she's the devil in disguise (nour)

[De ~ 1300 avant J.C. à ~ 1270 avant J.C.] Tu ouvres les yeux sur Khent-Menou, au cœur de la Haute-Egypte. Prénommée Mutnedjmet, tu n'es qu'une enfant parmi tant d'autres - et aucun.e n'importe autant que ta sœur aînée, Néfertari. Tes parents, tes adelphes - tou.tes oublié.es, presque tou.tes effacé.es de ton esprit, mais à jamais Néfertari restera avec toi. Lorsqu'elle se marie, épouse Ramsès II, le pharaon, tu n'as aucune hésitation. Tu la suis, tourne le dos à celleux qui n'ont jamais réellement eu d'importance, commences ta nouvelle vie à Pi-Ramsès. Le pharaon t'épouse à peine un an après ta sœur, à la plus grande joie de Néfertari, et tu trouves ta place parmi les grandes épouses - vous êtes amies, sœurs, partagez un lien unique. Vous élevez vos enfants ensemble, faites votre vie ensemble - Ramsès II élève la grandeur de votre royaume et tu es fière d'être à ses côtés, fière de voir ta sœur ainsi aimée, adorée, par le peuple. Tu finis par toi aussi tomber enceinte, quelques années avant ta troisième décennie, ta joie ne pouvant diminuer alors que tu sens la vie grandir en toi. Les mois passent, ton ventre s'arrondit - puis il y a ce soir-là, cette nuit fatidique. Ramsès a des ennemis, de nombreux ennemis, et lorsqu'ils s'infiltrent dans les appartements royaux, tu es la première sur leur chemin. La lame est rapide, une fois, deux fois, puis tu ne peux plus compter alors que tu t'effondres au sol, alors que tu t'étouffes dans ton propre sang. Tes yeux se ferment - puis se rouvrent, tes oreilles percevant peu à peu les cris qui t'entourent, ceux de tes amies, de ta sœur. Leur choc est aussi violent que le tiens - elles, de te revoir ; toi, de réaliser que tu es toujours couverte de sang, pas seulement le tiens. Tu ne peux que te replier sur toi-même, toujours dans la mare rouge, alors que la douleur t'envahit, t'éprend, alors que la réalisation te suffoque. Néfertari te tient, t'entourant de ses bras, de ton corps. Tu es morte et ton enfant avec toi.

[De ~1270 avant J.C. à ~ 1000 avant J.C.] Les murmures se propagent et tu ne peux rester à Pi-Ramsès, pas alors qu'on ne sait plus vraiment comment te regarder, qu'on ne sait pas vraiment que faire de toi - tu es un miracle divin, d'Isis ou d'Osiris, et cela fait de toi une épine dans le pied de celui qui fut un jour ton amant, ton mari. Tu n'as aucun doute lorsque tu te tournes vers les prêtresses de Bastet, lorsque tu leur demandes à rejoindre le temple félin, à rentrer au service de la seule déesse à laquelle tu peux penser. Bastet, protectrice des mères et des enfants, chaleur de l’Égypte, violente envers celleux l'ayant courroucée. Dire au revoir à Néfertari est le plus difficile et lorsque enfin, vous vous séparez, vous savez toutes deux que jamais vous ne vous reverrez. Tu rejoins Per Bast, sanctuaire de ta déesse, et lui consacre ta nouvelle vie. Il finit par arriver, quelques semaines après toi - il se prénomme Omondi et t'explique tout ce que tu dois savoir, sur toi-même, sur le miracle, sur lui aussi et sur votre lien. Tu es reconnaissante envers lui, apprécie l'avoir à tes côtés, mais lui explique tu ne peux partir, ayant dédié ta vie à la déesse chat. Il comprend, accepte sans mal - d'un regard qui te dit qu'il savait déjà, à ce moment-là, que cela ne serait pas éternel contrairement à votre vie. Il s'installe à Per-Bast, lui aussi, devient une constante dans ta vie. Il t'instruit autant que les prêtresses du temple, t'aide à maîtriser ces dons qui sont apparus après ta mort. Il a passé des millénaires sans toi, seul là où vous devriez être plusieurs, et il apprécie ta présence autant que toi la sienne. Vous vous liez, Omondi et toi, il est ton ami, ton frère, bien plus que tout cela encore, la part la plus importante de ta nouvelle vie. Les siècles passent et il reste à tes côtés, s'éloignant parfois pour apporter son aide en Égypte tandis que tu sers ta déesse. Vous devenez les protecteurs du temple, voyez les prêtresses mourir et se suivre, devenez un secret partagé seulement par celles qui ont dévoué leur vie à Bastet. Et c'est comme cela que tu finis par rencontrer ta deuxième mort, presque trois-cent ans après la première - alors que des mercenaires pensaient venir piller le temple. Omondi et toi les arrêtez, mais la lame qui perce ton cœur est affutée et tu fermes à nouveau les yeux.

