Sink into the past | Keira

Every time when I look in the mirror All these lines on my face getting clearer The past is gone And it went by, like dusk to dawn Isn't that the way? Everybody's got their dues in life to pay

(PARIS, 21 janvier 2022)
Depuis quelques jours, elle ne quitte presque plus l’université. Juste pour manger un bout et partir dormir… Quand elle y pense. Elle est dans une de ses spirales, celles qui lui font oublier le monde et ses propres besoins. Tout simplement parce que là, elle prépare son voyage pour le Danemark. Au delà des préparations standards pour un chantier, elle ne peut s’empêcher de lire mille travaux sur les Vikings, pour ne pas être complètement perdu sur le terrain. Bien sûr, elle emmenera tous ses livres, au cas où, pour être certaine de ne rien louper, mais la préparation est importante et elle y consacre la plupart de ses heures. Pourtant elle se permet quelques pauses, durant lesquelles elle récapitule les protocoles de fouilles sur des petites fiches. Ce n’est pas pour elle, mais bien pour son assistant de fortune, qui est probablement un peu rouillé sur la question. Un sourire se dessine sur ses lèvres quand elle y pense, avant qu’elle ne se concentre de nouveau sur sa tâche. Alors qu’elle fait l’inventaire de tout ce dont elle aura bien sur place, son insupportable collègue se pointe non loin d’elle.

Keira! Y’a quelqu’un qui te cherche. Ton mec je suppose? Son coeur s’agite plus que de raison, elle ne prête même pas attention au ton désagréable utilisé par son collègue, ni par son regard noir. De toute façon, elle se moque bien de ses états d’âme. Son palpitant s’emballe, parce que ce n’est pas ce qui était prévu. Ce voyage qu’elle prépare, était censé être leurs retrouvailles. Il n’a aucune raison de se pointer ici… sauf peut-être pour l’annuler… La vague idée la fait se sentir un peu triste, mais elle préfère ne pas y penser, se disant après tout que son collègue ne sait pas à quoi ressemble son “mec”... L’homme qui l’attend peut être n’importe qui… Bref, ce n’est probablement pas la personne qu’il pense. Seulement elle ne parvient pas à calmer les battements désordonnés. Probablement parce qu’elle aimerait bien voir Bastian passer les portes de la Sorbonne, juste pour la voir… Un fin sourire décore son visage alors qu’elle se dirige vers son bureau, mais la silhouette qu’elle aperçoit en arrivant, ne correspond à personne de connu. Elle soupire alors en l’observant. Elle n’a pas le temps pour une nouvelle personne dans son entourage. Le voyage au Danemark est pour bientôt, un peu plus d’une semaine et elle a encore d’énormes détails à régler. Seulement sa conscience professionnelle l’empêche de se poser plus de questions.

Un invité est là pour elle, elle se doit de le recevoir, même si elle n’a vraiment pas envie de socialiser à cet instant. La demoiselle se compose un visage avenant, un sourire même, afin de cacher la déception de ne pas voir le maya, et elle entre enfin dans son bureau. Bientôt elle fait face à l’inconnu, tentant de se montrer la moins fermée possible. Bonjour. Bienvenue à la Sorbonne. J’ai entendu dire que vous vouliez me voir? Je n’ai pas souvenir d’avoir un rendez vous aujourd’hui… Vous venez pour quoi exactement? Elle s’exprime dans son français teinté de son accent britannique, sans avoir conscience qu’elle aurait pu parler de sa langue natale. Regard aiguisé, elle observe dans les moindres détails le visage de l’homme. Un peu inconvenante, elle s’en moque entièrement, cherchant à savoir si elle a déjà vu ces traits ou non. Ca ne lui dit rien, mais une impression étrange ne la quitte pas, depuis qu’elle a happé son regard. Comme une sensation de déjà vu, tout en étant persuadé d’avoir à faire à un étranger total. Je n’ai pas beaucoup de temps à vous consacrer j’en ai peur. Je suis un peu occupée dernièrement. Elle prendre quelques minutes pour lui… plus s’il parvient à la convaincre qu’il est plus intéressant que ce qu’elle est en train de faire présentement.

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(PARIS, 21 janvier 2022)
La sourcil arqué face à l’accent fortement écossais qu’elle entend, elle se rend compte rapidement qu’il vient de l’autre côté de l’Atlantique et non pas du coin. Elle apprécie cette idée. Non pas qu’elle puisse saturer des français, mais elle préfère largement ses compatriotes… même s’ils se montrent écossais. Elle esquisse un léger sourire avant de croiser les bras pour s’adosser à la chambranle de la porte. Toujours un peu méfiante quand quelqu’un d’inconnu débarque sans être annoncé, elle préfère garder une porte de sortie à proximité. Elle reprend finalement en anglais, pour mettre un peu à l’aise son interlocuteur. Comme je l’ai dit, j’ai peu de temps. Vous avez de la chance d’être tombé sur moi. A quelques jours près, je n’étais plus là. Elle ne parle pas de son projet, toujours à dissimuler pour ne pas se mettre en danger plus que nécessaire. De toute façon, ça ne regarde en rien l’inconnu, sauf s’il s’avère être l’un des archéologues avec lesquels elle est censée travailler ensuite. Il n’a rien de Danois, mais elle n’a pas de liste finale… Un écossais s’y est peut être ajouté.

