gabriella - Fear of change drives us to inaction

[1515] Soirée tardive, il ne restait plus aucun client dans cette taverne qui lui appartenait, mis à part quelques soldats un peu trop bruyant. Soirée légère, emplie de rire et de taquinerie. Soirée bien banale qui se présentait, avec ses habitués désirant simplement se changer les idées. Cacophonie, qui plaisait tant à Farinelli aimant ce lieu remplit de vie. Parfois, ses clients pouvaient se montrer un peu trop entreprenant, mais était vite remis sur le droit chemin par celle-ci. Elle n'avait jamais couru aucun risque, ne c'était jamais senti en danger dans ce lieu qu'elle aimait tant. Mais ce soir, alors que petit à petit, le lieu se vidait, que l'heure avançait, un petit groupe d'inconnue avait décidée de rester un peu plus longtemps. Elle ne faisait pas attention à leur parole, prenait le temps de nettoyer et débarrasser les quelques tables de cette taverne, passant près d’un de ces hommes. Soudain, un passant l’attrapa à la taille, la ramenant vers son propriétaire avec force, alors que la pinte à peine ramassée tombait sur le sol. Le souffle glissant désagréablement le long de son cou, alors qu’avec force, elle essayait d’échapper à cette emprise malsaine. Elle s’aidait de ses bras, repoussant son visage de ses mains. Pourtant, elle le savait, savait ce qui allait se passer, priait pour qu’une personne rentre dans cet endroit dans lequel elle s’était toujours sentie en sécurité.  La projetant contre une de ces tables avec violence, sa tête heurtait le bord. La peur montant en elle, faisant trembler chaque membre de son corps. Elle avait cette sensation soudaine que son esprit commençait à se détacher de son corps, alors que celui-ci hurlait jusqu'à en perdre son souffle. Luttant contre cette asphyxie qui enserrait sa gorge. Pourtant, il avait lutté de toutes ses forces, repoussant plusieurs fois cette menace qui à bout d'ennuis, après plusieurs heures d'amusements macabres, fit heurter sa tête. La tête penchant sur le côté, la bouche ouverte, les pupilles de ses yeux, lentement, se dilatèrent, alors que sa dernière respiration s'entendait dans un dernier rauque, laissant cette angoisse s'échapper de tout corps au rythme de son dernier souffle.

[1515] La poitrine s'élevant, faisant rentrer l'air brulant dans chacun de ses poumons, ses yeux s'ouvrant en grands, en même temps, dans le noir complet. Elle reprenait son souffle, essayant de bouger, se redresser, heurtant des parois sur le côté et au-dessus d'elle. Moment d'incompréhension pour son esprit qui se remémorait cette scène cauchemardesque. Ses poings frappant cette paroi au rythme de ses cris. Son esprit n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait, commençant à s'imaginer que ce jeu macabre, vécu quelque instant auparavant, continuait pour le plaisir de ses bourreaux. Alors, de toutes ses forces, elle frappait cette paroi en bois entendant cette poussière tomber des interstices, continuant à appeler à l'aide, jusqu'à ce que son souffle encore une fois se perdre et son regard se dilatait. Inspiration fort, réveil brusqué, elle crie à plein poumons, avec cet espoir qu’une personne vienne la sauver. Espoir s’envolant à chaque bouffée d’air reprise avec force. Elle était toujours la prisonnière de cette prison dont elle ne pouvait sortir, laissant ses larmes couler le long de ses yeux, implorant après cette pitié qui ne tarda pas à venir. Puis soudain, alors que dans un dernier soupir elle suppliait le sort qui s’acharnait contre elle, un bruit sourd venait frapper à la porte de sa prison. Porte se dérobant sur ce soleil aveuglant, qu’elle tentait de cacher à l’aide de ses mains, yeux qui petit à petit laissaient place à des silhouettes, l’une d’elle, pelle à la main, l’autre tenant une pierre*. Moment de silence pensant, où les trois personnes présentes ne firent aucun mouvement. Puis, d’une voix rauque, la voix de l’aîné s’élèva, demandant ce qui lui était arrivé, se levant avec difficulté. Mouvement de recul des deux personnes présente, laissant tomber Pelle et Pierre criant à la sorcellerie.  

