(1831, nassau) drink up me hearties, yo ho! (connor#1)

C’est un mouvement de Connor qui tire Aurora des limbes du sommeil. A peine éveillé, il s’étire et elle vient l’encercler de ses bras alors qu’il se trouve dos à elle avant de déposer un baiser chaste sur la jonction de sa nuque et de son épaule pour l’aider à se tirer pour de bon des brumes du sommeil. Après la soirée d’hier, ils mériteraient bien de pouvoir profiter d’une matinée crapuleuse en oubliant pour quelques heures leurs responsabilités vis-à-vis du bateau et de son équipage. Lorsque Connor se tourne vers elle, elle glisse sa main contre sa joue et vient se lover tout contre lui, profitant de la chaleur de sa peau. « Paré à monter la grand voile capitaine ? » Oubliée la timidité des premiers jours, disparue la gaucherie de l’inexpérience. Aurora avait quitté le Mexique dans la précipitation en quête d’aventure, déterminée à prendre enfin son envol pour profiter des plaisirs que la vie d’immortelle pouvait offrir, et si ses plans avaient été contrecarrés lors de la prise du navire marchand sur lequel elle se trouvait, elle ne parvenait pas à s’en montrer déçue. Le changement d’environnement était brutal, mais loin d’être déplaisant. Passer de la douceur d’une vie de château à l’effervescence d’un navire pirate lui avait demandé des concessions, mais elle avait gagné bien plus en retour. Une liberté à laquelle elle n’aurait jamais pu prétendre en restant sous l’égide protectrice de son frère. Cette situation n’était bien sûr pas vouée à perdurer dans le temps, mais ça ne l’empêchait pas d’en profiter pleinement en compagnie de Connor.
Elle va pour l’embrasser mais des coups insistants frappés contre la porte coupent l’immortelle dans son élan, et elle lève les yeux au ciel avant de porter son attention sur l’entrée de la cabine. Les membres de l’équipage de la Lagune Noire ont le chic pour arriver au mauvais moment, mais au moins, ils ont appris à ne plus entrer sans en avoir reçu l’autorisation explicite. « On n’attend plus qu’vos ordres pour appareiller capitaine ! » Soit. Il faudra remettre les démonstrations d’affection à plus tard. Elle roule pour revenir de son côté du lit et soupire, les yeux fixés sur le plafond. « Maudits pirates… » Elle bougonne en se levant, abandonnant par la même occasion la chaleur des couvertures et des fourrures recouvrant la couche qu’elle partage depuis maintenant un bon bout de temps avec Connor. Nue comme au premier jour, elle s’avance dans la cabine jusqu’à la table encore recouverte des restes de victuailles de la veille en faisant mine de ne pas prêter attention au capitaine qui s’habille derrière elle. Parmi les verres renversés et les assiettes éparpillées, la brune recherche une denrée épargnée qui pourrait faire office de petit déjeuner. Avec le temps, elle a appris à ne plus faire de manière et à vivre simplement. Loin du confort et de la sécurité matérielle que lui offrait Zyanya, tout était à réapprendre. Elle s’empare d’une pomme et croque dedans avec avidité – se souciant peu du jus qui lui coule sur le menton, avant de se saisir du tricorne de Connor, de le poser sur le sommet de son crâne et de se tourner vers lui.

Tandis qu’elle le regarde s’approcher de sa démarche prédatrice, un sourire sensuel vient éclore sur ses lèvres qui rutilent encore du jus sucré du fruit dans lequel elle vient de croquer. Un frisson qui n’a rien à voir avec le froid ambiant qui règne dans la cabine la traverse lorsqu’il s’adresse à elle de sa voix chaude et caressante. Il ne ressemble à rien de ce qu’elle a connu. De sa posture à sa démarche, de son attitude aux mots qu’il choisit d’employer lorsqu’il s’adresse à elle. Il personnifie à lui seul l’aventure et la liberté dont elle n’avait jamais pu que rêver avant que leurs chemins ne viennent à se croiser. Sur ce navire, ils sont comme seuls au monde. Personne pour les regarder et les juger, personne pour leur imposer les carcans d’une société étouffante et moralisatrice. Aurora ne s’est jamais sentie aussi vivante qu’en cet instant. Il y a un appétit dévorant qui s’est réveillé en elle, une soif de d’indépendance et de pouvoir. Elle veut prendre tout ce qu’on lui a toujours refusé, elle désire tout ce qu’elle n’a jamais possédé. Connor lui offre tout ça sur un plateau d’argent. Comment pourrait-elle refuser ? Elle s’éveille à ses côtés, découvre des pans de sa personnalité dont elle ignorait même l’existence, elle comprend qu’elle est un être à part entière. Elle pensait être indissociable de son âme sœur, et elle se surprend à aimer vivre loin de lui. Parce que pour la première fois de son existence, elle a véritablement l’impression de vivre pour elle-même. Les lèvres du pirate sur sa peau comme un rappel de tout ce qui fait que la vie mérite d’être croquée à pleine dents.
La bouche du pirate s’empare de la sienne et l’immortelle vient se couler tout contre lui en soupirant d’aise. Ses mains remontent le long de son torse pour venir s’accrocher à sa nuque dans une volonté de l’empêcher de mettre fin à cette délicieuse étreinte. Il suffit qu’il la touche pour que le désir lui fasse oublier le monde extérieur. Les sentiments n’ont rien à voir avec ce qu’il provoque chez elle. Son cœur, elle l’a laissé derrière elle, en France. C’est ce qui fait qu’elle se sent si libre à ses côtés. Aucune promesse, aucun avenir, juste ce feu qui brûle dans ses reins lorsqu’elle l’entend grogner contre ses lèvres, mécontent d’être à nouveau interrompu. Un rire doux lui échappe à l’entente de sa proposition. « L’idée est plus que tentante, je dois bien l’admettre. » Une de ses mains vient glisser sur l’ombre de barbe qui orne ses joues avant de partir à l’aventure sur son torse musclé. Elle peut sentir la chaleur de sa peau sous ses doigts à travers le tissu. « Mais il ne restera plus personne pour appareiller si tu envoies tes hommes par le fond à chaque contrariété… » Elle l’embrasse à nouveau et vient mordiller doucement sa lèvre inférieure avant de se reculer légèrement de son étreinte pour s’asseoir sur le bord de la table. « Ce serait dommage de provoquer une mutinerie, capitaine. » Un sourire mutin vient étirer ses lèvres. Ses jambes s’entrouvrent et elle coince sa main dans la ceinture du pantalon du pirate pour venir l’attirer tout contre elle, entourant sa taille de ses cuisses. Ses mots et ses gestes envoient des messages contradictoires, mais ce serait loin d’être la première fois. « Ne dit-on pas que la patience est la mère de toutes les vertus ? » Elle dépose un chaste baiser sur ses lèvres et hausse un sourcil.