Another way out | Harper

C'était la panique la plus totale. Agité, l'immortel avait retourné tous ses tiroirs, ouvert tous les placards, chercher absolument dans toute sa maison. Il n'y avait aucune trace de la broche, nulle part. Pourquoi et comment ne lui venait même pas à l'esprit, la seule chose qu'il voulait savoir était où. Où pouvait-elle bien se trouver, qu'en avait-il fait, où l'avait-il laissée traîner ? Il en prenait grand soin, c'était presque une pièce de musée, dont la valeur historique était déjà immense, mais dont la valeur sentimentale n'avait tout simplement pas de prix. Il ne pouvait pas l'avoir perdue. Cela faisait près de quinze siècles qu'il l'avait, quinze siècles qu'il la gardait, qu'il la portait régulièrement, qu'il en prenait soin pour ne pas que le temps l'abîme. Il ne pouvait tout simplement pas l'avoir perdue, ça ne lui ressemblait pas d'être aussi négligent avec un tel objet. Il avait fini par s'écrouler sur son lit, au milieu de la chambre dans un capharnaüm sans nom, à soupirer lourdement. Il allait être en retard au tribunal si il continuait de chercher et ça non plus il ne pouvait pas se le permettre. Mais ça l'avait obsédé, toute la matinée, même pas vu le temps passer réellement.

Si elle n'était pas chez lui, qu'elle n'était dans aucune de ses affaires à la maison, elle était peut-être au bureau. Il avait filé là-bas, sans prendre le temps de déjeuner, pour retourner à son tour la pièce. Tiroirs, meubles, poches des quelques vêtements qu'il laissait là...Rien. Sa broche n'était pas là. Absolument nulle part. Et la panique le gagna à nouveau, alors qu'il avait pourtant réussi à se calmer, à faire comme si ce n'était pas si grave. Sauf que ça l'était. Et assis sur son bureau, il s'était mis à passer en revue toutes les manières de perdre quelque chose. Arrachée pendant qu'il prenait le métro. Volée par quelqu'un aux doigts agiles. Tombée en voulant la glisser dans la poche de sa veste. Sa veste. Sa putain de veste qu'il n'avait pas vue depuis un bon mois, peut-être un peu plus. Parce que la dernière fois qu'il l'avait vue, c'était sur le dos de quelqu'un d'autre. Sa veste qu'il avait abandonnée, par deux fois, dans l'appartement d'un homme dont il ignorait jusqu'au nom, parce qu'il n'avait pas voulu le revoir. Parce que ça n'aurait servi à rien de le revoir. Mais elle devait être là, dans la poche de sa veste, il avait dû l'enlever, la mettre là et oublier. C'était forcé. Et si elle n'était pas là, alors il aurait définitivement perdu la broche de sa mère et c'était un bout de lui, de son passé, de sa vie, qui s'en irait sans qu'il ne puisse rien y faire.

Pourtant, il lui avait fallu un peu de temps avant de se décider. Oui, c'était sa broche, c'était sa veste, et il voulait récupérer les deux, mine de rien. Mais ça voulait dire retourner voir quelqu'un qui l'avait probablement oublié, quelqu'un qui ne se souciait absolument pas de lui, alors s'intéresser à un vêtement oublié...? Il n'était même pas certain que l'autre lui ouvre si il débarquait pour ça. Entre ça et le temps de retrouver l'adresse, à pied dans Soho, il était presque tard quand il arriva devant l'immeuble. Et qu'il vit au moins une bonne nouvelle à arriver aussi tard : il y avait une fête à faire trembler le voisinage là-dedans. Même pas pris le temps de se changer, toujours en costume à cause de l'audience de la matinée, il faisait un peu tâche au milieu des fêtards déjà dans un état second. Entre la musique à lui crever les tympans, la fumée qui flottait dans l'air et tous ces corps qui se pressaient, dansaient et s'alcoolisaient, l'immortel se sentait réellement à l'écart du reste du monde en cet instant. Pas l'esprit à la fête, pas l'esprit à faire comme eux, parce qu'il n'avait pas envie d'être là, pas envie de reconnaître les meubles et revoir des flashs de cette nuit avec le barman. Juste chercher la veste, au milieu du bordel ambiant, dans une semi-obscurité dérangeante.