*( Petite explication. Avant, ça arrivait qu’on mettent des pierre dans la bouche des morts qu’on considérait comme des vampires ou personne qui revienne à la vie, mais Gabi ne comprends pas encore que c’est pour ça qu’il est venu)

[1516] Années qui semblaient une éternité, année qu'elle avait passée sillonnant les paysages à sa recherche. Elle ne savait où il était, ayant rêvé juste de lui une nuit de fuite, voyant la douleur sur ses traits. Alors, elle l'avait cherché, écoutant les murmures qui se propageaient sur un être venant du même endroit, passant de ville en village, cherchant cet être cher, essayant de retrouver cette part d’elle qui lui manquait. Se laissant guider par ces pistes, qui parfois n’étaient autres qu’un cul-de-sac, parfois juste un des ouïs dire sans aucun fondement, perdant presque tout espoir qu’un jour elle puisse le soulager du poids qu’il devait ressentir. Car elle ne le connaissait que trop bien, connaissait toutes les contradictions de ce frère qui même sous ses airs désinvoltes et de mauvais garçon, plus que tout n’avait pu s’empêcher de ressentir cette culpabilité de ne pas avoir été là. Pourtant, alors qu’elle avait cette sensation que son espérance filait entre ses doigts, sans qu’elle ne puisse la retenir, elle entendit ces messes basses. Elle s’en approchait donc, avançait alors que son cœur battait à tout rompre, par peur d’être encore dessus, par crainte de ce qu’elle pouvait trouver et guider par cette quête enfin achevée. Ses jambes, marchèrent, puis courraient presque vers cette rumeur, pour qu’enfin ses yeux se posent sur cet être qui lui avait tant manqué. Son regard était posé sur lui, humide et plein de joie. Un sourire tendre et timide se dessinant sur son visage, elle venait l’accueillir entre ses bras, laissant les larmes se libérer de cette meurtrissure qu’ils avaient tous deux subit. Elle le serrait avec force, l’empêchant de s’échapper, murmurant à ses oreilles qu’il n’était nullement responsable.  

[1740] Glissant son regard sur le lit, le laissant se poser sur ce corps au teint grisâtre. Un temps, en suspens, alors qu’elle observait son œuvre qui lui laissait un arrière-goût amer, un soupire s’échappait d’entre ses lèvres. Sentiment contradictoire la gagnant d’années en années, la laissant dans un brouillard épais dont elle n’arrivait pas à sortir. Ambition floue, ou perdue en cours de route. Voilà que l’ainée de Farinelli ne savait plus ce pourquoi elle était là. Vengeance ou protection. Vengeance pour cette mort qui avait été le début de tout, protection envers ce petit frère capable de se mettre dans les pires des situations, en proie par la haine et l’autodestruction. Elle l’avait suivi dans cette quête qui en fin de compte n’était peut-être pas la sienne.

Elle laissait un léger rire, prendre possession de lieux, se disant que cette vie faite de résurrection, en fin de compte perdait vite de tout son attrait. Elle avait pu voir le monde, voir ses choses qu’elle n’aurait jamais espérer et pourtant… La voilà devant ce corps sans vie, se demandant si tout ceci en valait la peine. Alors qu’en réalité, elle n’était qu’une enfant comparée à d’autres, s’étant égarée du chemin qui devait être le sien. Sentiment contradictoire qu’elle ne savait comme résoudre, ou au contraire dont elle connaissait la solution, mais qu’elle s’y refusait, parce qu’elle ne voulait pas le laisser seul dans cette organisation. Dernier soupir sortant de ses lèvres, alors que d’un pas décidé elle prenait la direction de la porte, sortant de cette chambre d’un pas assuré, laissant ses doutes avec cet être dont elle avait pris la vie et qui contrairement à elle ne reviendrait pas. Description d'un événement important pour le personnage.

