intrigue en cours Entre les Enfants de Prométhée et l'Ordre de l'Hydre, la guerre semble à présent inévitable. Les uns comme les autres se préparent à l'affrontement. De son côté, le Conclave Écarlate peine à se faire à l'absence des Fawkes et au nouveau leadership des Ackerman. À moins que les laboratoires d'Amaranth Pharmaceuticals ne fassent de grandes découvertes dans peu de temps, ou que le Conclave ne mette la main sur un immortel, il se pourrait bien que ces tensions coûtent cher à l'organisation... Et après être longtemps resté dans l'ombre, un vieil ennemi s'apprête à refaire surface.
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 (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean

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Zyanya Sáenz
Zyanya Sáenz
IMMORTAL — forever is not enough
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(#) (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Dim 13 Déc - 15:52

C'est à ça que ressemble sa nouvelle maison, des planches moites rongées par le lichen et l'odeur d'humidité. Le toit n'est même pas totalement étanche et il a placé un récipient sous le trou  qui dévoile la voûte céleste pour récupérer l'eau qui tombe en trombe lorsqu'il pleut. Ce n'est pas le grand luxe, mais les lieux ont l'air clairement abandonnés et on ne risque pas de venir les embêter. Ils sont en collocation avec trois rats dont deux qu'il a embroché avant que le soleil soit à son zénith. Et même si on leur tombait dessus, ils n'ont rien à voler, juste un change, lui porte les mêmes vêtements depuis qu'ils ont quitté cette ville maudite. Il sent le brûlé. C'est une odeur qui ne s'en va jamais totalement, elle imprègne ses ongles, ses cheveux, sa tunique. Aurora aussi sent le cramé, l'odeur cache le parfum salé de sa peau et typiquement féminin. Elle à l'air de bien se porter, prostrée dans un coin de la baraque. Peut-être qu'elle l'aime bien, ce coin avec la toile d'araignée au dessus ? Est-ce qu'il va devoir le considérer comme sa chambre ? Il peut toujours prendre celui qui est opposé. Tu gardes le mur de gauche je prends celui de droite. Qu'il songe, de toute évidence remonté contre... il ne sait pas exactement. La situation dans son intégralité ? Dire que pendant très longtemps il a pensé que la vie éternelle était une fin en soit et maintenant il se rend compte que c'est bien, bien plus pire que d'être torturé et découpé en petits morceaux par un diable quelconque. Ou les forces obscures. Crever est un putain de don du ciel.
Zyanya prend ça pour une bonne chose. Il se dit même qu'elle est enfin en train de récupérer. Il la voit explorer. Par moment il entend ses pas, elle fait un bruit particulier quand elle marche. Elle appuyé énormément sur ses talons et fait craquer la bois putréfié. Il s'est montré sans pitié avec sa compagne de voyage. En même temps, ils n'avaient pas une seconde à perdre. En la décrochant de son bûcher et en partant avec le corps, il a du passer pour un suppôt de satan et peut-être que ces putains de villageois à la con sont  encore en train de fouiller dans ses affaires et qu'ils ont déjà cramé son aussi conne de femme. Il n'a absolument aucun regret, il n'a jamais pu supporter son petit sourire édenté complètement niais et ses baisers qui avaient le même goût que la terre et le sueur. Il a juste de la peine pour ses chèvres qui sont toutes seules et qu'on va sans doute sacrifier pour purifier les lieux. C'est bien connu.
Le meurtre est très apprécié des Dieux. A une époque, lui aussi aimait bien trancher deux trois gorges et baiser des vierges.

Ils n'ont pas échangé de mots, Aurora est du genre silencieuse. Elle garde tout pour elle, tout ce qui se passe dans sa tête et il ne sait même pas si elle est consentante pour la moitié des choses qu'elle a du traverser à cause de toi. Et ce n'est pas comme si il en avait grand chose à foutre, parce qu'elle peut toujours faire marche arrière et retourner voir ses petits copains pyromanes. Zyanya n'a aucune empathie pour son silence, si elle ne veut pas parler alors ça économise sa salive, l'eau et ça lui évite de tendre l'oreille pour comprendre ce qu'elle marmonne avec son accent. Le sien de toute manière trahi sans mal, tout comme le hâle sur sa peau, qu'il n'avait rien à faire à Amesbury. Malgré tout on l'a accueilli à bras ouvert, parce qu'il sait se faire apprécier à sa manière et que parfois tout ce que les gens recherchent c'est d'autres qui aboient plus fort qu'eux. Il s'accroupi en face d'elle, faisant face à la paleur de ses traits. Elle lui fait penser à un esprit. « Comment tu te sens ? » Il se frotte les mains. La bicoque a prit la flotte et il y fait toujours froid. Les première nuits étaient atroces, si ils ne veulent pas connaître la sensation de mourir de froid, ils feraient mieux de s'entendre. Zyanya n'est pas contre l'idée de partager sa couche avec quelqu'un seulement si c'est pour faire partir cette sensation qui broie ses os. « Tu as mal quelque part ? »  Il a l'air d'un si bon samaritain alors qu'il est complètement exaspéré, fatigué. Si il ferme les yeux il peut s'endormir. Ses jambes hurlent au supplice et même son souffle n'est pas revenu, il a l'impression qu'il va vomir ses poumons.
En réalité ? Il est complètement paumé. Il essaye de faire comme Lupe lui a apprit lorsqu'il a ouvert sa geôle et lui a proposé de le suivre. Rampant, affaibli et affamé, Zyanya n'a même pas hésité. Le type aurait pu en faire son esclave, il aurait fait n'importe quoi pour un morceau de pain, subir autre chose que mourir. Encore et encore. Il a eu le temps de compter. Le type l'a amenée chez lui. Un chez lui bien plus qualitatif, mais ce n'est pas le décor qui compte. Ce sont ses yeux à travers desquels il essaye de passer une émotion rassurante et des paroles encourageantes. (Tout va bien ? Tu veux boire quelque chose ? Respire. Zyanya c'est ça ?) Il ne comprenait aucun mot de ce que l'autre disait, mais juste son prénom entre ses lèvres et il était captivé. Gémissant de reconnaissance. « Aurora c'est ça ? » C'est fou tout le pouvoir qu'un nom peut contenir. Par étonnant qu'on scande celui des dieux. Un nom rend puissant. Un nom est une incantation.
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Dim 13 Déc - 21:31