Et quand finalement il n'avait rien trouvé, soupiré lourdement. Fouiller dans les poches de son manteau pour prendre une clope et la glisser entre ses lèvres, lassé de ne rien avoir trouvé et, surtout, de se dire qu'il allait peut-être devoir revenir un jour où il n'y aurait pas des dizaines d'inconnus dans cet appartement. Et en soufflant une bouffée de fumée, il l'avait vu passer. Ivre, bien entendu, souriant aussi, et sans ses lunettes, évidemment, mais surtout avec un homme contre qui il dansait. Ce n'était pas tant qu'il faisait ça avec tout le monde que juste le fait de le revoir. Le revoir sourire comme ça, quand lui la dernière chose qu'il avait eue, c'était la gueule. Mais surtout, quand il s'était légèrement reculé, voir la broche, épinglée là comme si elle était à lui. Si il aurait pu encore être un minimum avenant, pour avoir ce qu'il voulait, il n'était plus question de l'être, il n'en avait plus envie, pas certain d'en être même capable. Il serrait les poings, la clope entre les lèvres, en rejoignant le barman. Pousser sans ménagement le mec qu'il avait choisi pour la soirée et lui jeter un regard glacial quand il avait vaguement entendu une protestation, avant de tourner ce même regard vers le propriétaire de l'appartement. Pas pu empêcher son esprit de se dire qu'il était séduisant, mais chasser cela rapidement. Il n'était pas là pour ça. Oi, ya gowk ! Give me back mi fecking brooch !

Pourquoi et comment ce gars faisait-il pour être aussi sidérant et énervant en même temps, ça l'immortel ne le comprenait même pas. Alors peut-être y était-il allé un peu trop franchement, peut-être qu'il aurait dû réfléchir deux minutes, mais ça n'était pas vraiment simple de se maîtriser. Il avait mis des siècles à ne plus juste faire ce qu'il voulait et massacrer le premier gars qui l'embêtait, mortel ou immortel, ça ne comptait pas. Sauf qu'il n'était plus cet homme-là. Il n'était plus celui qui aurait juste jeté du toit le connard qui lui avait volé quelque chose. En particulier un mortel. Il ne pouvait pas faire ça. Même si il y avait songé un instant là, en l'entendant rire aux éclats. Et il ne savait même pas ce qui l'énervait le plus. Être si insignifiant que l'autre continuait de ne pas se rappeler de lui. Être si ridicule qu'il lui riait simplement au nez comme ça. Être considéré juste comme un minable qui avait trop bu, ou pas assez, ou whatever. Il allait peut-être s'y mettre cela dit. Parce qu'en fait, ce qui le mettait le plus en colère, c'était d'être encore une fois laissé sur le carreau par ce mec. Comme si il en avait quelque chose à faire, d'ailleurs. Ce n'était qu'un minable drogué après tout.

Tout ce qu'il voulait, c'était récupérer ce qu'il lui appartenait et foutre le camp de ce nid à minables. Il était allé attraper la première bouteille d'alcool qui passait à sa portée pour s'en servir un verre et le boire cul-sec. Et puis se mettre à regarder les gens autour de lui, à chercher ce binoclard insupportable. Tourner un moment dans l'appartement, à se demander si il n'allait pas en profiter pour le ruiner. Ce serait particulièrement puéril et il n'avait jamais été puéril, pas grandi à une époque où c'était vraiment possible en fait. Et, au fond, il n'avait aucune raison réelle de détruire un appartement parce qu'un mec l'agaçait. Un mec qu'il ne connaissait pas, dont il ne connaissait même pas le nom et qu'il ne reverrait plus jamais après ce soir. Ça aurait été stupide de faire ça, totalement. Au lieu de ça, il continua d'arpenter l'appartement, jusqu'à arriver sur la terrasse. Et enfin le retrouver, enfin le retrouver...Au moins le voir un peu, toujours accroché à ce mec, qui allait de toute façon se faire jeter dans quelques heures, vu que ça semblait être un leitmotiv chez ce barman ridicule...

