1882, Rio Juruá (Amazonie) | gonna need a grave (avec Gabriella)

Izel glisse contre la pierre pour s'asseoir à même le sol. Un soupir lui écharpe la gorge, alors que ses yeux restent hostilement fixés sur la silhouette qui lui fait face. Le peu de lumière qui filtre à travers les ruines du temple ne lui permet pas d'en dessiner parfaitement les traits. Mais une chose est certaine : elle est son ennemie. L'Hydre est son ennemie.

« Ca ne sert à rien de t'agiter. Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre. Assène-t-elle en espagnol. »

Depuis des jours, des rumeurs circulaient parmi les locaux : des étrangers étaient entrain de remonter Rio Juruá, visiblement à la recherche de quelque chose. Et la voila. L'étrangère. Izel en a tué quelques-uns, avant de s'engouffrer dans les vieilles ruines de ce temple, en pensant qu'on ne la suivrait pas. Qu'on n'oserait pas. Faux. Cette femme s'est littéralement jetée à sa suite, tandis que les autres imbéciles ont même continué de tirer. Les murs ont alors commencé à trembler, et un couloir entier s'est effondré derrière elles. Aux cris qui ont suivi, certains des tireurs se sont retrouvés coincés sous les débris. Et puis plus rien. Le silence. Ca doit faire deux minutes.

« Tu comprends ce que je dis ? Essaye-t-elle cette fois dans un anglais aux accents foutoirs. »

Il n'y a pas d'autres sorties. Izel le sait, puisqu'elle connait (connaissait) la personne, qui a fait construire ce temple. S'agiter ne résoudra rien. Cela dit, elle reste tout de même sur ses gardes, prête à dégainer un couteau au moindre signe d'agressivité. Elle pourrait la tuer. S'en débarrasser maintenant, pour ne plus jamais avoir de problème avec. Mais l'expérience lui a appris à croire la légende : couper une tête, et en voir deux autres repousser à la place. Mieux vaut alors changer ce qu'il y a à l'intérieur. Elle a eu l'occasion d'en croiser des raisonnables, des qui pouvaient changer, qui avaient fait les mauvaises rencontres, les mauvais choix... Elle en a aussi éliminé un paquet, c'est vrai. Ceux qui pouvaient l'être. Même ceux qui ne pouvaient pas l'être dans le définitif, en vérité. Chez les immortels, la mort sert de leçon et reste douloureuse. La plupart n'aiment pas concrètement mourir.

Izel, en tous les cas, n'aime pas mourir.
Et surtout pas de faim, dans un caveau. En mauvaise compagnie.

Course, à perdre son souffle, entre ses ruines labyrinthique. Elle ne la perdait pas vu, cette femme qui l’empêchait d’atteindre cet objectif qui lui avait été impose. Courant à sa suite, sans faire nullement à attention à ses tirs derrière elle. La voilà dans un lieu inconnue dont elle ne saurait dire ou était la sortie. Elle plongeait de plus en plus dans ces ruines, laissant derrière elle un cours instant ses doutes qui la rongeaient. Son esprit occupé, oubliant presque que ce lieu ne lui inspirait guère confiance, donnant cette impression soudainement qu’elle suffoquait, cette chasse lui donnait ce seconde souffle, lui permettant d’avancer. Quand soudainement, alors qu’elle s’approchait de sa proie, pouvant presque la toucher des bouts doigts, un mur s’effondrait sur elles.

Moment de noir complet, lui faisant perdre la notion du temps. Voilà que l’immortelle porte une main à tête, encore sonner par ce qui venait de ce passée. Posant un regard sur les lieux, ne voyant aucune issue, son corps, soudainement, se figeais sur place un instant, alors que son esprit revoyait cette vision du passé. Une impression de suffoquer comme cette fois-là, voilà Gabriella en quêtes d’une sortie refusant de rester là à attendre la mort, même si elle ne pouvait l’emporte. Elle s’agitait dans tout les sens regardait avec empressement chaque recoin en oubliant celle qu’elle avait pourchasser quelques minutes plutôt, murmurant dans sa langue natale qu’elle devait trouver cette sortie. Puis, une autre voix s’élevait dans les décombres, la faisant se retourner d’un geste vif alors que des paroles en espagnole fut prononcer. Mais qu’importe ce qui avait été dit, et même si elle les comprenait. Qu’importe que cette femme s’était mis entraver de sa route, l‘italienne devait sortir de cet endroit, prendre cet air dont elle avait l’impression qui se rarifiait petit à petit. Alors, les trait de cette femme et ce qu’elle disait, Gabi n’en avait que faire. Touchant à nouveau la paroi, elle continuait sa quête, entendait les dernières paroles qui lui était adresser cette fois dans un Anglais a coupé au couteau.