Une odeur persistante, dans ses cheveux et sur sa peau. Un goût de cendre sur la langue qui menace de lui faire rendre la moindre chose qu’elle avale. Une douleur fantôme dans la gorge, vestige de toutes ces heures passées à hurler sous la morsure des flammes. Elle qui n’avait rien vu du monde se fait l’effet d’en avoir déjà trop vu. L’attitude de son sauveur ne laisse que peu d’espoir pour un avenir meilleur. Et pourtant elle le suit. Son aura est aveuglante et sa simple présence suffit à emplir la pièce décatie d’une atmosphère de pouvoir et de contrôle. L’immortel taciturne exsude parfois la rudesse et le cynisme par tous les pores de sa peau, mais étrangement, cela lui provoque une sorte de réconfort qu’elle ne saurait expliquer. Il ne ressemble à rien de ce qu’elle a connu par le passé, et c’est presque avec soulagement qu’elle accueille cette réalisation. Il n’y a plus rien pour elle dans le passé. De la violence, de la douleur et des regrets. Elle n’est pas sûre de vouloir un avenir. Elle aurait préféré s’éteindre sur le bucher. Ne lui reste que le présent. Les vêtements qu’elle porte pour toute possession, et cet abris malmené par le temps pour maison. Et lui. Lui. A travers son silence obstiné, ses yeux qui se posent sur elle, la traversant parfois sans même la voir, elle croit déceler une promesse tacite. Contre vents et marées, il sera là. Il est entré dans sa vie pour y rester. Et pourtant la glace peine à se briser.
Aurora est prisonnière de ses démons. Elle regarde les jours s’écouler sans mot dire, comme une mourante en sursis. Son monde s’est effondré sous ses yeux. Les mots de Zyanya parviennent jusqu’à ses oreilles mais elle n’en saisit pas toujours le sens. Le son de sa voix est apaisant, comme une ancre qui la maintiendrait sur la terre ferme, qui l’empêcherait de quitter complètement son enveloppe charnelle. Le corps se régénère, mais pas l’esprit. Les blessures mentales mettent du temps à guérir. Parfois, elles ne guérissent jamais. Elles restent là, suintantes comme des plaies ouvertes et gangrènent tout sur leur passage.

Est-ce qu’elle a mal quelque part ? Physiquement, non. Son corps en a vu d’autres ces dernières années. Les hivers rigoureux d’Amesbury vite oubliés face à la chaleur toute relative de ce nouveau pays d’accueil. Le vent, l’humidité et l’absence de confort, elle en fait son affaire. Psychologiquement, c’est une autre histoire. La douleur, elle la sent vibrer jusqu’au plus profond de son âme, laissant sa marque insidieuse de la pointe de ses orteils à la racine de ses cheveux. Ardente, exigeante, mais surtout impitoyable. Cette brûlure s’est enroulée calmement autour de ses hanches pour venir poser sa tête sur ses genoux tel un chat paresseux et l’accompagner dans chacun de ses gestes, dans chacun de ses moments de conscience. Même les abymes du sommeil ne lui offrent aucune forme de répit. A chaque fois qu’elle ose fermer les yeux pour obtenir un peu de repos, elle se retrouve assaillie d’images, de sons et d’odeurs plus vrais que nature. Elle voit le corps de son fils balancer au bout d’une corde pour avoir tenté de s’opposer à son exécution. Elle entend le son de ses propres hurlements qui lui déchirent la gorge pour se disperser dans la nuit. Elle sent l’odeur de sa peau et de ses cheveux qui se consument, doucement léchés par les flammes. Elle se réveille en sueur, la bouche sèche et le corps tremblant, incapable de savoir où elle se trouve, incapable de différencier le rêve de la réalité. Parfois, Zyanya pose sa main fraîche sur son front brûlant, sans prononcer le moindre mot, et elle pourrait presque en pleurer de soulagement. Parfois, il se contente de la regarder de l’autre bout de la pièce avec son regard pénétrant, et sa simple présence suffit à chasser les ombres qui menacent de la consumer toute entière.
Parce que cet homme qu’elle connait si peu est tout ce qui lui reste. Le seul à l’empêcher de basculer dans le vide et de sombrer dans la folie, emmêlée dans les méandres tortueux de son esprit ravagé par toutes ces choses qu’elle ne comprend pas encore. Il lui tendrait la main qu’elle le suivrait au bout du monde sans poser de question, envoutée par sa présence écrasante, rassurée par son aisance. Elle ne sait rien de lui, et pourtant elle le voit. Bien au-delà de l’image que ses yeux veulent bien lui renvoyer. Un lien intangible, comme un fil d’Ariane délicatement noué à son poignet. Même lorsqu’il quitte la pièce, elle parvient à sentir sa présence, et cela lui suffit. L’habitation vétuste n’a rien d’un foyer accueillant, mais le simple bruit de ses pas sur le plancher qui grince sous le poids des années et de l’humidité suffit à lui donner vie. Elle ne parle pas, ne réagit que rarement, et pourtant, il revient à chaque fois. Elle ne quitte que rarement sa place, comme un pantin malheureux auquel on aurait coupé les fils, gisant au sol complètement désarticulée, incapable de prendre vie sans une main adroite pour la diriger. Et pourtant il reste à ses côtés. Il ne s’offusque pas de son mutisme et de ses yeux qui se posent sur les choses sans même les voir. Pourtant il suffit d’un mot pour que le voile se soulève. Un nom. Le sien. Un appel comme une prière. La brune cligne des yeux, hébétée, avant de les lever en direction de celui qui lui a sauvé la vie. Le reste du monde semble disparaître le temps d’un instant, comme si la Terre avait cessé de tourner pour reprendre ensuite sa course folle à l’envers. Les yeux de la brune s’emplissent de larmes mais ne coulent pas. « Oui. » La voix est tremblante, à peine un souffle dans le silence.
Elle tend une main fébrile en sa direction, et lorsque ses doigts entrent finalement en contact avec l’ombre de barbe sur sa joue, tout se remet enfin en place.
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Zyanya Sáenz
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Lun 14 Déc - 22:51

