par la première classe d’un vol long courrier. Quittant New York pour plusieurs avec l’envie de se rendre en Autriche, dans le château familial, Klara décide de faire un saut à Rome. Terre de culture où elle trouverait probablement de quoi vivifier son esprit créatif afin de parfaire la collection des bijoux Klara, sa propre marque.

Le soleil est ardent, haut dans ce ciel guère obscurci pas les nuages. La vie enchante la ville. La végétation qui reprend ses droits. Majestueuse, vivifiante. Vivante. Carnet en main, esquisses du feuillage lové contre les ruines du forum couchée sur le papier. Yeux épars et distraits par l’amoncellement du public. Pourtant, en ces temps en dehors des vacances et par cette heure matinale, Miss Allen pensait ne trouver que le silence pour l’accompagner dans sa quête. Trompée et fustigée, elle se fait même piétiner par des pieds tout ce qu'il y a de plus...humain. Coup de coude qu’elle n’hésite à glisser contre les reins de la dite donzelle qui court partout, piaillant à tout va à son auditoire sur les réseaux sociaux que ça y est, elle se promène enfin dans le Rome antique. Klara n’est guère d’humeur à discourir et se divertir car ses pensées sont ailleurs. Souiller ce lieu chargé de magie des pleurnicheries de l’humaine traquée et dévorée, à ce sens figuré qu’elle encense par l’immortelle, cela serait d’un mauvais goût certain.  

Ainsi, l’air se dresse alors qu’elle s’approche de colonnes érigées grignotées par les affres du temps. Le sol rocailleux sous ses bottes tremble bien que son pas, d’ordinaire lourd pour laisser intimer sa présence et léger et empreint d’un certain mutisme. Les pierres, témoins sacrés et invisibles du temps qui court, ne méritent qu’on les accable de chaussures acérées. Poupée articulée au milieu de ce grand tout, elle s’arrête à proximité d'inscriptions gravées dans un latin probablement parfait, traduit en en italien approximatif qu’elle ne maitrise plus, oublié de sa mémoire depuis des siècles. Trop ancien pour que ses propres souvenirs suffisent à l’aider dans sa traque de la vérité. Non loin de là se tient un être qui, étrangement, clignote comme l’hôte d'un groupe de touristes puisque nombreux tapagent autour de lui, à scander des mots qu’elle ne comprend pas. Peut-être sa silhouette avenante est-elle l’obscure raison de cet attroupement. Néanmoins, Klara s’approche et se plante face à celui qu’elle prend pour un guide touristique. “Puisque vous semblez du métier, j’aimerais que vous me traduisez, en anglais, les inscriptions derrière moi.” Aucun refus ne serait, évidemment, toléré tant elle bat des cils pour se faire comprendre.