Serrer un instant les mâchoires et aller jusqu'au canapé. Même pas réellement penser à ce qu'il faisait, il n'avait rien en tête à part récupérer sa broche et foutre le camp. Juste attraper l'homme et le virer une nouvelle fois, en espérant qu'il comprenne. L'immortel soupira longuement en reposant ses yeux sur le barman, essayant de rester calme. So obviously, you don't remember me cauz' you're just a massive drunk arshole...But that... Il pointa la broche qui retenait les deux pans de tissus ensemble, pour une raison stupide vu la transparence volontaire de ce haut. ...is mine. You took it from my jacket. But you don't remember that too, I guess. So just give me what's mine and I let you continue being a selfish cunt. Il avait même fait tout ce qu'il pouvait pour ne pas se laisser aller à l'insulter en gaélique, ce dont il crevait d'envie. Il lui laissait une chance de juste régler ça simplement et gentiment.

Laisser une chance, une porte de sortie, juste pour que ça se finisse vite, pour qu'il se tire comme il était venu, pour ne pas juste céder à ce qu'il aurait fait, quelques siècles plus tôt avec l'idiot qui aurait osé se comporter comme ce mec se comportait. Le casser en deux proprement et le laisser regretter, ou mieux lui faire regretter lui-même absolument tout à grand renfort de coups dans la gueule, ça aurait été possible. Tout à fait. Il aurait pu faire exactement ce qu'il disait, ce merdeux au sourire de connard, n'être qu'un importun violent et agressif pour aucune raison apparente. Mais il était plus que cela. Les années passées à se battre pour ceux qui ne pouvaient pas se défendre l'avaient changé, lui le guerrier qui ne voulait écouter personne à part lui-même. Mais il doutait même que ce mec soit capable de comprendre cela, qu'il soit capable de comprendre que sa vie facile d'arrogant petit con n'était aussi facile que parce que certains avaient un jour été agressif et violent. Mais qu'importait ce qu'il comprenait ou pas, ça ne changerait pas le fait qu'Aonghas repartirait avec sa broche. Quoi qu'il en coûte.

Et il s'était aussi mis à sourire, l'immortel, même à rire, sincèrement amusé par la situation, par ce que ce gamin disait. Encore plus amusé en voyant qu'ils étaient tous tournés vers eux, qu'ils regardaient tous la scène comme si c'était le meilleur show de la soirée. Et il avait beau faire le paon, ce jeune crétin, il n'avait pas la moindre idée de qui il avait en face de lui. L'immortel avait glissé les mains dans ses poches en secouant la tête, gardant son large sourire avant de reposer les yeux sur l'homme devant lui, qui croyait déjà qu'il avait gagné. Et si il aurait été facile de répondre par la violence, il savait aussi que ça ne ferait que prouver à sa petite bande d'idiots qu'il avait raison et que lui, qui venait râler et s'en prendre à l'organisateur de la fête, n'était bien qu'une brute. Répondre par la violence ne lui apprendrait jamais rien. Il soupira légèrement, détaillant un peu l'homme, ceux qui se trouvaient derrière lui et qui avaient ri. Alright, maybe I was a little overconfident, thinking you will be smart enough to understand. But if you wanna play hard, we will play hard.

Soupirer encore une fois, en sortant une clope de sa poche, parce que ça aiderait à ne pas juste lui lancer son poing au visage. You're probably happy, with all of these jerks you surely don't know shit about looking at you like that, right ? You're the one who beg. Everytime I saw you. Beg for attention. Beg for someone to see you. Even for sex. Prendre une bouffée de fumée et la laisser s'échapper dans l'air frais. What do you except right now ? Me, beggin' you for my belongings, in front of all these morons ? Come on, you really think I will do that...? L'immortel avait ri, franchement, en laissant tomber les cendres de sa cigarette, les yeux de nouveau dans ceux de l'homme qu'il avait en face de lui. What you are is just a pathetic and lonely boy, afraid of reality, who thinks everyone will look at him and love him if he can make them drunk enough. Honestly, if I wasn't that drunk, I would never do anything with someone as wretched as you. I ain't in such a need of attention. For fuck sake, I didn't see such a whore for a long time ! Jeter son mégot dans la direction de l'homme et le regarder toujours, même si il devait lever la tête pour ça, ça ne l'avait jamais dérangé de faire ça. Ils tombaient toujours de haut, ceux qui pensaient pouvoir le regarder du dessus comme il le faisait. You know, I'm sure of that, I could make you really beg. I could have hit you hard enough to knock you out and take what's mine. I won't. Wanna know why ? You don't worth the effort. I will patiently wait you passed out with some random guy. Like you always do. Hausser les épaules et faire mine de se détourner, remettant les mains dans ses poches comme si de rien n'était.