[Du Ier millénaire avant J.C. au Ve siècle après J.C.] Tu les rouvres, une seconde fois, et cette fois Omondi est celui qui se trouve à tes côtés. Tu es toujours en vie, mais tu es morte également et cela a de nouveau changé quelque chose en toi. Tu ne peux pas rester et les prêtresses ne le comprennent que trop bien - par ta vie, par ta mort, tu as servi Bastet et tu continueras de la servir, même si tu n'es pas à Per-Bast. Alors tu leur dis adieu, dis au revoir à ton royaume et laisse Omondi t'entraîner dans un nouveau monde, dans son monde. Le temps s'écoule, les années passent, les siècles se suivent - tu vois des empires se faire et se défaire, des royaumes se créer et s'effondrer. Omondi et toi voguez, d'un point à l'autre, d'un conflit à l'autre, apportant votre aide à toute personne le nécessitant, vous mettant en travers du chemin de celleux qui souhaiteraient nuire. Ton ami te fait découvrir le berceau de sa vie, avant de t'entraîner dans toujours plus d'aventures. La Grèce, puis Rome, te marqueront alors que tu y vois la naissance de l'une des entités qui deviendra une constante dans ta vie : les Enfants de Prométhée. Omondi et toi les rejoignez, alors qu'iels ne sont encore que titubant.es, et vous les aidez à s'établir, à se créer, à trouver leurs principes et leurs idées. Tes épées, ton arc, tu les mets au service des Enfants et tu n'as aucun regret, aucun doute, alors que tu les aides à se propager, à protéger les vôtres tout comme les humain.es. C'était déjà ce que vous accomplissiez avec Omondi, mais Prométhée vous offre un plus grand appui et tu y prends ta place sans aucune hésitation, Mutnedjmet, tu deviens gardienne du monde, la détermination brûlant dans tes iris. Omondi et toi continuez de parcourir la Terre, propageant la parole de Prométhée, réunissant les immortel.les qui partagent vos idéaux - créant un réseau, une entraide. Tu la sens, l'émotion d'Omondi, lui qui a été seul si longtemps - et lorsque ta main se glisse dans la sienne, lorsque tes prunelles trouvent les siennes, lorsque ton sourire reflète le sien, tu le sais, que tu étais destinée à cette vie.

[VIe siècle] Elle s'appelle Rosalyn et lorsque les rêves te saisissent l'esprit, lorsque son nom, son visage, sa détermination, occupent tes nuits, tu sais que quelque chose a changé. Elle s'éveille, 1800 ans après toi, plus de 8000 ans après Omondi. Tu sais que ce dernier voudrait partir immédiatement, aller la rejoindre aussi vite que possible et tu le comprends. Il a attendu si longtemps, seul - tu étais son miracle, Rosalyn est son espoir. Il n'y croyait plus, à avoir sa constellation, ses liens - et pourtant, vous êtes là. Si vous vous écoutiez, vous laisseriez tout tomber pour aller la trouver - mais vous ne pouvez pas, pas alors que les Enfants comptent sur vous, pas alors que les dissensions et troubles se font de plus en plus présents à Constantinople. Vous devez rester, agir, pour le bien de l'humanité et des vôtres. Alors vous prenez votre mal en patience, accomplissez votre mission - et lorsque Justin Ier finit par monter sur le trône, vous partez, sans aucune hésitation. Il vous faut un peu plus d'un moins pour rejoindre votre destination - un royaume particulier, du nom de Camelot. Rosalyn est surprise, mais vous écoute attentivement lorsque vous lui expliquez qui vous êtes, ce qu'elle est. Vous lui demandez de vous suivre, mais elle refuse - et tu n'es pas essentiellement surprise, pas alors que tu avais pris la même décision. Néanmoins, la situation a changé - et ni Omondi, ni toi, ne pouvez rester indéfiniment à Camelot, pas alors que tant de personnes comptent sur vous. Tu sais que ton frère voudrait que la nouvelle membre de votre famille le comprenne, vienne avec vous, mais tu comprends ce qu'il se passe dans son esprit. Et tu sais, Mutdejmet, tu sais que Rosalyn finira par vous rejoindre - alors vous partez, en promettant de revenir, et vous retournez à vos combats.