Un oui. C’est la seule réponse qu’elle lui octroie et Zyanya est sensé faire quelque chose de ça, sensé tirer ses propres conclusions. Au moins elle réagit à son prénom, ce qui lui donne les mêmes qualités que celles d’un chien. Presque persuadé qu’elle ramènerait un bâton si il en jetait un à travers la pièce. Lui qui n’avait jamais songé à adopter un animal  de compagnie est devant le fait accompli. Sauf qu’elle n’a de sauvage que ses cheveux malmenés par le vent et la pluie, on la croirait sortie de son bois où elle a vécu pendant des siècles armée de son chaudron et de ses potions magiques. Tu parles. Il n’y a aucune magie là dedans, elle est aussi fatiguée qu’il l’est sauf que la barbe longue lui donne du charisme là où la mort dans son âme la fait paraître fantomatique. Il douterait qu'elle soit vivante si il ne l'avait pas vu mourir et reprendre vie sous ses yeux, tout comme lui, bien avant. C'est comme si une part d'elle était resté de l'autre coté à force d'être cramée sur ce bûcher. Ils ont quand même réussi à éteindre quelque chose à l'intérieur. Il ne sait pas ce qu'il va faire d'elle. Il a beau retourner le problème dans tous les sens, ça lui donne le tournis. Il a besoin de son aide, besoin qu'elle lui montre le chemin, qu'elle l'aide avec ses doutes. Zyanya n'a qu'une certitude. Tant qu'il reste avec elle, il est en sécurité. Ou, au moins, il est proche d'un sentiment
Il la laisse le toucher bien que le geste le répugne. Au début de sa vie, il a exposé sa peau à vif aux yeux et aux mains de tous mais depuis son petit séjour de l’autre coté de l’océan, il tremble au contact de chaque main qui épouse son épiderme. Les caresses sensuelles se sont transformées en coup, les baisers  des morsures sur sa chair. Les cris qui déchirent sa gorge la nuit ne sont pas des cris de plaisir, ce sont les souvenirs qui reviennent. Ça aussi, il l'a caché, pour qu'on ne le pense pas possédé. Il va falloir continuer, se cacher. Il veut la lui arracher et la lui faire bouffer, sa main, ce sont les insultes qu’il a proféré à ses geôliers. Et si on l’avait laissé se venger, il aurait réellement mérité les noms monstrueux dont on l’affabulait ; Zyanya ferme les yeux. Il peut sentir toute sa souffrance passer à travers ce bref contact. Mais elle va s'en remettre. Elle va se relever. Et si elle ne peut pas le faire d'elle même, alors il construira tout ce qu'il faut pour qu'elle puisse reprendre confiance en elle. Il bâtira de ses mains un empire, un château de ce tas de planches. Il érigera des murailles pour empêcher les autres de les atteindre. C'est n'est pas juste lui, juste elle. C'est eux. Ça résonne dans l'univers. « Aurora... » Un genre de mise en garde. Elle n'a pas idée de tout ce qu'il veut faire pour elle, ça le rend dingue tellement il ne veut plus se retrouver tout seul, encore une fois.

C'est peut-être une mauvaise idée.
Faire confiance à une femme.
Elle lui semble si faible, si il attrape son poignet il le brise comme une brindille. Mais elle n'est pas comme les autres femmes, elle est comme sa déesse qui l'a laissé, elle n'a besoin de personne pour soigner ses plaies. Elle va se relever si il la détruit. Il le fera encore et encore jusqu'à ce qu'elle soit endurcie, jusqu'à ce qu'elle oublie tous les autres et qu'il n'y ait que lui. Lui seul qu'elle peut croire. En qui elle doit faire confiance. C’est la triste réalité, dans ce monde qui ne voudra jamais d’eux, qui cherchera à la persécuter en premier. Il contemple parfois leur nombre si réduit, se demande si il existe ailleurs une communauté, une terre où ils pourraient prospérer sans avoir à disparaître quand les regards se font trop interrogateurs. Lupe lui assuré que viendra leur heure, qu’il ne sera jamais nul, mais comment l’autre pourrait-il le trouver ? Il saisit délicatement ses poignets et l’encourage à explorer, toucher son visage et s’assurer que tout ça est bien réel. Il s’abîme dans son regard, s’y noie. Il a envie d’y plonger comme dans l’océan, contemplé depuis la proue du navire dont il était prisonnier. Ses fers retenant ses jambes, l’empêchant de disparaître dans ses profondeurs. Rien ne le retient cette fois-ci, il est libre d’y nager. D’explorer l’indicible et lui montrer sa noirceur. Elle a de beaux yeux, dans lesquels la nature s’épanouit, une lueur qui mérite qu’un rayon de soleil vienne lui rendre sa splendeur. Ses yeux à lui sont sombres, il y a des flammes qui y dansent. Sauf qu’elles sont sans danger pour elle. Pour les autres en revanche…  « Tu me fais confiance ? » Il lui demande toujours aussi brusque. Il n’a pas le verbe des nobles. Ceux qui peuvent se permettre de dire de jolis mots. Il a l’urgence dans sa peau. Le temps qui défile, même si il n’est plus compté.  
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Dim 20 Déc - 18:52

Tout pourrait s’effacer dans un battement de cil. Difficile de faire la différence entre le rêve et la réalité lorsque tous les repères s’écroulent subitement. Pour ce qu’elle en sait, elle pourrait encore être attachée à son bûcher, perdue dans les méandres de sa folie à travers une vie imaginaire particulièrement réaliste. Mais la faim qui lui tort le ventre est trop réelle. Le froid qui la fait trembler trop vif. La chaleur légère qui émane du corps de Zyanya trop réconfortante. La situation toute entière est trop improbable pour provenir de son esprit limité. Alors il faudra faire avec, parce qu’il n’y a plus de retour en arrière possible. Sa vie s’est éteinte en même temps que les braises rougeoyantes de son enfer personnel. Jamais plu elle ne reverra ses enfants. Jamais plu elle ne reverra ses amis. Jamais plus elle ne reverra la terre qui l’a vu naître. La tristesse comme une ombre noire à ses côtés, assise tout contre elle, pressée contre son dos dans une étreinte qui lui soulève le cœur. Elle peut sentir ses lèvres glacées se poser sur sa nuque et frissonne en s’approchant un peu plus de l’homme à qui elle doit la vie et bien plus encore. Elle cherche son contact, voudrait pouvoir apprendre par cœur les lignes de son visage pour ne jamais les oublier.
Ses yeux viennent plonger dans les siens, et c’est une lueur d’espoir qui éclot en elle, comme la flamme d’une bougie malmenée par le vent. Elle vacille et tremblote, fragile, mais tient bon, contre toute attente. « Zyanya… » Elle répond comme un écho à son appel. C’est la première fois qu’elle prononce son prénom à voix haute, la première fois qu’il glisse sur sa langue et s’échappe d’entre ses lèvres desséchées. Ce n’est pas qu’un nom. C’est une prière, un mantra qui déverrouille tout ce qui aurait dû rester sagement sous clef. Alors elle le prononce encore, s’en approprie les rondeurs et les sonorités. La douceur qu’il renvoie, en opposition avec la rudesse que dégage l’être qui le porte. Parfait dans toute son imperfection, comme une feuille froissée qui ne retrouvera jamais sa forme d’origine. C’est un peu ce qu’elle est, elle aussi. En un sens, ils se sont bien trouvés. Aurora devrait être effrayée, mais elle ne s’est jamais sentie autant en paix avec elle-même. Sa vie vient de prendre un sens. Son existence toute entière se raccommode lorsqu’elle plonge son regard implorant dans le sien. A travers ses yeux, elle devine toute la beauté du monde, et toute la violence qu’il recèle. Cette dualité la transcende et fait battre son cœur un peu plus vite. Elle le regarde et elle voit en lui tout ce qu’elle a toujours cherché sans même le savoir. La réponse à ses questions. La fin de ses errances. Le début d’une nouvelle vie. Car c’est bien de cela dont il s’agit. « Je te fais confiance. » Elle prend sa main et vient la poser contre son cœur qui bat la mesure de ses joies et de ses souffrances. Elle s’ouvre à lui dans toute la difformité de son humanité.
Accroupi devant elle, il l’enveloppe de toute sa douceur. Il lui fait l’effet d’un matin de Noël plein de présents et de promesses.