Elle reste là, dans la même position, avant de soupirer finalement. J’ai un peu de temps. A vrai dire, vous me forcez à prendre une pause, ça va me faire du bien. Un café? Elle a beau rester sur ses gardes, elle reste polie et s’avance vers sa machine à café, pour s’en servir un, avant de se tourner de nouveau vers lui quand il lui offre des détails. Un admirateur? Un collègue lointain qui apprécie ses études sur les anciennes peuplades écossaises? Les questions vrillent son cerveau, mais pour l’instant, elle ne lui offre qu’un regard étonné. Non pas qu’elle puisse douter de la valeur de ses articles, mais elle s’étonne de les voir lu par des personnes dont elle n’a jamais entendu parler. Que ses professeurs les lisent, ses collègues aussi, pourquoi pas… Seulement de mémoire, elle n’a jamais entendu ce nom auparavant. Il reste donc un inconnu et elle se demande pourquoi quelqu’un qui n’a pas l’air d’un archéologue, aurait lu certaines de ses pièces. Et la suite continue d’ailleurs de l’étonner… Il veut lire sa thèse? Sa tasse entre les doigts, elle la serre un peu avant de boire une gorgée, avant de la reposer sur le meuble pour s’avancer un peu vers lui. Vous voulez en apprendre plus sur mon travail? Voilà qui m’étonne. J’entends bien que vous êtes écossais, certains de mes travaux concernent des peuplades qui vivaient sur les terres actuelles écossaises, je suppose que vous parlez de ceux là? Une histoire de famille? Elle expose avec calme tous les faits, ce qu’elle pense aussitôt de ce qu’il vient de dire.

Les bras de nouveau croisés, elle observe encore une fois en détail les traits de l’homme devant lui. Toujours cette impression, de l’avoir déjà vu quelque part, tout en étant complètement certaine de ne pas l’avoir rencontré auparavant. Mes travaux ne sont pas secrets, vous pouvez trouver tous les articles sur internet, quand à ma thèse, elle n’est effectivement pas terminée, mais la lecture n’est pas pour le premier venu. Non pas que je vous pense incapable de la lire, mais certains détails sont beaucoup plus archéologiques qu’historiques. Que cherchez vous exactement? La méfiance est toujours là quelque part, mais désormais, elle observe le tout avec beaucoup plus de curiosité. Une petite pointe se montre… Et si… Et s’il en était une… Et s’il était un immortel à sa recherche pour une fois? Pour la faire taire… ou pour collaborer? Les deux faits semblent possibles, aussi elle reste très prudente, mais ne peut empêcher ses yeux de pétiller un peu d’excitement… à l’idée peut être d’en découvrir plus… Un immortel celte… Voilà qui pourrait booster beaucoup de ses recherches…

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(PARIS, 21 janvier 2022)
L’homme est avare de détails… C’est probablement ce qui la rend d’autant plus suspicieuse à son égard. Plus les minutes s’échappent et plus elle délaisse la méfiance pour de la curiosité. Elle veut en savoir plus sur lui, sur cette fameuse histoire de famille qu’il mentionne. Les histoires de clans ancestraux, ça la connaît et son air fermé petit à petit se transforme en un visage pétillant. Beaucoup plus intéressée, elle tente de se remémorer tout ce qu’il a pu dire depuis son arrivée ici, à la recherche d’un détail pour l’aiguiller dans telle ou telle direction. Bien sûr, il dit probablement la vérité. Ce n’est probablement qu’un descendant de clan, passionné par l’histoire de sa famille et il est là pour obtenir plus de détails peut être. Seulement elle ne peut pas s’empêcher d’avoir cet infime espoir, tout petit, qu’il est plutôt là pour vérifier qu’elle n’est pas trop proche de découvrir qui il est lui… À savoir, un immortel, de cette période qu’elle couvre et adore. Douce utopie, qui n’arrivera probablement jamais en vrai, mais il est sympathique de se laisser emporter par l’excitation. Une histoire de famille je vois. Fhearchair vous avez dit je crois non? Je n’ai pas souvenir d’avoir croisé ce nom avec les tribus que j’étudie. Bien sûr les noms actuels et ceux d’alors sont bien différents pour la plupart, mais j’ai conçu un logiciel, avec un collègue, pour permettre d’extrapoler et associer les noms, afin de faire des sortes d’arbres généalogiques. Enfin ça, c’est pour les familles inconnues. Certaines savent déjà qui sont leurs ancêtres. Elle s’est ouverte d’un coup, les vannes de la conversation sont ouvertes, mais tout n’est pas innocent.