[VIIe siècle] Le petit temple d'Abu Simbel se dresse devant toi, dans toute sa splendeur, dans toute sa grandeur, et même si tu sais que c'est impossible, tu as la sensation que le regard des statues de ta sœur se tourne vers toi, sonde ton âme et ton cœur. Tu es rentrée, enfin, après des siècles, plus d'un millénaire, sans remettre les pieds dans ton royaume, dans ton pays, chez toi. Et alors que tes yeux se posent sur celui qui fut un jour ton mari et sur celle qui sera à jamais ta sœur, tu ne peux empêcher les larmes qui s'échappent de tes iris, les sanglots qui te prennent à la gorge. Tu es rentrée, mais ce n'est plus chez toi et la main d'Omondi est une ancre te rappelant qui tu es, désormais. Tes pieds te guident à l'intérieur du temple, tes mains parcourant les pierres vieillies par le temps, tes dons t'offrant des souvenirs que tu ne pourras jamais effacer. Tu relates à Omondi, ton enfance, tes croyances, tes rires et tes douleurs, cette famille qui n'a jamais vraiment été la tienne et cet enfant que tu ne verras jamais grandir. Tu laisses le sel de tes pleurs te purifier, laisses tes mots se perdre dans le silence du temple. Et alors que tu passes le seuil, tu laisses Mutnedjmet derrière toi, lui offrant une sépulture éternelle aux côtés de ta sœur. Elle fera toujours partie de toi, mais elle n'est plus toi et tu renais, Nour Asghar.

[Xe siècle] Il est temps et vous retournez à Camelot, aucune surprise ne vous saisissant réellement alors que vous constatez l'état du royaume qui a dépéri. Rosalyn lutte et bataille, mais vous ne lâchez pas, pas cette fois. Et lorsqu'elle s'éloigne du seul monde qu'elle ait connu pendant cinq-cent ans, ta main est dans la sienne, Nour, bien consciente du poids des émotions qui l'étreignent. Vos mondes ne sont plus, mais c'est un autre qui vous attend et vous l'affronterez ensemble.

[XVe siècle] Il faut du temps à Rosalyn, pour s'ouvrir, pour vous accepter entièrement, mais vous êtes patient.es et présent.es. Vous l'emmenez avec vous sur vos missions, l'intégrez à tout ce que vous faites et elle s'ouvre, peu à peu, rejoint les Enfants sans aucune hésitation. Vous apprenez à vous connaître, vous découvrir, devenez une famille. En peu de temps, Rosalyn s'impose comme ta sœur - une place que tu ne pensais pas pouvoir offrir de nouveau à quelqu'un, et pourtant elle s'y glisse, naturellement, et tu ne le regrettes pas un seul instant. Les siècles avancent et puis vous les rencontrez, tous les deux, peu de temps l'un après l'autre. Ils s'appellent Takoda et Alexis - l'un, vous saviez qu'il existait depuis un moment, mais n'aviez jamais pu vous approcher assez du nouveau monde pour aller le trouver. Takoda s'intègre parfaitement à votre constellation, trouvant sa place parmi vous - et jamais tu n'as vu Omondi aussi heureux. L'autre, vous le trouvez en Europe, seulement quelques années après son éveil. Alexis est différent, plus indépendant. Mais il fait partie de vous et vous l'acceptez sans aucune hésitation. Vos missions se font de plus en plus nombreuses, de plus en plus intenses - le nombre d'immortel.les semble avoir augmenté, ou votre concentration en tout cas. Depuis presque mille ans, déjà, une autre entité a fait surface - l'Ordre de l'Hydre ne pourrait pas être plus différente des Enfants de Prométhée et vos luttes sont féroces, violentes, titans contre titans. Les humain.es doivent néanmoins s'en mêler et ce même siècle voit l'émergence du Conclave écarlate, et de leur folie des grandeurs. Le monde des mythes et légendes est terminé, celui de la cupidité a émergé et vous devez plus que jamais faire profil bas.