Son front vient se poser contre celui de l’immortel et elle prend une profonde inspiration. C’est la première fois depuis des mois qu’elle a l’impression de ne pas étouffer. Et soudainement les mots débordent. Parce qu’elle n’a plus que ça et qu’elle connait leur puissance. Aucune arme ne saurait marquer la chair aussi profondément que des mots prononcés et choisis avec soin. Elle parle parce qu’il l’écoute. Il peut voir les couleurs derrière la pâleur qu’elle renvoie. Elle a hurlé toute sa vie mais personne ne l’a jamais entendu. Personne avant lui. « Ça va aller maintenant, ça va aller. » La voix est douce, à peine un murmure tandis qu’elle lui caresse les cheveux dans une tendresse toute maternelle, qu’elle le berce comme elle l’aurait fait avec l’un de ses enfants pour sécher ses larmes après un mauvais rêve. Elle ne sait pas si c’est lui qu’elle essaye de réconforter, ou si elle cherche à se réconforter elle-même. Surement un peu des deux. « C’est fini. » Qu’est-ce qui est fini ? La souffrance ? La peur ? La solitude ? Les innombrables nuits passées à se réveiller trempé d’une sueur glacée ? Elle n’en a pas la moindre idée. Les mots lui viennent sans qu’elle ait vraiment eu besoin d’y réfléchir, et elle les laisse sortir comme une longue et douce litanie réconfortante. De toute façon, il n’y a rien d’autre à faire. Ils ont été deux chacun de leur côté, mais aujourd’hui, ils sont deux ensembles. C’est bien la seule chose qu’elle sait avec certitude. Après des mois entiers passés à voyager dans un silence de mort quasi absolu, les barrières s’effondrent, les digues cèdent et toutes les émotions d’Aurora se déversent dans un flot chaotique et intarissable tandis que des larmes ruissèlent sur ses joues. Ce ne sont pas des larmes de tristesse. Ce sont des larmes de soulagement. Ses doigts s’accrochent à Zyanya comme si sa vie en dépendait, mais elle ne le touche pas qu’avec ses mains. C’est son âme toute entière qui l’étreint, son cœur peut-être aussi, qui s’embrase à son contact.
L’espoir vient la serrer dans ses bras comme un vieil ami, chassant ses larmes et ses peurs. Elle sent le cœur de l’immortel battre sous ses doigts tremblants, comme une promesse d’avenir silencieuse. Et pour la première fois de sa vie, elle est assez folle pour y croire.
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Zyanya Sáenz
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Mer 30 Déc - 14:01

Il n'a pas réfléchi quand il lui a tendu la mains, quand il l'a dégagée de ses débris fumants pour en extraire ce qu'il restait d'une jeune femme accusée à tort d'un crime qui n'existe pas pas. Il n'y a pas de magie ici bas, il ne croit pas qu'ils soient le produit de quelque chose de supérieur ; si ça avait été le cas, leurs dieux n'auraient pas fait d'eux des martyrs condamnés à souffrir pour une raison qu'ils ignorent. Ce n'est pas ainsi que se passent les choses. Si ils étaient des élus, on leur aurait envoyé un message. Ainsi on lui a toujours apprit et il aurait aimé que le déroulé des choses soit l'exact réplique des légendes. Une mission supérieure pour guider son peuple. Qu'en reste t-il maintenant ? Comme la flamme d'un bucher il s'est lentement éteint lui aussi. Il n'en est sorti aucune ingénue.
Il n'y a jamais eu que le silence. Les doutes, les craintes et la souffrance. L'assurance qu'il serait plus fort en ne faisant confiance à personne, sauf ceux qui partagent sa condition. Elle peut lui faire confiance. Il a suffisamment été trahi pour ne pas vouloir infliger cela à quelqu'un d'autre. Il veut lui offrir tout ce que les autres lui ont refusé de par leur égoïsme et ne pas reproduire leurs erreurs. A cet instant, Zyanya aspire sincèrement à quelque chose de mieux, de plus stable. Il voit l'humaine qui éclot. Il s'agit d'une renaissance douloureuse, lui même est passé par là. A chaque fois que son coeur s'est arrêté de battre.

Sous sa paume, il peut sentir les battements de son cœur, légers et distincts. Il ne la connaissait pas encore que la voir mourir sur ce bucher lui en a arraché une partie. Un sourire point sur ses lèvres  aussi sincère que celui d'un homme qui sent sous le ventre de sa femme leur progéniture bouger. Il s'émeut de la vie qui bat à l'intérieur. Sa tendresse de dévoile pas à pas dans ses gestes. La brutalité de ses mots tranche avec la délicatesse d'un toucher qui effleure sa semblable comme un trésor, fondu dans un matériaux trop fragile pour qu'on risque de le malmener. C'est une chose de se cacher derrière des paroles abruptes. Elle effeuille ses sentiments devant lui et Zyanya a assez de coeur pour lui offrir un moment de répit. Elle peut tremper autant qu'elle veut ses vêtements de ses larmes aujourd'hui, il juge ceux qui l'ont mit dans cet état et il prie pour que leur âme goûte la même fournaise qui a emporté l'innocence d'Aurora.
Elle se rassure ou essaye de le rassurer. Sa tension est palpable, son corps tendu sous l'effort, les kilomètres dans les jambes. Il est aussi épuisé qu'elle l'est, pour des raisons différentes qui ne le rendent pas moins fébrile.