« Je comprends parfaitement » dit dans sa langue natal, jouant presque sans le vouloir au même jeu de langage. « Faut que je sorte d’ici ! »

Seulement aucune sortie ne fut trouver, et dans un accès de rage de panique, elle frappait ses murs vieux d’un millier d’années avec force. Elle se laissait glisser tout du long, sentant que sa respiration commençait à se raréfiait, ou du moins avait cette sensation désagréable de manquer d’air. Elle se retournait, posant son dos contre ce mur, fermant les yeux essayant de se calmer, se répétant que tout irait bien.

« Il faut que je sortes d’ici, tout de suite. » Moment oppressant pour l’italienne, moment des plus désagréables. Jamais elle n’aurait pu se douter de tomber dans un tel piège. Alors qu’elle prenait de profondes inspirations, elle posait son regard sur celle qui était avec elle, eu un léger rire en à la pensée qu’au moins elle avait de la compagnie. Bonne ou mauvaise, pour l’instant cela tirait plus sur la mauvaise.

Légende : anglais - italien - espagnol

Italienne, donc. Et paniquée. Peut-être claustrophobe, ou nyctophobe. Pas que ça importe bien Izel, mais si ce parasite pouvait agoniser en silence, elle lui en serait fort reconnaissante. La sud-américaine n'a pas un mauvais fond. C'est bien le problème : elle serait capable d'aller au chevet d'un ennemi incapacité. Comment disent-ils, déjà ? A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ? Si Izel tue sans ciller, elle n'est pas prête à compromettre son humanité, et dessine des limites très claires à sa morale. Elle ne vaudrait pas mieux que ses ennemis, si elle s'abaissait à devenir eux.

Un soupir s'extirpe de sa gorge. Peut-être que ce sont les dernières heures de cette femme, puisqu'elles ne seront pas sorties d'ici avant plusieurs jours (peut-être plusieurs semaines)... Autant essayer de les rendre plus supportables.

« Tu es bien loin de chez toi. »

Son italien est rouillé, mais il existe quelques similarités avec l'espagnol, ce qui le rend déjà plus supportable que son anglais. Changer les idées de cette étrangère lui paraît être un bon point de commencement pour la détourner de sa peur.

« Ne t'inquiète pas. Je ne te demanderai pas ce que tu viens faire ici. »

Dans sa tête, la réponse est plutôt claire : tout saccager. C'est ce que les européens font de mieux. Et si Izel se garde de l'énoncer à voix haute, son visage revêt quelques reflets d'un rictus ironique. Elle peut se le permettre. La semi-pénombre du lieu fait qu'on n'y voit presque rien. Elle tire une lampe torche de son sac, l'allume, et la fait glisser l'objet entre elles deux d'un petit coup de pied. Si c'est une peur du noir, ça devrait déjà arranger partiellement le problème, quoique les piles de cette lampe ne tiendront pas éternellement.

« Si ça peut te rassurer, des gens me cherchent. Mais ils ne se mettront pas en chemin tant que tes équipes retourneront la forêt. Il faudra sûrement attendre plusieurs jours, puisqu'on ne capte pas ici, de toute façon. »

Izel n'a qu'une gourde et un peu de viande séchée. Autant dire qu'elles ne feront pas long feu. Elle, encore, n'en a pas besoin. Mais l'autre... Il faudra espérer que ça suffise. Elle soupire à nouveau et laisse tomber son couteau au sol dans un léger fracas métallique. Il est inutile de se battre, maintenant.