[1790] Votre lutte ne cesse jamais, jusqu'au jour où Omondi ferme les yeux - et ne les rouvre plus. Ta peine est violente, dévastatrice - tout autant que la colère de Rosalyn. 3000 ans, 3000 ans, à parcourir le monde avec ton frère, à le découvrir à ses côtés, à lutter avec lui - tu tournes les yeux, mais il n'est plus là, tu crispes les doigts, mais il ne te saisit pas la main. Tu l'as perdu, définitivement, et tu as la sensation que ton cœur s'arrête dans ta poitrine. Tu n'es plus morte depuis des millénaires, et pourtant tu as la sensation de mourir une nouvelle fois, Nour, alors qu'on t'arrache celui qui fut le centre de ta vie. Et cette fois, cette fois, tu ne peux retenir Rosalyn alors que sa rage consume tout sur son passage, alors que sa colère embrase les mondes et que le goût du sang vient recouvrir tes lèvres. Takoda est à vos côtés et Alexis - Alexis se révèle, enfin, tout comme son allégeance à l'Ordre de l'Hydre. Le feu de Rosalyn devient le tiens et pendant ces années, tu es juste à ses côtés, le pistolet au poing, la poudre sur les doigts, la rage te dévorant toute entière. Et lorsque vous vous effondrez, vous êtes là, l'une pour l'autre, pour vous tenir, pour vous soutenir. Votre tristesse est gouffre, votre souffrance est infinie - mais les mains de Takoda se posent sur vos épaules et vous savez que vous devez vous relever. Pour lui, pour Omondi.

[1820] Il s'appelle Ao'Ao et ton palpitant se serre à l'idée que jamais il ne connaîtra celui qui a forgé vos vies. Tu l'accueilles, chaleureusement, autant se faire que peut. Tu sais que Rosalyn a plus de mal et tu ne lui en veux pas. Tu t'es reposée sur elle, ces dernières années, alors que tu as senti ton cœur ralentir, alors que la première étincelle de fatigue est venue se poser dans ton esprit.

[1896] Elle s'appelle Alma et tu sais que ton sourire n'est pas aussi brillant qu'auparavant. Tu les sens, tes émotions qui s'éteignent les unes après les autres, tu les sens, t'abandonner, te déserter. Cela fait un siècle qu'Omondi a disparu et pour une fois, le sablier du temps s'est écoulé trop lentement, pour une fois, tu ne vois plus l'intérêt dans tout ce que vous faites. Tu accompagnes Rosalyn pour accueillir Alma et tu t'attaches à la jeune femme, sais qu'elle aura sa place parmi vous. Mais tu ne peux te résoudre à venir avec elles, alors que le goût du sang appelle de nouveau ta sœur. Tu essayes de la raisonner, sans succès, sans réelle volonté non plus, alors que tu sens les portes se fermer les unes après les autres dans ton esprit. Tu quittes les Enfants de Prométhée au retour de Cuba - tu es l'une des rares fondatrices encore en vie, mais tu ne peux plus te résoudre à continuer. Iels sont bien assez nombreux.ses pour continuer sans toi et tu ne peux plus. Tu as assez donné de ta personne, assez donné de tes années, alors que rien ne change, alors les mêmes conflits se renouvellent, perpétuellement.

[XXe siècle] La perte de l'enfant de Rosalyn et de Lucian est d'une violence aussi terrible que celle d'Omondi et tu ne poses pas de questions avant de rejoindre Londres. Tu trouves ta sœur au milieu des dégâts de sa colère, de sa souffrance, et tu n'as aucune hésitation alors que tu glisses tes bras autour d'elle, alors que tu la laisses s'effondrer contre toi. Rien ne sera jamais comme avant, mais tu seras toujours là pour les tiens, peu importe les différences en vous, entre vous.

[2022] Tu pensais que vous pourriez tout affronter, que vous pourriez tout surmonter. Et pourtant, et pourtant, Alexis vous trahit - Alexis vend Lucian et Rosalyn, tout ça pour la lance, tout ça pour son Ordre. La mort de Lucian et la rage de Rosalyn - ils provoquent un spasme sur ton cœur, rouvrent une porte que tu pensais fermée. Et pourtant, la fatigue est trop forte, la lassitude trop profonde. Tu as donnée des millénaires de ton existence, Nour, aux conflits, aux luttes, à aider l'humanité et les immortel.les, à affronter tout type d'ennemi.es sans ne jamais en voir le bout. Tu voudrais continuer, avancer, mais tu ne sais plus comment faire, alors que tu te sens comme Néfertari-Hathor, à devenir statue insensible au passage du temps.