Il lui est difficile d'admettre qu'il en a autant besoin et doute qu'elle puisse avoir ce genre d'instinct si tôt. Il s'en veut d'être aussi lisible, il est tout autant exténué. A sa place, il ne penserait qu'à lui. Il ne laisserait personne l'approcher. Elle est une belle âme qu'ils ont massacré. Mais, c'est terminé, c'est le début d'une toute nouvelle ère où ils n'auront plus jamais à être seuls. Ce qu'il ne peut promettre, c'est qu'ils n'auront plus de batailles. En revanche, il s'assurera qu'elle n'ait pas à se retrouver dans ce genre de situation sans aucun soutien. « Au contraire. » Il glisse ses doigts dans ses cheveux sales et emmêlés et il s'imagine déjà défaire les nœuds comme il se voit défaire ses douleurs. « C'est le début de quelque chose de grand. »  Déconstruire et reconstruire ses peurs. Il lui sèche ses larmes du bout des doigts et embrasse son front. Une petite sœur qu'il n'a jamais eu.
il ne sera pas simple pour elle d'apprendre à le connaître, il ne pensera pas à poser les bonnes questions. Zyanya ne sait déjà pas ce qu'il sensé faire ou dire. Il suit son intuition et espère qu'il ne fait pas les choses d'une trop mauvaise manière. Au maximum il essaye de se montrer réconfortant, ce qui ne veut pas dire qu'il y va avec des pincettes. L'enfermer dans une bulle, lui faire croire que tout ira toujours bien n'est pas son objectif. La traiter comme une enfant ou avec candeur juste parce qu'elle est une femme ? Il y a beaucoup d'hommes qui réagissent de la sorte, qui l'auraient considérée comme une princesse et qui n'auraient pas un quart de sa franchise. Elle est pour lui une égale maintenant, ils sont tous les deux dans la même merde jusqu'au cou. Pas la peine de jouer dans la dentelle, elle a vu ce que ce monde avait à lui offrir pour la remercier d'être différente. « A partir de maintenant on se dit tout. » Il accentue l'importance de ne pas glisser de secrets entre eux. De ne pas laisser des non-dits leur apporter des complications supplémentaires. « Tu dois avoir beaucoup de questions. »  Il se souvient d'avoir été à sa place. Dans un premier temps, son immortalité il la prise comme elle venait sans se poser de question. Il s'est inventé sa propre justification, il a trouvé une raison logique. Celui du messager. Jusqu'à ce que ses croyances finissent par voler en éclat, balayée par une réalité abrupte.  
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Dim 24 Jan - 16:04

Il y a quelque chose de doux dans la voix de son sauveur, quelque chose d’étrangement et d’inexplicablement réconfortant. Ce n’est pas tant ce qu’il dit, ni même la façon dont il le dit. C’est un tout. Comme une vérité indescriptible. D’un son, il apaise son âme qui s’étiole. D’un geste, il calme son cœur qui souffre. Lorsqu’elle plonge son regard dans le sien, tout semble se figer. Elle oublie qui elle est, d’où elle vient. Elle ne voit plus que le moment présent. Elle réalise qu’elle s’est sentie seule toute sa vie sans même s’en rendre compte. Lorsque les doigts du brun viennent se perdre dans ses cheveux, toutes ses pièces se remettent en place avec une aisance déconcertante. Elle était incomplète et ne le savait même pas. Pour un peu, elle pourrait se mettre à rire. Qui aurait pu penser qu’un inconnu puisse devenir la clé manquante de toute son existence ? Certainement pas elle. Sa vie était toute tracée d’avance. Sans heurt et sans surprise. Elle s’en serait surement contentée ; Elle n’aurait pas eu le choix. Elle l’aurait vécue sans se plaindre, sans s’apitoyer sur elle-même. Parce que lorsque l’on n’est pas trop malheureux, on finit par oublier que l’on n’est pas heureux. C’est là toute la tragédie de la psyché humaine. Le champ des possibles qui s’ouvre aujourd’hui à elle lui donne le tournis, la laissant étourdie et déconcertée. Elle réalise qu’il aura fallu qu’elle meurt pour commencer à vivre. L’ironie de la situation lui laisse un goût amer au fond de la gorge.
Zyanya l’embrasse sur le front et un soupir de soulagement s’échappe d’entre ses lèvres abimées. La douceur du geste l’émeut tellement qu’elle sent un frisson la parcourir et resserre brièvement sa poigne sur les vêtements de l’immortel, comme pour s’assurer qu’il ne risque pas de disparaître. Parce que tout semble presque trop beau. Comme un rêve éveillé. Mais l’idée est rapidement mise de côté. Aurora n’a pas assez d’imagination pour inventer tout ça. Tout son monde s’est écroulé, et Zyanya en est la dernière constante. Apparu comme une lumière au milieu du chaos, il s’est enraciné dans sa vie sans avoir à produire le moindre effort. Comme si cette place à ses côtés lui avait toujours appartenu, comme si tout était écrit. Ils auront beaucoup à apprendre l’un de l’autre pour réussir à crever la surface, mais ce qu’elle devine pour le moment lui suffit. Elle se sent en sécurité. Elle sait qu’il ne lui fera jamais payer sa faiblesse. Jamais volontairement en tout cas. Il redoublera d’effort pour la protéger et n’hésitera pas à se mettre en danger lui-même pour le faire. Comme il l’a déjà fait sans même lui avoir jamais parlé. « Merci. Sans toi je – » Elle veut le remercier convenablement, mais les mots meurent sur ses lèvres. La simple évocation de ce qui aurait pu arriver s’il n’était pas intervenu cette nuit-là la pétrifie sur place. L’odeur de fumée persistante revient envahir ses narines et elle réprime difficilement un haut le cœur. Elle n’a rien mangé depuis des jours, elle serait de toute façon incapable de vomir. Son estomac se contente de se contracter dans un spasme douloureux.
De toute évidence, la guérison accélérée ne concerne que les blessures physiques.

