(Andreas) - To make a prairie it takes a clover and one bee, — (...) (e. dickinson)

[1986] Une nouvelle famille rejoint le quartier et ça fait un peu jaser, même si ça, le jeune Andreas n’en avait pas vraiment conscience. Lui, ce qu’il lui importait c’est qu’enfin, il aurait un copain habitant près de chez lui. Et visiblement il n’était pas le seul avec cette optique là, puisque Oskar est celui ayant fait le premier pas et depuis, on peut dire qu’ils sont inséparables. Ils ont grandis ensemble, sont allés dans les mêmes écoles, fais les quatre cent coups ensemble – une bonne partie, son père n’en a pas connaissance, contrairement aux parents d’Oskar qui l’ont puni comme le font les parents, une fois qu’ils ont compris le peu d’intérêt que son paternel lui porte.

[1989] « Andreas ? Oh, c’est un enfant adorable et très bon élève. Curieux aussi, toujours une question à la bouche. Il n’obtient pas toujours de réponse. Ça me rappelle cet exercice, où j’avais demandé aux petits de faire leurs arbres généalogique et de remonter le plus loin possible. Andreas a bien essayé, et réussi dans une moindre mesure, mais il manquait toute une branche et il n’a pas aimé rendre un devoir à moitié fait, mais je n’allais pas le pénaliser pour ça, après tout. » Il a posé des questions à son père à ce moment, parce qu’il s’en voulait de ne pas avoir trouver les réponses attendues et étrangement, l’homme lui a doucement déclarer que parfois, on n'obtient pas toujours les réponses souhaitaient et que ça faisait partie de la vie. Andreas se souvient parfaitement de cette conversation ainsi que du nombre de fois où son père s’est contredit.

[1995] L’adolescence est une période compliquée, personne ne le niera. Ça l’est d’autant plus quand on grandit plus ou moins seul. Il n’a jamais manqué de bien matériel et dire le contraire  serait mentir et il n’est pas du genre à mentir, Andreas. Il s’est cherché, Andreas. Il a cherché son père aussi, mais ce dernier semblait occupé à chercher autre chose, dans un autre coin du monde, pour ce qu’il en sait. La maison est vide et la solitude le dévore et il doit son salut à la famille d’Oskar. Il a bien vu les regards que les parents se lançaient de temps à autre, quand il mentionnait son paternel. Alors quand ils sont arrivés un jour, avec un Oskar tout souriant pour lui dire qu’il pouvait rester à la maison il n’a jamais été aussi reconnaissant. Cette maison ? Elle a toujours été pleine de vie.

[1997] D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il n’a jamais vraiment compris cette relation avec son père. Un homme principalement absent de sa vie, avec des attentes précises mais qu’il se garde bien de partager. Mais il sait juste une chose, c’est qu’il a aimé sa mère et peut-être le problème réside-t-il ici, il est le fils de sa mère et il la voit trop en lui. Il fait réparer le collier qu’elle lui a laissé quand, dans un accès de colère, il lui a lancé le bijou au visage. Ils ont un peu parlé aussi et c’est assez rare, pour cet homme si occupé. À quoi ? Bonne question. Mais Andreas sait au moins ceci : il lui en veut d’être si absent, mais en est également reconnaissant car que serait-il devenu avec un tel exemple ?

[2000] Un jour, l’annonce est tombée. Ruth est malade et c’est incurable et c’est en l’an 2000 qu’elle rend son dernier souffle. L’absence d’étincelle dans le regard d’Oskar lui a brisé le cœur et il a tout fait pour étouffer son chagrin pour supporter son ami. Comportement des plus idiots, on lui a bien fait comprendre. Il a compris le principe d’avoir l’alcool triste quand ils ont décidé de boire plus que deux raisons, pour finir en deux masses tremblantes et pleurant. Ça a crevé l'abcès on peut dire. Il a d’ailleurs été étonné d’apprendre que Ruth lui avait laissé quelque chose, en plus d’une lettre. Un collier similaire au sien. Mais avec des yeux différents. Il n’y pas encore eu le courage de poser des questions à Tobias. Il n’empêche qu’il les suit quand ils partent – rentrent – à Stockholm. Étrangement, son père n’a pas débattu longtemps, le laissant expliquer ce qu’il comptait y faire. C’était peut-être prétentieux de promettre de devenir le meilleur agent immobilier.