Soupirer en s'éloignant, parce qu'il n'obtiendrait absolument rien de ce mec. Et qu'il n'avait strictement rien à faire des autres idiots qui se trouvaient avec lui. Balancer des demi-vérités et des conclusions hâtives sur lui, c'était facile, mais ça ne servait à rien. Tout ce que ça avait fait, c'était le défouler, au moins un peu. Parce qu'il allait en avoir besoin si il ne voulait pas tout simplement mettre son poing sur la gueule de quelqu'un. Parce que ça ne manquait pas les abrutis sur qui taper, les crétins qui pourraient l'énerver juste assez pour que ça parte. Juste dire tout ça à ce crétin lui avait fait un peu de bien. Et peut-être qu'il aurait pu avoir d'autres choses à dire, peut-être que ça cachait autre chose de bien plus important qu'une simple broche. Bonne chance pour faire admettre cela à l'immortel cependant. Il n'était là que pour cela. Pas du tout pour parler avec le barman, pas du tout pour lui dire qu'il l'avait mal pris de se faire jeter. Non, bien sûr que non.

S'éloigner de ce bordel, pour aller au bord de la terrasse et regarder la vie de là. Il s'était rallumé une clope, prêt à faire exactement ce qu'il avait dit qu'il ferait : attendre jusqu'à ce que ce gamin s'évanouisse à cause des abus divers. C'était ainsi que ça s'était fini chaque fois qu'il l'avait vu après tout et l'immortel doutait que ça puisse être différent avec un autre homme. Le barman ne lui semblait pas vraiment être le genre équilibré et sympathique, même si il avait sincèrement espéré qu'il puisse être quelqu'un de fréquentable. Quelqu'un qui voulait fréquenter d'autres personnes. Non, ce n'était qu'un drogué, un mortel qui se fichait complètement des autres, comme presque tous les mortels qu'il avait croisés au cours de ce siècle. Etait-ce réellement une époque de merde ou bien c'était lui, le vieux guerrier, qui était justement bien trop vieux pour cette époque ? Il n'en avait pas la moindre idée. Et il n'était pas vraiment certain de le savoir. Alors il n'avait fait qu'attendre, en fumant un peu, en regardant autour de lui. Finir par retourner dans l'appartement, parce qu'il avait besoin d'un verre et en y allant, voir le barman seul, attraper une bouteille et monter.

L'immortel avait encore laissé s'échapper un soupir en le suivant du regard. Quelques instants, avant d'aller chercher un verre et de se l'enfiler, peu importait ce que c'était. Et puis monter aussi l'escalier pour le regarder en train de vider la bouteille d'alcool. Il avait croisé les bras sur sa poitrine et le détaillait un peu, avant de se passer une main dans les cheveux. Look, I don't care of what you do of your life, laddie. Screw everythin' up and be a dick with people, it's not my problem. But I really care about this brooch alright...? So please, just give it back and we can both forget everythin' about each other. Won't be too difficult for you, you already did that twice... Malgré son effroyable accent, cette fois, il avait choisi un ton beaucoup plus doux. Si il avait pensé un instant que la gentillesse pouvait aider, il l'aurait été dès le début. Mais quand il avait essayé d'être juste sympa et attentif, la dernière fois, il s'était fait virer. Ce n'était pas vraiment encourageant. You probably won't give a shite of that but...It's my mother's brooch, last thing I have from her and I really want it back. That's why I've been a bit...emotional about it.