Pas de secret. Aurora se contente de hocher la tête. Elle n’a rien à cacher. Elle a le sentiment qu’il n’en va pas de même pour Zyanya. Il y a quelque chose dans son regard, une ombre. La froideur et la dureté de celui qui en a déjà beaucoup trop vu. Elle n’est pas sûre d’avoir envie de savoir. Elle a déjà bien à faire avec ses propres tourments. Elle n’est pas sûre non plus qu’il ait envie de se confier ou de lui révéler des détails intimes de son existence. Il lui demande si elle a des questions et un petit rire désabusé lui échappe sans qu’elle puisse le retenir. « Je ne saurais même pas par où commencer pour être honnête. » Il y a comme une fatalité désespérée dans sa voix. Un millier de questions se bousculent dans sa tête, se cognent les unes aux autres, se mélangent pour ne plus former qu’une masse informe et incompréhensible. « Tout me semble si confus… » Rien ne fait sens depuis cette terrible soirée à Amesbury. Aucune des journées passées depuis n’a apporté de réponses concrètes, seulement davantage de question. Sa résurrection était-elle finalement une preuve de sorcellerie ? Qu’est-ce qui peut bien l’avoir déclenché ? Est-ce que c’est un état définitif ? Est-ce que la douleur s’efface avec le temps ? La zone d’ombre est immense, et une partie d’Aurora trépigne à l’idée d’en savoir plus. L’autre partie en revanche est terrorisée. Elle doute d’être suffisamment forte pour supporter d’entendre la vérité nue. Alors elle met de question ses questions personnelles et reporte son attention sur l’immortel. Elle vient glisser ses doigts entre les siens. « Est-ce que tu es seul depuis longtemps ? » C’est à peine un murmure. Elle ne sait pas si elle a le droit de poser cette question. Elle ne sait même pas ce qu’elle attend comme réponse.
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Zyanya Sáenz
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Ven 5 Fév - 22:24

Il n'a jamais eu le choix d'être aussi rigide, à partir du moment où il est né, Zyanya s'est retrouvé balancé dans un monde guerrier. Mais ce qui l'a forgé véritablement c'est tout ce qu'il a vécu une fois que sa parfaite illusion s'est brisé, qu'on l'a sorti de son paradis où les hommes l'adulaient, une fois que toute notion d'honneur a été balayée de son paysage. Il a ensuite connu la haine et se l'est appropriée, il en a fait une arme qui s'est avérée plus puissante que l'arc et la flèche. On apprend jamais aussi bien que des autres et de ses ravisseurs. Il n'est pas venu au monde avec sa froideur. Il a toujours été prétentieux, ça c'est une chose qu'il veut admettre, le reste s'est développé avec le temps. Sans doute y avait-il une prédisposition naturelle à l'autorité et la mesquinerie, ceux qui lui ont fait du mal ne l'ont pas brisé. Au contraire, ils ont crée exactement ce qu'ils voulaient voir en lui, une créature à peine humaine animée par les intentions du diable. Il aime ce portrait, dans son for intérieur il voudrait inspirer la même peur qui l'a fait trembler. Il le travaille depuis quelques temps, persuadé que se façonner une armure est la seule manière de substituer. Pourtant il possède des qualités. Une facette de sa personnalité que son sauveur a éveillé. Il est capable de rire, de sourire. Quand il a besoin de paix, il ferme les yeux et retourne à cet endroit secret de Madrid où le temps s'est soudainement arrêté, en même temps que la souffrance et l'angoisse. Là où tout s'arrête est le même endroit où tout commence. Une renaissance.
Il comprend son incapacité à terminer sa phrase, il ne saurait pas quoi lui dire non plus. Merci lui a semblé si faible et déjà trop pour sa fierté.

Par où commencer son récit ? Il décide de ne pas mentionner Izel, parce qu'il n'y a rien à dire sur le sujet. Il ne lui a jamais pardonné de l'avoir trahi et il ne veut pas mettre d'idées dans la tête d'Aurora, pas même lui suggérer la possibilité de se retourner contre lui. Ce n'est jamais arrivé. Il se doit de garder l'image de quelqu'un de stable et de puissance qui n'a jamais connu de défaites. Qu'on l'ai trahi pourrait apporter des questions dont il n'a pas besoin, sous-entendre qu'il a peut-être mérité qu'on lui plante un poignard dans le dos et dans le cœur. Elle peut discuter de ses méthodes, lui reprocher de ne pas être un exemple de sympathie, Aurora doit savoir qu'elles sont plus douces que celles de ses tortionnaires. Elle a brûlé vive sur un bûcher, qu'il ne mâche pas ses mots ne lui paraît pas aussi terrible. Sa réputation et l'image qu'elle doit garder de lui est plus importante que la vérité.
Maintenant, doit-il lui parler de Lupe ? Une petite voix lui souffle qu'il n'y a rien à cacher, il l'a aidé, sans rien lui demander en retour, il a fait de lui un homme éduqué et il lui a offert sa liberté sur un plateau. Zyanya a simplement demandé et il était de retour chez lui ou presque. Pourtant, il ne sait pas si il le reverra un jour et cette pensée seule suffit à le mettre face à sa solitude. Il n'aime pas le sentiment de complétude qui a accompagné ces semaines en sa compagnie. « J'ai rencontré deux autres personnes comme toi et moi. » C'est suffisant, elle n'a pas besoin d'en savoir plus. Préserver leur identité est aussi un cadeau qu'il leur fait à eux, leurs noms sont les seuls témoins de leur passage quelque part. Je dois ma vie à la deuxième. » Il cesse de jouer avec ses  ongles qu'il grattait nerveusement. Ses mains toujours aussi douces malgré tout ce temps passé à travailler, seule la terre sous ses ongles trahit qu'il y a quelques temps, il n'était qu'un agriculteur. Un étranger, caché dans un petit village, jusqu'à ce que ce petit village décide de brûler sa voisine.