[2010] Les études sont terminées depuis un moment maintenant et si agent immobilier n’est pas sa passion, il est doué, c’est indéniable. À Stockholm, il a été engagé dans un cabinet réputé. Il suspecte les contacts de son père, mais il fait ses preuves de son côté et n’a plus vraiment de contact avec l’autre homme. D’un autre côté, Tobias l’encourage à toujours faire mieux, mais à aussi prendre du temps pour lui. Oskar approuve d’ailleurs et ce n’est pas rare qu’il le tire de chez lui pour aller prendre l’air à droite et à gauche, appareil photo en main. À Stockholm, il rencontre aussi une charmante personne, justement durant une de ces soirées où Oskar l’a conduit dans ce bar queer de la capitale. Si on lui avait dit à l’époque que l’histoire d’une nuit s'étendait sur une décennie, il n’y aurait pas cru. Et pourtant … le voilà missionné pour trouver un nouveau nom à son compagnon. V’la la pression, mais il ne risque pas de faire pire que Chiranth, pas vrai ?

[2012-2021] Il doit quitter tout ce qu’il connaît pour une opportunité en or : rejoindre un excellent cabinet dans la Grosse Pomme et, poussé par Chiranth, mais aussi Oskar, il saute le pas. L’adaptation n’est pas simple, d’autant plus qu’on le met à l’épreuve – il se fait un très bon ami de cette façon, d’ailleurs – et le prend pour un fils à papa. Ils ne pourraient pas avoir plus tort. Il n’empêche, qu’il s’adapte et se perfectionne, contrairement aux plus vieux qui restent sur leurs acquis. Il devient le meilleur à l’internationale et quand enfin, il réalise – certes, pas tout seul – qu’il peut enfin se permettre de vivre de ce qu’il rêve, eh bien, il trouve un accord avec l’agence. Il a sécurisé son avenir après tout et s’il ne démissionne pas tout de suite, afin de former une personne le remplaçant, il fait les plans pour racheter une galerie sur le point de fermer et il sait que l’investissement n’est pas le meilleur, sauf qu’il suffisait simplement de moderniser l’endroit et les exposants. À l’aube de ses quarante ans, Andreas ne travaille plus dans l’immobilier, mais expose des photographies dans sa galerie des artistes dont il admire tant le travail.

[2021] Il reçoit un coup de fil qui le remplit d’inquiétude. Tobias lui demande s’il a des nouvelles d’Oskar et connaissant la proximité entre les deux hommes, l’inquiétude grimpe en flèche. D’autant plus quand il lui confie qu’il comptait le rejoindre pour une visite surprise. Les mois qui suivent sont stressants et il imagine le pire, chaque jour qui s’écoule et quand il reçoit un appel d’un numéro inconnu, la conversation qui suit le laisse sans voix. Quant aux retrouvailles … Son monde change et devient plus grand. Il lui fait part d'une nouvelle détonnante. Comment ça, il a poussé une sorte de cri quand il l'a vu s'empaler la main ? Oskar, dramatique ? Si peu.Il lui parle alors du Conclave, car c'est un de ces membres qu'il la tué, lui a-t-on appris. C'est à ce moment que son monde change, qu'il apprend l'existence des immortel. Et, Chiranth s’y met, en plus.

[2022] À la surprise d’absolument tout le monde – pas vraiment non, ils auraient dû le voir venir et peut-être que certain l’ont vu venir – il s’attire les foudre de ceux qui sont contre les immortels et quoi de mieux que de viser l’un des mortels les entourant, hein ? Apparemment Oskar ne s'attendait pas à se faire tuer non plus par une connaissance. Encore moins revenir à la vie. Et quelle surprise, quand c'est à lui, Andreas, de succomber sous les sévices, il ouvre à nouveau les yeux ? Certainement pas lui. Chouette, n’est-ce pas ?