Elle est passée maîtresse dans l’art de détourner l’attention afin d’obtenir les informations qu’elle cherche. Souvent, il s’agit d’une réaction à un mot ou un autre… Là, elle abreuve de détails, pour voir sa réponse ensuite. Il s’agit là du cadre de son travail et elle sait se montrer intarissable sur le sujet. Tout en parlant, elle s’était un peu avancée vers lui, jusqu’à venir s’assoir sur une table haute, vierge de tout document. Si vous êtes curieux ça tombe bien. Parce que moi aussi. Allez dites moi ce que vous savez, et je vais essayer de réfléchir aux infos que je possède. Si j’ai un doute je vérifierais dans mes dossiers, mais on peut commencer par quelques détails. Je pense que ça me permettra de savoir assez vite si j’ai travaillé sur ces gens… ou pas. Malicieuse, elle vient poser son coude sur son genou, en l’observant toujours avec forte attention. Ses traits sont décidément connus… Peut être une représentation quelconque, qui vient abreuver sa thèse ou alors qu’elle aurait vu dans un musée. Non c’est autre chose. Quelque chose qu’elle n’arrive pas encore à déterminer. Je vais faire du temps ne vous inquiétez pas. Vous m’amenez un mystère après tout… J’adore les mystères. Finie l’attitude renfrognée du début, il est là face à la Keira scientifique, celle qui est prête à tout pour quelques réponses… si tant est qu’il en est un peu à lui donner un jour.

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(PARIS, 21 janvier 2022)
Curiosity kills the cat… Une vérité évidente, mais dont elle se moque bien. La jeune femme est la représentation même de la curiosité et tout sujet un peu intéressant accueille son attention très rapidement. L’homme, en face d’elle, en est l’exemple parfait. Si elle s’est montrée un peu agacée dans les premières minutes de leur échange, force est de constater maintenant que son intérêt est piqué à vif. A ses dires, elle hoche la tête, acquiesçant face à la véracité de ce qu’il est en train d’énoncer. Les clans anciens ayant vécus sur les terres aujourd’hui écossaises étaient nombreux, trop nombreux pour être tous connus, mais s’il y a bien quelqu’un sur cette terre, qui en est spécialiste, c’est bien elle. Les heures passées à rechercher leur existence et leur façon de vivre ne se comptent plus et elle comprend bien pourquoi Angus est venu la voir, elle, pour se renseigner. Difficile probablement, mais pas impossible… On ne sait pas donner un nombre exact de clans ayant un jour existé en Ecosse mais je peux vous assurer une chose… je le retrouverai, ce clan dont vous parlez. Même si ça doit me prendre des mois ou des années. Le problème avec elle et son obsession de la perfection. Elle passera un temps énorme sur le sujet, juste parce qu’il a su éveiller juste assez sa curiosité pour la mettre sur le chemin de cette découverte à venir.

Elle arque d’ailleurs un sourcil en l’entendant parler. Il y a quelque chose chez lui, qu’elle n’arrive pas entièrement à cerner. Au fil du temps, elle s’est fait un œil pour repérer les immortels. Certains tics, certaines formulations dans leur langages et phrases, ces petits détails qui passent inaperçus au yeux du monde, mais qu’elle s’est entraînée à reconnaître. Chez lui pourtant, elle n’est pas sûre. Soit parce qu’il est mortel… ou simplement parce qu’il est extrêmement prudent. Braemar… Fhearchair… Le gaélique de… Elle réfléchit à voix haute pendant qu’il est en train de dessiner ces armoiries et soudain ça la frappe, comme une évidence. C’est à cet instant qu’elle se rend compte que son esprit est déjà au Danemark et que sa concentration n’est pas très affûtée. C’est le clan Farquharson! Celui qui a longtemps habité dans cette région. Farquharson en langue anglaise, Fhearchair en langue gaélique. Avec le tartan bleu et vert. Maintenant, est-ce que vous cherchez à connaître cette histoire là? Parce que ce n’est pas vraiment mon domaine. Vous voulez aller plus loin non? Avant le clan Farquharson? Leurs ancêtres? Qui seraient du coup les vôtres si j’ai bien tout suivi. De nouveau, son cerveau fonctionne à mille à l’heure, s’encombrant de mille détails en rapport avec ce qu’elle apprend au fur et à mesure. L’évidence se fait bientôt. Si elle sait désormais plus en détail ce qu’elle cherche, elle est tout de même dans le brouillard, bientôt convaincue de ne pas avoir étudié les origines de ce clan en particulier. Je crains ne pas avoir souvenir de leur histoire. Je n’ai pas trop étudié cette région.

Elle pousse un long soupir, un peu déçue d’elle même, même si elle n’est pas responsable du manque de réponses à donner, mais le moment ne dure pas. Elle se souvient de la promesse précédente, et lui offre finalement un grand sourire. Ceci dit… Si vous désirez vraiment en savoir plus sur la tribu qu’était auparavant ce clan… Je peux me pencher sur tout ça plus en détails. Cela devra attendre quelques mois, je pars bientôt en chantier archéologique, jusqu’au mois d’avril. Après, je vais me concentrer de nouveau sur ma thèse. Je suppose que je pourrais inclure tout ça dedans. Et même s’il ne le veut pas, elle est maintenant beaucoup trop motivée, pour simplement tout laisser tomber maintenant.