Zyanya caresse son visage, dégageant une mèche de cheveux tombée devant ses yeux. Elle lui fait penser à une biche effrayée. La biche est plus rapide que le chasseur, il voit aussi en elle un potentiel. Une furie en elle qu'il pourrait attiser, comme on a éveillé les flammes dans son ventre. « Nous sommes de immortels Aurora, mais le lien qui nous unit est différent. Je n'ai pas ressenti ça avec l'homme qui m'a sauvé. » Après la mort d'Aurora - la première - il a fait des cauchemars qui l'ont réveillé trempé de sueur comme si il était possédé. Il lui a fallu quelques jours pour rassembler les indices et comprendre ce qu'il devait faire.
Une information à la fois, il lui laisse encaisser la révélation. Elle doit s'en douter, mais l'entendre est une autre chose. Lorsque Lupe lui a expliqué tout ce qu'il devait savoir, Zyanya s'est senti extérieur à son propre corps. Les faits étaient devant ses yeux et il avait déjà fait plusieurs fois l'expérience d'un retour d'entre les morts. Ce qui pouvait difficilement expliquer, même d'après sa religion. Après ça, il a été difficile pour lui de prier ses dieux. Il ne sait même plus qui il est et ce qu'il fait là. L'immortalité choisit-elle des gens qui ont de grandes choses à accomplir ? A quoi bon. Il est amusant de jouer le chef avec une centaines de personnes, l'envie de jouer les rois du monde lui est passé quand il a vu son peuple se faire massacrer. Il n'a pas pu les sauver. Sa glorieuse immortalité ne lui a pas été d'une grande aide. Par la suite, elle s'est révélée être une malédiction. Incapable de l'expliquer, même si il avait voulu, il n'aurait pu répondre aux questions de ses bourreaux. Lupe lui a donné les clés, toutes les portes ne sont pas ouvertes pour autant. Il reste des énigmes qu'il doit percer. Ce qui change, c'est qu'il n'y a plus uniquement son cerveau qui peut se mettre à l'oeuvre. Il devra à son tour éduquer Aurora pour qu'ils avancent à deux.
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Dim 14 Fév - 14:50

Immortels. Le mot est lâché et semble peser une tonne tandis qu’il s’enfonce sans douceur dans le cœur et l’âme de la jeune femme. Quelque part, elle s’en doutait un peu, mais ça ne l’empêche pas de tomber des nues. Peut-être qu’elle caressait encore le secret espoir que cela soit réversible, qu’il existe un moyen de s’en défaire ou que cela ne soit que temporaire. Illusions déçues, comme à l’accoutumée. La déception est à peine amère, tout juste là à flotter dans un coin de sa tête comme une présence familière et rassurante. Elle voudrait pouvoir poser toutes les questions qui s’amassent les unes contre les autres à l’orée de ses lèvres, mais elle n’ose pas. Elle n’a pas envie de lever le voile. D’être mise face à la réalité. Les réponses qu’elle pourrait recevoir la terrifie bien au-delà du raisonnable. Alors elle se contente de laisser son regard s’égarer sur un point invisible de la pièce, presque absente. Elle a cette désagréable impression d’être sortie de son propre corps et de regarder la scène de loin, comme une simple observatrice. « J’imagine que je devrais être reconnaissante. » Surement que certains tueraient pour pouvoir être à sa place, pour se voir offrir une seconde chance, puis une autre, puis une autre. Mais la sensation qu’elle éprouve n’est ni joyeuse, ni même grisante. Peut-être qu’elle est incapable de faire preuve de reconnaissance. « Pourtant j’ai l’impression d’être punie pour une faute dont j’ignore tout. » Parce que personne ne devrait vivre pour toujours. L’être humain n’est pas fait pour supporter toute une éternité d’errance. La présence de Zyanya à ses côtés est à peine un soulagement. En réalité, c’est un crève-cœur supplémentaire. Parce qu’elle lit en lui la douleur muette. Cette peine qu’il tente de dissimuler.

Elle a cette désagréable impression que rien n’ira jamais plus en s’arrangeant. Ils ne pourront jamais mener une existence paisible. Elle passe en revue les événements de sa misérable existence, cherche à trouver quelque chose, un détail qui pourrait amener un semblant d’explication. Peut-être une piste qui pourrait la mettre sur la voie, mettre dans l’ordre dans son esprit rendu tout hébété par la confusion. « Pourquoi moi ? Il doit forcément y avoir une raison. Une tâche que je suis censée accomplir, peut-être. » Cela ne fait pas le moindre sens. De toutes les personnes sur cette maudite planète, elle est surement celle qui s’en sortira le moins bien. Aucun talent, aucune compétence particulière à mettre au service d’une cause plus grande qu’elle. Pas de colère brûlante, de haine aveugle à diriger vers dieu seul sait quelle cible à abattre à tout prix. Elle n’a aucune plus-value à apporter à l’humanité, ni aujourd’hui, ni jamais. C’est une certitude. Elle n’est pas faite d’une matière assez solide pour porter le poids du monde sur ses épaules. Un être de chair et de sang, taillée dans la faiblesse et l’imperfection de son humanité à présent disparue. Elle n’accomplira jamais de grandes choses, ne laissera pas son empreinte sur la surface de la planète. Si cette condition est un don du ciel, probablement que le seigneur a fait erreur sur la personne. Pourquoi l’aurait-il choisie parmi toutes les âmes errantes sur ce monde à l’agonie ? Mais à bien y réfléchir, cela ressemble davantage à une malédiction. Des chaînes trop fermement vissées pour qu’on puisse s’en débarrasser. C’est ce qu’elle ressent lorsqu’elle plonge dans les yeux fatigués de Zyanya. La route sera longue et éprouvante, et on ne leur offrira pas le luxe d’une porte de sortie. Ils devront composer avec. Ils devront continuer à perpétuellement s’adapter pour survivre à ce monde qui ne leur fera jamais aucun cadeau.

Trop de questions. Trop de zones d’ombre. A chaque nouveau pas dans cet univers dont elle ignore tout, elle sent sa tête se mettre à tourner. Elle n’est pas prête. Elle n’a pas envie de s’éveiller. « Est-ce que c’est ici que nous allons vivre ? » Elle parcourt la pièce vétuste d’un regard éteint, les épaules légèrement voutées par le poids des questions qui l’assaillent et qui ne trouveront surement jamais de réponses claires. Il n’y a pas de jugement dans sa voix, ni de plainte dans le ton qu’elle emploie. C’est une simple question. Factuelle. Presque désintéressée. Parce qu’elle s’en remet à lui, un peu comme un chaton aveugle et incapable de se mouvoir seul s’en remettrait à sa mère dans l’espoir de survivre. Elle pense que c’est temporaire. Elle ignore encore que des décennies passées à ses côtés ne feront que renforcer cette impression de dépendance et d’impuissance. Elle a bien assez de ses problèmes pour s’en rajouter. Elle veut croire qu’il existe un futur pour elle, pour lui, tout simplement pour eux. Un endroit où ils pourraient aller et venir sans s’inquiéter du regard des autres, un endroit où ils pourraient être ensemble à l’abri du monde. C’est la seule pensée cohérente qui se fraye un chemin dans son esprit embrumé. Elle devrait paniquer, être dans tous ses états, mais la présence de Zyanya cadenasse les tressautements de son cœur, biaise ses pensées saccadées par sa simple proximité. Elle sait qu’il sera là pour l’aider à porter son fardeau, à marcher lorsqu’elle aura perdu la force, à la relever lorsqu’elle aura perdu l’espoir. Elle ne sait pas d’où lui vient cette certitude, mais elle ressent la force de l’immortel comme s’il s’agissait de la sienne. Comme s’ils ne formaient qu’une seule et même entité. Elle ne sait plus trop où il commence, ni vraiment où elle finit.
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Zyanya Sáenz
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(#) Re: (1694, medellin) Sleep in peace when day is done, that's what I mean    Mer 17 Fév - 20:24