Juste garder son regard sur lui, cet homme là en face de lui. Tout ce que l'immortel espérait maintenant, c'était qu'il ne ferait pas une nouvelle histoire, qu'il ne jouerait pas encore une fois au plus malin en pensant avoir raison. Garder les yeux sur lui en retenant un nouveau soupir, parce que ça n'aurait rien arrangé. De toute façon, à ce stade, si l'autre ne coopérait pas, il ne resterait pas grand chose à faire pour lui. A part réellement attendre qu'il s'endorme, ou s'évanouisse, ou peu importait vraiment. Et au fond, il n'avait pas vraiment envie de cela. Parce qu'il n'avait pas envie de rester dans les parages plus longtemps. Juste envie de rentrer chez lui, ranger son appartement. Boire peut-être un peu. Ça n'était pas très important. Et quand il avait senti la broche dans sa main, il n'avait rien dit de plus, juste tourné les talons pour descendre les escaliers et filer à travers les danseurs jusqu'à la porte d'entrée. Pas un regard en arrière, pas un mot à qui que ce soit, juste tracer jusqu'à la porte et la claquer en sortant.

Et sur tout le chemin du retour, il avait serré la broche dans sa main, soulagé de l'avoir retrouvée. Il n'aurait réellement pas su quoi faire si il l'avait perdue pour de bon. Ça n'était même pas quelque chose qu'il envisageait, ça n'était même pas quelque chose qu'il avait un jour imaginé. Alors il la garda là, la serrant dans sa main, jusqu'à ce qu'il soit rentré chez lui, jusqu'à ce qu'il soit assis dans son salon sans dessus-dessous, jusqu'à ce qu'il baisse la tête vers le morceau de métal et soupire une nouvelle fois, plein de soulagement. Et il était resté là, un long moment, à juste réfléchir un peu. Il avait même fini par s'allonger au milieu du salon, posant la broche, et ses mains, sur sa poitrine. Il avait dû finir par s'endormir comme ça, parce qu'il s'était à voir des images éthérées. Des images entremêlées, des lumières trop vives, des bruits trop forts, il ne parvenait même pas identifier de quoi il s'agissait. Et puis au milieu du chaos des couleurs et des sons qu'il entendait et voyait tout en même temps, sans même savoir si il ne s'était pas mis à voir les sons et entendre les couleurs, il y avait eu le papillon. Pas un papillon de lumière comme d'ordinaire. Un papillon noir, un gros papillon de nuit sombre, qui était apparu là, qui avait volé, qui avait éteint peu à peu toutes les lumières autour de lui, aspiré tous les sons, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Jusqu'à ce qu'il se réveille. En sursaut le souffle court et le coeur qui battait à tout rompre.

Aucune idée de l'heure qu'il était. Juste la certitude que quelque chose allait arriver. Et vu l'intensité et la force de la vision, il était certain que ça allait arriver bientôt à quelqu'un dont il était proche, à une des étoiles de sa constellation. L'un d'eux allait-il mourir définitivement...? Il n'en savait rien. Il n'était même pas sûr de savoir pourquoi il avait cette vision, ou même de savoir comment la comprendre. C'était toujours ça. Et comme toujours, il avait choisi de l'ignorer, de la noyer dans un mélange des alcools qu'il avait chez lui. Jusqu'à s'endormir dans le canapé. Ignorer sa vision n'avait sans doute pas été la bonne option. Pas lorsqu'il ouvrit les yeux le lendemain. Pas lorsque son cerveau avait remis toutes les pièces dans l'ordre. Sa vision n'avait jamais été à propos de la mort d'une étoile. Mais de la renaissance de l'une d'elles. Une nouvelle âme à rejoindre leur petit groupe mal assorti. Et il avait peur de comprendre, de voir de qui il s'agissait. Alors il était resté allongé là, dans le canapé, recroquevillé sur lui-même, à ne même pas oser bouger. Il n'y avait plus qu'une chose qui tournait dans son esprit, juste un nom, et avec lui, la culpabilité grandissante. Parce qu'il n'avait pas pu manquer de reconnaître le visage dans son rêve. Parce qu'il n'avait pas pu manquer de se rappeler de ce prénom saisi au vol. Parce qu'il savait, tout simplement, que c'était de sa faute...