[1943] Un sourire aux lèvres, sur le pas de sa porte à moitié ouvert, demandant au soldat ce qu’elle pouvait faire pour eux. Le regard dur, posé sur elle, un ton autoritaire qu’elle n’appréciait guère et qu’elle ne manquait pas de faire savoir, la voilà poussée avec force, alors qu’elle protestait avec violence. Mais à peine les premiers mots prononcés, les voilà cherchant le moindre petit indice dans cette petite maisonnée qu’elle avait acheté. Elle faisait l’ignorante, s’offusquant de plus en plus face à cette intrusion dans sa vie qui ne concernait qu’elle. Cependant, la fouille continuait sachant exactement où il devait aller, marchant d’un pas fort sur ce parquet. Pendant qu’elle répondait aux questions posées essayant de répondre. Un pas précis, un mot en allemand et un tapis écarté, découvrant une trappe. La mâchoire se serrant, alors que chacun de ses muscles se serrait. Voilà soudainement son secret qui venait d’être découvert, alors que cette trappe s’ouvrait sur les visages apeurés d’une famille innocente. Sortie avec brutalité de leur cachette. Regard accusateur posé sur les deux parties, l’un clamant à la trahison, l’autre à l’inhumanité de cette guerre. Elle suivait du regard cette famille disparaître sans qu’elle ne puisse rien faire, lui laissant un sentiment d’impuissance. Alors qu’à son tour, elle fut emportée avec force, ne lui laissant aucun doute sur son sort.

Aucun regret sur ces actes, aucun regret d’avoir pris parti dans ce conflit conduit par la peur d’un seul être humain. Elle se laissait emmener avec fierté pour ce qu’elle avait pu faire à cette époque, fier de ressentir ce sentiment qui lui faisait dire que cette fois, elle avait été là où elle devait être. Alors, qu’importe le sort qui lui était réservé dans cette vie, quel partage ou non le destin de milliers de personnes subissant cette guerre sans comprendre pourquoi ils en étaient la cible. Ou même des doutes qui parfois encore venait l’assaillir comme une vieille amie perdue de vue soudainement retrouvée.  Elle rentrait dans ce train de la mort, regardant chacun des visages abattus, apeurés et en colère, se laissant emportés vers une mort certaine, que tout le monde acceptait sans un bruit. Elle ne pouvait s’empêcher de s’attrister face à ce spectacle macabre qui dansait sous ses yeux, la narguant avec un combat perdu d’avance. Elle ressentait cette peine d’une certitude qu’elle survivrait même si elle succombait, et qu’eux entamerait leur dernier voyage.

[2020] Un réveil qui sonne, une main venant éteindre le bruit strident qui venait perturber son sommeil. Elle se levait, d’un mouvement lent, souhaitant encore quelques heures de sommeil. Partant prendre sa douche, avalant quelques toasts avant de se rendre à son travail. Mots et plaisir encore étrange aux yeux de l’immortel, qui avait trouver dans cette vie simple, une sensation agréable. Pourtant, ce n’était pas pour cela qu’elle se laissait approcher, restant loin de tout lien qu’elle pourrait créer, voulant rester secrète même aux yeux de ces mortels qui se considéraient comme étant la plus proche de la blonde.

Vie bien rangée, moins mouvementée qu’auparavant, elle apprenait à reprendre goût à cette vie qui avait depuis bien longtemps perdu de sa saveur. Mais, qui malgré tout la laisse avec cette solitude qui était devenue son amante. La laissant se ronger par certains actes dont elle ne sera jamais fière et ne pourra oublier. Parfois, elle aimait voir l’insouciance des mortels avançant dans ce qui leur semblait l’éternité sans l’être, se plaignant de ces années qui passe laissant sur eux la marque des années. Pourtant, elle, aimerait au fond d’elle les sentir effleurer sa peau pour l’emporter enfin vers cette fin qui est bien trop éloignée à son goût. Mais, malgré tout, elle essayait d'en croquer un morceau, prenant plaisir, essayant d’oublier ce qu’elle était pour toucher des bouts des doigts cette vie éphémère.