Il voudrait la rassurer mais la vérité c'est qu'il ne sait pas comment trouver les mots. Il peut simplement imaginer que toutes les réactions sont différentes à ce genre de nouvelles, tout comme les gens ont une approche différente d'un décès. Certains vont fondre en larmes et d'autres éclater d'un rire nerveux - parce que ça ne peut être vrai, n'est-ce pas ? Alors quand il s'agit d'une nouvelle de cette ampleur, de l'immortalité, à chacun sa manière de gérer. Il se souvient encore de la façon dont il a prit les choses, quand il a ouvert les yeux. Déjà, il n'a pas trouvé la mort très agréable, se faire arracher le coeur n'est certainement pas la manière de partir le plus en paix, il l'a senti passer et le fait de se réveiller pour en avoir le souvenir est une sensation atroce, le gout ferreux du sang encore sur ses lèvres. Il est resté de longues minutes à fixer le vide, à se demander si il venait de traverser un voile avant de comprendre qu'il n'a pas été réincarné. Et puis, il a décidé de prendre ça comme ça venait, une occasion de faire quelque chose de sa vie qui jusque là, n'avait été qu'un enchainement d'évènements sensés faire sens. Il s'est senti tout puissant, maître du monde. Impossible pour lui de savoir combien de chances il possédait, juste qu'il en avait une deuxième et que la seule explication logique venait de ses dieux. Une destinée divine. Maintenant quand il en parle, il a conscience que ça fait prétentieux de penser ainsi, pour sa défense, il ne pouvait pas trop concevoir la chose différemment. Depuis qu'il était petit on lui parlait de l'importance de ceux qui veillaient sur lui. C'était l'explication la plus rationnelle, même si des années plus tard elle ne fait pas le moindre sens. Comment expliquer ce qui n'est pas explicable et donner une logique à ce qui n'en a pas ? Le mieux est de ne pas essayer du tout, se relever, marcher et continuer à tracer sa route. Ne pas se retourner, courir. Il trouvera une raison à tout ça, un jour ou jamais, ou bien il vivra sans jamais savoir. Il ne sait rien, il ne sait pas pourquoi le ciel est bleu et pourquoi les étoiles brillent la nuit, l'ignorance n'est pas sa prison.

Il est chanceux d'avoir reçu les conseils de quelqu'un dont l'ego vole moins haut que le sien, ça lui a permit de remettre un peu ses pieds sur terre et comprendre qu'il allait devoir se cacher, si il n'avait pas envie de se faire découper une seconde fois. Sauvé une deuxième un deuxième fois, quand bien même le prince charmant est très charmant. Si ça la rassure de penser qu'elle a une tâche à accomplir, alors tant mieux. Pour l'instant elle est là, avec lui et il ne s'est jamais senti aussi en paix. Et si son but, c'était d'être à ses cotés ? Est-ce que ce serait décevant ? Ils sont coincés l'un avec l'autre maintenant, aucune idée de celui qui est le plus à plaindre. « Personne ne sait. On est juste là et j'imagine que nous l'avons toujours été. »  Sont-ils une évolution de l'humanité ? Si c'était le cas, ils seraient plus nombreux, n'est-ce pas ? Zyanya ne s'y connait pas en science, il sait à peine lire. Lupe a failli s'arracher les cheveux en essayant de lui enseigner l'anglais, l'immortel imagine. L'autre est resté bien calme face à un élève qui ne comprenait pas grand chose, à sa place il se serait frappé. Il se débrouille aujourd'hui, et heureusement. Sinon, il ne sait vraiment pas comment il ferait avec Aurora. Il va devoir lui enseigner ses langues à lui. Enfin sa. Inutile de lui parler avec celle de ses ancêtres. Lui qui n'a jamais été patient, il a tiré le gros lot.

Il se relève et secoue son pantalon, regardant autour de lui. Le commentaire d'Aurora ne l'offense pas. Il y a du ménage à faire pour que cette maison ressemble à quelque chose. Ils vont pouvoir s'y mettre à deux, ça ira plus vite. « Pour l'instant oui. » Il soupire, exténué de leur voyage. Il rêve de s'allonger et de prendre un bain. De laver la transpiration et la boue sur sa peau. Il rêve d'un repas chaud. Mais ça, ça va rester un rêve le temps qu'il trouve un moyen de se procurer quelque chose, sinon il devra chasser lui même. C'est assez archaïque comme méthode. Il regrette soudain le village d'où ils viennent, il a toujours préféré le travail au champ. « On ne pourra pas rester ici éternellement. Ils vont remarquer qu'on ne vieilli pas. » Il aurait peut-être du lui partager ce détail de suite. « Il faudra partir. » Il hausse les épaules. « Sinon tu vas finir comme moi et tu te feras découper. Pour la science. Moi aussi j'ai eu des soucis avec l'Eglise. » Il ne sait pas ce qui est le plus douloureux. Finir en torche humaine, on se faire torture, juste "pour voir". Il frisonne au souvenir. Peut-être qu'il ne peut pas mourir, mais les souvenirs eux restent, ils s'ancrent dans sa chair. C'est le moment que choisit son estomac pour grogner, peu soucieux des remembrances douloureuses. Il a faim et ça, rien ne peut y changer. « Est-ce que tu te sens d'aller chercher quelque chose à manger ? » La moitié de sa phrase se mélange en espagnol.  Ce sera sa première leçon tient. Comment ne pas crever la dalle. Si elle suit bien, l'écoute et fait fonctionner ce qu'il lui reste de neurones qui n'ont pas grillées, elle pourra aller faire des courses seules. Il préfère qu'elle soit rapidement indépendante, la dernière chose dont Zyanya à besoin c'est d'un boulet.  
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